8200e séance - après-midi
CS/13241

Devant le Conseil de sécurité, le Président en exercice de l’OSCE présente ses priorités sur le thème « Dialogue, appropriation et responsabilité »

Le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, son dialogue annuel avec la présidence en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), assurée actuellement par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie.  M. Angelino Alfano a rappelé le rôle de cette Organisation qui regroupe 57 membres et précisé les priorités qu’il entendait lui fixer en 2018, sous la devise « Dialogue, appropriation et responsabilité ».  

Un soutien a été apporté à l’action de l’Organisation, y compris dans le conflit ukrainien, lequel a été au centre de plusieurs interventions et a opposé la Fédération de Russie à plusieurs membres occidentaux du Conseil de sécurité.

Le Président en exercice de l’OSCE a présenté les avantages liés à la structure et la composition de son Organisation: la diversité de ses membres; leur égalité juridique qui oblige à rechercher une position commune dont la mise en œuvre est ensuite facilitée, ou encore l’absence de structure juridique rigide, qui permet de réagir rapidement aux crises.  Du fait des risques de sécurité en Europe, un tel lieu de dialogue est de grande valeur, a ajouté M. Angelino Alfano, pour qui, solutions ou pas, le dialogue contribue toujours à la confiance.

Pour le Ministre, le triptyque « Dialogue, appropriation et responsabilité », sous lequel sa présidence entend agir permettra de renforcer le multilatéralisme, lequel est par ailleurs une caractéristique déterminante de la politique étrangère de l’Italie.  M. Alfano a mis l’accent sur le renforcement du dialogue entre l’OSCE et les pays partenaires du sud de la Méditerranée, invoquant l’« esprit d’Helsinki » qui avait permis il y a plus de 40 ans de faciliter le dialogue entre l’Est et l’Ouest pour créer un « esprit de Palerme » comparable , après la Conférence méditerranéenne tenue l’an dernier dans la ville sicilienne entre les États membres de l’OSCE et leurs partenaires méditerranéens.  Il a aussi annoncé qu’une attention particulière serait consacrée aux menaces transnationales, à la lutte contre la corruption, à la sécurité mais aussi aux diverses activités contribuant à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Rappelant que l’OSCE avait « toujours promu la vision d’une sécurité globale qui inclut le développement durable et les droits de l'homme », le Ministre a annoncé qu’une des priorités de sa présidence serait la lutte contre la traite des êtres humains.  Favorable à la définition de cadres pour une migration régulière et sûre reposant sur la responsabilité partagée et la solidarité internationale, l’OSCE soutient l’approche onusienne des pactes sur les migrations et les réfugiés, a-t-il ajouté, suscitant l’approbation des membres africains et latino-américains du Conseil de sécurité.

M. Alfano a aussi consacré une partie importante de son exposé aux questions de sécurité.  Face à la crise ukrainienne, il a parlé de son premier déplacement de Président de l’OSCE à Kiev, à Moscou et dans le Donbass, invoquant la nécessité de rétablir la confiance dans son Organisation, mise à rude épreuve.  Il a aussi estimé que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine était « un succès », malgré des conditions difficiles.  La Vice-Ministre suédoise des affaires étrangères a confirmé que « l’agression continue » de la Fédération de Russie avait mis à rude épreuve la confiance et l’ordre sécuritaire européens. 

« L’agression russe » a été évoquée par tous les membres occidentaux du Conseil de sécurité dont la France ou les Pays-Bas qui ont appelé à l’application complète des accords de Minsk.  Les États-Unis et le Royaume-Uni ont clairement demandé à la Fédération de Russie de retirer ses forces du pays.

Regrettant que « certaines délégations ne puissent s’empêcher » de parler de l’Ukraine, la Fédération de Russie, favorable à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, a accusé le Gouvernement ukrainien de « cultiver une haine de la Russie », de profiter de la « grande indulgence » de l’Occident et d’avoir cherché à saboter « dès le premier jour » les accords de Minsk, citant en particulier une récente loi ukrainienne visant à une réintégration complète du Donbass dans l’Ukraine, alors que lesdits accords prévoient une certaine autonomie. 

