TOGO
DÉCLARATION DE
SON EXCELLENCE MONSIEUR KOFFI PANOU
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION
57ème SESSION ORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE
GENERALE DES NATIONS UNIES
NEW YORK, LE 15 SEPTEMBRE 2002
Monsieur le Président,
La préservation de la paix et de la sécurité internationales,
la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, l'éradication de
la pauvreté partout dans le monde, la promotion d'un développement
durable, l'instauration d'un ordre international plus juste et plus humain,
tels sont les défis que nous nous efforçons de relever, essentiellement
à travers ce cadre irremplaçable qu'est l'Organisation des Nations
Unies.
Nous voici, une fois encore, réunis pour dégager des perspectives
nouvelles à la lumière de l'évolution de la situation internationale
en vue de donner un nouvel élan à nos actions en nous mobilisant
autour d'objectifs communs à atteindre.
Monsieur le Président,
Avant de poursuivre mon propos, permettez-moi de vous adresser, au nom de la
délégation togolaise et en nom propre, nos très vives et
chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence
de la 57ème session de l'Assemblée générale de l'Organisation
des Nations Unies.
Votre élection à cette haute fonction est un hommage rendu non
seulement à votre personne, mais aussi à votre beau pays.
Je puis vous assurer de la pleine coopération de la Délégation Togolaise dans l'accomplissement de votre mandat.
Je voudrais saisir l'occasion pour exprimer à votre prédécesseur
toute notre reconnaissance pour l'efficacité avec laquelle il a dirigé
les travaux de la précédente session.
A Son Excellence Monsieur Kofi ANNAN, Secrétaire Général
de l'Organisation des Nations Unies, qui oeuvre inlassablement à la consolidation
de la paix et de la sécurité dans le monde, nous renouvelons notre
haute appréciation pour son engagement et son dévouement.
Je voudrais enfin féliciter la Suisse et Timor Oriental pour leur admission
dans la grande famille de l'Organisation des Nations Unies.
Monsieur le Président,
La démocratie, le respect des libertés fondamentales et des droits
de l'homme, la bonne gouvernance, facteurs de développement et de paix,
sont des valeurs auxquelles très tôt le Togo a adhéré.
Nous y sommes profondément attachés.
C'est dans cet esprit qu'il faut situer les réformes politiques qui ont
été engagées depuis plus d'une décennie et demi,
à l'initiative du Chef de l'Etat. Elles visent à construire une
démocratie apaisée qui repose sur le plus large consensus national
possible et qui s'enracine dans les réalités historiques et socio-culturelies
de notre pays.
Aujourd'hui, nos efforts ont abouti à la mise en place et au fonctionnement
effectif de la quasi-totalité des institutions prévues par la
Constitution de la IVè République, à la restauration de
l'autorité de l'Etat et de la sécurité et à la relance
de l'économie nationale. Ces résultats ont été obtenus
malgré les difficultés qui ont jalonné le processus de
démocratisation, du fait d'une transition mal engagée, et en dépit
des manoeuvres de toutes sortes et des obstacles constamment érigés
par une opposition très peu constructive.
La priorité fut surtout donnée à la poursuite des réformes
politiques en veillant à ce que celles-ci se déroulent dans un
climat de sérénité retrouvée et de concertation
permanente entre l'ensemble des forces politiques de la nation.
C'est dans ce contexte qu'à l'initiative du Chef de l'Etat, S.E. GNASSINGBE
EYADEMA, nous avons engagé le dialogue inter-togolais qui, réunissant
les principaux acteurs politiques du pays, a abouti à la signature d'un
Accord-cadre en Juillet 1999.
La mise en oeuvre de cet Accord a permis l'instauration d'un dialogue entre
le Gouvernement et l'Opposition sur des questions politiques essentielles, notamment
les modalités d'organisation des élections législatives
anticipées.
C'est la volonté du Chef de l'Etat et du Gouvernement de faire en sorte
que ces élections, ouvertes à toutes les formations politiques
sans exclusive, se déroulent dans un climat de paix et de sécurité
avec les garanties nécessaires de transparence et de régularité.
C'est aussi notre ambition, qu'au terme de ce processus électoral, une
nouvelle étape s'ouvre dans la vie politique du pays en le dotant d'une
Assemblée Nationale au sein de laquelle seront représentées
les différentes sensibilités de la vie politique nationale.
