CS/10752

Conseil de sécurité: le Vice-Secrétaire général affirme que plus de 2,5 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide et de protection en Syrie

30/08/2012
Conseil de sécurité CS/10752
 
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6826e séance – après-midi                                  

 

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AFFIRME QUE PLUS DE 2,5 MILLIONS

DE PERSONNES ONT UN BESOIN URGENT D’AIDE ET DE PROTECTION EN SYRIE

 

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, examiné au niveau ministériel la situation humanitaire en Syrie et ses répercussions chez ses voisins.  Le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson, a affirmé que plus de 2,5 millions de personnes avaient un « besoin urgent d’aide et de protection à l’intérieur du pays », estimant néanmoins que l’idée d’y créer des couloirs humanitaires et des zones tampon soulevait des « questions sérieuses » et exigeait un « examen critique ».

 

Pour M. Eliasson, ce chiffre représente le double de celui donné en mars dernier par la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Mme Valerie Amos.  « Les besoins les plus pressants concernent l’eau et l’assainissement, la nourriture et les abris, les couvertures et les soins de santé », a-t-il dit, ajoutant que moins de la moitié des centres de santé et des hôpitaux étaient opérationnels.

 

Soulignant que la situation était de plus en plus intolérable en Syrie, où l’on dénombre déjà 25 000 morts, 250 000 blessés, plus de 250 000 réfugiés et 2 millions de personnes déplacées, le Ministre français des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, a jugé nécessaire d’étudier la mise en place de « zones tampon », évoquées par la Turquie. 

 

Il est du devoir de la communauté internationale de venir en aide aux déplacés, a dit M. Fabius, en précisant que le Chef de l’État français, M. François Hollande, avait annoncé cette semaine sa décision d’aider directement les comités de résistance quiorganisent les zones libérées et de mettre en place une aide spécifique pour leurs populations.

 

M. Fabius, qui présidait la séance, a ajouté que la France avait souhaité cette réunion ministérielle « pour aider à la solution des problèmes humanitaires, pour mettre chacun devant ses responsabilités et pour adresser au peuple syrien qui souffre, un message de soutien et de solidarité, de la part de ses amis ». 

 

Son homologue turc, M. Ahmet Davutoğlu, a exhorté les Nations Unies à initier « sans délai » la construction de camps de déplacés en Syrie.  « Soyons clairs, a-t-il insisté, il n’y a qu’une seule partie responsable de cette tragédie: le régime syrien. » 

 

Il a appelé le Conseil de sécurité à mettre en œuvre les « réponses nécessaires pour mettre fin aux atrocités commises par le régime, permettre la transition démocratique en accord avec les attentes légitimes du peuple syrien et, enfin, restaurer la sécurité et la stabilité ».

 

« Le peuple syrien a besoin de secours humanitaire », a insisté, auparavant, M. Eliasson, pour qui « la crise actuelle ne pourra être résolue que par un processus politique crédible qui doit être soutenu par une communauté internationale unie qui permette de mettre fin à la violence et favorise la mise en œuvre d’une transition politique menée par les Syriens eux-mêmes ».

 

« Nous devons reconnaître qu’il n’y a pas de solution humanitaire à la crise syrienne », a acquiescé le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. António Guterres.  « Seule une solution politique qui mènera à la paix pourra mettre fin à la situation humanitaire d’urgence », a-t-il dit.

 

M. Guterres a en outre appelé toutes les parties au conflit à garantir un accès sans restriction aux agents humanitaires afin que ceux-ci soient en mesure d’apporter leur aide sans discrimination et conformément aux principes qui guident l’action humanitaire.  Il a également appelé toutes les parties à respecter et à fournir une protection à tous les réfugiés en Syrie, dont les Iraquiens et les Palestiniens.  

 

Au cours du débat, qui a notamment rassemblé une dizaine de ministres, dont, outre la Turquie, la Jordanie, le Liban et l’Iraq, pays affectés directement par les répercussions du conflit en Syrie, plusieurs pays ont regretté que l’appel de 193 millions de dollars lancé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au mois de juin, n’ait pas reçu la réponse espérée.

 

Le Ministre britannique des affaires étrangères, M. William Hague, a proposé une réunion avec les Ministres de la coopération au développement et les agences humanitaires pour trouver des moyens supplémentaires.

 

Pour le représentant de la Chine, l’assistance humanitaire devait être guidée par les principes de neutralité, d’impartialité et du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.  « La politisation de l’aide humanitaire doit être évitée », a-t-il ajouté.

 

Sur la même ligne, le délégué de la Fédération de Russie a, de même, exprimé l’opposition de principe de son pays à des sanctions prises en dehors du Conseil de sécurité.  « L’activité humanitaire doit rester dans le strict cadre du droit international », a-t-il tranché, ajoutant que la tâche principale était le cessez-le-feu. 

 

Plusieurs pays, comme la France et les États-Unis, ont parié sur une fin proche du régime de Bashar Al-Assad.  « Ce régime tombera », a prédit M. Fabius qui, face à cette « barbarie », a envisagé la saisine de la Cour pénale internationale (CPI).  La représentante des États-Unis a critiqué ceux des pays membres du Conseil de sécurité qui continuent à empêcher cet organe d’agir efficacement.  « Un jour, dans un avenir pas si lointain, Assad n’aura plus la mainmise sur le pays, et le peuple syrien se souviendra alors qui se trouvait du bon ou du mauvais côté de l’histoire », a promis la représentante américaine. 

 

À cela, le représentant de la Syrie a répondu qu’il était temps de tirer les « leçons des politiques d’ingérence menées par les grandes puissances ».  « Si cette séance était vraiment consacrée aux meilleurs moyens d’apporter une aide humanitaire au peuple syrien, pourquoi alors certains pays tentent d’organiser une action en dehors du cadre des Nations Unies? » a-t-il demandé.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

 

Déclarations

 

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a d’emblée indiqué que plus de 2,5 millions de personnes dont des réfugiés palestiniens et iraquiens, sont dans un besoin urgent d’aide et de protection à l’intérieur de la Syrie.  C’est plus du double du chiffre que la Secrétaire générale adjointe a donné en mars dernier.

 

Les besoins les plus pressants concernent l’eau et l’assainissement, la nourriture et les abris, les couvertures et les soins de santé.  Moins de la moitié des centres de santé et des hôpitaux sont opérationnels, a-t-il prévenu.  L’accès à ces centres et hôpitaux est difficile voire impossible dans certaines zones, compte tenu de la violence, des points de contrôle et de la pénurie de carburant.

 

Le prix de la nourriture a triplé dans certaines régions alors qu’un certain nombre de déplacés est pris en charge par la famille et les amis.  Plus d’1,2 million de personnes ont trouvé refuge dans des lieux publics comme des mosquées ou des écoles qui n’ont pas les infrastructures nécessaires pour l’eau et l’assainissement.