Il est d’autres conflits en Europe, dit « prolongés » ou « gelés », que l’OSCE tente de résoudre, en agissant sur le terrain.  M. Alfano a cité la Géorgie, le Haut-Karabakh ou encore la Transnistrie.  La France a invité l’Organisation à mettre l’accent sur ces questions, qui sont apparues moins conflictuelles, puisque la Fédération de Russie s’est dite « prête à coopérer » sur la Transnistrie ou encore le Haut-Karabakh, tout en rendant hommage aussi à la Mission de l’OSCE au Kosovo.

EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie et Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), s’est dit convaincu que l’OSCE était essentielle pour plusieurs régions: la diversité de ses membres; leur égalité, chacun disposant d’une voix; l’absence de structure juridique rigide, qui permet  de réagir rapidement aux crises politiques; et la recherche du nécessaire consensus qui incite à rechercher une position commune, laquelle facilite ensuite la mise en œuvre des actions.  Du fait des risques de sécurité en Europe, un tel lieu de dialogue est de grande valeur, a ajouté M. Alfano: même si le dialogue ne conduit pas forcément à des solutions, il peut consolider la confiance entre les parties.  La confiance est porteuse de résultats à long terme et, à l’OSCE, la confiance est un élément important parce que les discussions s’inspirent des principes d’égalité et de neutralité. 

La sécurité est un « bien public commun », a rappelé M. Alfano, qui s’est dit convaincu que le principe de sécurité collective, sur lequel repose l’OSCE, est le bon.  Il permet notamment de travailler avec les Nations Unies ou encore l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

La devise de la présidence italienne de l’OSCE est « dialogue, appropriation et responsabilité », a expliqué M. Alfano, pour qui il s’agit d’un moyen de renforcer au sein de l’Organisation le multilatéralisme, lequel est par ailleurs une caractéristique déterminante de la politique étrangère de l’Italie.  L’OSCE a fait ses preuves dans ce domaine, a affirmé M. Alfano, qui a cité en exemple le dialogue structuré sur les défis et risques actuels et futurs dans la région de l’OSCE, un « format informel qui permet d’avoir un dialogue franc et inclusif sur les questions de sécurité complexes », a-t-il expliqué.  En outre, la devise de la présidence actuelle permet de regarder sur un pied d’égalité les différentes sous-régions: euroméditerranéenne, euro-atlantique ou euro-asiatique.  Elle est transparente et inclusive, et elle est ferme dans ses principes.

La crise ukrainienne met à rude épreuve les valeurs fondamentales de l’Organisation, a reconnu le Ministre, car elle crée une crise de confiance.  Il faut donc rétablir cette confiance.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, sa première mission a été un déplacement à Kiev, à Moscou et dans le Donbass pour délivrer un message clair en faveur de la mise en œuvre complète des accords de Minsk.  Le Ministre a en outre affirmé que la Mission spéciale d’observation de l'OSCE en Ukraine était « un succès », malgré des conditions difficiles.  Il a jugé positif le fait que tant la Fédération de Russie que l’Ukraine aient reconnu la nécessité d’une mission d’appui des Nations Unies, tout en jugeant essentielle une coordination constante avec l’OSCE.

Au-delà de la crise ukrainienne, l’OSCE met aussi l’accent sur les conflits prolongés, a poursuivi le Ministre.  Ainsi, elle appuie les discussions de Genève sur la Géorgie, tout en promouvant un dialogue informel.  Concernant le Haut-Karabakh, l’Organisation poursuit le travail des coprésidents du Groupe de Minsk pour une solution définitive au conflit.  Enfin, elle cherche à profiter de l’élan positif en Transnistrie. 

