UN Chronicle Online

Deux millions de nouveaux cas par an
La lutte d'un vétérinaire contre la leishmaniose
Par Inayatullah H. Kathio

Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Article
Masse focale de formes amastigotes de leishmanies mises en évidence par la coloration Giemsa.
Bien que les nations du monde se soient unies, il y a plus de cinquante ans, le rythme auquel la technologie est transmise est encore bien trop lent. Aujourd'hui, un mot peut être entendu de tous par l'intermédiaire des satellites, alors qu'une simple maladie parasitaire demeure non traitée dans la plupart des régions du monde. La population mondiale augmente, comme la pauvreté et la leishmaniose, une maladie mortelle défigurante, qui affecte l'homme et le chien et se transmet par les piqûres de phlébotomes hématophages (phlébotomies, diptères).

Selon le Journal of Clinical Microbiology(mai 2002), 2 millions de nouveaux cas humains apparaissent chaque année et au moins 350 millions de personnes sont exposées au risque d'infection causé par le parasite leishmania. De nos jours, les vétérinaires non seulement traitent les maladies animales mais aussi les détectent et alertent les autorités sanitaires afin de sauver les vies animales et humaines. La rage, la tuberculose, l'Echerischia coli (E. coli) et la leishmaniose sont des maladies courantes qui, une fois diagnostiquées par les vétérinaires, sont portées à l'attention des autorités sanitaires.

Existant depuis des centaines d'années, la leishmaniose affecte encore de nombreux enfants dans le monde, particulièrement au Pakistan. J'ai informé les professionnels de la santé qu'il existait toujours un réservoir important de la maladie chez les chiens, les chats, les rongeurs et les écureuils fouisseurs. Cependant, trop peu d'attention a été accordée à cette maladie, spécialement dans les régions retirées de Sindh, au Pakistan, où les gens sont victimes d'une pauvreté chronique. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a nommé un groupe de personnes chargées de traiter les victimes de leishmaniose, dont le nombre déjà important ne cesse de croître. Dans certains cas, la maladie évolue spontanément vers la guérison mais laisse des séquelles inesthétiques sur le visage et les membres. Un grand nombre de victimes continuent de vivre dans des régions pourvues de routes en terre et dans des logements sans eau ni électricité. De nombreux organismes internationaux et organisations non gouvernementales luttent contre cette maladie.

Dans une petite ville du Pakistan, ce chien est couché sur de la paille de canne à sucre pour assurer son confort. L'oreille révèle une peladora dermatitis et une infection secondaire.
Dans les villages, les chiens ne sont pas des animaux de compagnie mais servent à garder le bétail, la propriété ou à signaler l'intrusion d'un étranger. Au Pakistan, la majorité des chiens se nourrissent de détritus, d'os et de restes trouvés dans les poubelles. Cependant, aucune donnée ou aucun rapport n'est disponible concernant la prévalence de la leishmaniose chez les chiens errants. J'ai récemment recensé dix chiens infectés par la leishmaniose cutanée. Dans certains cas, ils souffraient également de complications secondaires de lymphodénopathie, d'ulcération et d'infection cutanée. Il a également été mis en évidence que dans les familles où les chiens étaient infectés, les enfants souffraient également de la maladie. Un pathologiste diplômé américain, a confirmé que les lésions dont étaient atteints ces enfants étaient causées par la leishmaniose.

La masse corporelle des chiens et des chats étant plus importante que celle des rongeurs et des écureuils, ils représentent des cibles faciles pour les phlébotomes et, une fois infectés, ils transmettent la maladie aux enfants. Ni le Pakistan, ni les pays en développement ne fabriquent de médicament efficace. Les médicaments sont donc importés d'Europe, par le biais de l'OMS, lorsque cela est possible. Avec l'aide du gouvernement pakistanais, malgré son instabilité financière, les vétérinaires sont en mesure de minimiser la maladie par la mise en place de programmes de stérilisation des chats et des chiens. J'ai ouvert trois hôpitaux dans le pays qui offrent de stériliser gratuitement ces animaux.

Peu de personnes sont capables de s'offrir des médicaments importés d'Europe, et le nombre restreint de celles qui se soignent prennent des médicaments inefficaces, tels que la métronidazole (médicament antiparasitaire). Les enfants continuent donc d'être les victimes de cette maladie dévastatrice. En tant que vétérinaires, nous ne pouvons minimiser les zoonoses qu'en réduisant la population d'animaux par la mise en place de programmes de stérilisation. Les pays en développement devraient bénéficier du soutien de l'OMS, de l'ONU et des autres organisations internationales afin de fabriquer des médicaments qui seraient subventionnés par le gouvernement et distribués aux pauvres.

Lésions de leishmaniose cutanée zoonotique sur la cheville d'un enfant de deux ans au Pakistan.
Même enfant que sur la photo 1 dont le chien a été diagnostiqué comme étant atteint de leishmaniose cutanée.
Jeune garçon atteint d'une lésion cutanée destructive sur le nez due à la leishmaniose cutanée.
Masse défigurante sur le nez due à la leishmaniose cutanée.
La Biographie
Le docteur Inayatullah H. Kathio, qui travaille au Pittson Animal Hospital et au WilkesBarre Animal Hospital (Pennsylvanie, aux États-Unis), est membre de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et responsable de recherche. Il a créé trois centres vétérinaires au Pakistan, qui fournissent des services gratuits.
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut