CS/2488

LES DELEGATIONS ENCOURAGENT L’ONU A METTRE SON EXPERIENCE DES SITUATIONS POST-CONFLIT AU SERVICE DE L’IRAQ

30/04/2003
Communiqué de presse
CS/2488


Conseil de sécurité

4748e séance – matin


LES DELEGATIONS ENCOURAGENT L’ONU A METTRE SON EXPERIENCE DES SITUATIONS POST-CONFLIT AU SERVICE DE L’IRAQ


Le Secrétaire général invite le Conseil à

retrouver son unité pour aborder la phase de l’après-guerre


La question du rôle de l’ONU dans les pays sortant d’un conflit a été au centre du débat public de synthèse des travaux du Conseil de sécurité pour ce mois d’avril.  A la lumière des expériences réussies de l’ONU au Timor-Leste, au Kosovo, en Afghanistan et en Sierra Leone, le rôle des Nations Unies en Iraq, la coordination entre ses différents organes ainsi que la coopération avec les organisations régionales ont tout particulièrement retenu l’attention des intervenants de ce matin.  Dans ce contexte, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a souhaité que le Conseil de sécurité dépasse ses divergences passées et retrouve une unité d’objectifs pour aborder la phase de l’après-guerre en Iraq.  Il faut, a-t-il dit, se demander ce qui serait le plus utile aux Iraquiens afin de prendre leur propre destin en main.


Les Nations Unies bénéficient d’une expérience incomparable en matière de reconstruction dans le contexte de situations post-conflit, notamment en ce qui concerne la région du Golfe, comme l’ont souligné le Président de l’Assemblée générale, M. Jan Kavan et le représentant du Canada.  Ce faisant, ils ont estimé qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis et de la communauté internationale de mettre en place une coopération mutuelle et complémentaire pour la mise en place d’un Iraq indépendant libre, souverain et démocratique.  Dans le même ordre d’idée, de nombreux intervenants ont formulé le vœu que les Nations Unies, en tant que seule instance bénéficiant d’une légitimité internationale, occupent une place prépondérante dans la reconstruction de l’Iraq y compris, comme l’ont souligné les représentants de la France et du Mexique, dans le processus de mise en place d’un gouvernement démocratique et représentatif dans le pays.


Les délégations ont d’autre part insisté sur l’importance de tirer des leçons de l’expérience acquise et d’éviter, en particulier, le chevauchement des mandats des différentes organisations impliquées dans une situation post-conflit.  Le Président de l’ECOSOC, M. Gert Rosenthal, a plaidé en faveur de l’approfondissement de la coopération entre l’organe qu’il préside et le Conseil de sécurité.  Afin d’éviter ce chevauchement, certaines délégations ont demandé la mise en place de mécanismes de coordination opérant sur le terrain.  Cette question de la coordination revêt en outre une importance cruciale en matière de coopération avec les organisations régionales.  Cela est particulièrement vrai dans le cas de l’Afrique, a estimé le représentant de la Guinée qui a défini ce type de coopération comme le meilleur moyen de faire naître une synergie capable de pérenniser la paix.  Conscients de cette réalité, de nombreux intervenants, à l’instar du représentant de l’Union européenne, ont mis en relief le rôle de relais que peuvent jouer les organisations régionales dans la stratégie de sortie de l’ONU.


Outre les intervenants cités ont également pris la parole les représentants des pays suivants: Guinée, Cameroun, Royaume-Uni, Brésil, Angola, Fédération de Russie, République arabe syrienne, Afrique du Sud, Japon, Chine, Bulgarie, Pakistan, Géorgie, Egypte, Espagne, Indonésie, Allemagne et Chili.


DEBAT DE SYNTHESE SUR LES TRAVAUX DU CONSEIL DE SECURITE PENDANT LE MOIS EN COURS


Déclarations


Le Président du Conseil de sécurité, M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique), a déclaré en introduction de cette réunion de bilan du mois d’avril que les valeurs et principes et forces institutionnelles de l’ONU font de l’Organisation le forum idéal pour faire face aux ruptures constantes de la paix et aux menaces qui les accompagnent.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à montrer une unité d’objectifs pour répondre à ces problèmes, notamment à ceux liés à la reconstruction après les conflits.  Nous devons renforcer la responsabilité primordiale des Nations Unies en ce domaine et les expériences récentes et positives des Nations Unies en Afghanistan, au Kosovo ou encore au Timor-Leste nous montrent le chemin à suivre. 


Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a rappelé que les Nations Unies ont engagé un large éventail d’activités dans le domaine des situations de conflit et d’après conflit qui vont de la négociation de règlements politiques au déploiement d’importants efforts de reconstruction, pouvant aller jusqu’à la création d’un nouvel Etat.  L’examen des expériences passées nous permet de savoir ce que nous avons bien réalisé et moins bien réalisé et d’en connaître les raisons.  Ce qui est certain, c’est qu’aucune approche n’a été adoptée deux fois car les conflits, comme les situations post-conflit ne sont jamais semblables.  Les cas récents de l’Afghanistan, du Kosovo, du Timor-Leste et de la Sierra Leone sont très différents les uns des autres.  Une des leçons importantes que nous devons en tirer, c’est qu’il est nécessaire de nous entendre sur ce qui rend unique la crise en question et de mettre au point notre réaction en conséquence.  Il faut nous inspirer des expériences du passé sans oublier qu’il faudra adopter des approches totalement nouvelles.


Des questions fondamentales se posent lorsqu’il s’agit d’appréhender une situation d’après un conflit, notamment dans le cas présent de l’Iraq: les parties au conflit demandent-elles un engagement international, y sont-elles favorables et dans quel but?  Selon quelles modalités la communauté internationale doit-elle agir et quelles sont les ressources nécessaires pour garantir le succès d’une action?  Quelles sont les conditions à rassembler pour prendre correctement les décisions sur la réforme des institutions?  A quel rythme le processus doit-il avancer? 


