9325e séance – après-midi     
CS/15286

Conseil de sécurité: le Bureau des affaires de désarmement prévient des risques de détournement des arsenaux livrés aux belligérants en Ukraine

Réuni, cet après-midi, pour discuter de la question des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine dans le cadre du conflit armé dans ce pays, le Conseil de sécurité a pris acte des avertissements réitérés du Directeur du Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies, selon lequel les armements livrés aux belligérants courent le risque d’être détournés par des utilisateurs non autorisés. Une mise en garde appuyée par la Fédération de Russie, à l’origine de cette séance, mais à la laquelle une majorité de membres du Conseil ont opposé le droit de l’Ukraine à se défendre. 

Observant que, depuis le dernier exposé, en février, de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement au Conseil de sécurité sur le même sujet, la fourniture d’une assistance militaire aux forces armées ukrainiennes s’est poursuivie, M. Adedeji Ebo a précisé que les moyens transférés comprennent des armes conventionnelles lourdes, notamment des chars, des véhicules blindés, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des véhicules aériens de combat sans équipage, ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères et de petit calibre. 

Dans le même temps, a signalé le haut fonctionnaire, des États transfèrent ou prévoient de transférer des armes, telles que des véhicules aériens de combat sans équipage et des munitions, aux forces armées russes pour qu’elles soient utilisées en Ukraine.  Il a d’autre part évoqué des informations faisant état du transfert d’armes conventionnelles majeures, notamment des systèmes de roquettes d’artillerie, à des groupes non étatiques impliqués dans cette guerre.

Face à ces acheminements massifs d’arsenaux, M. Ebo a jugé essentiel de prévenir le risque de détournement vers des utilisateurs finaux non autorisés.  Il a donc appelé à évaluer les risques préalablement au transfert, à certifier l’utilisateur final et à procéder à des vérifications après les expéditions.  À ses yeux, la prévention des détournements nécessite également un échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, ainsi que des mesures de marquage et de traçage, des pratiques comptables efficaces et des contrôles aux frontières.  Dans ce cadre, le Registre des armes classiques de l’ONU demeure selon lui un outil crucial, « notamment parce qu’il permet de suivre l’afflux d’armes dans les zones de conflit ».

La Fédération de Russie, qui, lors de sa présidence du Conseil au mois d’avril, avait convoqué un débat public sur « les risques découlant de violations des accords réglementant l’exportation d’armes et d’équipements militaires », a cette fois dénoncé la fourniture à l’Ukraine de systèmes d’armes de plus en plus puissants par les pays de l’OTAN.  Une « escalade » qui, selon elle, fait de ces pays non seulement des parties au conflit, mais aussi « des complices des crimes de guerre commis par les forces ukrainiennes ».

Accusant « l’Occident collectif » d’utiliser l’Ukraine comme « terrain d’expérimentation » et de vouloir prolonger le conflit « jusqu’au dernier Ukrainien », la délégation russe a rappelé avoir averti à maintes reprises que ces armes occidentales « finiront entre les mains de la criminalité organisée, des terroristes et des groupes armés, et pas seulement en Europe ».  Devant le niveau sans précédent de l’implication occidentale dans ce conflit, la Russie se réserve le droit de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour neutraliser les menaces qui pèsent sur sa sécurité nationale, a-t-elle assuré.

Moscou est suffisamment cynique pour demander ces débats alors qu’elle continue de faire pleuvoir des frappes contre les villes et infrastructures civiles ukrainiennes, ont rétorqué les États-Unis, selon lesquels l’utilisation par les forces russes de drones transférés par la République islamique d’Iran ou importés de République populaire démocratique de Corée violent les résolutions du Conseil de sécurité.  « Tandis que nous livrons, en toute légalité, des armes à l’Ukraine, la Russie, elle, cherche à s’en procurer illégalement pour combler ses stocks qui s’amenuisent », a renchéri la France, affirmant avoir fait le choix, avec ses partenaires, de « soutenir le peuple ukrainien dans son droit » à la légitime défense.