 

Malgré l’intensification des combats et de la violence, les agences de l’ONU, la Croix-Rouge, le mouvement du Croissant-Rouge et les ONG ont réussi à acheminer l’aide vers davantage d’endroits et de gens chaque mois.  Mais à mesure que les combats s’intensifient, le nombre de personnes dans le besoin dépassent toute capacité d’intervention.  Les agences sont en train de réviser leur plan humanitaire pour pouvoir aider quelque 2,5 millions de personnes. 

 

Le Gouvernement et l’opposition ont choisi l’affrontement armé.  Les défections au sein de l’armée et du Gouvernement se poursuivent.  Les flux d’armes provenant de l’extérieur semblent destinés aux deux parties.  Les informations sur les atrocités nous parviennent tous les jours et les allégations sur les crimes de guerre sont non seulement troublantes mais devraient nous inciter à travailler plus pour mettre fin à ce cauchemar, a estimé le Vice-Secrétaire général.

 

Les responsables du Gouvernement et ses militaires mais aussi les groupes armés de l’opposition devront rendre compte des graves violations des droits de l’homme, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. 

 

À mesure que la situation s’empire, nous voyons, s’est alarmé le Vice-Secrétaire général, des répercussions dangereuses dans les pays voisins de la Syrie.  L’impact politique, social et économique des réfugiés syriens dans les pays voisins doit être déterminé et atténué, a-t-il dit.  Les Gouvernements concernés ont besoin d’une aide et il faut à tout prix prévenir la propagation du conflit syrien et de la violence dans les pays voisins. 

 

C’est donc dans un environnement difficile que le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Lakhdar Brahimi, va commencer son travail.  Il est essentiel que la communauté internationale et le Conseil soient derrière lui, a tranché le Vice-Secrétaire général.  La multitude d’initiatives diplomatiques différentes ne peuvent que prolonger la violence, les violations des droits de l’homme et la crise humanitaire.  

 

À ce stade, nous devons traiter de deux questions à savoir l’accès humanitaire et le financement de l’action humanitaire.  Hier encore, l’appel de fonds de 180 millions de dollars n’était financé qu’à hauteur de 50%. 

 

Aujourd’hui, ceux qui fournissent au Gouvernement ou à l’opposition des armes, des équipements et des fonds, directement ou indirectement, créent un cercle vicieux et ouvrent la voie à encore plus de chaos et de souffrances.

 

Les États qui ont de l’influence sur la Syrie ou l’opposition armée ont l’obligation d’arrêter les tueries et de promouvoir un règlement pacifique du conflit.  Le Vice-Secrétaire général a estimé que l’idée de créer des couloirs humanitaires et des zones tampon en Syrie soulève quelques questions sérieuses et exige un examen critique. 

 

Le peuple syrien a besoin de secours humanitaire.  Mais, à terme, la crise actuelle ne pourra être résolue que par un processus politique crédible qui doit être soutenu par une communauté internationale unie qui permette de mettre fin à la violence et favorise la mise en œuvre d’une transition politique menée par les Syriens eux-mêmes, a conclu le Vice-Secrétaire général.

 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Haut-Commissairedes Nations Unies pour les réfugiés, a présenté une situation humanitaire « dramatique » amplifiée par l’escalade du conflit armé en Syrie.  À la date d’hier, 229 000 personnes avaient fui la Syrie ou cherchaient à s’enregistrer comme réfugiées dans les pays voisins. 

 

Le nombre de réfugiés qui arrivent en Turquie continue d’augmenter de façon tout aussi dramatique, tandis que plus de 80 000 Syriens sont à présent hébergés grâce à l’aide des autorités turques dans des camps et des bâtiments publics dans le sud-est du pays, a-t-il précisé.  Et, tandis que les combats s’intensifient, le Haut-Commissaire a souligné que la pression devenait de plus en plus évidente aux postes frontières, avec des milliers de personnes qui attendent que de nouveaux sites d’accueil soient prêts, ce qui devrait par ailleurs porter la capacité totale des camps à la frontière turque à plus de 130 000 personnes, a-t-il expliqué. 

 

En Jordanie, l’afflux quotidien de réfugiés ne cesse pas.  Cette semaine, plus de 5 000 personnes sont arrivées en l’espace d’à peine 30 heures, a poursuivi le Haut-Commissaire.  Quelque 72 000 Syriens sont, à présent, enregistrés en Jordanie mais le Gouvernement estime que le pays accueille 150 000 Syriens de plus qu’avant le début de la crise.  Le récent camp d’Al-Zaatri a déjà pris en charge 21 000 nouveaux arrivants.  Au Liban, le nombre de Syriens réfugiés ou en attente d’être enregistrés dépasse les 57 000 personnes, tandis que l’Iraq –qui s’efforce de mettre en place sa propre transition postconflit– accueille à présent 18 000 réfugiés syriens.

 

Face à cette situation, le Haut-Commissaire a tenu à louer la « coopération exemplaire » entre les Gouvernements de ces pays, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), les agences des Nations Unies, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les ONG actives sur le terrain.  Il a également fait observer qu’une part importante des conséquences les plus tragiques de cette crise était supportée, en Syrie même, par « le travail exceptionnel » du Croissant-Rouge syrien, avec le soutien de l’ONU et d’autres acteurs humanitaires.  « Car les activités humanitaires sont constamment empêchées par les difficultés d’accès et le manque de fonds », tandis que les réfugiés iraquiens, palestiniens ou autres sont exposés à une insécurité croissante, a-t-il souligné.  

 

Toutefois, et malgré l’impact considérables que l’afflux de réfugiés a sur les pays voisins, sur leur économie et sur leur sécurité, M. Guterres a salué l’engagement et les efforts de ceux-ci.  « En maintenant leurs frontières ouvertes dans une situation aussi complexe, ces pays offrent un exemple très positif au monde mais leurs capacités sont mises à rude épreuve », a-t-il souligné. « C’est pourquoi la solidarité internationale à leur égard et à l’égard de leur générosité doit être renforcée ». 

 

M. Guterres a ensuite appelé toutes les parties au conflit à garantir un accès sans restriction aux agents humanitaires afin que ceux-ci soient en mesure d’apporter leur aide sans discrimination et conformément aux principes qui guident l’action humanitaire.  Il a également appelé toutes les parties à respecter et à fournir une protection à tous les réfugiés en Syrie, dont les Iraquiens et les Palestiniens.  

 

Enfin, de manière plus globale, il a appelé la communauté internationale à renforcer son soutien à toutes les victimes du conflit.  A l’heure où le conflit s’intensifie, c’est aussi la capacité de la communauté internationale à apporter une réponse à cette situation qui est mise à l’épreuve, a poursuivi le Haut Commissaire. « Au final, nous devons reconnaître qu’il n’y a pas de solution humanitaire à la crise syrienne.  Seule une solution politique qui mènera à la paix pourra mettre fin à la situation humanitaire d’urgence », a-t-il dit.     

 

M. NASSER JOUDEH, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a affirmé que la situation en Syrie était dramatique et tragique, ses répercussions ayant dépassé les frontières de ce pays pour atteindre ses voisins.  Il est déplorable de reconnaître que cette situation se poursuit et se détériore, tout comme l’effusion de sang n’a cessé, augmentant tout au long de cette période.  La violence pousse des centaines de milliers de Syriens à fuir leur pays, a-t-il dit.  Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’une action ferme et immédiate pour éviter que la Syrie ne glisse dans une véritable guerre civile et confessionnelle, laquelle risquerait de mettre en péril la stabilité de l’ensemble de la région. 

 

M. Joudeh s’est dit convaincu de la nécessité d’une solution politique à la crise.  Celle-ci doit comprendre un cadre de transition devant être mis en œuvre immédiatement et tenant compte des aspirations légitimes du peuple syrien.  C’est, a-t-il dit, la seule solution susceptible de garantir l’indépendance politique de la Syrie et de son unité.  Elle doit aller de pair avec l’arrêt de la violence.  Il s’agit là du premier point du plan en six points de l’ancien Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Kofi Annan, a ajouté le Ministre, qui a salué également son successeur, M. Lakhdar Brahimi. 

 

M. Joudeh a en outre affirmé que son pays refusait toute violation à l’indépendance politique de la Syrie et toute menace à sa cohésion sociale et à sa paix intérieure.  Il a souligné que son pays avait ouvert aux réfugiés syriens les portes de ses écoles et de ses hôpitaux.  Le nombre de ces réfugiés, a-t-il précisé, pourrait atteindre 188 000 à la fin de cette séance du Conseil de sécurité.  La Jordanie n’a pris aucune mesure pour empêcher l’afflux de ces réfugiés, mais, a-t-il averti, elle risque très vite d’être confrontée à une situation où leur nombre pourrait atteindre le double de ses capacités, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la sécurité et l’ordre public du pays, lequel serait alors amené à prendre des mesures.  Le Ministre a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide la Jordanie à répondre aux besoins humanitaires, sanitaires et éducatifs des réfugiés syriens.

 

M. AHMET DAVUTOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a fustigé un régime syrien « qui menace depuis longtemps la paix et la sécurité internationales ».  Il a regretté que le Conseil ne soit toujours pas en mesure d’exprimer une position unie et a espéré que l’absence de représentation de certains pays au niveau ministériel ne traduit pas un manque d’intérêt pour la situation.  Il a fait siens les propos tenus récemment par le Secrétaire général dans les Balkans où il a appelé à tirer les leçons de Srebrenica. 

 

Le Ministre a regretté que le Conseil de sécurité ne soit toujours pas en mesure de garantir la sécurité du peuple syrien alors, que plusieurs résolutions de l’Assemblée générale ont été adoptées par plus de 130 voix.  Si nous n’agissons pas contre ce crime, nous risquons de devenir complices, a-t-il dit, avant de se demander « comment nous allons expliquer cette inaction alors que nous prêchons aux nouvelles générations la vertu et le droit? » 

 

Le Ministre a indiqué que la Turquie ouvrait ses portes à tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique.  Il a précisé que son pays accueillait déjà 80 000 Syriens, alors que 10 000 autres attendent d’être pris en charge à la frontière turque.  Citant des entrées quotidiennes de 4 000 réfugiés, il a parlé de 11 camps existants alors que trois autres sont en construction.  Je ne parle même pas des dizaines de milliers de réfugiés qui se sont établis dans les villes et villages turcs, sans passer par les camps de réfugiés, a-t-il ajouté.  

 

« Le HCR a lancé un appel de 193 millions de dollars et n’a pu obtenir que 34% de cette somme », a dénoncé M. Davutoğlu, avant de détailler l’aide humanitaire déployée par son pays.  Notant que deux millions de Syriens sont déplacés, il a exhorté les Nations Unies à initier sans délai la construction de camps de déplacés en Syrie.  Soyons clairs, a-t-il insisté, il n’y a qu’une seule partie responsable de cette tragédie: le régime syrien. 

 

Il a donc exhorté le Conseil de sécurité à mettre en œuvre les réponses nécessaires pour mettre fin aux atrocités commises par le régime, permettre la transition démocratique en accord avec les attentes légitimes du peuple syrien et, enfin, pour restaurer la sécurité et la stabilité.

 

Dans ses conclusions, le Ministre a suggéré une série de mesures critiques à mener sous les auspices des Nations Unies.  Il a recommandé au Conseil d’organiser une visite dans les camps de réfugiés.  Il a appelé à une position unie pour faire cesser les bombardements indiscriminés dans des quartiers résidentiels.  Il a demandé que l’on se concentre sur le problème des personnes déplacées. 

 

Si les Syriens devaient continuer à rechercher la sécurité malgré ces mesures, il faudrait prendre d’autres mesures pour les absorber dans le monde, a-t-il dit, avant de suggérer la création par le Conseil de sécurité, d’un comité composé des pays voisins et du HCR avec pour mandat de gérer la question des réfugiés. 

 

M. WAEL ABOU FAOUR, Ministre des affaires sociales du Liban, a affirmé que le monde arabe se trouvait confronté à des difficultés historiques sans précédent.  Le peuple syrien a consenti à de nombreux sacrifices avec des dizaines de milliers de personnes tombées sous les balles, sans compter les réfugiés.  Le Président et le Premier Ministre libanais ont adopté une position qui vise, a-t-il dit, à protéger le Liban contre les répercussions négatives du conflit syrien.  Concernant le problème des réfugiés, le Ministre a souligné la nécessité d’établir une distinction entre les impératifs politiques et la situation humanitaire et les devoirs du pays en la matière.

 

Le Liban a reçu des dizaines de milliers de réfugiés syriens qui fuient la violence et les bombardements, a expliqué M. Faour.  Il a répété que le Liban était déterminé à aider les réfugiés syriens, à les accueillir, indépendamment de leur appartenance à tel ou tel groupe politique.  La demande d’assistance à la communauté internationale est importante, y compris d’un point de vue moral, a estimé le Ministre.  Il faut, a-t-il dit, mettre sur pied un plan d’urgence pour aider ces groupes affaiblis et marginalisés.  Le Liban parvient à fournir une assistance, des logements, des soins de santé de base, a-t-il ajouté, précisant que les blessés pouvaient être traités.  M. Faour a, à cet égard, déclaré que les flux croissants de réfugiés syriens avaient imposé au Liban de nouveaux défis et difficultés. 

