8382e séance – matin
CS/13554

Conseil de sécurité: toujours aussi peu de femmes dans les processus de maintien et de consolidation de la paix, alerte la Directrice d’ONU-Femmes

« Ce rapport est un cri d’alarme sur l’échec d’intégration des femmes dans le maintien de la paix », a d’emblée prévenu la Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Phumzile Gloria Mlambo-Ngcuka.  Alors qu’elle présentait, ce matin au Conseil de sécurité, le rapport du Secrétaire général sur « les femmes et la paix et la sécurité », elle a indiqué que, comme l’an dernier, les indicateurs annuellement relevés en matière de processus de paix et de médiation stagnent, quand ils ne chutent pas. 

Ainsi, selon les conclusions du rapport, entre 1990 et 2017, les femmes ont continué de compter pour seulement 2% des médiateurs, 8% des négociateurs et 5% des témoins et signataires des principaux accords de paix; et seuls 11% des accords signés en 2017 contiennent des dispositions relatives à la parité entre les genres.  Cette tendance est similaire à celle observée entre 2000 et 2016, où seuls 25 des 1 500 accords signés dans cette période traitaient du rôle des femmes dans les phases de mise en œuvre. 

Elle est même confirmée sur le terrain avec des exemples précis: au Yémen par exemple, aucune femme n’est présente dans les processus actuels visant la reprise du dialogue.  Au Mali, on compte à peine 3% de femmes dans les comités crées pour surveiller la mise en œuvre de l’Accord de paix.  En République centrafricaine et en Afghanistan, les processus de médiation excluent complètement les femmes, a déclaré la Directrice d’ONU-Femmes. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui participait au débat, a regretté cette tendance.  Le nombre total de femmes dans les opérations de paix culmine toujours à 4% des troupes et 10% des effectifs de police.  Pourtant, des exemples existent où la participation des femmes aux processus de paix a eu un impact positif, notamment en Guinée-Bissau, en Colombie et même en Syrie, où des femmes ont négocié des cessez-le-feu sur le plan local, participé à la création de zones de sécurité civile et coordonné des activités humanitaires et de secours, a-t-il assuré.

Mais, alors que la résolution 1325 (2000) a été suivi de huit autres, « comment se fait-il que les femmes demeurent exclues des processus de paix », s’est interrogée la délégation des Pays-Bas, rejointe par celle de la France dont le représentant s’est demandé « comment les opérations de maintien de la paix pourraient-elles protéger efficacement l’ensemble de la population civile sans que les femmes ne soient engagées comme actrices de la paix et de la sécurité? »

En dépit de leurs inquiétudes, ces délégations, à l’instar d’autres, se sont toutefois montrées optimistes, en observant que malgré tout, la situation évoluait positivement.  Ainsi la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) appelle désormais à la participation pleine et effective des femmes aux processus de décision.  Le Conseil de sécurité a récemment décidé d’augmenter le nombre de femmes au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), tout en faisant désormais référence aux droits et à la participation des femmes dans plus de 70% de ses résolutions et 90% de ses déclarations présidentielles. 

La situation commence en effet à changer, s’est également réjoui la Ministre suédoise des affaires étrangères.  Elle a observé que lorsque les pourparlers de paix ont commencé en 2012 en Colombie, il n’y avait qu’une seule femme autour de la table.  Deux ans plus tard, les femmes représentaient 20% de l’effectif de l’équipe de négociation du Gouvernement, et 43% de celle des FARC.  Ce sont elles qui ont été à l’initiative du désenrôlement des enfants-soldats, a-t-elle fait valoir.

On peut également se féliciter que le Prix Nobel de la paix ait été décerné, cette année, à Denis Mukwege et Nadia Murad, deux personnes engagées dans la promotion des droits de la femme.  Par ailleurs, et pour la première fois de son histoire, l’Éthiopie a placé une femme à sa tête et dispose désormais d’un gouvernement parfaitement paritaire, se sont réjouies plusieurs délégations.

Attention cependant, « la participation est un droit et non un traitement de faveur qu’il faut accorder aux femmes », a rétorqué le Royaume-Uni, ne manquant pas de préciser que la participation des femmes permet d’augmenter de 35% les chances de réussite d’un accord et son appropriation par les communautés.  C’est également une question économique qu’il ne faut pas perdre de vue.  Accorder un accès aux droits à la moitié de la population est une manière de susciter la croissance économique, a expliqué la délégation.

Face à ce paradoxe, il apparaît donc clairement qu’il faut faire davantage; le Conseil doit utiliser tous les outils à sa disposition pour assurer une participation effective des femmes, a plaidé la Directrice générale du Centre des femmes pour l’aide juridictionnelle et le conseil juridique, Mme Randa Siniora Atallah.  Il faut en effet surmonter le fossé entre les mots et l’action, a ajouté le Kazakhstan, synthétisant la pensée de nombre de délégations.  Un des moyens est de mettre pleinement en œuvre la résolution 1325 (2000), dans le contexte du vingtième anniversaire de son adoption qui sera célébrée en 2020. 

À cet effet, le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, le réseau de points focaux nationaux, de même que les plateformes de partages des meilleures pratiques comme « FemWise-Africa, ont été cités en tant qu’outils permettant d’obtenir des résultats sur le terrain, notamment par la délégation des États-Unis et celle du Ghana, cette dernière parlant au nom du Réseau des dirigeantes africaines.

Mais pour la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité doit s’en tenir à la question à l’ordre du jour et respecter les buts de la Charte des Nations Unies, l’objectif étant simplement de permettre aux femmes de participer à ces processus à pied d’égalité avec les hommes.  C’est pourquoi le représentant russe a indiqué ne pas soutenir la création de mécanismes additionnels.

Quoi qu’il en soit, les femmes sont « les victimes du système patriarcal, qui, ancré dans le système capitaliste, perpétue les inégalités, l’oppression économique, sociale et culturelle des femmes dans le monde entier », a estimé la Bolivie, tandis que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a préconisé de déconstruire les normes sociales qui sont à la base de la dévalorisation du rôle de la femme.

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Promouvoir la mise en application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et de la pérennisation de la paix par le biais de l’émancipation politique et économique des femmes (S/2018/900 et S/2018/904)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que jamais, au cours des 30 dernières années, le nombre de pays en proie à une forme de conflit violent n’a été aussi élevé.  « Les déplacements forcés dus aux guerres et aux persécutions sont plus nombreux que jamais.  Les changements climatiques et le sous-développement menacent de plus en plus notre sécurité.  La question des droits de l’homme est reléguée au second plan.  Il y a tout lieu de s’inquiéter, mais nous devons résister au pessimisme ambiant et ne pas perdre de vue que des solutions existent », a déclaré le Chef de l’Organisation.  Il a dit que l’espoir avait toujours guidé nos pas dans l’action que nous menons collectivement pour les femmes, la paix et la sécurité.  C’est une question porteuse de changement, qui comporte bien des éléments dont nous avons besoin pour relever les défis complexes auxquels le monde doit faire face: changements climatiques, désarmement, égalité et inclusion. 

Au cours des dernières années, des exemples concrets de progrès ont été constatés, s’est réjoui M. Guterres, en soulignant l’impact positif des organisations de femmes sur la poursuite du dialogue en Guinée-Bissau ou encore la reconstruction des communautés en Colombie.  En République centrafricaine et au Mali, les femmes ont contribué avec succès à la négociation entre acteurs armés pour mettre fin à l’escalade des tensions intercommunautaires.  En Syrie, les femmes ont négocié des cessez-le-feu au niveau local, participé à la création de zones de sécurité civile et coordonné des initiatives humanitaires et de secours.  « De même au Yémen », a ajouté le Secrétaire général, qui a en outre attesté de l’importance cruciale du travail accompli par les femmes « artisanes de la paix », du Mali au Bangladesh.  « Ici même à l’ONU, le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire fournit des ressources aux organisations de femmes qui en ont besoin.  Le Fonds pour la consolidation de la paix investit plus de 30% de ses ressources dans les programmes d’égalité des sexes.  Et un nombre croissant de donateurs consacre des fonds à l’égalité des sexes. » 

Malgré des progrès, les faits sur le terrain montrent qu’il reste encore beaucoup à faire.  La participation des femmes aux processus de paix officiels reste extrêmement limitée, a reconnu le haut fonctionnaire.  « Entre 1990 et 2017, les femmes ne représentaient que 2% des médiateurs, 8% des négociateurs et 5% des témoins et des signataires dans tous les processus de paix importants », a-t-il relevé.  De plus, les conflits continuent d’avoir un effet dévastateur sur les femmes et les filles, l’ONU ayant documenté plus de 800 cas de violences sexuelles liées aux conflits en 2017, « soit une hausse de 56% depuis 2016 ».  De plus, le financement de programmes visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les pays en conflit ne représente que 5% de l’aide bilatérale totale à ces pays, a constaté le Secrétaire général.  « Chaque année, nous prenons des engagements louables, mais ils ne bénéficient pas du soutien financier et politique requis. »

Pour remédier à cet écart, j’entends donner la priorité à plusieurs points d’action au cours de la prochaine année, a annoncé M. Guterres.  Tout d’abord, la parité hommes-femmes a le plus grand impact potentiel sur l’efficacité et la crédibilité de nos opérations sur le terrain, a-t-il affirmé.  C’est pourtant là que les chiffres sont les plus bas et le changement plus lent.  Si les femmes représentent désormais 41% des chefs et chefs adjoints des opérations de paix de l’ONU, soit « plus que jamais auparavant », le nombre total de femmes dans les opérations de paix a stagné.  Aussi le Secrétaire général a-t-il constitué un groupe de travail pour mettre en place des mesures d’urgence.  Notre crédibilité et notre capacité de protection sont également paralysées par le fait que les femmes ne représentent que 4% de nos soldats de la paix et 10% de la police.  L’ONU appuie pleinement les efforts novateurs lancés cette année par les États Membres afin d’encourager une plus grande représentation, a encouragé M. Guterres. 

Il s’est félicité que près de 100 États Membres aient signé avec l’Organisation des accords volontaires pour lutter contre l’exploitation et les abus sexuels, et appelé les autres à les rejoindre.  Le Cercle de leadership des chefs d’État et de gouvernement est attaché à la tolérance zéro, à la prévention et à l’élimination de ce fléau, ainsi qu’à la réduction de son impact, a-t-il noté.  S’agissant de la médiation, « nous savons que la participation significative des femmes est directement liée à une paix plus durable.  Et pourtant, nous continuons d’appuyer et de diriger des processus qui ne sont pas inclusifs ».  À cet égard, a-t-il dit, la création de plusieurs réseaux de femmes au cours des dernières années est une tendance importante, car elles peuvent jouer une influence positive dans ces processus.  « La participation des femmes ne doit pas se limiter à des rôles consultatifs ou à des structures parallèles », a exhorté le Secrétaire général. 

Par ailleurs, une approche sexospécifique de la paix et de la sécurité implique de soutenir la consolidation de la paix au niveau local, même pendant les conflits, a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que le financement de ce programme est essentiel et que l’ONU a l’intention de donner l’exemple.  « J’ai créé un groupe de travail de haut niveau chargé d’examiner notre financement en matière d’égalité entre les sexes, notamment dans les domaines de la paix et de la sécurité.  Je tiendrai les entités des Nations Unies responsables de leurs engagements en matière de suivi des dépenses consacrées aux femmes, à la paix et à la sécurité, avec l’objectif d’atteindre ou de dépasser 15% d’ici à 2020 », a annoncé le haut fonctionnaire.  Enfin, « à partir de maintenant », il inclura l’analyse de genre dans ses rapports au Conseil de sécurité à chaque fois que cela sera utile d’éclairer ses décisions.

Dans deux ans, nous marquerons le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, le cinquième anniversaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le vingtième anniversaire de la Déclaration de Beijing.  En prévision, son rapport sur les femmes, la paix et la sécurité, l’an prochain, comprendra une évaluation de la mise en œuvre des recommandations pertinentes dans les trois examens de la paix et de la sécurité entrepris en 2015, en particulier l’Étude mondiale sur l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et de la résolution 2242, adoptée en 2015.

Mme PHUMZILE GLORIA MLAMBO-NGCUKA, Secrétaire générale adjointe, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ONU-Femmes, présentant le rapport du Secrétaire général, a déclaré que « ce rapport est un cri d’alarme sur l’échec d’intégration des femmes dans le maintien de la paix.  Les femmes ne peuvent pas être exclues des processus de paix uniquement parce qu’elles n’ont pas participé aux combats », a-t-elle estimé.  Prenant l’exemple du Soudan du Sud, elle a expliqué qu’après la signature de l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit, et en dépit de l’objectif d’atteindre des quotas minimums de 35% de femmes dans les institutions, il n’y a qu’une seule femme parmi les membres du Comité national prétransitionnel, chargé de suivre la mise en œuvre de cet accord.  « C’est un taux de 10% et non 35% », a-t-elle dit.

Revenant au rapport, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a indiqué que comme elle l’avait déjà exprimé l’an dernier, les indicateurs annuellement relevés en matière de processus de paix et de médiation stagnent, quand ils ne chutent pas.  C’est pour cette raison que le rapport a voulu analyser la contribution des femmes à la paix.  Il souligne aussi que les efforts sont superficiels pour intégrer les femmes dans les processus, celles-ci étant fortement marginalisée dans les institutions chargées de mettre en œuvre les accords de paix. 

Ainsi, entre 1990 et 2017, les femmes ont représenté seulement 2% des médiateurs, 8% des négociateurs et 5% des témoins et signataires des principaux accords de paix.  De plus, seuls 11% des accords signés en 2017 contiennent des dispositions relatives à la parité entre les genres.  En outre, sur les 1 500 accords paraphés entre 2000 et 2016, seuls 25 d’entre eux évoquent le rôle des femmes dans les phases de mise en œuvre.  Au Yémen par exemple, aucune femme n’est présente dans les efforts actuels visant à reprendre le dialogue, en dehors des équipes d’observateurs chargés de conseiller l’Envoyé spécial des Nations Unies. 

Au Mali, on compte à peine 3% de femmes dans les multiples comités nationaux crées pour surveiller la mise en œuvre de l’Accord de paix.  En République centrafricaine, les efforts de médiation ne portent que sur les 14 groupes armés et la présidence; ils excluent complètement les femmes.  En Afghanistan, le Gouvernement et ses partenaires internationaux investissent pour que les femmes soient présentes dans les hauts conseils de paix nationaux et provinciaux.  Mais dès qu’il s’agit de discuter avec les Taliban, il n’y a plus de femmes.  Tous ces chiffres confirment la tendance déjà évoquée l’an dernier, a encore déclaré la Directrice d’ONU-Femmes. 

