9 décembre 2015 – Des dizaines d’organisations non gouvernementales, rassemblées mardi devant le site de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP21) à Paris, ont affirmé l’importance qu’il y a à inclure davantage de femmes au cœur des discussions, pour qu’elles participent à la fois à la négociation du nouvel accord sur le climat et à la rédaction de son contenu.

« Les femmes ne baisseront pas les bras au sujet de la planète », a déclaré Titi Akosa, avocate nigériane et Directrice exécutive du Centre d’études des questions du 21ème siècle, qui a pour une large part mené l’action lors de la manifestation et fait preuve d’une grande énergie, scandant « nous continuerons à aller de l’avant, nous ne ferons jamais demi-tour, jamais demi-tour ».

La seconde semaine des négociations pour parvenir à un accord sur le climat a commencé lundi; les débats sont censés prendre fin dans les prochains jours et produire un document devant servir de directive en vue d’une politique internationale face aux changements climatiques qui limite à moins de 2 degrés Celsius la hausse moyenne de la température de la planète.

« Nous avons été très déçues il y a deux mois lorsque toutes les références au genre qui se trouvaient dans le texte ont été éliminées », a déclaré la Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, Lakshmi Puri, au Centre d’actualités de l’ONU à la veille de cette « Journée des femmes » à la COP21.

« En conséquence, nous avons travaillé avec tous nos champions, qui sont des Etats membres et des représentants de la société civile,

[…] afin de faire en sorte non seulement que ces références soient rétablies mais aussi que [le texte] soit renforcé », a-t-elle ajouté.

Mme Puri a expliqué que l’accord qui est en cours de négociation fait référence dans son préambule à l’égalité des sexes, à l’autonomisation des femmes, ainsi qu’au rôle des femmes notamment en termes de leadership, et mentionne dans le corps de ses paragraphes la nécessité d’une adaptation (au climat), d’un financement de l’action et d’un renforcement des capacités qui répondent aux besoins des femmes.

« Malheureusement, ce n’était pas mentionné dans la partie relative aux technologies mais nous espérons que cela y sera inséré », a-t-elle dit.

Cependant, au sein de la manifestation à l’extérieur des locaux de la conférence, qui comprennent 32 salles de négociation, « le déséquilibre entre les genres » était un terme fréquemment utilisé par de nombreuses personnes qui estiment que leurs droits ne sont toujours pas pleinement pris en compte.

« Ce matin, nous avons rencontré les femmes ministres du monde entier pour leur dire que nous voulons qu’elles soient fermes dans les négociations au nom des femmes, et qu’elles parlent à leurs délégations afin qu’elles fassent ce qui est juste et bien pour les femmes », a souligné Titi Akosa.

Une autre voix forte s’est adressée à la foule, celle de Lean Deleon, de nationalité américaine, qui a des liens avec les Philippines et s’identifie comme une personne ne se conformant pas à la division binaire homme-femme. Zie [une autre de ces personnes] était également là, représentant le Women’s Major Group, qui s’efforce de promouvoir le développement durable et l’égalité des sexes.

« Nous voulons dire qu’avec la crise actuelle concernant le climat, les femmes et les personnes marginalisées sont les plus affectées », a affirmé Lean Deleon. « Elles n’ont pas accès à la table (de négociation) pour prendre ces décisions, donc nous souhaitons amplifier les voix qui viennent des communautés sur le terrain ».

Selon ONU-Femmes, les effets des changements climatiques affectent tout particulièrement les femmes et les filles, beaucoup d’entre elles devant consacrer une partie disproportionnée de leur temps à la recherche de nourriture, de carburant et d’eau, ou à essayer de faire pousser des récoltes. Leur relation étroite avec leur environnement naturel signifie également que les femmes doivent faire partie de la solution.

« Les femmes avec qui nous travaillons à travers le monde—la première chose qu’elles nous disent, c’est ‘vous savez, nous ne sommes pas des victimes, nous sommes la solution’, et elles ont bien raison car 60 à 80% de toute la production de nourriture par les ménages dans les pays en développement est assuré par les femmes », a déclaré Osprey Orielle Lake, co-fondatrice et Directrice exécutive de WECAN—le Réseau d’action des femmes pour la Terre et le climat (Women’s Earth and Climate Action Network).

« Les études de l’ONU montrent que si vous n’impliquez pas les femmes dans les prises de décision concernant tous ces projets relatifs à l’eau dans les pays en développement, ces programmes ne fonctionnent pas car ce sont les femmes qui détiennent localement le savoir au sujet de l’eau et ce sont elles qui vont la chercher », a-t-elle ajouté.