A l’occasion d’une réunion spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies visant à promouvoir la tolérance et la réconciliation pour lutter contre la menace grandissante de l’extrémisme violent, des hauts responsables de l’Organisation ont appelé mardi les Etats les plus influents sur la scène internationale à se remettre en question et à faire l’inventaire de ce qui, dans leurs propres actions, est susceptible de contribuer à la radicalisation des consciences.
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A l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, du Président de l’Assemblée générale de l’ONU, Sam Kutesa, et du Haut-Représentant de l’Organisation pour l’Alliance des civilisations, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, cette réunion de deux jours rassemble au siège de l’ONU, à New York, les Etats membres et des leaders religieux du monde entier autour d’un débat sur la promotion de la tolérance et de la réconciliation.

« Nous vous avons rassemblé aujourd’hui et demain parce que nous sommes profondément préoccupés par la montée de l’extrémisme et du radicalisme », a déclaré le Secrétaire général dans un discours à l’ouverture du débat, ajoutant qu’il est désormais nécessaire de s’attaquer à la racine de ces problèmes afin de pouvoir mettre en œuvre des stratégies de prévention.

« Daech [l’Etat islamique d’Iraq et du Levant], Al-Chabab et Boko Haram font partie d’une nouvelle génération de groupes terroristes menaçant la paix et la sécurité internationales », a poursuivi M. Ban.

« Mais le problème va bien au-delà du Moyen-Orient et de l’Afrique. Le racisme, le fascisme, l’antisémitisme et l’islamophobie alimentent la haine et occasionnent des pertes en vies humaines y compris dans les sociétés démocratiques globalement pacifiques », a mis en garde le chef de l’ONU.

Pour combattre les extrémistes, le Secrétaire général a par conséquent invité les Etats à se remettre en cause et à prendre conscience de leurs propres erreurs.

« J’appelle les Etats et autres entités disposant d’une influence à tenir compte de la façon dont leurs actions peuvent constituer un terreau fertile pour la brutalité », a lancé M. Ban.

Faisant écho aux propos du chef de l’ONU, le Haut-Représentant pour l’Alliance des civilisations, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a également invité les Etats à contribuer à une vision du monde capable de présenter une alternative face aux idéologies extrémismes.

« Indépendamment des actions atroces et cruelles des groupes radicaux, les condamner durant cette réunion ne sera pas suffisant pour s’attaquer à la source du problème, à moins que nous ne soyons capables de créer une vision du monde susceptible de contrer efficacement leur vision maléfique », a affirmé M. Abdulaziz Al-Nasser.

Le Haut-Représentant de l’ONU a expliqué que sans une action préventive globale sur des questions telles que l’immigration, les média et l’éducation, les extrémistes continueront d’attirer et de recruter des jeunes gens.

« Nous avons beaucoup à faire pour améliorer nos propres environnement sociaux générateurs de marginalisation, d’austérité économique et de manque d’opportunité égales », a dit M. Abdulaziz Al-Nasser, afin être capable d’opposer une vision juste à celle des extrémistes.

Reprenant cette idée, le Président de l’Assemblée générale de l’ONU, Sam Kutesa, a quant à lui listé dans son discours d’ouverture un certain nombre d’aspects dont l’amélioration permettrait de lutter contre l’intolérance.

« Le développement économique et social soutenu pourrait réduire la marginalisation, qui dans certains cas pousse à l’extrémisme et au recrutement de terroristes. Relever les défis de la pauvreté, ainsi que le manque de possibilités d’éducation et d’emploi peut constituer la base d’une approche globale visant à créer des sociétés pacifiques », a expliqué M. Kutesa.

« L’injustice et l’inégalité, l’absence d’état de droit, les violations des droits de l’homme, l’exclusion politique, ainsi que la discrimination ethnique, nationale et religieuse sont également sources de divisions pouvant contribuer à l’intolérance », a-t-il ajouté.

Ban Ki-moon a annoncé que les idées débattues durant cette réunion seraient ensuite reprises par l’ONU pour façonner un plan d’action contre l’extrémisme violent, qui sera présenté dans le courant de l’année à l’Assemblée générale.

« Ce plan mettra l’accent sur les valeurs centrales de paix, de justice et de dignité humaine comme étant la vraie alternative à la haine et à la peur semées par les extrémistes », a dit M. Ban.

Via le Centre d’actualités de l’ONU