Nous apportons un soutien militaire à l’Ukraine dans le respect du droit international pour empêcher tout transfert illicite, a pour sa part affirmé le Royaume-Uni, qui a dit avoir récemment livré des systèmes de défense aérienne à l’armée ukrainienne, outre des missiles Storm Shadow annoncés la semaine dernière.  La Russie veut faire croire que le soutien légitime et nécessaire à l’autodéfense de Kiev constitue une menace pour la paix et la sécurité, a dénoncé à son tour Malte, soutenue par l’Albanie, l’Équateur et le Japon, pour qui « aucun pays ne devrait soutenir l’agression contre l’Ukraine ».

D’autres pays ont néanmoins fait entendre un son de cloche différent.  À l’instar de la Chine, qui a dit craindre que les armements qui convergent actuellement vers l’Ukraine ne profitent à des « groupes malintentionnés », tout en assurant « ne fournir d’armes à personne », le Brésil s’est déclaré inquiet des possibilités de détournement.  Face au risque de les voir tomber aux mains de terroristes, les Émirats arabes unis ont insisté sur l’importance d’une gestion appropriée des moyens militaires pendant leur transfert, leur stockage et leur déploiement.  Le Ghana a quant à lui appelé à davantage de transparence et de traçage pour les armes fournies à l’Ukraine.

La majorité des délégations ont toutefois enjoint la Russie de cesser ses opérations militaires et de retirer sans délai ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien.  Comme l’a souligné la Suisse, cela mettrait non seulement fin à la souffrance de la population civile, mais permettrait aussi que le soutien international à l’Ukraine porte « davantage sur les besoins liés à sa reconstruction plutôt que sur sa défense ». 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies, a constaté que, depuis le dernier exposé de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement au Conseil de sécurité sur les transferts de moyens militaires à l’Ukraine en février dernier, la fourniture d’une assistance militaire aux forces armées ukrainiennes s’est poursuivie.  Ces transferts, a-t-il détaillé, comprennent des armes conventionnelles lourdes, notamment des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des hélicoptères de combat, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des véhicules aériens de combat sans équipage, ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères et de petit calibre.  Il a également signalé que des États transfèrent ou prévoient de transférer des armes, telles que des véhicules aériens de combat sans équipage et des munitions, aux forces armées russes pour qu’elles soient utilisées en Ukraine.  De plus, a-t-il relevé, des médias ont fait état du transfert d’armes conventionnelles majeures, notamment des systèmes de roquettes d’artillerie, à des groupes non étatiques impliqués dans cette guerre. 

Soulignant que l’afflux massif d’armes et de munitions dans toute situation de conflit armé suscite des inquiétudes pour la paix, la sécurité et la stabilité, M. Ebo a jugé essentiel que des mesures soient prises pour faire face au risque de détournement vers des utilisateurs finaux non autorisés, afin de prévenir une aggravation de l’instabilité et de l’insécurité en Ukraine, dans la région et au-delà.  Ces mesures peuvent prendre la forme d’évaluations des risques avant transfert, d’une certification de l’utilisateur final, de mesures juridiques et coercitives efficaces et de vérifications après expédition, a précisé le haut fonctionnaire. Selon lui, la prévention des détournements nécessite également une coopération et un échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, ainsi que des mesures concrètes telles que le marquage et le traçage, des pratiques comptables efficaces et la protection physique des armes et des munitions, ainsi que des mesures douanières et de contrôle aux frontières.  À cet égard, le Registre des armes classiques de l’Organisation des Nations Unies demeure un outil clef, a-t-il dit, indiquant que 178 États Membres ont soumis au moins une fois un rapport à ce mécanisme au cours de ses 30 années de fonctionnement.  Il a donc appelé tous les pays à y participer, notamment parce qu’il permet de suivre l’afflux d’armes dans les zones de conflit.

