9394e séance - matin
CS/15381

Conseil de sécurité: au Soudan, risques d’ethnicisation du conflit et de débordements régionaux, met en garde la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique

Réuni à la demande du Royaume-Uni, délégation porte-plume sur la situation au Soudan, en proie depuis la mi-avril à un conflit interne aux conséquences humanitaires dévastatrices, le Conseil de sécurité a, ce matin, entendu la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique mettre en garde contre la possibilité d’une guerre ethnique prolongée dans ce pays, avec d’éventuels débordements au niveau régional. 

Alors que plus de 100 jours se sont écoulés depuis le début des combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide, « sans qu’aucune des parties n’ait réalisé de gains significatifs », Mme Martha Ama Akyaa Pobee a indiqué que les combats se poursuivent sans relâche dans diverses régions, notamment à Khartoum, Bahri, Omdurman et au Darfour, occasionnant de grandes souffrances pour les populations. 

Au Darfour, a souligné la haute fonctionnaire, les affrontements « rouvrent de vieilles blessures liées aux tensions ethniques des conflits passés », ce qui pourrait rapidement plonger le pays « dans un conflit ethnique prolongé, avec des débordements régionaux ».  Dans ce contexte, Mme Pobee s’est réjouie de la convocation par le Tchad d’un groupement d’acteurs darfouriens pour faire face à la situation dans la région, appelant à ce que ce type d’initiative soit privilégiée avec la participation d’un large éventail de parties prenantes, des groupes armés aux chefs tribaux, en passant par la société civile et les organisations de femmes. 

Faisant état d’attaques aveugles contre les civils, en particulier à Khartoum, au Darfour et au Kordofan méridional, mais aussi de violences sexuelles à grande échelle, d’enlèvements et de meurtres systématiques de défenseurs des droits humains au Darfour et à Khartoum, la Sous-Secrétaire générale a appelé les parties à mettre fin à ces violations et à diligenter des enquêtes. Elle a ajouté que la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) a dénoncé les attaques « à motivation ethnique » menées dans l’ouest du Darfour, ainsi que les pillages et les viols systématiques commis dans la région. 

La MINUATS est déterminée à soutenir les efforts déployés par l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour mettre fin au conflit, a assuré Mme Pobee, avant de se féliciter du rôle de facilitateurs joué par les États-Unis et l’Arabie saoudite dans les négociations entre les parties à Djedda.  Applaudissant également l’initiative de paix des pays voisins du Soudan, elle a souligné que le fil conducteur de ces actions est l’appel à une cessation permanente des hostilités, à l’amélioration de l’accès humanitaire et au lancement d’un processus politique inclusif. 

La priorité du moment est toutefois de répondre à la « catastrophe humanitaire » en cours au Soudan, a averti la Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), de retour d’une visite dans le pays.  Depuis le début des hostilités, plus de 4 millions de personnes ont été contraintes de fuir la violence, dont 3,2 millions de déplacés et près de 900 000 réfugiés au Tchad, en Égypte, au Soudan du Sud et ailleurs, a précisé Mme Edem Wosornu.  Au Soudan même, 20 millions de personnes, soit 40% de la population, sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, le conflit perturbant les moyens de subsistance et l’accès aux marchés, a-t-elle alerté. 

En quatre mois de conflit, quelque 2,9 millions de personnes ont reçu une forme d’aide humanitaire dans l’ensemble du pays, a poursuivi la responsable de l’OCHA, selon laquelle les livraisons limitées n’ont été possibles que grâce à des négociations intensives avec les parties, notamment dans le cadre du processus de Djedda.  Au-delà de ces difficultés inhérentes au conflit, Mme Wosornu a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts de l’ONU, rappelant que le plan de réponse humanitaire de 2,6 milliards de dollars pour cette année n’est financé pour l’heure qu’à 24%.    

Khartoum est pleinement engagé à coopérer avec l’ONU pour garantir l’accès humanitaire à ceux qui en ont besoin, a pour sa part assuré le représentant soudanais, louant les efforts de son gouvernement pour accélérer les fournitures d’aide via Port-Soudan et la frontière avec le Tchad. Il a toutefois averti que les Forces armées soudanaises respecteront le processus de Djedda, à vocation humanitaire, « si les groupes rebelles en font autant ».  Relevant que les attaques des Forces d’appui rapide et les milices alliées à ce groupe paramilitaire ont été largement condamnées, il s’est réjoui que le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) s’engage à enquêter sur ces crimes, qui constituent « le frein principal à la fin des hostilités ».  Reste que, selon lui, un « pays de la région » a envoyé 6 000 combattants pour soutenir la rébellion, ce qui constitue une menace pour la souveraineté du Soudan. 

