Paris

11 November 2018

Allocution du Secrétaire général au Forum de Paris sur la paix [scroll down for English version]

António Guterres, Secretary-General

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
 
Il y a 10 ans, en 2008, mourrait à l’âge de 110 ans le dernier combattant français connu de la Grande Guerre, M. Lazare Ponticelli.
 
Chaque 11 novembre, M. Ponticelli, immigré italien, honorait la promesse faite à ses camarades tombés trop jeunes au combat.
 
Il se rendait au monument aux morts pour penser à eux.
 
A la toute fin de sa vie, il avait finalement accepté de témoigner dans les écoles.
Et son témoignage commençait ainsi - et je cite: « D’abord, je n’ai jamais su pourquoi on se battait… ».
 
Mesdames et Messieurs,
 
Ce « pourquoi » a recouvert avec le temps l’élan patriotique et le sacrifice des morts.
 
Mais l’horreur des grands conflits mondiaux ne peut être oubliée.
 
Une horreur que la reproduction de Guernica de Picasso me rappelle toujours quand je passe devant elle pour me rendre au Conseil de Sécurité des NationsUnies.
 
Une horreur ne doit jamais l’emporter face à l’espérance.
 
L’espérance avec laquelle j’accueille mes hôtes dans la salle de réunion du 38ème étage du siège des Nations Unies, ornée d’une tapisserie de Matisse « Polynésie, le Ciel », aux bleus profonds et apaisants. 
 
C’est cette même espérance qui est à l’origine de l’essor du multilatéralisme au XXème siècle.
 
En 100 ans, la volonté de régler les conflits de façon pacifique par des règles communes s’est muée en un système universel d’institutions dans les domaines politiques, économiques, sociaux et environnementaux.
 
Il repose sur des valeurs affirmées dans le Préambule de la Charte des Nations-Unies et la Déclaration universelle des Droits de l’homme adoptée ici-même à Paris il y a 70 ans.
 
Mais cette espérance est aussi manifeste dans la réconciliation franco-allemande et dans la construction européenne.
 
Je suis très heureux de m’exprimer ainsi après le président Macron et la Chancelière Merkel.
 
Plus que tout, 100 ans après, à quelques kilomètres de la clairière de Rethondes, ce Forum de Paris sur la Paix avec son enthousiasme pour des solutions collectives prend tout son sens.
 
Je veux remercier très vivement le Président Macron de cette féconde initiative.
 
Chers amis,
 
Ces 100 années nous semblent une éternité.
 
Et pourtant, si l’on y songe, c’est une infime fraction de l’histoire mondiale.
 
Ne serait-elle d’ailleurs qu’une simple réaction à la dévastation des deux Guerres Mondiales ?
 
Je pense que non.
 
Celles-ci ont provoqué un rappel à l’essentiel.
 
Dans son livre les Somnambules – que la Chancelière Merkel a référé-, l’historien Christopher Clark a réexaminé les origines de la Première Guerre Mondiale.
 
Il complète l’analyse des rivalités nationales en insistant sur l’aveuglement des dirigeants politiques.
 
Enfermés dans des perceptions faussées de leurs adversaires, coupés des réalités du monde et des peuples, ils précipitèrent la guerre illimitée.
 
Bien des éléments aujourd’hui me semblent emprunter et au début du XXème siècle, et aux années 30, laissant craindre un engrenage imprévisible.   
 
Le premier élément est la crise financière de 2008.
 
Rappelons-nous: 10 ans après le krach boursier de 1929 débutait la seconde Guerre Mondiale.
 
Force est de constater que la leçon a été retenue en 2008.
 
Une grande dépression a été évitée par un arsenal budgétaire et monétaire sans précédent pour soutenir la demande et sauver le système financier.
 
Et pourtant, malgré le retour à la croissance de l’économie mondiale, la facture a été réglée dans les votes de l’année 2016 des deux côtés de l’Atlantique, et plus largement en Europe et dans le monde.
 
Revanche du politique sur la rationalité macro-économique, qui traduit la déstabilisation des classes moyennes, le blocage de la mobilité sociale par la stagnation des salaires, les inégalités croissantes et une indignation des peuples face à « la trahison des élites ». D’ailleurs le mot historique « trahison des clercs » qui a été aujourd’hui prononcé par le Président Macron dans le discours de notre cérémonie officielle.
 
Deuxième élément : les années 30 virent des démocraties emportées par une vague totalitaire.
 
On n’est pas dans la même situation aujourd’hui mais on constate une polarisation de la vie politique et de la société elle-même, qui érode dangereusement les droits et libertés fondamentales, les principes démocratiques et l’Etat de droit.
 
Les systèmes politiques et les Constitutions sont mis à l’épreuve des préjugés identitaires, du terrorisme, et de la corruption de l’information.  
 
