AG/1171

LES GOUVERNEMENTS S’ENGAGENT À ADOPTER DES STRATEGIES NATIONALES MULTISECTORIELLES ET A FINANCER DES PLANS DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA, D’ICI À 2003

27/06/2001
Communiqué de presse
AG/1171


Assemblée générale

Vingt-sixième session extraordinaire

8ème séance plénière – après-midi

Communiqué final


LES GOUVERNEMENTS S’ENGAGENT À ADOPTER DES STRATEGIES NATIONALES MULTISECTORIELLES ET A FINANCER DES PLANS DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA, D’ICI À 2003


La Déclaration d’engagement adoptée ce soir est le premier Plan mondial

de lutte contre le sida, souligne le Président de la session extraordinaire


En adoptant, ce soir, par consensus la Déclaration d’engagement de la session extraordinaire sur le VIH/sida, les Etats Membres de l’Organisation des Nations Unies ont conclu une manifestation dont l’envergure et le format ont permis, selon l’avis le plus souvent exprimé, une prise de conscience générale de la progression de l’épidémie et des risques croissants qu’elle fait courir à l’humanité en termes de santé mais aussi de développement.  L’impact du VIH/sida sur l’économie et son coût social dans les pays en développement et, en particulier les pays africains, où la maladie a annulé l’acquis de décennies d’efforts, a pu être mesuré.  La progression du virus dans certaines catégories de population jusque-là épargnées ou moins affectées, comme les femmes et les enfants, a été soulignée.  Face à l’évolution de la pandémie dans des régions comme les Caraïbes, l’Asie, le Pacifique, l’Amérique latine et l’Europe centrale et orientale, les pays moins touchés se sont dits préoccupés non seulement au nom de la solidarité mais parce que, comme cela a été dit, le virus ne connaît pas de frontières et d’autant moins en une époque de mondialisation. 


La Déclaration d’engagement prend à compte les différents aspects de la problématique tout en fixant des objectifs concrets assortis d’échéances à une action mondiale se voulant à la mesure du fléau et en définissant les principes et les modalités.


Au plan quantitatif, les objectifs fixés au niveau national consistent notamment à concevoir et à mettre en œuvre, d’ici à 2003, des stratégies nationales multisectorielles et à financer des plans de lutte contre le VIH/sida qui s’attaquent directement à l’épidémie et à intégrer la prévention du VIH/sida, les soins, le traitement et l’appui, et des stratégies prioritaires d’atténuation des effets de l’infection dans la planification du développement. Dans le domaine de la prévention, il s’agit d’établir, d’ici à 2003, des objectifs nationaux assortis de délais pour atteindre l’objectif mondial fixé en matière de prévention à savoir réduire l’incidence du VIH parmi les jeunes, hommes et femmes, âgés de

15 à 24 ans, de 25% d’ici à 2005 dans les pays les plus touchés et de 25% à l’échelle mondiale d’ici à 2010.  Il est prévu également de réduire de 20%, d’ici à 2005, et de 50% d’ici à 2010, la proportion de nourrissons infectés par le VIH en faisant notamment en sorte que les femmes et les nourrissons infectés par le VIH aient accès à un traitement efficace, afin de réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant.


La stigmatisation et l’exclusion des malades, une question souvent évoquée par les participants à la session extraordinaire, a été prise en compte dans la Déclaration qui affirme la nécessité de respecter les droits des séropositifs et des sidéens par l’adoption de mesures efficaces.  Il y est dit notamment que les stratégies et plans de lutte doivent combattre l’opprobre, le silence et la dénégation, et éliminer la discrimination et l’exclusion et une des mesures retenues consiste à promulguer, renforcer ou appliquer, selon qu’il conviendra, d’ici à 2003, des lois, règlements et autres mesures afin d’éliminer toute forme de discrimination contre les séropositifs/sidéens et les membres des groupes vulnérables. 


Les partenariats avec la société civile et les milieux d’affaires y sont encouragés.  Enfin, au plan des ressources, une campagne mondiale d’appel de fonds, doit être lancée d’ici à 2002 sous la direction d’ONUSIDA, afin d’alimenter le Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida et pour la santé.  Des systèmes de surveillance efficace des progrès réalisés dans l’application de la Déclaration doivent par ailleurs être mis en place d’ici à 2003.


Les questions de la protection des groupes vulnérables et de l’autonomisation des femmes, qui figuraient parmi les plus controversées lors des négociations, ont été abordées à plusieurs reprises dans la Déclaration.  Des représentants d’organisations non gouvernementales (ONG), qui se sont exprimés cet après-midi, ont toutefois regretté que les homosexuels et les prostitués n’aient pas été nommément désignées comme faisant partie des groupes à risques.  Le résultat, a fait valoir l’un d’eux, est une Déclaration affaiblie et des milliers de personnes sont toujours mises à l’écart sous prétexte de protéger la sensibilité de certains pays membres.


Ce n’est pas un texte parfait, a déclaré Mme Penny Wensley (Australie), l’un des deux médiateurs du processus, mais c’est cependant un bon texte, complet et pratique qui commence par l’aspect que tout le monde considère comme étant le plus important, le leadership, et s’achève par les questions de suivi.  Les rédacteurs étaient très conscients qu’un des buts de ce document était une prise de conscience accrue et ils se sont efforcés de faire passer le message.  Une fois adoptée, ce n’est que dans son application que la valeur de la Déclaration se manifestera, a-t-elle conclu.  M. Ibra Deguène Ka (Sénégal), le second médiateur du processus, a mis l’accent sur la longueur des négociations qui, lancées le 15 décembre 2000, n’ont abouti qu’hier, 26 juin.  Des négociations difficiles, a-t-il indiqué, qui ont révélé la sensibilité extrême de certaines questions mais qui ont pu aboutir à un accord grâce à la capacité de dépassement des uns et des autres. 


Après l’adoption de la Déclaration, le représentant du Népal a expliqué son vote.  Les représentants du Mexique et de la France, s’exprimant au nom d’un groupe de pays, ainsi que l’Observateur du Saint-Siège ont formulé des observations d’ordre technique.


Les Présidents des tables rondes, M. Denzil Douglas, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Grzegorz Opala, Ministre de la santé de la Pologne,

M. Abdul Malik Kasi, Ministre de la santé du Pakistan et Mme Anna Abdallah, Ministre de la santé de la République-Unie de Tanzanie au nom de M. Benjamin William Mkapa, Président de ce pays, ont présenté les travaux de ces évènements parallèles.


Avant la clôture de la session extraordinaire, l’Assemblée générale avait achevé son débat général en entendant les personnalités suivantes : le Vice-Président et Ministre de la santé de Palaos, le Premier Ministre du Niger, ainsi que les Ministres de la santé de la Jamaïque, du Brésil, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines et de Tuvalu.  Les représentants des pays suivants sont également intervenus : Ethiopie, Grenade, Albanie et Samoa.  Se sont aussi exprimés les représentants des organisations intergouvernementales suivantes : Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Communauté européenne, Ordre militaire souverain de Malte, Organisation internationale pour les migrations, Banque interaméricaine de développement, Secrétariat du Commonwealth, Forum des Îles du Pacifique, Organisation internationale du travail, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT), Fonds des Nations Unies pour la population, Programme des Nations Unies pour le développement, et Fonds de développement des Nations Unies pour la femme.  Ont aussi pris la parole, les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : International Community of Women Living with HIV/AIDS, Centre international de recherche sur les femmes, Global Network of People Living with HIV/AIDS, Global Business Council on HIV/AIDS, Commission des Eglises pour les affaires internationales du Conseil oecuménique des églises, International Aids Society, d’International Council of Aids Service Organizations et Communauté des pays lusophones.


L’Assemblée générale a observé par ailleurs, une minute de silence consacrée à la prière et à la méditation.


Aperçu des travaux de la session extraordinaire


Au cours de la présente session, quatre tables rondes avaient été organisées.  M. Denzil Douglas, Premier Ministre de Saint-Kitts et Nevis, en sa qualité de Président de la première table ronde sur «la prévention et les soins», a expliqué qu’il y a été exposé de nombreuses questions et défis liés à l’amélioration de la prévention et de l’administration des soins jusqu’à un niveau où elles auront un impact important sur l’épidémie de VIH/sida.  De nombreux participants ont déclaré que la prévention et les soins sont inséparables et se renforcent mutuellement.  Les délégués ont été d’avis qu’il faut répondre aux différents scénarios d’épidémie en tenant compte des différentes situations socioculturelles et économiques qui existent dans chaque communauté.  De très forts appels ont été lancés à la communauté internationale et à l’industrie pharmaceutique afin que les ressources et services nécessaires soient fournis et qu’elles aident à construire l’infrastructure et les capacités qui contribueront à la lutte contre le VIH/sida dans les pays les plus sévèrement touchés.  Il a été souligné que les traitements contre le VIH/sida, y compris les thérapeutiques antirétrovirales, peuvent être administrés efficacement, et ce, à peu de frais.  Les participants ont été d’avis qu’il faut intensifier les efforts en vue d’augmenter la prise de conscience, l’engagement politique et les ressources dans la lutte contre le VIH/sida et contre l’opprobre associé au virus, les inégalités entre les sexes et d’autres facteurs renforçant l’épidémie et son impact. 


