AG/11532

Lutte contre les maladies non transmissibles: l’Assemblée générale est appelée à ne pas succomber « à la maladie chronique de l’inaction et au cancer des discours creux »

11/7/2014
Assemblée généraleAG/11532
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

ssemblée générale                                          

Soixante-huitième session                                  

102e & 103e séances plénières

matin & après-midi


LUTTE CONTRE LES MALADIES NON TRANSMISSIBLES: L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EST APPELÉE À NE PAS SUCCOMBER

« À LA MALADIE CHRONIQUE DE L’INACTION ET AU CANCER DES DISCOURS CREUX »


L’ancien Président du « Young Professional Chronic Disease Network (YP-CDN) » a pris le relais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui plaçait hier les États devant leur responsabilité de créer l’environnement social nécessaire à la lutte contre les maladies non transmissibles.  Aujourd’hui, alors que l’Assemblée générale clôturait sa Réunion de haut niveau sur les modalités de l’examen et de l’évaluation des progrès réalisés dans l’application de la Déclaration politique de 2011, M. Sandeep Kishore, qui est aussi membre de la « Yale School of Medecine », a prié les mêmes États de ne pas « succomber à la maladie chronique de l’inaction et au cancer des discours creux ».


Les maladies non transmissibles dont les plus fréquentes sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques et le diabète ont tué 36 millions de personnes en 2008 et en tueront 44 millions en 2020, selon l’OMS.  Elles sont pour la plupart liées à quatre facteurs de risque courants, à savoir le tabagisme, l’abus d’alcool, une alimentation malsaine et le manque d’activité physique.


Hier l’OMS mettait les États devant leur obligation de changer la manière dont le progrès social est mesuré, dont les gouvernements travaillent, dont les responsabilités sont assignées et dont les frontières entre les différents secteurs d’un gouvernement sont définies.  Aujourd’hui, représentant d’un mouvement qui a fait de la lutte contre les maladies non transmissibles « une question de justice sociale pour cette génération », M. Sandeep Kishore a dit aux États: « nous vous avons à l’œil et nous vous tiendrons comptables de vos actes ».  L’ancien Président du YP-CDN a reconnu les pressions exercées sur les États dont la campagne menée par une vingtaine de sociétés pharmaceutiques contre l’Afrique du Sud qui voulait réformer l’application des droits de propriété intellectuelle pour faciliter l’accès aux médicaments et ou encore les procès intentés à l’Australie par l’industrie du tabac pour la faire revenir sur sa politique antitabagisme.


Ces pressions n’ont pas empêché M. Kishore de se sentir scandalisé par le fait que les contributions au mécanisme mondial de coordination, salué par toutes les délégations hier comme aujourd’hui, ne représentent que 10 000 dollars par État soit, 1,8 million de dollars au total ou 0,00002 centime par personne.  Il a proposé la création d’un modeste fonds qui financerait le déploiement de 10 jeunes leaders dans les unités nationales chargées de la lutte contre les maladies transmissibles d’ici à 2018; la faiblesse des ressources humaines étant un réel problème. 


À part l’adoption d’une approche multisectorielle impliquant les départements de la santé, de l’agriculture, de l’environnement, de l’éducation, le monde scientifique, le secteur privé et les ONG, les délégations ont admis que le nerf de la guerre est aussi l’argent.  Le représentant de la Zambie a donné un chiffre: le traitement pour stabiliser une infection au VIH coûte 50 dollars par mois et celui pour stabiliser l’asthme une moyenne de 400 dollars par mois. 


Hier encore l’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) indiquait que les coûts économiques des quatre principales maladies non transmissibles devraient dépasser, dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, les 7 000 milliards de dollars entre 2011 et 2025, soit l’équivalent de 500 milliards de dollars par an, ou 4% du PNB de ces pays en 2010. 


Le Vice-Président de l’Assemblée générale s’est voulu rassurant: un « Document final robuste »* a été adopté hier qui donne un cadre pour intensifier nos efforts et nos engagements aux niveaux national et international.  Mohamed Khaled Khiari, de la Tunisie, a estimé que le Document final nous rappelle que nous devons appréhender ce défi à tous les niveaux et sous tous les angles.  Il a dit avoir retenu de la Réunion de haut niveau que les maladies non transmissibles, conjuguées aux autres questions liées à la santé, doivent être dûment prises en compte dans les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015. 


