9376e séance, après-midi
CS/15355

Conseil de sécurité: appels à rétablir les canaux de communications au lendemain du lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC

Réuni vingt-quatre heures après le tir d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Conseil de sécurité s’est vu reproché par le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique son manque d’unité et d’action pour inverser cette trajectoire négative dans la région.  Il a également souligné l’importance de rétablir les canaux de communication, en particulier militaires. 

Dans un premier temps, M. Khaled Khiari a précisé que le missile à combustible solide, lancé le 12 juillet depuis la région de Pyongyang, a parcouru plus de 1 000 kilomètres en 74 secondes avant de tomber en mer dans la zone économique exclusive de la Fédération de Russie, ajoutant qu’il s’agit potentiellement de la durée de vol la plus longue pour un missile de la RPDC.  Il a également signalé qu’en 2022 et 2023, la RPDC a effectué plus de 90 lancements de missiles balistiques, dont 13 de portée intercontinentale. 

Or, le manque d’unité et d’action du Conseil de sécurité sur cette question empêche d’inverser la trajectoire négative dans la région, s’est inquiété M. Khiari qui a qualifié le statu quo d’alarmant et d’insoutenable.  Rappelant que dans quinze jours sera célébré le soixante-dixième anniversaire de l’accord d’armistice de la guerre de Corée, il a déploré la persistance, après sept décennies, de tensions non résolues et a appelé à la plus grande retenue.  En attendant la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, la RPDC doit maintenir le plus haut niveau de sûreté dans ses installations nucléaires, a insisté le haut fonctionnaire. 

Assurant que le tir d’essai n’a eu aucun effet négatif sur la sécurité des pays voisins, le représentant de la RPDC a condamné la convocation de cette réunion y voyant un empiètement au droit légitime de son pays à l’autodéfense, tel que reconnu par la Charte des Nations Unies.  Ce tir est un exercice du droit à l’autodéfense en vue de dissuader les mouvements militaires dangereux des forces hostiles dans le but de sauvegarder la sécurité de l’État et la paix dans la région, a justifié la délégation. 

Les États-Unis, qui ont convoqué cette réunion avec l’Albanie, la France, le Japon, Malte, et le Royaume-Uni, se sont néanmoins évertués à espérer que l’intervention de la RPDC devant le Conseil, la première depuis 2017, est une indication qu’elle est prête à participer à une diplomatie réelle, sans condition préalable.  Fustigeant les violations flagrantes de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, la délégation américaine a rappelé à ses membres leur responsabilité de s’attaquer au développement illégal et injustifiable de missiles balistiques et d’armes de destruction massive et de faire face aux menaces de prolifération nucléaire par la RPDC. Par le passé, a rappelé la France, le tir de ce type de missile était sanctionné d’une résolution du Conseil car chacun mesurait qu’il y avait là un risque majeur pour la stabilité régionale et la sécurité internationale. 

Reconnaissant que la situation est tendue, la Chine a appelé les États-Unis à traduire leurs offres de dialogue en mesures concrètes plutôt que d’imposer des sanctions.  De même, elle a plaidé pour l’établissement de mesures de renforcement de la confiance aptes à faciliter la reprise du dialogue avant d’encourager les membres du Conseil à examiner le projet de résolution présenté conjointement par la Fédération de Russie et la Chine. 

De son côté, la Fédération de Russie a dénoncé l’action des États-Unis, de la République de Corée et du Japon, qui, dans le cadre de leur « stratégie de dissuasion élargie », continuent d’effectuer des manœuvres régionales et de consolider leur coopération dans le domaine militaire.  Selon elle, c’est le renforcement des activités militaires sous la houlette active de Washington et « suivi aveuglément » par Tokyo et Séoul qui empêche la reprise des négociations. 

Regrettant les fausses équivalences que font certains entre les provocations illégales de la RPDC et les exercices militaires combinés défensifs de Seoul et Washington, la République de Corée a prévenu que chaque lancement permet à Pyongyang de faire progresser le développement technologique de moyens de plus en plus sophistiqués de livraison d’ogives nucléaires.  La délégation a toutefois assuré que la porte du dialogue reste grande ouverte, tout en exhortant la RPDC à cesser immédiatement ses actions déstabilisatrices et à répondre aux appels répétés à un dialogue sérieux. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a indiqué que le 12 juillet, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a procédé au deuxième lancement d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18, précisant qu’il s’agit d’un missile à combustible solide. Lancé depuis la région de Pyongyang, le missile a parcouru plus de 1 000 kilomètres en 74 secondes avant de tomber en mer dans la zone économique exclusive de la Fédération de Russie, a-t-il fait savoir, ajoutant qu’il s’agit potentiellement de la durée de vol la plus longue pour un missile de la RPDC.  En outre, la RPDC n’ayant pas émis de notifications sur l’espace aérien ou la sécurité maritime pour ce lancement, ces tirs inopinés représentent un risque grave pour l’aviation civile internationale et le trafic maritime, a alerté le haut fonctionnaire. 