M. Ebo a d’autre part rappelé que, pour empêcher le détournement d’armes classiques et réglementer le commerce international des armes, les États ont également établi des traités et des instruments de contrôle des armements, en particulier le Traité sur le commerce des armes, le Protocole sur les armes à feu, le Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre et son Instrument international de traçage.  Il a également fait état de l’élaboration d’un nouveau cadre mondial pour la gestion des munitions conventionnelles pendant toute leur durée de vie, avant de rappeler qu’au-delà de la question des transferts d’armes, toutes les parties au conflit ont le devoir de protéger les civils dans les conflits armés et de veiller au respect du droit international applicable.  Signalant à ce propos que, depuis le 24 février 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré 23 821 victimes civiles en Ukraine, il a relevé que la plupart des morts et des blessés parmi les civils continuent d’être causés par des armes explosives à large rayon d’action, via des attaques à l’artillerie lourde, des tirs de chars, de lance-roquettes multiples et de missiles ainsi que des frappes aériennes.

Revenant à l’offensive militaire russe en Ukraine, qui approche de son quinzième mois avec son lot de pertes humaines, de déplacements et de destructions, le Directeur du Bureau des affaires de désarmement a jugé particulièrement alarmant le ciblage d’infrastructures et de services essentiels, notamment des routes et des ponts, des installations d’électricité, de chauffage, d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement, ainsi que de communications mobiles et d’Internet, des hôpitaux et des établissements de santé.  En outre, les restes explosifs de guerre ont entraîné une contamination généralisée des sols, les rendant inutilisables pour l’agriculture et empêchant la circulation des personnes, a-t-il déploré, avant de rappeler qu’en vertu du droit international humanitaire, les combattants ne doivent pas diriger d’attaques contre des civils ou des infrastructures civiles et doivent prendre toutes les précautions possibles dans la conduite des opérations militaires pour éviter, ou du moins minimiser, les pertes de vies civiles, les blessures infligées aux civils et les dommages aux biens à caractère civil. Il a profité de cette occasion pour appeler les États Membres à mettre en œuvre efficacement la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, adoptée en novembre 2022.  Enfin, après avoir rappelé que l’invasion de l’Ukraine par la Russie constitue une violation du droit international, il a jugé que « le monde ne peut pas se permettre que cette guerre continue », assurant que l’ONU est prête à appuyer « tous les efforts sincères » tendant vers la paix. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que le flux des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine s’est intensifié depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité en février sur cette question.  Cela montre que les pays de l’OTAN sont déterminés à poursuivre l’escalade, tant il est clair qu’ils ne sont pas intéressés par un règlement pacifique du conflit.  La fourniture de systèmes d’armes de plus en plus puissants, ainsi que la poursuite du transfert de données à Kiev et de la formation de soldats ukrainiens, font de ces États non seulement des parties au conflit armé avec la Russie, mais aussi des complices des crimes de guerre commis par les forces ukrainiennes, a-t-il accusé.  Les objectifs de l’« Occident collectif » sont évidents pour tout le monde: utiliser l’Ukraine comme terrain d’expérimentation et prolonger le conflit « jusqu’au dernier Ukrainien », a soutenu le représentant. 

Des sommes colossales sont ainsi dépensées pour acheminer des armes en Ukraine, des milliards de dollars prélevés dans les poches des contribuables et qui alimentent les comptes du complexe militaro-industriel occidental, a-t-il poursuivi.  En décembre dernier, le Congrès américain a approuvé une aide militaire de 48 milliards de dollars à l’Ukraine, et une nouvelle tranche de 1,2 milliard de dollars a été annoncée récemment.  En outre, le Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a récemment indiqué que l’ensemble de l’aide apportée à Kiev par l’UE s’élevait à 16 milliards d’euros, proposant de verser 3,5 milliards d’euros à la Facilité européenne pour la paix, dont les ressources, a affirmé le délégué russe, sont utilisées pour payer des fournitures militaires à l’Ukraine.  « Il est temps d’appeler les choses par leur nom et de la rebaptiser « fondation européenne pour la guerre », a-t-il ironisé.

