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Éliminer la pauvreté d'ici à 2015, c'est possible
Objectifs du millénaire pour le développement
Sommet, 20-22 septembre, New York

La suppression des frais de scolarité promeut la scolarisation en Afrique

Hausse des inscriptions dans le primaire et taux d’abandon  en baisse

Une jeune fille dans une école au Mozambique.

Un élève au Mozambique, l'un des pays où le taux de scolarisation dans le primaire a augmenté de façon significative, suite à la suppression des frais de scolarité.
Photo ONU / P. Sudhakaran

Lorsque le Gouvernement kényan a annoncé, juste avant le début de l’année scolaire 2003, qu’il supprimerait les droits scolaires pour les élèves de l’enseignement primaire, cette nouvelle a déclenché un tumulte. Enseignants, directeurs d’établissement et parents se sont démenés pour trouver pupitres, crayons et manuels scolaires pour plus d’un million d’étudiants supplémentaires.

Cette décision a également représenté un tremplin vers la célébrité pour Kimani Ng’ang’a Maruge, âgé de 84 ans, qui, d’après le Livre Guinness des records, est devenu la personne la plus âgée au monde à s’inscrire en première année de primaire, lorsqu’il s’est présenté en 2004 devant des enseignants et des camarades de classe, médusés. « Je voulais apprendre à lire la Bible », une aspiration non satisfaite jusque-là en raison des droits scolaires élevés, a-t-il confié en 2008 à la journaliste de la Voix de l’Amérique, Cathy Majtenyi. « Les prédicateurs racontent des histoires. C’est pourquoi je retourne à l’école. »

Malgré la mauvaise situation économique et la violence qui s’est abattue sur une partie du pays après les élections de 2007, l’UNICEF, l’agence de l’ONU pour l’enfance, estime que la suppression des droits scolaires a eu l’effet escompté de faciliter considérablement l’accès à l’éducation.   Près de deux millions  d’élèves supplémentaires se sont inscrits  dans le primaire au Kenya.

Phénomène encourageant, le nombre d’élèves qui abandonnent l’école, a également chuté.  La proportion d’élèves ayant achevé leurs études primaires est passée de 62,8 % en 2002, la dernière année où les droits scolaires ont été perçus, à 76,2 % deux ans plus tard, lorsque moins d’enfants pauvres ont dû quitter l’école pour non-paiement des frais scolaires.

Ces chiffres impressionnants ont incité la plupart des enseignants kényans et leurs partenaires étrangers à conclure que la suppression des droits scolaires et le lancement  des réformes politiques qui l’ont accompagnée ont été couronnés de succès, malgré les préoccupations persistantes à propos du financement de cette initiative. 

Ces 15 dernières années, d’autres pays, dont le Burundi, la République démocratique du Congo, le Ghana, l’Ethiopie, le Malawi et le Mozambique, ont également enregistré une augmentation fulgurante du nombre des inscriptions dans le primaire, à la suite de l’élimination des droits scolaires.  En effet, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) estime qu’entre 2000 et 2007 ce taux a augmenté de 42 % en Afrique subsaharienne, soit l’accroissement le plus élevé au monde. De ce fait, la part des enfants africains dans le cycle primaire est passée de 58 à 74 %. Quelques pays africains, dont le Botswana, le Cap Vert, le Togo et Maurice pourraient bien réussir à scolariser tous les enfants dans l’enseignement primaire d’ici à 2015, un projet ambitieux figurant parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Toutefois, l’augmentation de la fréquantation scolaire n’est qu’une première étape. Malgré l’augmentation des inscriptions, près de la moitié des 72 millions d’enfants non scolarisés dans le monde en 2007 vivaient en Afrique subsaharienne. En outre, les taux d’abandon demeurent élevés dans de nombreux pays du continent africain. Les observateurs font remarquer que la récession mondiale, à laquelle s’ajoutent d’autres problèmes pressants, a contribué à comprimer des budgets déjà insuffisants.

La suppression officielle des droits scolaires n’a pas non plus réglé les difficultés financières des familles démunies. « Il est abusif de parler d’enseignement gratuit », a affirmé au début de 2009 à Inter Press Service Gerald Mwangi, père de trois enfants, vivant au centre du Kenya. « Je continue de payer les frais de repas, de transport et d’uniforme de ma fille cadette en quatrième année d’école, ce qui me coûte 5 000 shillings (environ 70 dollars) par trimestre. »

Source : Afrique Renouveau, Janvier 2010