Selon lui, l’agence de presse officielle de la RPDC a justifié ce lancement en expliquant qu’il s’agissait de dissuader les manœuvres militaires dangereuses des forces hostiles.  La RPDC a également indiqué qu’elle entend renforcer sa soi-disant dissuasion nucléaire conformément à son plan quinquennal de développement militaire de 2021 qui prévoit la poursuite des programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il a précisé que la RPDC a effectué, en 2022 et 2023, plus de 90 lancements de missiles balistiques. 

Le Sous-Secrétaire général a constaté que le manque d’unité et d’action du Conseil de sécurité empêche d’inverser la trajectoire négative dans la région, qualifiant le statu quo d’alarmant et d’insoutenable.  Rappelant que dans quinze jours sera célébré le soixante-dixième anniversaire de l’accord d’armistice de la guerre de Corée, M. Khiari a déploré la persistance de tensions non résolues même après sept décennies.  Il a souligné l’importance de rétablir les canaux de communication, notamment entre les entités militaires, de faire preuve de la plus grande retenue, et d’éviter une escalade involontaire.  En attendant la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, la RPDC doit maintenir le plus haut niveau de sûreté dans ses installations nucléaires, a encore insisté le haut fonctionnaire. 

M. Khiari s’est également dit préoccupé par la situation humanitaire en RPDC et a exhorté Pyongyang à permettre le retour et la rotation sans entrave du personnel de l’ONU et du Coordonnateur résident des Nations Unies. La diplomatie et non l’isolement, est la seule voie à suivre, a-t-il ensuite déclaré, notant que l’unité du Conseil sur la question de la RPDC est essentielle pour apaiser les tensions et sortir de l’impasse diplomatique.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a condamné dans les termes les plus forts le lancement d’un missile balistique intercontinental, le 12 juillet, par la RPDC, en violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  Ces missiles sont source de tensions en Asie de l’Est et au-delà et contribuent au développement du programme illégal d’armes de destruction massive de la RPDC.  Il a rappelé aux membres du Conseil de sécurité leur responsabilité de s’attaquer au développement illégal et injustifiable de missiles balistiques et d’armes de destruction massive et de faire face aux menaces de prolifération nucléaire.  Cette question devrait nous fédérer, a-t-il lancé, en regrettant que ce n’est plus le cas depuis 2017 puisque la Russie et la Chine empêchent le Conseil de parler d’une même voix ce qui a enhardi Pyongyang.  Les États-Unis ne permettront pas à la RPDC et à ses défenseurs de faire du Conseil de sécurité une travestie, s’est emporté le délégué.  Il a encouragé la RPDC à accepter l’invitation de s’engager dans un dialogue avec les États-Unis au plus haut niveau sans condition préalable, déplorant que cette invitation demeure lettre morte.  Qualifiant le statu quo d’intenable, le représentant a dit craindre que si le Conseil demeure silencieux, une nouvelle réunion sera organisée le mois prochain pour dénoncer le comportement illégal de la RPDC. Il a toutefois espéré que la participation de la RPDC à cette réunion indique qu’elle est prête à participer à une diplomatie réelle, sans condition préalable.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le lancement, le 12 juillet, d’un missile balistique de portée intercontinentale. Par le passé, a-t-il rappelé, le tir de ce type de missile était sanctionné d’une résolution du Conseil car chacun mesurait qu’il y avait là un risque majeur pour la stabilité régionale et la sécurité internationale.  Or ces tirs se sont multipliés et ce Conseil est resté désuni et silencieux, a—t-il déploré, ajoutant que « nous ne pouvons pas nous résoudre à l’inaction ». 