Poursuivant, le représentant a affirmé que l’éventail des fournitures ne cesse de s’élargir, bien au-delà de l’armement défensif.  Après l’envoi de près de 600 chars en Ukraine, il est maintenant question d’acheminer des avions de chasse et des bombardiers, tandis que des forces spéciales ukrainiennes sont formées en Allemagne.  De même, la décision de Londres de fournir à Kiev des obus à uranium appauvri illustre bien le fait que l’Ukraine est utilisée par l’Occident comme terrain pour ses essais et qu’elle ne se soucie nullement du sort de sa population.  Avec le même cynisme, Londres tente de se dédouaner de sa responsabilité dans l’utilisation par Kiev des systèmes de missiles à longue portée Storm Shadow, qui lui ont été fournis par les Britanniques, a encore relevé le délégué. Combien de ces missiles viseront-ils des cibles civiles? 

Le représentant russe a rappelé que sa délégation avait souligné à maintes reprises que les armes occidentales finiront entre les mains de la criminalité organisée, des terroristes et des groupes armés, et pas seulement en Europe. Par ailleurs, les pays occidentaux savaient qui ils portaient au pouvoir lors du coup d’État de 2014 dans le but de transformer l’Ukraine en un pays russophobe.  La nature misanthrope du régime actuel de Kiev, qui vénère les nationalistes ukrainiens du passé, auteurs de crimes odieux contre les populations polonaise, juive et russe, a été pleinement démontrée dans la guerre de longue haleine qu’il a déclenchée contre la population russophone du Donbass. Non seulement les pays occidentaux ne l’ont pas empêchée, mais, comme leurs dirigeants l’admettent eux-mêmes, ils ont ouvertement saboté la mise en œuvre des accords de Minsk pour continuer à se servir des autorités de Kiev dans leur propre intérêt.  Ils n’abandonnent pas leurs objectifs, même aujourd’hui, malgré le niveau déjà sans précédent de leur implication dans le conflit.  La Russie, a averti le représentant, se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour neutraliser les menaces qui pèsent sur sa sécurité nationale. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a réaffirmé l’attachement de son pays à la souveraineté, l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’à son droit à la légitime défense.  La représentante a souligné l’importance de la transparence et du traçage des armes fournies à l’Ukraine.  Il faut respecter le Traité sur le commerce des armes, le Registre des armes classiques de l’Organisation des Nations Unies, la position commune européenne sur l’exportation d’armements et les réglementations nationales sur les mesures de contrôle des armes.  La représentante a également rappelé aux belligérants leur responsabilité de respecter le droit humanitaire.  Elle a déploré les dépenses militaires qui contrastent avec le financement du développement dans un contexte postpandémique.  Cette situation doit stimuler la recherche de la paix pour mettre fin à la guerre et à la triple crise alimentaire, énergétique et du financement du développement durable.  À cet égard, le Ghana est préoccupé par les discours militaristes de la Russie et de l’Ukraine qui éloignent les perspectives d’une solution diplomatique. Il exhorte donc la communauté internationale à travailler dans ce sens et les deux parties à s’engager en faveur d’un règlement politique. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a rappelé que le pays qui a demandé la tenue de cette réunion est le même qui a envahi le territoire d’un État Membre de l’ONU. « Il n’y a qu’une seule vérité, la Russie est l’agresseur et l’Ukraine ne cherche qu’à se défendre », a résumé la déléguée.  La Russie importe des armes de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en violation des résolutions du Conseil et cible des infrastructures civiles.  