L’histoire des cas récents montre que la confiance des parties et des populations peut être fragile et ne saurait être considérée comme acquise.  Le rôle de la communauté internationale ne consiste pas à régler tous les problèmes du pays, mais à aider le peuple à devenir autosuffisant.  Des priorités doivent être établies, à commencer par la réponse aux besoins humanitaires de la population: la sécurité de l’Etat, le respect du droit et de l’ordre.  Le rythme à imprimer au processus général et le calendrier sont des éléments fondamentaux du succès.  Il faut en outre prendre en considération les conditions politiques et de sécurité du pays ainsi que le degré d’appui que l’on peut attendre de la communauté internationale pour imprimer le rythme à donner à l’action.  Si l’on agit trop lentement, un sentiment de frustration risque d’émerger et si l’on agit trop vite, nous risquons de prendre des décisions hâtives.  La dimension régionale exige une attention soutenue dès le début. 


Il existe en outre un lien direct entre la réussite de l’ONU et l’unité du Conseil de sécurité sur les stratégies à adopter.  Le Conseil de sécurité doit être uni lorsqu’il définit le partage des tâches et il doit offrir un appui politique ferme lorsque la phase aiguë du conflit est passée.  Dans le cas de l’Iraq, le Conseil de sécurité a la chance de dépasser ses divergences passées et de retrouver une unité d’objectifs pour aborder la phase de l’après-guerre.  Il faut s’en tenir à un certain nombre de principes partagés, laisser de côté les divisions et se demander ce qui serait le plus utile aux Iraquiens afin de leur permettre de prendre en main leur propre destin.


L’adoption de la résolution 1472 du Conseil de sécurité a montré l’attachement de cet organe au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale de l’Iraq, du droit de son peuple à choisir son avenir politique et à contrôler ses ressources naturelles.  La souveraineté signifie l’indépendance politique.  Afin de déterminer leur avenir, les Iraquiens doivent être libres de choisir leur système de gouvernement.  Il faut établir un processus impartial et transparent qui permette aux Iraquiens de choisir une autorité politique légitime.  Il est en outre nécessaire de mettre un terme à l’isolement de l’Iraq.  Dans les semaines qui viennent, le Conseil de sécurité devra prendre des décisions importantes sur les mandats existants des Nations Unies, dans le contexte de la nouvelle situation, notamment en ce qui concerne les sanctions, le programme «pétrole contre nourriture» et le régime des inspections.  Nous comptons sur le Conseil de sécurité pour l’adoption d’un mandat qui soit clair et cohérent et assorti des ressources nécessaires.  Laissons de côté nos désaccords et demandons-nous ce qui aidera le plus les Iraquiens.


M. JAN KAVAN, Président de l'Assemblée générale (République tchèque), évoquant le rôle des Nations Unies dans les situations post-conflit, a expliqué que le rôle des Nations Unies était passé d’une attention particulière sur la dimension politique à une démarche plus large prenant en compte une variété de domaines s’articulant autour de quatre axes: reconstruction post-conflit et sécurité, bien-être économique et social, justice et réconciliation, et la gouvernance et la participation qui sont tous étroitement liés les uns aux autres.  Le Président de l’Assemblée générale a déclaré que la communauté internationale possède des compétences et moyens importants pour assurer la sécurité dans des situations post-conflit, en insistant qu’il incombe en premier lieu à l’autorité militaire en charge du territoire de construire et de renforcer la paix et la sécurité. 


Les guerres affectent les sociétés de façon très profonde en touchant les liens les plus élémentaires entre les êtres humains; c’est pourquoi, la situation post-conflit ne peut être limitée à la reconstruction économique et sociale, mais doit également insister sur l’aspect justice et démocratie, qui est crucial pour la réconciliation.  Le renforcement de la bonne gouvernance est essentiel pour empêcher les conflits de reprendre dans les pays en crise.  C’est dans ce contexte qu’au Kosovo et au Timor-Leste, les Nations Unies ont été amenées à exercer des responsabilités gouvernementales.  Il ne suffit pas de rétablir la paix: il faut veiller en outre à ce que toute intervention extérieure soit respectueuse des réalités locales.


M. Kavan a déclaré que le récent conflit en Iraq illustre bien les défis complexes et uniques qui se présentent aux Nations Unies dans une situation post-conflit, en ajoutant qu’il est convaincu que cette crise se traduira pour les Nations Unies par nouvelle source riche de connaissances et d’expériences.  Il a prévenu que le rôle des Nations Unies en Iraq ne devrait pas se limiter à un rôle de Conseil, ou à l’aide humanitaire ou économique, mais devrait se traduire par des responsabilités plus larges en matière de promotion de la démocratie.  La société iraquienne connaît de graves problèmes d’instabilité, fruits de nombreuses décennies d’oppression.  Les expériences de l’ONU ont fait la preuve que la mise en place d’une stratégie globale vis-à-vis de ces questions dès la fin du conflit est fondamentale.  Malgré ses lacunes, l’ONU reste le seul cadre approprié qui dispose de l’expérience sur le terrain pour se pencher sur toutes les crises et assurer la reconstruction économique et l’édification d’une société démocratique en Iraq après la guerre.  Il est dans l’intérêt des Etats-Unis et de la communauté internationale d’établir une coopération mutuelle et complémentaire pour instaurer un Iraq indépendant, libre, souverain et démocratique.


M. GERT ROSENTHAL, Président du Conseil économique et social (Guatemala), a estimé qu’une plus grande interaction entre l’ECOSOC et le Conseil de sécurité devrait intervenir en matière d’aide aux pays sortant d’un conflit.  L’exemple le plus clair en est la décision adoptée par l’ECOSOC en juillet dernier de créer des Groupes consultatifs spéciaux sur les pays africains sortant d’un conflit.  Le premier Groupe spécial a été créé en faveur de la Guinée-Bissau en octobre 2002.  Ce Groupe a pour mandat d’examiner les besoins humanitaires et économiques du pays et de promouvoir une coopération internationale à cette fin.  Cette mesure de coopération novatrice annonce pour l’avenir des interactions encore plus fructueuses.  Depuis plusieurs années, différentes instances des Nations Unies insistent sur la nécessité d’approfondir leur coopération avec les institutions de Bretton Woods.  L’ECOSOC a lui-même accompli des progrès considérables pour renforcer la coopération entre les Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. 