Les questions de sécurité opposent aujourd’hui comme hier l’Est et l’Ouest, mais il faut aussi regarder vers le Sud et la Méditerranée, a poursuivi M. Alfano, qui a insisté sur le fait que la Méditerranée a beau être une petite mer, elle compte pour beaucoup en matière de sécurité mondiale.  Il est donc essentiel pour l’OSCE d’intensifier son dialogue et sa coopération avec les pays partenaires du sud de la Méditerranée.  Il a rappelé à cet égard la Conférence méditerranéenne de Palerme organisée en octobre dernier et a souhaité que l’« esprit de Palerme » contribue à faciliter le dialogue entre pays riverains de la Méditerranée et à construire un véritable partenariat entre les 57 membres de l’OSCE et leurs partenaires méditerranéens, comme l’« esprit d’Helsinki » avait pu le faire il y plus de 40 ans entre l’Est et l’Ouest.

L’OSCE accorde une attention particulière aux menaces transnationales comme le terrorisme et la radicalisation; le trafic d’armes, de drogue, de biens culturels ou encore de déchets dangereux; les liens entre terrorisme et crime organisé, le blanchiment international d’argent, et les sources de financement des groupes terroristes.  Elle met aussi l’accent sur la lutte contre la corruption et considère comme une priorité stratégique la cybersécurité.  La présidence italienne entend en outre mettre l’accent sur la croissance, l’innovation, le capital humain, la bonne gouvernance et la transition vers des énergies « vertes », et contribuer ainsi à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Alfano l’a rappelé: « l’OSCE a toujours promu la vision d’une sécurité collective qui inclut le développement durable et les droits de l’homme ».

Le Ministre a également mis l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, « qui ont toujours été des priorités de l’Italie ».  Il a cité à cet égard le plan d’action de l’OSCE pour la promotion de l’égalité entre les sexes.   

Rappelant que sera célébrée cette année le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, M. Alfano a annoncé qu’une des priorités de sa présidence serait la lutte contre la traite des êtres humains.  En même temps, l’Italie reste attachée à la définition de cadres pour une migration sûre et régulière, fondée sur une responsabilité partagée et la solidarité internationale.  Il est essentiel que les pays d’origine, de transit et de destination discutent à la même table, a expliqué M. Alfano.  C’est pourquoi l’OSCE soutient l’approche onusienne des pactes sur les migrations et les réfugiés.

Enfin, l’Italie fait de la lutte contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination une des priorités de sa présidence de l’OSCE.  Le Ministre a rappelé que le premier grand rendez-vous de la présidence italienne avait été la Conférence de Rome sur l’antisémitisme, tenue à Rome le 29 janvier, qui a réuni des dirigeants politiques et religieux chrétiens, juifs et musulmans.  Nous ne pourrons parvenir à la sécurité que lorsque nous admettrons que nous appartenons tous à la même race humaine et que défendre la dignité humaine est essentiel à notre liberté, a conclu M. Alfano.

Déclarations

Mme ANNIKA SÖDER, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a constaté que certains défis portent atteinte aux principes fondamentaux de l’OSCE et a jugé essentiel, pour l’entité, de privilégier un dialogue franc et ouvert entre les États participants afin de rétablir le respect dans les principes et engagements agréés.  Elle a aussi jugé « vital » de préserver les dimensions humaines de l’OSCE ainsi que ses institutions autonomes.