Reposant sur les multiples fils du « vivre ensemble » et de la culture, ils sont fracturés par le « vivre en parallèle », et la fusion des passions ethniques, religieuses et nationales.
 
Ces passions aigres ont nourri les replis nationalistes et l’antisémitisme dans les années 30.
 
Ne le perdons jamais de vue – surtout aujourd’hui.
 
Mesdames et Messieurs,
 
L’affaiblissement de l’esprit de compromis propre aux démocraties, et l’indifférence à l’égard des règles collectives sont les poisons du multilatéralisme.
 
J’en vois malheureusement des signes réels:
 
Le premier est la division du Conseil de sécurité notamment sur le conflit syrien, qui signe le retour des systèmes d’alliance au Moyen-Orient et surtout le sacrifice de la population syrienne.
 
Le deuxième est une dynamique de confrontation commerciale, qui signe le retour du bilatéralisme contre le multilatéralisme commercial incarné par l’Organisation Mondiale du Commerce et son Organe de Règlement des Différends. Souvenons-nous là encore des années 30 et de leurs cortèges de dévaluations compétitives qui provoquèrent l’effondrement des trois quarts des échanges et des paiements mondiaux en une décennie.
 
Le troisième est la crise de confiance traversée par l’Union européenne. Et bien qu’aujourd’hui je sois Secrétaire général des Nations Unies, je n’oublie pas me origines européennes. La construction européenne ne saurait perdre l’adhésion des populations européennes. C’est une hypothèque qu’il est urgent et possible de lever.  « Too meaningful to fail » serais-je tenté de dire à mes anciens collègues européens.
 
Chers amis,
 
Je ne suis pas fataliste.
 
Je me dois en conséquence d’essayer de prouver pourquoi le multilatéralisme n’est plus seulement une espérance mais plus que jamais une nécessité. 
 
En premier lieu, le multilatéralisme a pour lui des résultats indéniables. 
 
Bill Gates rappelait récemment que la mortalité infantile a baissé de plus de moitié depuis 1990. Ce n’est pas seulement l’action des organisations multilatérales, c’est naturellement aussi l’action des Etats mais ce ne serait pas possible sans les organisations internationales. Nous voyons aussi que l’extrême pauvreté ont baissé de 36% à 8%.
 
Les campagnes de vaccination de l’OMS ont permis d’éradiquer la variole.
 
Aujourd’hui, nous sommes très proche d’éradiquer la poliomyélite.
 
7.6 millions de décès du SIDA ont été évités grâce à un meilleur accès au traitement.  Une fois de plus largement dû aux organisations multilatérales.
 
Dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, plus d’un million d’hommes et de femmes de 125 pays ont servi en 70 années dans les missions de maintien de la paix pour contenir l’extension des crises, protéger les civils et soutenir les processus politiques.
 
Les Casques Bleus sont notre marque dans le monde. Une présence au moindre coût.   
 
Le Governement Accountability Office du Congrès américain estime ainsi qu’une opération américaine en République Centrafricaine aurait coûté 10 fois plus cher aux Etats-Unis que la mission des Nations Unies, la MINUSCA.
 
Chers amis,
 
Oui, pour un jeune centrafricain, le multilatéralisme représente une nécessité et une espérance.   
 
Pareil pour les 65 millions de réfugiés et déplacés dans le monde.
 
Mes 10 années comme Haut-Commissaire aux Réfugiés m’ont convaincu que l’épreuve du déracinement ne pouvait être évitée que par la prévention des conflits, et une meilleure intégration des actions de développement et de protection des droits de l’homme dans nos efforts en faveur de la paix.
 
Mesdames et Messieurs,
 
Le cadre multilatéral s’avère également indispensable pour régler les crises de prolifération nucléaires.
 
C’est bien l’unité du Conseil de sécurité dans les cas iranien et nord-coréen, qui ont ouvert la possibilité d’une solution négociée tant en 2015 qu’en 2018. 
 
A contrario, une intervention unilatérale ou d’un groupe d’Etats n’est pas en soi un gage d’efficacité et d’économie.
 
L’intervention en Irak fournit bien une preuve par la négative en faveur du multilatéralisme.
 
Il faut enfin reconnaître combien les conventions internationales ont facilité les interdépendances entre les peuples. 
 
Nous n’y pensons plus, mais n’oublions pas l’existence d’un droit de la mer codifié dans la Convention de Montego Bay, ou de l’existence d’une Organisation Internationale de l’Aviation Civile – sans lequel probablement le transport aérien ne serait pas possible.
 
L’histoire ne joue pas ici aux dés puisque le « père » de notre droit international – le Hollandais Grotius – a le premier formulé au 16ème siècle le principe de la liberté des mers – d’ailleurs à ce moment-là contre l’Espagne et le Portugal. Principe qui était le corollaire de la liberté du commerce, reconnue bien avant l’existence de l’OMC.
 
