Paris

29 April 2015

Secretary-General's remarks at press conference with President Francois Hollande of France

Ban Ki-Moon, Former Secretary-General

Mesdames et Messieurs, bonjour.
Je suis très heureux d’être de retour à Paris.
Je remercie le Président Hollande, ainsi que le peuple et le Gouvernement français, de l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé à moi et aux dirigeants principaux du système de l’ONU.
Je viens d’avoir un entretien productif avec le Président Hollande.
Nous avons parlé d’un certain nombre de questions, dont la menace que représente l’extrémisme violent, les changements climatiques et le développement durable.
Je voudrais d’abord aborder la situation humanitaire dans la région de la Méditerranée.
Chaque année, un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants désespérés perdent la vie en Méditerranée en essayant de rejoindre l’Europe.
Je reviens d’Italie, où le Premier Ministre, M. Matteo Renzi,  avec madame Federica Mogherini, m’a amené à bord du navire San Giusto où il m’a expliqué l’ampleur du problème.
J’accueille avec satisfaction les mesures annoncées la semaine dernière par les chefs d’État et de gouvernement des pays européens.
Elles représentent un premier pas important sur la voie d’une action collective européenne.
L’action collective est le seul moyen efficace de gérer un problème transnational aussi vaste.
Il est crucial de mener des opérations de secours énergiques. Nous devons absolument continuer de nous efforcer, avant tout, de sauver des vies.
Il s’agit d’une crise humanitaire, pas d’un problème de sécurité.
Nous devons faire échec aux criminels qui pratiquent le trafic d’êtres humains.
Mais nous devons aussi nous préoccuper des causes profondes des migrations, de sorte que les gens ne soient pas obligés de partir de chez eux.
Nous devons nous attaquer aux problèmes de la pauvreté tenace, des changements climatiques et des conflits qui font rage depuis trop longtemps.
Nous devons aussi mettre en place davantage de filières sûres et régulières pour les migrants.
Bien gérer les migrations est le meilleur moyen de prévenir les abus et l’exploitation.
Je compte sur l’appui de la France sur toutes ces questions.
S’il y a tant de migrants, c’est notamment parce que les gens fuient la guerre et la persécution.
L’extrémisme violent est alimenté par les conflits et la mauvaise gouvernance.
Face à cette menace contre la sécurité mondiale, nous devons déployer des solutions globales et complexes.
Dans quelques mois, je présenterai à l’Assemblée générale, à sa soixante-dixième session, un Plan de lutte contre l’extrémisme violent.
Cette année, l’ONU fête ses soixante-dix ans.
C’est une année d’action, au cours de laquelle la communauté internationale va adopter une série d’objectifs de développement durable.
Nous espérons aussi que les gouvernements adopteront, ici à Paris, un nouvel accord sur les changements climatiques qui soit universel et réellement significatif.
Hier, au Vatican, j’ai souligné qu’il était de notre devoir moral d’agir pour la génération actuelle et celles qui la suivront.
Ce matin, à Sciences Po, j’ai également parlé aux étudiants de l’urgence de l’action climatique.
J’ai été impressionné par leur compréhension des enjeux et leur engagement en faveur du développement durable.
Les données scientifiques sont claires : le climat est déjà en train de changer et l’activité humaine est la principale cause de cette évolution.
Nous n’avons que très peu de temps pour éviter de graves conséquences pour la planète et tous ceux qui l’habitent.
Les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum en 2020 et diminuer régulièrement par la suite.
Et le monde doit trouver les moyens de s’adapter aux changements déjà en cours.
Cela signifie protéger les plus vulnérables et promouvoir une croissance économique associée à de faibles émissions de carbone.
Nous aurons besoin pour cela de ressources considérables.
Les pays développés doivent tracer clairement la voie qui leur permettra de réunir 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pour financer l’action climatique dans les pays en développement.
Et le Fonds vert pour le climat doit commencer à fonctionner concrètement et à faire des versements avant que nous réunissions à Paris.
Je félicite la France d’avoir finalisé l’accord de donation avec le dépositaire du Fonds, et j’exhorte tous les autres pays à faire de même avant la date limite, qui est demain.
Ces accords sont essentiels pour que le Fonds puisse commencer à faire des versements afin d’aider ceux qui ont les plus gros besoins sur le plan climatique.
Ils aideront également à créer une dynamique favorable à l’adoption d’un réel accord sur le climat à Paris en décembre.
Je remercie le Président Hollande de jouer un rôle moteur sur ces dossiers et sur toutes les autres questions inscrites à l’ordre du jour de l’ONU.
Merci.