Conseil de sécurité,
7635 séance – matin
CS/12263

Le Conseil de sécurité examine la contribution de l’OSCE à la sécurité en Europe, à la lumière du conflit en Ukraine

Le rôle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été, ce matin, l’objet d’un débat entre membres du Conseil de sécurité, en présence de son Président en exercice, pour qui la vision d’une Europe « entière et libre » reste encore à matérialiser.

M. Frank-Walter Steinmeier, qui est également le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a ainsi affirmé que l’« annexion » de la Crimée et d’une partie de l’Ukraine par la Fédération de Russie avait ramené les « dévastations de la guerre » en plein cœur du continent.

Pour lui, l’évolution de la situation en Ukraine démontre à quel point le rôle de l’OSCE, qui a déployé une Mission spéciale d’observation dans ce pays, est indispensable, même si des progrès dans la désescalade et le retrait des armes ont été constatés.

« Nous avons toujours besoin d’organisations multilatérales fortes pour préserver et mettre en œuvre les principes du droit international tels que stipulés dans la Charte des Nations Unies et l’Acte constitutif de l’OSCE », a estimé M. Steinmeier, en s’adressant aux membres du Conseil, en particulier à la Fédération de Russie, membre permanent, et à l’Ukraine, qui y siège pour un mandat de deux ans jusqu’à fin 2017.

Préoccupé par les violations répétées du cessez-le-feu et les restrictions imposées aux mouvements des observateurs de la Mission spéciale de l’OSCE, M. Steinmeier s’est déclaré convaincu que la mise en oeuvre des accords de Minsk, signés en septembre 2014 et complétés en février 2015, demeure le seul moyen de parvenir à une solution politique viable dans l’est de l’Ukraine.

S’il s’est félicité des progrès accomplis par les parties en Géorgie, M. Steinmeier a aussi salué les efforts entrepris par les Nations Unies, conjointement avec l’OSCE et l’Union européenne, dans le cadre des « discussions internationales de Genève ».

S’agissant en revanche du conflit au Haut-Karabakh, il a regretté la hausse des incidents meurtriers le long de la ligne des contacts et de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui exigent de redoubler d’efforts sous les auspices du Groupe de Minsk de l’OSCE. 

Dès lors, les mesures de confiance entre États membres de l’OSCE sont plus que jamais d’actualité, a souligné le Président de l’OSCE, suivi en ce sens par la plupart des membres du Conseil.  De même, les capacités de cette Organisation en matière de prévention des conflits armés doivent être renforcées, a-t-il estimé.

Le renforcement des capacités « sur le cycle du conflit », a estimé le représentant de la France, est précisément, pour sa délégation, l’un des quatre domaines d’action prioritaire de l’OSCE.  Les trois autres sont le règlement des conflits régionaux; la préservation du pilier central « démocratie et droits de l’homme »; et le développement d’un rôle opérationnel en réponse aux défis émergents comme les migrations, la lutte contre la radicalisation ou encore le changement climatique. 

De la Chine à l’Angola, des voix se sont fait entendre aujourd’hui pour demander un renforcement de la relation de l’OSCE avec le Conseil de sécurité et les Nations Unies.  La situation en Ukraine a été, cependant, soulignée à plusieurs reprises par les membres du Conseil, qui restent divisés sur la question.

Tandis que le Japon, les États-Unis et le Royaume-Uni regrettaient les restrictions imposées à la Mission spéciale de l’OSCE, y compris à la frontière russe, la Fédération de Russie a, au contraire, estimé que les observateurs de l’OSCE devraient plutôt porter leur attention sur les territoires « sous contrôle ukrainien », où armes et équipements continuent, selon lui, de s’accumuler.

Le représentant de l’Ukraine a, pour sa part, assuré que les autorités à Kiev avaient pris des mesures pour « réduire les armes au silence » dans cette région orientale qui est le théâtre du conflit opposant les forces gouvernementales aux séparatistes.  À la Fédération de Russie, plusieurs membres du Conseil, notamment la Nouvelle-Zélande, ont demandé d’user de son influence pour obtenir le respect des accords de Minsk, que la France a qualifiés de « seul cadre de référence possible pour un règlement pacifique ».