Face à cette détérioration générale, les membres du Conseil, Royaume-Uni et Japon en tête, ont plaidé pour l’ouverture sans délai de négociations de bonne foi entre les parties, en vue de l’instauration d’un cessez-le feu permanent.  Une solution négociée au conflit est le seul moyen de préparer une transition politique pacifique au Soudan, a fait valoir le Brésil, tandis que le Mozambique, s’exprimant au nom des A3, appelait les belligérants à se tourner vers le dialogue, tout en encourageant la poursuite d’approches régionales en vue de trouver une solution durable à la crise. 

Plusieurs délégations ont néanmoins dénoncé les ingérences étrangères au Soudan, estimant à l’instar des États-Unis et de la France qu’elles contribuent à la prolongation du conflit. Plus virulente, la Chine a prié la communauté internationale de limiter son action aux « bons offices » et de s’abstenir d’imposer des programmes externes ou d’exercer une quelconque pression sur le Soudan.  Une position partagée par la Fédération de Russie, pour qui les pays occidentaux, « par l’entremise du Représentant spécial du Secrétaire général, Volker Perthes », portent une part de responsabilité dans l’effondrement du pays du fait de leurs sanctions « illégitimes ». 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-secrétaire générale pour l’Afrique, a noté que plus de cent jours se sont écoulés depuis le début des combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide.  Les affrontements se poursuivent dans diverses régions du pays, en particulier à Khartoum, Bahri, Omdurman et au Darfour, « sans qu’aucune des parties ne remporte la victoire ni ne réalise de gains significatifs », a-t-elle indiqué, relevant que l’État de Khartoum reste un épicentre du conflit, avec des combats majeurs concentrés autour des principales installations des Forces armées soudanaises, notamment leur quartier général. Cette semaine, a précisé la haute fonctionnaire, les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide ont ordonné aux habitants d’une partie d’Omdurman de quitter leur domicile, déclarant ce territoire « zone d’opérations ».  Selon elle, les parties ont imposé d’énormes souffrances à la population de la région du Darfour, où les combats rouvrent de vieilles blessures liées aux tensions ethniques des conflits passés, ce qui pourrait rapidement plonger le pays dans un conflit ethnique prolongé avec des débordements régionaux.  Dans ce contexte, la Sous-Secrétaire générale a qualifié de bienvenue la convocation par le Tchad d’un groupement d’acteurs darfouriens pour faire face à la situation dans la région, appelant à ce que ce genre d’initiatives soient exploitées tout en garantissant la participation d’un large éventail d’acteurs, en particulier les groupes armés, les chefs tribaux, la société civile et les groupes de femmes.

Mme Pobee a ensuite indiqué que la situation dans les États du Kordofan et du Nil-Bleu continue d’être agitée, avec des actions militaires persistantes et des fermetures de routes séquentielles.  Dans le Kordofan septentrional, les Forces armées soudanaises contrôlent la ville d’El Obeid, tandis que les Forces d’appui rapide contrôlent les alentours, a-t-elle expliqué.  Parallèlement, la faction Abdelaziz Hélou du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N) progresse depuis juin dans les zones contrôlées par les Forces armées soudanaises dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu, tentant de reprendre des territoires qui lui avait été précédemment pris.  Si l’est du Soudan est relativement calme, on assiste à des efforts de mobilisation en faveur des Forces armées soudanaises, avec l’émergence de comités de mobilisation et l’établissement de camps d’entraînement militaire, a rapporté la Sous-Secrétaire générale, qualifiant cette évolution de particulièrement inquiétante. La partie nord du pays reste sous le contrôle des Forces armées soudanaises, a-t-elle encore précisé.

Après avoir rappelé que ce conflit continue d’avoir d’immenses répercussions sur le pays et sa population, les besoins humanitaires et de protection augmentant de jour en jour sans aucun signe de répit, Mme Pobee a signalé que les attaques aveugles et parfois ciblées contre les civils et les biens et infrastructures de caractère civil se poursuivent, en particulier à Khartoum, au Darfour et au Kordofan méridional.  De surcroît, la violence sexuelle continue d’être perpétrée à grande échelle, tandis que des enfants continuent d’être tués ou risquent d’être recrutés pour combattre.  Les enlèvements et meurtres systématiques de défenseurs des droits humains au Darfour et à Khartoum sont également en augmentation, a-t-elle relevé, avant d’appeler les parties au conflit à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ces violations et enquêter sur ces violations.  La Sous-Secrétaire générale a ajouté que la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) et l’ONU ont dénoncé à plusieurs reprises des violations flagrantes spécifiques telles que des attaques à motivation ethnique dans l’ouest du Darfour, des pillages et des viols systématiques ou des bombardements aériens, et nommé les responsables.

