AG/1480

L’ASSEMBLEE SE PRONONCERA SUR UN PROJET TRAITANT DE LA SUITE A DONNER AUX DECISIONS DU SOMMET DU MILLENAIRE ET DES GRANDES CONFERENCES SUR LE DEVELOPPEMENT LE 6 MAI 2004

06/05/04
Communiqué de presse
AG/1480


Assemblée générale

86e & 87e séances plénières

matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE PRÉVOIT L’ORGANISATION EN 2005 D’UNE RÉUNION DE HAUT NIVEAU POUR EXAMINER LA SUITE À DONNER AU SOMMET DU MILLÉNAIRE


Elle affirme, par ailleurs, que le statut du territoire

palestinien occupé reste un statut d’occupation militaire


La suite à donner aux textes issus du Sommet du Millénaire de 2000 ainsi qu’à l’application de ceux résultant des grandes conférences et le statut du territoire palestinien occupé ont fait l’objet de deux résolutions adoptées aujourd’hui par l’Assemblée générale*. 


Par consensus, l’Assemblée a décidé de tenir, en 2005, une réunion plénière de haut niveau avec la participation de chefs d’Etat et de gouvernement.  Cette réunion, dont la date sera fixée au cours de la cinquante-neuvième session, sera l’occasion d’entreprendre un examen complet des progrès accomplis vers la réalisation de tous les objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire ainsi que dans l’application et le suivi intégrés et coordonnés, aux échelons national, régional et international, des textes et engagements issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes.


Ont expliqué leur position, les représentants de la Nouvelle-Zélande (au nom de l’Australie et du Canada), de l’Irlande (au nom de l’Union européenne et des pays associés), de la Suisse, de la Norvège, du Japon, de la Croatie et du Qatar (au nom du Groupe des 77 et de la Chine).


Deux jours après la publication de la déclaration du Quatuor sur le processus de paix au Moyen-Orient, l’Assemblée générale a adopté par 140 voix pour, 6 voix contre (Israël, Etats-Unis, Iles Marshall, Micronésie, Nauru et Palao) et 11 abstentions (Australie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Pérou, République dominicaine, Serbie-et-Monténégro, Iles Salomon, Tonga et Tuvalu) une résolution sur le statut du territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  Elle affirme ainsi que ledit statut reste un statut d’occupation militaire.  Elle affirme aussi que, conformément aux règles et principes du droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, le peuple palestinien a le droit de disposer de lui-même et d’exercer sa souveraineté sur son territoire.  Israël, la puissance occupante, n’a que les devoirs et les obligations qui incombent à une puissance occupante aux termes de la Convention de Genève et de la Convention de la Haye. 


S’exprimant sur la résolution, l’Observateur de la Palestine a déclaré qu’à la lumière des récents évènements, le texte est une confirmation « nécessaire et fondamentale » du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et de sa souveraineté sur le territoire palestinien.  Une telle confirmation, a-t-il ajouté, est non seulement nécessaire mais aussi urgente compte tenu des dernières tentatives de conférer une légitimité aux visées expansionnistes d’Israël.  L’Observateur de la Palestine a, à ce sujet, longuement commenté l’échange de lettres du 14 avril entre le Premier Ministre israélien et le Président des Etats-Unis concernant le plan de retrait israélien. 


Ce plan, a estimé le représentant d’Israël, est complètement compatible avec les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, la Feuille de route du Quatuor et les précédentes propositions de paix.  Il a dénoncé la résolution comme un texte qui ne contient aucun élément clef de la Déclaration du Quatuor et qui sape un point central du processus de paix réaffirmé par le Quatuor lui-même.  Ce point central, s’est expliqué le représentant israélien, est qu’aucune partie ne doit prendre “des actions unilatérales qui s’efforcent de prédéterminer des questions qui ne peuvent être résolues que par la négociation et l’accord”.