Pour l’heure, a-t-il dit, il faut se focaliser sur le rapport que le Secrétaire général doit publier d’ici à la fin de 2017 sur la mise en œuvre du Document final et de la Déclaration politique de 2011, et sur l’examen global des progrès enregistrés prévu en 2018.  D’ici là, nous avons tout le temps de commencer à changer « le paysage » des maladies non transmissibles qui, plus qu’une question de santé, ont des ramifications socioéconomiques plus larges et sont étroitement liées aux défis du développement que sont l’élimination de la pauvreté, la sécurité alimentaire et les changements climatiques.


* A/68/L.53



RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LES MODALITÉS DE L’EXAMEN ET DE L’ÉVALUATION D’ENSEMBLE DES PROGRÈS RÉALISÉS EN MATIÈRE DE PRÉVENTION ET DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TRANSMISSIBLES


Déclarations


M. AHMED SAREER (Maldives) a indiqué que durant cette dernière décennie, ce sont les accidents cardiovasculaires et le diabète qui tuent le plus dans son pays.  Un plan d’action multisectoriel a été mis au point jusqu’en 2020.  Les efforts se portent également sur le renforcement des capacités régionales, dont la mise en commun des informations sur les pratiques exemplaires.  La lutte sera rude, a prévenu le représentant, car les intérêts vont à l’encontre de ceux de certaines multinationales.


Pour M. PAISAN RUPANICHKIJ(Thaïlande), lutter contre les maladies non transmissibles, c’est renforcer la croissance économique à long terme pour améliorer l’accès à la santé et le bien-être en général de la population.  Des cibles ont été fixées aux niveaux national et régional et, avec la République de Corée, la Thaïlande a insisté sur la prévention dans le cadre du plan d’action régional.  Pour la Thaïlande, la lutte contre les maladies non transmissibles doit figurer dans le programme de développement pour l’après-2015.


Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO(Nicaragua) a annoncé le lancement d’une campagne sur la santé conduite par trois ministères.  Une politique de prévention a été mise en place dans le cadre de laquelle 1 300 centres de santé ont été créés.  Le Nicaragua est conscient qu’il faudra travailler sur le long terme, en particulier auprès des communautés locales.        


M. ASOKE KUMAR MUKERJI(Inde) a parlé de l’adoption en 2010 du programme national qui a été doté d’un budget de 2 milliards de dollars pour la période 2012-2017.  L’objectif est de sensibiliser la population à des modes de vie plus sains.  L’accent est également mis sur le diagnostic précoce.  L’Inde n’a pas oublié de mettre en place un mécanisme de suivi et d’évaluation s’appuyant sur 10 cibles et 21 indicateurs à atteindre d’ici à 2025.


M. JIM MCLAY(Nouvelle-Zélande) a alerté sur la véritable crise des maladies non transmissibles que vit la région du Pacifique.  C’est un défi de santé et un défi économique, compte tenu des coûts économiques et sociaux pour les personnes et les pays.  Il faut des initiatives de contrôle et de prévention à tous les niveaux, a souligné le représentant, en saluant les efforts combinés du monde universitaire et du secteur privé, en particulier dans la lutte contre le tabagisme.  Le pourcentage des jeunes fumeurs est passé de 14 à 6% en 5 ans.  Seule une réponse collective permettra de relever les défis.


M. GONZALO KONCKE PIZZORNO (Uruguay) a souligné la responsabilité des gouvernements.  L’Uruguay a mis en place des politiques spécifiques, grâce à une coordination des actions entre le secteur de la santé et tous les autres secteurs de la société et en faisant de la lutte contre le tabagisme et de la couverture médicale universelle une priorité.  Le programme de développement pour l’après-2015 doit contenir des cibles spécifiques sur les maladies non transmissibles, a souhaité le représentant.   