Pour ce qui est des travaux de la deuxième table ronde sur le «VIH/sida et les droits de l’homme», M. Grzegorz Opala, Ministre de la santé de la Pologne et Président de la table ronde, a fait part d’un accord clair entre les participants quant au fait que le respect des droits de l’homme est essentiel pour prévenir la propagation de l’épidémie.  Le respect des droits de l’homme permet aux individus de faire face aux facteurs sociaux, juridiques et culturels, ce qui les rend moins vulnérables au virus.  Il permet également aux communautés de mieux réagir à l’épidémie et d’avoir accès aux informations importantes.  De nombreux participants ont souligné que la protection des personnes séropositives signifie qu’il ne faut pas les traiter comme des victimes mais comme des personnes ayant des droits.  Beaucoup ont dit que le VIH/sida a des incidences sur la réalisation de nombreuses normes telles que le droit à la vie privée, l’égalité entre les sexes, le droit à l’emploi et au développement.  Les participants ont indiqué qu’il existe un lien vital entre une réponse efficace à la crise du VIH/sida et le respect de tous les droits de l’homme, en particulier des droits garantissant la non discrimination, l’égalité entre les sexes et la pleine participation des groupes touchés et des groupes vulnérables.  Les participants ont noté que la protection des droits de propriété intellectuelle ne devrait pas l’emporter sur le droit à recevoir un traitement approprié.  En conclusion, il a été souligné que le moment est venu de briser le silence qui règne autour du VIH/sida, des comportements sexuels, des inégalités et de l’injustice qui sont liés au débat le concernant.  En conclusion, il a tenu à souligner que la Déclaration d’engagement est le point de départ de toutes les actions qui seront prises par les gouvernements.  Les participants ont aussi salué le fait que, pour la première fois, une telle déclaration reconnaît l’importance de rendre des comptes. 


M. Abdul Malik Kasi, Ministre de la santé du Pakistan et Président de la troisième table ronde sur «l’impact socioéconomique de l’épidémie et le renforcement des capacités nationales de lutte contre le VIH/sida» a expliqué que tous les participants ont souligné l’urgente nécessité d’une action collective mondiale contre le VIH/sida et exprimé leur ferme intention de développer une approche commune pour prévenir et combattre cette menace qui pèse sur l’humanité.  Les participants sont tombés d’accord sur le fait que le VIH/sida et la pauvreté sont intimement liés et que la lutte contre la pauvreté doit donc être une partie intégrante de toute campagne contre l’épidémie.  L’allègement de la dette et une augmentation de l’aide publique au développement sont essentiels dans le cadre de cet effort, ont-ils estimé.  Certains intervenants ont introduit le concept de capital social, défini comme un réseau de valeurs partagées renforçant le tissu social et dans lequel les sociétés doivent investir.  Ils ont insisté sur le fait que la lutte contre l’épidémie étant un défi commun, elle doit être menée par une approche unifiée, mais il a été souligné qu’une telle approche devrait respecter pleinement toutes les cultures, fois et valeurs. 


Présentant au nom de M. Benjamin William Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie ainsi que de la quatrième table ronde sur «le financement international et la coopération», les résultats de cette réunion, Mme Anna Abdallah, Ministre de la santé de ce pays, a déclaré que mobiliser un niveau de ressources proportionnel à l’ampleur de la crise du VIH/sida est une tâche qui exigera des partenariats entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé, les organes bilatéraux et internationaux, les fondations et les groupes communautaires.  Dans le cadre de la table ronde, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Malloch Brown, a déclaré que le chiffre de 9,2 milliards de dollars proposé pour le futur Fonds mondial représente une estimation réaliste et raisonnable du coût d’une campagne efficace de lutte contre le VIH/sida.  Une partie de cette somme devrait provenir de sources nationales, et c’est aux responsables politiques nationaux qu’il reviendra de mener la lutte car chaque pays a des priorités et des caractéristiques différentes, a-t-il également suggéré.  Certains participants ont, pour leur part, estimé que ce Fonds devrait être mené par ONUSIDA tandis que d’autres suggéraient qu’il soit géré par un organe intergouvernemental de l’Assemblée générale.  Nombre d’entre eux ont souligné que les ressources allouées au Fonds devraient s’ajouter à celles déjà consacrées à la lutte contre le VIH/sida.  Ils ont souhaité que les négociations sur ce point soient conclues d’ici à la fin de l’année 2001.  Au cours du débat général, les intervenants avaient également mis l’accent sur l’importance d’un engagement politique au plus haut niveau et ont cité, à cet égard, la Déclaration d’Abuja comme une expression tangible de l’engagement des dirigeants des pays africains.  Certains représentants ont, toutefois, rappelé que la prise en charge d’une personne séropositive est très coûteuse et peut rivaliser avec d’autres prestations telles que l’éducation. 


Lors de ces trois jours de session, douze chefs d’Etats dont un roi, quatorze chefs de gouvernement, cinq Vice-Présidents, un Vice-Premier ministre, et plus de cent ministres et hauts fonctionnaires, se sont succédé à la tribune des séances plénières.  Nombreux sont ceux qui ont également participé aux quatre tables rondes qui se sont tenues en parallèle et auxquelles participaient également d’autres représentants de la société civile : institutions de recherche, fondations et grandes entreprises privées.  De nombreuses conférences, conférences de presse, portes ouvertes, des débats, rassemblements, veillées, réunions d’informations ont été organisées au cours de ses trois jours au siège de l’ONU et à l’extérieur.  On estime à plus de 3 000 personnes le niveau de la participation à la session.


L’adoption de la Déclaration d’engagement dont une synthèse est présentée ci-après, constitue le point d’aboutissement des discussions engagées au niveau des Etats.  La session extraordinaire dont un des objectifs, était de lever des ressources qui viendraient alimenter le Fonds mondial pour la lutte contre le sida et la santé, a été l’occasion pour plusieurs délégations d’annoncer leurs contributions : la Norvège pour 110 millions de dollars, l’Ouganda pour 2 millions de dollars, l’Autriche pour 1 million de dollars, le Libéria pour 25 000 dollars, le Niger pour 50 000 dollars.  Le Royaume-Uni a, pour sa part, porté son engagement de contribution de 100 à 200 millions de dollars.   D’autres pays, comme les Pays-Bas, ont indiqué que si des critères précis, transparents et garants d’efficacité étaient définis, ils apporteraient leur contribution, et parfois à un niveau substantiel, au Fonds.  Plusieurs pays comme Cuba et Israël ont proposé une aide technique. 


EXAMEN DU PROBLÈME DU VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE ET DU SYNDROME D’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE SOUS TOUS SES ASPECTS


Déclaration d’engagement sur le VIH/sida (A/S-26/L.2)


Aux termes de ce texte, les chefs d’État et de gouvernement et représentants d’État et de gouvernement, s’engagent à rechercher des solutions à la crise du VIH/sida en adoptant les mesures suivantes.


Au niveau national, ils s’engagent à concevoir et à mettre en œuvre, d’ici à 2003, des stratégies nationales multisectorielles et de financer des plans de lutte contre le VIH/sida.  Ces stratégies et plans doivent s’attaquer directement à l’épidémie et intégrer la prévention du VIH/sida, les soins, le traitement et l’appui.  Ils doivent combattre l’opprobre, le silence et la dénégation, traiter des aspects de la maladie en termes de sexe et d’âge, éliminer la discrimination et l’exclusion; encourager la formation de partenariats avec la société civile et les milieux d’affaires et la participation active des personnes atteintes du VIH/sida, des personnes appartenant à des groupes vulnérables, notamment les femmes et les jeunes; défendre et protéger activement tous les droits de la personne et les libertés fondamentales; intégrer une démarche soucieuse d’équité entre les sexes.