Se sont également exprimés les représentants des pays suivants : Malaisie (au nom des coauteurs de la résolution), Yémen (au nom du Groupe arabe), Egypte, Syrie, Cuba, Etats-Unis, Turquie, Fédération de Russie, Irlande (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Pérou, Equateur, Canada, Japon, Uruguay et Guatemala.  Le Président du Comité spécial sur les droits du peuple palestinien a également pris la parole.


L’Assemblée générale a, par ailleurs, inscrit à son ordre du jour, un nouveau point intitulé « Financement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti », en décidant d’en confier l’examen à sa Commission administrative et financière (Cinquième Commission)**.  L’Assemblée a enfin pris note d’une lettre du Secrétaire général l’informant que les Iles Salomon, l’Ouganda et Vanuatu ont effectué les versements nécessaires pour ramener leurs arriérés en deçà du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies***.


*  A/58/L.8/Rev.1 et A/58/L.61/Rev.1


** A/58/236


*** A/58/688/Add. 6 et 7


APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES


Explications de position


Le représentant de la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait également au nom de l’Australie et du Canada, a souligné que les trois délégations estimaient essentiel que les préparatifs de la réunion de haut niveau, qui se déroulera au début de la 60e session de l’Assemblée générale en 2005, se concentrent sur la question de la mise en oeuvre. La réunion sera une occasion unique offerte aux délégations de réaffirmer les engagements déjà concertés, a-t-il ajouté. L’année prochaine sera un jalon dans l’histoire des Nations Unies, a-t-il poursuivi. Il a jugé important de faire en sorte que les structures et les instruments dont disposent les Nations Unies soient adaptés pour atteindre nos objectifs au XXIème siècle. Nous devons veiller à ce que nos préparatifs soient approfondis et que tous y participent à part entière, a-t-il conclu.


Le représentant de l’Irlande, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne et des pays candidats, a souligné que le texte de la résolution était le résultat de mois de  travail. Son adoption représente une étape modeste mais importante de la route vers l’événement que constituera la réunion de 2005, a-t-il ajouté. L’Union européenne est disposée à apporter sa pleine contribution à la préparation de cet événement, a-t-il assuré.


Le représentant de la Suisse a souligné que le processus de négociation ayant mené au texte de consensus avait pris beaucoup de temps. Nous nous trouvons collectivement dans une position difficile qui exige une réponse rapide, a-t-il affirmé. La Suisse, qui se joint au consensus, estime que le processus de négociation est devenu opaque à partir du 24 février dernier et que la communication a été défaillante.


Le représentant de la Norvège a d’abord souligné l’importance que son pays attache à la réunion mentionnée dans la résolution.  Pour lui, il s’agit de se concentrer sur la manière d’obtenir l’application rapide des engagements pris.  Il a dit sa disposition de participer activement à des consultations « transparentes et à composition non limitée ». 


Le représentant du Japon s’est félicité des propos du Président de l’Assemblée sur la tenue de consultations à composition non limitée.  Il l’a assuré de la participation active de son pays avant de rappeler que l’année dernière, le Secrétaire général a voulu que les Etats Membres ne reculent pas devant les questions relatives à l’adéquation des mécanismes dont dispose l’ONU face aux défis mondiaux.  Le représentant a donc souhaité que la réunion prévue par la résolution aborde la question de la réforme des organes de l’ONU dont le Conseil de sécurité.


Le représentant de la Croatie s’est dit préoccupé par la manière dont le processus de consultation a été mené, en espérant, en conséquence, que les prochaines discussions soient transparentes et ouvertes à tous.


Le représentant du Qatar, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que les négociations qui ont présidé à ce texte ont pris presque sept mois.  C’était, a-t-il dit, le seul moyen d’impliquer toutes les délégations.  Le texte prend donc compte de toutes les préoccupations des Etats Membres, a-t-il estimé. 