Le Conseil de sécurité et l’ECOSOC représentent institutionnellement les deux grands piliers sur lesquels les Nations Unies reposent: le maintien de la paix et la coexistence constructive entre les nations fondée sur le développement économique et social et le respect des droits de l’homme.  Sans développement, il ne peut y avoir de paix et sans paix, il ne peut y avoir de développement.  Les points forts de chacun des organes des Nations Unies doivent être communiqués les uns aux autres.  Les divergences de points de vue qui se sont récemment manifestées au Conseil de sécurité doivent être surmontées au cours de prochains débats, sinon tous les organes des Nations Unies en subiraient les conséquences.


M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a déclaré que, plus qu’une simple récapitulation des travaux de ce mois, le thème qui est abordé ce matin, à savoir «le rôle des Nations Unies dans les situations post-conflit», s’inscrit dans un cadre plus global de la mission fondamentale des Nations Unies dans la reconstruction de la paix.  A cet égard, il a souligné l’importance du rétablissement de l’autorité de l’Etat, et l’instauration d’un dialogue et d’une politique de réconciliation nationale qui constituent, selon lui, les garanties pour le retour définitif à la stabilité.  Il a également insisté sur la nécessité de procéder à un réel désarmement, de lutter contre la prolifération des petites armes et contre le mercenariat. 


En outre, il a souligné que l’extinction des conflits doit être accompagnée par l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme global et intégré de relèvement économique.  Les opérations de maintien de la paix menées à travers le monde nous montrent que le retrait des contingents doit s’effectuer de façon mesurée.  Le représentant s’est dit convaincu que le partenariat et la complémentarité entre les Nations Unies et les organisations régionales constitue le meilleur moyen de faire naître une synergie capable de pérenniser la paix.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a rappelé que l’extrême pauvreté, les grandes pandémies, la fragilité des structures étatiques et les convoitises extérieures rendent les conflits encore plus complexes et ruineux.  Dans ce contexte, les efforts de l’ONU doivent porter prioritairement sur le financement et la coordination des programmes de démobilisation, de désarmement et de réinsertion, le déminage, l’organisation et la supervision des élections, la restauration des structures étatiques, la promotion des mesures de confiance et des droits humains.  Nous avons accueilli favorablement la création d’un groupe de travail ad hoc pour la prévention et le règlement des conflits en Afrique au sein de l’ECOSOC et nous pensons qu’il est approprié que le Conseil de sécurité et l’ECOSOC intensifient leur coopération.  Nous estimons en outre que l’ONU doit accroître son rôle dans l’application et le suivi des décisions prises en faveur de la consolidation de la paix par ses organes, en l’occurrence la Cour internationale de justice. 


Le défi majeur des Nations Unies demeure la mobilisation des financements pour la consolidation de la paix et la reconstruction des pays affaiblis par des années de guerre.  L’ONU doit convaincre les bailleurs de fonds de mettre en place des méthodes novatrices et des conditions souples supportables par les pays touchés par la guerre.  Dans le cas de l’Iraq, il ne faut pas oublier le droit du peuple iraquien à déterminer lui-même son propre avenir politique dans le respect de l’intégrité du territoire.  Au total, l’ONU joue un rôle essentiel, très positif et efficace dans les situations post-conflit.  Cependant, au regard de l’actualité récente suffisamment édifiante, la communauté internationale doit réfléchir davantage sur le rôle des Nations Unies dans certaines situations post-conflit spécifiques.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré qu’après un conflit, nous sommes toujours dans une situation fragile et la phase de l’humanitaire à la reconstruction reste souvent faible.  Personne ne peut nier que la paix et le développement sont liés de manière inextricable, tout comme la sécurité et la question économique et sociale.  Il est bon de se demander si les méthodes de travail du Secrétariat reflètent vraiment cette nécessité de continuité dans les actions.  Il n’y a jamais deux situations semblables, mais chaque nouvelle situation peut tirer des leçons et expériences d’autres situations.  C’est pourquoi, nous devons définir un modèle de réponses à donner en matière d’intervention post-conflit et trouver une cohérence dans les structures à mettre en place.  Pour ce faire, nous devons répondre à trois exigences: indiquer clairement ce que l’on peut attendre de l’ONU et ce que l’on ne peut pas attendre de l’ONU, définir la structure de la présence des Nations Unies après le départ d’une opération de maintien de la paix, et finalement définir clairement une stratégie de sortie de l’ONU.  Le représentant a également souligné la nécessité de mieux définir le cadre de trois facteurs importants que sont la justice et la réconciliation, le rôle des femmes dans la reconstruction de la société, et le développement économique et social après le conflit.  Nous avons joué un rôle clef dans de nombreux pays et situations post-conflit, a rappelé M. Greenstock, insistant sur l’attention qui doit être portée à la population locale.


M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce), au nom de l’Union européenne et des pays candidats, a rappelé que la responsabilité du maintien de la paix et la sécurité internationale relève en premier lieu du Conseil de sécurité.  Les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer en matière de construction de la paix dans les situations post-conflit.  L’Union européenne estime que cette quête de la paix requiert une approche globale et concertée pour s’attaquer aux causes des conflits.  Il faut donc prendre en considération les dimensions ayant trait au développement durable, à la bonne gouvernance, à l’éradication de la pauvreté, au respect des droits de l’homme et de la primauté du droit.  La reconstruction économique constitue aussi un élément important dans le développement à long terme des sociétés qui sortent d’un conflit.  Une approche globale doit tenir compte de tous les acteurs pertinents en jeu tels que la société civile, les organisations non gouvernementales ainsi que les organisations régionales.


Les Nations Unies ont reconnu le rôle fondamental des organisations régionales et nous appuyons une coopération étroite avec le Conseil de sécurité dans ce domaine, notamment pour ce qui est de l’évaluation des besoins, du partage de l’information et la bonne coordination des politiques.  Il faut également promouvoir la transparence pour encourager les contacts entre les différents acteurs.  L’Union européenne joue dans ce domaine un rôle actif.  Nous contribuons sous la forme de la mise à disposition de personnel militaire et de police civile.  La Commission européenne offre du personnel pour la plupart des opérations de maintien de la paix en Afrique notamment.  Nous déployons aussi des efforts pour travailler avec les parties prenantes en Afrique afin de renforcer les capacités des pays fournisseurs de contingents.  La première opération police de l’Union européenne se déploie en Bosnie-Herzégovine et a été conçue et mise en place pour prendre le relais de l’ONU et consolider ses succès.  Enfin, nous estimons que les succès de l’ONU en matière de construction de la paix requièrent la solidarité, une volonté politique durable et des ressources adéquates.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a déclaré que l’heure est marquée par l’instabilité et l’incertitude.  Il a précisé que les situations d’après conflit entraînent des effets dramatiques au niveau humanitaire.  La situation du Timor-Leste est très souvent citée comme un succès, et il montre que les mesures coordonnées au niveau multilatéral sont efficaces lorsqu’elles sont coordonnées par le Conseil de sécurité, même si le rôle des Nations Unies ne se limitent pas qu’à des actions coordonnées au niveau multilatéral.  Les efforts pour une meilleure coordination des différents organismes des Nations Unies ne sont pas nouveaux et, dès 1999, le Conseil de sécurité avait eu un débat public sur le renforcement de la paix après un conflit par le biais de la coopération.  Ce débat avait souligné la nécessité de coopérer étroitement et de maintenir un dialogue entre toutes les parties concernées.  Ce débat a abouti ensuite à la mise en place d’un mécanisme de coordination entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique social pour répondre aux besoins des Etats africains sortant d’un conflit.  La nature des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui exigent de trouver des solutions au niveau multilatéral. 


M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé que son pays vit une situation d’après conflit, ajoutant que la relation soutenue de l’Angola avec l’ONU continue de jouer un rôle fondamental dans la reconstruction.  L’assistance de la communauté internationale a permis de sauver des millions de personnes.  La solidarité de la communauté internationale et du Conseil de sécurité a joué un rôle considérable dans les efforts pour mettre un terme à la guerre.  Celle-ci est terminée et l’Angola envisage son avenir avec confiance.  Le Gouvernement angolais s’est engagé à démobiliser les anciens combattants et à réinsérer les personnes déplacées avec, à la clef, la tenue d’élections générales. 


Nous estimons que l’assistance des Nations Unies est vitale pour consolider la paix et pour aider au retour des personnes déplacées.  C’est l’objectif principal dans la phase actuelle qui est directement liée à la relance des services les plus importants.  La Banque mondiale participe à la reconstruction en Angola notamment grâce à une stratégie d’assistance à la démobilisation des anciens combattants et au retour des personnes déplacées.  La Banque mondiale et le PNUD appuient les activités humanitaires et de développement.  L’UNICEF, le Haut Commissariat pour les réfugiés, le Programme alimentaire mondial, l’Organisation mondiale de la santé, et l’Organisation internationale pour les migrations, entre autres, participent également à des programmes spécifiques qui favorisent le développement du pays.  La reconstruction des institutions est une autre composante importante.  La priorité est accordée au niveau municipal.  Nous travaillons en outre avec le FMI pour mettre en place un cadre institutionnel approprié en vue d’une réforme macroéconomique profonde.  Enfin, nous formulons l’espoir que l’ONU continuera de jouer un rôle fondamental dans la reconstruction de l’Angola.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que l’expérience prouve que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies deviennent de plus en plus complexes, ce qui rend indispensable le renforcement de la coopération entre les organismes des Nations Unies en direction d’une approche globale évitant les discontinuités.  Concernant les expériences de terrain en matière de reconstruction post-conflit, il a évoqué la situation du Kosovo et les responsabilités des parties dans la reconstruction de la paix.  A cet égard, il a regretté que les organes provisoires de gouvernement abusent de leur pouvoir et essayent de remettre en question les principes fondamentaux de la reconstruction.  En Afghanistan, la coordination assurée par l’ONU, qui a largement contribué au succès observé dans ce pays, est plus importante que jamais.  Les enseignements tirés de l’expérience en Sierra Leone ont mis en évidence le danger de réduire notre attention dans la phase de reconstruction.  Une telle stratégie a donné lieu au débordement du conflit dans les pays voisins.  Au Timor-Leste, nous avons reconnu l’importance d’une approche souple et d’une capacité de réagir vite.  Enfin, il faut tenir compte de tous ces enseignements dans le processus de reconstruction de l’Iraq.  Nous sommes convaincus qu’il faut déterminer de façon précise le rôle de l’ONU dans la reconstruction de l’Iraq, mais nous n’excluons pas que le règlement de la question de l’Iraq puisse se faire sans la participation de l’ONU.  Il faut déterminer la façon de mettre un point final à la question des armes de destruction massive en Iraq et la Russie est prête à participer très activement à la reprise des inspections. 


M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a affirmé que l’action de l’ONU revêt de plus en plus d’importance.  Les Nations Unies ont joué un rôle considérable pour aider bon nombre de pays à surmonter les effets d’un conflit et à rétablir leurs structures institutionnelles.  La contribution de la communauté internationale dans ce type de situation doit continuer à être en tête des priorités de l’ordre du jour des Nations Unies afin d’éviter des souffrances considérables.  Au lieu de dépenser de vastes ressources pour reconstruire un pays, nous devrions nous concentrer sur son développement économique en premier lieu mais pour cela il faut éviter de suivre des intérêts étroits.  L’ONU a remporté de grands succès en matière de reconstruction post-conflit, notamment en Sierra Leone, au Timor-Leste, au Kosovo, en Angola, au Congo, en Afghanistan. 