Exposé

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a débuté son intervention en affirmant que l’annexion de la Crimée et d’une partie de l’Ukraine par la Fédération de Russie avaient ramené les « dévastations de la guerre » en plein cœur de l’Europe.  Pour lui, la vision d’une Europe « entière et libre » ne s’est pas encore matérialisée.  « Pire encore: les principes du droit international tels que stipulés dans la Charte des Nations Unies et dans les documents fondateurs de l’OSCE sont sous une pression de plus en plus grande », a-t-il prévenu.  Le Président de l’OSCE a affirmé que le monde n’est pas en train de revivre la guerre froide, en soulignant que la complexité des conflits d’aujourd’hui rendrait « les arguments d’hier » « contreproductifs ».  En outre, a-t-il ajouté, les principes de l’intégrité territoriale et l’égalité souveraine des États doivent constituer les fondements communs à tous les États.  « Nous avons toujours besoin d’organisations multilatérales fortes pour préserver ces principes et les mettre en œuvre », a estimé le Président de l’OSCE.  L’évolution de la situation en Ukraine a démontré que le rôle de l’OSCE était indispensable.  Sans elle, nous n’aurions pas pu faire des progrès pour la désescalade et le retrait des armes.  «Toutefois, a relevé M. Steinmeier, nous restons profondément préoccupés par les violations continues du cessez-le-feu et la restriction de l’accès de la Mission spéciale d’observation ».  Il s’est déclaré convaincu que la mise en œuvre des accords de Minsk est le seul moyen de parvenir à une solution politique viable, en s’adressant, en particulier, aux deux parties « présentes à ce Conseil ».

S’agissant du conflit au Haut-Karabakh, M. Steinmeier a répertorié un nombre élevé d’incidents meurtriers le long de la ligne des contacts et de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avant de souligner qu’il était nécessaire d’intensifier les efforts sous les auspices du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Concernant la situation en Géorgie, il s’est félicité des progrès accomplis dans la coopération entre les parties, mais aussi des efforts entrepris par les Nations Unies, conjointement avec l’OSCE et l’Union européenne, dans le cadre des « discussions internationales de Genève ».  Il faudrait, a-t-il dit, s’appuyer sur cet élan pour adopter des mesures de renforcement de la confiance et agir sur le plan humanitaire.  De manière plus générale, devant la hausse des incidents militaires entre certains États membres de l’OSCE ou les risques de voir de tels incidents se produire, le Président a estimé que les mesures de renforcement de la confiance sont plus que jamais nécessaires.  Le conflit en Ukraine a insisté sur l’importance de mettre à jour le Document de Vienne.  En outre, a noté M. Steinmeier, les capacités de l’OSCE en matière de prévention des conflits armés doivent être renforcées, et son expertise sur la question migratoire prise en considération, tandis que le Secrétaire général de l’ONU a convoqué un Sommet en septembre prochain.

Déclarations

« La crise qui se joue aujourd’hui à l’est de l’Ukraine constitue l’une des violations les plus graves et les plus dangereuses des principes fondateurs de l’OSCE », a estimé M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  L’OSCE doit continuer à jouer un rôle central dans les efforts internationaux qui visent à résoudre la crise.  « Notre objectif demeure à cet égard le retour du contrôle de l’Ukraine sur l’ensemble de ses frontières internationalement reconnues, ce qui passe notamment par le rétablissement de son autorité sur la Crimée », a-t-il ajouté.  Il a averti que « sur ce point, notre position, conforme au droit international, ne changera pas ». 