Saluant les efforts continus de l’Union africaine (UA) et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour mettre fin au conflit au Soudan, Mme Pobee a assuré que la MINUATS reste déterminée à soutenir ces efforts, notamment par le biais du mécanisme élargi dirigé par l’UA et de son groupe restreint, dont l’ONU fait partie.  Elle s’est également félicitée des efforts déployés par les États-Unis et l’Arabie saoudite pour faciliter les négociations entre les parties à Djedda, ainsi que l’initiative des pays voisins du Soudan pour aider à résoudre le conflit.  Le fil conducteur de ces initiatives est l’appel à une cessation permanente des hostilités, à la facilitation de l’accès humanitaire et à l’engagement avec les parties prenantes civiles dans un processus politique inclusif, a-t-elle souligné, jugeant que la coordination entre les mécanismes et forums régionaux et internationaux existants reste essentielle pour maximiser « l’effet de levier collectif » des acteurs régionaux et internationaux et renforcer l’efficacité des efforts de médiation. 

Mme Pobee a par ailleurs souligné qu’un large éventail de civils restent déterminés à mettre fin à la guerre et à permettre une transition menant à un État démocratique.  Les civils, les chefs tribaux et d’autres subissent des pressions pour prendre parti dans la guerre, et nous continuons à lutter contre cela, a-t-elle indiqué, ajoutant que la MINUATS soutient les efforts des dirigeants locaux pour prévenir ou désamorcer les conflits, en particulier au Darfour.  La MINUATS appuie aussi les efforts des dirigeants civils visant à regrouper des initiatives « sous un même parapluie » afin d’unifier les forces anti-guerre dans un large front et de se préparer à un processus politique inclusif.  Soulignant à ce propos le rôle important que jouent les Soudanaises, la Sous-Secrétaire générale a conclu son exposé en réitérant la nécessité d’une solution négociée pour mettre fin à ce conflit dès que possible.  « Il n’y a pas d’autre alternative », a-t-elle insisté, estimant que « plus cette guerre se prolonge, plus les risques de fragmentation, d’ingérence étrangère et d’érosion de la souveraineté sont grands ». 

Au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Mme EDEM WOSORNU, Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a fait état d’une « véritable catastrophe humanitaire » qui n’a fait que s’aggraver depuis son dernier exposé, en juin, alors que plus de 1,4 million de personnes supplémentaires ont fui leur domicile.  Elle s’est alarmée du niveau de souffrances de la population qu’elle a constatées lors de sa visite du pays, il y a deux semaines, notamment des récits de violences sexuelles et d’agressions physiques commises contre les femmes, dont les maris disparaissent souvent sans laisser de trace.  Depuis le début des hostilités, plus de 4 millions de personnes ont été contraintes de fuir la violence, dont 3,2 millions de personnes déplacées internes et près de 900 000 qui ont traversé la frontière vers le Tchad, l’Égypte, le Soudan du Sud et d’autres pays.  Quelque 80% des hôpitaux du pays ne fonctionnent plus, tandis que 20 millions de personnes, soit 40% de la population, sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, le conflit perturbant les moyens de subsistance et l’accès aux marchés.  Le système bancaire, les écoles et les institutions publiques et civiles ont été fortement perturbés, tandis que se multiplient les pannes d’électricité. « C’est l’histoire d’un pays et de son peuple conduits au point de s’effondrer », a déploré la Directrice. 

Si aucune région du pays n’est épargnée, la situation est particulièrement alarmante dans les zones où le conflit est le plus soutenu, a expliqué Mme Wosornu.  Les informations disponibles décrivent d’horribles violences ethniques au Darfour occidental.  À Khartoum, des milliers de cadavres se décomposent dans les rues en raison des pannes de courant et de capacités insuffisantes pour stocker les corps, conditions qui favorisent l’apparition de maladies.  Malgré des progrès, les combats et les conditions dangereuses limitent la capacité de l’OCHA et des organisations humanitaires de fournir l’aide humanitaire nécessaire, a-t-elle prévenu.  Toutefois, après d’intenses négociations avec les parties, un convoi de 10 camions a pu livrer, le 3 août dernier, 500 tonnes de semences améliorées au Darfour oriental, juste avant la fin de la période de plantation vitale pour la sécurité alimentaire dans les mois à venir.  D’autres camions sont en route vers le nord et le sud du Darfour pour répondre aux besoins en matière de santé, de nutrition et de sécurité alimentaire, a-t-elle ajouté, en disant attendre des parties qu’elles respectent leurs engagements humanitaires.  Également la semaine dernière, une première livraison d’aide alimentaire au Darfour occidental a été effectuée depuis le Tchad, où une assistance a été apportée aux quelque 350 000 réfugiés qui s’y trouvent. 

Depuis le début du conflit, plus de 2,9 millions de personnes ont reçu une forme d’aide humanitaire dans l’ensemble du pays, a poursuivi Mme Wosornu. L’accès aux nécessiteux reste extrêmement difficile à Khartoum, où aucun convoi humanitaire n’a pu reconstituer les approvisionnements locaux depuis la fin juin.  Jusqu’à présent, les livraisons limitées d’assistance n’ont été possibles que grâce à des négociations intensives avec les parties, notamment dans le cadre du processus de Djedda, a-t-elle noté, en appelant à la mise en place urgente d’un contact direct et régulier avec les parties au plus haut niveau, avec le soutien « ferme » des États Membres.

Cependant, a déploré Mme Wosornu, même si toutes les conditions étaient réunies, le plan de réponse humanitaire de 2,6 milliards de dollars pour cette année n’est financé qu’à 24%.  Après avoir exprimé son plein appui aux efforts de médiation politique en cours, elle a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que le conflit au Soudan a poussé 24,7 millions de personnes à chercher une aide humanitaire, alors que son acheminement est entravé.  Alors que les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide ont intensifié les combats, la représentante a fait part de l’existence d’éléments accréditant de graves violations du droit international humanitaire commises par les belligérants, lesquelles pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, dont des violences sexuelles et des frappes aériennes dans des zones peuplées.  Des informations crédibles font également état d’assassinats ciblés de civils et d’atrocités commises contre des groupes ethniques au Darfour.  La plus grande partie des effusions de sang est le fait des Forces d’appui rapide et leurs alliés, a précisé la déléguée.

Elle a salué la décision du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir des enquêtes sur les crimes commis dans le cadre du conflit actuel, appelant à établir les responsabilités.  Les deux Forces devraient préserver les intérêts du peuple soudanais, mettre immédiatement fin aux hostilités et entamer des négociations de bonne foi, a exhorté la déléguée.  Elle a rappelé que dans leur déclaration en date du 11 mai à Djedda, les deux parties s’étaient engagées à faciliter un accès humanitaire sans entrave, à mettre fin aux attaques contre les convois humanitaires et à lever les obstacles bureaucratiques.  En appelant aux parties en mesure d’exercer une influence sur les belligérants, la représentante a déclaré qu’aucun effort ne devait être ménagé pour mettre fin au conflit.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est préoccupée de l’évolution du conflit armé entre l’armée régulière du Soudan et les Forces d’appui rapide ainsi que de la situation « alarmante » au Darfour occidental. Elle a appelé les parties soudanaises à faire preuve de volonté politique et à prendre des mesures immédiates pour mettre un terme définitif à la confrontation armée.  Tous les différends peuvent être résolus à la table des négociations par le biais d’un dialogue intersoudanais inclusif, a-t-elle soutenu.  La représentante s’est dite convaincue que les mesures prises dans le cadre de la feuille de route présentée par les autorités soudanaises pour régler le conflit permettront de créer les conditions nécessaires pour stabiliser la situation et relancer le processus politique soudanais sur une base inclusive. 

Elle s’est opposée à toute tentative de diviser les efforts des pays voisins ou les initiatives régionales, alertant que toute ingérence extérieure dans les affaires souveraines du Soudan pourrait « jeter de l’huile sur le feu du conflit ».  De même, la déléguée a rejeté toute tentative d’influer sur la situation par le biais de sanctions unilatérales illégitimes.  Elle a d’ailleurs reproché aux pays occidentaux, par l’entremise du Représentant spécial du Secrétaire général, Volker Perthes, « qui a perdu la confiance du peuple soudanais », de s’être activement ingérés dans le processus politique interne du Soudan et d’avoir franchi de manière irresponsable les « lignes rouges » des parties.  Ces pays portent donc une part importante de responsabilité dans l’effondrement de la situation dans le pays, a tranché la déléguée pour qui la décision des autorités soudanaises est justifiée. Elle a ensuite appelé l’ONU à agir de manière impartiale et à respecter l’opinion de Khartoum et la souveraineté du pays.  En l’absence d’une stratégie claire sur la manière dont la communauté internationale peut aider le Soudan à surmonter la situation actuelle, les pressions et le chantage sont inutiles, a-t-elle affirmé.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a appelé les parties à cesser immédiatement les combats et à revenir à un processus politique pacifique et inclusif. Les parties doivent sérieusement s’engager en faveur d’un cessez-le-feu sur le long terme, d’un accès humanitaire sans entrave et d’une reprise du dialogue politique, a ajouté le délégué qui les a également engagées à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il s’est inquiété des graves conséquences des combats pour les civils au Darfour, de même que des risques que pose la situation au Soudan pour les pays voisins.  Enfin, il a réaffirmé son soutien à la MINUATS, en se disant prêt à discuter activement d’une adaptation de son mandat à la situation sur le terrain. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a jugé essentiel de renforcer les efforts diplomatiques pour mettre fin à cette crise.  Dans ce cadre, les efforts doivent selon elle se concentrer sur l’atténuation de la situation humanitaire désastreuse à laquelle sont confrontés des millions de Soudanais en raison de la poursuite des combats et du manque d’engagement envers les trêves précédemment déclarées.  Pour la représentante, il est nécessaire de sécuriser l’approvisionnement en nourriture et en eau ainsi que les services de santé, car près de la moitié de la population souffre d’un niveau élevé d’insécurité alimentaire. Il faut également prêter attention aux besoins des personnes déplacées et des réfugiés, ainsi qu’aux défis internes auxquels sont confrontés certains pays voisins qui les accueillent. Appelant la communauté internationale à apporter son soutien au Soudan et aux pays voisins, elle a indiqué que les Émirats arabes unis ont fourni une aide d’urgence de plus de 2 000 tonnes de produits médicaux et alimentaires à Port-Soudan et au Tchad afin de soutenir les réfugiés soudanais. 

