7440e séance – matin
CS/11886

Vingt ans après les Accords de paix de Dayton, les délégations saluent les avancées réalisées par la Bosnie-Herzégovine en faveur de l’intégration européenne

Le Haut-Représentant souligne que les Bosniens attendent davantage de résultats économiques de la part des autorités nationales

À quelques mois de la commémoration du vingtième anniversaire des Accords de paix de Dayton, en novembre prochain, les membres du Conseil de sécurité, réunis dans le cadre du débat semestriel consacré à la situation en Bosnie-Herzégovine, ont salué, ce matin, la signature de l’Accord de stabilisation et d’association entre la Bosnie Herzégovine et l’Union européenne, dont l’entrée en vigueur aura lieu le 1er juin.

Le Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application des accords de paix relatifs à la Bosnie-Herzégovine, M. Valentin Inzko, présentant son rapport périodique pour la période allant du 21 octobre 2014 au 21 avril 2015, a indiqué qu’après 20 ans, les Bosniens, en particulier les jeunes, attendaient mieux des autorités du pays car, a-t-il précisé, ils souffrent du taux de chômage le plus élevé d’Europe.  Certains de ces jeunes sont poussés à l’exil, faute de perspectives d’avenir.

Le Haut-Représentant a aussi indiqué que c’est à la lumière des résultats des efforts inlassables entrepris au cours des semaines et mois à venir qu’il sera possible de déterminer si le peuple de Bosnie-Herzégovine se montrera optimiste ou non à l’occasion de la commémoration du vingtième anniversaire des Accords de Dayton en novembre prochain.  Il a aussi fait observer qu’en juillet prochain, sera commémoré le vingtième anniversaire du « génocide de Srebrenica ».

L’Accord récemment signé avec l’Union européenne offre, a-t-il dit, une occasion exceptionnelle que la Bosnie-Herzégovine doit saisir.  Il a en revanche déploré les appels à la division, en citant par exemple la déclaration faite, le 25 avril dernier, par le dirigeant de la Republika Srpska, qui appelait à  l’organisation d’un référendum d’indépendance de la République Srpska en 2018.  M. Inzko a rappelé que les Accords de Dayton ne concédaient pas aux trois entités la possibilité de faire sécession, avant de souligner que toute tentative de modifier les termes des Accords de paix exigeait l’accord de toutes les parties.

On a l’impression que ce sont des prétextes artificiels qui sont avancés de la part du Haut-Représentant, a pour sa part relevé le représentant de la Fédération de Russie.  Il a en outre estimé que le Haut-Représentant interprétait, de façon arbitraire, son mandat en poussant l’intégration européenne de la Bosnie-Herzégovine. 

Pour la représentante de la Bosnie-Herzégovine, la perspective de l’entrée dans l’Union européenne exige que le pays fasse des réformes structurelles afin de s’adapter aux standards de l’Union européenne, soulignant ainsi la nécessité de trouver des solutions au chômage des jeunes et à la création d’emplois, et précisant que le maintien des jeunes professionnels dans le pays est l’une des priorités des nouvelles autorités.

Il est essentiel d’améliorer, de manière significative, l’efficacité des institutions du pays, afin d’assurer la continuité des réformes démocratiques entreprises depuis 1995 et de développer les capacités exigées par le processus d’intégration européenne, a préconisé le délégué de l’Union européenne. 

Pour le représentant de la France, « l’imminente présidence bosnienne du Conseil de l’Europe sera également l’occasion pour le pays d’affirmer sa volonté d’un rapprochement européen par son attachement aux principes fondamentaux chers à l’Union européenne ».

De nombreuses délégations parmi lesquelles celle des États-Unis ont dénoncé la rhétorique nationaliste en Republika Srpska qui menace l’intégrité territoriale du pays.  Le représentant a critiqué d’une manière générale toutes les actions qui visent à saper l’intégrité de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que les tentatives visant à museler la liberté d’expression sur les réseaux sociaux par les autorités de la Republika Srpska.