Dans le domaine de la prévention, ils ont convenu d’établir des objectifs nationaux assortis de délais pour atteindre l’objectif mondial fixé en matière de prévention.  Cet objectif est de réduire l’incidence du VIH parmi les personnes âgées de 15 à 24 ans de 25% d’ici à 2005 dans les pays les plus touchés et de 25% à l’échelle mondiale d’ici à 2010.  Des objectifs de prévention devront être établis au niveau national, afin d’identifier et de prendre en compte les facteurs qui facilitent la propagation de l’épidémie et augmentent la vulnérabilité des populations.  D’ici à 2005, la lutte contre le VIH/sida dans le monde du travail devra être renforcée, faisant notamment en sorte que les séropositifs et les sidéens trouvent un soutien sur leur lieu de travail.  Des stratégies spécifiques pour les migrants et les travailleurs mobiles devront être élaborées, ainsi que des mesures systématiques de précaution dans les établissements de soins pour prévenir la transmission du VIH.


D’ici à 2005, les Etats Membres s’engagent à veiller à ce qu’il existe dans tous les pays, en particulier dans les pays les plus touchés, un large ensemble de programmes de prévention tenant compte des valeurs éthiques et culturelles locales, y compris des programmes d’information dans des langues largement comprises par les communautés locales, respectueux des particularités culturelles, visant à réduire la fréquence des comportements à risque et à encourager un comportement sexuel responsable, incluant l’abstinence et la fidélité; assurant un accès élargi à des articles indispensables, tels que les préservatifs masculins et féminins et les seringues stériles; comportant des programmes de réduction des dangers de la toxicomanie; assurant un accès élargi aux services de conseils et de dépistage volontaires et confidentiels, la fourniture de produits sanguins non contaminés et un traitement rapide et efficace des infections sexuellement transmissibles.


Les Etats Membres s’engagent à réduire de 50% d’ici à 2010 la proportion de nourrissons infectés par le VIH en veillant notamment à ce que 80% des femmes enceintes consultant pour des soins prénatals reçoivent des informations sur la prévention de l’infection par le VIH, et en favorisant l’accès aux traitements, en particulier à la thérapie antirétrovirale et à des produits de remplacement du lait maternel.


En matière de soins, d’appui et de traitement, les objectifs fixés visent notamment à assurer progressivement et de manière durable le niveau de traitement du VIH/sida le plus élevé possible, en ce qui concerne notamment la prévention et le traitement des infections opportunistes et l’utilisation effective de thérapies antirétrovirales faisant l’objet de contrôle de qualité; à coopérer de manière constructive au renforcement des politiques et pratiques dans le domaine pharmaceutique, y compris celles applicables aux médicaments génériques et aux régimes de propriété intellectuelle, afin de promouvoir l’innovation et le développement d’industries locales conformes au droit international.


Afin d’éliminer toute forme de discrimination contre les séropositifs/sidéens et les membres des groupes vulnérables, les Etats Membres s’engagent à promulguer, renforcer ou appliquer, des lois, règlements et autres mesures d’ici à 2003.  Compte tenu du fait que les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par le VIH/sida, ils s’engagent également à promouvoir l’autonomisation des femmes et à permettre à celles-ci de jouir pleinement de tous les droits fondamentaux; à encourager les hommes et les femmes à assumer une responsabilité partagée concernant la pratique de rapports sexuels sans danger; à donner aux femmes les moyens d’exercer un contrôle sur les questions liées à leur sexualité et de prendre à ce sujet des décisions en toute liberté et de manière responsable afin de les aider à mieux se protéger contre l’infection par le VIH.


En vue de mieux protéger les personnes vulnérables, c’est-à-dire les groupes dont on sait qu’ils sont plus vulnérables face à l’infection sous l’influence de facteurs comme les origines locales de l’épidémie, la pauvreté, les pratiques sexuelles, certaines formes de toxicomanie, les moyens de subsistance, le placement dans une institution, les bouleversements de la structure sociale et les mouvements de population forcés ou volontaires, il est prévu d’élaborer des stratégies, politiques et programmes au niveau national.


Afin de réduire l’impact social et économique de la maladie, il a été prévu de mettre en place, d’ici à 2003,à l’échelle nationale un cadre juridique et directif assurant la protection, sur le lieu du travail, des droits et de la dignité des séropositifs/malades du sida et des personnes affectées par le VIH/sida et de celles qui sont le plus exposées au risque d’infection.


En ce qui concerne les ressources, il est prévu d’atteindre d’ici à 2005, par étapes successives, un montant annuel de dépenses globales de 7 à 10 milliards de dollars des États-Unis pour la lutte contre l’épidémie; il est également prévu de mettre en oeuvre immédiatement l’Initiative renforcée en faveur des pays très endettés et de décider d’annuler toutes les dettes publiques bilatérales de ces pays, et d’insister pour que les économies réalisées au titre du service de la dette servent à financer des programmes d’éradication de la pauvreté, de prévention et de traitement du VIH/sida.  Les Etats se sont engagés à appuyer la création, à titre prioritaire, d’un fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida et pour la santé destiné, d’une part, à financer une action urgente et de grande envergure visant à combattre l’épidémie, fondée sur une approche intégrée de la prévention, des soins, du soutien et du traitement à apporter aux personnes atteintes et, d’autre part, à aider les gouvernements dans les efforts qu’ils entreprennent notamment pour combattre le VIH/sida, la priorité étant accordée, comme il se doit, aux pays les plus touchés, en particulier ceux de l’Afrique subsaharienne et des Caraïbes, et aux pays à haut risque.


En outre, il est prévu de lancer avant 2002 une campagne mondiale d’appel de fonds visant le grand public et le secteur privé, sous la direction d’ONUSIDA et avec le soutien et la collaboration de partenaires intéressés à tous les niveaux, afin de contribuer au fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida et pour la santé.


Enfin, les Etats Membres se sont engagés à mettre en place avant 2003 des systèmes de surveillance effectifs des progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements de la Déclaration ainsi que de consacrer au moins une journée entière, pendant la session annuelle de l’Assemblée générale, à l’examen d’un rapport du Secrétaire général sur ces progrès.


Explication de position


Le représentant du Népal a félicité tous ceux qui ont oeuvré jour et nuit en faveur de cette Déclaration et a espéré qu'il en résultera une véritable différence pour ceux qui vivent avec le VIH/sida.  Il a expliqué avoir demandé l'ajout d'une disposition sur la priorité de la lutte contre le VIH/sida qui faisait clairement référence aux engagements pris pour atteindre les objectifs de l'Aide publique au développement.  Il a en effet mis l'accent sur la nécessité de rendre disponibles des ressources supplémentaires.  Dans un esprit de coopération, il a expliqué s'être rallié au consensus en renonçant à faire figurer cette mention dans la Déclaration, dans l'espoir que les pays développés continueront à agir dans l'esprit de la Conférence sur les pays les moins avancés.


Déclaration d'interprétation


L'Observateur du Saint-Siège s'est félicité de l'adoption de la Déclaration d’engagement et a  expliqué que sa délégation s'est ralliée à la volonté des dirigeants mondiaux de trouver des solutions en faveur de tous ceux qui sont ravagés par cette maladie.  Il a aussi réaffirmé toutes les réserves qu'il a déjà exprimées, qui concernent notamment les termes "santé de la reproduction", "santé sexuelle" et "santé génésique".  Il aurait apprécié qu'on envisage ces notions dans une conception holistique de l'homme et de sa santé, favorisant la recherche d'une maturité personnelle et sexuelle.  En ce qui concerne l'utilisation des préservatifs comme méthode de prévention, il a précisé que si le Saint-Siège a accepté l'expression retenue dans la Déclaration, il n'a cependant pas changé sa position à ce sujet.  Il a en effet rappelé que la méthode la plus sûre de prévention contre le VIH/sida est l'abstinence avant le mariage et la fidélité au sein du mariage.  Il a par ailleurs regretté qu'on ne donne pas assez d'importance à la promotion et à la protection des droits de l'homme, ainsi qu'à la capacité des hommes à se protéger grâce au respect mutuel.  Il a regretté aussi que des comportements irresponsables et dangereux n'aient pas été discutés


Fin du débat


M. HAMA AMADOU, Premier Ministre du Niger : Ce qui apparaissait, il y a quelque temps encore difficile à imaginer, le sida l’a réalisé: mobiliser le monde uni et solidaire dans une coalition de toutes les nations de la planète pour faire face à la maladie et l’enrayer.  Le Niger fait partie en Afrique des pays où le taux de prévalence du VIH est encore faible: environ 1,4% de la population générale.  Mais ce chiffre ne nous rassure guère car il traduit plutôt notre retard dans les moyens de dépistage et de surveillance épidémiologique.  Au demeurant, 1,4% c’est encore trop. 