Monsieur le Président,
Toutes ces avancées, qui consolident le pluralisme politique au Togo,
méritaient soutien et encouragement de la part de nos partenaires, notamment
européens, dans l'optique de la normalisation de nos relations de coopération.
Malheureusement tel n'est pas le cas. Comme je le soulignais il y a un an à
cette même tribune, le peuple togolais ne mérite pas le traitement
qui lui est fait.
II est désormais établi que l'imposition inconsidérée
de sanctions en tant que moyen de pression politique comporte des limites au-delà
desquelles ces mesures deviennent inefficaces et contraires à la morale
et au devoir de solidarité internationale.
Je voudrais, à nouveau, lancer un appel pressant en f aveur de la reprise
de la coopération que le Togo est en droit d'attendre de la Communauté
internationale en tant qu'acte de solidarité, de soutien et d'encouragement
aux efforts incontestables consentis par le Gouvernement dans la voie du développement
du pays et de la consolidation des bases de la démocratie, ceci dans
un climat de paix, de stabilité et de concorde nationale.
Monsieur le Président,
Au Togo, c'est connu, nous avons fait de la paix et de la sécurité
notre crédo, tant il est vrai qu'aucune entreprise de développement
durable ne peut être menée à bien si le recours à
la violence l'emportait sur le dialogue, la concertation et le respect mutuel
et si le monde demeurait confronté à des actes terroristes comme
la tragédie du 11 septembre 2001.
Ces terribles évènements, qui demeurent encore vivaces dans nos
esprits, nous imposent de rechercher, tant individuellement que collectivement,
des réponses appropriées aux menaces que représente le
terrorisme.
Le Togo, qui a été à maintes reprises victime d'agressions
terroristes, mesure l'importance du défi à relever et ne ménage
aucun effort pour assumer sa part de responsabilité dans ce combat.
C'est le lieu de saluer la promptitude avec laquelle l'ONU a réagi face
à ce problème et a contribué à l'émergence
d'une conscience aiguë du phénomène et des dangers qu'il
comporte pour l'humanité toute entière.
Aujourd'hui c omme il y a un a n, l'urgence et la nécessité de
poursuivre la lutte s'impose à nous tous comme un impératif.
II est clair que nous devons tous ensemble rechercher les facteurs qui concourent
à la préservation de la paix dans toutes ses dimensions.
Oui, Monsieur le Président, les crises et conflits armés, le monde
en connaît encore, hélas, que ce soit en Afrique ou ailleurs.
Et s'il est vrai que, sur le continent africain, quelques lueurs d'espoir ont
apparu avec la résolution du conflit Ethiopie - Erythrée, ou encore
pour ce qui concerne le règlement d'autres crises, la situation paraît
toujours très préoccupante.
Elle l'est dans la région des Grands Lacs tout comme dans la région
du f leuve Mano qui connaît de nouveau un véritable déficit
sécuritaire avec des conséquences humanitaires considérables.
Qu'il s'agisse de la République Démocratique du Congo, d e la
région du fleuve Mano, ou encore du Soudan, de la Somalie ou d'autres
pays affectés par des crises, nous réaffirmons que seuls le dialogue
et la négociation peuvent conduire à la paix et au règlement
définitif des différends.
Nous invitons donc instamment les protagonistes de ces crises et conflits armés
à faire davantage preuve de courage et de volonté politique afin
de donner une chance à la paix, à travers la poursuite des processus
de négociations en cours et à travers le respect et l'application
effective des accords qu'ils ont déjà signés.
A cet égard, il y a lieu de se féliciter de l'annonce récente
de retrait, dès la semaine prochaine, des troupes rwandaises de l'Est
de la République Démocratique du Congo et souhaiter que la concrétisation
de cette décision vienne consolider le processus en cours.
Monsieur le Président,
Au Moyen-Orient également, la situation demeure préoccupante.
Il nous faut trouver une solution à ce cercle vicieux de la violence
qui engendre la violence.
Nous l'avons toujours dit et souligné, la violence ne peut qu'engendrer
rancoeurs et ressentiments et perpétuer la violence. Le Togo n'aura de
cesse de le répéter le dialogue et la concertation sont les seuls
moyens que devraient utiliser les peuples pour régler leurs différends.