QUESTION DE PALESTINE


Déclarations sur le projet de résolution A/58/L.61


M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine, a estimé que la question à l’examen est une question importante tant du point de vue légal que du point de vue politique.  A la lumière des récents évènements, il s’agit d’une confirmation nécessaire et fondamentale du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à sa souveraineté sur le territoire palestinien.  Il s’agit aussi de rejeter la prétention d’Israël à la souveraineté sur ce territoire.  Une telle confirmation de l’Assemblée générale est non seulement nécessaire mais aussi urgente compte tenu des dernières tentatives de conférer une légitimité aux visées expansionnistes d’Israël.  Cela fait longtemps maintenant, a poursuivi l’Observateur, que la partie palestinienne a pris la décision historique nécessaire à la réalisation de la paix et ce, en acceptant l’existence d’Israël et une solution fondée sur deux Etats vivant côté à côte.  Depuis lors, la poursuite du conflit est imputable au rejet par Israël de toute solution, son occupation continue et ses visées expansionnistes. 


C’est la raison pour laquelle le Gouvernement actuel poursuit l’implantation de ses colonies de peuplement et la construction du Mur, confirmant sa politique expansionniste.  C’est la raison pour laquelle Israël entend détruire l’Autorité palestinienne et continue de menacer la sécurité de son Président.  C’est la raison, a encore dit l’Observateur, pour laquelle Israël poursuit son règne de la terreur et sabote toute initiative visant à mettre fin à cette situation désastreuse.  La vraie question, c’est la terre et l’occupation militaire, a souligné l’Observateur en précisant que la restitution des 5,5 millions de dunums confisqués par Israël est un élément essentiel à tout règlement du problème des réfugiés palestiniens. 


L’Observateur a poursuivi en dénonçant une évolution « troublante et négative » sous la forme d’un échange de lettres, le 14 avril dernier, entre le Premier Ministre d’Israël et le Président des Etats-Unis.  Le contenu, a-t-il estimé, est contraire au droit international et représente une tentative de conférer de la légitimité aux colonies illégales d’Israël, de nier les droits des réfugiés palestiniens et d’affaiblir l’opposition internationale au mur expansionniste.  Le contenu de la lettre s’écarte des termes de référence du processus de paix, des résolutions des Nations Unies et des principes du droit international.  Il s’écarte aussi de la Feuille de route et de son essence qui est de parvenir à un règlement pacifique par le biais de négociations entre les deux parties et par l’abandon de toute action qui préjugerait du statut final.  Le plan d’Israël, loin de signifier un véritable retrait de Gaza, vise en réalité à l’isoler du reste du territoire palestinien occupé et de finaliser sa transformation en une prison surpeuplée de 1,2 million de Palestiniens. 


L’Observateur a posé les conditions préalables au succès de la Feuille de route.  Il a d’abord voulu que les membres du Quatuor réaffirment leur attachement à la Feuille de route.  Il a ensuite prôné un retrait réel d’Israël qui doit s’accompagner du déploiement d’une présence internationale ou d’un mécanisme de surveillance.  Comme troisième condition, l’Observateur a préconisé la cessation complète des activités liées aux colonies de peuplement et de la construction du Mur.  L’existence de ce mur rend impossible la mise en œuvre de la Feuille de route, a prévenu l’Observateur.  Il s’est donc déclaré déçu par l’issue de la réunion du Quatuor, le 4 mai dernier, qui n’a pas abordé la question. 


Le choix qui reste est celui entre la règle du droit international et les tentatives d’imposer une situation illégale.  Le choix est entre la vision des deux Etats ou l’emprisonnement du peuple palestinien dans des Bantoustans sur la moitié de leur terre.  Le choix est entre une solution juste ou une mascarade qui ne peut conduire qu’à la violence et aux souffrances.  Le peuple palestinien choisit la règle du droit et la solution des deux Etats, a conclu l’Observateur en insistant « nous choisissons la justice et la paix ».


