Qu’est-ce que la Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit ?

La Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit (campagne également appelée « Halte au viol ») est un réseau de 21 entités des Nations Unies qui se sont rassemblées pour mettre fin à la violence sexuelle pendant et après les conflits armés. Reposant sur l’unité d’action des Nations Unies, la Campagne vise à :

La Campagne tire parti de l’expérience collective et des capacités institutionnelles du système des Nations Unies, et pendant les dix dernières années, elle a apporté des connaissances essentielles qui manquaient auparavant, mis au point des politiques, des orientations et des supports de formation pour appuyer la prévention des violences sexuelles liées aux conflits et les interventions y afférentes. La Campagne a été lancée en 2007 en réponse à l’« Appel à l’action » formulé à l’issue du Symposium sur la violence sexuelle en temps de conflit et au-delà, qui s’est tenu en juin 2006 à Bruxelles, ainsi qu’en réponse aux exhortations d’entités des Nations Unies, d’organisations de défense des droits des femmes, d’organisations non gouvernementales et d’États Membres, qui demandaient que la violence sexuelle soit considérée comme une question d’ordre politique ayant une incidence sur la paix et la sécurité, ainsi que comme une question d’ordre humanitaire et une question de droits humains, de genre et de développement. En juin 2007, le Comité des politiques du Secrétaire général a approuvé la Campagne, qu’il a considérée comme étant une « initiative commune à l’ensemble du système des Nations Unies, essentielle pour guider les activités de sensibilisation, l’amélioration des connaissances, la mobilisation des ressources et la programmation commune ayant trait aux violence sexuelles en temps de conflit ». Dans toutes ses résolutions pertinentes, notamment les résolutions 1820 (2008), 1888 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2331 (2016) et 2467 (2019), le Conseil de sécurité souligne en particulier que la Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit est le forum de coordination interinstitutions désigné pour traiter le problème des violences sexuelles liées aux conflits, par des activités communes de sensibilisation, de production de connaissances et de programmation. Après l’adoption de la dernière résolution en date sur le sujet, la résolution 2467 (2019) du Conseil de sécurité, qui a marqué un tournant, la Campagne a élaboré un nouveau cadre stratégique (2020-2025), basé notamment sur une approche globale et centrée sur les rescapé(e)s de violences sexuelles liées aux conflits et fortement axé sur la prévention de ces violences, notamment par l’éradication de leurs causes structurelles profondes.

Structure et composition

La Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit est présidée par la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, appuyée par un secrétariat situé dans le Bureau de la Représentante spéciale et dirigée par un Comité directeur composé de directrices et directeurs des 21 entités membres. Elle compte actuellement les membres suivants : le Centre du Commerce International (CCI), la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), le Département des opérations de paix (DPO), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), le Bureau de la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide, le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Bureau des affaires de désarmement, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), le Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Principaux domaines d’activité

1) Protection et prévention : des activités de soutien et de protection des rescapé(e)s et des groupes à risque sont menées de pair avec des activités de prévention et d’atténuation des risques de violences sexuelles liées aux conflits. Une assistance complète et multisectorielle, comprenant des services médicaux et psychosociaux ainsi que des services de sûreté/sécurité, d’appui aux moyens de subsistance et de justice, est mise à la disposition des personnes concernées, et ce de façon accessible. Les mesures de prévention et d’atténuation des risques de violences sexuelles liées aux conflits sont appliquées d’une manière centrée sur les rescapé(e)s, notamment au moyen de stratégies et de plans visant à donner suite aux communiqués conjoints.

2) Renforcement des capacités et interactions stratégiques avec les porteurs de devoirs : renforcer la capacité des porteurs de devoirs et des décideurs de s’attaquer aux risques et aux causes profondes des violences sexuelles liées aux conflits et de promouvoir le respect des normes et la responsabilité (aux niveaux mondial et national) en multipliant les activités communes de sensibilisation, menées de façon soutenue, ainsi qu’en améliorant les compétences techniques des acteurs institutionnels, opérationnels et nationaux.