La représentante a réitéré son appel à la pleine mise en œuvre des engagements pris à Djedda, avant de condamner le meurtre de plusieurs travailleurs humanitaires et le pillage d’installations humanitaires.  Elle a appelé à un cessez-le-feu immédiat et permanent et à la recherche d’une solution pacifique à la crise, soulignant l’importance des efforts diplomatiques régionaux et internationaux en cours, notamment la réunion organisée cette semaine au Tchad par le mécanisme ministériel issu du « sommet des voisins du Soudan » au Caire.  Saluant le fait que ce sommet ait appelé à une solution politique et à un dialogue pour la sécurité et la stabilité, elle a rappelé que son pays a lui-même participé à la première réunion du Quatuor de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) le mois dernier. 

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a condamné les hostilités incessantes entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide depuis quatre mois, ainsi que les souffrances « immenses » infligées au peuple soudanais.  Aujourd’hui, près de 2,5 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, tandis que l’approvisionnement alimentaire et médical atteint un point de rupture.  De même, il s’est inquiété des informations faisant état de meurtres et de violences sexuelles contre les femmes et les filles dans le centre et le nord du Darfour. À cet égard, le représentant a condamné les attaques perpétrées contre les civils, les hôpitaux et les infrastructures essentielles, estimant que de tels actes constituent des violations du droit international humanitaire et des droits humains. 

Prenant acte de l’échec des efforts de médiation visant à instaurer un cessez-le-feu, le représentant a réitéré son appel aux parties pour qu’elles cessent les hostilités et se tournent vers le dialogue.  Il a encouragé la poursuite d’approches régionales en vue de trouver une solution durable à la crise.  Dans l’attente de l’initiative conjointe de l’Union africaine (UA) et de l’IGAD concernant la tenue d’un dialogue politique à Addis-Abeba entre les parties prenantes non militaires, il a exhorté les parties belligérantes à mettre en œuvre le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. 

Alors que quelque 24,7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, le délégué a appelé en outre les donateurs à renforcer leur soutien financier au plan de réponse humanitaire.  Il a préconisé une réponse humanitaire et sécuritaire coordonnée par l’ensemble des acteurs concernés, notamment les pays voisins, tout en exprimant son rejet de toute ingérence extérieure susceptible de compliquer davantage la situation sur le terrain. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) s’est déclaré préoccupé par la poursuite des affrontements armés et par la souffrance de millions de civils, de même que par l’ampleur des dégâts causés aux infrastructures essentielles.  Il a aussi dit être consterné par les massacres dans le Darfour occidental, avant de s’inquiéter du manque d’informations sur l’hostilité généralisée dans l’État du Nil-Bleu et au Kordofan méridional.  Le représentant a exhorté les parties à mettre en œuvre la Déclaration de Djedda, déplorant la violation de ses principes, notamment pour ce qui est de l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a appelé à un cessez-le-feu et a encouragé les parties au dialogue pour régler leurs différends.  Une solution négociée au conflit est le seul moyen de préparer une transition politique pacifique au Soudan, a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à accroître son appui et sa solidarité avec le Soudan, exhortant en outre le Conseil de sécurité à agir de concert pour relever les défis auxquels le pays est confronté. 

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a condamné le cycle de violence qui frappe le Soudan depuis près de cent jours avant de demander aux deux parties qu’elles cessent les hostilités sans conditions préalables.  Déplorant les pertes en vies humaines, elle a condamné le ciblage des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte, ainsi que des personnels humanitaire et médical, de leurs locaux et de leurs biens.  La déléguée a rappelé à toutes les parties les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, notamment celle de redoubler d’efforts pour mettre fin à toutes les violations graves commises à l’encontre des enfants et les prévenir.  Consternée par les nombreuses informations faisant état de violences sexuelles à Khartoum et à Geneina au Darfour, elle a insisté sur l’importance de l’accès aux soins médicaux et au soutien psychosocial et de rendre justice aux victimes et aux survivants de crimes d’atrocité.