L’Iraq a grandement besoin de l’ONU et l’Organisation doit jouer un rôle important pour aider le peuple iraquien à reconstruire son pays.  La communauté internationale doit faire preuve de la volonté politique nécessaire pour mettre en place des programmes ambitieux.  L’ONU a un rôle de toute première importance à jouer en Iraq pour aider le peuple à maintenir son indépendance politique.  Nous devons lui permettre d’élire son gouvernement en toute liberté.  Il faut également que l’Iraq reprenne sa place au sein de la communauté internationale.  Nous appuyons la vision du Secrétaire général et nous lançons également un appel pour l’unité du Conseil de sécurité en la matière.  Dans le cas de l’Afghanistan, il est de la plus grande importance que les dirigeants du processus institutionnel reçoivent l’appui total des Afghans qui doivent prendre eux-mêmes les décisions qui les concernent.  Il faut respecter la souveraineté des Etats qui sont en situation de post-conflit et accorder une attention particulière pour maintenir leur indépendance politique.  A cet égard, il faut rappeler l’importance de la dimension régionale.  Il faut une bonne une coordination entre l’ONU et les organisations régionales.  Le communiqué final publié par les pays voisins de l’Iraq a montré qu’il y avait accord pour le maintien de l’intégrité territoriale de l’Iraq.  Ce communiqué pourrait être une référence lors des consultations du Conseil à venir concernant la question de l’Iraq.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que pendant 50 ans, les Nations Unies se sont efforcées de répondre aux intérêts des pays les plus puissants sans mettre en péril les intérêts des pays les plus faibles.  Mais au cours de ces dernières semaines, cette tradition a été altérée et on a vu que les désaccords entre les pays les plus puissants ont abouti à créer plus d’insécurité pour tout le monde.  C’est pourquoi, il a estimé que les Nations Unies devaient jouer un rôle primordial dans les situations post-conflit, car cette Organisation est la seule à disposer pleinement de légitimité et de crédibilité pour gérer ces phases de transition.  Au cours des années, les Nations Unies ont été renforcées par des normes et principes permettant de trouver des solutions multilatérales et générales aux défis posées par les situations post-conflit.  Dans ce contexte, il a loué les efforts du Conseil de sécurité de mener un débat interactif avec les organisations régionales.  Le représentant a salué également les efforts du Conseil de sécurité pour établir des liens avec le Conseil économique et social et des institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.  Il s’est dit convaincu qu’en agissant de la sorte, le Conseil de sécurité a fait un pas très positif dans le domaine de la reconstruction et de la consolidation de la paix.  Nous formons le vœu qu’il sera en mesure de poursuivre cet effort de coopération avec les organisations régionales, pour entendre leurs points de vue en matière de reconstruction post-conflit.  En conclusion, il a rappelé que l’Organisation des Nations Unies est collectivement plus importante que la somme de ces parties.


M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a rappelé que dans les situations après les conflits, la communauté internationale doit s’engager de façon ferme à répondre aux besoins humanitaires et à consolider la paix et la stabilité.  La communauté internationale doit ainsi s’impliquer dans les domaines comme celui des besoins des réfugiés, de la sécurité intérieure, du désarmement des anciens combattants, du déminage, de la reconstruction des infrastructures essentielles et de la bonne administration pour éviter la reprise des conflits.  La sécurité humaine dans les situations post-conflit revêt une importance particulière.  Il est en effet fondamental de protéger la vie et la dignité des individus dans le cadre traditionnel de la sécurité étatique.  A l’initiative du Japon, la Commission de la sécurité humaine à été créée à la suite du Sommet du Millénaire.  Son rapport sera rendu public le 1er mai.  Il souligne la tâche de protéger les populations et de leur donner les moyens de se prendre en charge. 


Le système des Nations Unies dispose d’une vaste expérience et des capacités de répondre aux besoins spécifiques de chaque situation mais cela ne signifie pas que l’ONU ne connaît pas de graves difficultés.  Il existe en particulier des organes différents et la coordination des activités n’est pas toujours adéquate car il peut exister un écart entre la fourniture de l’assistance humanitaire et la reconstruction du pays.  Il est donc fondamental de fournir l’assistance sans heurt.  L’ONU a une responsabilité importante pour entretenir l’intérêt de la communauté internationale car une fois que l’ONU décide d’agir, son action reflète la volonté de la communauté internationale tout entière.  Cela permet de jeter des bases solides pour la reconstruction du pays. 


M. WANG YINGFAN (Chine) a déclaré que dans toute situation post-conflit, le rôle de l’ONU dépend de la volonté politique des parties au conflit.  Il a invité l’ONU à formuler de façon adéquate une stratégie globale en matière de reconstruction post-conflit et renforcer sa coordination avec les organisations régionales et sous-régionales.  Une approche unique ne pourrait fonctionner du fait des particularités et spécificités de chaque conflit.  S’agissant de l’Iraq, nous pensons que le traitement de cette question exigera la participation de l’ONU et du Conseil de sécurité en appelant la communauté internationale à se mobiliser pour la reconstruction de l’Iraq.  La Chine s’est dit favorable à tout programme dans l’intérêt du peuple iraquien. 


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a rappelé la nécessité de mieux coordonner l’action du Conseil de sécurité avec les autres organes des Nations Unies et s’est félicité de quatre succès en matière de gestion post-conflit en ce qui concerne l’Afghanistan, la Sierra Leone, le Kosovo et le Timor-Leste.  La tâche du Conseil de sécurité qui consiste à trouver la mesure de son action en Iraq peut être renforcée par les leçons à tirer de ces quatre cas.  Il faut se poser la question de savoir ce qui a permis la gestion réussie de ces cas.  Tout d’abord, il faut souligner que dans ces quatre situations, l’ONU a été perçue comme la source principale de légitimité et de justice.  Ensuite, la nature de l’action de l’ONU renforce son crédit, notamment en faveur des institutions démocratiques et des droits de l’homme.  L’un des points communs qui ressort également est la façon dont elle a géré l’héritage du passé récent de ces pays qui ont très souvent connu des violations des droits de l’homme.  L’ONU a pris des mesures fermes contre le refus de l’impunité.  Ce qui explique également le succès de l’ONU est sa capacité de s’adapter à la situation sur le terrain, en dépit des réalités très différentes auxquelles elle est confrontée dans les pays en question.  La coopération avec les acteurs régionaux est sur ce point fondamentale. 


