Bangui

05 April 2014

Address to the National Transitional Council of the Central African Republic

Ban Ki-moon

(<em>Scroll down for French version</em>)

Thank you for your welcome.

Thank you for helping to lead your country to recovery and reconciliation.

I come to the Central African Republic at a time of great upheaval.

There is a hole in the heart of Africa.

Every day, I wake up thinking about your trials and troubles.

Everywhere, I have called on leaders to step up their efforts.

Some say this is a forgotten crisis.

I am here to help make sure the world does not forget.

Today I visited people uprooted from their homes.

Some are now living at the airport. Others are trapped in the city.

I listened to their horror stories. I saw the dire conditions in which they live.

Women, children, the elderly are sleeping in the open. Food is scarce. Malaria could spread. The rainy season will only make things worse.

The international community failed the people of Rwanda 20 years ago. And we are at risk of not doing enough for the people of the CAR today.

Atrocity crimes are being committed in this country.

Ethno-religious cleansing is a reality. Most members of the Muslim minority have fled.

Muslims and Christians have been placed in mortal danger simply because of who they are or what they believe.

The security of the state has been replaced by a state of anarchy.

People have been lynched and decapitated. Sexual violence is on the rise. Gruesome acts have been committed while others cheered on the perpetrators.

There has been total impunity – zero accountability. This must change.

I commend the African Union and French forces, MISCA and Sangaris, for making a difference.

But they are under-resourced and overwhelmed by the sheer scale of the need.

That is why I have called for the immediate deployment of more troops and police.

That is why I have proposed the transformation of MISCA into a UN peacekeeping operation. I hope that the Security Council will soon take this decision.

That is why the United Nations has sent a Commission of Inquiry to help ensure accountability and prevent further human rights violations.

I recognize the European Union for its decision to deploy forces in the coming days.

But I continue to call on the international community to do more, and act more quickly.

You need security. You need the rule of law. You need a better future.

The world agreed on our collective responsibility to protect a population when the state is unwilling or unable to do that basic job.

The people of CAR should not have to run and die while the world decides whether to keep its promise.

You have waited long enough.

For decades, the architecture of the state has been hollowed out through mismanagement, through corruption, and through the neglect of the international community. The reality was there for all to see.

Who has paid the price for this indifference? Ordinary people.

As I appeal to the world, I also appeal to the people of CAR.

From here I go to Rwanda to mark the 20th commemoration of the Rwanda genocide.

It is your responsibility as leaders to ensure that there no such anniversaries in this country.

Do not repeat the mistakes of the past – heed the lessons.

The fate of your country is in your hands.

The people of CAR should not be killing the people of the CAR.

You are blessed with abundant resources and fertile land.

You are a crossroads of cultures and peoples who have lived peacefully together for years.

Christian and Muslim leaders are valiantly promoting tolerance and coexistence.

Civil society organizations are courageously exposing abuses and seeking justice.

You have within you everything you need to succeed.

The CAR can turn itself around.

This is not rhetoric. It can be a reality.

I have seen it happen in Sierra Leone. I have seen it in Liberia.

These countries also plunged to the very depths of wartime horror. But they rose with the commitment of their people and the involvement and investment of the international community.

You can and will, too.

I am honored to be standing with you and for you.

A few weeks ago, one of your country’s religious leaders told me something that has haunted me ever since. He looked me in the eye and simply said: “We are afraid of tomorrow.”

Let us commit to build a tomorrow of hope for the people of the CAR – a tomorrow of peace – a tomorrow of reconciliation.

That is the future I want for you and your children. That is the future you deserve. That is the future we can build.

If we do all that we can do -- the CAR will be all that it can be.

Let us make it happen.

Thank you.

********************* FRENCH VERSION *********************

Merci de votre accueil.

Merci d’aider à acheminer votre pays dans la voie du redressement et de la réconciliation.

Je viens en République centrafricaine à un moment où elle est en proie à de profonds bouleversements.

Il y a un trou au cœur de l’Afrique.

Chaque jour, je me réveille en pensant aux épreuves que vous endurez et aux drames que vous vivez.

J’ai invité partout les responsables à intensifier leurs efforts.

Certains disent qu’il s’agit d’une crise oubliée.

Je suis ici pour m’assurer que le monde n’oublie pas.

Aujourd’hui j’ai rendu visite à des personnes arrachées à leur foyer.

D’aucuns vivent maintenant à l’aéroport. D’autres sont cernés en ville.

J’ai entendu leurs histoires effroyables. J’ai vu les conditions désastreuses dans lesquelles ils vivent.

Femmes, enfants et personnes âgées dorment en plein air. Les denrées sont rares. Le paludisme pourrait se propager. La saison des pluies ne fera qu’empirer les choses.