Mme Mlambo-Ngcuka a indiqué que le rapport dresse par ailleurs un tableau de la situation des femmes dans les pays en conflit ou sortant de conflit, en présentant les marges de progrès.  Ainsi, le nombre de femmes parlementaires dans ces pays stagnent à 16% depuis trois ans.  En République démocratique du Congo par exemple, il n’y a que 12% de femmes candidates aux prochaines élections, un chiffre identique à celui d’il y a 7 ans.  En outre, seuls 17 pays ont élu des femmes à leur tête ou à la tête de leurs gouvernements, et aucun parmi les pays sortant de conflit.  Dans les situations de conflit, les filles ont une fois et demi plus de chance d’abandonner l’école primaire.  Au Yémen aujourd’hui le taux de mariage forcé est en hausse: 66% en 2017, contre 52% l’année précédente et 32% avant le conflit.  Dans ce contexte, la seule manière de lutter contre cette tendance est d’investir massivement et fortement dans les programmes destinés aux femmes, a plaidé la Secrétaire générale adjointe.

Mme Mlambo-Ngcuka a déclaré qu’il y avait cependant des motifs de satisfaction, notamment le fait que les décisions du Conseil de sécurité relatives aux situations spécifiques de pays ou de régions contenaient de plus en plus d’expressions relatives aux femmes, soit une hausse de 50% à 75%.  Le nombre de femmes présentant des exposés au Conseil de sécurité est également en augmentation, s’est réjouie la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.  Mais de son point de vue, il y a encore des marges de progrès possibles, dans le contexte du 20e anniversaire de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, qui sera célébré en 2020.  Vingt ans après son adoption, il est temps pour les Nations Unies de tenir une discussion sur la façon de soutenir et de financer les processus qui excluent les femmes, comme cela a été demandé cette semaine au Conseil par les femmes de la société civile.  Il faut également faire davantage pour protéger les femmes militantes, défenseures des droits de l’homme et faiseuses de paix, a déclaré Mme Mlambo-Ngcuka, avant de se réjouir que le Prix Nobel de la paix ait été décerné conjointement au Docteur Denis Mukwege et à Mme Nadia Muras, deux défenseurs des droits de la femme. 

Mme RANDA SINIORA ATALLAH, Directrice générale du Centre des femmes pour l’aide juridictionnelle et le conseil juridique, qui représentait le Groupe de travail des organisations non gouvernementales sur les femmes et la paix et la sécurité, a indiqué parler « au nom des femmes palestiniennes qui font face quotidiennement à la violence, à la discrimination, à la privation et aux violations systématiques de leurs droits fondamentaux ».  Elle a commencé son discours par le récit de l’expérience de Mervat, une femme qui vit dans la vieille ville d’Hébron: « Un jour, elle sort les poubelles devant sa maison.  Une fois dehors, elle est violemment attaquée par un groupe de colons.  Ses voisins, qui ont entendu ses cris, la voient se faire battre et sonnent l’alarme. »  Mervat, a précisé Mme Siniora Atallah, était enceinte de quatre mois au moment des faits; elle a perdu son enfant, une des conséquences de ses blessures. 

Autre histoire racontée par Mme Siniora Atallah à propos d’une habitante de Jérusalem, Sana, qui s’était fait réveiller par la police en septembre dernier.  Mère de deux enfants, Sana avait été choquée d’apprendre que la police allait démolir sa maison sous prétexte que sa famille n’avait pas de permis de construire.  Elle avait une semaine pour quitter les lieux. 

Au début du mois de mai, durant la marche du retour à la frontière est de Gaza, Nisreen, une mère de trois enfants, a reçu une balle de l’Armée israélienne dans la poitrine, a encore raconté la représentante.  Au moment des faits, Nisreen manifestait pacifiquement avec un groupe de femmes et d’enfants.  Deux jours après, Alla avait reçu une balle dans le ventre alors qu’elle marchait avec ses amis pour aller voir un spectacle de danse près de la même frontière. 

« Ces histoires décrivent la vie sous occupation des femmes et des filles palestiniennes », a expliqué Mme Siniora Atallah en faisant remarquer que ces femmes vaquent à leurs occupations quotidiennes avec les risques d’attaques violentes.  Leurs maisons peuvent leur être enlevées à tout moment et leur participation à la vie publique se fait dans la peur.  L’occupation israélienne et la crise humanitaire qui en résulte ont des conséquences profondément sexospécifiques et exacerbent les inégalités entre les sexes; les femmes subissent disproportionnellement la violence de l’occupation endurée par tous les Palestiniens.

L’occupation, a poursuivi la représentante, renforce les structures patriarcales de la société palestinienne.  Les femmes palestiniennes doivent subvenir à leurs besoins en plus de leurs responsabilités de prendre soin des enfants, des malades et des blessés, ce qui souvent les isole de leurs communautés et de la vie publique.  Dans leurs efforts pour protéger leurs familles de la violence ou des arrestations, elles deviennent des gardiennes des prisons de leurs propres enfants.  La violence politique dans la sphère publique conduit à des pics de violence dans la sphère privée, a constaté la militante: la violence domestique est outrageusement élevée et le féminicide augmente. 

À cela s’ajoute que les femmes sont privées de ressources pour répondre aux abus.  Les conditions difficiles provoquées par l’occupation font que les femmes palestiniennes n’ont pas accès à la justice et aux moyens de subsistance.  En outre, les coupes dans le financement de l’Office de Secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Moyen-Orient (UNRWA) ont disproportionnellement touché la vie des femmes en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. 

Mme Siniora Atallah a également souligné que l’occupation israélienne avait réduit l’espace rendant possible la liberté et l’indépendance de la société civile.  Elle a indiqué que les défenseures des droits de l’homme sont accusées d’incitation par Israël.  De plus, en juillet 2018, des milliers de Palestiniennes ont manifesté de manière pacifique aux frontières orientales de la bande de Gaza, pour protester contre l’occupation.  Des tireurs embusqués israéliens ont tiré contre les protestataires et les ont aspergées de gaz lacrymogène blessant ainsi des milliers et tuant près de 100 civils.

Les volontaires de la société civile, y compris le personnel médical, sont pris pour cible par l’armée en dépit de leurs uniformes, a aussi relaté Mme Siniora Atallah.  Les femmes journalistes qui font des reportages sur le conflit sont agressées et mises en détention.  Le résultat de ces représailles est qu’elles sont dissuadées de faire des reportages sur l’occupation.  Cela aboutit à marginaliser encore plus les femmes de la sphère publique. 

En s’engageant pour les femmes, la paix et la sécurité, le Conseil de sécurité a reconnu l’importance de la participation des femmes et que sans les femmes, il ne peut y avoir de paix.  Elle a donc appelé le Conseil à agir aujourd’hui notamment pour assurer la participation des femmes dans la prévention des conflits, la transition démocratique, les efforts de réconciliation et le travail humanitaire.  Il doit appeler l’Autorité palestinienne à mettre en œuvre son plan d’action dans le cadre de la résolution 1325 (2000), allouer des fonds suffisants et donner un appui politique de haut niveau à la participation des femmes à toutes les étapes du processus de paix.  Le Conseil doit appeler Israël à stopper l’occupation militaire et l’expansion des colonies, s’engager dans une solution politique et cesser immédiatement ses violations du droit international. 

Mme Siniora Atallah a également appelé les États à arrêter d’exporter des armes en Israël.  Les gouvernements, les entreprises d’armement et les vendeurs d’armes doivent être pris pour responsables des transferts d’armes dans les situations où elles alimentent le conflit et violent le droit international.  Le Conseil doit aussi faire cesser la culture de l’impunité et veiller à ce que les forces israéliennes, ou autres acteurs responsables des actes de violence commis contre des femmes et des défenseures des droits des femmes, soient tenus pour responsables de leurs actes. 

Le Conseil, a-t-elle encore demandé, doit assurer que les aides humanitaires soient respectueuses de l’égalité des sexes.  Le Conseil doit enfin utiliser tous les outils pour assurer une participation effective des femmes et intégrer une analyse de genre dans toutes les discussions sur la situation, notamment en ajoutant le Territoire palestinien occupé à l’ordre du jour du Groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité, et en invitant des femmes représentantes de la société civile à faire des exposés au Conseil pour les débats sur des pays particuliers. 

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a noté que quand les pourparlers de paix entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et le Gouvernement colombien avaient démarré en 2012, il n’y avait qu’une seule femme autour de la table.  Un an plus tard se tenait le premier Sommet national des femmes et de la paix en Colombie et les femmes y réclamaient à être incluses dans les discussions.  Deux ans plus tard, les femmes comptaient pour 20% de l’effectif de l’équipe de négociation du Gouvernement, et pour 43% de celle des FARC.  En s’organisant, les femmes ont élargi l’agenda du processus de paix, s’est réjouie la Ministre.  Elles ont négocié des cessez-le-feu locaux, renforçant la sécurité; leurs exigences ont mis les parties prenantes face à leurs responsabilités.  Coté FARC, le désenrôlement des enfants-soldats a été une initiative des femmes et de la société civile, a-t-elle fait remarquer, en notant qu’elles ont vraiment été à la base des efforts de consolidation de la paix en Colombie.

Au Sahel, a poursuivi la Ministre, les femmes sont aussi agentes du changement.  Dans la région du lac Tchad, où les défis sécuritaires et environnementaux sont nombreux, les femmes vivant de la pêche se sont coalisées pour être autosuffisantes en poisson, faire reconnaître leurs droits face aux agressions sexuelles et viols dont elles sont victimes, et obtenir un accès basique aux soins en matière de santé sexuelle et reproductive.  En conclusion, la Ministre a revendiqué une plus grande inclusion des femmes dans les processus de prise de décisions, de consolidation de la paix, de négociation et de maintien de la paix dans le monde.  Elle a regretté que les femmes aient toujours à prouver que leur participation à une action diplomatique soit bénéfique avant de pouvoir y prendre part, alors qu’on ne demandait jamais rien de tel aux hommes.

Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a rappelé que l’adoption de la résolution 1325 (2000) était basée sur l’idée qu’une plus grande implication des femmes dans les processus de paix augmente leurs chances de réussite.  « Si nous en sommes convaincus, comment se fait-il que les femmes demeurent exclues des processus de paix », s’est-elle interrogée.  Mme Brandt a appelé à tout faire pour augmenter la participation des femmes aux processus de décision, aussi bien au sein des missions de maintien de la paix qu’au Siège de l’ONU.  Elle a cité plusieurs exemples récents, à commencer par le fait que le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) appelle désormais à la participation pleine et effective des femmes aux processus de décision.  Elle a également mentionné la décision récente du Conseil de sécurité d’augmenter le nombre de femmes au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Le 8 mars dernier, a ajouté Mme Brandt, pour la première fois dans l’histoire du Conseil, une réunion a eu lieu avec une majorité des deux tiers de femmes représentant les 15 membres.  En conclusion, la représentante a appelé à lutter fermement contre les violences à l’encontre de femmes exerçant des responsabilités, qui sont souvent prises pour cible par ceux qui ne souhaitent pas la paix, comme en témoigne selon elle les 83 militantes des droits de l’homme tuées depuis le début du processus de paix en Colombie.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a dit se réjouir du choix du Comité Nobel de décerner le Prix Nobel à des personnes engagées dans la promotion des droits de la femme.  Cette décision montre que la promotion des droits de la femme est une priorité de la communauté internationale, a-t-elle dit.  Elle a également déclaré que la question de l’autonomisation des femmes est une question « éminemment politique et économique ».  Car accorder un accès aux droits à la moitié de la population est une manière de susciter la croissance économique, a expliqué la représentante, insistant sur cet aspect économique, qui selon elle « ne doit pas être perdu de vue ».

Mme Pierce a également souligné que « tout le monde sait que la participation des femmes aux processus de paix est une garantie de succès ».  Ainsi, selon elle, les processus incluant les femmes ont 35% plus de chance d’aboutir à une paix pérenne et de servir les communautés.  « La participation est un droit et non un traitement de faveur qu’il faut accorder aux femmes », a-t-elle conclu. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a jugé nécessaire de surmonter le fossé entre les mots et l’action, en mettant en œuvre le programme « Femmes, paix et sécurité » à l’aide de mécanismes onusiens aussi solides que le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes, de la paix et de la sécurité, et le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, de même que le réseau de points focaux nationaux et la Stratégie pour l’égalité des sexes de la Commission de consolidation de la paix, qui sert de plateforme pour le partage des pratiques optimales et des leçons apprises.  Le représentant a ensuite déclaré que la parité entre les sexes devait prévaloir à travers tout le système des Nations Unies et dans le cadre de la réforme de l’architecture de sécurité, notamment au travers d’une coopération étroite entre le Département des opérations de maintien de la paix et ONU-Femmes.  La délégation a par ailleurs salué l’intention de l’Union européenne de lancer un projet-pilote d’une valeur de deux millions d’euros en vue de fournir des programmes éducatifs aux Afghanes dans des institutions prestigieuses basées au Kazakhstan et en Ouzbékistan.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire), s’exprimant au nom de son pays et également au nom de l’Éthiopie et de la Guinée équatoriale, s’est félicité de la désignation d’une femme au poste de présidente de l’Éthiopie et pour la composition d’un gouvernement parfaitement paritaire.  « Cela a valeur d’exemple et c’est un témoignage de ce que le leadership de la femme devient de plus en plus nécessaire et déterminant dans la conduite des affaires du monde. »

Le représentant a également déclaré que sur le plan continental, les États africains, dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), ont donné la priorité à la promotion de la parité dans les appareils exécutif et législatif, de même que pour le renforcement du rôle des femmes dans les stratégies de médiation et de prévention.  Il importe maintenant de mettre en œuvre les mesures nécessaires, en coopération avec les Nations Unies et ses partenaires.  À cet égard, les plateformes « Femwise Africa » et le « Réseau des femmes leaders africaines » veillent à la mise en œuvre effective des engagements pris pour l’inclusion des femmes dans le rétablissement de la paix, la stabilité et le développement, a conclu le

M. MA ZHAOXU (Chine) a rappelé que, d’après le Président Mao, « les femmes pouvaient occuper la moitié du ciel ».  Il s’est félicité de la présence de Chinoises au sein des contingents déployés par Pékin au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  Les femmes, a-t-il estimé, jouent un rôle indispensable dans la prévention des conflits, dans la paix, dans la réconciliation et dans la réintégration des anciens combattants.  Le Conseil de sécurité devrait encourager le règlement pacifique des conflits en plaçant les femmes au premier plan, a préconisé le représentant, qui a jugé nécessaire d’œuvrer à la pleine opérationnalisation du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, avec pour objectif un monde meilleur pour tous.