M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie), qui a présenté le projet de résolution, au nom des 24 coauteurs, a déclaré que des changements significatifs avaient été apportés au texte depuis le début de sa rédaction, en décembre dernier. Celui-ci est désormais clair et concis, a-t-il jugé. Il cherche la réaffirmation par la communauté internationale du droit des Palestiniens à l’autodétermination et à la souveraineté sur le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est. Il ne soulève pas de questions extérieures et ne comporte pas de nouvelles exigences. Le projet de résolution demeure conforme à toutes les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité prises jusqu’à ce jour, a-t-il indiqué. Selon lui, il ne faut pas mêler les questions. Le fait, a-t-il ajouté, est qu’en 35 ans, Israël est le seul Etat au sein des Nations Unies considéré par le Conseil de sécurité comme puissance occupante.


Il a affirmé que le projet de résolution ne portait pas sur le “statut et la légitimité de revendications territoriales contestées du point de vue juridique”. La question concernant le Territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est, ne relève pas, selon lui, d’un conflit territorial ou de frontières contestées. Il s’agit d’une occupation militaire, de colonies illégales, d’une annexion illégale et de la destruction de terres, de propriétés, de cultures palestiniennes, dont des milliers d’oliviers, et du mur expansionniste illégal. Il s’agit de l’engagement en faveur de la paix, réalisé à partir d’un règlement négocié juste et global. Il s’agit, en résumé, a-t-il conclu, du  statut du Territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est, conformément aux règles et aux principes du droit international.


M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen), au nom du Groupe arabe, a dénoncé les pratiques israéliennes qui poussent la région vers une catastrophe inévitable.  Cette réunion était donc nécessaire, a-t-il dit, compte tenu de l’incapacité du Conseil de sécurité d’assumer le rôle qui est le sien.  L’Assemblée doit réaffirmer sa place en tant qu’organe porte-parole de la conscience collective et de la démocratie qui doit prévaloir sur la scène internationale.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, le Groupe arabe s’est vu obligé d’attirer l’attention de l’Assemblée sur la situation du Territoire palestinien occupé qui fait face à un certain nombre de menaces remettant en question les avancées vers le règlement du conflit.  A son tour, il a dénoncé le plan de retrait des forces d’occupation de Gaza, présenté par le Gouvernement israélien.  Pour lui, ce plan ne fait que révéler les visées expansionnistes d’Israël.  Le représentant s’est d’ailleurs interrogé sur son avenir maintenant qu’il a été rejeté par le Parti au pouvoir. 


Israël n’a eu de cesse de faire main basse sur le territoire palestinien occupé en essayant d’imposer une nouvelle réalité sur le terrain.  La tentative de passer outre la légitimité internationale n’est certainement pas la meilleure façon de garantir la sécurité dans la région.  La vérité est qu’Israël est une puissance occupante.  Les Etats arabes ont salué la Feuille de route qui, selon eux, représente le seul plan pratique jouissant d’un appui unanime, a dit le représentant.  Il a noté aussi qu’avant hier le Quatuor a appelé à l’abandon de toute action unilatérale, notamment sur la question des réfugiés.


La question de la Palestine est un défi aux efforts pour garantir la primauté du droit représentée, entre autres par les Nations Unies.  Le fait de ne pas agir avec célérité pour faire appliquer les résolutions de l’ONU ne peut que profiter à Israël.  L’ONU, a insisté le représentant, a jusqu’ici été incapable de mettre en œuvre ses propres résolutions.  Aujourd’hui, l’Assemblée générale doit déclarer son attachement au règlement pacifique prôné depuis toujours par cette Organisation.  


M. DAN GILLERMAN (Israël), rappelant l’assassinat dimanche dernier d’une mère israélienne enceinte et de ses quatre enfants âgés de 2 à 11 ans, a qualifié de “moquerie” la séance d’aujourd´hui. Le refus par les Palestiniens d’honorer leurs obligations de prendre des mesures de réforme clefs, de mettre fin à la corruption est maintenant notoire. La partie palestinienne n’a assumé aucune de ses obligations dans le cadre de la première phase de la Feuille de route, a considéré le représentant israélien. Il a souligné qu’il y a deux jours, le Quatuor avait publié une déclaration importante sur le processus de paix au Moyen-Orient réaffirmant le principe de base selon lequel aucune partie ne devait prendre “des actions unilatérales qui s’efforcent de prédéterminer des questions qui ne peuvent être résolues que par la négociation et l’accord”. L’Assemblée générale est priée d’adopter une résolution qui sape cette déclaration, a-t-il déclaré. Selon lui, ce principe est essentiel au processus de paix et fait partie de tous les accords de paix signés entre les parties, de même que les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Il a été récemment lui-même réaffirmé par Israël dans le cadre de son retrait prévu de Gaza et de parties de la Cisjordanie.