 

M. MOHAMMED JAWAD KADHUM NASSIR AL-DOREKY, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a souligné que son pays n’a cessé de déployer des efforts pour ramener la paix en Syrie.  Il a ainsi rappelé l’initiative iraquienne consistant à initier d’abord un dialogue intersyrien puis un dialogue arabo-syrien au sein de la Ligue des États arabes.  Il a aussi rappelé les efforts de son pays dans le cadre du Groupe des Amis de la Syrie pour parvenir au Document de Genève qu’il considère encore aujourd’hui comme la meilleure voie vers la fin du conflit tout comme le plan en six points de l’ancien Représentant spécial adjoint.  Le Vice-Ministre a prévenu que l’ingérence extérieure, d’où qu’elle vienne et quels qu’en soient les destinataires, ne peut qu’exacerber le conflit et par conséquent, la situation humanitaire. 

 

Le minimum serait de cesser les interférences et d’appuyer le nouveau Représentant spécial conjoint.  L’Iraq, il est vrai, a poursuivi le Vice-Ministre, est confronté à un double problème qui est celui de répondre à la situation des Iraquiens qui ont fui les combats en Syrie et d’accueillir en même temps les réfugiés syriens.  Un Comité présidé par le Ministre de l’immigration a été mis en place auquel participent les Ministères de la défense, de l’intérieur et des transports ainsi que le Croissant-Rouge iraquien.  Si l’Iraq a débloqué une somme de 50 milliards de dinars, il a estimé néanmoins, a confié le Vice-Ministre, que ces efforts ne sont que circonstanciels.  La seule solution viable consiste à traiter de l’origine de la crise par une vision qui encouragerait les parties à négocier dans le cadre d’un processus politique global. 

 

M. LAURENT FABIUS, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que la situation était de plus en plus intolérable en Syrie où l’on dénombre déjà 25 000 morts, 250 000 blessés, plus de 250 000 réfugiés et 2 millions de personnes déplacées.  Il a dénoncé la volonté du « clan de Bashar Al-Assad » de garder le pouvoir par la barbarie de sa répression et la sauvagerie des combats.  Devant cette situation qui heurte la conscience humaine, la conviction de la France est qu’il faut tout faire, tout tenter pour mettre fin aux violences et soulager les populations civiles, a dit M. Fabius. 

 

« Il y a dans ma voix, comme dans la vôtre, de l’émotion et de la colère », a déclaré M. Fabius, en estimant que cette colère est partagée par beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas qu’on laisse M. Bashar Al-Assad assassiner son peuple et qu’un conseil qui s’appelle « Conseil de sécurité des Nations Unies » n’ait pas jusqu’ici été capable d’assurer ni la sécurité ni l’unité.

 

L’urgence est d’abord humanitaire, a insisté le Ministre des affaires étrangères de la France, en estimant queles divisions qui traversent le Conseil de sécurité ne devraient pas nous empêcher d’agir pour soulager la tragédie humanitaire en Syrie.  Se tournant vers les autorités syriennes représentées au Conseil de sécurité, M. Laurent Fabius a rappelé leurs obligations en vertu du droit humanitaire et du droit international.  Il a rappelé que lutilisation d’armes lourdes contre son propre peuple constitue un crime, tout comme les exécutions extrajudiciaires, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, la torture et les violences contre le personnel médical.

 

Il apparait, a ajouté M. Fabius,  que M. Bashar Al-Assad pratique tout cela.  Ses crimes ne devront pas rester impunis et nous sommes nombreux à penser que la Cour pénale internationale devra être saisie afin que les responsables soient jugés, a insisté M. Fabius.  Rappelant au représentant de Damas présent dans la salle que l’accès des acteurs humanitaires à la population doit être garanti, il a exhorté la Syrie à respecter l’accord conclu le 28 mai avec l’ONU pour la mise en œuvre de l’assistance humanitaire.

 

Le Ministre a dit que la France a dégagé un premier montant de 3,6 millions d’euros pour l’aide humanitaire en Syrieet a décidé d’augmenter cet appui financier de 5 millions d’euros.  Face aux conditions précaires de plus de 1,2 million de personnes déplacées, il a jugé nécessaire d’étudier la mise en place de « zones tampon » évoquées par la Turquie.  Il a estimé qu’il relève du devoir de la communauté internationale de venir en aide aux déplacés, en précisant que le Président français, M. François Hollande, a annoncé cette semaine sa décision d’aider directement les comités de résistance quiorganisent les zones libérées et de mettre en place une aide spécifique pour leurs populations.

 

« Nous ne pouvons pas nous limiter à une approche uniquement humanitaire car humanitaire et politique sont liés », a dit M. Fabius avant d’appeler à l’amorce rapide d’une transition politique.  « À ceux qui entretiennent des relations particulièrement étroites avec le régime de M. Bashar Al-Assad », M. Fabius a lancé que « ce régime tombera ».  « Mais plus est encouragé le pourrissement du conflit, plus l’issue est retardée, plus longue sera la transition, et plus grand sera le risque de déstabiliser toute la région à travers un conflit qui a cessé d’être local pour devenir régional, et même international », a-t-il aussi prévenu.  C’est pourquoi il a dit « aux soutiens du régime » qu’ils perdront probablement sur tous les tableaux.  Il a déclaré que M. Bashar Al-Assad tombera et ceux qui l’ont soutenu seront coupables, aux yeux des Syriens de demain, du monde arabe et de toute l’opinion, d’avoir été finalement les complices d’un long crime. 

 

En conclusion, M. Fabius a indiqué que la France a souhaité cette réunion ministérielle pour aider à la solution des problèmes humanitaires, pour mettre chacun devant ses responsabilités et pour adresser au peuple syrien qui souffre, de la part de ses amis, un message de soutien et de solidarité.  Il a rappelé que malgré les divisions du Conseil, il n’y a pas d’autre voie que le respect de la légalité internationale.  Il a insisté que l’ONU et le Conseil de sécurité devront contribuer au règlement de la crise syrienne et demain aider à construire une Syrie libre, pacifique et démocratique pour laquelle une majorité de Syriens se battent aujourd’hui avec tant de courage.  « Nous devons à ces combattants d’être à la hauteur de ce courage », a–t-il conclu.