La communauté internationale a fait défaut aux Rwandais il y a 20 ans. Et nous risquons de ne pas en faire assez pour les Centrafricains aujourd’hui.

Des crimes atroces sont commis ici,

Une épuration ethno-religieuse est une réalité. De nombreux membres de la minorité musulmane ont fui.

Musulmans et chrétiens sont exposés à un danger mortel du simple fait de leur appartenance à une communauté ou de leur croyance.

La sécurité de l’État a cédé la place à un état d’anarchie.

Des personnes ont été lynchées et décapitées. La violence sexuelle prend de plus en plus d’ampleur. Des atrocités ont été commises sous les applaudissements des autres.

Une impunité totale règne, personne n’a eu à rendre compte de ses actes. Cela doit changer.

Je félicite les forces de l’Union africaine (MISCA) et les forces françaises (Sangaris) dont l’action rapide a pu empêcher à ce jour le pire.

Mais leurs moyens sont insuffisants et elles sont submergées par l’ampleur même des besoins.

C’est pourquoi j’ai demandé que plus de contingents et d’unités de police soient immédiatement déployés.

C’est aussi pour cette raison que j’ai proposé la transformation de la MISCA en une opération de maintien de la paix des Nations Unies. J’espère que le Conseil de sécurité prendra cette décision incessamment.

C’est ce qui a conduit de surcroît l’ONU à envoyer une commission d’enquête pour aider à veiller au respect du principe de la réédition de comptes et à empêcher de nouvelles violations des droits de l’homme.

Je salue la décision de l’Union européenne de déployer des forces dans les jours à venir.

Je continue cependant à exhorter la communauté internationale à faire davantage et à agir plus promptement.

Vous avez besoin de sécurité. Vous avez besoin d’état de droit. Vous avez besoin d’un avenir meilleur.

Le monde s’est entendu sur la responsabilité collective qui nous incombe de protéger une population lorsque l’État n’est ni soucieux ni à même de s’acquitter de cette tâche fondamentale.

Les Centrafricains ne devraient pas se ruer vers la mort, le temps que le monde se décide à tenir ou non ses engagements.

Vous avez attendu suffisamment longtemps.

Des décennies durant, la structure de l’État a été éviscérée par le gaspillage, la corruption et l’indifférence de la communauté internationale. La réalité était visible par tous.

Qui a payé le prix de cette indifférence? Les citoyens ordinaires.

En même temps que je lance un appel au monde, je lance également un appel au peuple de la République centrafricaine.

D’ici je vais directement à Kigali pour commémorer le 20eme anniversaire du génocide rwandais.

C’est votre responsabilité a tous -- en tant que leaders – d’assurer que nous n’aurons jamais a commémorer un tel anniversaire en Centrafrique.

Ne répétez pas les erreurs du passé – n’oubliez pas d’en tirer les leçons.

Le sort de votre pays est entre vos mains.

Les centrafricains ne doivent pas s’entretuer.

Vous êtes dotés de ressources abondantes et de terres fertiles.

Vous êtes un croisement de cultures et de peuples qui ont vécu en paix et en harmonie pendant des années.

Les dirigeants chrétiens et musulmans font des efforts vaillants pour promouvoir la tolérance et la coexistence pacifique a travers le pays.

Les organisations de la société civile avec plein de courage font de leur mieux pour exposer les abus et s’assurer que justice soit faite.

Vous avez en vous tout ce qu’il vous faut pour réussir.

La République centrafricaine peut remonter la pente.

Ce ne sont pas des paroles en l’air. Cela peut devenir une réalité.

Je l’ai vu se produire en Sierra Leone. Je l’ai vu au Libéria.

Ces pays se sont également enfoncés dans les basses et horribles profondeurs de la guerre mais en sont ressortis par la volonté de leur peuple et grâce à l’engagement et aux investissements de la communauté internationale.

Nous sommes en mesure de le faire et nous le ferons également.

Je suis honoré d’être debout à vos côtés et de vous représenter.

Il y a quelques semaines, l’un des chefs religieux de votre pays m’a dit quelque chose qui me hante depuis.

Me fixant droit dans les yeux, il a simplement dit : « Nous avons peur de nos lendemains».

Engageons-nous à construire un avenir d’espoir pour le peuple centrafricain – un avenir de paix– un avenir de réconciliation.

C’est l’avenir que je souhaite pour vous et vos enfants. C’est l’avenir que vous méritez.

Cet avenir, nous pouvons le construire.

Si nous faisons tout notre possible, la République centrafricaine pourra ainsi répondre à toutes ses aspirations.

Faisons tout pour y parvenir.

Je vous remercie.