Ce sommet nous donne un espoir et constitue sans doute un premier pas vers la maîtrise de la pandémie.  La lutte contre le sida va coûter financièrement très cher.  Ce sommet, pensons-nous, doit avant tout servir à mobiliser des ressources financières conséquentes et aider les pays les plus faibles.  Il faut donc de l’argent et beaucoup d’argent, car déjà à deux dollars par jour et par malade, dans des pays comme le nôtre, les gens continueront de mourir du sida.  Pour me résumer, je veux dire qu’à l’heure où je vous parle, pour survivre avec le sida, il faut être riche ou bien vivre dans un pays prospère.  Mais le sida a vocation aussi à ruiner la prospérité.  C’est pourquoi, le Niger a décidé également de contribuer au Fonds spécial pour la lutte contre le sida pour un montant symbolique de 50 000 dollars.


Mme SANDRA SUMANG PIERANTOZZI, Vice-Présidente et Ministre de la santé des Palaos : L’archipel des Palaos n’a pas été épargné par la calamité du VIH/sida.  Statistiquement, les Palaos ont perdu deux de leurs citoyens des suites d’une infection par ce virus et ont enregistré trois autres cas d’infection.  Ces chiffres semblent modestes mais notre population totale ne représente que de

20 000 personnes et croît lentement, ce qui rend très réelle la possibilité que le VIH/sida décime l’ensemble de notre communauté.  Possédant peu de ressources naturelles, les Palaos comptent beaucoup sur des sources de revenus extérieures, et en particulier du tourisme.  Tout en fournissant des revenus nécessaires, l’industrie touristique a des corollaires qui mettent notre peuple en danger. 

De notre point de vue, le meilleur moyen de lutter contre le VIH/sida est de fournir une éducation publique de grande ampleur sur les pratiques sexuelles sans risque.  Nos efforts éducatifs se heurtent souvent aux barrières culturelles et au manque de ressources.  Il faut aussi lever les préjugés et l’isolation dont souffrent les malades du VIH/sida afin qu’ils puissent témoigner de ses dangers.  Je lance un appel pour que nous nous assurions que le principe d’égalité entre les sexes soit respecté dans les stratégies de lutte contre le VIH/sida. 


M. JOHN JUNOR, Ministre de la santé de la Jamaïque : C’est parce que le sida ne connaît pas de frontières que pour être efficace la lutte contre ce fléau doit être mondiale et commune.  La session extraordinaire doit donc être vue comme un premier pas important vers l’intensification des partenariats internationaux et vers l’élaboration d’un consensus pour une action mondiale.  “La déclaration d’engagement sera un outil crucial pour définir notre réponse”.  La crise du VIH/sida a créé de nouveaux défis sociaux, politiques et économiques qui affectent de manière disproportionnée les pays en développement.  Dans les Caraïbes, la deuxième région la plus touchée après l’Afrique subsaharienne, le sida est la principale menace du segment le plus productif de la population.  C’est en effet la première cause de mortalité chez les hommes et les femmes de 15 à 44 ans. 


En conséquence, le Gouvernement de la Jamaïque a pris des mesures de grande ampleur pour améliorer les services de santé aux malades et a intensifié sa campagne de prévention.  Compte tenu des coûts associés au traitement du VIH/sida et de l’effet général de l’épidémie sur l’économie, il entend continuer à faire de la prévention sa première préoccupation.  La Jamaïque a aussi coopéré avec d’autres pays des Caraïbes pour améliorer la réponse régionale à l’épidémie.  Malgré le fort engagement politique et les approches multisectorielles, les pays de la région ont besoin d’aide pour renforcer leurs capacités et asseoir leurs actions de prévention, de soins et de traitement.  “C’est pourquoi, nous accueillons favorablement la proposition de créer un Fonds mondial pour la santé et la lutte contre le sida”.  Le Gouvernement de la Jamaïque espère que l’allocation des ressources de ce fonds ne sera pas gênée par des obstacles bureaucratiques qui empêcheraient que les sommes soient rapidement et dûment déboursées en faveur de ceux qui en ont le plus besoin.  Mais pour gagner la bataille contre cette maladie mortelle, l’aide doit s’accompagner de mesures pour accroître la prévention et l’information, réduire la stigmatisation, et limiter les facteurs qui rendent les individus plus vulnérables, comme l’inégalité entre les sexes, l’exclusion sociale, les conflits et le dénuement.  “Nous n’avons pas d’autre solution que de nous engager à promouvoir la prévention, garantir des médicaments et de soins moins coûteux et respecter les droits des malades”.


M. JOSE SERRA, Ministre de la santé du Brésil : La lutte contre le VIH/sida doit se fonder sur quatre piliers, la prévention, les soins, les droits de l'homme et l'accès aux médicaments à des prix abordables. Depuis 1996, date à laquelle l'efficacité des antirétroviraux a été prouvée, chaque Brésilien vivant avec le VIH/sida ou malade du sida bénéficie d'un accès gratuit à ces médicaments, grâce à la production locale.  Le Brésil produit, en effet, à bas prix, 8 différents types de génériques d'antirétroviraux non brevetés.  Il s'est avéré que la plupart des médicaments fournis par les laboratoires brésiliens sont beaucoup moins cher que les médicaments importés.  Il faut dire aussi que cette concurrence réelle ou potentielle des sociétés pharmaceutiques locales conduisent les firmes étrangères à baisser leurs prix de 70% en moyenne.  Le Brésil tient à souligner que la production locale est en parfaite conformité avec l'Accord sur les droits de propriété intellectuelle liée au commerce de l'OMC.  S'il est vrai que cet Accord contient des dispositions pour protéger les connaissances scientifiques, il donne néanmoins la possibilité de promouvoir la santé publique.  Les droits de l'homme étant un des piliers de la lutte contre le VIH/sida cités par le Brésil, ce dernier souligne que l'accès aux médicaments est un élément fondamental de la pleine réalisation du droit à la santé physique et mentale.  Le Brésil se félicite que la session extraordinaire ait reconnu le principe des prix différenciés, convaincue que les pays en développement ne devraient pas acheter les médicaments contre le VIH/sida au même prix que les autres pays.  Le Brésil espère que les industries pharmaceutiques reconnaîtront ce principe et attire, à cet égard, l'attention sur le succès qu'il a remporté avec la mise en place sur Internet d'une banque de données sur les prix des médicaments dans différents pays.  La publicité de ces prix devrait conduire à une hausse de la concurrence et, par conséquent, à une baisse des prix.  


M. DOUGLAS SLATER, Ministre de la santé et de l'environnement de Saint-Vincent-et-les-Grenadines : Les Caraïbes constituent la deuxième région la plus touchée par le VIH/sida dans le monde, après l'Afrique subsaharienne.  Les ressources humaines qui sont déjà faibles sont atteintes par le décès de personnes qui, par leurs compétences, sont difficiles à remplacer.  En outre, le coût de la formation des citoyens est lourd.  Il faut cependant continuer à former la population, avec les ONG qui participent aux programmes d'éducation.  S'agissant du prix des médicaments, l'industrie pharmaceutique doit continuer à faire preuve de bonne volonté en rendant les traitements abordables.  Le Gouvernement de Saint-Vincent-et-les-Grenadines se félicite de la création d'un Fonds mondial pour le sida et la santé et remercie les pays qui se sont engagés à y contribuer.  Dans les Caraïbes, nous sommes fiers d'institutions qui coordonnent les efforts de lutte contre la maladie, telles que la CARICOM.  En conclusion, il faut renforcer les politiques en faveur de cette lutte ainsi que la coopération internationale.


M. AMASONE KILEI, Ministre de la santé de Tuvalu : M’exprimant au nom de mon propre pays et de ceux du Forum des îles du Pacifique, je tiens à indiquer que le VIH/sida a affecté toutes les régions, y la nôtre.  Même si son incidence est relativement faible dans la région du Pacifique, cela ne reste pas moins un sujet majeur de préoccupation en raison du risque élevé de transmission lié à la mobilité croissante des populations de la région.  Cette situation exige une réponse rapide.  Les petits Etats insulaires en développement de la région du Pacifique sont confrontés à des défis spécifiques, résultant du manque de communication et de systèmes de santé et d’éducation surchargés.  L’épidémie est une source supplémentaire de vulnérabilité pour de nombreuses petites îles.  Un grand nombre d’Etats insulaires ont pris des mesures pour faire face à la situation créée par le sida en développant des plans nationaux d’action multisectoriels et d’autres sont sur le point de finaliser leurs projets de programme de lutte contre le VIH/sida.


Les pays membres du Forum des îles du Pacifique se félicitent de la création d’un Fonds mondial de lutte contre le sida.  Pour la région du Pacifique, le temps est un facteur clé.  Nous ne voulons pas que la situation se détériore davantage.  Nous espérons que le Fonds sera aisément accessible et évitera les lourdeurs bureaucratiques.  Le Forum des îles du Pacifique fonde aussi de grands espoirs dans la Déclaration d’engagement.  Nous espérons qu’elle définira des mesures pratiques permettant de créer et de renforcer les capacités de lutte contre le sida des plus vulnérables et, en particulier, des petits Etats insulaires en développement tels que le mien.