« La rhétorique de division et du séparatisme est contreproductive et devrait être dépassée », a renchéri la déléguée de la Lituanie, tandis que son collègue de la Croatie a noté avec satisfaction que les Croates, qui sont les moins nombreux des trois communautés bosniennes, étaient désormais représentés de manière équitable à tous les niveaux du Gouvernement bosnien.   

Le représentant de la Fédération de Russie a par ailleurs jugé très important de continuer à assurer le transfert de toutes les responsabilités aux Bosniens eux-mêmes.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, la suppression du Bureau du Haut-Représentant est essentielle.  Ce point de vue n’a pas fait l’unanimité.  Le représentant de l’Espagne a ainsi estimé que tant que le Plan 5+2 n’est pleinement mis en œuvre, le Haut-Représentant devrait continuer à jouer son rôle.  Les cinq objectifs et les deux conditions fixés par le Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix, et qui sont des conditions préalables à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant, n’ont pas encore été accomplis », a également rappelé la représentante de la Nouvelle-Zélande. 

La majorité des orateurs a en outre déploré l’attaque de la station de police de Zvornik, perpétrée le 27 avril dernier, acte qui, selon la délégation de la Bosnie-Herzégovine, serait isolé.

 

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

Lettre datée du 29 avril 2015, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2015/300)

Déclarations

M. VALENTIN INZKO, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, a présenté son rapport semestriel sur la Bosnie-Herzégovine, couvrant la période allant du 21 octobre 2014 au 21 avril 2015.  Il a souligné que dans six mois, lorsqu’il s’adressera à nouveau devant le Conseil de sécurité pour présenter le prochain rapport, la Bosnie-Herzégovine sera en train de commémorer le vingtième anniversaire des Accords de Dayton et de Paris.  Il a aussi fait observer qu’en juillet prochain, sera commémoré le vingtième anniversaire du « génocide de Srebrenica ».  Les évènements qui marqueront les six prochains mois auront un impact majeur sur la manière dont le peuple de la Bosnie-Herzégovine réagira à la commémoration du vingtième anniversaire de l’Accord de paix de Dayton.  Il a par ailleurs indiqué qu’après 20 ans, les Bosniens, en particulier les jeunes, attendaient mieux des autorités du pays car, a-t-il précisé, ils souffrent du taux de chômage le plus élevé d’Europe, ce qui pousse certains d’entre eux à l’exil, faute de perspectives d’avenir.

Au cours des six prochains mois, a souhaité M. Inzko, les nouvelles autorités élues du pays, et le pays dans son ensemble, vont franchir les étapes nécessaires pour bénéficier de la nouvelle initiative de l’Union européenne en faveur de la Bosnie-Herzégovine, notamment la récente signature de l’Accord de stabilisation et d’association.  Il s’est félicité de ce que les autorités du pays, tant au niveau central qu’au niveau local, sont prêtes à mettre en œuvre l’engagement écrit adopté en mars, et qui ouvre la voie pour la stabilisation et l’entrée en vigueur de l’Accord avec l’Union européenne.  Le Haut-Représentant a aussi souhaité des résultats concrets en matière de création d’emplois, d’amélioration du fonctionnement des institutions et d’application du droit, notamment dans le cadre de la lutte contre les crimes et la corruption.  Il a dit espérer qu’un accord serait trouvé en 2015 au sein du pays et entre ses dirigeants, afin de travailler de manière unie.  Évoquant l’Accord récemment signé avec l’Union européenne, il a déclaré que la Bosnie-Herzégovine avait une nouvelle chance qu’il devait saisir.

Le Haut-Représentant a ensuite indiqué que certains dirigeants politiques bosniens étaient tentés de s’engager de nouveau sur la voie de la division du pays.  Il a par exemple relevé que l’Assemblée nationale de la Republika Srpska avait adopté une déclaration, le 17 avril dernier, qui conteste l’autorité de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.  Le 25 avril dernier, a-t-il ajouté, le parti dirigeant de la Republika Srpska avait fait une déclaration appelant à  l’organisation d’un référendum d’indépendance de la Republika Srpska en 2018.  M. Inzko a rappelé que les Accords de Dayton ne concédaient pas aux trois entités la possibilité de faire sécession, avant de souligner que toute tentative de modifier les termes des Accords de paix exigeait l’accord de toutes les parties.

