La crise politique qui a éclaté en 2015 a exacerbé le risque de violences sexuelles au Burundi.

De mai à décembre 2015, le HCDH) a confirmé 19 agressions S/2018/25034/41 18-04633

sexuelles perpétrées contre des femmes par des membres des forces de sécurité, dont la plupart se sont produites dans le cadre de perquisitions et d’arrestations ayant eu lieu principalement dans des bastions de l’opposition. Le scénario était toujours le même : les forces de sécurité entraient dans le domicile des victimes, séparaient les femmes des autres membres de leur famille et les violaient, parfois en réunion. Des allégations semblables ont été avancées en 2016 et 2017, lesquelles n’ont toutefois pas pu être vérifiées en raison de la décision du Gouvernement de suspendre sa coopération avec le HCDH en octobre 2016. Un rapport reçu en
octobre 2017 concernait le viol d’une femme dans la province de Ruyigi par deux membres des Imbonerakure (la ligue des jeunes du parti au pouvoir). Malgré la plainte déposée par la victime, les autorités ont protégé les auteurs présumés de l’agression en raison de leur affiliation politique et aucune enquête n’a été ouverte. De même, en novembre 2017, deux femmes auraient été emmenées dans un centre pour jeunes de la province de Ngozi, et violées par une bande d’Imbonerakure. Deux des violeurs présumés ont été appréhendés mais se sont évadés avec l’aide de responsables locaux.

En avril, mai et juin 2017, les Imbonerakure ont organisé des rassemblements au cours desquels ont été scandés des slogans incitant à la violence sexuelle, notamment à féconder de force les femmes et les filles de l’opposition « pour qu’elles donnent naissance à des Imbonerakure ». Les experts qui ont mené l’enquête indépendante diligentée par le Conseil des droits de l’homme dans sa résolution S-24/1 ont recueilli des allégations selon lesquelles de nombreuses femmes qui cherchaient à fuir le pays auraient subi des violences sexuelles commises par des membres des Imbonerakure, des hommes armés non identifiés et des gardes frontières, notamment pour les punir de vouloir quitter le pays « alors qu’il n’y a[vait] pas de guerre ». Ils ont également reçu des informations crédibles selon lesquelles de nombreuses femmes et filles burundaises apparentées à des hommes soupçonnés d’être des dissidents politiques ont été victimes d’agressions sexuelles ciblées commises par des membres des forces de sécurité. La Commission d’enquête sur le Burundi a reçu des témoignages similaires dénonçant des sévices sexuels commis contre des parentes d’opposants au Gouvernement. En 2017, l’ONU a dénoncé un climat d’intimidation visant les victimes aussi bien que les organismes humanitaires et constaté un recours accru à des moyens de survie négatifs tels que les transactions sexuelles et la prostitution de survie qui sont liées à l’insécurité économique.

Recommandation

J’engage les autorités burundaises à faciliter le suivi des droits de l’homme en
reprenant leur coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ; à permettre aux organismes humanitaires de prêter assistance aux victimes de violences sexuelles, notamment les déplacés et les rapatriés ; à condamner tous les discours appelant à la violence ; à faire en sorte que les auteurs d’agressions sexuelles aient à répondre de leurs actes.