3) Orientations, politiques et outils : faire progresser la mise en œuvre des programmes relatifs aux violences sexuelles liées aux conflits et des programmes pour les femmes et la paix et la sécurité dans la prévention et le règlement des conflits, le maintien de la paix, la consolidation de la paix, l’action humanitaire et les processus de développement, en élaborant des orientations, des politiques et des outils visant à remédier aux insuffisances constatées dans les connaissances, les pratiques, la sensibilisation et les compétences techniques. Ces orientations, politiques et outils sont partagés au sein du réseau de la Campagne et diffusés auprès d’autres acteurs pertinents.

4) Données : accroître la collecte d’informations fiables, actualisées et objectives sur les tendances, les risques et les types de violence pour : 1. appuyer la sensibilisation à haut niveau fondée sur des données factuelles ; 2. améliorer le dialogue avec les parties au conflit et les moyens de pression sur ces parties ; 3. contribuer à des solutions efficaces et centrées sur les rescapé(e)s en : utilisant des méthodes de gestion et d’analyse des données qui soient sûres, éthiques et respectueuses du genre, déployant des conseillers(ères) pour la protection des femmes, améliorant les arrangements de suivi, d’analyse et de communication de l’information et favorisant la coordination entre plateformes de gestion des informations relatives aux violences sexuelles liées aux conflits.

5) Coordination : améliorer la coordination entre acteurs des Nations Unies et améliorer, à l’échelle du système, les interventions et l’application des résolutions du Conseil de sécurité sur les violences sexuelles liées aux conflits, en : renforçant la capacité du réseau de la Campagne à remplir son rôle de forum consultatif sur ces violences ainsi que son rôle de plateforme de coordination des activités de sensibilisation permettant de mener des interventions communes relatives auxdites violence et de combler ainsi les carences en la matière.

Financement

La Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit est entièrement financée par les contributions volontaires et extrabudgétaires des donateurs au fonds d’affectation spéciale pluripartenaire pour la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits. Le fonds soutient non seulement le fonctionnement du réseau, mais aussi les projets communs de la Campagne, qui bénéficient directement aux rescapé(e)s et aux personnes à risque de subir des violences sexuelles liées aux conflits. Depuis 2009, la Campagne a soutenu plus de 50 projets dans 17 pays touchés par des conflits ainsi que des initiatives au niveau régional et mondial. En levant des financements destinés au fonds, la Campagne peut entreprendre des activités dans les domaines suivants : prévention des violences sexuelles liées aux conflits (y compris en s’attaquant à leurs causes profondes) ; protection ; fourniture de services multisectoriels aux rescapé(e)s ; renforcement des capacités des institutions nationales ; élaboration d’orientations ; collecte et analyse de données dans un cadre sûr et éthique – tous ces domaines étant couverts par le cadre stratégique de la Campagne. La Campagne et les rescapé(e)s de violences bénéficient d’une programmation rationalisée, d’une gouvernance et de systèmes de gestion financière renforcés, ainsi que de rapports normalisés à l’intention des donateurs. Les États Membres et les autres partenaires peuvent contribuer au fonds d’affectation spéciale pluripartenaire pour la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits.

Projet en cours 

Le projet de la Campagne intitulé « Tirer parti de la force des Somaliennes pour réduire les violences sexuelles liées aux conflits et prévenir l’extrémisme violent » fournit un soutien direct aux rescapé(e)s des violences sexuelles liées au conflit perpétrées de façon systématique par les Chabab comme tactique de guerre. Plus précisément, il soutient les femmes anciennement associées aux Chabab et les communautés dans lesquelles elles retournent, afin de réduire leurs vulnérabilités et d’améliorer leur sécurité de manière générale, en appliquant des approches centrées sur l’humain et la prévention. Le projet fournit des services renforcés de santé mentale et de soutien psychosocial et une assistance à la réintégration socio-économique à 100 femmes anciennement associées aux Chabab, y compris des rescapé(e)s de violences sexuelles liées au conflit. Il aide les acteurs locaux et nationaux à répondre aux besoins complexes et délicats des femmes anciennement associées aux Chabab et à donner aux femmes de communautés touchées par les Chabab des moyens d’agir pour atténuer les risques d’extrémisme violent et de violences sexuelles liées aux conflits. Ce projet est exécuté conjointement par l’OIM et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie.

Informations complémentaires

Pour obtenir des informations complémentaires d’actualité, veuillez consulter le site officiel du réseau de la Campagne

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