La déléguée a souligné la nécessité de rendre des comptes pour les violations commises en Ukraine.  Si la Russie prend au sérieux les pourparlers de paix, elle doit alors respecter la souveraineté de l’Ukraine et retirer immédiatement ses troupes, a-t-elle conclu.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a mis en garde contre le risque de détournement d’armes et de munitions vers des groupes terroristes, insistant sur l’importance d’une gestion appropriée des armes pendant leur transfert, leur stockage et leur déploiement.  Rappelant le travail des Nations Unies pour établir des normes internationales pour la fabrication, le commerce et le stockage des armes, la représentante a également insisté sur l’importance d’une surveillance constante par les autorités nationales.  Des risques supplémentaires peuvent survenir dans les situations de conflit armé, et il est essentiel que les autorités nationales compétentes prennent toutes les mesures appropriées pour atténuer ces risques, a-t-elle estimé.  Afin de réduire ces risques, elle a suggéré de renforcer la coopération et le partage des meilleures pratiques.  Elle a appelé l’ensemble des parties à s’engager dans la diplomatie et le dialogue, pour ensuite se féliciter de la prorogation de l’Initiative de la mer Noire.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que l’importance croissante des transferts d’armes signale une dangereuse escalade du conflit en Ukraine.  Plus d’un an après le début de la guerre, la volonté de dialogue et « l’abandon des illusions de victoire militaire » ne sont toujours pas visibles, a déploré le représentant, selon qui seule une solution négociée peut apporter une paix durable.  À ses yeux, les transferts massifs d’armes vers le front ne peuvent que saper les perspectives d’une issue pacifique au conflit et devenir, à terme, un facteur de déstabilisation compromettant les chances d’une paix durable dans la région et au-delà.  Le délégué a exprimé son inquiétude face aux risques de détournement des armes et des munitions au profit de groupes criminels ou terroristes.  En tant que partie au Traité sur le commerce des armes, le Brésil exhorte les États parties à adopter des mesures pour assurer le respect de ses dispositions, tout en réitérant son appel à la cessation des hostilités et à l’ouverture de négociations de paix, a fait savoir le représentant. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) s’est inquiété des ramifications potentielles de l’afflux d’armes vers l’Ukraine, tout en soulignant le droit légitime de l’Ukraine de se défendre contre l’agression russe.  Selon le représentant, aucun pays ne devrait soutenir cette agression.  Il a donc condamné les transferts de drones de l’Iran vers la Russie et a appuyé les efforts du Secrétariat pour enquêter sur l’utilisation potentielle de drones iraniens par la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, conformément à la résolution 2231 (2015).  Tant que la Russie continue d’éluder la responsabilité de son agression, la communauté internationale ne cessera pas de la condamner, a martelé le délégué réitérant sa condamnation vigoureuse de l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  La Russie doit retirer ses troupes et son équipement militaire de l’Ukraine et respecter l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a dit redouter la complexité de la traçabilité des armes qui prolifèrent en Ukraine, avec les risques de détournement au profit de groupes armés ou de réseaux malveillants.  « Nous appelons l’ensemble des parties à respecter le droit international, notamment leurs obligations conventionnelles en matière de fourniture d’armement, et à mettre en place et renforcer les mesures de contrôle, de vérification et de signalement des armes ».  La déléguée a souligné les effets particulièrement destructeurs de certaines armes ciblant de manière indiscriminée les zones habitées et les populations civiles.  