La résolution de la crise en Ukraine reste pour la France une priorité et « nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts, au sein du format Normandie, en faveur de la pleine application des accords de Minsk, qui constituent le seul cadre de référence possible pour un règlement pacifique », a insisté M. Delattre.  « Hautement préoccupé » par les violations persistantes du cessez-le-feu, il a regretté « l’application parcellaire » des accords de Minsk sur le terrain.  À ce sujet, a-t-il averti, la prochaine réunion ministérielle en format Normandie, prévue jeudi à Paris, sera « un moment crucial pour l’avenir de notre médiation mais également du conflit ».  Le représentant a appelé une nouvelle fois au respect de la liberté de mouvement des observateurs de l’OSCE et condamné toute violation de ce principe, qu’elle prenne la forme d’intimidation, de menaces ou d’interdiction d’accès à certaines zones.

Au-delà de l’Ukraine, a poursuivi M. Delattre, « l’OSCE reste plus que jamais un instrument essentiel pour promouvoir la paix et la sécurité en Europe, dans une contexte marqué par la diversification des menaces ».  Dans cet esprit, il a pensé que le travail de l’OSCE devait aujourd’hui mettre l’accent sur quatre problématiques: la résolution des conflits régionaux; le renforcement des capacités de l’OSCE sur le cycle du conflit; la préservation de la centralité du pilier « démocratie et droits de l’homme »; le développement du rôle opérationnel de l’OSCE en réponse à certains défis émergents, tels les migrations, la lutte contre la radicalisation ou encore le changement climatique.  « Nous ne pouvons nous satisfaire de la persistance de conflits gelés à divers endroits du continent européen, qu’il s’agisse du Haut-Karabagh, de la Transnistrie ou de la Géorgie », a-t-il notamment précisé.   

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé les liens historiques de son pays avec l’OSCE, qui remontent à 1992, et sa volonté d’aller de l’avant dans le cadre de cette coopération.  « Nous n’accepterons aucune tentative unilatérale de modifier le statu quo en Ukraine », a-t-il prévenu.  Se disant préoccupé par les perturbations systématiques dont la Mission spéciale d’observation de l’OSCE continue de faire l’objet dans plusieurs régions, le délégué du Japon a rappelé que les observateurs de cette mission devraient avoir un accès sans restrictions aux zones relevant de leur mandat.  Il a ensuite regretté que de nombreuses violations du cessez-le-feu aient été constatées.  Il a ainsi appelé toutes les parties à mettre en œuvre les accords de Minsk.  Soulignant que la lutte antiterroriste est un domaine dans lequel l’OSCE joue un rôle de premier plan, le représentant a expliqué que le Japon fournissait, depuis 2013, une aide financière à la mise en œuvre du mécanisme de surveillance des frontières de cette Organisation.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a salué le rôle des organisations régionales, notamment celui de l’OSCE qui constitue une « plateforme de dialogue dans une zone géographique vaste » où il existe des tensions.  D’après lui, l’ONU et l’OSCE partagent des préoccupations similaires et leur coopération devra toujours s’inscrire dans le cadre des principes qui régissent les deux organisations.  Le représentant a rappelé que « le principe d’intégrité territoriale des États constitue un pilier des relations internationales.  

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a attaché une grande importance aux efforts que fournit l’OSCE pour restaurer la stabilité dans des zones de conflit en Europe et en Asie, notamment en Ukraine, au Haut-Karabagh ou ailleurs.  Il s’est dit favorable au renforcement du dialogue et de la coopération avec les partenaires méditerranéens, en particulier en ce qui concerne la crise syrienne, la situation en Libye et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.  Il a également proposé de consolider le dialogue entre les civilisations et les religions et de s’atteler au problème de la migration. 

S’agissant de l’Ukraine, le représentant a pensé que les accords de Minsk constituent « le cadre optimal pour réaliser une paix durable ».  À cette fin, il a jugé nécessaire que toutes les parties respectent leurs engagements  et tiennent compte des aspirations de leurs peuples.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a reconnu les progrès importants réalisés en Ukraine pour la désescalade et le retrait des armes.  Cependant, a regretté le représentant, le cessez-le-feu reste fragile et l’équipe spéciale d’observateurs de l’OSCE n’a toujours pas accès à toute la zone du conflit, en particulier dans les zones contrôlées par les rebelles.  Il a exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations, conformément à l’ensemble de mesures pour la mise en œuvre des accords de Minsk qui a été entériné par la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité. 