La déléguée a appelé à un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave au Soudan, soutenant la reprise des opérations du Programme alimentaire mondial (PAM), en particulier la récente livraison transfrontalière de nourriture au Darfour, facilitée par l’OCHA, qui a eu lieu le 3 août.  Elle a également déploré la mort de 18 membres du personnel humanitaire soudanais avant de mettre en garde contre le fait qu’avec environ 3,5 millions de personnes déplacées, le conflit au Soudan risque de déclencher une crise d’ampleur régionale.  Aussi a-t-elle réitéré l’importance pour les efforts de médiation régionaux, y compris de l’Union africaine (UA) et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), ou encore des pays voisins, d’être synchronisés et soutenus par des messages forts et unifiés de la part du Conseil de sécurité de l’ONU.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les combats.  La communautarisation croissante des affrontements au Darfour constitue un risque important pour les populations concernées, tandis que l’ouverture de nouveaux fronts au Kordofan méridional est également un sujet de préoccupation, a-t-elle dit.  « Plus largement, le risque de démembrement du Soudan fait craindre une déstabilisation de toute la sous-région. »  Il est impératif que les combats cessent et que toutes les parties respectent leurs obligations au titre du droit international humanitaire, a insisté la déléguée.  Elle a estimé que toute ingérence extérieure contribuant à la prolongation du conflit en cours aggravera encore la situation humanitaire et compromettra la stabilité régionale.  La communauté internationale doit se mobiliser pour répondre à la crise humanitaire au Soudan, a-t-elle conclu, en appelant toutes les parties à garantir un accès humanitaire sûr, complet et sans entrave à l’ensemble du territoire soudanais.

Mme ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a constaté que, depuis la dernière réunion du Conseil sur le Soudan, la situation dans le pays s’est encore détériorée, du fait d’une escalade de la violence accompagnée de graves violations du droit international.  Pour la représentante, il est inacceptable que le conflit en cours soit mené sans égard pour la population.  Condamnant les attaques persistantes contre les civils, elle s’est particulièrement alarmée de la situation au Darfour, d’où parviennent des allégations de meurtres à caractère ethnique, d’exécutions sommaires et de violences sexuelles et basées sur le genre commises en premier lieu par les Forces d’appui rapide et des milices alliées.  Nous appelons toutes les parties à impérativement respecter le droit international humanitaire et les droits humains, a-t-elle déclaré, jugeant primordial que les responsables répondent de leurs actes afin de rendre justice aux victimes.  Après avoir exprimé sa reconnaissance à celles et ceux qui risquent leur vie pour documenter les faits sur le terrain, elle a appelé à l’ouverture d’enquêtes approfondies, impartiales et indépendantes sur toutes les allégations de violations et d’abus des droits humains, ajoutant que la recrudescence des violences dans le Kordofan septentrional et méridional ainsi que dans le Nil-Bleu ne fait que contribuer à l’aggravation du conflit.

Dans ce contexte, la représentante a appelé à nouveau les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide à faciliter un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave aux civils dans le besoin, et à protéger le personnel et les infrastructures médicales, conformément au droit international humanitaire et à la Déclaration de Djedda.  Rappelant que près de quatre millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont fui le conflit à la recherche de protection et de biens essentiels, elle a salué les pays de la région qui les accueillent et leur a demandé de maintenir leurs frontières ouvertes.  La représentante a également appelé les parties à reprendre les négociations en vue d’un cessez-le-feu durable.  À cet égard, elle s’est félicitée des efforts diplomatiques actuellement déployés et a appelé de ses vœux une participation inclusive des acteurs et actrices civils dans la perspective d’un éventuel retour à un processus politique. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a exprimé sa profonde préoccupation face à la grave crise humanitaire au Soudan.  Elle a exhorté les parties à cesser immédiatement les combats, et les différents groupes armés à s’abstenir de participer davantage aux hostilités. La poursuite de la violence peut entraîner des conséquences irréparables pour le Soudan et toute la région, a-t-elle prévenu, notant que 20,3 millions de Soudanais sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë du fait du conflit.  Les informations faisant état d’agressions sexuelles et physiques commises contre des femmes au Darfour, qui s’ajoutent aux meurtres à caractère ethnique, aux incendies de maisons et au déplacement de résidents non arabes, sont particulièrement inquiétants.  Selon la représentante, les membres des Forces armées soudanaises et des Forces d’appui rapide qui ont violé les droits humains et le droit international humanitaire doivent être tenus responsables.  Dans cet esprit, elle a exprimé son plein appui aux efforts de médiation menés par l’Union africaine, l’IGAD et la Ligue des États arabes, et demandé un accès sans entrave de l’aide humanitaire aux zones touchées. 

