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Le fleuve de l’espoir et des promesses
Par Mahmoud Abu Zeid

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Le Nil est l’un des plus grands fleuves du monde. Pendant des millénaires, ce cours d’eau unique a irrigué des plaines fertiles et alimenté une variété d’écosystèmes ainsi qu’une riche diversité de cultures. Son bassin est composé d’une variété de paysages - hautes montagnes, forêts tropicales, régions boisées, lacs, savanes, terres humides, terres arides et déserts - qui se termine en un gigantesque delta sur la mer Méditerranée. Cette région possède un patrimoine culturel riche tel que le lac Victoria (la deuxième surface d’eau douce au monde par sa superficie) et les vastes terres humides du Sud. Parmi les 300 millions d’habitants qui vivent dans les dix pays qui bordent le Nil, environ 160 millions sont installés autour du bassin.

Généralement, les fleuves, leurs écosystèmes et la diversité biologique offrent un soutien vital à une large proportion de la population mondiale. Une gestion inadéquate des ressources en sol et en eau de nombreux bassins fluviaux ont engendré des inondations, une pénurie d’eau, la pollution et une perte de la biodiversité. Malgré l’extraordinaire richesse naturelle et culturelle du bassin du Nil, sa population fait face à d’importants défis. De nos jours, la région est marquée par la pauvreté, l’instabilité, une croissance démographique rapide et la détérioration de l’environnement. Quatre des pays riverains figurent parmi les dix pays les plus pauvres du monde, leur revenu annuel par habitant se situant entre 100 et 200 dollars. Selon les estimations, la population devrait doubler au cours des 25 prochaines années, ce qui imposera des contraintes supplémentaires sur les ressources naturelles. Il est intéressant de noter que seul le bassin du Danube est partagé par un plus grand nombre de pays, la nature transfrontalière du fleuve posant des défis complexes. Cependant, le Nil offre d’importantes opportunités de développement bénéfiques pour tous qui pourraient améliorer la production alimentaire, les ressources énergétiques disponibles, les transports, le développement industriel, la préservation de l’environnement et autres activités de développement dans la région.

Le rapport de 1995 du Groupe intergouvernemental d’experts pour l’étude du changement climatique notait que les interventions de l’homme dans la biosphère auront des conséquences considérables sur le climat de la terre au cours des 100 prochaines années, notamment sur la santé, l’agriculture, les forêts, les régions côtières, les espèces ainsi que sur les espaces naturels et que, de ce fait, la distribution et la qualité des ressources en eau dans le monde s’en trouveront affectées.

L’un des premiers projets régionaux dans le bassin du Nil fut Hydromet, lancé en 1967 avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement, puis le Comité de coopération technique pour la promotion du développement et la protection de l’environnement du Nil, créé en 1993 afin d’élaborer un ordre du jour du développement.

En 1993 également, la première des dix conférences consacrées au Nil 2002 avait lieu avec le soutien du Canada. En 1998, reconnaissant qu’un développement coopératif était la solution qui s’imposait dans l’intérêt de tous, les pays riverains, à l’exception de l’Érythrée, se sont réunis pour débattre de la création d’un partenariat régional qui faciliterait le développement et la gestion durables des eaux du fleuve. Le mécanisme de transition a été officiellement lancé en février 1999.

La vision commune de l’Initiative pour le bassin du Nil (IBN) est “de promouvoir un développement socio-économique durable par une utilisation équitable des eaux du bassin du Nil et une juste répartition des avantages de cette ressource commune.” Pour mettre en pratique cette vision, les pays riverains ont développé un programme d’action stratégique qui s’articule sur deux idées complémentaires : une vision commune et une action commune sur le terrain. Ces deux idées se renforcent mutuellement. Une vision commune fournit un cadre aux activités sur le terrain et, à leur tour, ces activités réalisent la vision. Deux programmes complémentaires ont été proposés : le Programme de vision commune (PVC) qui permettra de créer un “environnement favorable” pour une action coopérative en établissant un climat de confiance et un savoir-faire, et les Programmes de mesures subsidiaires (SAP), qui permettront de planifier et de mettre en œuvre un plan d’action sur le terrain à la base, tenant ainsi compte des avantages et des effets que ces activités auront sur les autres pays riverains.

La première réunion du Consortium international de coopération sur le Nil, qui a eu lieu en juin 2001, a été consacrée à l’établissement de partenariats dont le but est d’atteindre un développement durable et une gestion efficace des eaux du fleuve qui seront bénéfiques à tous. Cette rencontre, qui marque une étape majeure pour l’IBN, a regroupé pour la première fois les Ministres et les hauts responsables des États du bassin du Nil ainsi qu’un grand nombre de donateurs bilatéraux et multilatéraux et d’autres parties intéressés, telles que la société civile, les organisations professionnelles, les médias et les organisations non gouvernementales. Elle a été également permis de réunir et de coordonner des fonds. Première mesure : environ 140 millions de dollars ont été collectés pour soutenir les programmes SVP et SAP. Vénéré depuis des millénaires, le Nil est vraiment le “fleuve de la vie”. Les engagements régionaux et internationaux actuels pour un développement durable dans le bassin font naître l’espoir et la promesse d’un avenir meilleur et plus prospère sur le Nil.

M. Mahmoud Abu Zeid est Ministre égyptien des ressources en eau et de l’irrigation et Président du Conseil mondial de l’eau. Il a participé au Consortium international de coopération sur le Nil, qui s’est réuni à Genève en juin 2001.



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