La Vice-Ministre a constaté que « l’agression continue » de la Fédération de Russie contre l’Ukraine avait mis à rude épreuve la confiance et l’ordre sécuritaire européens.  Elle a pointé du doigt les annexions illégales de la Crimée et de Sébastopol qu’elle a qualifiées de violations les plus flagrantes de l’ordre sécuritaire européen depuis la fin de la guerre froide.  Elle a fait part du ferme appui de la Suède à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, et a exigé que celle-ci se voit accorder un accès total et sans entrave.  Elle a en outre estimé que le déploiement potentiel de toute mission de l’ONU dans l’est de l’Ukraine doit avoir pour objectif de rétablir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Mme Söder a ensuite estimé que les conflits prolongés en Géorgie, dans la République de Moldova et dans le Haut-Karabakh représentent aussi une violation des acquis communs de l’OSCE.  Elle a appuyé les mesures de consolidation de la paix et de règlement de conflits en Géorgie, citant notamment la coprésidence des discussions internationales de Genève ainsi que la Mission de surveillance de l’Union européenne.  Elle a appelé l’ONU et l’OSCE à renforcer leur coopération et leur dialogue, ainsi que la coordination de leurs activités de prévention des conflits et de consolidation de la paix.  En la matière, elle a salué la « coopération informelle » en Ukraine entre la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine de l’ONU.

Mme MAIRA MARIELA MACDONAL ÁLVAREZ (Bolivie) a salué la présidence italienne de l’OSCE et son objectif de promouvoir un rapprochement centré sur le respect des différences culturelles et la lutte contre le racisme et l’intolérance.  Elle a insisté sur le fait que tout conflit interne doit être résolu dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  Elle a encouragé à cet égard le recours à la diplomatie préventive, aux négociations et à la médiation.  La représentante a soutenu la proposition italienne de s’inspirer plus systématiquement des meilleures pratiques et de maintenir le dialogue entre les parties afin de stabiliser les États.  Elle a prôné une approche globale pour prévenir la radicalisation et le terrorisme, tout en s’attaquant aux causes profondes des conflits et en mettant l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes.  Par ailleurs, la représentante a salué l’approche de l’Italie fondée sur le potentiel économique des migrations et la lutte contre l’intolérance.  Enfin, Elle a souhaité un renforcement des liens entre l’OSCE et l’ONU afin d’assurer la paix et la sécurité internationales.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a affirmé que la crise ukrainienne constitue l’une des violations les plus graves et les plus dangereuses des principes fondateurs de l’OSCE, mais aussi des principes de la Charte de l’ONU.  Elle a indiqué que la France, en lien avec l’Allemagne, est déterminée à poursuivre ses efforts de médiation au sein du format Normandie.  Chaque résultat obtenu dans ce format compte, a-t-elle affirmé, citant notamment l’échange de prisonniers, en décembre dernier, entre l’État ukrainien et les séparatistes.  Elle a aussi souligné que seuls les progrès dans ce format permettront d’accompagner la mise en œuvre des accords de Minsk.  La représentante a aussi jugé déterminant que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE soit en mesure d’exercer son mandat pleinement et sans entrave.  La France appelle « une nouvelle fois » au respect de la liberté de mouvement de ses observateurs, a-t-elle indiqué, avant de souligner que l’implication de l’OSCE dans la tenue de futures élections locales dans le Donbass sera nécessaire, « selon des modalités qui restent à déterminer ».

Poursuivant, Mme Gueguen a indiqué que la diversification des menaces doit encourager les 57 membres de l’OSCE à abandonner les postures politiques pour retrouver « l’esprit d’Helsinki » qui avait permis, il y a plus de 40 ans, de faire émerger une vision commune pour la sécurité en Europe.  Elle a estimé que le travail de l’OSCE doit mettre l’accent sur la résolution des conflits régionaux, évoquant notamment « au-delà du cas ukrainien », les conflits gelés du Haut-Karabakh, de la Transnistrie et des territoires séparatistes de la Géorgie.  Elle a aussi appelé l’OSCE à œuvrer en faveur de la préservation des instruments de confiance et de transparence militaire sur le continent européen, appelant notamment à préserver la mise en œuvre et la pertinence des traités de maîtrise des armements et les mesures de confiance, y compris en les adaptant aux réalités modernes.