M. DAI BING (Chine) a regretté l’évolution de la situation au Soudan et a appelé à poursuivre les efforts diplomatiques pour trouver une solution pacifique au conflit.  L’intérêt du Soudan et de sa population est de parvenir à un cessez-le-feu, la fin des hostilités et la désescalade, d’où l’importance de privilégier le dialogue et la médiation.  De même, il a appelé à la poursuite des efforts de l’Union africaine, des pays de la région et de la Ligue des États arabes pour trouver une issue.  Le représentant a également souligné le rôle de l’ONU et des organisations humanitaires face aux besoins humanitaires immenses du Soudan qui se font ressentir aussi dans les pays limitrophes. À cet égard, il a exhorté les parties au conflit à faciliter l’accès des convois humanitaires et à respecter le droit international humanitaire. 

S’opposant à toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays, le délégué a par ailleurs prié la communauté internationale de limiter son action aux bons offices et de s’abstenir d’imposer des programmes externes ou d’exercer une quelconque pression au Soudan.  Le Soudan et son peuple ont la capacité et la sagesse nécessaires pour surmonter les difficultés actuelles et mettre un terme au plus vite aux hostilités, a-t-il affirmé. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a appelé à ne pas rester silencieux face aux violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises à l’encontre du peuple soudanais, victime de violences sexuelles, de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires, de campagnes de terreur, d’attaques contre des écoles et des hôpitaux, et contre des camps de personnes déplacées, de même que de meurtres motivés sur la haine ethnique, d’incendies de villages, tous ces crimes ayant été commis sur fond d’absence de services de base et de trafic d’armes.  Alarmé par l’augmentation préoccupante des cas de violences sexuelles, le représentant a demandé la mise en place de mécanismes de lutte contre ces atrocités et la traduction en justice des auteurs de ces crimes. 

Également préoccupé de la situation humanitaire dans le pays, avec plus de trois millions de personnes déplacées et plus de 800 000 réfugiés soudanais et des difficultés d’accès aux services, le représentant a jugé impératif que la communauté internationale continue à contribuer à l’aide humanitaire susceptible de soulager, en partie, les souffrances de millions de Soudanais. À cet égard, il a appelé toutes les parties à garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à l’ensemble du pays, avant de déplorer la mort de membres du personnel humanitaire. Le délégué a dit compter sur le soutien continu des pays de la région, qui ont gardé leurs frontières ouvertes, malgré les réalités difficiles auxquelles ils sont eux-mêmes confrontés. En dernier lieu, il a salué les initiatives internationales, régionales et multilatérales visant à trouver une solution pacifique au conflit.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a jugé inacceptables les menaces visant à empêcher la participation, ce jour, du Représentant spécial.  Elle a dénoncé les souffrances indicibles infligées à la population soudanaise, avant de s’inquiéter de la détérioration de la situation humanitaire.  Elle a condamné les meurtres à caractère ethnique commis dans le Darfour, notant que ces atrocités rappellent la situation de 2004 où les actes commis au Darfour avaient été qualifiés de génocide.  Elle a appelé les parties au conflit à se conformer au droit international humanitaire, y compris en ce qui concerne la protection des populations civils. Ce conflit doit cesser, a-t-elle insisté.  Elle a appuyé les efforts de l’IGAD, entre autres, et s’est prononcée contre toute ingérence extérieure.  « Nous devons faire tout notre possible pour que l’aide humanitaire parvienne aux plus démunis. »  Enfin, elle a exprimé sa reconnaissance envers les pays voisins ayant accueilli des réfugiés. La paix doit l’emporter au Soudan et ne peut attendre une journée de plus, a-t-elle conclu. 

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a affirmé que son gouvernement déploie tous les efforts possibles pour mettre fin à la guerre qui lui est imposée, laquelle est selon lui soutenue par une puissance régionale qui souhaite que le Soudan devienne une « terra nullius ».  Il a toutefois rappelé que la légitime défense est autorisée par le droit international et que les Forces armées soudanaises ont accueilli favorablement le processus de Djedda.  Le représentant a d’autre part indiqué que la mission soudanaise a envoyé des informations complètes aux membres du Conseil de sécurité sur les violences sexuelles commises dans le pays et sur les mesures de lutte contre ces violences.  Les Forces armées soudanaises ne participent pas à ces violences, contrairement à d’autres parties bien connues de la communauté internationale, a-t-il dit, accusant en outre les forces rebelles de se livrer à des bombardement aveugles et d’opérer des déplacements forcés de populations dans le but de modifier la composition ethnique du pays.  « Resteriez-vous les bras croisés si des milices venaient violer vos femmes et s’emparaient de vos biens? » a-t-il lancé, avant d’assurer que le Soudan est pleinement engagé à coopérer avec l’ONU, notamment l’OCHA, pour garantir l’accès humanitaire à ceux qui en ont besoin. 