Le Haut-Représentant a par ailleurs indiqué que tout récemment, un individu isolé avait tué un policier et blessé deux autres dans un commissariat de police.  Il s’est félicité de la réponse rapide des autorités, en saluant aussi leur engagement à coopérer pour faire respecter la loi, y compris dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Il a en outre déclaré que l’accord conclu avec l’Union européenne offrait au peuple de Bosnie-Herzégovine la chance d’assurer une vie prospère et digne pour eux-mêmes et pour leurs enfants.  Il est maintenant temps que le pays tourne le dos aux politiques du passé et s’engage sur une nouvelle voie de la pratique politique qui place les intérêts des citoyens au premier plan.  Il a dit souhaiter que la visite papale prévue en juin prochain en Bosnie-Herzégovine allait renforcer le sens de l’unité dans le pays. 

C’est à la lumière des résultats des efforts inlassables entrepris dans les semaines et mois à avenir, a estimé M. Inzko, qu’il sera possible de déterminer si le peuple de Bosnie-Herzégovine se montrera optimiste ou non à l’occasion de la commémoration du vingtième anniversaire des Accords de Dayton en novembre prochain.  Le Haut-Représentant a tenu à souligner que la division et la sécession étaient des stratégies qui avaient été mises à l’échec il y a 20 ans et qu’elles n’avaient plus de place aujourd’hui.  M. Inzko a par ailleurs relevé que les Bosniens et les peuples des autres pays des Balkans avaient compris que l’avenir de cette région d’Europe résidait dans l’intégration avec le reste du continent.  Il a affirmé que la force des gens qui regardent vers l’avenir en Bosnie-Herzégovine est de plus en plus solide.  Cette force positive rejette les clivages ethniques et mobilise les populations de la Bosnie-Herzégovine à travailler ensemble pour un avenir meilleur, a-t-il précisé avant de conclure.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) s’est félicité des progrès enregistrés en Bosnie, encourageant les parties à se concentrer sur la situation économique du pays et à avancer sur la voie européenne.  L’Accord de stabilisation, qui entrera en vigueur le 1er juin, aura de réelles chances de permettre des progrès en faveur de l’intégration dans les institutions européennes.

Le représentant s’est félicité des efforts fournis par le Gouvernement de la Bosnie-Herzégovine en vue de résoudre la question des combattants étrangers qui vont en Syrie et dans sa lutte contre l’extrémisme violent.  Les États-Unis appuient pleinement les efforts de la Force multinationale de stabilisation de l’Union européenne (EUFOR-Althea) pour continuer son rôle de mentor des forces armées.  Il a dénoncé la rhétorique nationaliste en Republika Srpska qui menace, a-t-il dit, l’intégrité du pays et le potentiel économique nécessaire.  Le représentant des États-Unis a critiqué d’une manière générale toutes les actions qui visent à saper l’intégrité de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que les tentatives visant à museler la liberté d’expression sur les réseaux sociaux par les autorités de la Republika Srpska.

M. ALEXIS LAMEK (France) a exhorté les autorités bosniennes à donner la priorité à l’amélioration de la situation économique et sociale afin d’empêcher l’exil de jeunes talents, privés de perspectives d’avenir.  L’Union européenne, a-t-il ensuite rappelé, ait décidé de donner une impulsion nouvelle au processus d’intégration européenne de la Bosnie-Herzégovine.  L’arrivée aux affaires d’une nouvelle équipe gouvernementale, a-t-il estimé, constitue l’occasion idéale de faire un pas de plus vers cette intégration.  M. Lamek s’est également réjoui de l’entrée en vigueur dans quelques semaines de l’Accord de stabilisation et d’association signé avec la Bosnie-Herzégovine.  « L’imminente présidence bosnienne du Conseil de l’Europe sera également l’occasion pour le pays d’affirmer sa volonté d’un rapprochement européen par son attachement aux principes fondamentaux chers à l’Union européenne. »