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a déclaré que la responsabilité de l’ONU va au-delà du seul rétablissement de la paix.  Il ne s’agit pas seulement de rétablir la paix mais de la préserver et de la maintenir.  Un exemple frappant de l’importance du rétablissement de la paix est celui de l’Afghanistan, où il s’agit encore de gagner la paix.  Pour réussir en Afghanistan, l’ONU doit non seulement faire en sorte que le processus de paix arrive à son terme, mais elle doit aussi participer à court, moyen et long termes à la reconstruction du pays.  La situation en Iraq présente une autre difficulté.  Après des années de guerre et de destruction, la communauté internationale doit aider le peuple à panser ses blessures.  La participation de la communauté internationale est le meilleur moyen de s’assurer du respect des intérêts du peuple iraquien et du développement économique et social de ce pays. 


En Sierra Leone, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, le contingent de casques bleus pakistanais, utilisant ses propres moyens, a réparé des lieux de cultes, des écoles, des routes et des hôpitaux.  Le représentant a également mis en garde contre les conséquences dramatiques du retrait prématuré des troupes de maintien de la paix.  Dans ce contexte, il a précisé qu’au Cachemire, la situation d’après-conflit pourrait entraîner un nouveau conflit si nous n’y prêtons attention. 


M. REVAZ ADAMIA (Géorgie) a rappelé que selon la Charte des Nations Unies, les actions menées en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent être rapides et efficaces pour éviter des conséquences lourdes sur les plans humain, politique et en matière de sécurité.  Nous nous félicitons des succès remportés par l’ONU mais regrettons que notre région, en particulier en ce qui concerne l’Abkhazie, n’ait pu bénéficier de l’expérience que la communauté internationale a pu en tirer en matière de règlement des conflits.  De grands défis se posent à l’ONU qui a un rôle important à jouer compte tenu de son expérience pour s’acquitter de son mandat en matière de restauration de la paix.  Ceci doit se faire sur la base de la coopération entre les organisations concernées et les Etats.  Nous sommes convaincus que l’ONU peut poursuivre ses efforts soutenus en Afghanistan et en Sierra Leone en renforçant les capacités des militaires et des forces de police.  De même, l’ONU a un rôle capital à jouer en Iraq.  Selon nous, il serait utile que l’ONU se serve de modèles prêts à l’emploi sur la base des expériences tirées.  Le Conseil de sécurité ayant la responsabilité primordiale pour le maintien de la paix, il est donc important qu’il s’engage à faire en sorte que ses mandats soient les mieux conçus possibles.  Enfin, dans le contexte actuel, nous estimons qu’il serait intolérable de s’opposer à la levée des sanctions à l’égard de l’Iraq.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a déclaré que le rôle des Nations Unies dans la reconstruction de la paix revêt une importance accrue, surtout lorsque l’on considère les succès rencontrés au Mozambique et en Angola.  L’expérience de terrain montre que l’ONU a su mettre en place dans les pays concernés une capacité et des expériences en matière d’intervention post-conflit.  De nombreux résultats ont été positifs, mais il ne faut pas oublier que nous rencontrons beaucoup de difficultés.  Ces difficultés résultent du fait que les pays donateurs n’ont pas été à la hauteur de leurs promesses, et du fait d’un manque de coordination entre les parties concernées.  La situation de l’Iraq aujourd’hui, avec toutes ses implications, remet en question l’efficacité de l’ONU et risque de détruire tous les principes de la Charte et de ses normes.  La position du Conseil de sécurité a noté une réticence de la communauté internationale de travailler en Iraq après la guerre.  Aujourd’hui, nous invitons la communauté internationale à tenir compte d’un certain nombre de principes pour empêcher un retour de l’instabilité au Moyen-Orient.  Il faut tout d’abord que les forces de la coalition qui contrôle l’Iraq assurent le plus rapidement possible la stabilité de l’Iraq, la protection du peuple iraquien, et l’émergence d’un climat permettant la mise en place d’un gouvernement représentatif.  Mais, il faut aussi que l’ONU s’engage à participer à la reconstruction de l’Iraq pour assurer son développement économique.  A cet égard, il a invité l’ONU et le Conseil de sécurité à être à la hauteur de leur responsabilité, celle de protéger l’humanité du fléau de la guerre.


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) a estimé que pour gérer une situation post-conflit, il est essentiel de constituer une force de police, mettre en place des institutions démocratiques, instaurer l’état de droit, assurer une économie viable ainsi qu’une administration efficace.  Il faut jeter les bases pour un développement libre et démocratique des Etats.  L’expérience montre qu’il faut que les Nations Unies s’impliquent rapidement sur la base d’une réflexion cohérente et de ressources humaines et financières adéquates.  Il faut également adopter une stratégie pour encourager les contacts entre le Conseil de sécurité et les organismes spécialisés.  Il est aussi fondamental d’adopter une démarche souple dans l’application des modèles pour pouvoir s’adapter aux différentes situations.  La souplesse est en effet requise pour ajuster les mandats des missions et mettre en place des structures pour mieux coopérer avec les organisations régionales.  Enfin, nous estimons qu’il est utile d’encourager la formation du personnel local. 