 

M. SAADDINE EL OTMANI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a espéré que cette réunion amènerait la communauté internationale à afficher un front commun pour apporter un soutien au peuple syrien et à mettre un terme à la violence.  Il a fait état d’une dégradation de la crise qui, a-t-il dit, s’est transformée en conflit armé dans lequel des avions de combat sont utilisés contre la population, sans parler des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires et des graves violations du droit international et des droits de l’homme.  Le Maroc n’a ménagé aucun effort pour mettre un terme à cette effusion de sang et permettre au peuple syrien d’exercer ses droits démocratiques, a ajouté le Ministre.

 

Il a invité la communauté internationale à prendre des décisions courageuses permettant une intervention rapide pour faire cesser la violence et protéger la population civile, et faciliter une transition pacifique du pouvoir.  Selon lui, la communauté internationale doit adopter une position ferme visant à garantir l’accès aux civils qui souffrent et à protéger les personnes déplacées en Syrie, à apporter une aide matérielle aux pays qui accueillent des réfugiés, et à ouvrir des enquêtes indépendantes sur les violations dont sont victimes les populations civiles.  M. El Otmani a également souligné la nécessité de surmonter les divergences au sein du Conseil de sécurité pour trouver une solution politique à cette crise qui perdure. 

 

M. WILLIAM HAGUE, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, a déclaré que 200 personnes meurent chaque jour en Syrie où un habitant sur dix a désormais besoin d’une aide humanitaire.  Notant que 230 000 Syriens ont déjà fui leur pays, M. Hague a estimé que la communauté internationale a échoué parce que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de s’attaquer aux causes du conflit.  Si nous continuons à être attachés à la cause de la paix, il faut se résoudre à la réalité que le Gouvernement syrien ne souhaite pas la paix, a-t-il dit, en ajoutant que 55 000 nouveaux réfugiés ont fui dans les pays voisins rien qu’au mois d’août.

 

Le Ministre a décrit les échanges qu’il a eus avec de nombreux réfugiés qui ont échappé aux atrocités.  Il a félicité les pays voisins de la Syrie pour leur générosité et l’accueil des refugiés.  Il a jugé urgent de se prononcer sur cinq questions, en appelant les pays à contribuer aux besoins humanitaires.  Il a précisé que le Royaume-Uni avait déjà débloqué une somme de 41 millions de dollars depuis le début de la crise, avant d’annoncer une aide supplémentaire de 4 millions de dollars.

 

Il a regretté que l’appel de 193 millions de dollars lancé par le HCR au mois de juin n’ait pas reçu la réponse espérée.  Il a exhorté toutes les nations à apporter les contributions nécessaires pour sauver des vies en Syrie.  Il a proposé une réunion entre les agences de développement des États Membres pour trouver des moyens supplémentaires.  Il a réclamé un accès humanitaire total en Syrie et déploré les informations faisant état d’attaques contre des centres humanitaires.

 

S’inquiétant des informations sur des violations des droits de l’homme à une échelle aberrante, M. Hague a exhorté le Conseil de sécurité à agir.  Il a fait sienne la proposition suisse de soumettre la situation syrienne à la Cour pénale internationale (CPI).  Il a dit que le Royaume-Uni appuiera les initiatives de l’opposition syrienne pour parvenir à une Syrie stable et démocratique, où tous les groupes seront protégés. 

 

Le meilleur moyen d’aller de l’avant est de parvenir à une transition politique menée par les Syriens sur la base du plan en six points proposé par M. Kofi Annan, a-t-il insisté.  Il a estimé qu’il était temps que la mise en œuvre d’un plan de transition soit exigée par le Conseil de sécurité.  Si cela n’est pas possible, nous devrons nous préparer à des mois de souffrances et de violences et à de graves menaces à la paix et la sécurité internationales, a prévenu le Ministre.

 

Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, s’est jointe à l’appel international pour que toutes les parties au conflit syrien respectent leurs obligations au regard du droit international humanitaire.  « Bien que la responsabilité de protéger les civils demeure la responsabilité des autorités syriennes, toutes les parties impliquées doivent se conformer aux droit international humanitaire qui fixe des règles précises en matière de protection des populations civiles », a-t-elle rappelé. 

 

Regrettant l’absence de dialogue, elle a réitéré l’appel de son gouvernement à cesser toutes les attaques et à trouver une solution politique qui puisse répondre aux aspirations légitimes de toutes les composantes de la société syrienne.  À cet égard, elle a émis l’espoir que le nouveau Représentant spécial conjoint, M. Lakhdar Brahimi, sera en mesure de réunir les parties et de les amener au dialogue.  « Nous devons cependant garder à l’esprit que, pour que son mandat soit couronné de succès, il faudra des engagements fermes de la part des parties », a-t-elle dit.  Elle a par ailleurs réaffirmé le soutien de son gouvernement au plan en six points adopté par le Conseil de sécurité, estimant que sa mise en œuvre aiderait à poser les bases d’une solution politique. 

 

À court terme, Mme Holguín Cuéllar a rappelé l’urgence de répondre à la crise humanitaire et a appelé à une coopération internationale renforcée entre les agences humanitaires et les pays qui accueillent des réfugiés syriens afin de les rendre capables de faire face à un afflux toujours plus important.

 

M. ELLIOTT OHIN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo, a regretté l’incapacité du Conseil de sécurité à parler d’une seule voix pour régler la crise syrienne qui dure depuis plus de 18 mois.  Tandis que les affrontements et les destructions aveugles ont accru le nombre de déplacés à l’intérieur du pays, ainsi que le nombre de réfugiés vers les États voisins, le Ministre a tenu à saluer les « sacrifices incommensurables » consentis par ces pays voisins et a invité la communauté internationale à continuer à s’engager davantage.  « Au delà des paroles, nous devons définir des stratégies pour réorganiser et soutenir l’action humanitaire », a-t-il estimé. 

 

Parallèlement à ces efforts, M. Ohin a considéré que les membres du Conseil devaient aussi mettre les parties devant leurs responsabilités quant au respect des instruments juridiques internationaux pertinents.  « Les violations avérées de cette responsabilité de protéger, qui incombe à toutes les parties, doivent être examinées dans le cadre de la lutte contre l’impunité qui doit mener les personnes responsables à répondre de leurs actes devant les juridictions nationales ou internationales », a-t-il déclaré, appelant à ce que le Conseil de sécurité envoie un message à toutes les parties à ce sujet.  Le Ministre a rappelé que le rapport de février 2012 de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, adressée au Conseil des droits de l’homme, laissait déduire que de telles violations avaient été commises aussi bien par les forces gouvernementales que par les groupes armés antigouvernementaux. 

 

Avant de conclure, M. Ohin a cependant réaffirmé que le message que le Conseil de sécurité avait envoyé depuis le début de la crise était toujours d’actualité: il faut que les combats cessent pour donner une chance à la diplomatie et amener les Syriens, dans toutes leurs composantes communautaires, politiques, ethniques et religieuses, à dialoguer pour le retour de la paix.