L’Europe tout entière souhaite participer à la transformation de la Bosnie-Herzégovine et assister à son intégration en tant que pays uni, souverain et jouissant de sa pleine intégrité territoriale, a déclaré M. Lamek, qui a jugé inadmissible à cet égard que les « vieilles thèses nationalistes trouvent encore des voix, mettant ainsi en péril l’unité et la stabilité du pays ».  « Notre message est clair: il ne saurait y avoir de remise en cause de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. »  Il a ensuite estimé que la réflexion sur la configuration du Bureau du Haut-Représentant devrait être poursuivie, en soulignant que le maintien « coûte que coûte » d’un dispositif datant des années 1990 ne rendait pas service à la Bosnie-Herzégovine.  « Nous souhaitons renforcer la cohérence du dispositif dans le pays en recherchant partout la complémentarité du Bureau du Haut-représentant avec celui de l’Union dont le leadership est aujourd’hui avéré », a-t-il dit avant de conclure. 

M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARREÑO (Venezuela) a réaffirmé que le respect de l’intégrité et de la souveraineté territoriale était un aspect essentiel du droit international, prônant, à cet égard, une approche équilibrée du Haut-Représentant. 

La responsabilité première de la pleine mise en œuvre de l’intégralité de l’Accord de paix incombe aux autorités de la Bosnie-Herzégovine, avec l’appui de la communauté internationale, a-t-il déclaré.  Le représentant s’est ensuite félicité de la mise en place du nouveau Gouvernement de la Bosnie-Herzégovine après les élections d’octobre 2014.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a plaidé en faveur d’un développement économique soutenu de la Bosnie-Herzégovine, en prévenant que si cela ne se réalisait pas, la population va de nouveau sortir dans la rue pour demander des comptes aux dirigeants du pays.  Il a souligné que le développement n’était possible que dans un contexte de paix, souhaitant ainsi que l’ensemble des Accords de Dayton soient pleinement mis en œuvre.  M. Ibrahim a aussi salué l’Accord de coopération que la Bosnie-Herzégovine et l’Union européenne ont signé le mois dernier.  Il a indiqué que la Malaisie contribuait au développement économique de la Bosnie-Herzégovine depuis longtemps, en précisant que les investissements consentis étaient réalisés en association avec les trois groupes ethniques majeurs du pays. 

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé très important de continuer à assurer le transfert de toutes les responsabilités aux Bosniens eux-mêmes.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, la suppression du Bureau du Haut-Représentant est essentielle.  La tâche du Haut-Représentant devrait consister à encourager les parties au dialogue en tenant compte des points de convergence, a-t-il dit.  Aucune décision constructive n’a été proposée, a-t-il regretté, en estimant que l’on cherchait au contraire à toujours trouver des responsables et à reprocher aux Serbes de la Republika Srpska de saper l’Accord de Dayton et l’intégrité territoriale du pays. 

On a l’impression que ce sont des prétextes artificiels qui sont avancés de la part du Haut-Représentant, a poursuivi M. Churkin.  Le Haut-Représentant devrait, a-t-il dit, perdre l’habitude de citer certains faits et d’humilier certaines personnes et de se concentrer sur des mesures pratiques.  Il a recommandé de lire le rapport de la Republika Srpska au Secrétaire général et au Conseil de sécurité.

Le délégué russe a dit reconnaître l’importance de l’opération de la Force multinationale de stabilisation de l’Union européenne (EUFOR-Althea) pour assurer la mise en œuvre de l’Accord de Dayton, mais a rejeté ses efforts visant à faciliter l’intégration européenne du pays.  Il a estimé que le Haut-Représentant interprétait de façon arbitraire son mandat en poussant l’intégration européenne de la Bosnie-Herzégovine. 