M. ABDULMEJID HUSSEIN (Ethiopie) : L’impact de l’épidémie de VIH/sida sur l’économie et la société éthiopienne est considérable.  Au cours de la dernière décennie, plus d’Africains sont morts du sida que de la famine, la guerre et les catastrophes naturelles combinées.  Le défi du VIH/sida est d’une telle ampleur qu’il nous concerne tous.  En Afrique et dans le monde, d’impressionnants efforts ont été déployés pour contenir la pandémie, éduquer les populations à risques et prendre soin des personnes séropositives ou souffrant du sida.  Mais l’incessante propagation du virus nous démontre que ces mesures sont insuffisantes.  Nous devons partir du fait que le sida est une maladie qui infecte et tue les êtres humains tout en étant une catastrophe pour nos sociétés.  Il frappe au point le plus faible de nos sociétés, là où elles sont secrètes, ou hypocrites, ou abusives, ou injustes et par-dessus tout, là où le tissu social a été déchiré par le processus d’appauvrissement économique. 


Les préjudices dont souffre le système immunitaire de nos sociétés et qui ont permis au VIH de se propager jusqu’à la pandémie sont, en premier lieu, la pauvreté et les inégalités.  Dans toute l’Afrique, les personnes les plus pauvres ne savent pas comment se protéger du VIH/sida ou n’ont pas les moyens de s’en protéger.  L’inégalité entre les sexes est un autre de ces éléments.  Le traitement inégal des femmes est au centre de la pandémie de VIH/sida et il est choquant d’apprendre que les personnes les plus exposées au VIH sont les adolescentes.  C’est principalement dû au fait que ces jeunes filles n’ont presqu’aucun pouvoir en ce qui concerne les rapports sexuels.  Elles sont violées, intimidées, forcées, manipulées, ou simplement achetées.  Le VIH/sida ne connaît pas de frontières.  Il sera vaincu par une action collective, ou c’est lui qui nous vaincra. 


M. LAMUEL STANISLAUS (Grenade) : Au vu de la crise mondiale causée par le VIH/sida, les dirigeants se sont mobilisés en organisant des partenariats à tous les niveaux.  La plus grande tragédie se situe dans les familles, spécialement pour les orphelins, les veufs, les veuves et les grands-parents qui doivent à nouveau assumer le rôle de parents, à leur âge avancé.  Avec une population peu nombreuse, Grenade connaît peu de cas officiels, mais cela n'enlève pas sa gravité au problème.  La prévention fait défaut et on manque de traitement et de soins du fait du coût élevé.  Il en est de même pour la coopération.  Le Gouvernement a mis en place un Programme national pour l'éducation, l'information et le conseil, mais il n'y a pas assez de soutien financier.  Il faut s'engager dans le sens de la Déclaration qui a été préparée.  Quant au Fonds mondial, on ne doit ni négliger ni rejeter aucun contributeur potentiel, tel que Taiwan.  Enfin, il faut féliciter ONUSIDA pour son "ABC du sida, prévention et soins", A pour abstinence, B pour fidélité et C pour préservatif.  Les institutions traditionnelles, comme la maison, l'école et l'église, doivent encourager l'abstinence et la fidélité comme mesures de prévention, en particulier auprès des jeunes.


M. AGIM NESHO (Albanie) : Avec 52 cas de sida enregistrés pendant la période 1993-2000, l'Albanie est un des pays où le taux de prévalence du VIH/sida est faible.  Cependant la tendance est à la hausse en raison du jeune âge moyen de la population, du nombre important d'émigrants venant de pays ayant un fort taux de prévalence, le manque d'information sur le sida à l’intention de la population jeune, les déficiences du système de santé en ce qui concerne la prévention et le diagnostic, le chômage et la pauvreté.  L'Albanie a établit une stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida et de sensibilisation.  Cette stratégie a pour objectif d'instaurer un partenariat entre le ministère de la santé et les organisations non gouvernementales.  Dans ce contexte, deux conférences ont été organisées sur les thèmes "Politiques de prévention et de contrôle de l'épidémie de VIH/sida".  De plus, avec l'appui de l'Organisation mondiale de la santé, un programme national de lutte contre le VIH/sida et un réseau de laboratoires et de centres de dépistage ont été créés.  Les objectifs du programme visent à prévenir la propagation de l'épidémie et assurer le diagnostic précoce, le traitement et le soutien des personnes touchées par la maladie et des personnes à risques.  A cette fin, l'Albanie fait reposer cette stratégie sur un fort engagement politique, des mesures préventives, des activités de contrôle, l'encouragement de la recherche et le renforcement du système de soins de santé.  Récemment, un Comité interministériel, véritable Groupe d'experts placé sous l'autorité du Premier Ministre, a été créé.


Mme NAMULAUULU NUUALOFA TUUAU-POTOI, Directrice des services de santé publique de Samoa : Notre population actuelle est de 170 000 personnes dont la moitié a moins de vingt ans.  Le premier cas de VIH/sida a été enregistré en 1990 et depuis lors, un total de 12 cas a été enregistré.  La plupart de ceux-ci ont été transmis lors de rapports sexuels.  Mon Gouvernement a commencé à développer son programme national de prévention et de contrôle du VIH/sida, en 1987, qui visait principalement à provoquer une prise de conscience du public.  Un Conseil national de coordination sur le sida et un Comité technique sur le sida ont ensuite été créés.  La nature multisectorielle du sida et ses implications larges au plan national ont amené divers groupes sociaux à développer une Politique nationale sur le VIH/sida qui a été approuvée au début de cette année.


Pour de petits Etats insulaires en développement comme Samoa, l’impact d’une transmission incontrôlée et rapide du virus du VIH/sida serait catastrophique.  Nous avons une population peu nombreuse et jeune.  Etre confronté à une menace réelle d’extinction est effrayant.  Nous voulons survivre en tant que race jusqu’au prochain millénaire.  Nous voulons voir nos enfants et les générations futures profiter d’un avenir préservé.  Comme d’autres avant nous, nous nous félicitons de la création d’un Fonds mondial pour la lutte contre le sida et la santé.  Un accès en temps voulu au Fonds serait bien venu dans le cadre de nos efforts de prévention et de soins et nous espérons que la faible prévalence du VIH/sida dans la région du Pacifique n’affectera par la mise à disposition d’une aide financière, technique et médicale à notre région.


Mme ASTRID N. HEIBERG, Présidente de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : Le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge protège la vie et la santé.  Il oeuvre pour le respect de l’être humain.  Il soutient les personnes qui sont dans le besoin, sans discrimination.  Nous avons mis trop longtemps à comprendre ce que de tels objectifs impliquent dans le contexte du VIH et du sida.  Pendant de nombreuses années, nous avons cru que les personnes vivant avec le VIH/sida étaient différentes.  Nous avons pensé que le Mouvement comptait 100 000 personnes vivant avec le virus, mais nous avons eu tort.  Tous les 100 millions de volontaires, de membres et de personnels, appartiennent à un mouvement qui vit avec le VIH/sida.  Nous sommes les membres de communautés qui sont ravagées par la plus grande catastrophe humanitaire que le monde connaisse aujourd’hui.  Le travail du Mouvement vise à limiter la propagation du virus, un combat qui sera gagné en travaillant à l’intérieur des communautés.  C’est dans les communautés que nous, les volontaires, aidons les familles et les communautés à prendre soin de leurs membres et que nous promouvons la prévention.  Nos sociétés nationales participent à cet important travail et, l’année dernière, les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge d’Afrique se sont engagées à mobiliser deux millions de volontaires pour lutter contre le virus au cours des dix prochaines années.  Nous nous sommes engagés à réduire les préjugés négatifs associés au VIH/sida.  Les personnes vivant avec le VIH/sida sont des partenaires incontournables dans la lutte contre la propagation du virus, qui est encouragée par la stigmatisation, la discrimination, l’exclusion et la limitation des choix. 