Ce plan de retrait est complètement compatible avec les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, avec la Feuille de route et avec les précédentes propositions de paix, a affirmé M. Gillerman. Selon lui, un compromis ne peut pas ignorer les liens historiques et naturels du peuple juif avec sa patrie, pas plus qu’il ne peut ignorer les revendications légitimes du peuple palestinien. Malgré ces principes clairs, l’OLP s’efforce une fois de plus de faire participer l’Assemblée générale à des questions de statut définitif. Selon lui, elle retourne à des schémas plus familiers en poussant, comme elle l’a fait pendant des décennies, à une résolution qui vise à influencer le processus de paix. Il faut, a-t-il assuré,

s’en tenir à la Feuille de route et arrêter d’appuyer des textes litigieux. Ce projet de résolution, a-t-il ajouté, ne nous offre aucune manière d’avancer. Il ne contient aucun élément clef contenu dans la déclaration du Quatuor et sape un point central du processus de paix réaffirmé par le Quatuor lui-même.


M. PAUL BADJI, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que tout accord final sur les frontières entre les deux Etats doit faire l’objet d’un accord entre les parties concernées.  Mais comme peuple, les Palestiniens ont le droit fondamental à l’autodétermination, y compris le droit d’exercer leur souveraineté sur leur propre territoire.  Cependant, a—t-il regretté, il est triste de constater que ce droit fondamental et inaliénable leur est jusqu’ici dénié.  Dénonçant la politique israélienne, le Président du Comité a souligné que l’occupation israélienne du territoire palestinien est illégale au regard du droit international.  Ne jouissant d’aucune souveraineté sur une quelconque parcelle du territoire palestinien, Israël ne peut, en conséquence, en être le représentant. 


Voilà pourquoi, s’est expliqué le Président du Comité, les pleins pouvoirs de la délégation israélienne ici aux Nations Unies ne doivent pas inclure le territoire palestinien occupé.  L’adoption du projet de résolution clarifierait la question de la légitime représentation du peuple palestinien au sein des Nations Unies et constituerait, du coup, un pas de plus vers l’exercice par le peuple palestinien de ses droits inaliénables.  En outre, l’adoption de ce texte ne devrait pas être perçue comme ayant une incidence directe sur le processus de paix en cours, sur les négociations à propos du statut final ou sur des questions comme les frontières et les réfugiés, a conclu le Président du Comité.  


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte), qui a affirmé que seul un règlement négocié permettrait de réaliser l’objectif de deux Etats indépendants vivant côte à côte dans des frontières sûres et reconnues, a souligné que la communauté internationale, telle que représentée par l’Assemblée générale, était notamment appelée aujourd’hui à réaffirmer le principe de l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force militaire. L’Assemblée générale doit défendre le peuple dont le territoire est occupé, a-t-il ajouté, de même que son droit à l’autodétermination. Le représentant s’est déclaré confiant dans le fait que la communauté internationale saura, dans ce domaine, défendre le droit international et la Charte des Nations Unies.