L’intense activité diplomatique marquée par des visites au sommet, qui s’est poursuivie ces dernières semaines et ces derniers jours, peine à renseigner sur la possibilité d’une désescalade, a-t-elle regretté.  Enfin, le Gabon reste attentif aux initiatives de paix et offres de médiation susceptibles d’ouvrir la voie vers une issue diplomatique. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a reconnu le droit des États Membres de se doter des outils nécessaires à la défense de leur intégrité territoriale, à condition qu’ils ne soient pas contraires au droit international et au droit international humanitaire.  Face à l’afflux massif d’armes et de munitions dans les conflits armés, y compris les risques de détournement et d’escalade, il a incité à renforcer leur traçabilité.  Le délégué a regretté que l’invasion prolongée de l’Ukraine continue d’alimenter ces risques dans un contexte de dépenses militaires croissantes.  Nous réitérons aujourd’hui l’urgence de mettre fin à l’utilisation d’explosifs dans les zones peuplées, a-t-il appuyé, rappelant que les armes explosives à large zone d’impact sont à l’origine de 92,5% des pertes civiles en Ukraine.  Reconnaissant ensuite le rôle vital de certains systèmes de défense, notamment la défense aérienne pour réduire le nombre de victimes civiles, le délégué a appelé à concentrer les efforts de contrôle des exportations sur la nécessité de protéger la population civile.  Il a condamné les violations des embargos sur les armes et des régimes de sanctions interdisant ces exportations, ainsi que tout transfert visant à alimenter les efforts d’agression.  Appelant la Fédération de Russie à mettre fin à l’occupation militaire en Ukraine, il a invité le Conseil de sécurité à soutenir les efforts du Secrétaire général, afin qu’une solution pacifique sur la base de l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit trouvée.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé qu’il s’agit de la cinquième fois que la Fédération de Russie convoque une réunion du Conseil concernant les livraisons d’armes à l’Ukraine.  « Répéter cet exercice ad nauseam ne suffira pas à faire advenir une réalité parallèle », a-t-il relevé, avant d’ajouter que la fin de cette guerre dépend exclusivement de la Russie, qui a porté atteinte par un acte d’agression à notre sécurité collective.  « Que la Russie retire ses troupes d’Ukraine, comme la CIJ l’a exigé dès le 16 mars 2022, et le chaos cessera », a tranché le représentant.  « Qu’attend la Russie? » s’est ensuite demandé le délégué, que les livraisons d’armes à l’Ukraine cessent afin qu’elle puisse remporter cette guerre pour passer à une nouvelle agression?  « La Russie ne peut, ni ne doit gagner ce conflit », a-t-il martelé, affirmant qu’il bafoue les principes des Nations Unies et banalise le recours illégal à la force.  Pour toutes ces raisons, la France a fait le choix, avec ses partenaires, de soutenir le peuple ukrainien dans son droit.  « Notre appui militaire renforce l’Ukraine », a poursuivi le délégué, et lui permet de défendre sa population contre les frappes russes.  De plus, en concentrant ses efforts sur les capacités de défense antiaérienne, la France aide l’Ukraine à faire face aux destructions délibérées de ses infrastructures civiles par la Fédération de Russie.  Cette assistance permet selon lui de « rééquilibrer le rapport de forces » et de créer les conditions nécessaires à un règlement du conflit qui, seul, permettra des négociations crédibles débouchant sur une paix juste et durable.  « Tandis que nous livrons, en toute légalité, des armes à l’Ukraine, la Russie, elle, cherche à s’en procurer illégalement pour combler ses stocks qui s’amenuisent », a-t-il ajouté, notamment auprès de l’Iran et la République populaire démocratique de Corée.