M. JOHN RICHARDSON (Communauté européenne) : L'année dernière en Afrique, il y a eu dix fois plus de personnes décédées du VIH/sida que de morts dans les conflits.  En Europe, nous avons la chance d'être encore en vie à cette période de l'histoire.  C'est donc l'heure de la solidarité mondiale et l'Europe est pleinement engagée pour aller plus loin dans les efforts de lutte à l'égard de l'épidémie.  La Communauté européenne, qui participe aux efforts de prévention depuis 1987, a travaillé récemment à élaborer un programme d'action pour trois maladies contagieuses.  Le partenariat est indispensable, en particulier avec les personnes vivant avec le VIH et avec les ONG.  Il faut aussi faire tomber les obstacles tels que l'ignorance, l'inégalité des sexes, la discrimination, le manque de ressources et d'investissements dans le développement.  Pour atteindre les objectifs du Programme d'action de la Communauté européenne, des investissements plus importants doivent être faits dans le domaine de la santé; le prix des produits et la recherche sur les vaccins doivent faire l'objet d'approches plus innovantes et une plus grande coopération est nécessaire avec l’industrie pharmaceutique dans les pays en développement.  Il est aussi nécessaire d'adopter des normes internationales sur la propriété intellectuelle, en encourageant les investissements dans les nouveaux médicaments.  Il est rappelé, à cet égard, l'accord TRIPS négocié avec l'OMS.  Quant au Fonds mondial pour le sida et la santé, la Communauté européenne se félicite de sa création et est engagée dans les discussions préparatoires pour s'assurer qu'il fonctionnera bien.


M. ROBERT L. SHAFER (Ordre militaire souverain de Malte) : L’ONU est la seule instance capable de coordonner à l’échelle internationale les initiatives adéquates à prendre dans la lutte contre le sida.  Il est essentiel de développer les soins médicaux de base et le dépistage au niveau local, de mettre à la disposition des malades des médicaments à prix réduits, d’augmenter l’assistance technique et financière pour les institutions locales, nationales et internationales de lutte contre le sida, de mettre en place un système de prévention et de recherche soutenu par les législations nationales et centré sur l’élaboration d’un vaccin.  En outre, toutes les mesures législatives en matière  de lutte contre le sida doivent être accompagnées d’une éducation de la population axée sur les valeurs traditionnelles morales, l’abstinence et les soins à apporter.  La question soulevée par l’augmentation sensible du nombre d’orphelins doit, par ailleurs, être considérée comme une priorité par les programmes de santé nationaux et internationaux.  Enfin, dans la mesure où les ressources allouées à la lutte contre le sida sont encore insuffisantes, il est indispensable de mettre au point des stratégies mondiales programmées et coordonnées avec le soutien de tous dans le processus de prise de décisions.


M. NDIORO NDIAYE (Organisation internationale pour les migrations - OIM) : Les migrants contraints de quitter leur foyer pour échapper aux conflits, à la violence sociale, à la répression et aux persécutions ou qui sont à la recherche d’une vie meilleure sont des populations particulièrement vulnérables au virus du sida.  La solitude, rarement évoquée comme facteur de vulnérabilité, est un facteur supplémentaire de transmission dans la mesure où il est plus facile pour les migrants de consommer de l’alcool et d’avoir des rapports sexuels avec des prostituées.  Certains n’ont en outre pas d’autre choix que de vendre leurs charmes pour subvenir à leurs besoins et le fait d’avoir été enrôlé dans des réseaux de prostitution par des trafiquants est sans doute l’un des facteurs de vulnérabilité les plus conséquents face au sida.  Pour faire face à ce problème, les gouvernements, les organisations non gouvernementales et aussi des groupes de migrants s’efforcent de réduire les risques de contamination et de favoriser l’accès aux soins et aux structures d’aide.  L’OIM organise, par exemple, en Afrique du Sud des tournois de football pour sensibiliser les migrants et des liens ont été noués entre les clubs, une ONG et les dirigeants des communautés de migrants.  Cependant, les projets nationaux sont insuffisants et il faut encourager les initiatives régionales à l’intention des populations mobiles et notamment recueillir des informations plus substantielles afin d’aider les planificateurs et les décideurs à plaider pour l’adoption de programmes d’action, de former des personnes susceptibles de mettre sur pied de tels programmes et de créer des centres régionaux spécialisés.  Le problème du sida et de la mobilité des populations est un problème mondial et, à cet égard, l’OIM se réjouit de la création du Fonds mondial pour la santé et contre le sida.


Mme BURKE DILLON, Vice-Présidente exécutive de la Banque interaméricaine de développement : La Banque interaméricaine de développement (BID) est un partenaire engagé dans les efforts internationaux visant à stopper la propagation du VIH/sida.  En mars, cette année, au Sommet des Amériques à Québec, nos chefs d’Etats sont tombés d’accord pour dire que le VIH/sida est une menace à la sécurité de la région et ont réaffirmé leur volonté de combattre la maladie et ses conséquences.  La BID peut faciliter le dialogue régional sur le VIH/sida, fournir une aide technique et consentir des prêts.  Elle peut rassembler les gouvernements, les ONG, les réseaux des «People Living with AIDS», le monde du travail, les leaders religieux et le secteur privé.  Nous travaillons avec la plupart de ces groupes régulièrement et pouvons faciliter le dialogue aux niveaux local et national.


Toutefois, en tant que banque de développement, notre principal apport à la lutte contre le sida s’effectuera par l’aide technique et les prêts.  Nous pouvons consentir des prêts aux termes très préférentiels pour les pays les plus pauvres.  La BID peut procéder à des levées de fonds auprès de donateurs et travailler en coordination avec ONUSIDA dans cette approche.  Nous voulons travailler en collaboration avec les autres institutions afin d’éviter les doubles emplois. 


Mme ROSEMARIE PAUL, Directrice du Département de la santé du Secrétariat du Commonwealth : Le VIH/sida est sans conteste un défi commun, peut-être le plus grand que les 54 Etats membres du Commonwealth aient jamais affronté.  Ils représentent environ 30% de la population mondiale mais portent une part hors de proportion du fardeau du VIH/sida, à savoir 60% des séropositifs.  En 1999, les chefs d’Etat du Commonwealth réunis à Durban ont déclaré le VIH/sida urgence mondiale et appelé tous les secteurs à mettre en place une réaction cohérente et concertée.  Depuis cette réunion, ils ont travaillé de concert avec les différentes instances du Commonwealth pour réunir des ressources supplémentaires dans la lutte contre le VIH/sida. 


M. JIMMIE RODGERS, Directeur général adjoint de la Communauté du Pacifique, Forum des îles du Pacifique : Comme d’autres délégations participant à la session extraordinaire sur le VIH/sida, nous sommes venus ici avec de grands espoirs.  Nous nous félicitons de la création du Fonds mondial pour la lutte contre le sida et la santé.  Nous espérons que l’équité basée sur le mérite constituera un critère d’accès à ce Fonds.  L’ampleur et la taille de l’épidémie ne devrait pas être le seul facteur déterminant d’accès au Fonds.  Les critères devraient également retenir la capacité à stopper l’épidémie et à l’empêcher de se propager d’un pays à l’autre.  Les fruits de la Déclaration d’engagement que nous allons


adopter, ne se vérifieront que dans l’action.  C’est l’espoir des pays en développement de voir les paroles se traduire par des actes.  Cela a pris vingt ans pour que l’épidémie du VIH/sida soit placée à la tête de l’ordre du jour politique mondial.  La seule chose qui pourrait être pire que l’épidémie serait l’inaction de la communauté internationale.


M. JUAN SOMAVIA, Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT) : Le VIH/sida n’est pas qu’une question de santé publique, c’est une question qui touche le monde du travail, un défi au développement et une vaste source d’insécurité.  C’est pourquoi, pendant le mois de janvier 2000, le Conseil de sécurité a pris la décision sans précédent d’examiner la question du VIH/sida, suite à quoi il est arrivé à la conclusion que l’épidémie constitue une menace contre la sécurité humaine, aux niveaux national et international.  L’engagement de l’OIT d’être un partenaire face à ce défi découle de son mandat social pour ce qui a trait aux droits dans le cadre du travail.  Il est également dû à la menace que représente le VIH/sida pour les objectifs premiers que l’OIT s’est fixés, à savoir fournir aux hommes et aux femmes un travail convenable et productif, dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité humaine. 


Pour répondre à ce défi, nous avons commencé par développer un Code de conduite sur le VIH/sida et le monde du travail, adopté à l’unanimité par notre organe directeur le 22 juin dernier et lancé officiellement ce lundi lorsqu’il a été transmis au Secrétaire général des Nations Unies.  L’OIT a également décidé de devenir partenaire d’ONUSIDA. Le Code de conduite est le fruit d’un consensus entre gouvernements, employeurs et représentants des travailleurs des 175 Etats Membres de l’OIT.  Il présente une approche équilibrée des problèmes de discrimination, de confidentialité, des indemnités, soins et traitements ainsi que d’autres questions concernant le VIH/sida dans le cadre du travail.  Au niveau de l’entreprise, le VIH/sida implique une perte de revenus, de savoir-faire et de marchés car les consommateurs sont aussi touchés.  Le nouveau programme de l’OIT sur le VIH/sida est un début.  La prochaine étape sera la préparation d’un manuel sur l’information, l’éducation et la communication en vue d’appuyer l’application du Code de conduite. 