Mesdames et messieurs,   
 
Les Nations Unies demeurent aujourd’hui le centre où s’harmonisent les efforts vers la paix et le développement durable.
 
Lors du récent débat de l’Assemblée générale en septembre dernier à New York, 126 chefs d’Etats et de Gouvernement m’ont fait l’honneur de leur présence au siège.
 
Mes services ont organisé sur une semaine 566 réunions de haut-niveau, et 1676 rencontres bilatérales.
 
Il y aurait un certain vertige à penser que cela ne soit que des paroles.
 
Les Gouvernements ne pourront répondre aux attentes de protection de leurs populations en l’absence de coopération internationale.
 
Le récent débat d’Assemblée Générale m’a convaincu que la prise de conscience est large.
 
Les thèmes mentionnés plus de 100 fois dans les discours des chefs de délégation furent tous globaux : l’agenda 2030 pour le développement (158 fois), le changement climatique (146), le terrorisme (123), les migrations (100).     
 
Chers amis,
 
Le premier de ces « comptes à rebours » – selon le mot juste de mon ami Hubert Védrine – est naturellement le défi climatique.  
 
L’horloge tourne déjà.
 
Si nous ne changeons pas de cap dans le futur immédiat, nous perdrons le contrôle de la situation.
 
A quelques jours de la COP24, je le dis clairement : nous – dirigeants mondiaux – ne pouvons être des Somnambules.
 
Il ne sert à rien de construire des châteaux de sable avant une grande marée en prétendant être des ingénieurs.
 
Ce ne sont pas des jeux d’enfants. Nous jouons avec l’avenir de nos enfants. 
 
Le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat devrait nous servir de réveil.
 
Les réalités sur le terrain dépassent les prévisions les plus pessimistes.
 
Le changement climatique va malheureusement bien plus vite que nous.
 
Les désastres naturels deviennent plus fréquents, plus intenses, plus destructeurs.
 
La banquise de l’Arctique rétrécit, la désertification progresse et les coraux blanchissent.
 
Chers amis,
 
Le deuxième défi est celui de la démographie et des migrations.
 
Il a fallu du Big Bang jusqu’à 1820 pour atteindre le milliard d’habitants sur la terre.
 
Aujourd’hui, nous approchons les 8 milliards d’habitants, et la moitié de la croissance de la population mondiale sera en Afrique.
 
Dans un contexte de réchauffement climatique, d’inégalités et de conflits, les migrations resteront un phénomène durable. Il faut retrouver la raison dans ce débat sur les migrations.
 
Sans coopération internationale, et si nous nous replions derrière nos frontières nationales, nous sacrifierons nos valeurs collectives, et nous perpétuerons la tragédie des migrants exploités par les pires des trafiquants.
 
Notre troisième défi est technologique.
 
Après l’invention de l’imprimerie, les révolutions numériques font du virtuel un nouveau territoire.
 
Il nous est donné de connaître l’une des révolutions qui accouche d’un monde nouveau.
 
La transformation digitale bouleverse nos économies et sociétés.
 
Bientôt, l’intelligence artificielle redéfinira le marché de l’emploi, et la nature du travail lui-même.    
 
Immense opportunité, l’Internet sert hélas aussi à manipuler l’information.
 
La cybercriminalité s’y répand.
 
Les groupes terroristes y développent leur discours de haine et y recrutent des jeunes en rupture.
 
Le principal risque aujourd’hui est l’écart entre les innovations et notre cadre juridique dont les concepts de base échappent à la dématérialisation.
 
Mesdames et Messieurs,  
 
La combinaison de ces trois défis survient à un moment de grande anxiété et de désordre géopolitique, qui accroît les risques de confrontation.
 
Car le temps d’une hyperpuissance en capacité de réassurer l’économie mondiale ou garantir la sécurité internationale est révolu.
 
Notre monde semble chaotique pour le moment.
 
Mais il évolue vers une multipolarité multidimensionnelle.
 
Et il serait faux de considérer que cette multipolarité en elle-même est la solution. 
 
Sans système multilatéral et sans respect des règles internationales, le risque est alors un retour aux seuls rapports de force, aux mécanismes d’incitation/sanction, et à une spirale de conflits larvés.
 
C’est pour cela que je ne me résigne pas à voir un assaut sur le multilatéralisme quand il est le plus nécessaire.
 
Je crois au contraire à un multilatéralisme réformé, fort et en mouvement. C’est le sens de mon action en tant que Secrétaire général des Nations Unies.
 
Je ne peux ici  d’ailleurs détailler l’ensemble des réformes que mes collègues et moi-même entreprenons dans cette direction.
 
Mais permettez-moi d’adresser aux personnels de nos organisations ma reconnaissance.
 
