Chronique ONU | Edition en ligne


Actualités/Système:
La faim et la pauvreté

Par Annette Ifill
Accueil
Dans ce numéro
Archives
Abonnez-vous
Vos réactions

En 2000, les nations les plus pauvres du monde ont été à plusieurs reprises touchées à la fois par les catastrophes naturelles et par celles causées par les hommes. Ces deux situations d’urgence combinées ont non seulement eu des conséquences dramatiques pour les plus pauvres mais ont, trop souvent aussi, empêché les secours humanitaires d’avoir accès à ceux qui avaient le plus besoin d’aide.

Selon le Rapport annuel 2000 du Programme mondial de l’alimentation (PMA), les situations d’urgence nécessitant l’assistance du Programme ont augmenté, représentant presque la moitié des dépenses totales et de celles de la communauté internationale. De 1997 à 2000, le nombre de victimes de la sécheresse auxquelles le PAM a porté secours a plus que quadruplé et les événements qui sont survenus l’année dernière ont prouvé que l’aide internationale pouvait améliorer la situation lorsque les ressources étaient fournies à temps. Le Programme a reçu 1,75 milliard de dollars et assuré l’acheminement de 3,7 millions de tonnes de nourriture dans le monde, dont 117 000 tonnes venant des donateurs. Les victimes sont souvent les femmes, les enfants et les plus démunis - ceux qui sont le moins aptes à se prendre en charge.

Photo FAO/A. Proto

Le PMA, avec d’autres institutions de l’ONU et des organisations non gouvernementales (ONG), a montré que des secours d’urgence de grande ampleur pouvaient éviter la famine et sauver des millions de vie. Plusieurs années de pluies insuffisantes et de mauvaises récoltes ont causé une sécheresse grave dans la Corne de l’Afrique. La migration et les mouvements de populations entre les frontières, à la recherche de nouveaux pâturages, de meilleures conditions de vie et une aide extérieure, ont épuisé davantage les ressources. Catherine Bertini, Directrice exécutive du PMA et envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, a contribué à alerter la communauté internationale et à mobiliser d’importantes ressources afin de répondre aux besoins alimentaires et autres. En quelques mois, les secours de l’ONU ont permis de contrôler la situation dans cette région.

Les opérations de secours d’urgence du PMA ont permis de nourrir 180 000 personnes victimes de la sécheresse au Nicaragua et au Honduras, et participent actuellement à la reconstruction et au réaménagement de la région. Lorsque, en février 2000, le Mozambique a été victime des inondations les plus dévastatrices de l’histoire, des opérations de recherche menées par hélicoptère ont secouru des personnes réfugiées dans les arbres et des milliers de personnes bloquées sur des îles, privées d’eau et de nourriture. Le Programme a fourni une aide alimentaire d’urgence à 700 000 victimes des inondations au Cambodge, dans la République démocratique lao et au Viet Nam; il a apporté des secours à 900 000 pauvres, victimes des inondations au Bangladesh. Il a contribué au rétablissement de l’infrastructure locale endommagée par les inondations par la mise en place de programmes de “travail contre nourriture”.

Le PMA a fourni une aide alimentaire aux réfugiés et aux personnes déplacées dans les pays touchés par les conflits et l’instabilité : Afghanistan, territoire palestinien, Angola, région des Grands Lacs (Burundi, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, République unie de Tanzanie, Ouganda), Guinée, Sierra Leone, Soudan, Éthiopie et Érythrée, nord du Caucase, Tchétchénie, Balkans et Colombie.

La réputation du Programme à assurer l’acheminement de vivres dans les régions les plus éloignées du monde a été testée au Népal : le PMA a réussi à acheminer de la nourriture dans les régions montagneuses du Nord extrêmement difficiles d’accès, soit une distance de 1 300 km par l’autoroute qui relie Katmandou (la capitale, située au sud du Népa) à la Chine pour atteindre Humla dans le nord du Népal. En outre, ses projets “nourriture contre travail”, répartis sur cinq ans, ont aidé plus d’un million de Népalais à sortir de la pauvreté.

Photo HCR
Le déminage et les campagnes de sensibilisation sur les mines ont également été intégrés aux programmes d’urgence afin d’assurer le retour sans risque des personnes déplacées, le PMA offrant ses sites de distribution de vivres pour l’organisation des activités de sensibilisation sur les mines. C’est le cas de l’Éthiopie.

En reconnaissant que le VIH/sida est à la fois une cause et une conséquence de l’insécurité alimentaire, le Programme a examiné, en 2000, les effets dévastateurs de la pandémie, à aidé les familles dont la sécurité alimentaire a été compromise par la maladie et a apporté son soutien aux activités de prévention.

Si, d’ici à 2015, nous voulons réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées - l’objectif fixé lors du Sommet mondial de l’alimentation et réitéré dans le Rapport du millénaire - nous devons accroître nos efforts et inclure toutes les personnes, est-il précisé dans le Rapport. La capacité du Programme à répondre aux besoins des pauvres dépend de sa portée mondiale, de sa présence par le biais des projets de développement, de son expertise logistique et du dévouement de son personnel qui travaille souvent dans des conditions difficiles et dangereuses.

Dans un avant-propos commun, le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et le Directeur général du FAO, Jacques Diouf, ont demandé de se pencher davantage sur le lien qui existe entre la faim et la pauvreté : “La faim est engendrée par la pauvreté mais elle maintient aussi les populations dans la pauvreté. Actuellement, le PMA s’emploie à sensibiliser l’attention de la communauté internationale sur la nécessité d’inclure les questions de sécurité alimentaire au cœur des programmes d’éradication de la pauvreté”.



Résumé : l’aide alimentaire dans 83 pays aux groupes les plus vulnérables

  • 36 millions de victimes de catastrophes naturelles
  • 7 millions de victimes des guerres et des conflits civils
  • 18 millions de personnes ont bénéficié des opérations de secours et de rapatriement prolongées
  • 22 millions de personnes ont participé aux programmes de développement
Distribution d’environ 3,7 millions de tonnes de vivres
  • 649 000 tonnes pour les projets de développement
  • 1,958 million de tonnes pour les opérations d’urgence
  • 936 000 tonnes pour les opérations de secours et de rapatriement prolongées
  • 117 000 tonnes pour les opérations bilatérales
Dépenses opérationnelles de l’ordre de 1,49 milliard de dollars
  • 14 % pour les activités liées au développement
  • 86 % pour les activités de secours
  • 91 % pour le développement des pays à faible revenu et à déficit vivrier, y compris les pays les moins avancés
  • 50 % pour le développement de ces pays
Contributions de l’ordre de 1,75 milliard de dollars
  • 226 millions de dollars consacrés au développement
  • 1,07 milliard de dollars consacrés aux opérations d’urgence (y compris le Compte de réponse immédiate et les Opérations spéciales)
  • Octroi de 381 millions de dollars aux opérations de secours prolongées
  • 70 millions de dollars pour d’autres opérations
Activités opérationnelles
  • 189 activités de développement dans 59 pays (215,2 millions de dollars)
  • 185 opérations d’urgence dans 64 pays (778,7 millions de dollars)
  • 93 PRROs in 39 countries ($424.9 million)
93 opérations de secours prolongées dans 39 pays (424,9 millions de dollars) 97 nouvelles activités opérationnelles prévues dont
  • Deux nouveaux programmes, estimés à 227,5 millions de dollars, fournissant 835 383 tonnes de vivres
Le point sur : la RDC
Le 31 juillet 2001, une péniche affrétée par le PMA, transportant suffisamment de vivres pour nourrir 32 000 personnes, a descendu le fleuve Congo pour venir en aide aux dizaines de milliers de personnes vivant près de la zone de guerre, dans la province de la République démocratique du Congo située au nord-ouest de l’équateur. La péniche, accompagnée du “Boat for Peace”, qui transportait 650 tonnes de vivres, de médicaments et de céréales destinées à la ville de Mogalo, était escortée par les casques bleus de l’ONU. Le PMA a rapporté que les habitants “n’avaient plus de vivres et qu’il ne restait plus rien dans leurs villes et dans leurs villages.” Tout avait été pillé, brûlé et détruit. Ces vivres sont d’une nécessité vitale.”
  Le point sur : El Salvador
Suite à la sécheresse qui a sévi au Salvador, les agriculteurs ont perdu l’ensemble de leurs récoltes et leurs réserves alimentaires sont presque épuisées. Quelque 80 % des récoltes de céréales ont été perdues dans quatre régions. Un grand nombre d’agriculteurs avaient déjà subi des pertes en 1998, lors de l’ouragan Mitch qui avait détruit les réserves alimentaires. Craignant une troisième catastrophe, ils ont été donc peu enclins à acheter des graines pour la prochaine récolte. “Ils font face à un dilemme. Soit ils vendent leurs biens comme les poulets et les vaches pour acheter des graines, soit ils conservent leurs dernières sources d’alimentation et n’auront pas de graines à planter”.
  Le point sur : l’Angola
Le 7 septembre, le PMA a rapporté qu’au moins un million d’Angolais pourraient faire face à une situation dramatique dans les mois à venir à moins que les donateurs s’engagent à augmenter l’aide alimentaire. Environ un million de personnes déplacées par la guerre dépendent des vivres fournis par l’organisation de l’ONU. La guerre civile, qui oppose depuis 25 ans le gouvernement et les rebelles de l’UNITA, a causé le déplacement de 2,5 millions de personnes dans le pays. Les raids fréquents, menés contre les fermes et les villages, ont forcé les habitants à abandonner leurs terres et à trouver refuge dans les grandes villes, plus sûres, où les organisations d’aide humanitaire peuvent fonctionner.
  Le point sur : le Liberia
Des vivres ont été fournis à plus de 300 000 Libériens déplacés dans leur pays, ayant fui pour échapper à la guerre civile, où ils ont vécu dans des bâtiments ou des entrepôts en partie détruits, ou même sans aucun abri. Dans les zones directement touchées par les incursions de groupes armés, les organisations humanitaires sont incapables de surveiller la distribution des articles de secours et de s’assurer qu’ils ne sont pas détournés par les combattants. Les rations distribuées par le PMA sont vitales pour sauver des vies.



Accueil || Dans ce numéro || Archives || Abonnez-vous || Vos réactions

Créez un signet pour le site de la Chronique: http://www.un.org/french/pubs/chronique
Et vous pouvez adresser un courrier électronique: unchronicle@un.org
Site de la Chronique en anglais: http://www.un.org/chronicle

Chronique ONU: Copyright © 1997-2002 Nations Unies.
Tous droits réservés pour tous pays. Les articles de ce numéro peuvent être reproduits dans un but éducatif. Cependant aucune partie ne peut en être reproduite dans un but commercial sans l’autorisation expresse par écrit du Secrétaire du Conseil des publications, Bureau L-382C, Nations Unies, New York, NY 10017, Etats-Unis d’Amérique.