Mme ANNA KAJUMULO TIBAIJUKA, Directrice exécutive du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT) : La session extraordinaire qui s'est tenue au début du mois à New York, portant sur l'examen de la mise en oeuvre du document issu de la Conférence Habitat II, a adopté une Déclaration sur les villes et les autres établissements humains pour le nouveau millénaire qui, parmi d'autres dispositions, prévoit d'intensifier les efforts aux niveaux national et international à l'égard de la lutte contre le VIH/sida, en particulier formuler et mettre en oeuvre des politiques appropriées.  La Déclaration reconnaît l'importance du rôle des abris et logements, ainsi que des conditions de vie, dans la prévention, les soins et le traitement du VIH/sida.  Les conditions de vie des pauvres mettent en danger la sécurité et les efforts de promotion du respect de soi, de la dignité humaine et des comportements sexuels responsables.  Il y a aussi la question des migrants qui se trouvent souvent dans des situations précaires et qui n'ont pas d'appui social, ce qui crée des conditions parfaites pour la transmission du VIH/sida.  Les villes peuvent cependant fournir des occasions pour l'information, l'éducation et la prévention.  A l'Université de Columbia, une étude récente a démontré que les personnes marginalisées peuvent assimiler les thérapies quand elles ont un logement. Le fait de ne pas avoir de logement, en revanche, est un obstacle à la fourniture des services et à la santé en général.  Dans la ville de New York, une organisation à but non lucratif fondée en 1983, Bailey House, procure aux personnes vivant avec le sida un lieu de vie sûr et permanent, une alimentation équilibrée et autre soutien afin qu'elles optimisent leur santé et leur qualité de vie.  Suivant cet exemple, les pays développés doivent assurer le développement des systèmes de logement pour les personnes sans abri.  Les réalités économiques, sociales et culturelles dans les pays les plus touchés exigent des campagnes sur les comportements sexuels responsables, un dépistage et la disponibilité des médicaments antirétroviraux.  HABITAT est prêt à jouer son rôle dans le suivi de cette session extraordinaire.


Mme THORAYA OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population : La pandémie du VIH/sida a détruit des générations de travailleurs et créé des générations d'orphelins.  Il faut lutter contre les préjugés d'antan et nous devons nous mobiliser en établissant des liens culturels entre nous.  Le FNUAP, partenaire d’ONUSIDA, insiste sur la prévention.  Nous aidons les pays à fournir des informations sur la santé génésique et des conseils de prévention contre le sida.  Les femmes sont particulièrement victimes de l'épidémie et il faut les responsabiliser pour qu'elles sachent dire non.  Il faut aussi toucher les jeunes qui doivent adopter  un comportement sexuel responsable, afin qu'ils donnent eux même une éducation à leurs enfants.  L'environnement nous impose de dissiper tout ce qui peut les induire en erreur, sans avoir peur de diffuser des informations sur la vie sexuelle, afin qu'ils prennent les dispositions qui s'imposent pour se protéger.  Nous avons obtenu une aide de la part de fondations pour financer des programmes d'information dans quatre pays africains.  Nous espérons que notre stratégie en matière de santé génésique permettra aux pays de mettre en oeuvre des mesures à cet égard.  La Déclaration d’engagement qui va être adoptée doit se traduire par des actions concrètes.


M. MARK MALLOCH-BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : Nous avons entendu, cette semaine, les statistiques selon lesquelles on estime maintenant à plus de 36 millions de personnes vivant avec le VIH/sida et, dans les régions du monde les plus touchées, plus d’un adulte sur quatre en est infecté.  Mais, compte tenu des incertitudes des prévisions, nous ne sommes pas très sûrs de ce qui nous attend si la maladie n’est pas contrôlée: des niveaux d’infection atteignant des centaines de millions de personnes, une génération sans parents, l’effondrement d’économies avec des effets comparables à l’esclavage, la génération économiquement productive disparaissant pour donner lieu à des sociétés de grands-parents et d’enfants.  C’est pour cela que, cette année, le monde doit se mettre sur le pied de guerre.


Sous la direction du Secrétaire général, le PNUD est totalement engagé dans l’effort entrepris pour parvenir à des résultats réels et mesurables.  Le Programme fait porter ses efforts sur ce qui constitue son avantage compétitif en tant que principale institution des Nations Unies dans le domaine du développement et partenaire et conseiller auquel les pays en développement accordent leur confiance.  Cela signifie qu’il doit relever le défi de la bonne gouvernance en mobilisant des acteurs bien au-delà du domaine de la santé, en développant des plans nationaux et en remplissant des fonctions de coordination au plus haut niveau des gouvernements.


Nous ne pouvons pas ignorer la tragédie dans nos propres rangs.  Il est estimé qu’au moins 3 000 membres du personnel des Nations Unies et leurs familles vivent actuellement avec le sida et dans les pays les plus affectés, les visites à l’hôpital et les obsèques font partie de la vie de tous les jours.  Me trouvant à la tête du PNUD, je m’efforce d’assurer aux membres du personnel local et international l’accès aux derniers traitements antirétroviraux, quel que soit le lieu de leur affectation.


Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) : Cette semaine, pour la première fois, tous les gouvernements du monde se sont réunis en un seul bloc pour s’attaquer à la plus grande crise de notre temps.  La table ronde qui s’est tenue, en ce dernier jour de la session extraordinaire de l’Assemblée générale, était consacrée à l’évaluation de l’attention que la communauté internationale accorde aux dimensions sexospécifiques du VIH/sida et à déterminer quelles mesures supplémentaires permettraient de rendre plus efficace la lutte contre la pandémie.  En ce qui concerne les femmes et les filles, la réunion est parvenue à quatre grandes conclusions.  Premièrement, il est aujourd’hui incontesté que les femmes et les filles sont davantage exposées au VIH/sida et que la pandémie affecte davantage la vie et l’avenir des femmes.  Deuxièmement, il est plus largement compris que les inégalités entre les sexes et les rapports de force déséquilibrés entre femmes et hommes dans toute société rendent les femmes plus vulnérables aux infections et leur font porter un fardeau plus lourd lorsque le VIH/sida s’introduit dans leurs foyer et communauté.  Le monde s’aperçoit progressivement qu’à cause de leur sexe, les femmes et les filles ont un accès limité aux informations sur le virus, à la prévention, aux traitements, soins, soutien, biens et services.  Troisièmement, en dépit d’une conscience accrue du fait que le sexe auquel on appartient joue un rôle agressif et prédominant dans la propagation du virus et l’aggravation de son impact, cette prise de conscience ne débouche pas toujours sur un engagement actif.  Enfin, le projet de Fonds mondial est en voie d’être mis en place.  Il représente une occasion de changer les choses en incluant les femmes à son établissement, puis en ce qui concerne la participation et la prise de décision.  Il faut aussi reconnaître que le VIH/sida a des effets différents sur les femmes et sur les hommes. 


Mme BEATRICE WERE (International Community of Women Living with HIV/AIDS) : De nombreux dilemmes se posent aux femmes vivant avec le sida, car elles sont amenées à prendre des décisions très difficiles, comme celle d’avoir ou non des enfants.  La majorité des femmes atteintes du sida se demandent aussi si elles doivent allaiter leurs enfants, au risque de subir l'opprobre.  Une personne qui n'a pas d'appui et qui n'est pas acceptée peut constituer un grand fardeau, tandis que celle qui reçoit un soutien est utile pour la société.  Les femmes doivent être associées à tous les stades des décisions de mise en oeuvre des mesures les concernant.  Il s'agit de la vie de millions de femmes qui luttent cruellement avec cette maladie.  Nous invitons cette assemblée à faire des engagements une réalité et nous comptons sur les efforts du Secrétaire général.