Le représentant a rappelé que la Corée du Nord a désormais lancé 20 missiles balistiques en 2023, dont 4 missiles de portée intercontinentale, en violation flagrante de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité.  Ne rien faire, ou être complaisant avec la Corée du Nord, revient à banaliser la prolifération nucléaire, a indiqué le délégué.  La France ne se résoudra pas à ce que la Corée du Nord devienne un État nucléaire, a—t-il martelé.  Pour enrayer l’escalade, il a suggéré d’appliquer pleinement toutes les sanctions internationales adoptées à l’unanimité et de lutter contre toutes formes de contournements, y compris dans les domaines cyber et maritime. Face à ces provocations, la priorité est de renouer le dialogue sans préconditions afin que la Corée du Nord abandonne ses programmes de manière complète, vérifiable et irréversible, a proposé le délégué qui a dit être résolu à trouver une solution diplomatique à cette crise. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a condamné le tir d’un missile balistique intercontinental par la RPDC mercredi dernier, dénonçant une provocation éhontée, de même que les entraves qui empêchent le Conseil à agir de manière concrète et de tenir la RPDC pour responsable.  Elle a également déploré les violations du régime de sanctions 1718, notant que la RPDC n’agit pas seule pour développer son programme d’armes nucléaires et de missiles.  La récente rhétorique incendiaire de Pyongyang est également préoccupante, a-t-elle ajouté.  La représentante a relevé que les programmes d’armes de destruction massive de la RPDC se font durement ressentir sur la situation humanitaire dans le pays.  De même, elle a accusé la RPDC de violer la Convention relative aux droits de l’enfant en ordonnant aux enfants de collecter de la ferraille afin de l’utiliser dans la fabrication d’armes. 

La déléguée a ensuite appelé la RPDC à rétablir le moratoire sur les lancements des missiles balistiques intercontinentaux, à mettre un terme aux cyberattaques et actions déstabilisatrices, à respecter les droits humains fondamentaux en mettant en œuvre les conventions ratifiées par Pyongyang et, enfin, à s’abstenir de procéder à un septième essai nucléaire. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a indiqué que le dernier missile balistique intercontinental lancé par la RPDC a atterri à 250 kilomètres de Hokkaido, au Japon, avant de condamner cet acte dangereux.  Elle a précisé que l’engin, qui serait un Hwasong-18, un nouveau modèle de missile balistique intercontinental à combustion solide, aurait parcouru 1 000 kilomètres en 74 minutes et que sa portée pourrait dépasser 15 000 kilomètres.  Cela signifie que toute l’Asie, toute l’Europe, toute l’Amérique du Nord, toute l’Afrique et même une partie de l’Amérique du Sud seraient à portée de ce système de livraison d’ogives nucléaires illégales, a-t-elle alerté. 

La représentante a ensuite rappelé que la résolution 2397 (2017) appelle le Conseil de sécurité à agir en cas de lancement, par la Corée du Nord, d’un missile balistique intercontinental.  Il n’y a aucune excuse pour que la Corée du Nord viole continuellement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et pour que ce Conseil continue d’ignorer les violations de ses propres résolutions, a souligné la représentante avant d’exhorter le Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités. Elle a également appelé la Corée du Nord à honorer toutes les résolutions pertinentes avant d’affirmer que la voie du dialogue reste ouverte.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a condamné fermement ce lancement qui constitue une violation flagrante de la résolution 2397 (2017).  Il a déploré le fait que le Conseil n’a pas été en mesure de répondre à aucun des tirs de missiles de 2022.  Cette tendance doit être inversée, car l’incapacité du Conseil à agir nuira à sa crédibilité, a-t-il averti.  Le délégué a instamment demandé à la RPDC d’engager un dialogue constructif en vue de sa dénucléarisation et de respecter ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a appelé le pays à abandonner complètement, de manière vérifiable et irréversible son programme de missiles nucléaires et balistiques; à se conformer au Traité de non-prolifération et aux garanties de l’AIEA; et à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Le représentant a par ailleurs demandé à la RPDC de rétablir l’accès au pays à l’ONU et d’autres acteurs humanitaires, afin d’apporter à la population l’aide dont elle a besoin. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a pris note de la participation de la RPDC à cette réunion du Conseil de sécurité, une première depuis 2017.  Il a condamné le lancement par la RPDC d’un énième missile balistique intercontinental.  Il s’agissait du douzième lancement du genre par la RPDC depuis le début de 2022, a-t-il indiqué, notant que les actions de la RPDC violent de multiples résolutions du Conseil de sécurité et illustre un mépris flagrant du régime international de non-prolifération nucléaire.  Nous devons être fermes et unis dans notre réponse à ces violations, a-t-il lancé, soulignant que l’inaction du Conseil ne peut pas continuer.  Il a appelé la RPDC à abandonner son programme nucléaire illégal et ses programmes d’armes balistiques, lesquels appauvrissent de surcroît sa population et déstabilisent la région.  Il a invité la RPDC à considérer les offres de dialogue, et de permettre le retour des diplomates et des ONG dans le pays.  La diplomatie est la seule voie pour progresser vers un développement durable et la paix dans la péninsule, a-t-il conclu. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a déclaré que cet énième missile balistique de longue portée, lancé le 12 juillet par la RDPC en direction de la mer de l’Est, certifie une fréquence de tirs appelé à se maintenir dans la durée et à accentuer la menace nucléaire dans la région.  La surenchère verbale qui s’ensuit contribue également à attiser les tensions et à reprendre le cycle de l’instabilité, s’est-elle inquiétée. Elle a jugé urgent de trouver des solutions durables à la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne, notant que celle-ci se fragilise chaque jour un peu plus.  Il est fondamental que l’ensemble des parties dialoguent de bonne foi et reprennent les négociations pour trouver enfin un dénouement à même de garantir la sécurité et la coexistence pacifique dans cette région, a-t-elle souligné. 