Le représentant les a également appelées à s’acquitter de leurs obligations concernant, notamment, la libération des otages, le retrait des troupes étrangères et des armes, l’accès de l’aide humanitaire et l’organisation des élections locales dans les zones de conflit.  M. Ibrahim a tenu à saluer le rôle joué par l’OSCE après l’attentat contre le vol MH17 dans l’est de l’Ukraine, pour faciliter la procédure d’enquête, malgré le défi sécuritaire sur le terrain.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a réaffirmé le plein appui de son pays au respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et son engagement en faveur du retour de la Crimée au sein de l’Ukraine.  Il a regretté qu’un an après le précédent exposé de la présidence de l’OSCE, la situation dans l’est de ce pays ne s’était guère améliorée.  Aux violations du cessez-le-feu s’ajoutent désormais les restrictions imposées à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, alors que « plus de 9 000 personnes sont mortes et 3 millions d’autres ont un besoin urgent de l’aide humanitaire ».  Demandant qu’un accès soit ménagé aux observateurs de l’OSCE, le représentant a estimé que la Fédération de Russie devrait faire pression sur les séparatistes.  Il a en outre réitéré que tous les otages et personnes détenus illégalement devraient être libérés, conformément aux accords de Minsk.  La Fédération de Russie, a insisté M. Rycroft, doit user de son influence pour que cessent les violences.  Le représentant britannique a conclu en affirmant que l’action de la Fédération de Russie en Ukraine avait « obscurci » les perspectives de coopération entre les États membres de l’OSCE et que, plus que jamais, il est nécessaire de renforcer les mesures de confiance entre eux.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) s’est, pour sa part, félicité des priorités articulées par l’Allemagne pour sa présidence de l’OSCE, en rappelant le rôle déterminant que joue cette Organisation dans la prévention des conflits, la lutte contre les stupéfiants et la cybercriminalité, mais aussi le renforcement du multilatéralisme.  Il a ensuite insisté sur l’importance du dialogue entre ce Conseil et l’OSCE, ainsi qu’avec les autres organisations régionales.

Après avoir salué le rôle de l’OSCE dans le maintien de la paix dans de nombreuses régions de l’Europe et, en particulier en Ukraine, Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les accords de Minsk restaient la meilleure voie pour une paix durable.  Le Conseil de sécurité l’a affirmé quand il a approuvé l’ensemble de mesures pour la mise en œuvre des accords de Minsk et le rôle de l’OSCE dans leur surveillance dans le cadre de la résolution 2202 (2015).  La représentante a reconnu que la mise en œuvre des accords par les parties était loin d’être parfaite.  Des pertes en vies humaines continuent d’avoir lieu, la situation humanitaire est grave et les armes disponibles dans le pays contribuent à la poursuite du conflit en cours.  L’OSCE est informée presque chaque jour que ses observateurs subissent des restrictions de mouvement dont la plupart dans les zones contrôlées par les séparatistes. 

La représentante a exigé que les observateurs de l’OSCE bénéficient d’un accès à toutes les zones pour vérifier le cessez-le-feu et le retrait des armes interdites.  Elle a demandé à la Fédération de Russie d’user de son influence auprès de séparatistes pour qu’ils respectent les accords de Minsk.  Elle a aussi rappelé que les parties aux accords de Minsk avaient décidé que les élections locales dans l’est de l’Ukraine se déroulent conformément aux normes de l’OSCE et soient observées par elle.  Ces élections devraient avoir lieu dans un environnement stable et sûr, lequel est essentiel pour la mise en œuvre immédiate des accords de Minsk afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays, a souligné la représentante.