Mme GEETA RAO GUPTA (International Center for Research on Women) : La session extraordinaire et la pandémie du VIH/sida nous ont appris cinq choses sur lesquels nous devons fonder en priorité notre action.  Nous avons appris que la prévention, le traitement et les soins se complètent et renforcent la lutte contre la maladie.  Nous devons alors les renforcer au bénéfice de tous, quels que soient la nationalité, la religion, le sexe, l'âge, l'orientation sexuelle ou l'ethnicité.  Nous avons également appris que l'inégalité entre les sexes est mortifère.  Nous devons redoubler d'efforts pour protéger les droits des femmes et leur intégrité physique, pour réduire le fossé qui existe entre les sexes pour ce qui est de l'accès à l'éducation, pour améliorer la situation économique des femmes, pour rendre disponibles les préservatifs féminins à des prix abordables et faire des microbicides une réalité.  L'épidémie nous a appris que nous ne pouvons pas nous réfugier derrière le silence à propos du sexe.  Les définitions des sexualités féminine et masculine ont un impact sur la vulnérabilité des hommes et des femmes au VIH/sida.  Le respect de normes sociétales, concernant les hommes ou les femmes, peut entraîner l'adoption de comportements à risques.  Les préjugés alimentent l'épidémie.  Nous ne pouvons plus laisser une moralité déplacée aller à l'encontre de la santé.  L'épidémie nous a également appris que les adultes, les dirigeants et les experts doivent tous faire en sorte de libérer la jeunesse et nos enfants de l'épidémie.  Nous devons nous résoudre à leur fournir un libre accès à l'information et aux ressources.  Enfin, nous avons appris que pour lutter contre l'épidémie nous devons collaborer, coopérer et partager nos ressources.  L'expérience des organisations communautaires a autant de valeur que les ressources des gouvernements donateurs.  Nous devons être responsables et agir de manière responsable.  Nous devons être honnêtes et accepter les compromis.  C’est une épidémie qui nous concerne directement.  Nos actions doivent être à la hauteur de l'engagement que nous prenons dans la Déclaration et respecter les principes de non discrimination, de respect mutuel, d'humilité et de compassion.


M. JAVIER HOURCADE BELLOCQ, Secrétaire général du Latin American Network of People Living with HIV/AIDS : Beaucoup d’améliorations ont été apportées entre le premier avant-projet de déclaration et celui qui a été retenu.  Toutefois, beaucoup de notions ont été omises, ce qui a été souligné par d’autres délégations,  et cela se traduit par une déclaration affaiblie.  Des milliers d’êtres humains restent en marge pour ne pas affecter la sensibilité de certains pays membres.  Il faut maintenant donner vie à ce document et nous verrons en 2003, 2005 et 2010, si nous avons réussi ou si nous devons faire un nouveau constat d’échec.  Les personnes affectées par le sida sont disposées à participer à cet effort.  Cela n’est possible que si  la honte qui les entoure est levée.  Nous continuerons à appuyer ceux qui s’efforcent de faire la différence et d’avoir un réel effet sur nos vies.  Nous faisons partie de la solution.


M. WILLIAM ROEDY, Président de MTV Networks International et du Global Business Council on HIV/AIDS : Le secteur des affaires possède une force unique dans la lutte contre le VIH/sida grâce à sa capacité de direction, son pouvoir d’influence mondial et local, sa connaissance du marché, son savoir-faire en matière de communication, ses contacts avec les médias et ses réseaux de distribution, entre autres.  Très simplement, nous pouvons atteindre tous les êtres humains de la terre.  En outre, le VIH/sida affecte quotidiennement le monde des affaires, et le fait de plusieurs manières.  Chaque entreprise doit agir en fonction de sa taille, de sa clientèle et de ses moyens.  Nous devons utiliser nos réseaux mondiaux et nous rassembler au sein de conseils nationaux d’entrepreneurs.  Les membres du Global Business Council souhaitent également établir des partenariats avec chaque gouvernement.  Les gouvernements ont un pouvoir d’action inestimable car ils peuvent donner leur aval aux initiatives que nous prenons, parmi lesquelles des programmes mis en place sur le lieu de travail et les conseils nationaux d’entrepreneurs.  Le plus important est de passer à l’action, de se lancer, et c’est la spécialité du monde des affaires. 


M. GIDEON BYMUGISHA, Commission des Eglises pour les affaires internationales du Conseil oecuménique des églises : Nombreux sont ceux, dans les églises, qui sont affectés ou infectés par le VIH/sida.  La dignité de chaque personne humaine est le fondement de la réaction que nous devons avoir.  Il faut encourager la solidarité en refusant toute forme de stigmatisation.  Toute personne vivant avec le VIH/sida doit être acceptée et il appartient aux églises d'agir en ce sens.  Les femmes doivent faire l'objet d'une attention particulière en ce qui concerne le traitement.  Par respect pour la vie, des méthodes avérées pour prévenir la contamination doivent être adoptées, comme l'abstinence - qui permet d'éviter des relations sexuelles trop précoces -, la fidélité et l'utilisation des préservatifs.  Les églises sont prêtes à travailler en collaboration avec ceux qui luttent contre le fléau.  La présente session extraordinaire devrait permettre de renforcer la collaboration souhaitée.  Un document de la Commission qui a été distribué consiste en une déclaration commune des organisations fondées sur la foi.  La Commission ne peut pas prétendre parler au nom de toutes les religions, mais continuera à se battre pour la dignité des hommes.


M. N. M. SAMUEL, Membre du Conseil de l’International Aids Society : Nous devons mettre fin à la propagation du VIH/sida en utilisant les connaissances scientifiques qui sont déjà à notre disposition.  La prévention doit s’apparenter aux soins.  Ces vingt dernières années, nous nous sommes concentrés sur la prévention uniquement dans les scénarios concernant les pays en développement mais cette prévention devrait désormais inclure des soins.  Mettre à la disposition des individus infectés les médicaments que nous possédons est un droit humain fondamental.  Nous devons allouer des ressources supplémentaires aux soins à l’intention des personnes contaminées.  Nous devons utiliser les stratégies disponibles aujourd'hui pour interrompre la transmission du VIH.  Les médicaments antirétroviraux sont le seul outil à notre disposition et ils jouent un rôle très important dans la réduction de la transmission du virus et l’amélioration de la vie des hommes, femmes et enfants.  Le besoin d’explorer les stratégies de traitement alternatif adaptées aux pays en développement est urgent.  Mais il est également urgent de ne pas attendre de parvenir à un cas de figure parfait pour commencer à administrer des traitements.  Une autre nécessité est de former le personnel sanitaire, y compris les médecins, les infirmières, le personnel des laboratoires et les infirmières des villages.  Nous devons tous nous engager à traduire notre savoir-faire en action. 


M. RICHARD BURZYNSKI, Directeur exécutif de l’International Council of AIDS Service Organizations (ICASO) : Dans la coordination de la présente session, ICASO a joué un rôle important, car nous croyons que ce que dit et accomplit l'Assemblée générale est crucial dans la lutte mondiale contre le VIH/sida.  Nous devons nous adresser directement aux groupes les plus vulnérables, en les éduquant à la prévention et en leur fournissant soins et traitements.  Il s'agit notamment des hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes, des toxicomanes utilisant des drogues injectables et leurs partenaires sexuels, ainsi que des travailleurs sexuels et leurs clients.  Les croyances religieuses et les pratiques culturelles ne doivent pas ralentir les progrès qui ont déjà été accomplis dans ce domaine.  Par ailleurs, s'agissant des ressources, les gouvernements doivent les mobiliser par les moyens qu'ils choisissent.  Si c'est à travers le Fonds mondial,


il faudra s'assurer que les fonds atteignent bien les communautés qui en ont le plus besoin.  Enfin, en ce qui concerne la Déclaration d’engagement qui doit être adoptée, ICASO l'utilisera pour appeler à des meilleures politiques afin d'aboutir à des programmes plus efficaces à tous les niveaux.  Nous serons les partenaires des gouvernements pour mener les actions découlant de cette Déclaration.


Mme DULCE MARIA PEREIRE (Communauté des pays lusophones) : Le sida n’est plus un problème qui concerne seulement certains groupes à risques, ses conséquences sont désormais mondiales et ont un impact sur l’économie des pays et, en particulier sur leurs niveaux de productivité.  La Communauté des pays lusophones déploie des efforts afin de lutter contre ce fléau, notamment par le biais d’un projet pilote qui doit aboutir en juillet prochain à la signature d’un accord multilatéral.  Parmi les mesures proposées, on peut souligner la recherche de solutions pour la production et l’acquisition de médicaments antirétroviruax à prix abordables, le développement d’un accès facilité au dépistage, le renforcement des mesures nationales de prévention et d’information.  L’amélioration de la politique de lutte contre le sida a été définie comme une priorité dans la déclaration de Maputo.  On peut noter, entre autres mesures, la marche organisée par le Président du Mozambique, la lutte contre le sida définie comme priorité par le Président de l’Angola la coordination d’une série de débats pour l’introduction rapide de programmes nationaux de lutte contre la maladie par le Président du Portugal, l’engagement du Président du Brésil de favoriser les transferts de technologies et celui des Présidents de Guinée-Bissau, Sao-Tomé-et-Principe et du Cap-Vert d’organiser des plans d’action nationaux.  Pour sa part, l’organisation des pays lusophones a reçu le soutien de spécialistes de la santé, de la famille et des femmes ainsi que des représentants de l’ONUSIDA et l’UNICEF. 


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