M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) s’est félicité de l’évolution des travaux du Conseil de sécurité dans la gestion des conflits, évolution qui s’est accompagnée d’une double prise de conscience, tout d’abord sur l’amont des conflits puis sur l’aspect post-conflit.  Le représentant a tout particulièrement salué le souci de l’ONU de travailler sur la prévention des conflits et souligné la nécessité d’identifier les facteurs qui peuvent déclencher ces conflits, mais aussi de mettre en place des moyens permettant de les enrayer.  Il a rappelé que le plus souvent, les pays sortant d’un conflit sont des pays exsangues, dont la société est traumatisée, ce qui exige la mise en place d’une bonne politique post-conflit, pour ne pas nous exposer au risque de voir le conflit reprendre. 


Parmi les leçons à retenir pour l’avenir, le représentant a souligné le bilan collectif remarquable des Nations Unies dans la gestion post-conflit, malgré des insuffisances remarquées.  A cet égard, il a également affirmé que la clef du succès réside dans le caractère global des stratégies mises en place. Il n’y a pas de modèle préétabli qui pourrait être transposé de facto à toutes les situations.  Mais, il s’agit d’adapter nos expériences aux différentes situations auxquelles nous avons à faire face.  Le représentant a rappelé que les Nations Unies apportent, d’une part, la capacité à faire émerger une légitimité essentielle pour rétablir un climat de confiance dans une situation post-conflictuelle, et, d’autre part, une expertise unique compte tenu de la diversité des compétences qu’offrent les organismes des Nations Unies et enfin, un effet d’entraînement vis-à-vis des pays donateurs comme vis-à-vis des institutions financières internationales.  Il a conclu en affirmant que les Nations Unies doivent jouer un rôle central dans la reconstruction de l’Iraq, y compris dans le processus de mise en place d’un gouvernement démocratique et représentatif.


M. RICHARD WILLIAMSON (Etats-Unis) a estimé que la réforme Brahimi représente un bon point de départ dans le débat qui nous intéresse aujourd’hui.  Les Nations Unies ne sont intervenues que dans un nombre limité de conflits qu’a connus le monde au cours de ces dernières années et ce, avec des succès très variables.  Il faut souligner que le rôle de l’ONU varie considérablement d’une situation à l’autre.  Il en est de même pour les différents organismes du système ainsi que pour les organisations régionales.  Les Nations Unies doivent étudier leur participation au cas par cas et faire preuve de la souplesse institutionnalisée par le processus de réforme Brahimi.  L’expérience du passé doit constituer la «boîte à outils» de l’action future.  Une partie de la souplesse dont il faut faire preuve s’explique par la nécessité de comprendre ce que l’ONU peut et doit faire. 


L’expérience de l’ONU en Sierra Leone a montré qu’il faut mettre en place des mécanismes permettant de coordonner l’action des donateurs et l’assistance humanitaire.  La MINUSIL a déployé une assistance dans la limite imposée par son mandat et ceci a permis d’appuyer un processus politique.  Une autre leçon à tirer de cette expérience est l’importance de directives claires sur le rôle des Nations Unies et des autres organisations et d’éviter le chevauchement des mandats.  Nous nous félicitons également des réussites dans le domaine de la justice de transition, a poursuivi le représentant.  Il a rappelé qu’au Timor-Leste, l’Australie a joué un rôle fondamental.  Il s’est agi de construire les institutions de la société civile, de former les enseignants et les forces de police.  Le rôle des Nations Unies a été important dans toutes ces phases.  Au Kosovo, après que l’OTAN ait employé la force armée, les Nations Unies ont joué un rôle important avec l’assistance de la communauté des donateurs de l’Union européenne.  Comme le Secrétaire général l’a dit récemment, de grandes difficultés demeurent au Kosovo, notamment en matière de respect des droits de l’homme.  En Afghanistan, l’ONU a fait office de coordonnateur clef pour reconstruire le pays. 


Dans le cas de l’Iraq, nous nous félicitons du fait que les armes de destruction massive ne soient plus une menace.  La coalition a libéré le peuple iraquien de la tyrannie brutale de Saddam Hussein, les jours de la torture sont révolus, les jours où les droits de l’homme étaient ignorés sont finis.  La coalition travaille à présent pour répondre aux besoins quotidiens.  Heureusement, les prévisions de catastrophes humanitaires se sont avérées inexactes.  La coalition ne va pas rester plus longtemps que nécessaire en Iraq.  Un gouvernement choisi par les Iraquiens est l’objectif à atteindre.  Seules les populations savent ce dont elles ont le plus besoin.  Ceci est connu d’elles seules et aider les individus à percevoir leur propre voie est particulièrement important.  


M. MOHAMAD SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a estimé que la première des responsabilités des Nations Unies en situation post-conflit est de fournir l’aide humanitaire nécessaire à la population civile.  Une intervention humanitaire très rapide doit être une norme.  Nous reconnaissons que chaque situation post-conflit est différente.  La capacité des Nations Unies de tirer des leçons de chaque situation est l’une de ses principales forces et nous devons en profiter.  Il s’agit pour les Nations Unies de s’efforcer de faire preuve de cohérence pour s’acquitter de leur mandat.  La capacité des Nations Unies de travailler avec les populations de façon impartiale est un de ses principaux atouts.  En conclusion, le représentant a rappelé que dans toute situation post-conflit, il est crucial que les Nations Unies soutiennent les programmes de développement, et s’assurent que toutes les parties concernées accèdent de manière équitable aux bénéfices de ces programmes.  Compte tenu des liens qui existent entre la paix et le développement, il est indispensable que cette approche soit considérée comme une norme fiable.


M. PAUL HEINBECKER (Canada) s’est félicité que les questions de parité entre les sexes aient été prises en compte dans les efforts de reconstruction après les conflits alors qu’elles avaient été mises de côté pendant de longues années en Afghanistan.  La protection des enfants est une réalité dans de nombreuses régions et la justice en faveur des opprimés a pu être rétablie.  Dans chaque cas, le rôle des Nations Unies a été différent.  En Iraq, l’intérêt des Iraquiens doit prévaloir dans toute action afin que leur pays soit autonome.  Les pays de la coalition ont dans ce contexte une responsabilité particulière en tant que puissance occupante.  La communauté internationale et notamment l’ONU ont également un rôle à jouer.  Il faut un cadre pour un appui plus grand dans la stabilisation et la reconstruction de l’Iraq. 