M. LIU JIEYI (Chine) a salué les efforts que l’OSCE a déployés pour améliorer la prévention et rétablir la paix et la sécurité régionales.  Il a insisté sur la nécessité de trouver des solutions politiques aux conflits régionaux.  Pour sa délégation, les organisations régionales pertinentes devraient respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies, en particulier la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les États.  Il a ainsi souhaité le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales « pour préserver ensemble les principes qui président aux relations internationales ».

S’agissant du dossier ukrainien, le représentant a estimé que toutes les parties avaient fait des efforts.  Il a considéré qu’il était essentiel de parvenir à un règlement global qui tienne compte des préoccupations légitimes des parties.  Encourageant celles-ci à mettre en œuvre les accords de Minsk, il a appuyé les mécanismes de médiation établis dans le cadre du format Normandie.  

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a prôné le développement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales sur la base du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il a salué « la philosophie de dialogue de l’OSCE » et précisé qu’« aucun État ne pouvait geler la coopération sur des questions d’intérêt commun ».  Malheureusement, a-t-il constaté, « l’égoïsme géopolitique prend le dessus ».  Pour le représentant russe, le peuple de Crimée a décidé de façon libre de s’unir à la Russie, et les instruments proposés par l’OSCE, à savoir le format Normandie, n’ont pas été mis en œuvre « à cause du refus de Kiev ».   

« L’OSCE n’a ni le droit politique, ni le droit moral de perdre de vue les tragédies qui ont eu lieu à Maidan et à Odessa », a déclaré le représentant.  Il a jugé que le cadre actuel de la coopération entre l’ONU et l’OSCE était « suffisant » pour gérer la crise et c’est pourquoi, il a estimé qu’il incombe aux parties de mettre en œuvre les aspects pratiques du dispositif.  Il serait « dangereux de modifier le cadre actuel du format Normandie », a-t-il averti.  En outre, le délégué russe a estimé que les observateurs de l’OSCE devraient axer davantage leur attention sur les territoires sous contrôle ukrainien, où les armes et les équipements ne cessent de s’accumuler, et « ne pas se concentrer uniquement sur les territoires sous contrôle des opposants ».

Par ailleurs, le représentant a proposé de renforcer l’OSCE en tant que forum de dialogue et de coopération pour lutter contre les menaces transnationales, notamment le terrorisme et les stupéfiants.  Il a aussi estimé que l’OSCE était à même d’apporter une contribution efficace à la résolution des crises de la migration.  À l’inverse, il a mis en garde contre la « logique de confinement qui est celle des membres de l’OTAN ».  Il s’est félicité de la tenue, en mai prochain, de la Conférence de Berlin sur les questions de convergence économique.   Enfin, il a rappelé que la Russie défendait les « valeurs traditionnelles universelles » et luttait contre l’ultranationalisme et le néonazisme.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué la prorogation du mandat de la Mission spéciale de surveillance en Ukraine et celui de la mission d’observateurs à Gukovo et Donetsk qui constituent, avec le coordonnateur des projets de l’OSCE ainsi que le Groupe de contact trilatéral en Ukraine, le dispositif institutionnel mis en place pour favoriser une solution diplomatique de la crise ukrainienne.  Le représentant a estimé que ces prorogations, conjuguées au renforcement des capacités techniques et opérationnelles, contribueront à une meilleure stabilisation du cessez-le-feu, au retrait des armes et à la consolidation du dialogue national conformément aux accords de Minsk. 

Il a ajouté que le conflit du Haut-Karabagh devrait également rester au cœur de l’action de l’OSCE, laquelle devrait continuer d’œuvrer pour la tenue d’une conférence propre à servir de base à un règlement pacifique et négocié de la crise, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le représentant a ensuite souligné la nécessité de poursuivre, d’une part, les efforts de paix pour résoudre le conflit de la Transnistrie, dans le cadre du format « 5+2 », et d’autre part, les discussions internationales de Genève pour le règlement du conflit géorgien.    