M. FAYSSAL MEKDAD (Syrie) a estimé que le temps est venu de mettre fin à l’arrogance d’Israël, à ses violations du droit international mais aussi à son occupation du Territoire palestinien.  Les termes de référence ne sauraient être ignorés dans l’effort collectif visant à régler la situation du peuple palestinien, a poursuivi le représentant.  Il s’est dit convaincu que la communauté internationale doit mettre fin aux politiques expansionnistes d’Israël qui continue d’avancer des prétextes fallacieux.  Les mesures israéliennes ont permis à ce pays de confisquer 42% du territoire palestinien, malgré les condamnations de la communauté internationale.  Après avoir cité les chiffres de l’UNRWA, le représentant a appelé l’ONU à mettre fin aux crimes perpétrés par Israël qui menacent de plus en plus fortement la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a conclu en appelant à une adoption unanime du projet de résolution qui, selon lui, doit être perçu comme un rejet de toute tentative d’Israël d’annexer le territoire palestinien.  Il a ajouté que les pays arabes sont déterminés à réaliser une paix durable et juste dans la région, en rappelant l’initiative de Beyrouth en 2002.


M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba), dont le pays est l’un des coauteurs du projet de résolution, a indiqué que ce texte était présenté dans un contexte où les accords et les résolutions du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale des Nations Unies n’étaient pas appliquées ou étaient ignorées avec mépris. Nous ne pouvons pas oublier l’essence de la crise au Moyen-Orient, et la question de la Palestine qui remonte à la création des Nations Unies, a-t-il estimé. Il s’agit, selon lui, de la dette de l’humanité vis-à-vis du peuple palestinien. Il est nécessaire, a-t-il assuré, de donner effet aux droits inaliénables du peuple palestinien. Les agressions contre ce peuple et d’autres pays arabes doivent cesser, a-t-il déclaré, ajoutant que les colonies devaient être démantelées et les terres remises à leurs propriétaires légitimes. La construction du mur doit non seulement être

arrêtée, mais la partie déjà construite doit être également détruite, a poursuivi le représentant cubain.  Selon lui, pour avancer, il faut notamment amener Israël à mettre fin au terrorisme d’Etat, aux exécutions extrajudiciaires, aux tortures, aux destructions de cultures, aux expropriations.  Cuba attend avec impatience le jour prochain où la Palestine sera accueillie au sein de notre organisation, comme un Etat libre et indépendant.


M. JAMES CUNNIGHAM (Etats-Unis) a indiqué que sa délégation ne pourra appuyer ce texte et expliqué cette position par le fait que le projet de résolution constitue une initiative inappropriée qui risque de compromettre les efforts de paix en cours.  Il a rappelé la clarté de la déclaration que le Quatuor a faite, il y a quelques jours en jugeant que le projet va à l’encontre de cette déclaration.  Adopter le projet constituerait une action unilatérale qui préjugerait du statut final, en affirmant le principe d’un territoire palestinien sur tout le territoire occupé.  Les progrès, a insisté le représentant, ne viendront que d’un attachement des parties à s’impliquer dans la paix.  Ni l’Assemblée ni personne ne doit préjuger du statut final, a-t-il insisté avant d’indiquer que l’échange de lettres entre le Premier Ministre israélien et le Président des Etats-Unis a réaffirmé que les parties devaient tenir des discussions directes avant le règlement de chaque question liée au statut final.


Présentation du projet révisé et explications de vote


Le représentant de la Malaisie a déclaré que les auteurs du projet de résolution avaient fait des révisions à la suite de consultations effectuées dans un souci de compromis.  Au nom des auteurs du projet de résolution, il a remercié les membres de l’Union européenne pour leur appui.


Le représentant de la Turquie a affirmé que le projet de résolution était le résultat des initiatives et des événements récents dans la région. Les négociations sur le statut final doivent être menées directement entre les Israéliens et les Palestiniens, a-t-il estimé. Les parties doivent s’abstenir de tout mouvement unilatéral susceptible de modifier la situation sur le terrain, a ajouté le représentant. Ce projet de résolution ne doit en aucun cas être considéré comme un élément préjugeant des décisions finales, a-t-il poursuivi, précisant que son pays appuyait la Feuille de route et les efforts fournis par le Quatuor.


Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que le projet de résolution de l’Assemblée générale n’était pas contradictoire avec les éléments de base de la Feuille de route. La Fédération de Russie attend des Israéliens et des Palestiniens qu’ils respectent les principes de la Feuille de route, a-t-il ajouté. Il ne fait aucun doute que toutes les meilleures résolutions risqueraient de rester lettre morte si elles n’étaient pas suivies de mesures de bonne foi, a-t-il conclu.


Le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne et des pays associés, a réaffirmé son attachement à une solution négociée menant à deux Etats vivant côte à côte.  L’Union, a-t-il dit, tient à la réalisation d’un consensus permettant la création d’un Etat palestinien stable.  Le représentant s’est dit convaincu que la Feuille de route reste la seule manière de parvenir à ce résultat.  Il a donc invité les deux parties à s’acquitter de leurs obligations, en rappelant que l’Union ne reconnaîtra aucun changement aux frontières d’avant 1967 autre que ceux qui font l’objet d’un accord.  Il a aussi noté que la question des réfugiés et celle du droit au retour relèvent des négociations sur le statut final.  Un accord permanent sur ce statut doit contenir une solution juste, équitable et réaliste, a-t-il précisé.  Les questions relatives au statut final doivent faire l’objet d’un accord entre les parties.  Les résolutions pertinentes du Conseil, a poursuivi le représentant, établissent la base d’un règlement juste et durable du conflit.  Le représentant s’est donc félicité des perspectives de retrait israélien de Gaza, étape importante à condition qu’elle soit effectuée conformément à certaines conditions. 


Le représentant a souhaité que la communauté internationale participe au retrait ordonné proposé par Israël afin de permettre la sécurité et la reconstruction du territoire palestinien.  L’Union européenne, a-t-il dit, est disposée à appuyer l’Autorité palestinienne dans le domaine de l’ordre public et à répondre aux besoins du peuple palestinien.  Il est nécessaire, a-t-il prévenu, d’éviter un vide juridique pendant la période intérimaire entre aujourd’hui et le retrait.  Le représentant a appelé à la fin de la violence, à la conclusion d’un cessez-le-feu entre toutes les parties et à la reprise du processus de paix.  Une paix juste, durable et globale doit répondre aux intérêts des Palestiniens et des Israéliens et doit inclure le Liban et la Syrie.  Le représentant s’est encore félicité du résultat de la Réunion du Quatuor et continuera à travailler au sein de cette instance. 


Le représentant du Pérou a affirmé que son pays, qui soutient la Feuille de route et espère la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien de même qu’un règlement qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre côte à côte dans des Etats ayant des frontières sûres et reconnues, s’abstiendrait lors du vote. Il a souligné que le texte du projet de résolution n’avait pas été distribué dans toutes les langues. D’une manière générale, nous devons réagir très rapidement devant un texte qui n’a pas été négocié de manière transparente, a-t-il dit, précisant toutefois que le Pérou n’avait pas l’intention de paralyser un processus de cette importance.


Le représentant de l’Equateur a encouragé la recherche d’une solution pacifique et négociée fondée sur les résolutions pertinentes du Conseil.  La solution doit tenir compte des intérêts des deux peuples, a-t-il dit avant de reconnaître le droit d’Israël de vivre en paix et celui du peuple palestinien à construire son propre Etat.  Mon pays, a-t-il conclu, continuera d’appuyer tous les efforts des Nations Unies. 


Le représentant du Canada a regretté que l’Assemblée générale ait été amenée à voter une nouvelle fois une résolution sur cette question. Selon lui, la communauté internationale peut fournir un appui essentiel aux efforts fournis par les parties. Un règlement sur le statut final suppose qu’il existe une solution négociée entre les deux parties, a-t-il estimé.


Le représentant du Japon a souhaité que l’on aboutisse à un accord de paix conformément à la Feuille de route.


Le représentant d’Israël a qualifié le texte de « futile » et expliqué que sa délégation y était opposée précisément en raison de son attachement à la vision de deux Etats.  Cette résolution, a-t-il dit, ignore un grand nombre d’éléments et se fonde sur des motifs fallacieux.  Elle préjuge, en effet, du résultat des négociations, s’écarte de la déclaration du Quatuor et viole les principes fondamentaux du processus de paix qui veut que l’on évite de préjuger des résultats des négociations sur le statut final.  Comment l’Assemblée peut-elle énoncer des dispositions de ce type et affirmer des droits? s’est interrogé le représentant en notant une contradiction très claire entre la résolution et la déclaration du Quatuor. 