Mme Gueguen a par ailleurs appelé à préserver la dimension humaine du travail de l’OSCE et a soutenu l’approche visant à promouvoir l’universalité et l’indivisibilité de l’ensemble des droits fondamentaux.  Elle a également jugé nécessaire de développer le rôle opérationnel de l’OSCE en réponse à certains défis émergents au niveau régional comme la lutte contre la traite des êtres humains, la prévention de la radicalisation et les conséquences des changements climatiques sur la sécurité.  Il importe, sur chacune de ces thématiques, que l’OSCE travaille à faire émerger des réponses concrètes allant au-delà des simples prises de position publiques, a-t-elle insisté.

S’inspirant de l’intervention du Président de l’OSCE, M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a tout d’abord souhaité que le Président de la Ligue des États arabes puisse lui aussi faire un exposé annuel au Conseil de sécurité.  Il a insisté sur l’importance du soutien des organisations régionales et sous-régionales au travail du Conseil de sécurité et de l’ONU.  Il a fait observer que l’extrémisme ne concerne pas une religion donnée et a appelé les membres du Conseil à renforcer leurs efforts communs pour faire face au défi de l’extrémisme violent et de la radicalisation.  Le représentant a constaté que l’OSCE avait largement contribué aux efforts déployés par l’ONU en matière de prévention de conflit, pendant les conflits et après les conflits.  Il a insisté sur le rôle que doit jouer l’OSCE pour sortir des conflits gelés.  Il a aussi souhaité qu’une solution soit apportée à la crise ukrainienne grâce au dialogue et au format Normandie.

M. YERKIN AKHINZHANOV (Kazakhstan) a encouragé l’OSCE à développer davantage son outil de prévention pour s’attaquer aux conflits actuels et aux menaces du terrorisme, de la radicalisation, du trafic d’êtres humains et du flux non contrôlé des migrants.  Le représentant a dit soutenir la priorité de l’OSCE de trouver une solution pacifique au conflit en et autour de l’Ukraine, sur la base des accords de Minsk.  Il a réitéré son appui aux activités de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine à laquelle des représentants du Kazakhstan contribuent. 

En général, la position du Kazakhstan sur les conflits reste claire et inchangée.  En tant que membre du Conseil de sécurité, le pays tient à la mise en œuvre de ses résolutions et en tant que participant à l’OSCE, il réaffirme l’importance de la plateforme régionale offerte par l’Organisation.  Le représentant a assuré que son pays adhérait à une approche équilibrée et réaliste du règlement des conflits, fondée sur les principes fondamentaux du droit international.  Face aux menaces transnationales, nous encourageons aussi la promotion de la coopération entre l’OSCE et l’Union économique eurasienne, la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Organisation du Traité de sécurité collective qui toutes jouent un rôle important dans le développement de la coopération régionale et sous-régionale.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est inquiété de la complexification des conflits qui mettent à mal la capacité des États à trouver des solutions durables.  Il a salué le programme de travail de la présidence italienne de l’OSCE, insistant sur l’importance qu’il y a à renforcer le multilatéralisme.  Il a rappelé que l’OSCE avait été créée pour renforcer les mécanismes de l’ONU et a jugé « très important » de poursuivre son étroite coopération avec l’ONU.  Il a aussi appelé à promouvoir une plus grande coopération entre l’OSCE et les organisations régionales et sous-régionales africaines, notamment pour ce qui a trait à l’axe méditerranéen.