M. BADER ABDULLAH N.  M. ALMUNAYEKH (Koweït) a déclaré que par le biais des résolutions successives sur la question des femmes, à commencer par la 1325 (2000), le Conseil de sécurité a mis en place un cadre règlementaire qu’il faut maintenant mettre en œuvre.  Si l’on veut atteindre l’objectif du Secrétaire général, à travers son concept de « paix positive », il faut accroître et garantir la participation des femmes et lutter contre toutes les causes et phénomènes qui peuvent l’entraver, d’autant que l’expérience a montré que cette participation offre de meilleurs résultats.  Dans ce contexte, la délégation s’est réjouie de la participation des femmes yéménites au processus de négociations, notamment celles parrainées par le Koweït et destinées à rétablir le dialogue et la paix dans ce « pays frère ». 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), qui préside avec la Suède le Groupe d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité au Conseil, a indiqué que, malgré l’adoption de huit résolutions depuis la résolution historique 1325 (2000), des obstacles persistent et obligent à redoubler d’efforts.  Les données montrent en effet qu’une participation plus importante des femmes à tous les niveaux de la vie politique a pour conséquence une moindre propension au conflit et une meilleure propension au maintien et à la consolidation de la paix.  En outre, a souligné la délégation, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation économique et politique des femmes sont essentielles pour réduire leur vulnérabilité durant les conflits et, en général, prévenir la violence.  Investir dans cette autonomisation revient donc à investir dans la paix et le développement.

S’agissant du rôle des femmes dans le maintien de la paix et la sécurité internationale, la délégation a souligné la nécessité de contribuer au financement des organisations de femmes appelées à participer aux processus de paix lancés par le Conseil.  De même est-il important d’intégrer des perspectives de genre dans les opérations de paix déployées par décision du Conseil et de former de façon adéquate les Casques bleus à la protection et à la promotion des droits humains des femmes, des filles et des garçons.  Pour sa part, le Pérou a augmenté la participation des femmes dans ses forces armées déployées dans les opérations de maintien de la paix et a déjà atteint les 15% demandés.  Et le ministère de la femme et des populations vulnérables a créé un registre des déplacés, qui permet de traiter des droits des femmes et des filles touchées durant les années pendant lesquelles le Pérou a combattu le terrorisme.

M. GENNADY V.  KUZMIN (Fédération de Russie) a souligné la nécessité de s’en tenir strictement à la question à l’ordre du jour, en s’abstenant de pratiquer des doubles emplois avec d’autres organes du Conseil de sécurité.  Quant aux processus de négociations classiques, ils restent toujours d’actualité, a tenu à rappeler le représentant: dans ce contexte en effet, sont respectés les buts de la Charte des Nations Unies, l’objectif étant simplement de permettre aux femmes de participer à ces processus à pied d’égalité avec les hommes.  Il a considéré qu’il est important pour le Secrétariat de l’ONU de prendre en compte, dans son prochain rapport, les expériences et les vues des pays touchés par des conflits.  En revanche, le représentant s’est déclaré opposé à la création de mécanismes additionnels.

M. JONATHAN R.  COHEN (États-Unis) a exprimé son attachement « inébranlable » à la question « femme, paix et sécurité », comme le montre son appui à la participation des femmes dans les processus de paix.  C’est pour cette raison que les États-Unis sont d’avis que le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes, de la paix et de la sécurité est un organe qui peut permettre d’aller plus en avant, le but étant d’obtenir des résultats concrets sur le terrain.  Les États-Unis sont en outre engagés dans l’autonomisation de la femme, a ajouté le représentant.  Il a mentionné que cet engagement se concrétise notamment dans les pays en développement, comme le montrent les subventions de millions de dollars allouées par les États-Unis à cette cause.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) s’est demandé « comment les opérations de maintien de la paix pourraient-elles protéger efficacement l’ensemble de la population civile sans que les femmes ne soient engagées comme actrices de la paix et de la sécurité, à tous les échelons, dans tous les piliers, militaire, civil, politique, économique »?  L’absence d’accès à l’éducation, à la propriété, à l’emploi et à des structures financières, aux services de santé rend les femmes plus vulnérables aux conséquences des conflits.  Autre constat: le nombre d’accord de paix intégrant des dispositions liées au genre a diminué l’an dernier.  Par ailleurs, les femmes sont encore bien trop souvent exclues des discussions quel que soit le stade de la négociation, a noté le délégué en signalant aussi que seuls 2% des médiateurs et 8% des négociateurs étaient des femmes durant les 25 dernières années. 

Notant que le Conseil inclut désormais des dispositions sur les droits et la participation des femmes dans plus de 70% des résolutions et près de 90% des déclarations présidentielles, M. Delattre a recommandé d’atteindre les 100% et d’adopter des déclarations à la presse sous cet agenda.  « Nous devons continuer à inviter systématiquement les personnalités issues de la société civile pour nous dresser un portrait fidèle de la réalité sur le terrain », a-t-il ajouté en plaidant aussi pour que les visites de terrain du Conseil donnent toute leur place aux rencontres avec les femmes.  Il faut aller plus loin, a exhorté le représentant français en invitant à saisir l’occasion de l’anniversaire de la résolution 1325 (2000) et en assurant un suivi plus efficace de la mise en œuvre de l’Agenda Femmes, paix et sécurité, notamment ses 76 plans d’action et 11 cadres régionaux.  « Nous sommes prêts à travailler avec tous nos partenaires pour définir les contours d’un mécanisme qui permettrait réellement d’évaluer ces processus nationaux et régionaux », a proposé le délégué en citant le rapport du Secrétaire général. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a considéré que la participation véritable des femmes aux processus de paix, et plus largement aux processus politiques, tient à la qualité même de cette participation: « il ne s’agit pas du nombre de participantes, mais du leadership exercé par les femmes », a-t-elle analysé.  Aussi, est-il nécessaire, selon la représentante d’identifier et de soutenir les politiques favorables à leur participation aux processus de prise de décisions.  Abordant la question de l’autonomisation économique des femmes, la déléguée a rappelé qu’il s’agit avant tout de s’assurer que des ressources telles que l’eau et la terre sont réparties également entre ceux et celles qui prennent les décisions.  Mais aucune discussion sur l’autonomisation des femmes ne serait complète sans une référence à la problématique de l’éducation, a-t-elle ajouté, avant de dire que celle-ci est un catalyseur pour réaliser la participation égale des femmes à la société et leur intégration dans le redressement économique à long terme.

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a constaté que les femmes sont « les victimes du système patriarcal, qui, ancré dans le système capitaliste, perpétue les inégalités, l’oppression économique, sociale et culturelle des femmes dans le monde entier ».  À son avis, c’est le problème principal et le système qu’il faut combattre.  Mais même s’il existe des similitudes, chaque pays a sa réalité et ses différents défis.  Ainsi en Colombie, l’Accord de paix entre le Gouvernement et les FARC intègre une perspective de genre, tandis que la mission de vérification est parfaitement paritaire.  On assiste de la même manière à des progrès dans la représentation politique des femmes, notamment en Somalie, dans la région du Sahel ou en Afghanistan, a-t-elle observé. 

Mais dans d’autres cas, comme dans les pays du bassin du lac Tchad, les femmes subissent et souffrent des activités des groupes et mouvement terroristes.  En République démocratique du Congo, la participation des femmes doit encore être renforcée, a ajouté la représentant de la Bolivie en concluant par l’exemple de son pays dont la Constitution de 2009 établit un « droit de la femme et de l’homme à la participation libre ».

Mme MICHELLE MÜNTEREFING, Ministre d’État à l’Office fédéral des affaires extérieures de l’Allemagne, a présenté les trois priorités de son Gouvernement s’agissant de la thématique « Femmes, paix et sécurité ».  « La première, ce sera de placer la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) au cœur des travaux de l’Allemagne, lorsqu’elle siégera au Conseil de sécurité pendant son mandat pour la période 2019-2020, a-t-elle annoncé. »  « La seconde sera de continuer à prêter notre soutien aux activités de l’ONU visant à prévenir et éliminer les violences sexuelles perpétrées en période de conflit », a ajouté Mme Münterefing.  La troisième, a précisé cette dernière, sera pour notre délégation de réaliser des progrès dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) d’ici à 2020, date du vingtième anniversaire de cette résolution, en s’appuyant sur les leçons apprises par le réseau des points focaux nationaux.

Mme SIMONA LESKOVAR, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Slovénie, a souligné la nécessité d’un rôle actif des hommes dans la promotion de l’Agenda « Femmes, paix et sécurité », tant en ce qui concerne la prévention que l’élimination de la violence sexuelle et de la violence sexiste en période de conflits, ainsi que dans la participation effective des femmes aux efforts de paix.  Mme Leskovar a poursuivi en disant que le deuxième plan national de la Slovénie sur les femmes, la paix et la sécurité pour la période 2018-2020 sera adopté dans les prochains mois.  Fondé sur l’examen du premier plan, il prend en compte les nouveaux défis et les nouvelles tendances, et prévoit cinq domaines thématiques: l’intégration de la perspective « genre », la participation des femmes, la protection des femmes et des filles et la lutte contre les violences sexuelles en période de conflit armé, l’éducation, la formation et la sensibilisation sur les « Femmes, paix et sécurité », et la responsabilité pour violence sexuelle et sexiste en période de conflit armé.  Le Plan comprend un mécanisme de suivi et d’information, a précisé Mme Leskovar avant de signaler qu’une nouvelle directive est en préparation pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) pour les forces armées. 

Mme IRYNA HERASHCHENKO (Ukraine) s’est dit convaincue que l’ONU était dotée des mécanismes de mise en œuvre nécessaires pour accélérer les efforts dans la participation des femmes.  L’Ukraine a, pour sa part, redoublé d’efforts pour garantir les droits des femmes dans tous les domaines et a mis en œuvre un plan d’action jusqu’en 2020 pour qu’elles participent plus au processus de consolidation de la paix.  Si le pays favorise la participation des femmes à la vie politique, elles ne représentent que 12% des élus au Parlement et le Gouvernement est en train d’introduire des quotas.  Sa stratégie d’égalité entre les sexes s’applique aussi à la défense, qui compte déjà 2 500 femmes dont 3 400 sont des officiers, et une première femme général de division pour les services médicaux. 

La représentante s’est arrêtée sur la catastrophe humanitaire liée à l’agression militaire, citant les cas d’infirmières tuées dans le Donbass.  Les mines sont également un problème colossal, car elles sont en très grand nombre, et de nombreuses femmes et enfants en sont morts.  Elle a aussi dénoncé la violence sexuelle dans le Donbass occupé et a insisté pour un accès humanitaire, notamment de l’ONU.  Aussi l’Ukraine exige-t-elle l’introduction immédiate d’une mission de paix dans le Donbass avec un mandat large pour prévenir une catastrophe humanitaire et protéger les plus vulnérables.  La représentante a rappelé que le prix Sakharov venait d’être attribué au célèbre prisonnier Oleg Sentsov et que l’Ukraine avait proposé un échange de prisonniers, auquel la Russie n’a pas répondu. 

M. KORO BESSHO (Japon) a assuré attacher une grande importance à la participation des femmes et à la protection de leurs droits dans le domaine de la paix et de la sécurité, le Japon souhaitant créer une « société où les femmes brillent ».  Le pays a soutenu le projet d’ONU-Femmes au Kenya pour promouvoir la participation des femmes au niveau communautaire en les formant à la prévention et à la réaction contre la radicalisation violente.  Il a aussi a contribué au renforcement des capacités et de la représentation des policières en Afghanistan, pour les aider à fournir une protection effective aux femmes victimes de violence. 

Le Japon essaie également de renforcer la coopération dans de nombreux domaines.  Il est l’un des principaux donateurs du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, pour un montant total de 9,5 millions de dollars, et des résultats ont pu être constatés en République démocratique du Congo.  Le Japon soutient également le programme « Leadership, autonomisation, accès et protection des femmes dans la riposte aux crises » d’ONU-Femmes, à hauteur de 8,7 millions de dollars en 2018.  Enfin, le Japon a choisi Sri Lanka comme pays partenaire dans le cadre de l’Initiative de partenariats du G7 pour les femmes, la paix et la sécurité et souhaite élargir son assistance aux femmes touchées par le conflit dans ce pays.  Pour conclure, M. Bessho a fait savoir que le Japon accueillera l’Assemblée mondiale pour les femmes à Tokyo en mars 2019.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a estimé que le problème des femmes dans les processus de paix et de sécurité doit être pris dans un contexte économique et social plus large.  Il est largement admis que prendre en compte les sexes des personnes pour bâtir des sociétés résilientes et pacifiques a des effets positifs, a-t-elle assuré en prônant un travail normatif à cet égard.  L’Assemblée générale doit se concentrer sur le développement et l’égalité entre les sexes pour mettre en place des sociétés pacifiques et résilientes, et le Conseil de sécurité doit faire tous les efforts nécessaires pour réaliser l’autonomisation des femmes, a-t-elle poursuivi.  Elle a ajouté que la coopération internationale pour poursuivre les criminels est essentielle.  En Inde, a-t-elle indiqué, le discours sur l’autonomisation des femmes a progressé, et de plus en plus de femmes participent aux processus politiques.  L’Inde a honoré son engagement vis-à-vis de l’ONU, à savoir que les femmes représentent 15% de ses troupes fournies pour le maintien de la paix.  Partenaire d’ONU-Femmes, l’Inde est prête à coopérer avec ses partenaires pour des sociétés pacifiques, résilientes et ouvertes à toutes et tous, a assuré Mme Tripathi.

M. GUILLERMO FERNANDEZ DE SOTO (Colombie) s’est félicité que le processus de paix en Colombie ait été cité comme exemple positif de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), même si beaucoup de problèmes restent encore à surmonter.  Reconnaissant l’indispensable participation et autonomisation politique et économique des femmes, il a mis en avant deux réussites qui ont marqué les deux premiers mois du Gouvernement du Président Ivan Duque: pour la première fois, une femme est vice-présidente de la République, en charge également de la promotion de l’égalité entre les sexes, et le Président a formé le premier Gouvernement paritaire de l’histoire de la Colombie. 