La ligne de 1949 n’a jamais reflété l’ordre établi, a-t-il poursuivi en rappelant que les frontières sûres et défendables doivent être négociées entre les deux parties.  La résolution envoie un signe regrettable aux Palestiniens sur le fait que le refus d’assumer ses responsabilités n’a aucun impact sur cette Assemblée.  Tant qu’elle refusera de s’attaquer aux véritables problèmes, l’Assemblée ne pourra que compromettre le processus de paix qu’elle prétend promouvoir.  Ne prétendons pas que l’analyse n’est pas biaisée, a-t-il ajouté.  Il s’agit d’une résolution raciste qui condamne les accords de paix.  Il aurait fallu, pour prouver le contraire, se concentrer sur les principes fondamentaux et condamner la complicité de l’Autorité palestinienne et des autres Etats arabes dans le meurtre de civils.  Il faut parler des droits de l’homme des Palestiniens mais aussi de ceux des Israéliens. 


L’Autorité palestinienne ferait mieux de s’occuper du bien-être de son peuple au lieu d’utiliser l’argent des donateurs à ses propres fins.  Arrêtons, a encore dit le représentant, de penser que l’occupation est la seule raison de ce conflit puisque Yasser Arafat rejette la solution de deux Etats et continue ses campagnes terroristes.  Le message est clair : l’on continue de rejeter le droit du peule juif à l’autodétermination dans sa mère patrie et à des relations pacifiques avec ses voisins palestiniens.  La résolution, a conclu le représentant, est le contraire d’un appel aux négociations puisqu’elle ignore le droit d’Israël et consacre le monopole de ceux des Palestiniens.  C’est là la recette même de l’échec, a-t-il ajouté avant de manifester l’adhésion de son pays à la Feuille de route.  Les Palestiniens sont-ils prêts à affirmer les droits du peuple juif?  Sont-ils prêts à éduquer les peuples de la région à ces droits?  Entendra-t-on un jour de la bouche de l’Observateur de la Palestine le mot réconciliation? s’est encore demandé le représentant. 


Le représentant de l’Uruguay a estimé que cette résolution ne préjugeait en rien du résultat des négociations de paix au Moyen-Orient. L’Assemblée générale, par cette résolution, encourage les deux parties à assumer toutes leurs responsabilités de bonne foi. Il a néanmoins déploré le fait que le texte définitif n’ait été distribué que quelques heures avant le vote. Cette procédure est discriminatoire à l’égard de certaines délégations qui se sentent ainsi exclues des négociations, a-t-il considéré.


Le représentant du Guatemala a indiqué que son pays s’était abstenu car, malgré les amendements constructifs introduits dans la version originale du texte, les questions énoncées devraient être traitées dans le cadre des négociations sur le statut final entre les parties.


L’Observateur de la Palestine a souligné l’importance de la résolution qui réaffirme des éléments clefs.  Les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il dit, ne sont pas négociables pas plus que la question de l’existence d’Israël.  La seule chose négociable, ce sont les conditions qui permettront aux deux Etats de vivre côte à côte.  Refusant de réagir aux propos du représentant d’Israël, il a estimé que le problème ne vient pas de la communauté internationale mais bien des décisions prises par Israël à l’égard du peuple palestinien.  L’Assemblée ne peut être contre Israël puisqu’elle a elle-même adopté la résolution qui a présidé à la création de l’Etat juif, a rappelé l’Observateur.  Il faut, a-t-il dit, savoir respecter la volonté de la communauté internationale.  L’objectif n’est pas d’isoler Israël et les Etats-Unis mais bien d’arriver à une position unifiée permettant une paix permanente au Moyen-Orient. 


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