Le représentant a fait observer que les conflits gelés nourrissent la radicalisation.  Il a salué les efforts de l’OSCE qui ont permis d’éviter une intensification des conflits dans le Haut-Karabakh et en Géorgie, entre autres.  Il a appelé à une nouvelle démarche pour mettre fin à ces crises.  Le délégué équatoguinéen a salué l’intention de la présidence italienne de s’attaquer au défi de la migration en Méditerranée et au problème de l’intolérance religieuse et de la xénophobie.  Il a jugé pertinent d’inclure, dans les plans d’exécution, les recommandations du Secrétaire général sur la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, en mettant l’accent sur les femmes et les filles.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que les priorités présentées par l’Italie pour sa présidence de l’OSCE sont conformes à celles de l’ONU et du Conseil de sécurité.  Conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, le Pérou juge nécessaire de renforcer les synergies entre les organisations régionales afin de prévenir et de répondre de manière efficace aux conflits.  Le représentant a estimé que l’OSCE a un rôle essentiel à jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, compte tenu du concept de « sécurité collective », fondé sur le respect des droits de l’homme.  Il a salué le fait que le Protocole de Palerme soit élargi à la Méditerranée afin de protéger les migrants victimes des conflits et des crises humanitaires.  De même, il s’est félicité du travail de l’OSCE en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Enfin, le représentant a salué les mécanismes de règlement pacifique des conflits et des différends offerts par l’OSCE à ses membres d’Europe et d’Asie centrale.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a pleinement approuvé les priorités de la présidence italienne, et notamment la résolution des crises en Ukraine et autour de ce pays.  La situation politico-militaire en Europe s’est détériorée de manière significative ces dernières années, a reconnu la représentante, en rejetant la faute sur l’affaiblissement de certains principes qui étaient jusqu’alors communs aux membres de l’OSCE.  Elle a considéré comme un « problème majeur », « l’agression russe » en Ukraine et s’est félicitée de la visite de M. Alfano dans la région.  Le recours à la force ne peut être un instrument acceptable des relations entre États, a-t-elle martelé.

La Pologne continuera d’appuyer la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et en souhaite d’ailleurs le renforcement.  Elle appuie aussi les structures autonomes de l’OSCE, y compris le Centre pour les institutions démocratiques et les droits de l’homme, établi à Varsovie.  La représentante a également salué le rôle joué par l’OSCE en Géorgie, dans le Haut-Karabakh et en Transnistrie.  Enfin, elle a demandé le renforcement de la lutte contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination, notamment par le biais de l’éducation.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a affirmé que les actions menées par l’OSCE en Europe, et la CEDEAO, en Afrique de l’ouest, montrent à suffisance que les organisations régionales peuvent être des outils efficaces de soutien à l’ONU en matière de prévention et de règlement des conflits.  Il a notamment salué « l’appui actif » que fournit l’OSCE aux mécanismes en place visant à régler les conflits du Haut-Karabakh, de l’Abkhazie et de l’Ossétie, et à faire avancer les pourparlers de paix concernant la Transnistrie et la Géorgie.  Il a également parlé du rôle de l’Organisation dans la stabilisation du Kosovo et le suivi de l’application des accords de Minsk.  Le représentant a appelé à un renforcement de la coopération entre l’OSCE et l’ONU.  Il a salué l’intérêt accordé par la présidence italienne aux questions migratoires, à la lutte contre la corruption et aux nouvelles menaces transnationales comme le terrorisme, la cybercriminalité et le trafic des êtres humains.