Le délégué a annoncé que le nouveau Plan de développement de la Colombie comprendra un chapitre sur l’égalité hommes-femmes, un plan pour garantir une vie libre de violences, la prévention des grossesses adolescentes, la création d’un observatoire sur le genre et l’attention aux victimes du conflit.  Le Président a également exprimé l’intention d’arriver rapidement à de meilleures normes de participation des femmes dans les postes à responsabilité des forces armées.  Attentif à la préoccupation manifeste de la société civile au sujet des menaces et assassinats de militantes des droits de l’homme, le Gouvernement va redoubler d’efforts pour renforcer le cadre institutionnel et les mesures de protection, et accélérer les enquêtes.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a regretté que le rôle crucial des femmes pour la paix et la sécurité soit souvent négligé.  Il a estimé qu’un nombre suffisant de cadres et de règlements existent mais que leur mise en œuvre reste malheureusement limitée.  Le nombre de femmes Casques bleus n’a pas radicalement changé depuis 10 ans, passant de 2 à 4%, et seulement 28% de femmes sont déployées sur le terrain à l’ONU.  Doter les femmes d’autonomie économique et politique doit être au cœur des efforts, a continué le représentant, assurant que l’on doit faire mieux pour la protection des femmes qui défendent les droits de l’homme.  Pour cela il faut aussi garantir un financement suffisant au programme Femmes, paix et sécurité.  Quant au rôle des femmes dans le secteur de la sécurité, il ne doit pas être sous-estimé.  En tant que coprésidente du Groupe des amis de la réforme du secteur de la sécurité, la Slovaquie travaille en étroite collaboration avec le Groupe des amis de l’égalité entre les sexes pour explorer les opportunités de renforcer le soutien de l’ONU dans ces domaines.  C’est seulement avec une participation accrue des femmes que la confiance du public dans le secteur de la sécurité se raffermira dans les zones d’après-conflit.

Mme RAZIYE BILGE KOÇYIĞIT GRBA (Turquie), qui parlait au nom du groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, Corée, Turquie, Australie), a assuré que pour ces pays l’autonomisation des femmes était essentielle, y compris pour qu’elles accèdent à des postes de décisions; c’est une façon d’augmenter les chances de succès dans les pourparlers de paix entre parties prenantes.  Ce groupe de pays a aussi réaffirmé son attachement à l’objectif de l’égalité entre les sexes dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le groupe a salué les différentes résolutions de l’ONU promouvant un cadre normatif pour l’autonomisation des femmes sur la question Femmes, paix et sécurité. 

Malgré ces progrès, des défis demeurent, les violences sexuelles étant devenues une arme de routine dans les conflits.  Le groupe a souligné que les violences sexuelles et les violences sexistes ont un lien direct avec l’inégalité entre les sexes, la pauvreté, l’exclusion et la discrimination.  Le groupe a donc appelé à agir sans délai pour traiter les causes profondes des conflits, mais aussi pour assurer la promotion de l’égalité des sexes.  La représentante a cité une statistique d’ONU-Femmes rappelant que 90% des victimes de conflits étaient des civils, une catégorie où les femmes et les enfants sont davantage représentés que les hommes.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a reconnu que la question des femmes et de la paix et de la sécurité est devenue un facteur puissant pour assurer la féminisation de la paix dans un environnement d’après-conflit.  Mais les femmes sont encore généralement « invisibles » et exclues des processus et des négociations de paix.  Les cultures patriarcales et les structures de pouvoir discriminatoires continuent d’inhiber les efforts pour une paix inclusive, les droits des femmes et la prévention effective des conflits. 

Mme Lodhi a tenu à souligner le fait que le Conseil de sécurité doit joui son rôle de maintien de la paix et de la sécurité en se focalisant sur les causes des conflits, en particulier les conflits prolongés comme le Jammu et Cachemire et la Palestine.  Ensuite, la communauté internationale doit accorder la même attention au sujet du jour qu’aux quatre piliers que sont la prévention, la participation, la protection et le relèvement.  Par ailleurs, les institutions nationales des droits de l’homme sont un lien essentiel dans la chaîne de responsabilité en ce qui concerne les violations des droits des femmes ainsi que leur prévention, et les efforts pour appuyer leur travail devraient être soutenus.  Enfin, pour une plus grande participation des femmes aux mandats de maintien de la paix, les perspectives sexospécifiques doivent être pleinement intégrées dans le paradigme de la consolidation de la paix afin de renforcer « l’environnement de protection », a proposé la déléguée. 

Mme MARI SKÅRE (Norvège), a d’abord rappelé les progrès concernant la question des femmes et de la paix et de la sécurité, avant d’estimer qu’à l’approche du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), il fallait davantage.  Les femmes sont sous-représentées partout et à tous les niveaux du maintien de la paix, a-t-elle déploré.  Elle a appelé à établir des liens entre les médiations pour la paix, à veiller à ce que les mécanismes d’inclusion complètent, plutôt que remplacent, les efforts visant à inclure les femmes dans le circuit officiel, à approfondir l’analyse des conflits avec une perspective de genre et à soutenir l’intégration des questions de genre dans les opérations de paix. 

Notre appui à la réforme de l’ONU, d’ONU-Femmes, du Département des affaires politiques et de celui des opérations de maintien de la paix fait partie de notre réponse, a ajouté la représentante.  Comme les réseaux de médiatrices régionales se trouvent actuellement à New York en quête de coopération, nous devons préparer le terrain pour des processus inclusifs dès les débuts des pourparlers de paix, a encore déclaré Mme Skare, qui a estimé qu’un poste de Conseiller en égalité des sexes devrait être établi au siège de chaque opération de maintien de la paix. 

Mme BESIANA KADARÉ (Albanie) s’est réjouie que, depuis l’adoption de la résolution 1325 (2000), des progrès importants aient été accomplis en matière d’égalité des sexes et que les États Membres aient progressivement intégré les principes et obligations découlant du texte dans leurs politiques nationales. 

Cependant, a remarqué Mme Kadaré, un fossé demeure entre les déclarations sur le papier et la réalité sur le terrain.  « Les faits parlent d’eux-mêmes: de 1990 à 2017, seulement 2% des médiateurs dans les processus de paix officiels étaient des femmes », a-t-elle déclaré, dénonçant une « mentalité trop masculine » dans les relations internationales.  L’Albanie souhaite donc que soient renforcés l’engagement de la communauté internationale et la coopération entre l’ONU, la société civile et les États Membres, pour produire un impact sur le terrain. 

Pour sa part, l’Albanie a beaucoup progressé, a affirmé Mme Kadaré.  En septembre dernier, elle a lancé son premier plan d’action national d’application de la résolution 1325 (2000).  Le pays a rassemblé la société civile et les groupes de défense des femmes pour renforcer la durabilité de ce plan d’action, a-t-elle expliqué.  Par ailleurs, le nombre de femmes parlementaires est monté à 41, soit 29,3% des élus nationaux.  Le gouvernement actuel a garanti la parité, et à la tête du Ministère de la défense se trouve désormais une femme.  Le nombre d’ambassadrices a lui aussi augmenté, passant à 26%, et les femmes consuls à 33%: du jamais vu en Albanie, a fait observer la représentante. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour augmenter la représentation et la participation des femmes dans tous les processus de construction de la paix et la prévention des conflits et à tous les niveaux de prise de décisions.  Le représentant a souligné que l’éducation est un facteur essentiel et que la garantie d’un accès à l’éducation durant les conflits est un objectif fondamental qui contribue à protéger les femmes et les filles des risques des conflits. 

Avec la Norvège, l’Argentine a organisé, en 2017, la deuxième Conférence sur des écoles sûres, a indiqué le représentant, avant d’encourager tous les États Membres à endosser la Déclaration sur des écoles sûres.  En ce qui concerne les actions concrètes pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000), le Ministère des relations extérieures de l’Argentine a lancé, avec le Ministère de la justice et des droits de l’homme, la mise en place d’un réseau fédéral de médiatrices avec une perspective de genre, composé de 50 professionnelles.  De la même manière, le Ministère des relations extérieures, en coordination avec l’ambassade du Canada et l’ONG Réseau de sécurité et de défense de l’Amérique latine (RESDAL), a lancé un projet de diagnostic sur l’état des lieux par rapport à l’intégration de la perspective de genre dans les 10 ministères impliqués dans la mise en œuvre du Plan national d’action de la résolution 1325 (2000).

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a réitéré l’importance du leadership et de la participation des femmes dans la prévention et la solution des conflits et la consolidation de la paix.  Il a jugé nécessaire d’augmenter leur représentation à tous les niveaux de prise de décisions, rappelant que la discrimination reste toujours un obstacle pour les femmes et, par conséquent, pour le développement humain en général.  Une meilleure participation des femmes a des répercussions positives pour affronter quelques-uns des défis les plus urgents, y compris les migrations, les changements climatiques et bien entendu la prévention des conflits. 

M. Skinner-Kleé Arenales a indiqué que le Guatemala a participé activement aux deux réunions des points focaux de Femmes, paix et sécurité, qui ont permis de mettre en place une plateforme pour l’échange d’expériences et de meilleures pratiques au niveau international.  Selon lui, les alliances stratégiques qui ont émergé de ce réseau sont importantes pour atteindre l’objectif d’un monde de sociétés inclusives, pacifiques et protégeant les droits des femmes.  Les femmes jouent un rôle essentiel dans la promotion de la justice, la réconciliation, le désarmement, la démobilisation, la réinsertion sociale, la reconstruction des institutions nationales et la prévention et la résolution des conflits, a conclu le représentant.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) s’est réjoui que les femmes de son pays aient contribué significativement au processus de paix entre le gouvernement philippin et le Front de libération islamique moro, en juillet dernier.  Cinq membres de la commission de transition de Bangsamoro étaient des femmes.  « Durant les négociations, les deux panels étaient composés de femmes, qui ont fait avancer l’Agenda des femmes », s’est félicité M. Penarada.  Le représentant a également cité en exemple les « troupes en hijab »: une force policière et militaire spéciale, « qui combat les aspects psychologiques et culturels de la bataille de Marawi ».  La « loi organique Bansamoro » a réservé des sièges de parlementaire aux femmes, et prévoit des protections contre leur exploitation sexuelle.  Les Philippines sont aussi le premier pays au monde à avoir formulé un plan d’action régional sur les femmes, la paix et la sécurité, un plan qui aboutit sur le terrain à des activités et des projets. 

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a indiqué que son pays, de par son histoire tragique durant la Seconde Guerre mondiale, se sentait particulièrement concerné par le problème des violences contre les femmes en temps de conflit.  C’est pourquoi elle fera tout son possible pour faire avancer l’agenda Femmes, paix et sécurité.  À cet égard, le Gouvernement coréen a récemment lancé l’initiative « action avec les femmes et la paix », qui soutient la protection des femmes et des filles durant et après des conflits armés, et qui vise à renforcer l’autonomisation des femmes dans le cadre de la consolidation de la paix. 

Constatant les progrès de la résolution 1325, M. Cho a déploré le fossé qui existe entre les textes et la réalité.  Les femmes demeurent parmi les groupes les plus vulnérables en temps de conflit; pour y remédier, la Corée a appelé à redoubler d’efforts pour promouvoir les femmes à des postes de dirigeantes, pour qu’elles participent aux processus de paix et de sécurité, un secteur où elles sont encore sous représentées.  Dans ce contexte, il a encouragé les Nations Unies à continuer à travailler dans cette direction, et à augmenter le ratio des femmes dans les troupes de maintien de la paix.  En République de Corée, la représentation nationale est composée de davantage de femmes (27,8% dans les cabinets ministériels), tandis que 60,9% des nouvelles recrues dans le secteur diplomatique sont des femmes, a signalé M. Cho. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a félicité Mme Nadia Murad, Ambassadrice de bonne volonté pour la dignité des victimes de la traite des êtres humains de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et M. Denis Mukwege, tous les deux prix Nobel de la paix 2018, pour leur courage et leur persévérance afin de mettre un terme à la violence sexuelle liée aux conflits.  Mme Murad est un exemple de la façon dont les femmes peuvent devenir de puissants agents de la paix.  La représentante a réaffirmé l’importance de la protection et de la promotion des droits de l’homme, de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et a soutenu leur pleine inclusion et leur participation institutionnalisée à tous les échelons des processus de paix et plus généralement de tous les processus de prise de décisions.  Elle a estimé que l’ONU devrait donner l’exemple et elle a dit croire dans les initiatives globales axées sur les survivants des conflits et de la violence. 

Mme Bogyay a dit soutenir les initiatives de paix de femmes locales et a espéré que le rôle important de la société civile et des organisations dirigées par des femmes soit reconnu.  S’agissant de la participation des femmes dans les missions de maintien de la paix, la Hongrie cherche à augmenter le nombre d’expertes militaires et de policières dans les missions de l’ONU.  Elle a aussi fourni une contribution financière au Fonds d’affectation spéciale à l’appui de la lutte contre la violence à l’égard des femmes.  En conclusion, Mme Bogyay a plaidé pour une approche holistique aux niveaux local, régional et mondial, en utilisant tous les instruments du système des Nations Unies et en coopération étroite avec les acteurs pertinents et avec les gouvernements.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a insisté sur la participation entière et véritable des femmes dans les processus de paix et de sécurité et sur l’importance du financement des programmes et mécanismes.  La Jordanie a mis en place un plan d’action national, avec la participation des acteurs de la société civile, qui accorde une place particulière à l’émancipation de la femme et à sa participation dans la réalisation de la paix pérenne.  Ce plan a défini 4 objectifs stratégiques: renforcer la participation des femmes dans les secteurs de la sécurité et militaire, y compris dans les unités de terrain; renforcer la participation active des femmes face au terrorisme et à la violence à travers des initiatives volontaires; fournir des services humanitaires, psychiques, sociaux, médicaux, éducatifs aux femmes et aux secteurs vulnérables de manière sûre; disséminer une culture sociétale qui appuie la parité entre les sexes et préparer les femmes pour qu’elles soient ambassadrices de la paix.  La Jordanie veille en particulier à protéger les femmes de l’extrémisme, soulignant que les conflits ayant secoué la région n’ont pas épargné les femmes.  La représentante a signalé en particulier les difficultés auxquelles la femme palestinienne fait face, victime des politiques israéliennes punitives.  La femme joue un rôle de premier plan dans la paix, a-t-elle conclu. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), au nom des pays baltes, a fait siennes les recommandations du Secrétaire général sur la nécessité de porter une grande attention aux signes avant-coureurs de violations des droits de l’homme, hélas très souvent dirigées contre les femmes et les filles, quand un conflit menace.  Une paix durable ne sera possible qu’avec une participation significative des femmes dans tous les aspects de la paix et de la sécurité, pas seulement en tant que bénéficiaires des progrès, mais en tant que dirigeantes et agents du changement, a souligné M. Jürgenson.  Il a ajouté qu’une telle participation augmentait les chances de 35% d’un accord de paix d’au moins 15 ans entre les parties prenantes d’un conflit. 