M. GENG SHUANG (Chine) a estimé que la fourniture d’armes ne fera qu’alimenter la crise et rendra impossibles les efforts visant à trouver des solutions pour mettre fin au conflit.  Il a craint également que de telles armes ne profitent à des groupes malintentionnés dans le monde.  L’afflux d’armes rendra la reconstruction postconflit difficile, a prédit le représentant, appelant les parties à promouvoir une solution pacifique et à créer les conditions nécessaires à la cessation des hostilités.  La Chine, a-t-il insisté, n’est pas partie à cette crise. « Elle ne fournit d’armes à personne. »  Nous recherchons une solution politique à la crise comme l’attestent les visites récentes en Ukraine, en Russie et en France d’un haut responsable chinois.  Le représentant a également salué l’initiative de médiation africaine en cours. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a déclaré que le déploiement massif d’armes vers une zone de combat ne fait que jeter de l’huile sur le feu.  La recherche de la paix et l’acheminement d’armes ne sont pas compatibles, a dit le délégué. Il a demandé le rétablissement des canaux diplomatiques, en appelant les acteurs à renoncer à une solution militaire. Le Conseil ne doit pas être l’otage de ce conflit, a-t-il déclaré.  La réalité est que cette crise est source de divisions, qui empêchent de relever les nombreux défis, en particulier les autres conflits qui doivent théoriquement recevoir la même attention.  Enfin, le représentant a espéré que les initiatives de paix récemment proposées par différents États auront une chance d’aboutir.  Un règlement politique est la seule voie possible, a conclu le délégué.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que si le peuple ukrainien veut la paix, il doit cependant « choisir entre prendre les armes pour se défendre ou l’anéantissement ».  Or 449 jours après le début de la guerre illégale menée par la Fédération de Russie, ce pays continue d’attaquer villes, hôpitaux et écoles.  Citant une nouvelle pluie de missiles déversée par la Russie, la représentante a accusée celle-ci de se fournir en armes auprès de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPCD), en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  « Nous appelons les autres États à ne pas fournir d’assistance militaire à la Russie. »  Le Royaume-Uni continuera à répondre aux demandes de l’Ukraine qui souhaite disposer des moyens de se défendre contre l’agression russe, a poursuivi la représentante.  Outre la fourniture de missiles Storm Shadow annoncée la semaine dernière, elle a indiqué que le Royaume-Uni avait également fourni une série de systèmes de défense aérienne.  Nous apportons un soutien militaire à l’Ukraine dans le respect du droit international et en prenant des mesures énergiques pour empêcher tout transfert illicite, a-t-elle assuré.  Le monde a besoin que nous travaillions ensemble, notamment pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Des objectifs plus difficiles à atteindre, a noté la représentante, la Russie ayant constamment distrait le Conseil de sécurité avec sa guerre en Ukraine.  Il faut savoir que la Russie peut mettre fin à la guerre à tout moment en retirant ses troupes, a-t-elle ajouté. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a jugé tordues les allégations de la Russie concernant les livraisons d’armes des États-Unis et d’autres pays à l’Ukraine. Les États-Unis appuient vigoureusement le droit de l’Ukraine à se défendre face à cette guerre d’agression brutale menée par Moscou, a-t-il estimé.  Nous et d’autres États Membres continuerons de fournir des armes aux fins de la défense de l’Ukraine, a promis le représentant, considérant qu’elles n’exacerbent pas ou prolongent le conflit.  Elles permettent selon lui, au contraire, d’éviter une plus vaste agression contre l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Si la Russie veut réellement la désescalade, elle doit retirer ses troupes et faire cesser son agression, a réitéré le représentant.