M. Churkin a dénoncé la tendance de la croissance de l’extrémisme, en particulier dans la communauté musulmane, une menace qui, selon lui, doit être prise très au sérieux dans le contexte des événements au Moyen-Orient.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a appelé les parties bosniennes à comprendre que les intérêts de toutes les entités doivent être pris en compte pour l’unité du pays.  Elle a aussi appelé toutes les parties à s’abstenir de braver l’autorité de la Cour constitutionnelle et à respecter le travail qu’elle mène pour l’intérêt collectif.  La représentante du Nigéria a ensuite déploré le fait que le rôle de la police du pays soit affaibli par des influences politiques.  Les réformes engagées devraient permettre d’améliorer l’indépendance de la police, a-t-elle espéré, en saluant à cet égard le rôle que joue le Haut-Représentant dans ce domaine.

Mme CAROLYN SCWALGER (Nouvelle-Zélande) a encouragé la communauté internationale, en particulier les pays voisins de la région et l’Union européenne, à appuyer la Bosnie-Herzégovine au moment où elle entreprend des réformes difficiles mais nécessaires.  Alors qu’un débat sain stimule une démocratie saine, libérer tout le potentiel d’un pays nécessite que toutes les parties partagent une aspiration commune pour un avenir uni et prospère, a tenu à rappeler Mme Scwalger.  La rhétorique de division est donc préoccupante.  Les tentatives visant à saper l’unité du pays, telles que l’appel pour un référendum sur la sécession, détournent de l’important programme de réformes que la Bosnie-Herzégovine a devant elle.  Elles contestent également les principes de base de l’Accord-cadre général pour la paix.  « Vingt ans après les Accords de paix de Dayton, le progrès est évident.  Pourtant, il reste encore beaucoup à accomplir.  Les cinq objectifs et les deux conditions fixés par le Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix, et qui sont des conditions préalables à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant, n’ont pas encore été accomplis », a rappelé la représentante de la Nouvelle-Zélande. 

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a dit appuyer l’Accord de Dayton, en regrettant que ses termes ne soient pas encore pleinement mis en œuvre.  Il a invité les dirigeants politiques nationaux à ne pas verser dans les discours de haine, en déclarant qu’il était aussi inquiet des appels à la sécession lancés par certains dirigeants de la Republika Srpska.  La coopération avec le Tribunal pénal de l’ex-Yougoslavie est importante pour s’assurer que les auteurs de crimes contre l’humanité ne restent pas impunis, a-t-il souligné.  Il a par ailleurs fait part de sa volonté de voir une Bosnie-Herzégovine stable et prospère, en rappelant que le Chili avait participé au processus de pacification du pays par l’envoi d’un contingent de police sous l’égide des Nations Unies.  Il a souhaité que le Bureau du Haut-Représentant continue à jouer son important rôle et que les moyens adéquats lui soient alloués.

M. BANTE MANGARAL (Tchad) a déploré la remise en cause de l’Accord-cadre général pour la paix par certaines des parties, qui porte ainsi atteinte à l’intégrité territoriale et à la stabilité de la Bosnie-Herzégovine.  Il a salué la formation de la nouvelle direction collégiale dans un esprit constructif.

Le représentant a déploré la criminalité et la récente attaque terroriste et appelé toutes les parties concernées à œuvrer pour une intégration harmonieuse de la population et davantage de progrès en faveur de l’indépendance des médias.  Il a ensuite appuyé les efforts déployés par le Haut-Représentant pour remplir les conditions permettant à son Bureau de s’acquitter efficacement de son rôle.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a estimé que tant que le Plan 5+2 n’est pleinement mis en œuvre, le Haut-Représentant devrait continuer à jouer son rôle.  Il a appelé les acteurs politiques bosniens à travailler en faveur de la stabilité du pays et du bon fonctionnement des institutions nationales.  Il a également salué l’entrée en vigueur prochaine de l’Accord de

stabilisation et d’association entre la Bosnie Herzégovine et l’Union européenne.  Il a en outre salué les dernières élections que le pays a tenues, en soulignant que cela devrait permettre de lancer les jalons de l’avenir auquel aspirent les Bosniens.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a noté que des progrès importants avaient été réalisés en Bosnie-Herzégovine depuis la fin de la guerre.  Le Royaume-Uni, a-t-il assuré, réaffirme son soutien à la Bosnie-Herzégovine et l’encourage à poursuivre ses efforts en faveur d’une intégration dans les institutions européennes.  Le Conseil de sécurité doit continuer à apporter son soutien à la Bosnie-Herzégovine pour assurer la sécurité dans le pays, a-t-il estimé. 