 

Mme SUSAN RICE (États-Unis) s’est dite scandalisée par les bombardements qui ont tué des centaines de Syriens la semaine dernière.  La communauté internationale, a-t-elle dit, a pris l’engagement, il y a longtemps, de ne plus accepter des crimes de ce type.  Mais, depuis des mois, le Gouvernement mène une campagne sans relâche contre le peuple syrien.  Les États-Unis recherchent toutes les solutions possibles pour apporter une aide sur le plan humanitaire, a-t-elle dit.  Elle a précisé que son pays avait fourni cette année une aide de 82 millions de dollars aux Nations Unies et aux organisations humanitaires.  Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, contribuent à protéger les déplacés internes et les réfugiés, et à sauver les enfants touchés par la famine et la malnutrition. 

 

La représentante a appelé toutes les parties concernées à faciliter le départ de ceux qui souhaitent quitter le pays.  Elle s’est dite préoccupée par les répercussions possibles sur la sécurité et la stabilité du Liban.  Le cœur du problème est la crise politique, et la situation ne sera réglée que par le départ du Président Assad et par une transition démocratique, a-t-elle estimé.  Elle a condamné dans les termes les plus fermes tout meurtre par quelque partie que ce soit.  Les auteurs des violences et des massacres de civils seront tenus pour responsables.  Il appartient en outre aux autorités syriennes de garantir la sûreté et la sécurité des stocks d’armes chimiques et bactériologiques. 

 

La communauté internationale et les membres du Conseil de sécurité ont des responsabilités à assumer, a-t-elle dit, précisant toutefois que certains pays membres continuaient à empêcher cet organe d’agir efficacement.  Les Syriens savent pertinemment quels pays se trouvent aux côtés du régime.  Un jour, dans un avenir pas si lointain, « Assad » n’aura plus la mainmise sur le pays, et le Conseil de sécurité devra se retrousser les manches pour aider le peuple syrien.  Celui-ci et le monde se souviendront alors qui se trouvait du bon côté ou du mauvais côté de l’histoire, a conclu Mme Rice.

 

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) s’est dit préoccupé par l’escalade des tensions et de la détérioration de la situation humanitaire.  Il a fustigé les affrontements de plus en plus brutaux, le recours à une force excessive et les attaques aveugles contre les civils.  Il a jugé important que tous les abus et violations des droits de l’homme fassent l’objet d’enquêtes approfondies et que les responsables soient traduits en justice.  Alors que le nombre de personnes déplacées et de refugiés ne cesse d’augmenter, le risque de déstabilisation de la région augmente, a estimé le représentant, avant d’appeler la communauté internationale à prendre au sérieux les appels et préoccupations des pays voisins de la Syrie.

 

Il ne faut pas que la crise syrienne serve de prétexte pour encourager les attaques des mouvements terroristes ou séparatistes dans des pays voisins, a prévenu le représentant.  Il a demandé une action plus rapide et plus importante pour répondre aux besoins humanitaires en Syrie et dans les pays voisins.  Il a rappelé toute la pertinence du plan en six points de M. Kofi Annan et la nécessité de respecter l’indépendance territoriale de la Syrie et de tous les pays voisins.  Il a espéré que les efforts collectifs finiront par se traduire par une solution politique et contribuer à mettre fin aux souffrances des populations.  Pour ce faire, a-t-il ajouté, le respect du droit international doit être une priorité absolue. 

 

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que la responsabilité des actes commis en Syrie était à assumer par toutes les parties, leur lançant ainsi un appel à éviter une dégradation de la situation.  Il a salué le Gouvernement de la Syrie qui, a-t-il dit, apporte une aide à ceux qui souffrent dans le pays.  La Fédération de Russie accorde à la Syrie une aide humanitaire active sur le plan bilatéral et grâce aux organisations internationales, a-t-il également déclaré.  Les organisations humanitaires et les agences de l’ONU doivent pouvoir avoir accès aux endroits où se trouvent les réfugiés, a-t-il dit, soulignant l’importance du plan d’aide élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). 

 

M. Churkin a exprimé l’opposition de principe de son pays à des sanctions prises en dehors du Conseil de sécurité.  Il a demandé aux États concernés de lever immédiatement ces sanctions.  Il a jugé inacceptable que certains pays apportent une aide aux rebelles, en la justifiant par des arguments « pseudo humanitaires ».  L’activité humanitaire doit rester dans le strict cadre du droit international, a-t-il tranché.  La tâche principale est le cessez-le-feu, a-t-il ajouté.  Il faut, selon lui, demander à toutes les parties armées d’arrêter les combats.  Il a regretté qu’à cause de la position de certains membres du Conseil de sécurité, la Mission d’observateurs de l’ONU n’ait pu être reconduite. 

 

M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a jugé indispensable de continuer à chercher une solution politique en Syrie.  Il est important que le Conseil de sécurité examine cette crise de façon équilibrée en exerçant une pression sur les deux parties pour qu’elles cessent la violence.  Il est indispensable qu’un processus politique crédible reçoive le soutien d’une communauté internationale unie pour parvenir à une société syrienne démocratique et pluraliste.  Il a salué la nomination du nouveau Représentant spécial conjoint, M. Lakhdar Brahimi.  Il a regretté que la persistance de violences et l’intransigeance des parties aient empêché la Mission d’observation des Nations Unies de mener sa mission.  Il a appelé les parties à coopérer avec M. Brahimi. 

 

S’inquiétant des effets de la crise syrienne sur la stabilité de la région, le représentant de l’Afrique du Sud a insisté que la situation ne saurait être résolue par des actions militaires.  Une intervention militaire, même si elle peut sembler commode à court terme, ne fera que mettre en exergue les failles et nous entrainer vers une guerre civile sans fin.  Il a souhaité que l’on s’abstienne de prendre prétexte de la situation humanitaire pour imposer un changement de régime et a rappelé l’obligation des États Membres, au regard de la Charte, de s’abstenir de tout recours à la force ou menace de recours à la force.  Avec plus de 2,5 millions de personnes qui ont besoin d’une aide, la situation devient catastrophique, a-t-il dit, en saluant le travail des organisations humanitaires. Il a appelé toutes les parties à garantir la sécurité des travailleurs humanitaires sur le terrain.

 

M. PETER WITTIG (Allemagne) a affirmé que le peuple syrien avait un besoin urgent du soutien de la communauté internationale, précisant que la situation humanitaire s’aggravait de jour en jour.  Il a précisé que son gouvernement fournissait un appui important aux efforts de secours entrepris par les agences des Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge à la fois en Syrie et dans les États voisins.  Une amélioration de l’accès humanitaire en Syrie est essentielle en vue d’aider son peuple dans le besoin.  Il a également appelé toutes les parties à faciliter l’accès humanitaire partout en Syrie.

