Nous concluons cette série d'articles consacrée aux assistants d'équipe avec un entretien avec Shna, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Iraq, qui partage son parcours au sein d'OCHA, les liens tissés lors de missions de déploiement rapide et son chagrin de voir le bureau iraquien au bord de la fermeture dans un contexte d'instabilité régionale.
Quand avez-vous débuté votre carrière avec OCHA ?
Avant de rejoindre OCHA, j'étais au Service de la lutte antimines en Iraq. C'était un travail enrichissant qui m'a fait découvrir le monde humanitaire. Mais après deux ans, je me sentais prête à relever un nouveau défi, un défi qui allait me permettre de m'épanouir.
J'ai commencé à OCHA en avril 2022. Il y avait quelque chose avec les gens et la mission : j'avais un sentiment d'appartenance. Je croyais que Dieu m'avait placée là pour une raison.
Quelques mois plus tard, le 5 août, j'étais déployée en Ukraine pour une mission de déploiement rapide. Ce fut un véritable tourbillon. J'ai passé trois mois et demi entre Lviv et Kiev, l'une des expériences les plus intenses de ma vie. C'était à la fois terrifiant et exaltant.
Le chemin avec OCHA a été semé d'embûches, tant sur le plan pratique qu'émotionnel. Vivre dans un pays déchiré par la guerre implique une insécurité constante et des ressources limitées. Mais je n'ai pas laissé cela définir mon avenir. J'ai saisi toutes les occasions d'apprendre, suivi un master en gestion et développement des ressources humaines à l'Université de Salford, et me voilà aujourd'hui.
Quel est l'aspect le plus difficile de votre travail ?
La gestion des dossiers de séparation. L'Iraq a connu une importante réduction d'effectifs, et aider ses collègues à traverser cette période est émotionnellement épuisant. Il faut faire preuve de calme, d'empathie et de respect. Ce sont des personnes qui sont arrivées pleines d'espoir et qui font maintenant face à des fins inattendues.
Le bureau d'OCHA en Iraq va fermer. Qu'en pensez-vous ?
C'est déchirant. Je comprends les raisons stratégiques – financement, changements de priorités – mais la réalité sur le terrain est toute autre. Tant de personnes ont encore besoin de nous.
Personnellement, OCHA a été plus qu'un employeur. C'est là que j'ai grandi et que je me suis sentie véritablement valorisée. Maintenant, je m’accroche aux leçons : l’appartenance peut se trouver dans des endroits inattendus, le leadership est une question de gentillesse, et même dans le changement, nous pouvons choisir le courage et la compassion.