La communauté internationale a un rôle continu à jouer pour dissuader ceux qui doutent de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, a souligné le représentant britannique.  Le référendum proposé par la Republika Srpska est une violation flagrante de l’Accord de Dayton, a-t-il estimé, en tenant à assurer que les frontières du pays ne seront pas redessinées.

M. EIHAB OMAISH (Jordanie) a salué les réformes que la Bosnie-Herzégovine a connues, en invitant aussi les dirigeants à travailler de concert pour relever les défis auxquels le pays fait face.  Il a ainsi fait remarquer que l’amélioration de la situation économique et sociale du pays était le chantier le plus urgent auquel les autorités bosniennes doivent s’atteler.  Le représentant a par ailleurs salué l’adoption, par le Parlement national, d’un texte qui encourage la poursuite de l’engagement national sur la voie de l’intégration de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  Il a ensuite appelé au respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, en prévenant que toute initiative contraire constituerait une violation des Accords de Dayton.  Avant de conclure, le représentant de la Jordanie a salué la présence de la Force multinationale de stabilisation de l’Union européenne (EUFOR-Althea) qui, a-t-il rappelé, assure le maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) s’est félicité de la formation d’un nouveau gouvernement le 31 mars, six mois après les élections.  Il a jugé nécessaire d’améliorer le processus électoral, en particulier la loi électorale.  Il a demandé à tous les dirigeants de s’abstenir de déclarations nationalistes et de favoriser le dialogue. 

Le représentant a demandé aux autorités de prendre des mesures fortes pour lutter contre l’extrémisme violent.  Il s’est néanmoins félicité de ce que la situation sécuritaire soit demeurée stable.

M. WANG MIN (Chine) a déclaré que la Chine réaffirmait le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  C’est au peuple bosnien et à ses dirigeants de faire leur choix de développement, a-t-il tenu à rappeler, tout en plaidant pour un soutien international en faveur du développement économique du pays.  Il a aussi appelé à la mise en œuvre complète des Accords de Dayton, tout en assurant l’appui de la Chine au travail du Haut-Représentant.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a déclaré que l’engagement écrit en faveur de nouvelles réformes qui avait été signé par les dirigeants des partis politiques et approuvé par l’Assemblée fut un moment déterminant pour les relations entre l’Union européenne et la Bosnie-Herzégovine et une étape décisive vers la réalisation de son intégration dans les institutions européennes.  Cet engagement devrait assurer, a-t-elle dit, l’entrée en vigueur de l’Accord de stabilisation et d’association dès le mois prochain.  La représentante a également rappelé que d’autres mesures doivent être prises pour poursuivre le programme de réforme afin de soutenir la réforme économique et sociale, y compris les mesures prévues par le Pacte pour l’initiative de croissance, ainsi que le renforcement du dialogue entre l’Union européenne et la Bosnie-Herzégovine.  Notant un taux de chômage élevé parmi les jeunes, elle a souligné que les réformes devraient se traduire par de réelles opportunités pour le bénéfice de tous les citoyens, y compris les jeunes et les chômeurs. 

« Nous sommes encouragés par les intentions des nouveaux dirigeants de se concentrer sur les efforts de réforme.  C’est pourquoi, nous appelons les autorités à capitaliser sur les opportunités que la nouvelle approche de l’Union européenne présente.  Leur pleine réalisation exige de la détermination et l’unité entre les élites politiques.  La rhétorique de division et séparatiste est contreproductive et devrait être dépassée », a-t-elle suggéré.  En outre, la réconciliation, le renforcement de l’état de droit et des capacités administratives à tous les niveaux aideraient à surmonter les différences politiques et à s’unir pour l’objectif commun.  La représentante a fait observer que les initiatives de coopération régionale contribuaient également à lutter contre les menaces sur la sécurité.  Bien que la situation globale de la sécurité en Bosnie-Herzégovine reste stable, le récent incident qui s’était produit dans la ville de Zvornik souligne la nécessité pour les autorités du pays d’intensifier les efforts visant à rétablir l’ordre public et la sécurité.   