Mme FABIENNE BARTOLI(France) a relevé des inégalités d’accès à la santé, touchant particulièrement les pauvres, les personnes marginalisées, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Cette situation doit être corrigée par des actions plus ambitieuses de prévention et d’accès aux traitements.  La France a toujours défendu la nécessité de faire de la lutte contre les maladies non transmissibles une priorité.  Elle a appuyé les politiques de bonne nutrition, interdit depuis 2009 le tabac dans tous les lieux publics et pris des mesures énergiques contre la consommation d’alcool par les femmes enceintes.  La France est déterminée à placer sur la scène internationale la lutte contre les maladies non transmissibles et s’attache à promouvoir deux lignes directrices: le renforcement des systèmes de santé et l’adoption d’une approche interministérielle et multisectorielle.  À la dernière réunion stratégique paneuropéenne sur la santé et l’environnement, tenue sous l’égide de l’OMS, la France a défendu la complémentarité entre les fonds verticaux et a réaffirmé son attachement à la couverture santé universelle.


M. HAHN CHOONGHEE(République de Corée) a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités nationales dans la lutte contre les maladies non transmissibles.  Il a parlé de la Stratégie que son pays a élaborée en 2011 contre les maladies cardiovasculaires et des campagnes de sensibilisation lancées dans les écoles et auprès des gouvernements locaux dans le cadre du plan d’action 2010-2020.  Mais des défis subsistent comme celui de la coordination des actions et à ce propos, le représentant a, à son tour, demandé l’intégration de la lutte contre les maladies non transmissibles dans le programme de développement pour l’après-2015.


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN(Bangladesh) a reconnu que dans son pays, l’incidence des maladies non transmissibles a augmenté à cause de l’urbanisation, des modes de vie et de la migration.  Ces maladies sont à l’origine de 61% des morts dont la plupart sont enregistrées parmi les groupes vulnérables.  Une série d’actions a été entreprise mais la lutte contre les maladies non transmissibles nécessite des fonds et un savoir-faire technique.  Le Bangladesh réclame donc l’appui de l’OMS.


M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL(Égypte) a jugé indispensable de renforcer les capacités nationales pour permettre aux pays en développement de faire face aux maladies non transmissibles.  Il faut veiller à ce que les traitements soient accessibles à un prix abordable, a-t-il insisté, en souhaitant une application des droits de propriétés intellectuelles qui tienne compte du droit à la santé.  La priorité doit être accordée à la lutte contre le tabagisme, la consommation d’alcool et la détection précoce.  La responsabilité de l’industrie agroalimentaire doit être soulignée.


Table ronde 1 « Renforcer les capacités nationales et régionales, y compris les systèmes de santé, et les interventions de l’ensemble des gouvernements pour la prévention et la lutte, ainsi que le suivi des maladies non transmissibles »


Modérateur de la table ronde, le représentant de la Jamaïque a invité les délégations à un échange d’expériences.  À ce propos, le représentant d’ONUSIDA a proposé que l’on se serve des enseignements tirés de la lutte contre le VIH/sida.


La santé est prise en compte dans chaque décision et chaque mesure que l’Union européenne prend selon le « principe d’ubiquité », a affirmé M. TONIO BORG, Commissaire européen à la santé et à la consommation.  Il a pris l’exemple de la mesure contre le tabagisme qui porte sur le financement des programmes nationaux, la recherche et le renforcement des capacités.  À l’heure actuelle, dans les pays de l’Union européenne, 3% seulement du budget de la santé sont consacrés à la prévention et 97% au traitement.  Quelque 80 milliards d’euros sont voués à la recherche dont 10% sur les maladies non transmissibles. 


Le monde scientifique doit être impliqué à tous les niveaux, a acquiescé Mme ANNA LARTEY, Directrice de la Division de la nutrition de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), car il s’agit en fait de rationaliser la chaîne alimentaire, de la production agricole à la nourriture.  Une initiative sur la réduction du sel a été expliquée par Mme VASH MUNGAL-SINGH, Directrice générale de « Heart and Stroke Foundation » (Afrique du Sud), qui a vu là un bon exemple d’une action multisectorielle.  En 2013, l’Afrique a été le premier pays à légiférer sur la quantité de sel dans les aliments et un programme d’éducation du public est en cours pour réduire la consommation de sel.  L’action a été possible, a-t-elle expliqué, grâce à un leadership politique fort, à une approche consultative et à une mobilisation adéquate des ressources.