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a condamné le quatrième lancement d’un missile balistique de portée intercontinentale cette année par la RPDC, se préoccupant du risque d’escalade inhérent à un tel acte.  Elle a souligné que la RPDC est tenue de mettre en œuvre ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité ainsi que de prendre des mesures concrètes en vue d’abandonner ses armes nucléaires, ses missiles balistiques et ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible.  La représentante a par ailleurs espéré que les lourdes restrictions mises en place par la RPDC en lien avec la pandémie qui entravent gravement l’aide humanitaire internationale seront bientôt levées.  Accueillant favorablement l’appel aux bons offices du Secrétaire général, elle a ensuite encouragé la RPDC à engager un dialogue constructif avec le Conseil et le système onusien.  À l’approche de la commémoration du septantième anniversaire de l’Armistice de Panmunjom, elle a regretté qu’une solution plus pérenne n’ait pas encore pu s’établir dans la péninsule coréenne. 

M. ZHANG JUN (Chine) a appelé à œuvrer en faveur de la dénucléarisation et la stabilité de la péninsule coréenne.  La situation est tendue, a-t-il constaté, évoquant le dernier lancement de missile par la RPDC, mais également de la pression militaire très forte et l’envoi « par certains pays » d’armes stratégiques pour mener des manœuvres militaires dans cette région.  Ces incidents n’interviennent pas de manière isolée, a-t-il argué, avertissant d’un risque réel d’escalade.  Selon lui, il s’agit d’une question politique sans mécanisme de paix: la RPDC représente une menace sécuritaire aux yeux des États-Unis, tandis que les inquiétudes légitimes de la RPDC demeurent sans réponse, les États-Unis ayant organisé des manœuvres d’une ampleur sans précédent cette année. 

Le représentant a plaidé pour le dialogue et la diplomatie pour apaiser les tensions dans la péninsule et promouvoir une solution politique.  Les États-Unis devraient traduire leurs offres de dialogue en mesures concrètes plutôt que d’imposer des sanctions, a-t-il estimé, tout en encourageant des mesures de renforcement de la confiance pour faciliter la reprise du dialogue.  Il a également appelé à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, avant d’encourager les membres du Conseil à examiner le projet de résolution présenté conjointement par la Fédération de Russie et la Chine. 

