SC/13811

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de mai, M. Dian Triansyah Djani (Indonésie):

Les membres du Conseil de sécurité ont entendu des exposés le 16 mai 2019 par la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Bintou Keita, le Ministre burkinabé des affaires étrangères et de la coopération, Alpha Barry, le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, Angel Losada et le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Yury Fedotov, au sujet des activités de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel.

Les membres du Conseil se sont félicités des mesures récentes prises par les Groupe de cinq pays du Sahel pour que la Force conjointe devienne effectivement et pleinement opérationnelle, y compris au moyen de la reprise de ses opérations dans toutes les zones frontalières, du déploiement de 75 % de ses capacités opérationnelles ainsi que de l’augmentation de ses activités de coopération civilo-militaire.  Ils ont encouragé le Groupe de cinq pays du Sahel à veiller à ce que la Force conjointe continue d’intensifier ses activités afin de produire des résultats opérationnels concrets.

Les membres du Conseil se sont félicités des nouvelles mesures prises en vue de l’établissement d’un cadre réglementaire solide (« cadre règlementaire ») pour prévenir toute violation du droit des droits de l’homme et du droit international humanitaire en rapport avec la Force conjointe, enquêter, prendre des sanctions ou rendre compte à ce sujet, comme énoncé dans la résolution 2391 (2017), avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Ils ont noté les mesures prises à ce jour par le Groupe de cinq pays du Sahel en réponse aux violations des droits de l’homme en rapport avec la Force conjointe et ont demandé aux Groupe de cinq pays du Sahel de faire en sorte que les personnes responsables de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et d’atteintes à ces droits aient à répondre de leurs actes et soient traduites en juste, sans retard injustifié.  Ils se sont également félicités des progrès faits sur le plan du déploiement de la composante de police de la Force conjointe, en vue de veiller à la coordination nécessaire entre la Force conjointe et les systèmes de justice pénale des pays du G5 Sahel. Ils ont préconisé la poursuite des efforts à cet égard ainsi qu’un soutien international en la matière.

Les membres du Conseil ont salué tous les donateurs qui s’étaient mobilisés en faveur de la Force conjointe. Ils ont souligné qu’il fallait impérativement que l’aide continue de matérialiser au moyen d’un versement rapide de toutes les contributions annoncées, afin d’accélérer les efforts visant à rendre la Force conjointe pleinement et effectivement opérationnelle.  Ils se sont félicités du montant important des contributions qui avaient déjà été versées ou étaient en passe de l’être.  Ils ont demandé aux donateurs qui n’avaient pas encore honoré leurs promesses de le faire de toute urgence.  Ils se sont félicités du travail inestimable accompli par le centre de coordination de l’Union européenne, qui avait répertorié les besoins de la Force conjointe ainsi que les contributions bilatérales à l’appui de la Force, et ont félicité l’Union européenne qui continue de collaborer étroitement avec le secrétariat permanent du G5 Sahel sur la question.

Les membres du Conseil ont pris note de la demande faite par la Force conjointe durant la mission du Conseil de sécurité sur le Sahel, menée en mars 2019, afin que les articles consommables essentiels fournis par la MINUSMA à la Force conjointe, conformément à l’accord technique entre l’ONU, l’Union européenne et le G5 Sahel, soient utilisés par tous les contingents du G5 Sahel qui sont opérationnels dans le cadre de la Force conjointe. Ils ont estimé que la prochaine prorogation du mandat de la MINUSMA était l’occasion d’examiner la requête, y compris d’apporter une précision éventuelle au sujet des modalités par lesquelles des services d’appui remboursables par la MINUSMA, conformément aux dispositions et aux attentes établies dans la résolution 2391 (2017), pouvaient être utilisés et fournis.

Les membres du Conseil se sont dits profondément inquiets de la poursuite de la dégradation de la situation sur les plans humanitaire et de la sécurité dans la région du Sahel, ainsi que par l’extension récente de la menace terroriste et des violences intercommunautaires, qui ont entraîné la mort de bon nombre d’innocents et fait un nombre sans précédent de déplacés, de personnes ayant un besoin critique d’aide et d’enfants qui n’ont pas accès à l’enseignement, du fait de la fermeture des écoles. Ils se sont déclarés disposés à continuer d’empêcher une nouvelle déstabilisation de l’état de la sécurité au Burkina Faso, en particulier dans les régions du pays qui connaissent des problèmes transfrontières ayant une incidence sur la paix et la sécurité dans le Sahel.  Ils ont encouragé le Secrétaire général à poursuivre rapidement l’évaluation en cours qui vise à adapter l’appui de l’ONU sur le terrain à l’évolution des besoins de la population, y compris dans les domaines du développement, des besoins humanitaires, de la cohésion sociale, de l’état de droit, des droits de l’homme, de la lutte antiterroriste et du renforcement des capacités des forces de sécurité au Burkina Faso, conformément aux priorités de son gouvernement.  Ils ont demandé au Secrétaire général de fournir des mises à jour régulières sur ce processus à la Commission de consolidation de la paix, ainsi qu’au Conseil de sécurité au moyen des rapports périodiques sur le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest.  Ils se sont félicités de la tenue d’une réunion le 16 mai 2019 de la Commission au sujet de l’appui en matière de consolidation de la paix à apporter au Burkina Faso, à la demande de ce pays, et ont encouragé ces interactions entre la Commission et le Burkina Faso.

Les membres du Conseil ont rappelé qu’une riposte militaire à la suite des menaces auxquelles le G5 Sahel fait face ne sera efficace que: si elle est complétée par une application intégrale, effective et inclusive de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali; si elle s’accompagne d’une application rapide et effective de stratégies régionales inclusives recouvrant les questions de sécurité, de gouvernance, de développement, de droits de l’homme et de questions humanitaires; et si elle est menée dans le plein respect du droit international, en prenant des mesures actives en vue de réduire au minimum le risque de pertes civiles dans tous les théâtres d’opérations.  Ils ont encouragé des efforts conjugués de la part des acteurs politiques et de la sécurité et du développement à l’appui de la stabilisation à long terme.  Ils se sont félicités de la mobilisation de la Commission de consolidation de la paix dans la région du Sahel.

Les membres du Conseil se sont félicités de la volonté persistante des États du G5 Sahel d’unir leurs efforts pour faire face aux conséquences du terrorisme et de la criminalité organisée transnationale dans la région du Sahel, ainsi que de la mobilisation du Secrétaire permanent du G5 Sahel.  Ils se sont félicités également de l’engagement personnel constant du Secrétaire général afin que la Force conjointe devienne opérationnelle.  Ils ont enfin félicité l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne de leur rôle positif sur cette question.

Les membres du Conseil se sont dits disposés à continuer de surveiller de près l’état de la sécurité dans le Sahel, les activités de la Force conjointe ainsi que l’appui international qu’elle reçoit.

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