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La voie du pouvoir souple

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La Biographie
Michel Rocard, coprésident du nouveau Collegium international éthique, politique et scientifique et Président du conseil d'administration de l'Association du Collegium (www.collegium-International.org), a été Premier ministre de France et est actuellement le président de la Commission des affaires culturelles et de l'information du Parlement européen.

Voici des extraits de sa conversation téléphonique avec Russell Taylor de la Chronique ONU

Article
Quels sont les objectifs de l'Association du Collegium international éthique, politique et scientifique ?

L'initiative a été proposée à New York en février 2002 par un groupe d'hommes d'État et d'universitaires inspirés par le leadership intellectuel et moral du Président de Slovénie, Milan Kucan, et par les aspirations formulées dans le message du millénaire du Secrétaire général, Kofi Annan. Nous sommes tous profondément concernés par la détérioration de la planète, la perte de l'équilibre écologique, le déboisement et les changements climatiques, qui affectent profondément nos vies, ainsi que par le manque de remèdes efficaces pour faire face aux épidémies, telles que le sida et le paludisme. Nous avons ressenti le besoin de surmonter les scandaleuses différences d'accès des membres de la famille humaine aux biens publics de base qui engendrent de nouvelles formes de violence, de guerres et de terrorisme. De toute évidence, un nouvel effort est nécessaire pour améliorer la qualité de la gouvernance mondiale, effort qui peut être entrepris par un corps collectif composé de philosophes, d'économistes, de sociologues et de biologistes, ainsi que par des chefs de gouvernement, anciens et actuels, qui ont fait preuve d'une grande efficacité démocratique et dont les efforts imposent le respect.

Ainsi constitué, le Collegium a pour objectif de relever des défis spécifiques et de proposer des recommandations ou des conseils sur les actions à entreprendre pour améliorer la gouvernance mondiale. Notre appel a déjà été signé par une soixantaine de personnalités venant de toutes les parties du monde qui partagent la conviction que le Collegium peut contribuer à forger une nouvelle vision ambitieuse de l'avenir. Comme vous pouvez le voir, il s'agit d'une voie de " pouvoir souple " plutôt que de " pouvoir dur ". Les recommandations présentées par le Collegium ne seront contraignantes pour personne.

La mondialisation est une réalité. Que ce soit en matière d'économie, de réglementations financières mondiales ou d'environnement, il est absurde de s'opposer à la mondialisation. Elle est ancrée dans nos sociétés. Mais le problème est de faire en sorte qu'elle réponde aux besoins de base et aux droits des citoyens du monde. Ce sera l'un des principaux objectifs que le Collegium poursuivra, transformer l'indépendance mondiale en un instrument visant au bien-être de l'humanité, non pas à la domination des riches et des puissants.

Comment envisagez-vous les relations entre le Collegium et l'ONU ?

Le Secrétaire général sera informé en premier lieu, mais pas exclusivement, des recommandations du Collegium. En retour, le Collegium devrait être en mesure de répondre aux questions formulées par l'ONU, telles que les mesures nécessaires pour réduire l'épidémie de sida, contrôler les changements climatiques et indiquer les mesures urgentes à prendre dans ses domaines. En fait, nous espérons que l'autorité légitime et morale du Collegium incitera le Secrétaire général à nous demander de formuler des recommandations ad hoc.

En juin, j'ai parlé de cette initiative avec M. Annan et je lui ai demandé son avis. Il y était favorable et partageait notre conviction, exprimée initialement par le Président Kucan, que la réunion d'hommes d'État et d'intellectuels pouvait être un atout pour promouvoir une meilleure qualité de gouvernance mondiale.

Les membres du Collegium, tous des personnalités éminentes, ont été choisis lors d'une réunion qui s'est tenue en octobre en Slovénie. Quels ont été les résultats ?

Le résultat principal a été le projet d'une Déclaration d'interdépendance soulignant la nécessité de passer de l'interdépendance en tant que fait à l'interdépendance en tant que but à atteindre au cours du siècle, à savoir une interdépendance des droits et des besoins de tous les habitants de notre planète. Une fois qu'elle sera acceptée par tous les membres du Collegium, nous avons l'intention d'en faire la promotion, ce qui devrait avoir lieu le 26 février 2003 au siège de l'ONU, à New York. Ensuite, le Collegium se réunira le 2 avril à Bruxelles, au siège de l'Union européenne, puis le 1er juin à Genève, à l'occasion de la prochaine session du Sommet du G8 qui se tiendra en France.

C'est un programme très ambitieux.

Et dont on a grand besoin. Nous ne sommes pas trop optimistes quant aux réformes formelles de l'ONU. Nous pensons qu'il faudra du temps pour que le Conseil de sécurité soit plus efficace, que les États membres ne bloquent plus les décisions en utilisant leur droit de veto et que le Conseil économique et social soit doté d'une plus grande autorité. Mais il ne faut pas perdre de temps. Il faut se mettre au travail. Avant de disposer de mandats et de décisions institutionnelles formelles, une voix doit se faire entendre, établissant une autorité éthique fondée sur la conviction de tous les membres du Collegium qu'il est nécessaire de sauver notre planète et l'humanité.
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