A l’occasion de la Journée internationale de la femme, deux hauts responsables des Nations Unies ont exhorté mardi le monde entier à lutter en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes, notamment dans la perspective de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Observée chaque année le 8 mars, la Journée internationale de la femme est l’occasion de dresser le bilan des progrès réalisés sur la question de l’autonomisation des femmes et d’appeler à des changements pour lutter contre l’inégalité entre les sexes.

Le thème de cette édition 2016 de la Journée met l’accent sur les moyens d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre 2015, notamment l’Objectif de développement durable (ODD) n°5, sur l’égalité entre les sexes, et l’ODD n°4, sur l’éducation de qualité pour tous.

« Dans les régions pauvres du monde, encore aujourd’hui, les femmes risquent de mourir en couches, alors même que la mortalité maternelle fait partie des nombreux dangers évitables », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans un message publié à cette occasion. « Des bébés de sexe féminin subissent encore trop souvent des mutilations génitales. Des filles sont attaquées sur le chemin de l’école. Des corps de femmes deviennent des champs de bataille pendant les guerres. Des veuves marginalisées s’appauvrissent ».

Le Secrétaire général a déclaré que la seule façon de résoudre ces problèmes, est de donner aux femmes les moyens de devenir des agents du changement.

« Pendant plus de neuf ans, j’ai appliqué cette philosophie aux Nations Unies », a salué M. Ban, ajoutant avoir brisé un grand nombre de tabous passéistes concernant les femmes, notamment en désignant la première femme commandante d’une force de l’ONU et en faisant en sorte que les femmes soient mieux représentées au plus haut niveau de l’Organisation.

M. Ban a souligné que les femmes sont désormais présentes dans les équipes dirigeantes des structures onusiennes en charge de la paix et de la sécurité, domaine, a-t-il ajouté, qui était autrefois l’apanage exclusif des hommes.

« Lorsque je suis arrivé à l’ONU, aucune femme ne dirigeait une mission de paix sur le terrain. Aujourd’hui, un quart des missions de paix de l’ONU sont dirigées par des femmes ; c’est loin d’être suffisant, mais cela constitue déjà un grand progrès », s’est-il félicité.

« J’ai signé près de 150 lettres dans lesquelles j’ai nommé des femmes à des postes de Sous-secrétaire générale ou de Secrétaire générale adjointe », a encore mentionné le chef de l’ONU, ajoutant que « pour remettre le monde d’aplomb, il faut d’abord commencer par son propre cercle ».

M. Ban a rappelé que lorsqu’il a pris ses fonctions de Secrétaire général, neuf parlements dans le monde ne comptaient aucune femme dans leur enceinte.

« Nous avons aidé à réduire ce chiffre à quatre. J’ai lancé en 2008 la campagne ‘Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes’ ; aujourd’hui, nombre de chefs d’État et de gouvernement et de ministres, ainsi que des centaines de parlementaires et des millions de personnes ont adhéré à cet appel à l’action », a-t-il salué, rappelant le rôle important que les femmes sont amenées à jouer pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le chef de l’ONU a également mentionné avoir été à l’avant-garde du combat contre les mutilations génitales féminines, aussi bien au sein des instances dirigeantes de l’ONU qu’au travers de ces entretiens avec les dirigeants du monde entier.

« En cette Journée internationale de la femme, je continue d’être scandalisé par le déni des droits des femmes et des filles, mais je suis encouragé par l’action des personnes, partout dans le monde, qui savent que l’autonomisation des femmes fera avancer la société », a indiqué M. Ban. « Consacrons des fonds suffisants, sensibilisons courageusement l’opinion et manifestons une volonté inébranlable, pour parvenir à une plus grande égalité des sexes dans le monde ».

Dans un message également rendu public pour cette Journée, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, a de con côté appelé à inclure davantage les femmes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, lance un appel ‘Pour un monde 50-50 en 2030’. Credit : Centre d’actualité de l’ONU

« L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont invoquées de manière convaincante dans ce Programme, en tant que facteurs indissociables du progrès », a souligné Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka.

La Directrice exécutive a aussi rappelé qu’un des ODD vise tout particulièrement à mettre fin à la discrimination et à la violence à l’égard des femmes et des filles.

« Grâce à ces expressions sans précédent de volonté politique, le compte à rebours menant à une réelle égalité des sexes en 2030 doit commencer », a déclaré Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, en référence notamment à l’initiative lancée par son agence ‘Pour un monde 50-50 en 2030’.

La Directrice exécutive a insisté sur la nécessité d’une participation accrue des femmes à la mise en œuvre inclusive du Programme de développement, notamment au sein des organes décisionnels.

« Les femmes et les filles ont une contribution cruciale à apporter dans la recherche de solutions durables aux défis de la pauvreté, de l’inégalité et du relèvement des collectivités les plus durement touchées par les conflits, les catastrophes et les déplacements », a déclaré Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka. « Elles sont les plus exposées à de nouvelles épidémies menaçantes, comme la maladie à virus Zika, ou à l’impact des changements climatiques. Dans le même temps, elles constituent un rempart de protection pour leur famille, elles travaillent pour la paix et assurent une croissance économique durable et une évolution sociale ».