Pour ce faire, a précisé le délégué, le Gouvernement soudanais a créé un comité de haut niveau sur la situation humanitaire et participe à un mécanisme de consultations régulières avec l’OCHA, ce qui a contribué à l’octroi de visas et à l’accélération de l’aide humanitaire via Port Soudan.  Le Gouvernement gère également la fourniture de l’assistance via la frontière avec le Tchad et fait le nécessaire pour livrer des milliers de tonnes d’aide par camion.  Pour améliorer ce processus, l’ONU et l’OCHA devraient selon lui collaborer avec le pays concerné en respectant ses priorités, y compris l’étendue et la portée géographiques de la distribution.  Cette coopération, a-t-il insisté, doit être fondée sur la confiance pour pouvoir perdurer, sans que les retard pris dans l’octroi de visas ou de mesures destinées à garantir la sécurité du personnel humanitaire soient considérés comme des entraves bureaucratiques.  À ses yeux, d’autres problèmes ont contribué au ralentissement de l’accès humanitaire, notamment les lacunes de financement, de l’ordre de 70% par rapport aux engagements pris à Genève qui s’élevaient à plus d’un milliard de dollars.  Les engagements n’ont pu être tenus en raison de la complexité du processus de réponse et à cause de la chaîne de mise en œuvre, a-t-il avancé, appelant l’ONU à davantage de souplesse, en particulier pour la sécurisation des convois.  Alors que plus de 18 travailleurs humanitaires ont perdu la vie au Soudan, le Gouvernement soudanais aspire à protéger ces personnels, a-t-il encore affirmé. 

Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’initiative de l’Union africaine (UA) qui a permis d’aboutir à une feuille de route incluant une série d’éléments positifs, notamment une coordination entre partenaires régionaux et internationaux sur les questions humanitaires et la conclusion d’un cessez-le-feu permanent.  Selon lui, il serait toutefois judicieux d’adopter une initiative qui bénéficie du consentement du Gouvernement soudanais.  À cet égard, il a salué la réunion organisée par l’UA à Addis-Abeba en mai dernier, qui a permis d’aboutir à des trêves sur le court terme, en plus des initiatives de l’IGAD et de l’ONU.  S’agissant du processus de Djedda, le délégué a rappelé qu’il se concentre uniquement sur l’aide humanitaire et n’a pas vocation à accueillir des pourparlers politiques.  Sur ce point, il a assuré que le Gouvernement soudanais entend préparer dès maintenant un processus électoral et renvoyer à terme l’armée dans ses camps militaires.  Le gouvernement issu de ce processus devra être constitué à partir d’une nouvelle coalition nationale regroupant ceux qui n’ont pas soutenu l’agression actuelle, a-t-il précisé, souhaitant qu’on laisse le temps au pays de reprendre ce travail et d’établir une « vision politique », avec l’aide de pays frères africains.  Dans l’intervalle, a-t-il ajouté, le Gouvernement continuera d’œuvrer à un rétablissement de la paix, en protégeant les civils et en facilitant l’accès de l’aide dans toutes les zones du pays. 

À propos du conflit en cours, le représentant a déclaré que les négociations indirectes avec les Forces d’appui rapide ont dû s’arrêter en raison de l’intransigeance de ces dernières et d’attaques contre des infrastructures civiles. « Les Forces armées soudanaises respecteront le processus de Djedda si les groupes rebelles ont font autant », a-t-il martelé, accusant ces groupes de déplacer sciemment les populations et de saper l’économie du Soudan, perturbant ainsi toute l’Afrique de l’Est. Rappelant que les attaques rebelles ont été largement condamnées, il s’est réjoui que le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) s’engage à enquêter sur ces crimes, qui constituent le « frein principal à la fin des hostilités ».  Toutefois, a-t-il déploré, un « pays de la région » a envoyé 6 000 combattants pour soutenir la rébellion et les milices à l’origine d’exactions à Geneina et au centre du Darfour avec l’aide de mercenaires étrangers.  Saluant les efforts de la Ligue des États arabes et de l’Égypte pour préserver la souveraineté du Soudan, le délégué a appelé la communauté internationale et l’ONU à soutenir son pays pour répondre à cette « invasion » appuyée par des acteurs étrangers.  Il faut soutenir le Soudan pour l’aider à retrouver un objectif politique et à garantir la sécurité alimentaire, a-t-il plaidé, assurant que les Forces armées soudanaises sont prêtes à interrompre leurs opérations défensives dès que les milices cesseront les hostilités.  De son côté, le Gouvernement soudanais a continué de communiquer avec toutes les parties, y compris après la suspension des négociations indirectes, et s’emploie à mettre fin aux souffrances de son peuple, a-t-il conclu. 

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