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est félicité de la détermination affichée par la présidence allemande de l’OSCE à apporter une réponse concrète aux graves menaces qui se posent à la sécurité européenne, en particulier l’« agression russe » contre son pays en Crimée et au Donbass.  Il a regretté qu’un membre permanent du Conseil de sécurité ait recouru, « de manière répétée au cours de la décennie écoulée », à l’« agression armée » contre des États voisins, qui a abouti à l’occupation, « et plus alarmant encore », à l’annexion d’une partie du territoire d’un autre pays, une « première », selon lui, en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  « Nous faisons tous face à la guerre hybride russe contre l’Ukraine, caractérisée par le recours à des prétextes artificiels pour l’envahir avec des troupes sans uniforme distinctif et à une virulente propagande », a accusé le représentant.

La situation au Donbass, a-t-il rappelé, est particulièrement fragile et propice à l’escalade, en dépit des efforts significatifs de l’Ukraine et de la communauté internationale.  Ainsi, les efforts entrepris par les autorités à Kiev pour mettre en œuvre les accords de Minsk n’ont pas été suivis par Moscou, a-t-il affirmé, en rappelant que ces accords demeuraient la base agréée par les parties pour parvenir à un règlement pacifique du conflit au Donbass.  Depuis la signature des documents en septembre 2014, nous avons régulièrement pris des mesures pour « réduire les armes au silence » au Donbass, a assuré le représentant ukrainien, en déplorant qu’un an plus tard, les dispositions relatives aux questions de sécurité ne soient pas encore mises en œuvre par la Russie et ses alliés.

M. Yelchenko a assuré que son gouvernement était prêt à organiser des élections locales dans certains secteurs du Donbass, sous réserve qu’elles se déroulent conformément à la législation ukrainienne et aux normes de l’OSCE.  « Ce dont nous avons besoin à ce stade, c’est d’une situation sécuritaire solide, notamment un cessez-le-feu général et durable, le retrait vérifié des armes lourdes, et un accès sans entraves de la Mission spéciale de l’OSCE, y compris à la frontière avec la Russie », comme le prévoit l’Accord de Minsk de septembre 2014, a expliqué le représentant.  Il est évident, a-t-il estimé, qu’un segment « incontrôlable » de cette frontière compromet les efforts déployés au niveau international pour parvenir à la désescalade des tensions. 

« Renouveler le dialogue, rétablir la confiance et restaurer la sécurité sont des objectifs que nous partageons », a déclaré M. FRANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne).  Il a salué l’approche multidimensionnelle de la sécurité de l’OSCE, car les défis actuels ne peuvent être abordés sous le seul angle sécuritaire ou militaire.  Il a lancé un appel à toutes le parties au conflit en Ukraine pour qu’elles s’attèlent à la mise en œuvre des accords de Minsk, afin notamment de réduire le coût humanitaire du conflit.  Pour le représentant, l’OSCE est « la meilleure garantie de présence internationale dans l’est de l’Ukraine » pour contribuer à mettre un terme au conflit.  Il a reconnu l’important travail fourni dans le cadre du format Normandie.