Ils travaillent dans les lieux où personnes d’autres ne vont, sur les missions les plus dangereuses.
 
Chers amis,
 
Je crois profondément que ce multilatéralisme ne peut être fort que de ses Etats.
 
Seuls des Etats solides ont l’énergie de s’engager, puis d’expliquer aux citoyens la règle qu’ils ont accepté de s’imposer avec les autres Etats.
 
J’en sais moi-même la difficulté comme ancien premier ministre : une règle multilatérale est un compromis qui est plus difficile à réformer qu’une loi nationale.
 
Souvent, les peuples voient ce qu’elle impose, non ce qu’elle préserve.
 
Il est donc essentiel que les Etats renouvellent leur pacte citoyen.
 
Il faut reconnaître avec Jürgen Habermas qu’une démocratie moderne respire grâce à un flux continu de communications entre société civile et autorités politiques.
 
Un flux qui doit participer directement à la formation des décisions politiques.  
 
Ayant grandi sous une dictature, je le sais d’expérience.
 
Ce principe devient aussi de plus en plus valable au niveau global. 
 
Il nous faut un multilatéralisme inclusif en étroite relation avec la société civile et la communauté des affaires.
 
Le renouvellement du pacte citoyen ne peut en outre faire l’impasse sur la question centrale des inégalités.
 
Et je félicite le Président Macron d’en avoir fait la priorité de la présidence française du G7 en 2019.
 
La lutte contre les inégalités dans le monde, la lutte pour l’éradication de la pauvreté doit constituer la boussole de l’action des organisations multilatérales.
 
Elle est au cœur de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de ses Objectifs de Développement Durable.   
 
Dans ce contexte, ma mission est simple : faire des Nations Unies une organisation plus efficace pour mieux servir les populations pour qui nous sommes une nécessité et une espérance.
 
Par conséquent, la réforme du Secrétariat des Nations Unies a été une priorité dès mon arrivée et notre Organisation doit devenir exemplaire.
 
En particulier, elle doit être respectueuse de la diversité géographique, et de l’égalité hommes/femmes.
 
Nous sommes convaincus que les femmes ont en main une clé essentielle de notre développement et de la paix.
 
Et c’est pour cela que nous avons atteint la parité dans le management supérieur de l’organisation un an après mon entrée en fonction.
 
Je poursuivrai dans le sens de cette modernisation sans relâche, et je vous demande de m’accorder votre confiance et votre appui.
 
Chers amis,
 
La prévention et la résolution des conflits restent en tête de mes préoccupations, dans le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme.
 
Nous ne devons jamais nous résigner à la souffrance des victimes de violences et d’actes terroristes que ce soit en Syrie, au Yémen, au Mali ou au Myanmar. 
 
Nos organisations doivent agir en réseau pour cela. Un multilatéralisme en réseau. C’est le sens de notre partenariat privilégié avec l’Union Africaine et l’Union Européenne. Ou avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
 
A cette heure, les Casques Bleus de la MONUSCO, l’Organisation Mondiale de la Santé et l’UNICEF, appuyés par la Banque mondiale, avec des ONG comme Médecins Sans Frontières agissent main dans la main avec le Gouvernement congolais pour éviter la contagion d’Ebola dans l’est de la République Démocratique du Congo.  Il n’y a plus de solution sans une effective réponse multilatérale aux défis de notre temps.
 
Sur les trois défis existentiels que j’ai mentionnés, nous aurons dans les prochains mois des échéances clés:
 
Premièrement, il y a trois ans ici à Paris, les Etats avaient montré qu’un accord international est encore possible sur l’un des sujets les plus complexes—le changement climatique.
 
Ce train ne repassera pas. Cet accord est notre horizon indépassable. 
 
La COP 24 en Pologne constitue une étape clé dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
 
Je vais organiser un sommet du climat en 2019 pour susciter des contributions nationales plus ambitieuses à la réduction des émissions de carbone, et in fine limiter le réchauffement climatique à 1.5C°.
 
Mais aussi pour remplir la promesse faite de mobiliser 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement.
 
Au-delà, n’oublions pas que les océans occupent 73% de la surface de la terre, et absorbent le tiers des émissions de carbone générées par les activités humaines.
 
Je demande aux Etats membres de se montrer ambitieux dans la négociation d’un instrument normatif de préservation de la biodiversité en Haute mer.
 
A terme -et c’est une grande préoccupation du Président Macron-, la codification des grands principes du droit de l’environnement apporterait prévisibilité et clarté.
 
Deuxièmement, les mouvements migratoires.
 
Je me rendrai à Marrakech en décembre pour l’adoption d’un Pacte global sur les migrations.
 
Ce sera le premier cadre international sur cette question, sans être juridiquement contraignant.
 
