Conférence de presse

Conférence de presse du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), M. Marzuki Darusman

20/10/2011
Communiqué de presseConférence de presse
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME

EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE (RPDC), M. MARZUKI DARUSMAN


Dans un contexte de grave crise alimentaire en République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans le pays, M. Marzuki Darusman, a insisté aujourd’hui sur les liens directs qui unissent les droits de l’homme et la situation humanitaire.


Il serait artificiel de séparer ces deux aspects, a-t-il expliqué lors d’une Conférence de presse au Siège des Nations Unies, qu’il a tenue après la présentation de son rapport devant la Troisième Commission de l’Assemblée générale (chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles).  En effet, la crise humanitaire, notamment alimentaire, qui prévaut en RPDC, porte atteinte à la fois au droit à l’alimentation de la population, mais aussi à son droit à la santé.


Les graves pénuries alimentaires dans le pays sont la conséquence de problèmes structurels à tous les niveaux : production, acheminement et système public de distribution des rations alimentaires, a-t-il souligné.  En outre, l’absence de nouveaux investissements dans le pays depuis le début des années 1990 ne permet nullement au gouvernement à répondre à des situations d’urgence sanitaire.


Interrogé sur le possible impact de réformes économiques que le Gouvernement de la RPDC prétend avoir lancées, le Rapporteur spécial a estimé que, sans investissements, ces réformes ne pouvaient pas avoir d’impact.  Si les réformes ne sont pas soutenues financièrement, elles ne peuvent pas déboucher sur un quelconque développement économique, a-t-il rappelé.


Tout en appelant la communauté internationale à fournir l’assistance humanitaire nécessaire à la population de la RPDC, le Rapporteur spécial a rappelé les défis opérationnels immenses qui se posaient, en particulier, en raison du refus des autorités d’autoriser les institutions des Nations Unies à s’acquitter de leurs activités dans le pays, notamment l’acheminement de l’aide humanitaire à la population dans le besoin.


La situation des demandeurs d’asile et des personnes qui fuient la RPDC ou celle des victimes de traite des êtres humains et d’exploitation sont extrêmement préoccupantes, a poursuivi M. Darusman, en rappelant que les femmes et les enfants étaient particulièrement vulnérables dans ce contexte. 


Les femmes, vendues comme esclaves sexuelles, employées par des réseaux de prostitution ou dans des bars prétendument consacrés au « Karaoké », sont exposées à des menaces d’exploitation et d’abus en Chine, où les réfugiés originaires de la RPDC sont automatiquement considérés comme des réfugiés économiques, ayant donc vocation à être renvoyés dans leur pays d’origine, a indiqué le Rapporteur spécial.  Il a en outre dénoncé l’absence de législation et de mesures spécifiques pour protéger les femmes victimes d’abus, et la persistance de stéréotypes culturels exigeant passivité et obéissance des femmes. 


L’augmentation du nombre des personnes qui quittent la RPDC permet de recueillir d’amples informations sur la situation dans le pays et d’évaluer les besoins, a-t-il dit.  Les données fournies par la Thaïlande montrent notamment une hausse du nombre de demandeurs d’asile en 2010, et pour les quatre premiers mois de 2011.  Inévitablement, cette augmentation résulte de la situation alimentaire dans le pays, a-t-il souligné, mais aussi à la situation politique qui n’évolue pas.


La liberté d’opinion, la liberté d’expression et la liberté de réunion restent extrêmement restreintes, a-t-il déploré.  Des images satellites, a-t-il aussi rappelé, font état d’une augmentation substantielle de la taille de camps dans lesquels des prisonniers politiques seraient encore en captivité.


L’accès à l’information pour la population demeure très faible, sans médias indépendants dans le pays, ni correspondants étrangers autorisés à s’y rendre, et un accès à l’Internet très restreint, même si l’utilisation de téléphones portables, venus de Chine, se développe.


Concernant la persistance du recours aux enlèvements, le Rapporteur spécial a estimé que la question de créer une Commission d’enquête continuait de se poser.  Ce problème empoisonne les relations de la RPDC avec ses voisins japonais et coréens, et je pense, par conséquent, qu’un règlement juridique de cette question pourrait avoir un impact positif au niveau politique entre ces trois pays », a-t-il dit.


À un journaliste qui lui demandait s’il entendait demander que la RPDC soit déclarée inéligible au Conseil des droits de l’homme, compte tenu des violations constatées et de l’absence de mesures correctives, le Rapporteur spécial a répondu que toute décision devrait se baser sur un examen précis et complet de l’engagement de la RPDC en faveur de la communauté internationale.


Il a enfin indiqué qu’il se rendrait prochainement en République de Corée, puis au Japon, et a assuré qu’il maintiendrait sa politique de la main tendue pour coopérer avec les autorités de la RPDC.  Ces autorités, a-t-il précisé, ont toujours rejeté le mandat du Rapporteur spécial, établi en 2004, et à ce jour, ne l’ont jamais autorisé à effectuer une mission sur place.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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