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Ceux qui sont bien nourris ont de nombreux problèmes,
ceux qui ont faim n’en ont qu’un
Par Lennart Båge

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Au sein de la communauté internationale, tout le monde s’accorde pour reconnaître que nous ne sommes pas près d’atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation, à savoir réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. En d’autres termes, la situation de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde est différente de ce que nous espérions qu’elle serait en 2001. On ne peut donc que se poser les questions suivantes : Que pouvons-nous faire pour y remédier ? Aurons-nous suffisamment de temps pour entreprendre les actions nécessaires pour atteindre le but fixé ?


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Photo/FAO

La pauvreté, la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont étroitement liées. À un niveau conceptuel, les interdépendances peuvent être complexes ; à un niveau humain, la réalité est remarquablement simple. Pour paraphraser un proverbe chinois : “Ceux qui sont bien nourris ont de nombreux problèmes, ceux qui ont faim n’en ont qu’un”.

Le Fonds international de développement agricole (FIDA) reconnaît que l’alimentation est une question centrale et souvent une préoccupation quotidienne des premiers intéressés : la population pauvre rurale. Le FIDA a été créé en 1977 avec le mandat de donner la priorité à “l’augmentation de la production alimentaire et à l’amélioration du niveau de nutrition des populations les plus pauvres des pays en déficit vivrier”. La mise en œuvre de ce mandat a été un travail continu, soutenue par une expérience pratique de presque 25 ans.

En accordant des prêts aux gouvernements pour qu’ils investissent dans les régions les plus touchées par l’insécurité alimentaire, le FIDA joue un rôle dans la répartition des ressources publiques. Il attire l’attention des responsables sur les liens qui existent entre l’insécurité alimentaire, la productivité et une croissance économique équitable et sur le fait que l’insécurité alimentaire et la malnutrition empêchent les pauvres de participer aux grands courants du développement. Trop souvent, la faim est examinée de manière abstraite, en oubliant que les personnes et les ménages démunis possèdent aussi de nombreuses ressources. En ce qui concerne la réduction durable de la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, la clé du succès réside dans la capacité à identifier les obstacles et à construire à partir du potentiel existant. Il est important de considérer ces personnes et ces ménages comme des agents du changement et non comme de simples objets passifs dont les problèmes seront résolus par les gouvernements et les donateurs étrangers.

Les trois institutions de l’ONU établies à Rome - la FAO, le PAM et le FIDA - qui sont chargées des questions de l’alimentation, ont récemment collaboré à l’élaboration d’un document, le Guide à l’échelle du système concernant la sécurité alimentaire et la nutrition des ménages, qui souligne les points d’accord fondamentaux sur la sécurité alimentaire des ménages : “En dépit des multiples définitions du concept employées au cours des dix dernières années, il n’y a pas de contradictions fondamentales. On considère que les ménages bénéficient d’une sécurité alimentaire lorsqu’ils ont accès toute l’année à la quantité et au choix d’aliments sains dont a besoin leur famille pour mener une vie active et saine. La sécurité alimentaire prend donc trois dimensions essentielles : la disponibilité alimentaire, l’accès à la nourriture et l’utilisation de celle-ci”.

En règle générale, les projets du FIDA englobent plus d’une dimension. Par exemple, un programme peut promouvoir les services de développement agricole afin d’accroître la production et la disponibilité alimentaires tout en améliorant les services financiers ruraux afin d’offrir un meilleur accès à la nourriture et augmenter les ressources en eau potable afin de permettre une meilleure utilisation de la nourriture. Même lorsque les programmes ne concernent pas expressément la sécurité alimentaire des ménages, ils ont souvent des conséquences, positives ou négatives, pour les ménages. L’état nutritionnel est largement déterminé par trois facteurs : la sécurité alimentaire, la santé et les pratiques de soin.

Les projets du FIDA tendent à favoriser le facteur de sécurité. Cependant, dans les zones où les systèmes de santé de base sont très peu développés et où les communautés donnent la priorité à l’amélioration de ces services, les programmes du FIDA sont à même de répondre à ces besoins et à ces priorités.

Il est évident que le FIDA, ainsi qu’un grand nombre d’autres d’organisations, n’étaient pas suffisamment préparés pour répondre aux défis associés aux maladies dont sont victimes les communautés pauvres. La pandémie du VIH/sida, qui a eu un impact sur un grand nombre d’activités liées au développement, en est un exemple.

Touchant le plus souvent le domaine des femmes, les questions relatives aux pratiques de soin sont de plus en plus importantes. Bien que ce ne soit pas le seul lien entre les sexes, la sécurité alimentaire des ménages et la nutrition, il est particulièrement important. Investir dans l’éducation des femmes - par la scolarisation des filles, l’alphabétisation des femmes adultes ou l’éducation en matière de nutrition/santé - a des effets positifs.

Comme les indicateurs de bien-être familial, les pratiques de soin ont tendance à s’améliorer. De manière plus générale, l’amélioration de l’accès des femmes à la terre, aux revenus, aux technologies et au savoir, ainsi que leur participation dans la prise de décision qui concernent leur vie, sont des conditions essentielles à la réduction de la faim et de l’insécurité alimentaire.

Cet aspect est souligné par le FIDA dans les Politiques et critères concernant le financement, où il est précisé que “...les femmes pauvres vivant en milieu rural, qui fournissent une aide familiale importante et contribuent à la sécurité alimentaire des ménages, sont le groupe qui mérite la plus grande attention.” Compte tenu du consensus général sur les questions de base relatives à la sécurité alimentaire et à la nutrition des ménages ainsi que des types d’activités recommandées par la communauté internationale, on peut se demander pourquoi nos efforts n’atteignent toujours pas l’objectif fixé.

“Les progrès accomplis pour réduire la pauvreté et éliminer la faim chronique dépendent principalement des populations et des gouvernements des pays en développement.”
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