Action 21: Chapitre 31
COMMUNAUTE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
INTRODUCTION
31.1 Le présent chapitre est essentiellement consacré aux moyens qui
permettront à la communauté scientifique et technique, qui rassemble
notamment des ingénieurs, des architectes, des concepteurs- projeteurs,
des urbanistes et d'autres professionnels et décideurs, de contribuer de
façon plus ouverte et efficace aux décisions concernant l'environnement
et le développement. Il est important que les décideurs, qui aident à définir
les grandes orientations, aussi bien que le grand public connaissent et
comprennent mieux le rôle de la science et de la technologie dans les
questions sociales. Il faudrait élargir et approfondir la coopération
entre la communauté scientifique et technique et le public pour parvenir
à un véritable partenariat. L'amélioration de la communication et de la
coopération entre cette communauté et les décideurs aidera à mieux
utiliser l'information et les connaissances scientifiques et techniques
pour appliquer les politiques et les programmes. Les décideurs devraient
créer des conditions plus favorables pour améliorer la formation et la
recherche indépendante dans le domaine du développement durable. Il
faudra renforcer encore l'interdisciplinarité : la communauté
scientifique et technique et les décideurs devront procéder à des études
interdisciplinaires auxquelles le grand public sera associé pour donner
une impulsion à la notion de développement durable et acquérir un
savoir-faire pratique. Il faudrait aider le public à faire connaître son
avis sur la meilleure façon de gérer la science et la technique afin que
ces dernières aient un effet bénéfique sur les conditions de vie. De même,
il faut assurer l'indépendance de la communauté scientifique et
technique pour que celle-ci puisse faire des recherches, publier sans
restriction et échanger librement les résultats des travaux. L'adoption
et l'application de principes éthiques et de codes de conduite
internationalement reconnus pourraient favoriser le caractère
professionnel et la reconnaissance de la valeur de ces travaux pour la
protection de l'environnement et le développement, étant entendu que les
connaissances scientifiques évoluent constamment et comportent toujours
un élément d'incertitude.
DOMAINES D'ACTIVITE
31A. Amélioration de la communication et de la coopération entre la
communauté scientifique et technique, les décideurs et le public
Principes d'action
31.2 La communauté scientifique et technique et les décideurs devraient
travailler en association plus étroite pour appliquer des stratégies de
développement durable fondées sur les meilleures connaissances
disponibles. Il faut pour cela que les décideurs créent le cadre nécessaire
à des recherches rigoureuses et à la divulgation de tous les résultats
des travaux de la communauté, et qu'ils recherchent avec elle les moyens
de faire connaître les résultats des recherches et les préoccupations
qu'ils suscitent aux organismes de décision afin de mieux lier la
connaissance scientifique et technique à la formulation des stratégies
et programmes. Par la même occasion, ce dialogue aiderait la communauté
à établir les priorités des travaux de recherche et à proposer des
actions pour trouver des solutions constructives.
Objectifs
31.3 Les objectifs suivants ont été proposés :
a) Etendre et ouvrir le processus décisionnel et élargir l'éventail des
problèmes relatifs au développement et à l'environnement qui peuvent
donner lieu à une coopération à tous les niveaux entre la communauté
scientifique et technique et les décideurs;
b) Favoriser l'échange de connaissances et de points de vue entre la
communauté scientifique et technique et le grand public, afin que les
politiques et les programmes soient mieux définis, compris et encouragés.
Activités
31.4 Les gouvernements devraient entreprendre les activités suivantes :
a) Examiner comment mieux adapter les activités scientifiques et
techniques nationales aux besoins du développement durable dans le cadre
d'une action générale pour renforcer les systèmes nationaux de
recherche-développement, notamment en augmentant et élargissant la
composition des conseils, organisations et comités consultatifs
scientifiques et techniques nationaux de sorte que :
i) Les gouvernements et le public sachent quels sont les besoins nationaux
en matière de programmes scientifiques et techniques;
ii) Les différentes tendances de l'opinion publique soient
représentées;
b) Encourager la création de dispositifs de coopération au niveau régional
afin de traiter des besoins relatifs au développement durable. Ces
dispositifs, qui pourraient prendre la forme d'associations entre les
secteurs public et privé, fourniraient un appui aux gouvernements, à
l'industrie, aux établissements d'enseignement non gouvernementaux et à
d'autres organisations nationales et internationales et renforceraient les
réseaux professionnels mondiaux;
c) Améliorer et augmenter, par le biais de dispositifs appropriés, les
apports scientifiques et techniques aux processus intergouvernementaux de
consultation, de coopération et de négociation en matière d'accords
internationaux et régionaux;
d) Renforcer les activités de conseil au plus haut niveau de
l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations internationales,
afin d'intégrer le savoir-faire scientifique et technique aux politiques
et stratégies de développement durable;
e) Améliorer et renforcer les programmes de diffusion des résultats des
travaux effectués par les universités et les instituts de recherche. Il
faut pour cela reconnaître et encourager les chercheurs, les technologues
et les enseignants qui communiquent les informations scientifiques et
techniques et les interprètent auprès des décideurs, des experts dans
d'autres domaines et du grand public. L'aide apportée devrait
essentiellement consister en un transfert de compétences et de techniques
de planification, ainsi qu'en une adaptation de ces dernières, ce qui
exige un partage sans réserve des informations entre scientifiques et décideurs.