Mais il fournira une vision commune susceptible de contrer les préjugés infamants contre les migrants, tout en constituant une base de coopération internationale pour une migration sûre, ordonnée et régulière.
 
L’exemple récent des lignes directrices sur le déplacement interne montrent l’intérêt des textes de soft law.  
 
Sans être contraignantes, elles sont devenues utiles aux Gouvernements dans leurs politiques de protection et d’intégration, et dans leur coopération internationale. 
 
Dans le même temps, je réitère mon appel à préserver l’intégrité du régime international de protection des réfugiés.
 
Il reste pour moi – comme le droit international humanitaire - un étalon de mesure de notre humanité.  
 
Troisièmement, la révolution technologique.
 
Je pense sincèrement que les évolutions technologiques sont un allié de taille dans la mise en œuvre de notre Agenda 2030 pour le développement.
 
Nous aurons demain un Forum de la gouvernance d’Internet à l’UNESCO sur l’Internet de la confiance.
 
Le symbole me frappe : la confiance dans les potentialités de la révolution numérique doit favoriser l’éducation et l’appétit de culture, non la haine et l’exclusion.
 
A l’ère des données, nous devons trouver un équilibre entre innovation et régulation. Ce travail est clairement devant nous.
 
Je crois que certains domaines ne sauraient s’affranchir des règles de base du droit international.
 
Mon Agenda pour le Désarmement souligne l’urgence et la nécessité de porter attention aux usages militaires des nouvelles technologies.
 
Imaginez les conséquences d’un système autonome capable de repérer et d’attaquer de lui-même des êtres humains.
 
J’invite les Etats à interdire ces armes qui sont politiquement inacceptables et moralement révoltantes.
 
Mais au vu du rythme des innovations, nous devons aussi nous autoriser des formes allégées de régulation dans d’autres domaines du monde digital.
 
Ce qu’elles perdent alors en force contraignante doit être compensé par un suivi rigoureux des engagements ainsi pris.
 
J’ai créé récemment un Panel de Haut-niveau sur la coopération digitale comme catalyseur de ce processus.
 
 Je souhaite que les Nations Unies soient une plateforme où les Gouvernements, les entreprises, la société civile et les chercheurs peuvent se mettre d’accord sur des codes de bonne conduite, des lignes directrices et des engagements volontaires.
 
Au final, il s’agit que la révolution digitale devienne une force positive au service du progrès.
 
Chers amis,
 
Le multilatéralisme qui fait partie de notre quotidien risque de devenir périssable quand il est le plus nécessaire.
 
Il fut un legs inestimable : un sursaut par lequel la dévastation se fit adhésion à une humanité commune.
 
Votre présence pour défendre un multilatéralisme en action est une marque de confiance.
Sachez qu’elle me rend aussi confiant dans cet avenir, et plus encore déterminé.
 
Je vous remercie de votre attention et de votre engagement.
 
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SECRETARY-GENERAL'S ADDRESS TO THE PARIS PEACE FORUM
 
Your Excellencies, Heads of State and Government,
Ladies and gentlemen,
 
Ten years ago, in 2008, Mr. Lazare Ponticelli, the last known French veteran of the Great War, died at the age of 110.
 
Every year on 11 November, Mr. Ponticelli, an Italian immigrant, honoured the promise he had made to his comrades who had died too young on the battlefield.
 
He used to visit his local war memorial to remember them.
 
Right at the end of his life, he had finally agreed to talk to schoolchildren about his experience. 
 
He always began with these words: “First of all, I never knew why we were fighting …” 
Ladies and gentlemen,
 
Over time, this “why” has come to envelop both patriotic fervour and the sacrifice of the dead.
 
The horror of those great global conflicts cannot be forgotten. 
 
I am reminded of that horror when I pass by the copy of Picasso’s Guernica on my way to the United Nations Security Council. 
 
But horror must never prevail over hope.
 
The hope with which I receive my guests in the meeting room on the 38th floor of the Secretariat Building at United Nations Headquarters, adorned by the Matisse tapestry Polynésie, le Ciel, with its deep, peaceful shades of blue. 
 
It was that same hope that gave rise to the development of multilateralism in the twentieth century.
 
Over the past 100 years, the desire to settle conflicts peacefully on the basis of common rules has been converted into a universal system of institutions in the political, economic, social and environmental spheres.
 
That system rests on the values affirmed in the Preamble to the Charter of the United Nations and in the Universal Declaration of Human Rights adopted right here in Paris 70 years ago.
But the same hope was also reflected in the reconciliation between France and Germany and in the building of Europe.
 
I am therefore delighted to speak following the addresses by President Macron and Chancellor Merkel.
 
A hundred years on, just a few kilometres from the clearing of Rethondes, this Paris Peace Forum, with the enthusiasm it demonstrates for collective solutions, has never been more relevant.  
 
