Les 16 jours d'activisme pour mettre fin à la violence à l'encontre des femmes - du 25 novembre jusqu’à la Journée mondiale des droits de l’homme le 10 décembre - soulignent que la violence à l’égard des femmes n’est pas seulement un acte odieux, mais une violation fondamentale des droits humains.
April Pham, conseillère principale en matière d’égalité des sexes à OCHA, explique comment la Réinitialisation humanitaire, avec le soutien des Fonds humanitaires gérés par OCHA, pourrait ouvrir la voie à la fin de l’impunité et à une transformation radicale des rapports de force.
La violence à l’égard des femmes n’est pas un phénomène secondaire des crises ; elle en est l’une des caractéristiques fondamentales.
Dans les zones de conflit, les camps de déplacés et même au sein d’espaces censés être sûrs, les femmes et les filles sont confrontées quotidiennement à des atteintes à leur dignité et à leur sécurité, et celles qui sont handicapées et les adolescentes sont exposées à des risques accrus.
Alors que les violences sexistes en contexte de conflit sont en hausse, les services destinés à répondre aux besoins restent limités faute de financement.
Les budgets de la défense gonflent tandis que les fonds alloués à la consolidation de la paix diminuent, et les droits des femmes sont bafoués.
La société civile féminine, y compris les actrices de la consolidation de la paix, est exclue des processus décisionnels, victime d'attaques, et ses organisations demeurent sous-financées et négligées.
Malgré ces menaces, les femmes sont des actrices de première ligne essentielles. Elles mobilisent protection et aide pour les personnes dans le besoin, négocient l'accès aux zones de guerre, servent de médiatrices dans les conflits locaux, reconstruisent des sociétés fracturées – souvent avec peu de soutien et de reconnaissance.
Surtout, elles exigent non pas la sympathie, mais la responsabilité, à travers un message unifié : la paix n'est pas l'absence de guerre, c'est la présence de la justice, de la sécurité et de la solidarité.
Par le biais du Fonds central pour les interventions d'urgence (CERF) et des fonds de financement commun pour les pays (CBPF), OCHA a soutenu la prévention des violences sexistes par la création d’espaces sûrs et la prise en charge des victimes.
Cependant, l’ampleur des besoins dépasse largement les ressources disponibles. La moitié des organisations dirigées par des femmes dans les zones de conflit risquent de fermer leurs portes d’ici six mois en raison des coupes budgétaires internationales. Sans investissements urgents, l’infrastructure de protection et de consolidation de la paix féministe s’effondrera.
La Réinitialisation humanitaire (Humanitarian Reset) offre l'opportunité de réorienter les pouvoirs et les priorités. Elle exige que les violences faites aux femmes soient considérées non comme des dommages collatéraux, mais comme une défaillance systémique.
Elle préconise un financement prévisible et pluriannuel pour les organisations dirigées par des femmes, des approches centrées sur les survivantes et des solutions féministes qui démantèlent les systèmes patriarcaux perpétuant ces violences.
Le système ne doit pas oublier les femmes et les filles. Il doit les protéger des violences sexistes et promouvoir leur autonomie. La Réinitialisation humanitaire nous offre une feuille de route. Les fonds d’OCHA nous fournissent les moyens d’y parvenir.
Il nous faut maintenant passer des paroles aux actes.