Le représentant a jugé essentiel de dynamiser et de renforcer la coopération avec les partenaires méditerranéens.  De l’avis de sa délégation, l’OSCE offre « un cadre idoine pour traiter du problème complexe des réfugiés ».  Il a évoqué l’examen prochain de la résolution 1540 du Conseil de sécurité dont le Comité est présidé par l’Espagne et pour laquelle l’OSCE dispose d’une expertise.  Enfin, il a souhaité mettre l’accent sur « la dimension humaine de l’OSCE », dans la mesure où la sécurité dépend du respect de l’état de droit, des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a regretté l’application « inégale », selon lui, des Accords d’Helsinki par les États membres de l’OSCE.  Il s’est cependant félicité des efforts déployés par cette Organisation pour résoudre le conflit en Ukraine.  Le représentant a relevé un certain nombre de violations du cessez-le-feu au cours de ces derniers mois, en regrettant que les séparatistes continuent de bloquer l’accès des observateurs à la frontière russo-ukrainienne.  Ces observateurs, a-t-il dit, sont la cible de « menaces ».  En Transnistrie, a-t-il ajouté, « tout comme dans le Donbass », les « autorités de facto » continuent de s’opposer à leur libre circulation.  S’agissant du Haut-Karabakh, a noté le représentant des États-Unis, les violences le long de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont multipliées.  « Nous rappelons aux parties, a-t-il insisté, qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit ».  Après avoir appuyé la souveraineté nationale de la Géorgie, le représentant américain a demandé au Gouvernement russe de retirer ses troupes et de permettre, là aussi, aux observateurs de l’OSCE de faire leur travail.  Au moment où l’Europe fait face à un afflux constant de migrants, l’OSCE a un rôle de coordination important à jouer à cet égard, en veillant à ce que les droits de l’homme demeurent une priorité, a estimé M. Pressman avant de conclure.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a appuyé le travail réalisé par les organisations régionales, notamment l’OSCE, au titre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il a reconnu que l’OSCE avait réussi à dégager à plusieurs reprises d’importants consensus.  Sur le dossier de l’Ukraine, il a insisté pour que la résolution 2202 du Conseil de sécurité soit pleinement appliquée et que se poursuivent les efforts déployés en faveur d’une solution politique et diplomatique à la crise humanitaire.  Il a également considéré que « la cessation définitive des hostilités est un objectif incontournable ».

Par ailleurs, la déstabilisation de pays tels que la Syrie, la Libye et l’Iraq et la montée du terrorisme, de même que le règlement de la question palestinienne, sont autant d’éléments qui doivent amener la communauté internationale à œuvrer pour la prévention des conflits, a ajouté le représentant.  L’OSCE peut jouer un rôle fondamental pour s’attaquer aux causes premières des conflits à l’origine des déplacements de populations et de la crise des réfugiés. 

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie s’est étonné de constater que les États-Unis rappellent l’égalité de tous les membres devant le droit, alors que l’on assiste, selon lui, à une expansion de l’OTAN, qui cherche à influencer les scrutins et les crises dans la région.  Il a également noté que l’Union européenne souhaitait la signature d’un accord d’association avec l’Ukraine.  M. Churkin a dit que l’aggravation de la situation dans l’est de ce pays résulte de la décision des autorités à Kiev d’y maintenir des armes.  Il s’est dit déçu par les propos du représentant ukrainien, reprochant à son gouvernement de ne pas avoir respecté ses engagements, comme par exemple l’adoption d’une loi d’amnistie et de lois sur l’autonomie de Donetsk et de Louhansk.  Il faut respecter les principes établis par les accords de Minsk et exiger leur plein respect, a-t-il souligné.  La situation géopolitique dans le Caucase, a rappelé le délégué russe, fait suite à l’« agression » de la Géorgie contre l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.  Les États-Unis, a-t-il affirmé, y avaient joué un rôle en stationnant des troupes.

Reprenant la parole, le représentant des États-Unis a évoqué « les faits », à savoir que la Russie a appuyé les séparatistes, leur a fourni des armes et a mené une campagne militaire qui a conduit à l’annexion de la Crimée en violation de la Charte.

« Soyons plus précis lorsque nous réagissons à des allégations », a rétorqué le représentant de l’Ukraine.  Il a demandé au représentant russe pourquoi il n’avait pas réagi à l’ensemble de ses propos, aux chiffres cités et à l’appel lancé pour la libération des prisonniers détenus en Russie.  « Une armée de 40 000 hommes commandés par des officiers russes été créée dans le Donbass », a-t-il déploré.  

Pour le représentant de la Fédération de Russie, la crise en Ukraine doit prendre fin avec un règlement politique.  Or, l’Ukraine veut une solution militaire, a-t-il fait remarquer.  Il est essentiel que l’Ukraine adopte des lois pertinentes, a-t-il insisté, avant de mettre en garde contre la détérioration de la situation, « ce que personne ne souhaite ».

« Nous ne manquerons pas d’utiliser tous les outils à notre disposition pour améliorer la situation sécuritaire sur le continent européen, notamment en Ukraine », a assuré le Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

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