 

Le représentant allemand a ajouté que la poursuite des attaques contre des civils et les violations massives des droits de l’homme par le « régime d’Assad » devaient cesser.  Il a également appelé l’opposition à respecter le droit international humanitaire et à protéger les civils.  Il a rappelé la position claire de l’Allemagne, selon laquelle il ne peut y avoir d’avenir pour le Président Assad dans une nouvelle Syrie.  Il a appelé ce dernier à démissionner pour éviter la poursuite du bain de sang.  Il a exhorté la Syrie à respecter strictement ses obligations en vertu du droit international, comme de n’utiliser en aucune circonstance des armes chimiques et de garantir la sécurité des stocks d’armes de destruction massive. 

 

M. VINAY KUMAR (Inde) a fermement condamné les violences et les violations des droits de l’homme en Syrie, et ce, quels qu’en soient les auteurs.  Il a appelé toutes les parties, tant syriennes qu’étrangères, à se distancier clairement des groupes terroristes et à faire en sorte qu’aucune légitimité ne soit accordée aux actes terroristes.  Dans la situation actuelle, il a considéré que la communauté internationale devait de toute urgence « resserrer ses rangs » et envoyer un message clair aux parties syriennes, les appelant à renoncer à leur approche militaire et à résoudre la crise dans le cadre d’un processus inclusif mené par les Syriens eux-mêmes.  « Il s’agit là de la seule façon de mettre fin aux violations des droits de l’homme et de créer les conditions propices à l’acheminement urgent de l’aide humanitaire », a-t-il dit.  

 

Afin d’aider les parties à résoudre la crise par le dialogue, le représentant a souligné qu’il importait que toutes les parties, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Syrie, respectent leurs obligations en vertu des résolutions 2042 et 2043 du Conseil de sécurité.  Il importe également que les Nations Unies demeurent fermement engagées auprès des parties syriennes et d’autres acteurs dans la recherche de solutions.  « Toute action unilatérale ne résoudrait pas la crise.  Elle ne ferait que la renforcer et créerait une instabilité et une violence plus grandes, y compris en dehors des frontières de la Syrie », a-t-il prévenu.

 

M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a également jugé difficile de séparer la situation humanitaire de la situation politique en Syrie.  Il a appelé à la fin des combats, au respect des droits de l’homme et à la prévention de toute action qui pourrait être assimilée à des crimes de guerre.  Il a, à son tour, jugé que l’idée de zones tampon en Syrie est attrayante mais posant des questions juridiques et pratiques qui n’ont pas été élucidées par le Conseil.  Après avoir salué les pays hôtes des réfugiés et la réaction des Nations Unies, le représentant a plaidé auprès des autorités syriennes pour l’accès humanitaire.  Il a conclu en estimant qu’en tant que membre de la communauté internationale, le Guatemala a l’obligation de promouvoir la vérité et le sens des responsabilités auprès de tous les auteurs des violations que l’on voit aujourd’hui en Syrie.  Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir d’autres atrocités, a-t-il conclu.

 

M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a estimé que la crise humanitaire en Syrie ne peut être discutée, de manière isolée.  Elle doit être replacée dans le contexte général.  Le représentant a donc rappelé que le règlement des différends par la violence est contraire aux idéaux des Nations Unies.  Il a ajouté que les différends doivent être réglés par un dialogue avec la participation de tous les protagonistes.  Il a appelé le Gouvernement syrien à faire en sorte que les droits de tous ses citoyens soient protégés conformément à ses obligations nationales et internationales.  Il a aussi appelé l’opposition syrienne à renoncer au recours à la force. 

 

Il est essentiel, a-t-il estimé, que le Gouvernement et les autres forces créent les conditions nécessaires au dialogue et à la réconciliation nationale.  Le recours « irresponsable et indiscriminé » à la force doit cesser immédiatement, a-t-il insisté. 

 

Restant fidèle au plan en six points de l’ancien Envoyé spécial conjoint, M. Kofi Annan, le représentant a appelé le Conseil à envoyer un message uni à toutes les parties pour un règlement pacifique du conflit en Syrie.  Le nouveau Représentant spécial conjoint aura besoin de tout notre appui, a-t-il dit, l’objectif ultime étant une solution politique menée par les Syries eux-mêmes, sans ingérence extérieure.

 

M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a estimé que la communauté internationale a trop tardé à mettre fin à une situation atroce et inacceptable, en espérant que le débat d’aujourd’hui amènera le sursaut indispensable de la conscience internationale et une nouvelle volonté d’agir ensemble.  Nous sommes devant une véritable catastrophe humanitaire qui, au-delà de son impact direct sur le peuple syrien, risque de déstabiliser davantage toute une région déjà bien fragile, a-t-il dit.  M. Moraes Cabral a remercié les Gouvernements et peuples du Liban, de l’Iraq, de la Jordanie et de la Turquie pour leur générosité et le fardeau qu’ils supportent pour venir en aide aux réfugiés syriens. 

 

Il a souligné la nécessité de développer l’assistance humanitaire à l’intérieur de la Syrie et a rappelé à la Syrie les engagements humanitaires auxquels il a souscrit dans le cadre du plan en six points.  Il a exhorté le Gouvernement syrien à garantir un meilleur accès humanitaire.  Depuis plus de 18 mois maintenant, ce Gouvernement espère écraser la dissidence avec une répression brutale et des violations graves et systématiques du droit international humanitaire, a accusé le représentant. 

 

Il a regretté que le Gouvernement syrien ait systématiquement violé les résolutions 2042 et 2043 du Conseil de sécurité et, plutôt que de rechercher un règlement politique, qu’il ait intensifié ses opérations militaires contre les populations en exacerbant ainsi la crise humanitaire.  Il a déclaré qu’il n’y avait pas d’autres alternatives à la crise qu’une solution politique basée sur le plan en six points et une transition politique menée par les Syriens conformément au Communiqué final du 30 juin. 

 

Il a salué la nomination de M. Lakhdar Brahimi, en espérant que toutes les parties prenantes verront dans cette nomination une occasion de mettre fin à la violence et de s’engager résolument vers une transition politique qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien.  Il est temps, a-t-il conclu, que le Conseil de sécurité prenne en main ses responsabilités et fort des leçons du passé « se mette du bon côté de l’histoire ».

 

M. LI BAODONG (Chine) a affirmé que les tensions en Syrie avaient non seulement causé des dommages importants mais avaient ébranlé aussi la vie de la population, notant que plus de 2,5 millions de personnes avaient un besoin urgent d’aide humanitaire.  Il s’est dit préoccupé par la gravité de la situation, espérant que le Gouvernement coopérera avec le Bureau des affaires humanitaires (OCHA).  Il a indiqué que son pays avait fourni une aide humanitaire au peuple syrien. 