À l’instar de l’Argentine, comme l’a dit son représentant, un groupe multisectoriel a en effet été créé qui a réuni « Heart and Stroke Foundation » avec des chercheurs en santé publique et en nutrition, des spécialistes des sciences et des technologies alimentaires, les départements concernés du Gouvernement, l’industrie agroalimentaire, des groupes de consommateurs et la Chambre des boulangers.  Comme autre percée en Afrique, Mme Mungal-Singh a cité l’Alliance sud-africaine contre les maladies non transmissibles (SA NCD Alliance) créée cette année, qui regroupe des organisations qui ont ensemble plus de 160 ans d’expérience dans la promotion de la santé et le plaidoyer.


Militant de la cause, M. SANDEEP KISHORE, de la « Yale School of Medecine » et ancien Président du « Young Professional Chronic Disease Network » (YP-CDN), a dit représenter un mouvement qui a fait de la lutte contre les maladies non transmissibles « une question de justice sociale pour cette génération ».  Prônant la solidarité sur les questions commerciales et relatives à la santé, il est revenu sur le témoignage du Directeur du Département sud-africain de la santé contre une vingtaine de sociétés pharmaceutiques qui avaient engagé une entreprise de relations publiques pour une campagne contre les changements que l’Afrique voulait apporter à sa politique commerciale et à l’application des droits de propriété intellectuelle, une campagne qui aurait stoppé net l’accès aux médicaments contre le VIH/sida, le cancer, le diabète ou encore la fièvre dengue.  Très vite l’OMS et l’Australie se sont mises aux côtés de l’Afrique.


L’Australie, elle-même, a poursuivi M. Kishore, a dû mener sa propre bataille lorsqu’elle a invoqué les flexibilités de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) dans sa lutte contre le tabac.  Pas moins de trois sociétés de l’industrie ont financé une campagne de 9 millions de dollars pour détruire les efforts de l’Australie, procès après procès.  Cette expérience a réveillé des souvenirs chez le représentant du Chili


Nous comprenons les pressions que vous subissez, a concédé M. Kishore, mais nous avons l’œil sur vous et vous serez tenus comptables de vos actes dans le « Countdown 2025 » qui a très bien marché pour la santé maternelle et infantile.  M. Kishore ne s’est pas arrêté là, il a aussi parlé d’argent.  Il s’est dit scandalisé par le fait que les contributions au mécanisme mondial de coordination ne représentent que 10 000 dollars par État Membre soit, 1,8 million au total et 0,00002 centime par personne.  Il a donc proposé une « mesure concrète » consistant à renforcer les unités chargées des maladies non transmissibles, dans les pays, et dont le mandat serait de lancer des actions dans les domaines cliniques, de la santé publique et de la législation.  Mais pour cela il faut renforcer le personnel de ces unités, et pourquoi pas créer un fonds très modeste qui financerait le déploiement de 10 jeunes leaders par État Membre dans chaque unité d’ici à 2018. 


Dédiant son intervention à Gloria Borges, militante comme lui, qui a succombé à un cancer du côlon à un jeune âge, M. Kishore a demandé aux États Membres de ne pas « succomber à leur tour à la maladie chronique de l’inaction et au cancer des discours creux ». 


Pourquoi ne pas affecter les revenus des taxes sur le tabac à la lutte contre les maladies transmissibles? a proposé le représentant du Costa Rica, appuyé par son homologue de la République de Corée.  L’Espagne, le Népal, le Mexique, la Barbade, l’Iran, la République du Congo et les États fédérés de Micronésie ont participé au débat.  


