MISSION PERMANENTE D'OBSERVATION

DE LA SUISSE AUPRÉS DES NATIONS UNIES

 

Seul le texte prononcé fait foi

 

LES FEMMES EN L'AN 2000

EGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX

POUR LE XXIE SIECLE »

 

Vingt‑troisième Session eztraordinaire de l'Assemblée générale

 

DECLARATION

 

de

 

S. E. la Secrétaire d'Etat Patricia SCHULZ

Directrice du Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes

 

New York, le 9 juin 2000

 

 

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

 

C'est avec des sentiments très partagés que je prends la parole, presque au terme de cette session. La tristesse, la perplexité, la joie et l'espoir se mêlent en moi. Nous avions une chance dans ce processus de Pékin+5, avons‑nous réussi à la saisir ou l'avons‑nous gaspillée?

 

La tristesse tout d'abord : Cinq ans après Pékin, certains des points clés sont toujours autant contestés, notamment pour tout ce qui touche à l'autonomie de décision des femmes et au respect de leurs droits humains. Nous avons eu beaucoup de peine à trouver les compromis nécessaires : nous n'avons pas toujours réussi, nous ne nous sommes souvent pas compris. Malgré les décisions prises avant la session extraordinaire, certains ont tenté de rouvrir le Programme d'action, de revenir en arrière par rapport à nos engagements de Pékin. Et pourtant, les problèmes anciens demeurent et de nouveaux problèmes sont apparus qui exigent une action accrue de notre part à tous : les femmes ne disposent toujours pas du plein respect de leurs droits humains; la violence sous toutes ses formes, se révèle, dans la banalité et l'horreur de la violence domestique comme dans la banalité et l'horreur de la violence du trafic des êtres humains, ou dans la banalité et l'horreur des conflits qui déchirent tant de régions. Le HIV Sida frappe tous les continents et ravage tout particulièrement la population jeune de l'Afrique, détruisant son futur. La globalisation et les nouvelles technologies présentent des chances et des risques. Malheureusement, nous n'avons pas encore trouvé les moyens pour en minimiser les risques et faire en sorte que les femmes profitent davantage des chances offertes, toutes les femmes et pas seulement une minorité de privilégiées dans les pays du Nord. La pauvreté continue à avoir trop souvent un visage féminin et les stratégies pour lutter contre elle ne sont, de loin, pas suffisantes. Partout, les femmes participent trop peu aux prises de décisions: leur absence ou leur sous‑représentation dans tous les lieux de pouvoir implique l'absence ou l'insuffisance de prise en considération de leurs besoins et de leurs intérêts. Les mécanismes institutionnels chargés de soutenir la réalisation de l'égalité, quand ils existent, continuent en général à manquer des moyens nécessaires.

 

J'en viens maintenant à mon deuxième point, la perplexité. Perplexité devant les efforts considérables qui ont été investis dans ce processus de Pékin+5 et devant les réponses reçues. Est‑ce que cela valait la peine ? A Pékin, nous avions adopté un programme exigeant et visionnaire. Est‑ce que nous le complétons suffisamment avec les deux nouveaux documents négociés ici ? Est‑ce suffisant surtout concernant les actions à entreprendre, et je dirai tout particulièrement les actions visant les problèmes actuels entravant la mise en oeuvre intégrale de la Déclaration et du Programme d'action ? Pour nous, il était clair que nous ne pourrions rien accepter qui soit en retrait par rapport à Pékin. C'était le minimum, nous l'estimons atteint, mais qu'en est‑il de nos autres attentes, et de celles de tant d'organisations non gouvernementales qui ont suivi nos travaux ?

 

C'est après ces questions que je voudrais parler maintenant de la joie, de la joie malgré la tension et la fiustration qui ont caractérisé bien des heures passées daps ce bâtiment. Nous aeons appris dans les exposés présentés en Assemblée générale, Bans les activités parallèles mais aussi et surtout dans les rencontres et les discussions menées lors des négociations, tout ce qui s'est fait depuis 5 ans. Ici, l'accent a été mis sur la lutte contre la violence, là sur la formation des filles et des femmes, ailleurs encore, sur la participation politique, ou professionnelle. Certes, ce n'est jamais assez, mais c'est ce que nous aeons fait, et que nous partageons. C'est aussi ce partage qui nous a permis de chercher et souvent de trouver des solutions de compromis dépassant les frontières des groupes traditionnels de négociation. Et c'est l'ONU, forum universel irremplaçable, queues que soient les difficultés dune négociation, qui nous permet cet indispensable partage.

 

Je voudrais Emir sur l'espoir, bien sûr. Nous allons repartir, toutes et tour, vers nos pays, nos organisations, nos institutions. Nous allons nous retrouver, chacune et chacun, face à nos réalités propres, mais pas isolés. Nous aeons one expérience en common, nous aeons des contacts, des réseaux, nous pouvons bénéficier des expériences des uns et des autres, nous pouvons accéder à des informations communes, nous aeons des noms et des visages, et surtout, nous aeons réaffirmé l'engagement common pris à Pékin. Nous savons que l'engagement pour l'égalité entre femmes et hommes est au centre de tout engagement pour la justice sociale, au centre de toute réalisation de la justice sociale, au centre de la lutte pour la paix et contre la pauvreté. Cet engagement demeure difficile, exige un travail patient, souvent ingrat et invisible. Il est clair que nous ne pouvons mener à bien ce travail sans collaborer étroitement avec les organisations non gouvernementales. Elles aussi ont leurs réseaux, leurs noms et leurs visages, et elles utilisent les nouvelles technologies pour devenir toujours plus efficaces. Elles accomplissent leurs activités, leurs programmes et ne cessent de nous rappeler à nos responsabilités en exigeant de nous, les gouvernements, que noun soyons fidèles aux engagements que nous aeons pris. Nous tenons à les remercier ici de leur infatigable engagement. Puissent la Déclaration et le Programme d'action adoptés à Pékin, complétés par la déclaration politique et le document final que nous venons de négocier nous inspirer tous pour les prochaines années. Nous savons qu'une véritable politique de l'égalité ne s'improvise pas: elle exige des compétences précises, des instruments permettant de mesurer si les actions entreprises sont efficaces, et avant tout elle exige une volonté politique claire afin de passer des paroles aux actes. C'est notre espoir, mais surtout c'est notre responsabilité d'y parvenir.

 

Je vous remercie.