« Dans un monde dominé par les hommes, l’autonomisation des femmes doit être la priorité », a déclaré lundi le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, à l’ouverture de la 61e session de la Commission de la condition de la femme (CSW), qui se tient au siège de l’ONU à New York jusqu’au 24 mars.

Principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, la CSW joue un rôle important dans la promotion des droits des femmes. Elle reflète la réalité vécue par les femmes dans le monde entier et contribue à l’établissement des normes mondiales relatives à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Cette année, la 61e session de la CSW portera en priorité sur l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en mutation.

Pour le Secrétaire général, les femmes ont déjà ce qu’il faut pour réussir et leur autonomisation consiste à briser les barrières structurelles. Mais les hommes dominent encore, « même dans les pays qui se considèrent comme progressistes », a-t-il rappelé.

« Le chauvinisme masculin bloque les femmes – et cela fait du mal à tout le monde », a déploré M. Guterres, rappelant que toutes les sociétés sont dans une meilleure situation lorsque elles ouvrent des portes d’opportunités aux femmes et aux filles: « dans les salles de classe et de conseil d’administration, dans les rangs militaires et dans les pourparlers de paix, dans tous les aspects de la vie productive ».

Jugeant essentiel de remédier à ce qu’il considère être « une injustice historique » toujours en cours, le chef de l’ONU souligne que l’autonomisation des femmes est également une question d’efficacité. « Les institutions, les entreprises, les gouvernements et les organisations – y compris les nôtres – où l’égalité entre les sexes reflètent les personnes qu’elles servent, obtiennent de meilleurs résultats par toutes les mesures ».

M. Guterres a souligné que si les pays s’attaquent à l’écart entre les sexes au travail, les femmes peuvent générer suffisamment de fonds pour appuyer la réussite du Programme de développement durable à l’horizon 2030 approuvé par tous les dirigeants en 2015. Il a également rappelé que l’égalité des femmes peut ajouter douze milliards de dollars à la croissance mondiale au cours de la prochaine décennie.

Le chef de l’ONU a par ailleurs annoncé son adhésion aux ‘International Gender Champions‘, une initiative réunissant des femmes et hommes dirigeant(e)s afin de briser les barrières liées au genre. Il a encouragé d’autres dirigeants d’organisation à participer à cette « campagne pour l’égalité ».

« Nous avons besoin d’un changement culturel – dans le monde et aux Nations Unies », a indiqué M. Guterres. « Les femmes partout dans le monde devraient être reconnues à égalité et promues sur cette base. Nous avons besoin de plus que des objectifs. Nous avons besoin d’actions, de cibles et de repères pour mesurer ce que nous faisons ».

Plus de la moitié des travailleuses dans le monde sont employées de façon informelle

S’exprimant à l’ouverture de la CSW, la Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONUfemmes), Phumzile Mlambo-Ngcuka, a souligné la lenteur des progrès en matière d’égalité des sexes.

« Les développements positifs nécessaires ne se produisent pas assez rapidement, et ils ne touchent pas non plus un nombre critique de vies changées », a déclaré Mme Mlambo-Ngcuka . « Mettons-nous d’accord sur une impatience constructive ».

La cheffe d’ONU Femmes a rappelé que plus de la moitié des travailleuses dans le monde– et jusqu’à 90% d’entre elles dans certains pays – sont employées de façon informelle. Cela est notamment vrai pour les prestataires de soins dont les autres possibilités de vie peuvent être limitées alors qu’elles accomplissent un travail non rémunéré et précieux dans les foyers. Les femmes gagnent aussi constamment moins que les hommes – un écart que les femmes considèrent comme un « vol à la lumière du jour », a déclaré Mme Mlambo-Ngcuka.

La Directrice exécutive a également relevé les nombreux fossés existant entre les sexes, notamment en ce qui concerne l’accès aux technologies numériques. Pour Mme Mlambo-Ngcuka, un investissement dans un vivier de filles bien éduquées dans les sciences, la technologie, l’ingénierie, les arts et les mathématiques pourrait augmenter la proportion de femmes dans la main-d’œuvre de l’industrie numérique actuellement de 25% et contribuerait à une égalisation des compétences pour les emplois qualifiés.

L’égalité des sexes : objectif et catalyseur des Objectifs de développement durable

La cheffe d’ONU Femmes a rappelé aux délégués que les points sur lesquels ils se mettront d’accord lors du CSW, pourraient constituer un accélérateur pour la mise en œuvre et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Président de l’Assemblée générale, Peter Thomson, a pour sa part déclaré que tous ses petits-enfants sont des filles. « À mesure qu’elles grandissent vers l’âge adulte, je ne peux pas supporter l’idée qu’elles ne jouiront pas des droits pleins et égaux avec leurs pairs masculins », a-t-il dit.

Faisant référence à l’Objectif du développement durable numéro 5 de réalisation de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles, M. Thomson a déclaré qu’il se tournerait vers le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour trouver la foi et s’assurer que ses petites-filles ne vivent pas dans un monde dans lequel le droit humain fondamental à l’égalité entre les hommes et les femmes serait absent.

La Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), Dalia Leinarte, a déclaré que cette année, le Comité a commencé à faire référence à des objectifs spécifiques de développement durable dans ses recommandations adressées aux États parties.

Constitué d’experts indépendants chargés de suivre l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le CEDAW a adopté depuis juillet 2016, 27 observations finales dont la plupart font le lien entre les Objectifs de développement durable (ODD) et leurs cibles spécifiques d’une part et des articles pertinents de la Convention d’autre part. « Lier la Convention au Programme 2030 a un grand potentiel pour faire avancer l’autonomisation économique des femmes et permet au Comité de soutenir les Etats dans la mise en œuvre des ODD », a souligné Mme Leinarte.