Les programmes de lutte contre les maladies non transmissibles donnent des résultats positifs, a assuré la Directrice de la Division de la nutrition à la FAO, qui a pris l’exemple de la Finlande où le nombre de morts dues à ces maladies a baissé de 25%.  La difficulté est surtout d’empêcher que les enfants ne prennent de mauvaises habitudes, a prévenu le Commissaire européen à la santé et à la consommation.  La difficulté est aussi d’obtenir des industries qu’elles rendent compte de leur action, a ajouté la Directrice générale de la « Heart and Stroke Foundation », avant que l’ancien Président de « Young Professional Chronic Disease Network » (YP-CDN), ne soulève des nouveaux paradigmes à mettre en place pour la formation du personnel médical. 


Table ronde 2 « Promotion et renforcement des partenariats nationaux, régionaux et internationaux et coopération en vue de soutenir les efforts déployés pour lutter contre les maladies non transmissibles »


Animée par le Secrétaire d’État à la santé des États-Unis, M. HOWARD KOH, cette table ronde a vu les interventions de M. Lochan Naidoo (ONUDC); de Mme Sania Nishtar, fondatrice de Heartfile (Pakistan) et de M. Mario Ottiglio.


« Rappelant que l’article 33 de la Convention relative aux droits de l’enfant impose aux États de protéger les enfants contre l’usage abusif des drogues », le représentant de l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (ONUDC), M. LOCHAN NAIDOO, a jugé qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de prévention de l’accoutumance et de l’abus de drogue dont les conséquences méritent la même attention que les autres maladies non transmissibles.  Rappelant que « Le tout est supérieur à la somme des parties », la Fondatrice de Heartlfile (Pakistan), Mme SANIA NISHTAR, a mis l’accent sur l’importance de la collaboration entre les fondations, les agences, les ONG et autres partenaires internationaux et comme les « agences n’aiment pas qu’on leur dise ce qu’elles doivent faire », elle a suggéré la création d’un observatoire international sur les maladies non transmissibles permettant de mettre en commun les expériences, tout en préservant l’indépendance opérationnelle des parties prenantes.  


Quelque 200 partenariats impliquant l’industrie pharmaceutique dans la lutte contre les maladies non transmissibles dans les pays en développement ont pu voir le jour, grâce aux OMD », a souligné le Directeur des affaires publiques et de la politique de santé mondiale de la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques, M. MARIO OTTIGLIO.  L’accès au traitement étant une condition sine qua non de la victoire contre les maladies transmissibles, nous avons besoin d’aide pour mesurer l’efficacité de ces partenariats, a-t-il dit, en appelant des objectifs clairs et réalisables dans le programme de développement pour l’après-2015. 


Il nous faut un cadre règlementaire international pour lutter contre l’alimentation malsaine et l’obésité, a acquiescé le représentant de l’Argentine, en attirant l’attention sur les normes arrêtées par l’UNASUR et le MERCOSUR s’agissant de la réduction du sodium et des acides gras insaturés dans les aliments.  Tirons les leçons de l’expérience du Mexique dans sa lutte contre l’obésité et mettons en place des indicateurs régionaux pour mesurer la mise en œuvre des objectifs fixés par l’OMS.


Confions à l’Alliance mondiale pour les maladies non transmissibles le soin de financer et d’appuyer la société civile dans les pays en développement, a renchéri le représentant du Danemark.  Son homologue de l’Espagne n’a pas manqué de rappeler qu’entre 2006 et 2013, son pays a consacré 700 millions de dollars au renforcement des systèmes de santé dans les pays en développement.  Les gouvernements ont certes la responsabilité de financer la lutte contre les maladies non transmissibles, mais il faut mobiliser toutes les sources de financement innovantes, a dit la Fondatrice de Heartlfile (Pakistan) en pensant aux taxes sur le tabac et l’alcool.


L’Espagne, a dit son représentant, a aussi formé 33 000 spécialistes de 60 pays et dans 40 spécialités différentes.  L’importance de la formation, surtout dans le domaine des soins primaires, a été soulignée par le Directeur des affaires publiques et de la politique de santé mondiale de la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques.  Il a indiqué que dans le cadre d’une coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), son organisation a fait intervenir des volontaires issus de communautés locales là où les capacités étaient insuffisantes.  Il faut en effet revoir le programme de formation des médecins pour y intégrer tous les défis des maladies non transmissibles, a reconnu le représentant de l’Iran.