Mme ELAINE MARIE FRENCH (États-Unis) a rappelé le rôle essentiel joué par l’OSCE pour mettre en place une architecture solide de sécurité en Europe.  Les États-Unis, a-t-elle dit, réaffirment leur attachement à cet effort essentiel et pour préserver ce rôle, ils appuient la poursuite du « Dialogue structuré sur les défis et risques actuels et futur dans la région de l’OSCE ».  L’Organisation, a reconnu la représentante, est confrontée à la crise en Ukraine, une crise, a-t-elle estimé, totalement imputable à l’« agression russe ».  La représentante s’est félicitée des efforts de l’OSCE, et notamment de sa Mission spéciale d’observation, dans laquelle elle a vu une source d’informations impartiales et essentielles, tout en jugeant « fondamentale » la sécurité des observateurs.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, appuient la mise en œuvre complète des accords de Minsk par toutes les parties et estiment que la Fédération de Russie pourrait contribuer à la paix en retirant ses troupes.  La représentante n’a pas manqué de dénoncer l’annexion de la Crimée et de rappeler l’importance de l’OSCE de mettre fin aux conflits gelés dans le Haut-Karabakh, en Géorgie ou encore en Transnistrie.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a salué la contribution significative de l’OSCE au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a estimé que l’approche globale de l’Organisation qui tient compte des facteurs politico-militaires, économiques, environnementaux et sociaux, est conforme au nouveau paradigme mondial en matière de paix et de développement durables.  Elle a noté le rôle important joué par l’OSCE pour prévenir et résoudre les conflits en Europe et en Asie centrale, ajoutant que le dialogue et la négociation constituent la seule façon de parvenir à une solution politique durable.  Comme ailleurs dans le monde, la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent représente une menace sérieuse pour les États membres de l’OSCE, a relevé Mme Guadey, qui a jugé approprié l’accent mis sur la paix durable par la présidence italienne.  Alors que la criminalité transnationale organisée et la traite des personnes comptent parmi les problèmes les plus graves auxquels est confrontée l’Europe, le représentant a dit comprendre que l’Italie fasse de la Méditerranée une priorité de sa présidence. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a indiqué que le mois dernier marquait le quatrième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine et a déploré qu’un membre permanent du Conseil de sécurité continue ainsi d’alimenter un conflit qui a fait plus 10 300 morts sans compter les blessés et les personnes en besoin d’aide humanitaire.  Plus de 1 000 soldats et mercenaires ont perdu la vie, a souligné le représentant.  Constatant que la Fédération de Russie est elle aussi en deuil, il a appelé à la mise en œuvre des accords de Minsk et a salué le renouvellement de l’engagement du groupe trilatéral à respecter le cessez-le-feu.  Il a plaidé pour que l’on autorise la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine à se rendre dans l’ensemble du territoire ukrainien et s’est inquiété des menaces proférées contre ses membres.  Le représentant a demandé à la Fédération de Russie de retirer ses troupes et de faire preuve de volonté politique pour trouver une issue au conflit.  Il a annoncé la tenue prochaine d’une réunion sous la formule Arria pour débattre de cette situation, avant de saluer le fait que la présidence italienne compte mettre l’accent sur la migration et le règlement des conflits gelés.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné que l’action de l’OSCE était particulièrement importante pour le continent européen, ajoutant que son pays voit l’Organisation comme un « mécanisme extrêmement utile pour la sécurité en Europe, qui doit être égalitaire et indivisible ».  La Fédération de Russie est attachée aux principes d’Helsinki et déterminée à honorer ses engagements à ce titre, a ajouté le représentant, qui a ensuite déploré que les appels de son pays à un dialogue mené sur un pied d’égalité n’aient toujours pas été entendus.  Il a ainsi accusé les « partenaires de la Russie » de continuer de présenter son pays comme une menace à la paix et à la sécurité internationales et de « créer des clubs fermés dans lesquels la sécurité des uns est assurée aux dépens de celle des autres ».

Il est « plus important que jamais », a jugé le représentant, de renforcer la coopération multilatérale, notamment dans les organisations internationales.  Il a rappelé que l’OSCE est appelée à mettre en œuvre les principes et buts des Nations Unies, tant dans le cadre de son mandat que dans sa couverture géographique.  La Fédération de Russie, a insisté le représentant, attend beaucoup d’une telle coopération, compte tenu des projets déjà réalisés, par exemple dans la lutte contre le trafic de drogue, le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le blanchiment d’argent, la traite des personnes ou encore les migrations illégales.  L’OSCE complète aussi les efforts des Nations Unies pour renforcer la confiance dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, dont la cybersécurité. 

