Message diffusé à l’occasion de la publication du Rapport de 2025 sur les émissions de gaz à effet de serre
Déclarations | António Guterres, Secrétaire général
Le nouveau Rapport sur les émissions de gaz à effet de serre, publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, est clair et sans concession.
Si les contributions déterminées au niveau national sont pleinement mises en œuvre d’ici à 2035, le réchauffement de la planète devrait atteindre 2,3 degrés Celsius, contre 2,6 degrés dans les projections de l’année dernière.
C’est un progrès, mais il est loin d’être suffisant.
Malgré les engagements pris, nous courons toujours à l’effondrement climatique.
Les scientifiques nous disent qu’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 degré, au plus tard à partir du début des années 2030, est désormais inévitable.
Et la perspective d’un avenir vivable devient chaque jour plus incertaine.
Mais ce n’est pas une raison de baisser les bras.
C’est une raison de redoubler d’efforts et d’accélérer la cadence.
Maintenir le réchauffement à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle reste notre objectif premier.
Et les données scientifiques sont claires : cet objectif demeure à notre portée, mais seulement si nous faisons preuve de nettement plus d’ambition.
Notre mission est simple, mais pas facile :
Il nous faut faire en sorte que tout dépassement soit aussi faible et aussi bref que possible ;
Réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre au niveau mondial d’ici à 2050 et nous engager rapidement sur la voie des émissions nettes négatives – pour ramener l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 degré d’ici à la fin du siècle.
Pour cela, les émissions mondiales doivent culminer immédiatement ;
Les réductions d’émissions doivent être bien plus importantes pendant cette décennie ;
Les émissions de méthane doivent diminuer drastiquement ;
L’abandon des combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables doit s’accélérer ;
Et les forêts et les océans – nos puits de carbone – doivent être protégés.
Que l’on ne s’y trompe pas :
Toute période de dépassement aura inévitablement des conséquences dramatiques : des vies seront perdues, des populations seront déracinées et les acquis obtenus en matière de développement seront réduits à néant.
Mais nous avons les solutions pour que ce dépassement soit le plus faible, le plus court et le plus sûr possible.
Il faut une accélération majeure du développement des énergies renouvelables et des mesures d’adaptation, soutenue par une augmentation massive des financements destinés aux pays en développement.
Les énergies renouvelables sont le moteur de cette transformation, et elles redéfinissent les règles du jeu énergétique.
Les coûts baissent.
Les investissements augmentent.
L’innovation est en plein essor.
L’énergie propre est désormais la source d’électricité la moins chère sur la plupart des marchés, et la plus rapide à déployer.
Elle renforce la sécurité énergétique, réduit la pollution et crée des millions d’emplois décents.
Les dirigeants doivent saisir cette occasion et, sans plus attendre :
Tripler les énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique d’ici à 2030 ;
Bâtir des réseaux modernes et des systèmes de stockage à grande échelle ;
Et mettre fin à tout nouveau projet d’exploitation de charbon, de pétrole ou de gaz d’une manière juste et équitable.
La révolution de l’énergie propre doit toucher tout le monde, partout.
Mais les pays en développement se heurtent à des coûts d’investissement écrasants, tout en ne bénéficiant que d’une fraction de l’investissement mondial.
Ils ont également besoin de bien plus d’aide pour s’adapter à l’aggravation des effets des changements climatiques et ainsi protéger des vies et renforcer la résilience.
Nous avons besoin d’un changement d’échelle dans le financement de l’action climatique, afin que les coûts de financement baissent et que les prêts à des conditions concessionnelles se développent.
Les pays développés doivent montrer l’exemple en fournissant des financements prévisibles à un coût abordable, grâce à la réforme des banques multilatérales de développement, à des solutions efficaces en matière de gestion de la dette et à des outils qui puissent attirer des investissements privés à grande échelle.
La COP 30, à Belém, doit être un tournant – le moment où la communauté internationale présente un plan de riposte audacieux et crédible qui amène de l’ambition et de la volonté d’action là où elles font défaut ;
Qui permette d’obtenir les 1 300 milliards de dollars des États-Unis par an qui seront nécessaires d’ici à 2035 pour le financement de l’action climatique dans les pays en développement ;
Et qui puisse faire progresser la justice climatique pour tous.
La voie vers l’objectif de 1,5 degré est étroite, mais ouverte.
Accélérons le rythme pour que cet objectif reste atteignable, dans l’intérêt des populations, de la planète et de notre avenir commun.
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