Il a constaté que les effets de la guerre froide se font toujours sentir dans la péninsule coréenne, ainsi qu’au sein de l’OTAN « coincé dans cette logique » qui cherche à faire rayonner son pouvoir partout dans le monde, encourage ses membres à accroître leurs dépenses militaires bien qu’elle soit une organisation défensive, et s’ingère dans les affaires de nombreux États.  « Le véritable trouble-fête ici c’est l’OTAN », s’est-il exclamé, fustigeant ses accusations fallacieuses à l’encontre de la Chine qui, a-t-il souligné, n’a jamais envahi qui que ce soit, ne s’est jamais ingérée dans les affaires internes d’autres pays et ne mène pas de guerre par procuration.  Il a indiqué que la Chine s’est engagée à ne jamais utiliser d’armes nucléaires en premier ou contre un pays qui n’en dispose pas, et que son pays est favorable à une sécurité commune, comme en témoigne l’initiative en ce sens proposée par le Président chinois.  Il faut une architecture de sécurité équilibrée et la Chine est prête à travailler avec la communauté internationale en ce sens, a-t-il assuré. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé que ce cycle d’escalade de la RPDC doit cesser.  « La prolifération des armes de destruction massive et la stratégie de la corde raide en RPDC menacent non seulement la sécurité et la stabilité de la région, mais aussi celles du reste du monde. »  Sans avertir, la RPDC met en péril les activités maritimes et aériennes et les populations des pays voisins.  Pour le représentant, le tir effectué hier n’était pas un événement isolé.  Il a appelé la RPDC à revenir au Traité de non-prolifération et à œuvrer à la paix dans la péninsule coréenne par une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  Il lui a demandé de permettre à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de retourner dans le pays.  Le représentant a encouragé la RPDC à répondre aux appels de la République de Corée et des États-Unis et à reprendre le dialogue sans conditions préalables.  Préoccupé par les besoins humanitaires urgents de la population en RPDC, il a également exhorté Pyongyang à rétablir le dialogue avec l’ONU et à permettre le retour des organisations humanitaires dans le pays dès que possible.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé la RPDC à se conformer pleinement à ses obligations internationales en vertu de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en s’abstenant de procéder à de nouveaux lancements avec la technologie des missiles balistiques.  Le représentant s’est dit préoccupé par le risque d’affrontement militaire, notamment à la suite d’un mauvais calcul.  L’escalade des tensions et des menaces d’action militaire pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la péninsule et pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il averti.  Le Ghana exhorte donc toutes les parties concernées à prendre des mesures immédiates et concrètes pour désamorcer les tensions dans la péninsule coréenne.  Une approche raisonnée et pragmatique basée sur la diplomatie, le dialogue et l’instauration de la confiance est nécessaire pour favoriser progressivement les conditions qui permettront des engagements constructifs entre la RPDC et d’autres parties sur son programme d’armement.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné le dernier lancement par la RPDC d’un missile balistique.  Il ne s’agit pas d’un événement isolé, a-t-il constaté, mais d’un défi de plus aux résolutions du Conseil de sécurité, sapant l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération.  Dans sa résolution 2397 (2017), le Conseil a exprimé sa détermination à prendre de nouvelles mesures significatives en réponse à tout nouveau tir, a rappelé le délégué.  Il a donc demandé l’envoi sans attendre d’un signal fort pour que soient mises en œuvre les décisions de cet organe.  L’Équateur appuie les efforts en vue de parvenir à une solution diplomatique et politique qui permette la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  Le délégué a encouragé la coopération et le dialogue fondés sur la bonne foi.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a estimé que le Conseil de sécurité doit faire face à une dure réalité: « notre approche de ce dossier n’a tout simplement pas fonctionné ».  Ni l’inaction des cinq dernières années, ni les neuf séries de sanctions de la décennie précédente n’ont été en mesure de traiter de manière adéquate les programmes nucléaires et de missiles de la RPDC.  Le délégué a regretté de voir les discussions au sein du Conseil se polariser autour d’un faux choix: revenir au paradigme d’avant 2018 consistant à s’unir autour de nouvelles séries de sanctions plus larges ou garder le silence pour éviter de provoquer la RPDC.  Chaque nouveau lancement montre plus clairement qu’une nouvelle approche est nécessaire, a-t-il déclaré.  Le Conseil -et l’ONU dans son ensemble- ont un rôle important à jour à cet égard.  Il s’agit, dans un premier temps, d’aider à rétablir la confiance entre les parties, afin d’ouvrir une « fenêtre d’engagement ».  Une fois cette fenêtre ouverte, le Conseil peut utiliser son expertise et son poids politique pour aider à construire et à soutenir un processus diplomatique.  Enfin, il peut approuver et vérifier les résultats de tout accord, rendant ceux-ci plus transparents et légitimes pour toutes les parties concernées.  « Le Chapitre VI donne à ce Conseil une large boîte à outils qui reste sous-explorée dans ce dossier », a ajouté le délégué. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que la déclaration du Secrétaire général sur la question fait fi d’une série de facteurs qui ont une influence directe sur la situation dans la péninsule coréenne.  « La Russie est fermement contre toute activité militaire qui hypothèque la sécurité de la péninsule coréenne et des pays d’Asie du Nord-Est. »  La représentante a dénoncé l’action des États-Unis, de la République de Corée et du Japon, qui, dans le cadre de leur « stratégie de dissuasion élargie », continuent de renforcer des manœuvres régionales et leur coopération dans le domaine militaire. Elle a regretté que ce facteur soit laissé de côté par certains membres du Conseil.  Elle a dit avoir déjà présenté des exemples de ces tendances négatives, mais que celles-ci s’accumulent de réunion en réunion.  Ainsi, a-t-elle illustré, à la mi-juin, un sous-marin nucléaire américain a pris part à des manœuvre sur la péninsule coréenne.  Elle a aussi parlé de manœuvres aériennes américaines et sud-coréennes menées fin juin.  De telles mesures ont une influence négative sur la stabilité non seulement de l’Asie du Nord-Est mais aussi de l’ensemble de la région d’Asie et de l’océan Pacifique, a-t-elle avancé.  La déléguée a craint que cette militarisation crée de nouvelles lignes de division en établissant des unions restreintes pour lutter contre les pays qui dérangent Washington.  Il ne faut pas non plus perdre de vue les messages « profondément ambigus et contradictoires » des alliés américains en Asie du Nord-Est quant au renforcement de la coopération des États-Unis dans le domaine nucléaire, a-t-elle demandé. 