Mme MIRSADA CALAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a relevé qu’au cours des six derniers mois, marqués par des négociations postélectorales, toutes les institutions du Gouvernement sont désormais formées.  Elle a rappelé que la Déclaration commune d’engagement, adoptée par la présidence du pays le 29 janvier dernier, et entérinée par les dirigeants des 14 parties représentés au Parlement le 23 février, réaffirme que l’entrée de la Bosnie-Herzégovine dans l’Union européenne est un objectif stratégique pour le pays.  Elle a noté que l’Accord de stabilisation et d’association, qui a été approuvé par le Conseil de l’Europe le 21 avril dernier, entrerait en vigueur le 1er juin prochain.  La représentante a indiqué que cet Accord exige que le pays fasse des réformes structurelles afin de s’adapter aux standards de l’Union européenne.  Son pays, a-t-elle ajouté, envisage également de renforcer sa coopération avec la région, notamment en matière de projets liés aux infrastructures. 

Elle a ensuite déclaré que la situation économique et sociale du pays nécessite des réformes d’urgence, soulignant ainsi la nécessité de trouver des solutions au chômage des jeunes et à la création d’emplois, et précisant que le maintien des jeunes professionnels dans le pays est l’une des priorités des nouvelles autorités.  Elle a en outre salué la nouvelle dynamique de coopération régionale dans l’ouest des Balkans, en estimant que cela témoignait clairement de l’amélioration des relations entre les pays de la région.  Cela montre aussi que ces pays prennent conscience de défis communs qui exigent une réponse commune dans l’intérêt de tous.  Elle a ainsi cité, parmi ces défis, la mise en place d’infrastructures en matière de communication, de transport et d’énergie. 

La Bosnie-Herzégovine assurera, à partir du 19 mai prochain, la présidence tournante semestrielle du Conseil de l’Europe, a annoncé Mme Calaković.  Elle a souligné qu’il s’agit là d’une opportunité de démontrer que la Bosnie-Herzégovine a les capacités nécessaires de présider le Conseil de l’Europe et ses 47 membres.  Elle a par ailleurs déploré l’attaque de la station de police de Zvornik, survenue le 27 avril dernier, et qui apparaît comme un rappel que la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent est un défi majeur pour toute la région, tout comme pour le reste du monde.  Tout en déclarant qu’il s’agit d’un acte isolé, elle a invité à faire preuve de plus de vigilance, à assurer une meilleure coordination entre les services de sécurité et à renforcer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme aux niveaux régional et international.  Elle a conclu en  émettant l’espoir que la synergie entre les dirigeants politiques nationaux et la communauté internationale, notamment l’Union européenne, produira des résultats tangibles et positifs.   

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, s’est félicité de l’entrée en vigueur le 1er juin 2015 de l’Accord de stabilisation et d’association signé avec la Bosnie-Herzégovine.  La mise en œuvre par les autorités bosniennes des réformes inhérentes au processus d’intégration européenne permettra, a-t-il estimé, de renforcer la stabilité et de jeter les bases solides pour le futur développement du pays.  « La Bosnie-Herzégovine a encore un long chemin à parcourir », a-t-il cependant prévenu, en rappelant que la rhétorique incendiaire et séparatiste qui peut se faire entendre dans le pays était une entrave pour les réformes que la Bosnie-Herzégovine doit mettre en œuvre.

Le délégué a ensuite souligné que, si la situation sécuritaire globale était restée relativement calme, des risques demeuraient, comme en atteste l’attaque d’un commissariat à Zvornik.  L’Union européenne se tient prête à ce que la mission EUFOR-Althea continue de mettre l’accent sur le renforcement des capacités et la formation, tout en conservant, sous mandat des Nations Unies, un rôle militaire opérationnel de soutien aux efforts de la Bosnie-Herzégovine en vue de maintenir un environnement sûr, a-t-il dit.