Aussi, exhortons-nous vivement Israéliens et Palestiniens à mettre
fin au cycle infernal de la violence et à reprendre sans délai
les négociations en vue d'un règlement juste, global et définitif
de la question de la Palestine qui est au coeur du conflit du Moyen-Orient.
Ce règlement passe nécessairement par la reconnaissance des droits
légitimes du peuple palestinien, notamment son droit à la création
d'un Etat palestinien viable.
II passe également par la reconnaissance des droits tout aussi légitimes
du peuple israélien, dont celui d'Israël de vivre en paix et en
toute sécurité dans des frontières internationalement reconnues.
Monsieur le Président,
Notre session se tient quelques jours seulement après la clôture
du Sommet mondial sur le développement durable, sommet au cours duquel
la Communauté internationale a, plus que jamais, souligné la nécessité
de préserver l'homme et la nature.
Oui, plus que jamais, il nous faut préserver l'homme dans toutes ses
dimensions et l'environnement dans toutes ses composantes.
Il me plait de souligner que la présente session de l'Assemblée
Générale se tient également à un moment historique
pour l'Afrique, notre continent.
II y a en effet deux ans, le 12 juillet 2000, à Lomé, au Togo,
en adoptant l'Acte Constitutif de l'Union Africaine, les pays africains ont,
devant le monde entier, posé les jalons d'une nouvelle Afrique.
A Durban, en juillet dernier, les Chefs d'Etat et de Gouvernement Africains
lancèrent solennellement la nouvelle Organisation Continentale, traduisant
ainsi dans les faits leur ferme volonté de forger un nouveau destin pour
l'Afrique. D'aucuns seraient tentés de prédire que, en dépit
de la création de l'Union Africaine, rien de déterminant ne se
fera et que le continent continuera de se chercher et de piétiner dans
le sous-développement.
II est vrai que, au regard de la situation actuelle au plan économique
et social, ce pessimisme peut se justifier.
En effet, l'Afrique reste la grande victime d'un ordre économique déséquilibré
et injuste qui la prive trop souvent des justes fruits de son labeur.
L'instabilité des prix des produits de base, l'alourdissement d'année
en année des factures payées pour les biens indispensables à
leur équipement, la dette, l'accès limité aux marchés
des pays industrialisés de nos produits finis et semi-finis, et les problèmes
de compétitivité de nos produits en raison des politiques de subvention
à l'exportation de certains pays riches en faveur de leurs entreprises,
paralysent gravement le développement de nos pays.
Aujourd'hui, plus que jamais, se pose avec acuité la question de savoir
comment l'Afrique devra concilier le remboursement de sa dette avec la réalisation
de ses objectifs de croissance économique et de développement.
Renverser la situation actuelle est une tâche à laquelle nous devons
nous atteler à la fois au plan de la réflexion et de l'action.
Monsieur le Président,
Au moment où il amorce un tournant décisif de son histoire avec
la mise sur pied d'une nouvelle structure, l'Union Africaine, notre continent
a plus que jamais besoin du précieux concours de la communauté
internationale pour mener à bien ses programmes de développement.
Nous sommes conscients que l'Afrique ne pourra relever le défi de la
croissance et du développement que si elle s'organise pour mobiliser
et exploiter au mieux de ses capacités toutes ses ressources en n'utilisant
l'aide extérieure que comme un appoint à ses propres efforts.
Le renforcement des diverses organisations sous-régionales d'intégration
économique en synergie avec la mise en oeuvre du Nouveau Partenariat
pour le Développement de l'Afrique offrira, nous l'espèrons vivement,
les moyens dont l'Afrique a besoin pour concrétiser ses ambitions.
Monsieur le Président,
Pour conclure, permettez-moi de souligner que le nouveau contexte international
et le caractère multidimensionnel des problèmes à résoudre
nous imposent d'oeuvrer avec plus de détermination et de solidarité
au sein de l'Organisation des Nations Unies pour faire reculer les frontières
de l'insécurité, de la pauvreté et de la misère.
A cet égard, il importe d'envisager de donner plus de moyens et de prérogatives
à notre Organisation Commune afin de lui permettre de réaliser
les objectifs de paix et de développement économique et social
de nos peuples.
L'avenir de l'humanité est à ce prix.
J'exprime le souhait ardent que l'ONU soit plus que jamais l'instrument privilégié
pour la réalisation de nos idéaux de paix, de justice et de progrès
au profit de nos peuples.
Je vous remercie.