La Russie, a-t-il accusé, est suffisamment cynique pour demander ces débats au Conseil alors qu’elle continue de faire pleuvoir de missiles et des drones contre les villes et infrastructures civiles causant la mort de civils.  La Russie et la République islamique d’Iran ont violé la résolution 2221 (2021) lorsque l’Iran lui a transféré des drones que Moscou utilise pour attaquer les infrastructures vitales de l’Ukraine et tuer des civils, a accusé le représentant. Il a également indiqué qu’en novembre 2022, le groupe Wagner a importé des missiles de la République populaire démocratique de Corée en violation de l’embargo sur les armes qui est imposé à ce pays et appelé ouvertement aux transferts de davantage d’armes et munitions en Ukraine pour y poursuivre l’agression illégale de la Russie. 

Selon le représentant, il ne faut pas permettre à la Russie de se servir du Conseil comme d’une plateforme de désinformation.  Il a insisté sur le fait que son pays et d’autres ne mettront pas un terme à leur appui à l’Ukraine, au nom de la légitime défense qu’elle a le droit d’exercer.  Et les États-Unis, a précisé le délégué, continueront de veiller à ce que les armes fournies à Kiev ne soient pas détournées.  Nous continuerons de soutenir l’Ukraine tant que cela sera nécessaire, a-t-il ajouté en conclusion. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a vu en la séance du jour une nouvelle tentative de la Fédération de Russie de détourner l’attention du monde de ses actions odieuses en Ukraine, en laissant entendre que le soutien légitime et nécessaire à l’autodéfense ukrainienne constitue une menace pour la paix et la sécurité.  Elle a également exprimé sa profonde préoccupation devant les informations indiquant que la Russie cherche à acquérir des armes auprès de la République populaire démocratique de Corée pour les utiliser en Ukraine.  Tout accord de ce type violerait de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, a-t-elle mis en garde, appelant tous les États à s’abstenir de tout transfert d’armes à la Russie. 

Par ailleurs, elle a rappelé les souffrances inimaginables subies par la population ukrainienne, notamment les risques de violences sexuelles et sexistes pour les femmes et jeunes filles tant en Ukraine que lorsqu’elles fuient au-delà des frontières.  La représentante a également insisté sur la situation des enfants, notamment le transfert et la déportation généralisés d’enfants ukrainiens.  Cela constitue un crime de guerre, a-t-elle dénoncé, appelant la Russie à cesser immédiatement ces politiques illégales.  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de Malte à fournir un soutien humanitaire à l’Ukraine et à protéger sa population contre les attaques aveugles. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que tous les États Membres de l’ONU se sont engagés à respecter les principes fondamentaux inscrits dans la Charte des Nations Unies, qui incluent le respect de l’égalité souveraine et de l’intégrité territoriale des États, notamment par l’interdiction du recours à la force et de l’expansion territoriale par la force.  Avec l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine, ces principes ont été violés de manière flagrante, a-t-elle dénoncé, ajoutant que, comme tous les États, l’Ukraine a le droit d’assurer sa sécurité et de défendre son intégrité territoriale.  « Nous n’acceptons pas que la responsabilité de cette guerre ainsi que de ses conséquences soit détournée », a martelé la représentante, avant d’évoquer les souffrances que fait subir cette agression militaire depuis plus d’un an et l’insécurité alimentaire et énergétique qu’elle provoque dans le monde.  

Les parties doivent respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, et la population civile et les biens civils doivent être protégés, a souligné la représentante, appelant la Russie à entamer une désescalade, à cesser toutes ses opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien, « un appel qui a été lancé à maintes reprises et que la Cour internationale de Justice a confirmé ».  Ceci mettrait non seulement fin à la souffrance de la population civile, mais permettrait également que le soutien international pour l’Ukraine se concentre davantage sur les besoins liés à sa reconstruction au lieu de sa défense, a fait valoir la déléguée, qui a affirmé que, d’ici à ce qu’une paix durable sout instaurée, son pays continuera à fournir de l’aide humanitaire, à œuvrer pour la justice, à accueillir des réfugiés et à soutenir le processus de reconstruction de l’Ukraine.  

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rappelé les génocides commis par les « prédécesseurs de Putin », notamment celui des Tatars de Crimée ordonné par Staline en 1944.  « Le mal est réapparu en 2014 », a-t-il dit.  Le délégué a salué l’intervention de M. Ebo sur les allégations sans fondement de la Russie.  Puis il a rappelé que l’Assemblée générale a condamné l’agression russe de l’Ukraine, tandis que la Cour internationale de Justice a demandé la suspension des opérations russes. « Nous continuerons de nous battre jusqu’à la libération de chaque parcelle de notre territoire et la défaite de Moscou », a-t-il assuré.  Pour le représentant, il est temps que les « hordes russes » se retirent de l’Ukraine, sans voler au passage les voitures de la population locale, a-t-il ironisé.  Il a aussi demandé que les migrants russes en Crimée retournent dans leur pays, avant d’exhorter les criminels russes à se rendre s’ils veulent éviter ce qui s’est passé dans un autre bunker le 30 avril 1945.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.