Illustrant l’importance que son pays accorde à l’OSCE, le représentant a cité la Mission de l’Organisation au Kosovo ou encore son rôle dans le Caucase.  La Fédération de Russie, a-t-il affirmé, est prête à coopérer sur la Transnistrie ou encore sur le Haut-Karabakh.  Regrettant que « certaines délégations ne puissent s’empêcher » de parler de l’Ukraine, le représentant a rappelé que la crise ukrainienne était à l’origine une crise interne.  Une ingérence occidentale a abouti au remplacement d’un Gouvernement par un autre qui avait pour but d’éliminer toute trace de la culture russe, ce qui a été jugé inacceptable par une partie de la population ukrainienne, a fait valoir le représentant.  Il a accusé l’Ukraine de « s’en prendre à ces propres ressortissants et de cultiver une haine de la Russie ».  Il a accusé les autorités de Kiev et leurs « parrains occidentaux » de rejeter toute approche constructive.  Le Gouvernement ukrainien, a-t-il dénoncé, profite de la « grande indulgence » de l’Occident et a cherché à saboter « dès le premier jour » les accords de Minsk.  Le représentant a cité en particulier une récente loi ukrainienne visant à une réintégration complète du Donbass dans l’Ukraine, alors que les accords de Minsk prévoient une certaine autonomie.  La Fédération de Russie, a-t-il assuré, soutient le rôle de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.  Il a appelé la présidence italienne à « continuer de faire preuve d’objectivité » dans le cadre de la Mission et de faciliter un dialogue direct.  

M. WU HAITAO (Chine) a souligné qu’aucun pays ne peut faire cavalier seul face aux défis actuels.  Il a fait part de son attachement aux mécanismes régionaux, en vantant leurs atouts pour régler les crises.  Il a salué la décision de la présidence italienne de promouvoir le dialogue et de renforcer la lutte contre les fléaux mondiaux.  Il a appelé l’OSCE à continuer de jouer un rôle constructif pour appuyer la paix et la stabilité, l’engageant notamment à trouver une issue à la crise en Ukraine par la mise en œuvre des accords de Minsk.  Il a aussi engagé la communauté internationale à déployer tous les efforts diplomatiques pour résoudre le dossier ukrainien et favoriser ainsi la promotion du développement socioéconomique du pays.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) s’est focalisé sur trois points.  Premièrement, l’OSCE en tant qu’organisation régionale, joue un rôle central dans la prévention et la résolution des conflits et l’alerte précoce dans la région.  Elle joue aussi un rôle crucial dans la quête de solutions pacifiques aux conflits gelés sur le territoire de la Géorgie, en République de Moldova et en Azerbaïdjan.  Ces conflits doivent être résolus en vertu du droit international et des engagements de l’OSCE.  En deuxième lieu, l’OSCE en tant qu’organisation pour le dialogue et la promotion du règlement pacifique des conflits en Europe, est capable de gérer toutes les dimensions de la sécurité: politico-militaire, économique, environnementale et humaine. 

Les bureaux de l’OSCE et les institutions indépendantes jouent un rôle important à cet égard notamment le Haut-Commissariat pour les minorités nationales, le Rapporteur de la liberté de la presse et le bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme.  L’OSCE offre un espace de dialogue dans ces dimensions et le fait de manière inclusive.  Troisièmement, en ce qui concerne la situation en Ukraine, les Pays-Bas appellent toutes les parties à mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk.  Cela devrait commencer par le retrait des armes lourdes et un cessez-le-feu durable.  Il est absolument nécessaire que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE soit autorisée à faire son travail sans entrave.  Les observateurs doivent avoir un accès total, sûr et sans entrave à toutes les zones du conflit.  Les obstructions au travail de la Mission ou les menaces contre son personnel sont inacceptables et doivent immédiatement s’arrêter, a martelé le représentant.  En outre, la résolution 2166 (2014) exige que les auteurs de l’accident du vol MH-17 rendent des comptes et que tous les États coopèrent pleinement aux efforts pour établir les responsabilités.

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