Il est essentiel de renforcer les efforts de la communauté internationale pour promouvoir l’état de droit et les droits humains comme catalyseurs du développement durable, ont déclaré lundi le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Sam Kutesa, et d’autres responsables de haut niveau des Nations Unies lors du Congrès contre le crime, à Doha, au Qatar.

« Des cadres juridiques justes, transparents et accessibles jouent un rôle essentiel dans l’éradication de la pauvreté. L’accès de tous à la justice et des lois non discriminatoires permettent de faire progresser l’égalité des sexes et de promouvoir un développement équitable et inclusif. En outre, la lutte contre la corruption rend disponibles des fonds pour fournir de services de base aux citoyens, en particulier aux plus vulnérables », a dit M. Kutesa lors d’une réunion de haut niveau consacrée à l’état de droit, aux droits de l’homme et au programme de développement post-2015.

« Favoriser et promouvoir l’état de droit et les droits humains pour tous sans discrimination est essentiel pour réduire la violence et la criminalité et pour garantir la sécurité humaine. Pour cela, il faut des systèmes juridiques et sécuritaires efficaces et responsables pour répondre aux cycles de violence et pour promouvoir la paix et la stabilité, qui sont d’importantes conditions préalables à une croissance économique durable », a-t-il ajouté.

La réunion était organisée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en partenariat avec l’Italie et la Thaïlande, et s’inscrit dans le cadre du Congrès contre le crime, qui s’est ouvert dimanche et doit s’achever le 19 avril.

Cette discussion suit le débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale intitulé « Intégrer la prévention du crime et la justice pénale dans l’agenda de développement post-2015 », qui s’est déroulé à New York le 25 février 2015, a souligné le Directeur exécutif de l’ONUDC, Yury Fedotov.

M. Kutesa a rappelé que la nature de la criminalité a changé. « Beaucoup de pays sont aujourd’hui aux prises avec des crimes nationaux et transnationaux tels que la traite des personnes, le trafic d’armes à feu et le trafic de drogue; la corruption; le trafic illicite de migrants; les médicaments contrefaits; la cybercriminalité et la piraterie. Ces crimes non seulement fragilisent les capacités nationales à réaliser l’état de droit dans les faits et à promouvoir les droits humains, mais affaiblissent également la capacité des pays et des communautés à prospérer et à réaliser des opportunités de développement », a-t-il ajouté.

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) Martin Sajdik, le Sous-Secrétaire général de l’ONU aux opérations de maintien de la paix chargé de l’état de droit et des institutions de sécurité, Dmitry Titov, le Sous-Secrétaire général de l’ONU aux droits de l’homme, Ivan Simonovic, et l’Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Magdy Martinez-Soliman, participaient également à la réunion de haut niveau.

M. Sajdik a souligné qu’« il n’y a pas de bonne gouvernance sans état de droit, et il n’y a pas d’état de droit sans bonne gouvernance ». « La promotion du développement durable, protégé par un état de droit et des droits de l’homme forts, est la voie qui doit être prise par tous », a-t-il ajouté.

« Si nous voulons avoir des sociétés pacifiques et stables, et un véritable développement social, alors l’éradication de la discrimination, la lutte contre les inégalités entre les groupes sociaux, et la garantie que ‘personne n’est laissé de côté’ doivent être notre priorité urgente », a déclaré M. Simonovic.

Le Sous-Secrétaire général a rappelé que « l’application de la loi et l’administration de la justice doivent être conformes au droit international des droits de l’homme ». « Les lois doivent servir les gens, reflétant leurs valeurs et leurs besoins, et non pas leur être imposées. Nous avons besoin de l’état de droit, pas d’une approche consistant à faire respecter l’ordre. Quand la loi est discriminatoire, et d’une sévérité disproportionnée, et quand les lois elles-mêmes sont injustes, cela génère à la fois du ressentiment et des inégalités », a-t-il ajouté.

M. Simonovic a souligné que « pour être véritablement transformateur, et efficace, le nouveau programme de développement post-2015 doit être fortement basé sur le droit international des droits de l’homme ».

De son côté, M. Titov a souligné que ce n’est pas simplement la criminalité violente qui entrave le développement. « Il y a une abondance de preuves, comme beaucoup l’ont mentionné aujourd’hui, qui montrent que la corruption est un obstacle majeur avec un impact disproportionné sur les pauvres et les personnes marginalisées », a-t-il dit.

Il a donné des exemples d’initiatives du Département des opérations de maintien de la paix destinées à renforcer l’état de droit. Le Département aide ainsi « les autorités de la République démocratique du Congo à faire face aux militaires accusés d’avoir commis des crimes contre des civils » et soutient « la Côte d’Ivoire pour rendre opérationnels 37 tribunaux et pour réhabiliter 22 prisons après la crise de 2011 », a-t-il souligné.

Pour sa part, M. Martinez-Soliman a évoqué le travail du PNUD pour prévenir l’impunité et les violations des droits de l’homme et garantir l’état de droit dans plus de 100 pays, dont 40 affectés par des crises. Le PNUD aide également à renforcer la capacité des gouvernements à faire en sorte que les auteurs de crimes rendent des comptes et à fournir aux personnes vulnérables, particulièrement les victimes de conflit, des réparations.

Via le Centre d’actualités de l’ONU