Giles Duley, photographe documentaire et blessé par un engin explosif improvisé, était l’orateur principal du symposium sur la lutte antimines qui s’est tenu le 4 avril 2022 à New York. Il partage son histoire.
« Je m'appelle Giles Duley, je suis photographe documentaire et Président de l'ONG Legacy of War Foundation. Alors que nous célébrons la Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines et l'assistance à la lutte antimines et le lancement de notre exposition conjointe au siège des Nations Unies à New York, je veux saisir cette opportunité pour raconter les histoires qui m'ont le plus marqué dans mon travail documentant l'impact dévastateur des mines terrestres et des engins non explosés (ENE) dans le monde.
En 2011, j'ai été blessé par un engin explosif improvisé (EEI) alors que je travaillais comme photographe en Afghanistan. C'était un accident qui a changé ma vie et qui a nécessité un an d'hospitalisation, plus de trente opérations, suivi par des mois de rééducation. Lorsque j'ai pu retourner au travail, je savais que le premier endroit que je voulais visiter était l'Afghanistan. Il était important pour moi de raconter les histoires de civils qui souffraient du même type de blessures que moi.
Cette photo d'Ataqullah, 8 ans, a été prise en 2012 au centre d'appareillage orthopédique du CICR à Kaboul. Ataqullah était là pour se faire ajuster sa nouvelle jambe et essayer une prothèse de bras pour la première fois. Un peu plus d'un an auparavant, alors qu'il se rendait à l'école, il avait marché sur une mine terrestre. Son frère et son neveu ont été les premiers à le trouver et l'ont conduit à son père qui a ensuite conduit huit heures pour l’amener à l'hôpital de Kaboul. Il n'a jamais perdu connaissance pendant le trajet.
Ses blessures étaient si similaires aux miennes (je suis un triple amputé), et je me souviens avoir pensé à la douleur que je ressens encore physiquement et émotionnellement. Pourquoi un jeune garçon devrait-il subir cette souffrance chacun jour simplement parce qu'il se rendait à l'école à pied ?
Quand quelqu'un me demande pourquoi je suis retourné en Afghanistan et pourquoi je continue à faire ce travail, je fais référence à cette photo. Qui est mieux placé que moi pour raconter ces histoires ? Je comprends la douleur, le processus de rétablissement, la vie de stigmatisation et de défis ; et si mon travail signifie qu'il y a moins de victimes de mines terrestres dans le monde, alors le sacrifice en aura valu la peine.
Nous devons continuer à nous battre et à faire campagne pour que des enfants comme Ataqullah aient le droit à un foyer sûr. »
Au cours de la semaine du 4 avril, le siège des Nations Unies à New York et les programmes de lutte antimines du monde entier organiseront des événements de sensibilisation.