I extend my warmest thanks to President Macron for this valuable initiative. 
 
Dear friends,
 
The past hundred years feel like an eternity.
 
And yet, when you think about it, a hundred years represents only the tiniest fraction of world history. 
 
What if this spirit of multilateralism was merely a reaction to the devastation of the two world wars? 
 
I do not think so.
 
The world wars resulted in a return to basics.
 
In his book The Sleepwalkers, the historian Christopher Clark re-examined the origins of the First World War.
 
As part of his analysis of national rivalries, he insisted that the political leaders of the time were blind.
 
Locked into distorted perceptions of their enemies, cut off from the realities of the world and its peoples, they precipitated an unlimited war. 
 
As I see it, several elements today have many parallels with both the start of the twentieth century and the 1930s, giving us grounds to fear that an unpredictable chain of events could ensue.    
 
The first element is the 2008 financial crisis. 
 
Let us not forget, the Second World War began 10 years after the 1929 stock market crash.
It’s true that the lesson was learned in 2008.
 
A great depression was avoided by deploying an unprecedented arsenal of budgetary and monetary instruments to shore up demand and rescue the financial system.
 
However, although the global economy returned to growth, scores were settled by voters on both sides of the Atlantic in 2016, and more broadly in Europe and elsewhere.
 
Political revenge against macroeconomic rationale, reflecting the destabilization of the middle classes, the impact of wage stagnation in curtailing social mobility, growing inequalities and people’s indignation at the “treason of the elites”. 
 
The second element is that, in the 1930s, democracies were swept along by a wave of totalitarianism.
 
We are not in the same situation, but what we are seeing today is the polarization of political life and of society itself, which is leading to a dangerous erosion of fundamental rights and freedoms, democratic principles and the rule of law.
 
Identity-related prejudice, terrorism and the corruption of information are putting political systems and constitutions to the test.   
 
Previously shored up by multiple strands of community life and culture, they are now being fractured by individualism and the conflation of ethnic, religious and national passions.
 
Those bitter passions fuelled the nationalist backlashes and anti-Semitism of the 1930s. We must never lose sight of that fact.
 
Ladies and gentlemen,
 
A weakening of the democratic spirit of compromise and an indifference to collective rules are twin poisons for multilateralism.
 
Regrettably, I see several clear signs of their presence today:
 
First, the division of the Security Council, particularly over the Syrian conflict, which signals a return to a system of alliances in the Middle East and, above all, a willingness to sacrifice the Syrian population.
 
Second, the trend towards trade confrontation, which signals a return to bilateralism away from the trade multilateralism embodied by the World Trade Organization and its Dispute Settlement Body. We should again recall the 1930s and the succession of competitive devaluations that took place, causing the collapse of three quarters of all international trade and payments within a decade.
 
Third, the crisis of confidence faced by the European Union. Ownership of the European project by the peoples of Europe cannot be lost. This is a possibility that can and must urgently be considered. “Too meaningful to fail”, I would be tempted to say to my former colleagues.  
 
Dear friends,
 
I am not a fatalist.
 
I must therefore try to prove why it is no longer just a hope but, more than ever, a necessity. 
 
First, multilateralism has yielded undeniable results. 
 
Bill Gates recalled recently that child deaths have more than halved since 1990, while the proportion of people living in extreme poverty has fallen from 36 per cent to 8 per cent. 
Smallpox has been eradicated as a result of the vaccination campaigns conducted by the World Health Organization.
 
Today, we are on the verge of eradicating polio.
 
Better access to treatment has prevented 7.6 million deaths from AIDS. 
 
In the area of peacekeeping and security, more than a million men and women from 125 countries have served in peacekeeping missions over the last 70 years to prevent the spread of crises, protect civilians and support political processes.
 
The blue helmets are now our brand in the world. A presence that is cost-effective.
The United States Government Accountability Office estimates that a national peacekeeping operation in the Central African Republic would have cost the United States ten times as much as the United Nations mission, MINUSCA, did.  
 
Dear friends,
 
Indeed, for a young person from the Central African Republic, multilateralism is both a necessity and a hope.
 
The same is true for the world’s 65 million refugees and displaced people.
 
My ten years as the United Nations High Commissioner for Refugees convinced me that the pain of displacement can be avoided only through conflict prevention and improved integration of development and human rights protection efforts in our peacebuilding work.
 
Ladies and gentlemen,
 
The multilateral framework has also shown itself to be indispensable in resolving nuclear proliferation crises.
 
It was the Security Council’s unity in dealing with the Iranian and North Korean situations that opened up the way for negotiated solutions both in 2015 and in 2018.   
 
On the other hand, unilateral intervention, or intervention by just one group of States, does not in itself guarantee either success or cost-effectiveness.
 
The intervention in Iraq argues, negatively, in favour of multilateralism.
 