Dans le contexte de la stratégie globale de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine, M. Mayr-Harting a recommandé de poursuivre la discussion relative à la reconfiguration de la présence internationale dans le pays.  Il a également appelé les autorités bosniennes à atteindre les objectifs ambitieux fixés en vue de la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

Il est essentiel d’améliorer de manière significative l’efficacité des institutions du pays, afin d’assurer la continuité des réformes démocratiques entreprises depuis 1995 et de développer les capacités exigées par le processus d’intégration européenne, a insisté M. Mayr-Harting.  Avant de conclure, il a invité le Conseil à demander aux autorités de la Bosnie-Herzégovine de répondre aux aspirations des Bosniens et de surmonter leurs divisions politiques en mettant résolument en œuvre les réformes nécessaires pour parvenir à une intégration européenne.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a noté avec satisfaction que les Croates, qui sont les moins nombreux des trois communautés bosniennes, étaient désormais représentés de manière équitable à tous les niveaux du Gouvernement bosnien.  Il a ensuite condamné les déclarations incendiaires émanant de la Republika Srpska, ainsi que son interprétation controversée de ce qui s’est passé il y a 20 ans à Srebrenica.  Les tentatives visant à nier que les événements de Srebrenica avaient constitué un génocide sont inacceptables, a-t-il dit.  M. Drobnjak s’est également réjoui de l’entrée en vigueur, dans quelques semaines, de l’Accord de stabilisation et d’association entre la Bosnie-Herzégovine et l’Union européenne. Il a cependant regretté que le protocole additionnel à cet Accord n’ait pas encore été signé.

En ce qui concerne le rapprochement avec l’OTAN, le délégué de la Croatie a exhorté les responsables bosniens nouvellement élus à intensifier leurs efforts  en vue de lancer le plus rapidement possible le plan d’action pour l’adhésion.  À la lumière de la récente attaque terroriste perpétrée contre un commissariat à Zvornik, a ensuite indiqué M. Drobnjak, la mission militaire de l’Union européenne dans le pays demeure d’une importance vitale.

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a rappelé que la Bosnie-Herzégovine était l’un des partenaires clefs de son pays dans la région, tout en assurant que la Serbie était déterminée à poursuivre ses relations de bon voisinage avec l’ensemble des structures politiques dans tous les domaines à tous les niveaux du Gouvernement.  La Serbie, a-t-il dit, appuie pleinement le nouveau Gouvernement de la Bosnie-Herzégovine sur la voie de l’intégration européenne, ainsi que les réformes qu’il a l’intention de mener.

Il a exprimé la préoccupation de son pays à l’égard de l’attaque contre des fonctionnaires du Ministère de l’intérieur de la Republika Srpska à Zvornik, le 27 avril dernier, qui a coûté la vie à l’un d’entre eux et blessé deux autres.  « Nous condamnons cet acte de terrorisme dans les termes les plus forts et souhaitons que leurs auteurs soient traduits en justice », a-t-il dit.  La Serbie et la Bosnie-Herzégovine maintiennent un niveau de dialogue politique très élevé, a-t-il assuré, en faisant état également de la coopération économique essentielle entre les deux pays, en particulier dans les secteurs des transports, des infrastructures et de l’énergie.

M. Milanović a déclaré que son pays soutenait de manière inébranlable l’intégration européenne de la Bosnie-Herzégovine et saluait la conclusion de l’Accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne.  Il s’agit d’éléments positifs, non seulement pour la Bosnie-Herzégovine, mais aussi pour l’ensemble de la région, a-t-il fait observer.  Au début de l’année, la Serbie a entamé la présidence de l’OSCE et la Bosnie-Herzégovine présidera prochainement le Conseil de l’Europe, a-t-il rappelé, convaincu que ces fonctions ouvriront la voie aux deux pays pour s’engager ensemble dans de nombreux activités et projets qui contribueront au développement, à la stabilité et à la coopération de la région.  La Serbie et la Bosnie-Herzégovine coopèrent sur la base d’un partenariat, a-t-il ajouté, en précisant que son pays s’efforcerait de trouver des solutions rapides et efficaces aux questions en suspens en vue de promouvoir les relations mutuelles.  

 

 

 

 

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