L’ONU et ses institutions ont joué un rôle particulièrement actif lors la première guerre du Golfe et elles comprennent les défis qu’il faut maintenant relever.  Il faut nous inspirer de cette expérience acquise.  En Iraq, notre objectif commun doit être de satisfaire les besoins des populations.  Nos approches doivent être flexibles et pragmatiques.  Le Canada consacrera 75 millions de dollars aux efforts de reconstruction en Iraq.  Trois avions de transport seront envoyés et nous mettrons à la disposition du pays des juristes et des policiers qui devraient aider à la réforme du système de sécurité.  Enfin, nous tenons à préciser qu’il ne faut pas non plus oublier la pauvreté en Afrique. 


M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a déclaré que le thème d’aujourd’hui était particulièrement approprié car les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, depuis la fin de la guerre froide, sont devenues de plus en plus complexes.  Qu’il s’agisse des Balkans, de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afghanistan ou de l’Iraq, le rétablissement de l’ordre après un conflit est le premier défi.  En Iraq, il est urgent de restaurer les structures de base et de ramener la paix et la sécurité.  La phase la plus importante consistera en la mise en place d’un processus politique qui tienne compte de la nécessité de garantir la souveraineté et l’intégrité du territoire.  En Afghanistan, nous avons lancé ce processus qui peut être tenu comme un modèle pour d’autres situations. 


Chaque crise est différente, et il n’y a pas de recette universelle qui puisse être appliquée à tous les conflits.  Mais nous avons besoin d’une stratégie d’ensemble qui englobe des objectifs en matière de désarmement, de réinsertion des anciens combattants, de mise en place d’un gouvernement représentatif, de la restauration de la justice aux fins de la réconciliation, et enfin le développement économique et social.  Depuis dix ans, l’ONU a acquis une expérience unique en matière de maintien de la paix.  La complexité des besoins et le volume considérable des ressources nécessaires rend incontournable le recours à tous les partenaires concernés autour des objectifs de reconstruction et de maintien de la paix.  A ce titre, la participation des ONG et d’autres protagonistes est essentielle pour la prévention de la guerre, la gestion et le renforcement de la paix.  S’agissant de l’Iraq, des décisions difficiles devront être prises par le Conseil de sécurité et nous pensons que les Nations doivent assumer un rôle central dans la restauration de la paix, la reconstruction et le développement économique et social de l’Iraq, dans l’intérêt du bien-être des Iraquiens. 


M. GABRIEL VALDES (Chili) a rappelé la nature très profonde de toute situation d’après conflit, à savoir que l’ordre préexistant a été éliminé.  Il faut donc établir un ordre nouveau sur la base d’un pouvoir perçu comme étant légitime.  Les Nations Unies sont intervenues sur la base du fait qu’il s’agit de la seule autorité internationale légitime.  Les succès de l’ONU ont été très variables.  L’Angola, le Mozambique et le Timor-Leste montrent que la contribution des Nations Unies à la pacification peut être couronnée de succès.  Il ne faut pas oublier les débâcles et reconnaître les difficultés auxquelles nous pouvons être confrontés.  Lorsque les mandats ne sont pas clairs ou que le Conseil de sécurité ne respecte pas son propre mandat, les problèmes ne peuvent pas être réglés.  Au contraire, la coopération avec les populations, les organisations régionales et les autres acteurs permettent de rendre l’horizon de paix plus stable.  Les Nations Unies doivent faire preuve de persistance et de volonté politique.  Sur le continent américain, l’intervention de l’ONU a été décisive.  Cela peut représenter une expérience utile pour le Conseil de sécurité lorsqu’il devra traiter des problèmes graves qui se poseront à lui dans les prochaines semaines. 


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a rappelé les Nations Unies sont le dépositaire des normes et principes qui régissent la coexistence pacifique des nations.  L’ONU repose sur une immense force collective.  Dans chaque crise les Nations Unies renaissent et leurs objectifs et principes sont confirmés.  Jusqu’à présent nous n’avons pas toujours réussi à éviter les conflits.  La façon de renforcer le rôle des Nations Unies dans les tâches de reconstruction doit être au centre des débats des organismes des Nations Unies.  Nous devons à l’ONU les grands progrès accomplis en matière de destruction des armes de destruction massive, de lutte contre les maladies, de protection des femmes et des enfants, autant de domaines qui mettent en évidence le caractère multidimensionnel des Nations Unies.  La paix est encore un objectif qui nous échappe, mais nous mettons en place les bases d’une paix durable à la fin de chaque conflit.  Au Timor-Leste, au Kosovo, en Afghanistan, les sources des conflits sont différentes, mais les objectifs des Nations Unies sont les mêmes. 


Chaque situation présente des situations particulières, la multiethnicité du Kosovo, la nécessité d’intégrer la femme dans la vie politique et économique en Afghanistan, le désarmement et la réintégration des anciens combattants et mercenaires dont beaucoup sont des enfants en Sierra Leone, la construction d’une entité nationale au Timor-Leste.  Dans chacun de ces cas, les Nations Unies ont compris que la clef est de travailler selon une méthode globale en tenant compte des particularités locales.  Le rôle du Conseil de sécurité est d’organiser les réponses à donner et de voter des mandats en accord avec la réalité de terrain dans le souci d’une certaine unité d’objectifs. 


S’agissant de l’Iraq, les différences ne seront pas réglées par un débat, mais nous sommes obligés de les surmonter dans l’intérêt de l’Organisation.  Cela ne sera possible qu’en nous rassemblant autour d’une unité d’objectifs sur ce que sera le rôle des Nations Unies dans la reconstruction de l’Iraq.  Les Iraquiens doivent être maîtres de leur destin et ce pays doit retrouver sa souveraineté et son intégrité territoriale.  Les Nations Unies sont le meilleur instrument pour trouver des réponses multilatérales aux défis que nous posent le maintien de la paix et de la sécurité internationale.


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