C’est surtout les données indispensables pour déterminer les interventions nécessaires qui font défaut, a indiqué le représentant du Niger, en appelant à l’appui technique des partenaires au développement.  Nous devons déterminer la voie à suivre en matière de partenariat, a dit son homologue de la Suède.  La création d’un nouveau fonds ne suffira pas sans la mise en place de programmes appropriés pour pousser l’industrie alimentaire à changer ses modes de production.  Le changement des mentalités et des comportements est ce qu’il nous faut, a renchéri le représentant du Canada, en suggérant de s’associer à des partenaires inhabituels comme les assureurs.  


La Fondatrice de Heartlfile (Pakistan) s’est félicitée de ce que des ONG fassent partie des délégations du Danemark et de la Norvège mais elle a souligné l’importance pour ces organisations de préserver leur indépendance vis-à-vis des gouvernements. 


Déclarations


La représentante du Zimbabwe a déclaré que les défis financiers entravent la capacité des pays en développement de faire face aux maladies non transmissibles.  Néanmoins, elle a dit que son pays a su prendre de nombreuses initiatives grâce à des partenariats avec le secteur privé et avec des organismes internationaux.  Elle a cité des initiatives en matière de prévention du cancer du sein et de la prostate.


La représentante de Bahreïn a cité la création dans son pays d’un Comité national pour la prévention des maladies non transmissibles et les facteurs de risque associés.  Elle a cité des initiatives de lutte contre le tabagisme, l’obésité et le diabète sur le lieu de travail.  Elle a aussi souligné la détermination de son pays à améliorer la santé des enfants.


Le représentant du Paraguay a dit que les maladies non transmissibles ont causé 26% des morts prématurées et que l’incidence de diabète a augmenté de 10% ces dernières années.  Les peuples autochtones sont aussi concernés par le phénomène de l’obésité à cause du changement de leur mode de consommation, s’est alarmée la représentante.  Face à cette situation, le Gouvernement a lancé une série d’actions visant à contrôler la prévalence et la prévention des maladies non transmissibles, et a élaboré un plan de coordination qui rassemble les ministères de la jeunesse, de l’éducation, de l’agriculture, les universités et la société civile.  Un projet de loi sur l’utilisation du vélo a été voté pour encourager la population à l’exercice physique.  Le Gouvernement a demandé aux industriels de réduire le taux de sel dans les aliments notamment le pain.  Concernant la lutte contre le tabac, plus de 80 municipalités ont créé des espaces publics interdits au tabac. 


La représentante de la Finlande a déclaré que l’engagement des parties prenantes est crucial dans la mise en œuvre de la Déclaration de 2011.  En Finlande, les cas d’accidents cardiovasculaires ont baissé de 10% depuis la mise en œuvre de la politique de prévention contre le tabagisme et contre les acides gras trans.  Elle a encouragé les gouvernements à utiliser les mesures qui sont à notre portée comme les taxes sur le tabac et les produits alimentaires malsains.  Elle a indiqué que dans un mois, la Finlande sera le premier pays à se servir des réseaux sociaux pour promouvoir la santé.


Le représentant de la Libye a indiqué que les médicaments essentiels sont fournis gratuitement à la population du pays et a précisé que le Ministère de la santé a demandé l’assistance de l’OMS pour mettre en place à un système de santé garantissant une couverture médicale universelle.  Notant que les maladies non transmissibles ont une terrible incidence sur le développement économique et social, le représentant a jugé nécessaire de coordonner la réponse par des partenariats entre États et avec l’OMS. 


Le représentant des Philippines a cité la mise en place d’une stratégie nationale 2011-2017 visant à garantir un accès universel à la santé et la réalisation des OMD relatifs à la santé.  Elle a parlé de la campagne nationale pour la réduction de la teneur en sel dans les aliments et d’une autre visant à promouvoir un style de vie plus sain chez les enfants. 


Le représentant du Guatemala a noté que les progrès dans la lutte contre les maladies non transmissibles sont inégaux et insuffisants, entravent le développement et accélèrent le cycle de la pauvreté. 