Il est clair que les activités des États-Unis et de leurs alliés dans la sous-région vont à l’encontre de la désescalade des tensions, a déclaré la représentante en demandant au Conseil de ne pas l’ignorer « malgré les tentatives de certains de ne présenter qu’un volet de la situation ».  La représentante a estimé que « le renforcement des activités militaires sous la houlette active de Washington et suivi aveuglément par Tokyo et Séoul nous empêche de reprendre les négociations ». Cela ressemble selon elle à une provocation délibérée d’une crise sur la péninsule coréenne dont les conséquences pourraient être immenses.  Elle a rappelé que les résolutions du Conseil sur la RPDC prévoient la recherche de solutions politiques et diplomatiques pour la péninsule.  Elle a attiré l’attention sur le plan d’action russo-chinois pour un règlement complet de la situation sur la péninsule coréenne, plan qui prévoit une série de mesures dans différents domaines, dont la mise en œuvre dépend du dialogue sur un pied d’égalité et de la prise en compte des préoccupations légitimes des États concernés, dont la RPDC.  Elle a dit ne pas voir, pour le moment, de volonté d’aller dans ce sens. 

La déléguée a aussi regretté qu’on prête trop peu d’attention aux problèmes dans la sous-région.  Elle a proposé de discuter et d’adopter le projet russo-chinois de règlement politique et humanitaire de la solution, « plutôt que ces projets déséquilibrés » qui vont dans une impasse et sont inhumains avec le renforcement des sanctions. « Un allègement des sanctions par le Conseil ne serait pas un cadeau pour Pyongyang », au contraire cela permettrait de rétablir la confiance, a déclaré la déléguée.  Il faut que tous les membres du Conseil soient prêts à renoncer aux théories de propagande et qu’ils honorent leurs engagements en faveur de la paix et de la sécurité internationales, a-t-elle conclu. 

M. MARTINS MARIANO KUMANGA (Mozambique) a estimé que la péninsule coréenne, comme le reste du monde, mérite la paix, la sécurité et la stabilité.  Pour que cela soit fait, toutes les parties prenantes doivent s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui peuvent mettre en danger la stabilité de la région.  Le représentant a exigé le plein respect, par toutes les parties, des résolutions du Conseil de sécurité sur la péninsule coréenne.  Tous les États Membres des Nations Unies, individuellement et collectivement, ont le devoir de contribuer à la non-prolifération des armes nucléaires, a—t-il insisté, avant d’appeler au dialogue et à des solutions négociées pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée-RPDC) a défendu le droit à l’autodéfense en tant que droit légitime d’un État souverain que personne ne peut nier puisqu’il est reconnu par la Charte des Nations Unies et le droit international.  Notre tir d’essai d’un nouveau type de missile balistique intercontinental n’a eu aucun effet négatif sur la sécurité des pays voisins, a-t-il affirmé rappelant que le Japon avait annoncé que ledit missile avait atterri en dehors de sa zone économique exclusive, ce qui équivaut à reconnaître qu’il ne posait aucun risque à sa sécurité.  Il a également justifié le tir d’essai du missile « Hwasongpho-18 » par le droit à l’autodéfense en vue de dissuader les exercices militaires dangereux de forces hostiles et pour sauvegarder la sécurité de l’État et la paix dans la région. Le délégué a catégoriquement condamné la convocation de cette réunion du Conseil de sécurité à la demande des États-Unis « et leurs partisans », y voyant une tentative d’empiéter sur le droit légitime de la RPDC à l’autodéfense.  À l’heure actuelle, les provocations militaires des États-Unis et de leurs partisans à l’encontre de la RPDC se multiplient comme jamais auparavant a dénoncé le représentant qui a qualifié la « Déclaration de Washington » d’avril dernier de plateforme pour une épreuve de force nucléaire avec la RPDC. 