We should also acknowledge the extent to which international conventions have promoted greater interdependence among peoples.
 
We tend not to think about it anymore, but we should not forget the existence of a codified law of the sea in the Montego Bay Convention, or the existence of the International Civil Aviation Organization.
 
History is not a game of dice; the “father” of international law – the Dutch scholar Grotius – was the first to formulate the principle of the freedom of the seas back in the sixteenth century. 
 
That principle was the corollary of the freedom of trade, recognized well before WTO existed.
 
Ladies and gentlemen,  
 
The United Nations remains at the centre of the harmonization of efforts to achieve peace and
sustainable development.
 
During the General Assembly debate held in New York in September, I had the honour of welcoming 126 Heads of State and Government to Headquarters.
 
In just one week, my staff organized 566 high-level meetings and 1,676 bilateral meetings.
 
It would be disconcerting to think that this is nothing but talk.
 
Governments will not be able to meet their people’s expectations for protection in the absence of international cooperation.
 
The recent General Assembly debate has convinced me that this is widely recognized.
 
The themes mentioned over a hundred times in the addresses delivered by heads of delegations were all global: the 2030 Agenda for Sustainable Development (158 times), climate change (146 times), terrorism (123 times) and migration (100 times).
 
Dear friends,
 
The first of these “countdowns” –  as my friend Hubert Védrine rightly said – is of course the challenge of climate change.
 
The clock is ticking.
 
Unless we change course in the immediate future, we will lose control of the situation.
 
A few days from COP24, I will say this clearly: we – world leaders – cannot be sleepwalkers.
It is pointless to build sand castles before high tide while claiming to be engineers.
 
These are not children’s games. We’re playing with our children’s future.
 
The recent report of the Intergovernmental Panel on Climate Change should serve as our wake-up call.
 
Realities on the ground exceed even the most pessimistic forecasts.
 
Climate change is moving faster than we are.
 
Natural disasters are becoming more frequent, more intense and more destructive.
Arctic sea ice is shrinking, desertification is spreading and coral bleaching is widespread.
 
Dear friends,
 
The second challenge is demography and migration.
 
It took from the Big Bang until the year 1820 for the number of people on Earth to reach one billion.
 
Today that number is approaching 8 billion, and half of the growth in the global population will be in Africa.  
 
In a context of climate change, inequalities and conflict, migration will remain an enduring phenomenon.
 
We must come to our senses.
 
Without international cooperation, and if we retreat behind our national borders, we will sacrifice our collective values, and we will perpetuate the tragedy of migrants being exploited by the worst traffickers.
 
Our third challenge is technology.
 
Like the invention of printing, the digital revolution has opened up a new realm – this time the virtual world.
 
We have been given the opportunity to experience a revolution that has given birth to a new world.
 
The digital transformation is turning our economies and societies upside down.
 
Shortly, artificial intelligence will redefine the job market and the nature of work itself.
 
While offering immense opportunities, the Internet can unfortunately also be used to manipulate information.
 
It is a place where cybercrime spreads.
 
Terrorist groups use the Internet to foster hate speech and recruit alienated youth.
 
The main risk today is the gap between innovations and our legal framework, whose basic concepts are not suited for the virtual world.    
 
Ladies and gentlemen,
 
These three joint challenges are arising at a time of great anxiety and geopolitical disorder, which increases the risks of confrontation.
 
Gone are the days when a superpower could shore up the global economy or guarantee international security.
 
Our world at present seems chaotic.
 
But it is moving towards multidimensional multipolarity.
 
And it would be wrong to regard this multipolarity, in and of itself, as the solution.
 
Without the multilateral system and respect for international rules, we risk a return solely to power relations, reward-sanction mechanisms and a cycle of frozen conflicts.
 
That is why I will not sit back and watch an assault on multilateralism just when it is most needed.
 
In contrast, I believe in strong reformed multilateralism “on the move”. This is what I am working towards.
 
I cannot detail here all the reforms that my colleagues and I are undertaking in that direction.  
 
But allow me to convey our gratitude to the staff of our organizations.
 
They work in places where other people do not go, on the most dangerous missions.
 
Ladies and gentlemen,
 
I deeply believe that strong multilateralism only comes from strong States.
 
Only robust States have the power to make commitments, then to explain to citizens the rules by which they and other States have agreed to be bound. 
 
As a former Prime Minister, I know the difficulty of this myself: a multilateral rule is an agreement that is more difficult to amend than a national law.
 
People often see what it dictates, not what it maintains.
 
It is therefore essential for States to renew their citizens’ compacts.
 
Alongside Jürgen Habermas, we must recognize that the oxygen of a modern democracy is a continuous flow of communication between civil society and the political authorities.
 
A flow that must contribute directly to political decision-making.
 
Having grown up under a dictatorship, I know this from experience.
 