M. Jürgenson a aussi relevé qu’il fallait porter une attention particulière aux besoins des femmes et des filles dans les situations post-conflits, y compris pour assurer leur sécurité physique, leur fournir des soins de santé reproductifs et psychologiques et veiller à ce qu’elles disposent de moyens de subsistance et participent aux décisions.  Dans leurs contributions aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, les pays baltes font tout pour assurer la parité dans les troupes de maintien de la paix, en encourageant les femmes à s’engager dans les forces militaires et de police. 

M. Jürgenson a enfin mis l’accent sur le rôle crucial de la société civile, y compris les ONG représentant les femmes; il s’est réjoui qu’elles interviennent désormais régulièrement dans les séances du Conseil de sécurité.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que les États Membres devaient faire en sorte que la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit au cœur des priorités de la communauté internationale.  Elle a toutefois noté les échecs systémiques pour intégrer les femmes aux missions de maintien de la paix, et le fait qu’elles ne jouent pas assez souvent le rôle de médiateur dans les discussions pour la paix.  « Nous devons exiger la participation des femmes en tant qu’actrices dans les processus de paix à hauteur de 50% au moins. »  Les Émirats arabes unis ont lancé une « politique 100% femmes » pour que la parité soit une composante clef de sa politique et de ses programmes.  Un entraînement militaire et de maintien de la paix pour les femmes arabes va être organisé conjointement par le Ministère de la défense, ONU-Femmes et le syndicat général des femmes des Émirats arabes unis – une première dans la région. 

M. JOSE SINGER (République dominicaine) a relevé que les femmes et les filles ne sont pas seulement des victimes de conflit, mais sont aussi des agents de changement, et a plaidé pour leur participation à tous les niveaux des processus de paix.  Il a cité en exemple l’accord de paix en Colombie, le premier au monde à intégrer la thématique du genre comme axe central.  Cette réussite est en partie due au grand nombre de femmes impliquées dans le processus de paix et, selon lui, l’accord doit servir de cadre de référence et inspirer d’autres processus de paix.  Appliquer la résolution 1325 (2000) ne consiste pas seulement à compter plus de femmes autour de la table, a fait observer M. Singer, mais à intégrer leurs perspectives et celles des organisations de femmes dans les processus de médiation, en assurant leur participation pleine et effective, garantissant ainsi la crédibilité et la durabilité des processus de paix.  Il a donc appelé à redoubler d’efforts pour lever les obstacles structurels à cette participation, de même que pour coopérer avec la société civile et les militantes des droits de l’homme, à la condition de les protéger également des menaces et des violences dont elles sont la cible.  Signe de l’engagement de la République dominicaine pour la « Tolérance zéro » envers les abus et l’exploitation sexuels, le Président Danilo Medina a signé le Pacte global volontaire pour la prévention et la réponse à l’exploitation sexuelle dans les opérations des Nations Unies.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a relevé que les graves violations des droits humains de la femme ne sont pas sporadiques mais au contraire le prolongement d’une autre violence bien ancrée dans les sociétés et qui trouve racine dans les inégalités, la discrimination généralisée envers les femmes et le mépris pour leurs droits fondamentaux, la raison pour laquelle les États doivent prendre des mesures pour traiter de ces causes structurelles.  Pour sa part, le Gouvernement uruguayen a adopté une Stratégie nationale pour l’égalité entre les sexes 2030, élaborée avec la société civile, avec une feuille de route pour influencer les politiques publiques et orienter les actions de l’État.  L’éducation joue un rôle fondamental pour l’autonomisation politique et sociale de la femme, a fait valoir M. Bermúdez Álvarez, pour vaincre la discrimination, pour que les femmes connaissent mieux leurs droits, et pour leur donner la confiance nécessaire pour prendre les décisions qui touchent leur vie.  C’est la raison pour laquelle l’Uruguay a adhéré à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  S’agissant des opérations de maintien de la paix, l’Uruguay dispose d’un pourcentage au-dessus de la moyenne d’effectifs féminins déployés et continue à augmenter cette participation.  L’école nationale des opérations de paix de l’Uruguay dispense en outre une formation obligatoire sur des sujets tels que la prévention et la réponse à la violence contre les femmes.  En plus, le Gouvernement applique une politique de « tolérance zéro ». 

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a déploré la faible participation des femmes dans les opérations de paix et a appelé les États Membres à l’augmenter.  Pour sa part, le Mexique a fait de gros efforts comme contributeur de troupes et de policiers depuis 2015.  Il a déployé huit femmes de ses forces armées dans les missions de paix en Colombie, au Sahara occidental et au Mali, ce qui correspond à la proportion minimale requise par l’ONU de 15%.  Faisant partie du Réseau global de points focaux sur Femmes, paix et sécurité, le Mexique reconnaît l’importance de ce forum interrégional pour partager des expériences et des bonnes pratiques.  Le programme Femmes, paix et sécurité et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sont les deux faces d’une même médaille, a estimé la représentante.  Par exemple, traiter des causes fondamentales des conflits et soutenir la paix, c’est comprendre que les femmes doivent disposer d’autonomie économique et jouir totalement de leurs droits humains.  Cela implique des ressources économiques suffisantes, des possibilités de travail, l’élimination de la féminisation de la pauvreté et la liberté de prendre des décisions dans la vie de la communauté.  Sans participation politique, les femmes n’atteindront jamais leur considérable potentiel, a assuré la représentante.  Parvenir à l’égalité entre les sexes dans la sphère publique est une priorité pour le Mexique et, au cours de la nouvelle législature, la Chambre des députés sera constituée d’environ 48,8% de femmes et le Sénat de 49,22%, passant ainsi au quatrième rang mondial.

M. PHILIPP CHARWATH (Autriche) a souligné que les organisations locales et la société civile jouaient un rôle clef dans l’avancement du Programme; l’Autriche a d’ailleurs contribué à hauteur d’un million d’euros au financement du Fonds des femmes pour la paix.  Ce fonds crée des ponts entre l’ONU, les États Membres et la société civile pour aider les organisations de femmes à consolider la paix et apporter un soutien humanitaire aux femmes, là où il fait défaut. 

L’Autriche est convaincue que l’absence de violence est un prérequis pour parvenir à des sociétés pacifiques, a poursuivi M. Charwath.  Dans ce contexte, l’Autriche combat activement la violence des hommes contre les femmes, et à ce titre, a augmenté son engagement contre les mutilations génitales; en 2018, elle a donné plus d’un million d’euros à ses victimes.  De même, l’Autriche reconnait le lien entre les droits humains et la prévention de conflits.  Elle a donc appelé à reconnaitre l’importance du travail des défenseurs des droits des femmes pour la mise en œuvre du programme des femmes, de la paix et la sécurité.  Dans ce contexte, elle a soutenu Amnesty International dans son organisation d’une discussion en marge du Conseil des ministres des affaires étrangères européens qui s’est tenu à Vienne le 28 août 2018.

Pour M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse), permettre aux femmes de participer efficacement aux efforts de consolidation de la paix et prévenir les violences sexuelles contre les femmes, mais aussi contre les hommes, est l’un des objectifs centraux de son engagement et une composante essentielle de son quatrième plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, adopté récemment.  Ces deux objectifs sont étroitement liés à l’autonomisation des femmes dans les domaines politiques et économiques, a-t-il souligné.

Notant que les femmes devraient, comme les hommes, être « impliquées dans le processus politique dès le début et à tous les niveaux », le délégué a rappelé que l’autonomisation économique des femmes était une condition préalable à leur participation aux processus politiques.  Il a aussi insisté sur l’engagement et l’autonomisation des hommes et des garçons dans le cadre de l’égalité des sexes.  « En nous concentrant exclusivement sur des femmes, nous avons tendance à oublier le rôle des hommes dans l’autonomisation politique et économique.  Or la mise en lumière des privilèges et des vulnérabilités des hommes peut changer la donne », a affirmé le représentant suisse, qui s’est réjoui que, grâce à l’action de nombreux champions de l’égalité des sexes et à l’engagement du Secrétaire général, la communauté internationale soit sur la bonne voie. 

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a estimé que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles exigent davantage d’engagement de la part de la communauté internationale dans son ensemble.  Quant à elle, l’Italie a placé l’égalité au cœur de sa politique étrangère et a organisé l’année dernière la première réunion ministérielle du G7 entièrement consacrée au genre.  En 2018, dans le cadre de sa présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Italie applique une perspective de genre dans toutes ses initiatives.  Le pays, a ajouté Mme Zappia, fait aussi partie du cercle de dirigeants du Secrétaire général et il est le principal donateur du Fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles. 

Quant à assurer une participation significative des femmes tout au long du cycle de paix, l’Italie a lancé l’année dernière, lorsqu’elle assurait la présidence du Conseil, le Réseau des femmes médiatrices pour la Région de la Méditerranée, qui a deux objectifs: la prévention et la médiation d’une part, le renforcement des capacités d’autre part.  En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, l’Italie fournit une formation de qualité et des cours spécialisés pour les soldats de la paix dans un Centre d’excellence à Vicenza, a fait savoir Mme Zappia.  En venant à l’application du principe de responsabilité, elle s’est félicitée des avancées de ces dernières décennies et a souhaité que le Conseil fasse de la violence sexuelle un critère automatique pour imposer des sanctions. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a jugé nécessaire de protéger les femmes en situation de conflit et de promouvoir leur autonomisation qui est essentielle pour la consolidation de la paix et le règlement des conflits.  Les femmes comptent parmi les principales victimes des invasions étrangères et du terrorisme dans la région du Moyen-Orient, a-t-il noté, en évoquant le sort de la Palestine et plus particulièrement de la bande de Gaza, où « les femmes sont victimes du bouclage de la zone » et des « bombardements israéliens ».  Dans une région aussi instable, « il y a peu de place pour l’autonomisation des femmes, hélas », a déploré M. Al Habib: « ce que veulent les femmes, c’est rester en vie; leur autonomisation est un problème secondaire ».  En tant que « victime d’agressions étrangères », l’Iran attache une grande importance aux femmes qui participent à la vie politique iranienne à l’occasion d’élections, non seulement en tant qu’électrices, mais aussi en tant que candidates.

Mme EYNAT SHLEIN (Israël) a fait valoir qu’Israël avait été le premier pays à mettre en œuvre des éléments de la résolution 1325 dans sa législation nationale.  Le pays est membre de la Commission de la condition de la femme et du Groupe des amis de la 1325 et sera l’année prochaine membre du Conseil d’administration d’ONU-Femmes.  Depuis 2003, le Centre de formation Golda Meir Mount Carmel a organisé 36 séminaires sur le rôle des femmes dans la résolution de conflits et la construction de la paix, qui encouragent le dialogue entre les femmes israéliennes et palestiniennes.  Pour Israël, les éléments essentiels de la réussite de tout processus décisionnel, en particulier dans les domaines de la paix et de la sécurité, sont la coopération, les partenariats, le partage d’expériences et la création d’opportunités.  La délégation a cité un article publié en août 2018 par le Dr Jana Krause de l’université d’Amsterdam, qui montre que la participation active des femmes aux négociations de paix débouche sur de meilleurs accords, sur des taux plus élevés de mise en œuvre de ces accords et sur une paix plus durable.  Pour un avenir meilleur, il faut adopter une approche plus inclusive des processus de paix, a-t-elle conclu.

Mme MARA MARINAKI de l’Union européenne a dit que sa délégation se concentre sur quatre priorités sur la question « Femmes, paix et sécurité ».  En premier lieu, elle met l’accent sur la participation politique des femmes et le leadership.  Il est important, a dit la représentante, d’assurer que les femmes et les filles dans les situations fragiles et après-conflits, affectées et touchées par les conflits, puissent participer de manière égale et équitable dans toutes les sphères politiques, économiques et sociales de leurs sociétés.  C’est la condition préalable à la création de sociétés inclusives et pacifiques, au développement durable et à la paix.  En deuxième lieu, l’Union européenne donne la priorité à la lutte contre la violence sexuelle en période de conflit et appuie les actions de l’ONU dans ce domaine.  En troisième lieu, l’Union œuvre à la promotion des politiques proactives pour l’autonomisation économique des femmes, ce qui aboutit à des rendements considérables pour les économies et les sociétés.  La quatrièmement priorité de l’Union, a ajouté Mme Marinaki, est le renforcement des cadres nationaux de mise en œuvre de l’Agenda Femmes, paix et sécurité de ses États membres. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a plaidé pour impliquer davantage les femmes, afin qu’elles deviennent des actrices de la paix au sein de leur communauté et de leur pays.  Pour ce faire, le représentant a recommandé que le Conseil de sécurité soit informé de la situation sur le terrain, notamment grâce à des réunions régulières d’information par des titulaires de mandats de procédures spéciales, par la prise en compte des recommandations du Groupe informel d’experts et l’engagement avec des organisations de femmes lors des visites de terrain effectuées par le Conseil. 

Pour le représentant, il faudrait examiner la manière d’utiliser les sanctions à titre dissuasif contre la violence sexuelle.  Mais les femmes doivent aussi être plus nombreuses dans les opérations de maintien de la paix et dans la réforme du secteur de sécurité.  Il faut par ailleurs appuyer davantage les conseillers pour l’égalité des sexes dans le cadre des mandats actuels.  Il faut enfin protéger les défenseurs des droits des femmes et autonomiser les femmes en tant qu’actrices locales. 

M. Pecsteen de Buytswerve a préconisé d’éliminer les obstacles à la participation des femmes aux processus et accords de paix et d’identifier tous les domaines où l’on peut agir davantage.  En conclusion, il a fait observer que la Belgique mettait actuellement en œuvre son troisième plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité. 

Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque) s’est félicitée que les délégations s’emparent de plus en plus du sujet de la participation des femmes au sein des sphères publiques.  Pour lutter contre les stéréotypes et les normes sociales, et mettre en œuvre dans les entreprises le Programme Femmes, paix et sécurité, la République tchèque a mis en place son premier plan d’action national sur le sujet, afin de parvenir à un équilibre professionnel entre hommes et femmes et mettre fin aux discriminations.  Le Gouvernement travaille en étroite collaboration avec le monde universitaire et encourage les États Membres à faire de même.  Le droit à participer aux affaires publiques est une liberté fondamentale liée aux droits de la personne, a insisté la déléguée.  La République tchèque a choisi l’objectif 16 de développement durable (Paix, justice et institutions efficaces) dans le cadre de sa présidence de l’ECOSOC, et à ce titre, elle a attaqué de front les inégalités entre hommes et femmes dans diverses régions du monde comme en Zambie, au Pakistan et Sri Lanka; elle a aussi participé au projet de renforcement des capacités pour supporter l’augmentation du nombre de femmes dans les rangs des forces armées jordaniennes.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a dit que l’Église catholique a toujours défendu la dignité et les droits de l’homme des victimes des conflits et des urgences humanitaires.  Elle offre notamment une protection physique ainsi qu’un soutien moral et spirituel; elle travaille avec la police des frontières; elle facilite l’accès à l’aide judiciaire et humanitaire.  Le Saint-Siège, a ajouté le nonce, appuie les efforts pour assurer que chaque femme profite de l’aide lorsque c’est nécessaire.  Mais il a précisé que le Saint-Siège ne peut pas accepter comme une solution appropriée les services qui promeuvent et fournissent l’avortement tels que ceux inclus dans le Dispositif minimum d’urgence en santé reproductive (DMU).  « L’aide humanitaire ne devrait jamais être envisagée ou menée contre le droit à la vie: l’avortement n’est jamais une solution sûre. »  Le nonce a plaidé pour que les plus jeunes membres de la famille humaine ne soient pas discriminés sur la base de situations d’urgence de migration, de conflit ou de catastrophe.  Il a rappelé les propos du pape François qui a dit que « les êtres humains sont les fins en soi »; ils ne sont jamais les moyens pour résoudre d’autres problèmes. 

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) au nom du Réseau des dirigeantes africaines, a applaudi la création d’un Groupe d’experts informels chargés du Programme Femmes, paix et sécurité dans des régions sensibles du monde.  Des missions conjointes de l’ONU et de l’Union africaine, en RDC et au Nigéria, ont permis d’intensifier la mise en œuvre du Programme et de donner une voix aux femmes et aux filles qui en étaient privées par la guerre.  Le Réseau des dirigeantes africaines a adopté un plan d’action stratégique pour développer des activités de formation et augmenter le nombre de femmes au sein des forces militaires des troupes de maintien de la paix.  « Les femmes appartenant à notre réseau ont montré les preuves de leur efficacité », a assuré Mme Pobee: elles méritent un appui plein et entier en tant qu’actrices de la paix et du développement économique.  Le réseau des dirigeantes africaines veut garantir le développement des réseaux de femmes dirigeantes, avec l’appui de l’Union africaine et d’ONU-Femmes.  Mme Pobee a réclamé la présence de davantage de femmes « aux tables où les décisions sont prises ».

Parlant ensuite en sa capacité nationale, au nom du Ghana, Mme Pobee a énuméré les progrès enregistrés dans le cadre du Programme Femmes, paix et sécurité: la première femme du pays brigadier général, la première commissaire électorale, 21 femmes au Conseil national de la paix, et des femmes à des hauts postes du pouvoir judiciaire.  Le Gouvernement ghanéen a mis en place un processus d’action pour relever les défis et combler les lacunes relevées lors de la mise en œuvre du précédent plan.  Dans le cadre du plan d’action régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Ghana continue d’appuyer les initiatives sous-régionales, comme à l’Institut des femmes pour la paix au centre d’entrainement international Kofi Annan, qui a entrainé des femmes du Libéria à l’observation du bon déroulement des élections dans leur pays. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) s’est félicité que 76 pays, parmi lesquels le Chili, aient adopté des plans d’action pour mettre en œuvre la résolution 1325.  Dans le même temps, le représentant a regretté que les objectifs de la résolution soient loin d’être atteints.  Pour sa part, le Chili a placé le programme Femmes, paix et sécurité au cœur de sa politique extérieure multilatérale et il a été le premier pays de la région à adopter un plan d’action national en 2009.  Son troisième plan (2019-2022) en cours d’élaboration vise à renforcer davantage le rôle de la femme dans les contextes de négociation, de médiation, de construction et de consolidation de la paix et il intègrera des mécanismes de suivi, d’évaluation et d’établissement des responsabilités.  Le champ d’action s’étendra aux situations de catastrophe naturelle, d’aide humanitaire et de déplacement de personnes, et ce avec la collaboration active de la société civile et d’autres institutions.  Le Chili coparraine aussi le Réseau de points focaux nationaux.  Pour conclure, M. Skoknic Tapia a espéré que l’attribution du prix Nobel de la paix à Nadia Murad et Denis Mukwege pour leurs efforts visant à mettre fin à la violence sexuelle comme arme de guerre inspirera le Conseil de sécurité et la communauté internationale.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), au nom du Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité, a commencé par se réjouir de la désignation d’une femme à la présidence de l’Éthiopie, qualifiant cet évènement d’« exemple pour tous ».  Il a ensuite partagé les préoccupations des autres délégations quant à la stagnation des données sur la représentation des femmes au sein des processus de maintien et de consolidation de la paix.  Ce manque persistant devrait demeurer une priorité pour les Nations Unies.  Et pour ces raisons, les États membres de ce Groupe se réjouissent des efforts déployés par le Secrétaire général, notamment à travers sa stratégie de la parité à l’échelle du système.  Bien que le Conseil de sécurité n’ait pas encore atteint la parité parmi les représentants des États Membres, le Groupe apprécie qu’il fasse davantage participer les femmes de façon systématique à ses travaux. 

En sa capacité nationale, le représentant du Canada a prévenu qu’il n’y aura pas de miracle.  « Il ne suffira pas de mettre une médiatrice par ici ou une conseillère en égalité des sexes par là.  La discrimination politique, économique et socio-structurelle entre les genres existe dans tous nos pays », a-t-il dit, plaidant pour des investissements durables et pour la mise à disposition de ressources pour obtenir des résultats transformateurs. 

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DANG DINH QUY (Vietnam) a fait état de l’adoption, en novembre 2017, d’une déclaration conjointe sur la promotion des femmes, de la paix et de la sécurité au sein de la sous-région, dans laquelle ses États membres encouragent l’intégration d’une perspective « genre » dans l’ensemble des initiatives et stratégies de prévention des conflits et de reconstruction post-conflit.  En outre, à l’échelon régional, l’ASEAN est déterminée à disséminer une perspective sexospécifique dans les trois piliers, à savoir sécuritaire et politique, économique, et socioculturel.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a indiqué que la politique de développement internationale de l’Irlande cherche à amplifier la voix des femmes et des filles dans les processus de développement à tous les niveaux.  Les femmes sont fortes dans la médiation et le maintien de la paix, a-t-elle argué en disant vouloir tirer parti de cette capacité.  L’Irlande est un membre fondateur et donateur important du Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, tandis que les forces de défense irlandaises ont un plan d’action ambitieux sur cet agenda qui commence à donner ses premiers fruits.  Les préparatifs du troisième Plan d’action national sur la résolution 1325 (2000) battent leur plein, a ajouté la représentante en précisant ses priorités: la prévention de l’extrémisme violent, les expériences des migrants et des réfugiés et la question de la masculinité.  Pour l’Irlande, les appels pour la participation égale des femmes en politique doivent être les mêmes que les appels à la participation égale des femmes à la société et à l’économie.  « Nous voulons voir la fin des obstacles structurels qui freinent l’autonomisation politique et économique des femmes.  Nous devons également continuer à remettre en question la perception des jeunes femmes en tant que victimes passives des conflits », a poursuivi la représentante qui a soulevé la nécessité d’engager les hommes autant que les femmes dans la mise en œuvre de l’Agenda Femmes, paix et sécurité. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé que l’établissement des responsabilités est un élément essentiel de la lutte contre les violences sexuelles commises en période de conflit.  Même s’il s’est félicité de la création d’un certain nombre de mécanismes de suivi, comme celui établi par le Conseil des droits de l’homme pour le Myanmar pour enquêter sur les violences sexuelles et sexistes perpétrées contre les Rohingya et d’autres minorités, il n’en reste pas moins que « la justice, la paix et l’égalité sont une utopie pour de nombreuses femmes et filles à travers le monde », a-t-il observé.  Aussi est-il nécessaire de mettre en œuvre le plus rapidement possible l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, relatif à l’égalité entre les sexes, de même que les objectifs 5, 10 et 16, a préconisé le représentant.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a déclaré que la Constitution de son pays accorde et garantit l’égalité des droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels aux hommes et aux femmes.  Le Gouvernement travaille à la promotion des droits de la femme, en tant que facteur de changement, car il considère que cette responsabilité incombe en premier lieu aux États.  Pour cette raison, le Ministère de la femme du Paraguay met en œuvre des politiques publiques tenant compte de la perspective de genre.  Parmi elles, il y a la « Ciudad Mujer », un centre destiné uniquement aux femmes, et dans lequel, elles peuvent trouver plus de 80 services liés à l’éducation de qualité, à la santé sexuelle et génésique, entre autres.  Le féminicide a été inscrit dans le Code pénal, a-t-il ajouté.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a encouragé tous les États Membres à mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) et les résolutions subséquentes, en rappelant que des dizaines de Portugaises prenaient part à des initiatives de paix, notamment sous les auspices de l’Union européenne.  Le Portugal, a-t-il ajouté, promeut le droit à l’éducation dans les situations d’urgence humanitaire, y compris pour l’enseignement supérieur.  À cet égard, il a mentionné la plateforme mondiale pour les étudiants syriens, ONG fondée en novembre.  Le représentant a appelé les États Membres à signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles à laquelle se sont déjà ralliés 81 pays, dont le Portugal.  Il a, enfin, cité en exemple Nadia Murad et Denis Mukwege, lauréats du Prix Nobel de la paix, comme symboles de la dénonciation de la violence sexuelle contre les femmes et de son utilisation comme arme de guerre.

M. SURENDRA THAPA (Népal) a déclaré que les femmes peuvent jouer un rôle clef dans les processus de paix en tant que facteur de changement.  C’est pour cela qu’après la signature de l’Accord de paix de 2006, son pays a adopté en 2011 un plan d’action national pour la mise en œuvre des résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008) du Conseil de sécurité.  Un des objectifs de ce plan est d’atteindre le taux de 33% de représentation de femmes dans toutes les institutions du pays, y compris les comités de paix locaux et le Parlement.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a déclaré que, jamais dans son histoire, la prospérité politique et économique des femmes n’avait été plus vitale dans le pays qu’aujourd’hui.  Son Gouvernement accorde donc une attention particulière à trois domaines spécifiques, à savoir le renforcement de l’indépendance financière et économique des femmes, l’élimination de la violence contre les femmes et l’engagement des femmes dans la vie publique et politique.  Sri Lanka est également engagée en faveur de la mise en œuvre de projets de consolidation de la paix plaçant la femme au premier plan, en particulier les veuves ayant perdu leur mari lors du conflit qui a sévi dans le pays jusqu’en 2009.  Enfin, Colombo a lancé un Plan national d’action pour les droits de l’homme pour la période 2017-2021, qui réitère l’importance de parvenir à l’égalité entre les sexes.

M. AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé que ce fut seulement en 2013 que Mme Mary Robinson fut nommée comme première femme Envoyée spéciale du Secrétaire général de l’ONU.  « Où sont les femmes Envoyées spéciales pour la paix aujourd’hui? Nous devrions en voir beaucoup plus dans cette pièce et dans le monde entier. »  Le Liban, a dit son représentant, est fermement attaché à une approche inclusive de l’Agenda Femmes, paix et sécurité.  Le Premier Ministre désigné, M. Saad Hariri, qui est le premier à nommer des femmes ministres dans son cabinet, s’est engagé à nommer des femmes ministres dans le prochain gouvernement.  Il a promis de donner un rôle effectif aux femmes de son Cabinet.  « Si le pays avait été remis aux femmes, nous aurions été dans un endroit beaucoup plus agréable aujourd’hui », a dit le délégué en paraphrasant son Premier Ministre.  La Commission nationale des femmes libanaises a tenu six réunions entre avril et juillet 2018 pour élaborer le premier Plan national d’action sur la résolution 1325 qui devrait être approuvé par le nouveau gouvernement, a annoncé M. Mudallali.  En outre, l’armée libanaise est en train d’élaborer son plan stratégique visant à assurer l’égalité entre les sexes.

M. IRINA VELICHKO (Bélarus) a déclaré qu’il ne faut pas sous-estimer les politiques qui ont pour but de renforcer le rôle des femmes dans une série de problèmes internationaux.  Traditionnellement, le Bélarus soutient les initiatives internationales luttant contre des fléaux internationaux comme la traite des femmes.  Le Bélarus, a-t-il ajouté, participe également aux opérations de maintien de la paix.  Parmi les contingents qu’il a déployés au Liban, on compte un grand nombre de femmes, a déclaré la représentante. 

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a fait valoir l’Initiative Village de la paix, initiée par l’Institut Wahid, une institution indonésienne qui a coopéré avec ONU-Femmes et le Japon pour autonomiser les femmes au niveau local et renforcer ainsi la résilience des communautés.  Elle a ensuite lancé un plaidoyer en faveur d’une hausse du nombre de femmes soldats de la paix, ce à quoi s’emploie son pays, avec un total de 72 femmes déployées qui sera bientôt porté à 112.  De manière plus générale, la représentante s’est prononcée en faveur d’une intégration des perspectives de genre dans le maintien de la paix à l’ONU, l’Indonésie œuvrant en ce sens grâce à la formation qu’elle dispense dans son centre de formation de Sentul. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a indiqué que son pays avait lancé cette année son deuxième plan d’action sur la mise en œuvre de la résolution 1325.  Ce plan reprend les quatre piliers de la résolution, tout en tenant compte de la réalité du Brésil en tant que pays en développement.  Depuis l’adoption de ce plan, un jalon important a été franchi, avec l’intégration en 2017 de la première femme dans la haute hiérarchie de l’armée nationale, a fait valoir le représentant avant de signaler aussi la création de programmes de formation de femmes militaires.

Le Brésil a par ailleurs imposé des quotas de représentation des femmes dans les partis politiques, dans les candidates aux élections et dans les temps d’antenne qui leur sont accordés.  Le taux de femmes élues a ainsi augmenté: il est passé de 10% à 15% pour la chambre basse et on compte même une députée autochtone.  Le Brésil reconnaît que la prochaine étape est d’augmenter le nombre de femmes brésiliennes dans les opérations de maintien de la paix.  Il prendra en ce sens des mesures concrètes dans la ligne des propositions du Secrétaire général, a assuré le représentant. 