Le délégué a accusé les États-Unis d’avoir déployé un sous-marin nucléaire chargé d’armes stratégiques en Corée du Sud pour la première fois depuis quarante ans, et de mener des actes d’espionnage aérien extrêmement provocateurs en s’infiltrant dans le territoire souverain de la RPDC.  Ces mouvements militaires inconsidérés constituent une provocation agressive qui pousse la situation dans la péninsule coréenne au bord d’un conflit armé, a alerté le représentant.  S’adressant à ceux qui prétendent que l’exercice, par la RPDC, de son droit à l’autodéfense constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, il a voulu savoir en quoi le déploiement de moyens nucléaires, les exercices militaires conjoints et les actes d’espionnage aérien commis par les États-Unis contribuent-ils à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne. 

Le délégué a également demandé au Conseil de sécurité d’expliquer pourquoi des dizaines d’exercices de guerre nucléaire américains ne sont pas considérés comme une menace à la paix et la sécurité internationales, alors qu’un seul tir d’essai de missile balistique de la RPDC l’est.  Le Conseil de sécurité ne peut pas persister à ignorer que les provocations militaires extrêmement dangereuses des États-Unis constituent une grave menace à la sécurité de la RPDC, a-t-il exhorté, s’inquiétant que l’organe soit engagé sur une voie dangereuse sous l’influence de « l’autoritarisme et l’arbitraire des États-Unis et de leurs partisans ». Le Conseil est-il prêt à assumer la responsabilité des conséquences de son ignorance de l’arbitraire militaire des États-Unis et de leurs alliées qui peut entraîner une guerre nucléaire sur la péninsule coréenne? a-t-il lancé.  Il a ensuite appelé le Conseil à s’abstenir d’entraver l’exercice par la RPDC de son droit à l’autodéfense et de dénoncer et de dissuader le comportement « anti-paix » des États-Unis.  Il a conclu en assurant que la RPDC assumera sa responsabilité et son rôle dans la lutte pour la sauvegarde de la paix et de la stabilité de la péninsule coréenne à l’avenir également.

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné le lancement, le 12 juillet, d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18, notant que la RPDC a effectué 90 tirs de missile balistique depuis le début de l’année, dont 13 de portée intercontinentale.  La RPDC viole donc les résolutions du Conseil de sécurité plus d’une fois par semaine, s’est-il indigné.  Le représentant a dénoncé le silence du Conseil face à un comportent inconscient, d’autant plus, a-t-il fait observer, que chaque lancement permet à Pyongyang de faire progresser le développement technologique de moyens de plus en plus sophistiqués de livraison d’ogives nucléaires. Il a constaté que le Conseil est paralysé depuis son échec à adopter une résolution suite au lancement de mai 2022, déplorant en outre qu’aucun individu ou entité n’aient été inscrits sur la liste des sanctions ces cinq dernières années.  Il a également regretté les fausses équivalences que font certains entre les provocations illégales de la RPDC et les exercices militaires combinés défensifs de la République de Corée et des États-Unis, relevant que la RPDC a élaboré son programme balistique et nucléaire sur la base de ses propres règles du jeu. 

Affirmant que la création imprudente, par la RPDC, d’un arsenal nucléaire et ses violations flagrantes et systématiques des droits humains sont les deux faces d’une même médaille, le délégué a appelé les membres du Conseil à soutenir la reprise des séances publiques consacrées à la situation des droits humains dans ce pays afin d’aborder la question de la RPDC de manière globale. Il a ensuite déclaré que la porte du dialogue reste grande ouverte, avant d’exhorter la RPDC à cesser immédiatement ses actions déstabilisatrices et à répondre aux appels répétés à un dialogue sérieux. 

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