Le représentant du Kenya a, à son tour, passé en revue les efforts déployés par son pays, avant d’estimer que l’accès au traitement et aux soins palliatifs peut considérablement atténuer l’impact des maladies non transmissibles et leurs complications.  Il a souligné le rôle clef des médicaments génériques et la valeur des flexibilités prévues par les ADPIC.  Il a aussi souligné la nécessité de mettre en œuvre la Stratégie globale et le Plan d’action sur la santé publique, avec pour objectif de renforcer les capacités des pays en développement et d’assurer l’accès universel aux médicaments et aux technologies médicales.  De nouveaux partenariats doivent se mettre en place et le respect des engagements pris en matière d’APD assuré.  Il est essentiel de pouvoir tracer les fonds dédiés aux maladies non transmissibles, a insisté le représentant, en saluant l’invitation faite au Comité d’aide au développement de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) d’envisager de créer un code spécifique pour ces maladies. 


Le représentant du Nigéria a estimé que le moment est venu pour tous les États de redoubler d’efforts pour réduire drastiquement le fardeau évitable et l’impact des maladies non transmissibles pour ouvrir la voie aux populations à des meilleures conditions de santé et à une vie productive.  La volonté politique et une action multidimensionnelle sont plus nécessaires que jamais pour maintenir l’élan.  La coopération et l’aide internationales demeurent critiques pour réaliser les objectifs fixés pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles.  Après avoir fait part des efforts déployés par son pays, le représentant n’a pas manqué de rappeler qu’il faut aussi faire plus pour la santé des mères et des enfants, le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, les maladies tropicales négligées, le renforcement des personnels de santé et la couverture santé universelle.  Ce sont là des questions qui doivent être maintenues dans l’agenda mondial du développement, a-t-il insisté.


Le représentant de la Zambie a mis l’accent sur les défis que doit relever son pays en matière de couverture santé universelle.  Il a donné un seul chiffre: le traitement pour stabiliser une infection au VIH coûte 50 dollars par mois et celui pour stabiliser l’asthme une moyenne de 400 dollars par mois.  Il faut donc, selon lui, adopter une acception plus large du concept de « personnel de santé », et inclure les diététiciens, les assistants sociaux, les kinésithérapeutes et autres, en particulier dans le domaine des soins de santé primaire.  Mais cela exige, a-t-il reconnu, des investissements dans la formation.  Il faut aussi améliorer les services de diagnostic pour renforcer la prévention et resserrer les partenariats bilatéraux, multilatéraux et public-privé.


La représentante du Panama a indiqué que les maladies non transmissibles sont la première cause des décès dans le pays et que la lutte contre elles est en première ligne de la politique nationale de santé.  Cette politique se fonde sur une approche multisectorielle, ce qui explique que des décrets ministériels ont été pris par différents départements pour promouvoir une alimentation saine, l’activité physique, la formation des enseignants, la prise en charge des facteurs de risques jusqu’en 2018, la ceinture côtière où des milliers de personnes sont priées de s’adonner à des activités physiques, l’interdiction de la publicité sur le tabac et l’interdiction du tabac dans les lieux publics.  Un programme de prise en charge et d’accompagnement au plan spirituel a été lancé, a ajouté la représentante.


Le Ministre de la santé de l’État de Palestine a expliqué que les études montrent que la plupart des jeunes souffrent de deux ou trois facteurs de risques.  La situation difficile du peuple palestinien est une cause supplémentaire des maladies non transmissibles, a-t-il dit, en citant le stress psychologique dû à l’occupation.  Un programme d’évaluation a permis de mettre en évidence le succès d’une initiative en Cisjordanie, s’est-il réjoui en parlant d’une campagne antitabac et d’une autre de sensibilisation pour une alimentation saine, grâce à une collaboration avec le Ministère de l’éducation.  Il a aussi cité une campagne de lutte contre la présence de pesticides dans les aliments, avant de conclure en disant: les enfants de Palestine ont besoin de votre aide pour mettre un terme aux raids dans la bande de Gaza qui risquent de donner lieu à la multiplication des maladies psychologiques.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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