 

Le représentant chinois a affirmé que l’assistance humanitaire à la Syrie devait être guidée par les principes de neutralité, d’impartialité et du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.  La politisation de l’aide humanitaire doit être évitée, a-t-il ajouté.  Les Nations Unies devraient conduire la coordination de l’aide humanitaire en Syrie.  Selon la Chine, la priorité est de mettre fin à la violence, à toute activité de terrorisme en Syrie et à tout encouragement à des actions militaires qui ne font qu’accentuer le bain de sang.  La Chine, a-t-il dit, est en faveur d’un règlement politique de cette question et de la préservation des principes de la Charte des Nations Unies.  Le plan en six points de M. Kofi Annan et le Communiqué de Genève doivent être mis en œuvre, a-t-il poursuivi, rejetant toute action venant de l’extérieur. 

 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a, après avoir remercié en français la France d’avoir organisé cette réunion, estimé que le plan en six points était « mort-né » parce que les observateurs du monde arabe et de l’ONU étaient de « faux témoins ».  Il a fustigé la partialité des délégations qui se permettent de déclarer que le Président syrien a perdu toute légitimité.  Il a jugé qu’il était temps de tirer les leçons des politiques d’ingérence menées par les grandes puissances.  Il a déclaré que le Gouvernement syrien avait répondu aux revendications légitimes de son peuple et avait fait montre d’ouverture pour résoudre pacifiquement cette crise.  Il a indiqué que la Syrie avait mis à la disposition des observateurs internationaux tous les moyens requis. 

 

Il s’est étonné que certains États qui se sont joints au consensus du Communiqué final du 30 juin à Genève, aient enterré le texte quelques heures seulement après sa publication pour s’engager sur des voies visant à faire échec au dialogue national en Syrie, sans oublier la menace d’une intervention étrangère, en se cachant derrière le prétexte fallacieux de l’aide humanitaire.  « Il y a une obsession quasi-hystérique de certains pays de cibler la Syrie », a dit M. Ja’afari, en estimant que ces États ne considèrent la question de l’aide humanitaire que dans la perspective d’un agenda politique étroit.  

 

« Si cette séance était vraiment consacrée aux meilleurs moyens d’apporter une aide humanitaire au peuple syrien, pourquoi alors certains pays tentent d’organiser une action en dehors du cadre des Nations Unies? » a demandé M. Ja’afari qui s’est étonné que ceux qui prétendent vouloir apporter de l’aide au peuple syrien appliquent des sanctions économiques aux conséquences fâcheuses pour ce même peuple.  

 

Le représentant a rappelé la surprise de son pays qui voit ces mêmes États appeler à garantir l’accès humanitaire et en même temps appuyer des groupes qui s’attaquent à des quartiers et à des zones urbaines en se servant de la population comme bouclier humain.  Est-il un seul État, un seul gouvernement au monde qui accepterait que ses quartiers soient tenus par des terroristes, a-t-il dit demandé, avant de citer une liste de 107 terroristes étrangers arabes et non arabes tués à Alep.  Il a dit qu’il était urgent de protéger la Syrie contre la tentative de la renvoyer à l’ère de l’obscurantisme et des tribunaux d’inquisition. 

 

Le représentant a invité la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités, à veiller au respect scrupuleux de la Charte des Nations Unies et à lutter contre le trafic d’armes vers la Syrie, en provenance du Qatar et de l’Arabie saoudite.  Fermé les yeux sur ce trafic revient à faire fi de ses obligations au regard du droit international.  

 

Il a indiqué que M. Kofi Annan a estimé qu’une des raisons de l’échec du dialogue est la non-coopération des États et des parties qui ont une influence sur les groupes armés combattant en Syrie.  Il a accusé la Turquie d’être devenue un bourreau de la Syrie, en hébergeant sur son territoire les camps d’entrainement des groupes salafistes qui appartiennent à l’ère de l’obscurantisme et à la préhistoire.

 

Concluant en français, il a indiqué qu’il a vécu en France durant le premier septennat de François Mitterrand en tant que jeune diplomate à l’Ambassade de Syrie où il s’est familiarisé avec les valeurs d’indépendance chères à la France.  Il a dit combien il s’est pénétré des valeurs et de la philosophie des Montesquieu, Rousseau et Voltaire avant de vanter les symboles de l’État.  C’est pourquoi, a-t-il dit, je me suis abstenu de faire la moindre critique de la France et de ses hauts responsables, alors que la Syrie a été occupée par ce même pays jusqu’en 1946.  

 

Reprenant la parole, le représentant de la France a rebondi sur la référence à l’occupation française, pour rappeler que le grand-père du Président Al-Assad faisait partie de la délégation syrienne qui a demandé à la France, en 1936, de ne pas accorder l’indépendance à la Syrie.  Faisant référence à une citation du Prince de Talleyrand qui a écrit que « ce qui est excessif est insignifiant », le représentant a déclaré que les propos du représentant syrien étaient excessifs. 

 

Son homologue de la Turquie a lui aussi repris la parole pour exprimer le souci de son pays de respecter l’intégrité territoriale de la Syrie et la volonté de se tenir aux cotés du peuple syrien qu’il ne laissera jamais tomber.

 

À son tour, le représentant du Liban a rappelé la décision de son gouvernement de rester à l’écart de la crise syrienne.  Contrairement aux insinuations du représentant syrien, le Liban fait tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre le trafic d’armes. 

 

De son côté, le représentant du Maroc a regretté que le représentant syrien ait décidé de s’attaquer ouvertement à tous les membres du Conseil.  Il a dit comprendre son désarroi qui s’exprime, a-t-il ajouté, « faute de pouvoir répondre aux attentes de la communauté internationale en termes de cessation des violences ou de respect des droits de l’homme ». 

 

Il a ensuite rappelé que le peuple marocain n’avait jamais hésité à apporter son soutien aux peuples arabes, à commencer par le peuple syrien, et ce, d’une manière spontanée, sans attendre de reconnaissance ou de gratitude.  Il a également argué que la Monarchie marocaine avait pu s’adapter et que cela lui avait permis de se distinguer, en cette ère de printemps arabe, par une évolution participative qui lui a donné une Constitution avancée et des réformes approfondies. 

 

Le représentant a aussi assuré le représentant syrien de l’adhésion du peuple marocain à l’action du Roi et à l’apport de la Monarchie.  Notant que le délégué syrien a abordé la question du Sahara occidental, il lui a rétorqué que le thème de la réunion du Conseil de sécurité était la « Syrie dans le cadre de la situation au Moyen-Orient ».

 

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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