This principle is also becoming increasingly valid at the global level.
 
We need an inclusive multilateralism that is closely related to civil society and the business community.
 
In renewing citizens’ compacts, we also must not overlook the key issue of inequalities.
 
And I congratulate President Macron for making this a priority during the French presidency of the G7 in 2019.
 
The fight against global inequalities must serve as the guiding compass for the work of multilateral organizations.
 
It is central to the 2030 Agenda and its Sustainable Development Goals.
 
In this context, my mission is simple: to be more effective in order to better serve the people for whom we are a necessity and a hope.
 
Consequently, reform of the United Nations Secretariat has been a priority since my arrival.
 
Our Organization must be exemplary.
 
In particular, it must respect geographical diversity and gender equality.
 
We are convinced that women hold the key to our development.
 
And that is why we have achieved gender parity in the Organization’s senior management, one year after I took office.
 
I will tirelessly pursue these steps towards modernization, and I ask you to place your trust in me.
 
Dear friends,
 
Conflict prevention and resolution, with respect for international humanitarian law and human rights, remain my priority concerns. 
 
We must never accept the plight of the victims of violence and terrorist acts in Syria, Yemen, Mali or Myanmar.
 
Our organizations must therefore act in concert. This is the purpose of our special partnerships with the African Union and the European Union.
 
As we speak, MONUSCO peacekeepers, the World Health Organization, UNICEF and NGOs like Médecins sans frontières are working hand in hand with the Government of the Democratic Republic of the Congo to prevent an Ebola epidemic in the east of the country.  
 
Ladies and gentlemen,
 
Multilateralism must not enter the future backwards.
 
In the next few months we will approach key milestones related to the three existential challenges that I mentioned:
 
First: three years ago, here in Paris, States showed that an international agreement is still possible on one of the most complex issues.
 
This opportunity will not come again. There is no alternative to this agreement.
COP 24 in Poland marks a key step in implementing the Paris Agreement.
 
I will organize a climate summit in 2019 to elicit more ambitious national contributions for the reduction of carbon emissions, and ultimately to limit global warming to 1.5 degrees Celsius.
 
But also to keep the promise to mobilize 100 billion dollars a year for developing countries. 
Let us also not forget that the oceans cover 73 per cent of the Earth’s surface and absorb a third of the carbon emissions generated by human activity.
 
I would ask Member States to be bold in negotiating a legal instrument to protect biodiversity on the high seas.
 
In the long term, codifying the fundamental principles of environmental law would provide predictability and clarity.
 
Second: migration movements.
 
I will be visiting Marrakech in December for the adoption of a global compact on migration.
 
This will be the first international framework on this issue, without being legally binding.
 
But it will provide a common vision able to counter shameful prejudice against migrants while establishing a basis for international cooperation for safe, orderly and regular migration.
 
The recent example of the Guiding Principles on Internal Displacement shows the importance of soft-law texts.
 
Despite being non-binding, the Guiding Principles have proved useful to Governments in their protection and integration policies, and in their international cooperation.
 
At the same time, I reiterate my call to maintain the integrity of the international refugee protection regime.
 
For me the regime, like international humanitarian law, remains a standard by which to measure our humanity.
 
Third: the technological revolution.
 
I sincerely believe that technological developments are a major ally in the implementation of our 2030 Agenda for Sustainable Development.
 
Tomorrow UNESCO will host an Internet Governance Forum on the “Internet of Trust”.
 
I’m struck by the symbolism: trust in the potential of the digital revolution needs to promote education and an appetite for culture, not hatred and exclusion.
 
In the Data Age, we must find a balance between innovation and regulation.
This work clearly lies ahead of us.
 
I believe that in certain areas it should not be possible to circumvent the basic rules of international law.
 
My disarmament agenda underscores the urgency and necessity of paying attention to the military uses of new technologies.
 
Imagine the consequences of an autonomous system that could, by itself, target and attack human beings.
 
I call upon States to ban these weapons, which are politically unacceptable and morally repugnant.
 
Given the pace of innovation, we should allow less stringent forms of regulation in other areas.
 
But whatever is lost in terms of binding force should be offset by the rigorous monitoring of the commitments undertaken.
 
I recently established a High-level Panel on Digital Cooperation as a catalyst for this process.
I would like the United Nations to be a platform where Governments, businesses, civil society and researchers can agree on codes of conduct, guidelines and voluntary commitments.
 
Ultimately, it is about the digital revolution becoming a positive force for progress.
 
Dear friends,
 
The multilateralism that is now part of our daily life is at risk of disintegrating just when it is most needed.
 
Its legacy has been invaluable: an impulse by which devastation gave way to membership of a shared humanity.
 
Your presence here to defend multilateralism at work is a mark of confidence.
 
It also makes me confident about the future and even more determined.
 
Thank you.