La publication de rapports nationaux de recherche scientifique et de
rapports techniques compréhensibles et adaptés aux besoins locaux
relatifs au développement durable améliorerait aussi l'interaction entre
les chercheurs et les décideurs, ainsi que la mise en application des résultats
scientifiques;
f) Resserrer les liens entre le secteur de la recherche publique indépendante
et l'industrie pour que la recherche puisse devenir une composante
importante des stratégies industrielles;
g) Renforcer le rôle des femmes pour qu'elles deviennent des partenaires
à part entière dans les disciplines scientifiques et techniques;
h) Elaborer et appliquer des technologies de l'information pour favoriser
la diffusion des informations relatives au développement durable.
Moyens d'exécution
A) Financement et évaluation des coûts
31.5 Le secrétariat de la Conférence a estimé que le montant total des
dépenses afférentes à la mise en oeuvre des activités relevant du présent
domaine pour la période 1993-2000 se chiffrerait en moyenne à environ 15
millions de dollars par an, montant qui serait financé par la communauté
internationale sous forme de dons ou à des conditions concessionnelles.
Il ne s'agit que d'estimations approximatives données à titre indicatif,
qui n'ont pas été examinées par les gouvernements. Les dépenses
effectives et les conditions financières, y compris les conditions non
concessionnelles, dépendront notamment des stratégies et programmes spécifiques
que les gouvernements décideront de mettre en oeuvre.
B) Renforcement des capacités
31.6 Il conviendrait de constituer des groupes intergouvernementaux
d'experts sur les problèmes de développement et d'environnement, en
insistant pour qu'ils aient un caractère scientifique et technique, et
d'organiser des études de réceptivité et d'adaptabilité dans le cadre
des futurs programmes d'action.
31B. Promotion des codes de pratique et des lignes directrices relatifs à
la science et à la technique
Principes d'action
31.7 Les chercheurs et les technologues ont des responsabilités particulières
à la fois en tant qu'héritiers d'une tradition et en tant que spécialistes
de disciplines consacrées à la recherche de la connaissance et à l'impératif
de protection de la biosphère dans le cadre d'un développement durable.
31.8 Des décisions dans les domaines de l'environnement et du développement
tenant davantage compte des principes éthiques devraient aider à établir
les priorités voulues pour conserver et améliorer les systèmes
d'entretien de la vie et, par là même, faire en sorte que le
fonctionnement des processus naturels viables soit perçu à sa juste
valeur par les sociétés actuelles et futures. Un renforcement des codes
de pratique et des lignes directrices destinés à la communauté
scientifique et technique permettrait par conséquent de mieux prendre
conscience des problèmes écologiques et contribuerait au développement
durable. Cela relèverait le niveau d'estime dont jouit la communauté et
aiderait à définir les "responsabilités" scientifiques et
techniques.
Objectifs
31.9 L'objectif devrait être d'accroître, d'améliorer et de favoriser
l'acceptation, au niveau international, des codes de pratique et des
lignes directrices relatifs à la science et à la technique qui
garantissent l'intégrité des systèmes d'entretien de la vie et
reconnaissent l'importance du rôle que jouent la science et la technique
pour harmoniser les besoins en matière d'environnement et de développement.
Pour influencer efficacement les décisions, ces principes, codes de
pratique et lignes directrices doivent non seulement recueillir
l'assentiment de la communauté scientifique et technique, mais aussi être
acceptés par la société dans son ensemble.
Activités
31.10 Les activités suivantes pourraient être entreprises :
a) Renforcer la coopération nationale et internationale, y compris dans
le secteur non gouvernemental, pour établir des codes de pratique et des
lignes directrices relatifs à un développement durable et écologiquement
rationnel, compte tenu des principes de la Déclaration de Rio et des
codes de pratique et lignes directrices existants;
b) Renforcer et créer des groupes consultatifs nationaux sur les problèmes
d'éthique dans les domaines de l'environnement et du développement, pour
parvenir à une communauté d'esprit entre les milieux scientifiques et
techniques et la société dans son ensemble, et encourager un dialogue
constant;
c) Développer l'enseignement et la formation sur les problèmes d'ordre
moral liés au développement et à l'environnement pour incorporer ces
objectifs aux programmes d'enseignement et aux priorités de la recherche;
d) Revoir et modifier les instruments juridiques nationaux et
internationaux en matière d'environnement et de développement pour y intégrer
les codes de pratique et les lignes directrices appropriées.
Moyens d'exécution
A) Financement et évaluation des coûts
31.11 Le secrétariat de la Conférence a estimé que le montant total des
dépenses afférentes à la mise en oeuvre des activités relevant du présent
domaine pour la période 1993-2000 se chiffrerait en moyenne à environ 5
millions de dollars par an, montant qui serait financé par la communauté
internationale sous forme de dons ou à des conditions concessionnelles.
Il ne s'agit que d'estimations approximatives données à titre indicatif,
qui n'ont pas été examinées par les gouvernements. Les dépenses
effectives et les conditions financières, y compris les conditions non
concessionnelles, dépendront notamment des stratégies et programmes spécifiques
que les gouvernements décideront de mettre en oeuvre.
B) Renforcement des capacités
31.12 Il faudrait élaborer des codes de pratique et des lignes
directrices, concernant notamment les principes appropriés, avec le
concours et à l'intention de la communauté scientifique et technique
afin que celle-ci puisse poursuivre ses activités de recherche et
appliquer des programmes de développement durable. L'Unesco pourrait en
prendre l'initiative en appliquant les mesures susmentionnées, en
collaboration avec d'autres organismes des Nations Unies, ainsi qu'avec
des organisations intergouvernementales et non gouvernementales.
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