M. PULE DIAMONDS (Namibie) a jugé encourageants les progrès enregistrés sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité, laquelle a donné lieu à sept résolutions du Conseil de sécurité.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, l’Étude mondiale réalisée en 2015 pour marquer le 15e anniversaire de la résolution 1325 (2000) a démontré la lenteur de la mise en œuvre de ce texte.  Le délégué a profité de l’occasion pour encourager les États Membres qui s’y emploient à mettre en place des plans d’action nationaux afin d’assurer une application, un suivi et une évaluation structurés, notamment en matière de recrutement des femmes dans les forces armées, d’entraînement des femmes aux négociations et de formation à l’assistance en faveur des femmes victimes de violence. 

Notant que la résolution 1325 (2000) préconise l’inclusion des femmes aux tables de négociation, le représentant a estimé qu’une éducation de qualité et sensible aux conflits pour les femmes et les filles était essentielle pour assurer la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix.  Il s’est également félicité que, conformément à cette résolution, le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) ait demandé aux pays contributeurs de troupes de déployer davantage de femmes afin de parvenir à l’objectif d’un part de 15% de femmes au sein des missions de maintien de la paix d’ici à décembre 2018.  Il a indiqué qu’en juillet de cette année, la Namibie en était pour sa part à 13% de femmes déployées, deux autres devant l’être cette année pour atteindre les 15%. 

Le délégué a enfin souligné que son pays est un membre fondateur du Réseau de points focaux pour les femmes, la paix et la sécurité, qui facilite la coordination des États Membres sur cette question et permet des échanges de bonnes pratiques, avec la participation d’ONU-Femmes et d’organisations de la société civile. 

Mme NARJESS SAIDANE, Organisation internationale de la Francophonie – OIF, a expliqué que la Francophonie se situe dans une logique de partage d’expériences et s’efforce de mieux révéler, au Conseil de sécurité, la dynamique de l’espace francophone.  Pour faire avancer l’agenda, il faut, selon elle, dépasser la perception qui voudrait que les femmes aient encore besoin d’être formées et autonomisées pour jouer un rôle.  Elle a ainsi préconisé de déconstruire les normes sociales qui sont à la base de la dévalorisation du rôle de la femme.  Les chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie réunis à Erevan, le 11 et 12 octobre 2018 pour leur 17ème Sommet, ont adopté une nouvelle Stratégie pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, des droits et de l’autonomisation des femmes et des filles.

La lutte contre les violences et les discriminations faites à celles-ci est également au cœur des priorités de la Francophonie, a-t-elle poursuivi, rappelant la Déclaration francophone sur ce sujet, suivie en 2013 d’un plan d’action.  C’est aussi une priorité opérationnelle, qui a abouti à un Accord-cadre de coopération avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU sur la question des violences sexuelles en période de conflits.  Cette coopération privilégiera le dialogue politique entre parties au conflit pour la protection et l’accès effectif des victimes et survivantes à la justice, ainsi que la lutte contre l’impunité des auteurs de violence, a expliqué Mme Saidane.  Elle permettra également de renforcer les cadres juridiques nationaux et l’adoption de mesures concrètes, en s’attaquant aux causes profondes, de ces violences et discriminations.  Toujours sur le plan opérationnel, la Francophonie soutient le renforcement de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a déclaré que, dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325, son pays souligne la nécessité de créer des cadres institutionnels adéquats pour permettre l’autonomisation des femmes.  L’Égypte déploie des efforts considérables contre l’exploitation sexuelle, notamment dans le cadre d’un programme de formation et de sensibilisation destiné aux militaires, a-t-il fait valoir.  Il a notamment mentionné la publication d’un ouvrage sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Le Caire a également pris part au Réseau de dirigeantes africaines, a précisé le représentant, en rappelant que la femme est le principal artisan de la transition vers la paix et le développement. 

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a jugé fondamental, et ce en dépit de toutes les spécificités, d’adopter une approche globale, qui permettent aux hommes de comprendre le rôle qui leur revient dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Le Gouvernement kenyan a, pour sa part, progressé sur la mise en œuvre de son plan d’action national, en intégrant une approche de genre dans les politiques nationales. 

Des femmes ont été nommées à des postes militaires et envoyées dans les opérations de maintien de la paix.  En 2017, le Kenya comptait 17% de femmes dans ses contingents, bien plus que les 15% exigés, s’est félicité le représentant.

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg) a relevé, au nombre des entraves constatées par le Groupe d’experts du Conseil de sécurité sur l’Agenda Femmes, paix et sécurité, la non-garantie des droits socioéconomiques et culturels des femmes, leur faible participation à la politique, la pauvreté et les violences sexuelles qui les affectent.  Selon le délégué, il est prioritaire d’appuyer les droits des femmes et des filles et de promouvoir l’égalité des sexes pour parvenir à une mise en œuvre effective de l’agenda susmentionné.  Il a parlé du « Plan d’action femmes et paix et sécurité » du Luxembourg qui porte sur cinq ans et concerne l’ensemble de son gouvernement.  Ses piliers sont la participation égalitaire à tous les niveaux des processus de paix et de sécurité, la prévention et la protection des violences sexuelles et la promotion de l’Agenda Femmes, paix et sécurité.  Il a précisé que ce plan est complémentaire du Plan national « Égalité » qui promeut l’égalité femmes-hommes dans la prise de décision et dans l’emploi, et qui préconise aussi l’intégration de la dimension du genre dans l’ensemble des politiques du gouvernement. 

Pour M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives), il est temps que le Conseil de sécurité donne la priorité à une perspective de genre dans son diagnostic des risques en matière de sécurité.  Le Conseil doit rendre effective l’application des résolutions concernées et produire une analyse des progrès.  Surtout, le programme pour les femmes, la paix et la sécurité doit faire partie de la boîte à outils habituelle du Conseil de sécurité, en plus de débats comme celui-ci.

Les Maldives, fortes d’une tradition où les décisions sont prises conjointement entre maris et femmes dans les foyers, a toujours connu le suffrage universel, s’est enorgueilli M. Mohamed.  Les congés de maternité et de paternité sont garantis par la loi et le pays ne connaît pas la discrimination à l’emploi ni en milieu scolaire.  Cependant, des progrès restent à faire dans le domaine des femmes aux postes de décision.  Les Maldives prennent des mesures pour inverser la tendance, tant dans le secteur privé que le secteur public, pour que les femmes ne soient pas réduites au choix binaire entre maternité ou carrière. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a insisté sur l’urgence d’éliminer toutes formes de discrimination contre les femmes sur les plans physiques, sociaux, économiques et au niveau de la sécurité politique.  Il a assuré que son pays continuait par ailleurs de considérer les femmes victimes des conflits comme une puissante force de diplomatie publique.  À ce titre, a-t-il rappelé, 65% du personnel impliqué dans les processus de paix en Géorgie sont des femmes.  Il a cependant regretté que « l’occupation en cours des régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud par la Fédération de Russie mine le processus de paix et impose des conditions de vie difficiles à l’une des parties les plus vulnérables de la société ».  Selon lui, les femmes vivant dans ces zones sont sujettes à des violations systématiques des droits de l’homme, dont le déni de leur droit à la liberté de mouvement, des détentions illégales et des menaces à leur sécurité physique en cas de franchissement illégal de la frontière.  Prenant l’exemple d’une femme, Maia Otinashvili, qui aurait été kidnappée et détenue pendant 10 jours par les forces russes pour avoir « facilité un franchissement illégal de la frontière », le délégué a assuré que 160 femmes sont aujourd’hui illégalement détenues de la sorte. 

Pour promouvoir le rôle de la femme dans la société, Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a déclaré que son pays avait développé une approche globale axée sur leur participation politique accrue, la lutte contre la violence à leur encontre, et leur autonomisation économique.  Elle a ensuite indiqué que son gouvernement s’était doté de mécanismes de suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), en coopération avec ONU-Femmes, et s’apprêtait à adopter un Plan d’action national à cet effet pour la période 2019-2023. 

En outre, le Monténégro travaille étroitement avec le Réseau de points focaux nationaux de l’ordre du jour Femmes, paix et sécurité, ainsi qu’avec le Réseau de femmes médiatrices de la région méditerranée. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a informé que son pays a alloué un soutien financier au mécanisme international, impartial et indépendant créé par l’Assemblée générale pour enquêter sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie, dont les crimes sexuels et sexistes. 

Le Qatar est en outre le principal donateur du fonds de contributions volontaires des Nations Unies en faveur des victimes de la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.  Avec d’autres partenaires, le pays parraine aussi la première conférence internationale sur la participation des jeunes à la paix, qui se tiendra en mars prochain à Helsinki. 

M. CRAIG J. HAWKE (Nouvelle-Zélande) a indiqué que, chaque année, son pays organise la conférence annuelle de l’Association des centres de formation au maintien de la paix, qui comprend des modules de sensibilisation à la thématique femmes, paix et sécurité, conférence qu’elle préside actuellement. 

Par ailleurs, les femmes et les filles doivent pouvoir exercer un contrôle sur leur propre santé sexuelle et reproductive, a ajouté le délégué, avant de se féliciter de l’adoption de la résolution 39/10 du Conseil des droits de l’homme sur la mortalité maternelle évitable dans les contextes humanitaires. 

Mme ANN SUDMALIS (Australie) a parlé du projet de recherche « Vers une paix inclusive » financé par le Gouvernement et focalisé sur les femmes, la paix et la sécurité dans la région indopacifique.  La recherche montre que l’un des facteurs pour assurer des accords de paix durables est la présence active des organisations des femmes.  Elles sont sur le terrain avant, durant et après les conflits.  Elles servent de médiateurs, à résoudre les conflits, à recoudre les relations communautaires et à rétablir la confiance dans les institutions.  La recherche montre aussi que la participation effective des femmes est rarement appuyée ou financée.  Trop souvent, les arrangements institutionnels excluent les femmes des processus clefs et les mesures comme les quotas ne suffisent pas à compenser leur sous-représentation. 

Les femmes de notre région veulent des solutions pratiques, a poursuivi la représentante: avoir accès aux soins infantiles, aux transports sûrs et aux toilettes; être consultées sur le calendrier des réunions et voir financer le voyage de leurs compagnons; être protégées contre la violence de ceux qui sont opposés à leur activisme et à leur leadership.  L’Australie étudie également les dimensions sexospécifiques de l’extrémisme violent dans sa région et le rôle différent que les femmes jouent et pourraient jouer pour lutter contre.  Les résultats de la recherche alimenteront le deuxième plan d’action national de l’Australie attendu en 2019, a annoncé la représentante.  Enfin, l’Australie a formé 101 conseillers militaires sur la problématique hommes-femmes et a créé 10 postes à temps plein de conseillers sur ce sujet.

Mme VERÓNICA GARCÍA GUTIÉRREZ (Costa Rica) a déclaré que son pays déploie des contingents composés en majorité de femmes et adopte toujours une approche de genre dans les processus de paix et de sécurité.  Le Costa Rica traite, par ailleurs, aussi de la question de la violence armée contre les femmes et a toujours souligné l’importance du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armes. 

Car la paix et la stabilité ne peuvent être atteintes sans des politiques solides qui répondent aux questions de genre, a affirmé la représentante, ajoutant que son pays avait reconnu la nécessité d’institutionnaliser cette approche.  Le Costa Rica l’a fait à travers l’élaboration et l’adoption d’un instrument multidimensionnel intégral dénommé « Politique d’égalité effective entre les femmes et les hommes » et couvrant la période 2018-2030, a indiqué la délégation. 

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH (Libéria) a souhaité une plus grande inclusion des femmes dans les processus de prise de décisions, de consolidation de la paix, de négociation et de maintien de la paix dans le monde.  « Il est de plus en plus clair qu’aucune société n’a opéré une sortie de conflit avec succès sans que les femmes en soient parties prenantes », a-t-il souligné.  Les femmes au Libéria accèdent de plus en plus à des postes décisionnels, notamment dans l’armée et la police, s’est félicité M. Kemayah en nommant la Cheffe d’État-major des forces armées du Libéria et l’Inspectrice générale adjointe de la Police nationale libérienne. 

Le représentant a loué l’équipe de pays des Nations Unies, ONU-Femmes, le Fonds pour la consolidation de la paix, les partenaires internationaux et les parties prenantes pour leur soutien dans les efforts du Libéria pour l’autonomisation des femmes dans tous les secteurs de la société.  Il s’est, enfin, dit impatient de participer et de soutenir le Groupe des Amis du Réseau des femmes d’influence en Afrique, le Réseau de coordonnateurs pour les femmes et la paix et la sécurité et le Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité aux Nations Unies.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a indiqué que son pays participe activement à l’initiative sur la promotion de la médiation en Méditerranée, lancée par son pays et l’Espagne en 2012, ainsi qu’au Réseau des points focaux sur la thématique « Femmes, paix et sécurité », créé par l’Espagne en 2016, et au Réseau des femmes méditerranéennes lancé par l’Italie en 2017.  Le représentant a fait valoir l’emploi de centaines de femmes comme guides spirituels musulmans (Morchidates) dans les mosquées ou institutions religieuses à travers le Maroc: « Ces femmes donnent des lignes directrices sur les véritables principes pacifiques de l’islam, basée sur la tolérance et l’acceptation de l’autre », a-t-il déclaré.  En outre, la délégation a souligné que son pays déploie régulièrement du personnel féminin au sein de missions de maintien de la paix comme celle en République démocratique du Congo, la MONUSCO.  D’ailleurs, a ajouté le représentant, le Maroc entend satisfaire, avant la fin de 2018, l’objectif de 15% de femmes parmi les experts en missions et observateurs militaires dans cette catégorie. 

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a déclaré soutenir toutes les mesures ayant pour but de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000), y compris celles visant à combler les lacunes tant sur le plan national qu’international.  C’est pour cette raison que son gouvernement a adopté une approche globale, incluant l’alignement de sa législation avec ladite résolution et la présentation volontaire de rapports devant le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. 

Par exemple, en 2012, le Gouvernement a créé le fonds de développement des femmes, destiné à financer des projets qui accroissent l’autonomie économique des femmes, a indiqué le délégué.  Sur le plan international, la Thaïlande participe à diverses missions de maintien de la paix.  Là, 20% des contingents thaïlandais sont composés de femmes, a-t-il assuré.

M. VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a fait l’historique des mesures prises par le Gouvernement rwandais pour contribuer à la prévention du conflit au Rwanda après le génocide des Tutsis en 1994, pour dire qu’il est important de reconnaître l’importance des solutions nationales et des mécanismes traditionnels pour résoudre les conflits.  Des efforts doivent être entrepris pour impliquer les « gardiens de la paix » qui sont généralement les personnes âgées et les femmes.  « Pour que nous puissions faire progresser l’égalité des sexes et autonomiser les femmes politiquement et économiquement, et dans le contexte de la paix et de la sécurité et du relèvement après le conflit, nous devons prendre quelques mesures », a prôné le représentant en citant, par exemple, la création de plateformes de partages des meilleures pratiques comme « FemWise-Africa » et le Réseau des dirigeantes africaines.  Pour la mise en œuvre effective et réussie de l’Agenda Femmes, paix et sécurité, il a conseillé de mieux évaluer les progrès accomplis sur le terrain et au Siège des Nations Unies.  Il a ainsi suggéré de faire le suivi des progrès dans le cadre de l’évaluation des performances de tous les chefs des missions de maintien de la paix et des missions politiques de l’ONU. 

Mme SAADA DAHER HASSAN (Djibouti) a attiré l’attention sur les répercussions des changements climatiques sur la sécurité, qui touchent les femmes de manière disproportionnée, en limitant leur accès aux ressources de base telles que l’eau.  Dès lors, il importe d’adopter des stratégies adéquates d’évaluation et de gestion des risques, a préconisé la représentante.  Son pays, a-t-elle avancé, a œuvré en faveur de la participation des femmes aux processus d’autonomisation économique, à la gouvernance et à la justice.  « Beaucoup de politiques publiques sectorielles en ce sens ont été accomplies et font l’objet d’un programme national sur le genre.  L’article 1er de la Constitution djiboutienne a instauré l’égalité entre l’homme et la femme concernant les droits civiques et politiques », a-t-elle ajouté, en faisant valoir que les femmes représentent 25% des personnels de l’administration publique. 

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a évoqué un moment fort de l’histoire du pays.  Il s’est déroulé ce printemps, quand les citoyens arméniens, les femmes et la jeunesse en tête de cortège, ont exercé leurs libertés fondamentales d’expression, d’opinion et de culte.  Le Gouvernement a depuis encouragé les femmes à participer aux affaires publiques de la nation et à son processus politique.  Dans cet élan, il a donné une priorité fondamentale aux réformes accélérant l’égalité entre les sexes, une plus grande inclusion des femmes dans les processus de prise de décisions et leur représentation politique.  Un plan d’action national, inspiré du programme pour les femmes, la paix et la sécurité, en est au stade final. 

Plus tôt ce mois-ci, l’Arménie a accueilli le Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie: « l’un des principaux documents adoptés à cette occasion est la Stratégie de la Francophonie pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, des droits et de l’autonomisation des femmes et des filles », a ajouté Mme Simonyan.  Cette Stratégie reconnaît que les femmes, les organisations et les réseaux de femmes jouent un rôle important dans la promotion de la paix et la préservation des communautés, en particulier dans les situations de conflit, lorsque leurs responsabilités économiques et sociales augmentent.  La Stratégie reconnaît également que la participation des femmes dans les processus de paix crée les conditions favorables à une réelle réconciliation nationale, a conclu la représentante. 

Mme AMARSANAA DARISUNEM, Représentante de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a dit que l’OSCE reconnaît que les dimensions politico-militaires, économiques et environnementales sont étroitement liées aux dimensions humaines de la sécurité.  Elle constate, elle aussi, que la participation significative des femmes dans les processus de paix est un défi.  Elles restent sous-représentées, y compris dans les équipes de négociation de l’OSCE.

Pour combler cette lacune, l’équipe d’appui à la médiation et la section de genre de l’OSCE développent actuellement « une boîte à outils » sur l’inclusion des femmes dans les processus de paix, a expliqué la représentante.  Cette boîte à outils permettra d’identifier de quelles façons les femmes peuvent être engagées dans lesdits processus, dans le contexte de l’appui formel accordé par l’OSCE aux négociations et à la facilitation de dialogues. 

M. HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a déclaré que son gouvernement s’efforce d’accorder les mêmes droits aux hommes et aux femmes, que ce soit en facilitant l’accès de ces dernières au marché du travail ou en garantissant leur participation politique.  « Nous avons lancé une croisade contre les violences sexuelles et sexistes à l’échelle du pays », a-t-elle dit en mentionnant notamment l’adoption d’une loi organique.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES, (Trinité-et-Tobago) a rappelé que son pays avait présenté en 2010 à l’Assemblée générale de l’ONU la première résolution sur « Femmes, désarmement, non-prolifération et maîtrise des armements », dans le double objectif de promouvoir l’autonomisation de la femme et en même temps la paix et la sécurité internationales.  Cette résolution, actuellement examinée par la Première Commission de l’Assemblée générale, continue de bénéficier d’un large soutien des États Membres, s’est-elle réjouie.  En tant que membre actuel du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, Trinité-et-Tobago veut continuer de travailler de concert avec les États Membres pour la réalisation de l’égalité des sexes à l’échelle mondiale.  Mme Beckles voit dans le plan stratégique d’ONU-Femmes 2018-2021, un important instrument à même de contribuer à la réalisation de cet objectif.  Pour finir, elle a remercié la communauté internationale pour sa confiance dans l’élection, pour la première fois, d’un représentant de son pays au Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).

M. ION JINGA (Roumanie) s’est déclaré satisfait que le prix Nobel de la paix ait été accordé, cette année, à deux personnalités qui défendent et promeuvent les droits de la femme.  Toutefois, il s’est dit extrêmement préoccupé par l’intimidation et les représailles contre les femmes militantes pour la paix et les activistes humanitaires.  

S’agissant de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, la Roumanie est d’avis que la présence de femmes officiers dans leurs rangs est importante pour l’efficacité opérationnelle et a un impact sur la pérennité de la paix.  Pour sa part, la Roumanie a atteint un taux de 13% de femmes parmi les contingents déployés au sein des missions de maintien de la paix où elle est présente.

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) s’est félicité que les questions de l’autonomisation des femmes, de l’égalité de genre et de participation des femmes dans la vie publique et politique prennent une place de plus en plus centrale dans les travaux du Conseil de sécurité.  À cet égard, il a estimé que la résolution 1325 (2000) et les suivantes sont au cœur des activités du Conseil en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Le représentant a considéré que le rôle des femmes dans la recherche de la paix et de la sécurité ne pouvait être ignoré.  De fait, a-t-il dit, elles devraient non seulement participer librement aux débats locaux et internationaux sur leur avenir mais aussi exercer des fonctions publiques et devenir décisionnaires au sein du gouvernement et de la société.  Elles devraient par ailleurs pouvoir participer sans entrave à des discussions et débats en dehors de leur pays d’origine. 

Dans un nombre écrasant de cas, les femmes souffrent de violences directes et délibérées dans les zones de conflit, a poursuivi M. Inguanez, saluant le fait que la résolution 1820 (2008) du Conseil ait reconnu la violence sexuelle comme une arme de guerre.  Il a également pris note de la préoccupation exprimée par le Secrétaire général au sujet du manque de progrès dans les engagements plus fondamentaux en faveur de la paix et de la sécurité, des droits de l’homme et l’égalité de genre.  Soulignant l’importance de l’égalité de genre, laquelle est renforcée par l’objectif 5 du Programme 2030, le représentant a indiqué que son pays avait œuvré à sa promotion au cours des dernières années.  Malte a ainsi promulgué cette année une nouvelle loi contre les violences sexistes et domestiques, qui incorpore les dispositions de la Convention d’Istanbul, a-t-il indiqué. 

Mme DANIELA ALEJANDRA RODRÍGUEZ MARTÍNEZ (Venezuela) s’est dite convaincue que la participation accrue des femmes à tous les processus de paix est une priorité pour garantir la paix durable dans les sociétés postconflit, à condition toutefois que les ressources suffisantes leur soient affectées.  Davantage d’expertes doivent être nommées dans les opérations de maintien de la paix, dans lesquelles toutes les atteintes aux droits de l’homme doivent faire l’objet d’une politique de tolérance zéro, a préconisé la représentante.  Elle a plaidé, en conclusion, en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes à tous les niveaux de la société. 

Mme CLARE HUTCHINSON, Représentante de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a indiqué que l’OTAN a créé un comité consultatif de la société civile sur les femmes, la paix et la sécurité qui représente les femmes les plus touchées par les inégalités et les conflits.  Ce comité nous demande d’élargir notre compréhension de la sécurité et de promouvoir une approche plus inclusive, a-t-elle expliqué.  Les membres ont parlé de leurs préoccupations face aux menaces à la paix dans le monde et de leurs frustrations quant à la lenteur des progrès sur la question.  « Nous avons écouté.  Nous avons entendu leurs voix.  Et nous avons répondu en assurant que l’intégration du genre et l’inclusion des voix des femmes sont intégrées dans le travail de l’OTAN », a assuré Mme Hutchinson. 

Partout, les femmes mettent l’accent sur la nécessité de renforcer les mesures préventives en intégrant une perspective de genre dans les analyses d’alerte rapide.  « Nous devons reconnaître que les violations des droits des femmes et leur isolement politique et économique sont des indicateurs de conflit potentiel », a continué la représentante de l’OTAN.  Le comité consultatif de la société civile demande à l’Organisation de rendre le genre plus visible dans les réponses en matière de sécurité et de fournir une vision claire pour l’avenir, qui repose sur des efforts coordonnés avec les organisations internationales et la société civile. 

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a déclaré qu’en tant que pays dont une partie du territoire est sous occupation militaire étrangère, « victime de nettoyage ethnique et d’autres atrocités commises contre sa population civile », l’Azerbaïdjan considère la sécurité des civils comme étant de la première importance.  Aujourd’hui, plus d’un million d’Azerbaïdjanais sont réfugiés et déplacés dans leur propre pays, la moitié étant des femmes.  Elles souffrent de cette situation depuis une trentaine d’années. 

C’est pour cette raison que la délégation estime que la communauté internationale ne devrait pas rester indifférente au sort des femmes et des filles dans les conflits armés.  Elle a le devoir de les protéger, a insisté la représentante, ajoutant que son pays continue de soulever cette question sur le plan international, y compris au sein de l’Assemblée générale et de la Commission de la condition de la femme. 

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a rappelé qu’en dépit de progrès accomplis depuis 2000, la participation des femmes aux processus de paix est encore timide, en raison principalement d’obstacles institutionnels.  C’est la raison pour laquelle elle s’est réjouie des initiatives présentées ce matin par le Secrétaire général, avant de dire que son propre pays s’est engagé à nommer des femmes à des postes de responsabilité au sein d’organismes chargés de promouvoir la paix et la sécurité.  L’Espagne s’est déclarée convaincue que l’accès des femmes à tous les niveaux du cursus scolaire et des études supérieures est absolument nécessaire, conformément aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a annoncé qu’en juillet dernier, le Gouvernement a présenté le deuxième rapport du plan national d’action sur la résolution 1325.  Ce plan entend permettre aux femmes de participer activement à la construction du pays par la mise en œuvre de différentes mesures, notamment l’augmentation de la participation des femmes dans les processus de décision et dans l’exécutif, dans les questions de sécurité, de paix et de réintégration, de prévention et de protection des femmes contre la violence et la discrimination.  Il mise sur la sensibilisation et l’augmentation de la sécurité économique des femmes vulnérables.  Après avoir énuméré les progrès réalisés, M. Saikal a reconnu que le plus grand obstacle à la mise en œuvre des plans nationaux est l’insécurité.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures contre « les cerveaux de cette insécurité », en se basant sur les engagements juridiques internationaux et la Charte des Nations Unies. 

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a déclaré qu’il est reconnu que la participation des femmes accroît les chances de résolution des conflits.  Elle améliore aussi la protection des filles et des femmes face aux menaces de violences sexuelles.  Forte de cette reconnaissance, certains instruments de l’Union africaine traitent spécifiquement de la question des femmes, notamment le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, également connu sous le nom de Protocole de Maputo.  Ce dernier cherche à réaliser les droits de la femme, tels qu’énumérés dans la Charte africaine.  Il insiste sur le fait que les États ont l’obligation de mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies relatives à la paix et à la sécurité.  Le Protocole les exhorte donc à prendre toutes les mesures pour accroître la participation des femmes, les protéger dans les situations de conflit, y compris de la violence sexuelle et des pratiques néfastes comme le mariage précoce et les mutilations génitales féminines.  

M. TAREQ MD. ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a déclaré que son pays, face à la crise humanitaire qui menace les réfugiés rohingya, travaille en coopération étroite avec ses partenaires humanitaires pour créer un espace sûr et inclusif pour les femmes de ces communautés se trouvant dans les camps près de la frontière.  Il a dénoncé les crimes « inhumains » perpétrés par les forces de sécurité du Myanmar, d’après la mission d’établissement des faits dépêchée par le Conseil des droits de l’homme.  Le représentant a indiqué que le Bangladesh avait récemment conclu un cadre de coopération avec le Bureau de la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles dans les conflits pour répondre aux besoins des victimes.  M. Islam a exhorté le Conseil de sécurité à rester saisi de la dimension du genre dans ses délibérations relatives à la situation au Myanmar.

Reprenant la parole à la fin du débat, le représentant d’Israël a jugé « regrettable que le Président du Conseil de sécurité ait choisi d’inviter, au cours de ce débat, la représentante d’une organisation palestinienne, « censée aider les femmes, mais qui se sert de son mandat pour promouvoir la haine et la violence ».  La représentante de cette organisation a décrit les juifs comme « buvant le sang des Palestiniens », a affirmé le représentant.  De son point de vue, on ne peut pas s’étonner du choix de la Bolivie d’inviter une telle organisation, a-t-il poursuivi, affirmant que « la Bolivie n’est pas, contrairement à Israël, un modèle de démocratie ».  On peut toujours regarder ailleurs lorsque l’on parle d’Israël, mais la vérité est que « les vrais ennemis des Palestiniens sont la société civile palestinienne et le peuple palestinien lui-même », a conclu le représentant.

Le représentant de la Bolivie, répondant à la délégation d’Israël, a donné lecture de l’article 39 du Règlement intérieur provisoire du Conseil de sécurité, lequel dit que le Conseil de sécurité peut inviter qui il souhaite pour l’éclairer sur une situation spécifique.  « C’est donc le Conseil de sécurité qui a invité cette organisation.  Le Conseil de sécurité », a répété le représentant. 

Sur la question des droits de l’homme, il a souhaité savoir si Israël accepterait la visite d’un organe international, qui se rendrait dans les territoires palestiniens occupés pour y examiner la situation des droits.  La Bolivie, pour sa part, est prête à le faire, comme elle l’a déjà fait par le passé, « puisqu’elle n’a rien à cacher ».  Concluant, il a dit que « le pire ennemi des Palestiniens est l’occupation israélienne.  Cette situation prendra fin lorsque l’occupation prendra elle aussi fin », a-t-il lancé.

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