Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a fait part mardi de sa déception face à la condamnation pour « sodomie » d’un dirigeant de l’opposition malaisienne et a émis des doutes quant au respect de l’état de droit dans le pays.

« Nous sommes déçus du jugement rendu aujourd’hui par la Cour fédérale confirmant l’arrêt de la Cour d’appel de mars 2014 qui condamnait Anwar Ibrahim, le chef de l’opposition du pays, à cinq ans de prison pour des accusations de sodomie, un crime qui ne devrait pas exister en vertu du droit international des droits de l’homme », a déploré le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’un point de presse à Genève.

Selon la presse, il s’agit de la deuxième condamnation de M. Ibrahim pour des faits de sodomie – un crime passible de peines pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison dans ce pays – depuis qu’il est tombé en disgrâce à la fin des années 1990, après avoir exercé la fonction de Vice-premier ministre de ce pays à majorité musulmane.

L’affaire examinée mardi par la Cour fédérale remonte en effet à 2008, année où l’opposition dirigée par M. Anwar avait remporté un succès aux élections législatives malaisiennes, entamant pour la première fois la suprématie de la coalition au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle en Malaisie. Alors poursuivi et condamné une première fois pour sodomie, faits que le leader âgé de 67 ans a toujours contestés, M. Ibrahim avait été relaxé en 2012 par un tribunal. Les autorités malaisiennes avaient ensuite fait appel de cette décision l’an dernier. La Cour d’appel du pays avait alors condamné une nouvelle fois le dirigeant de l’opposition à une peine de cinq ans d’emprisonnement.

« M. Ibrahim a dû faire face à un certain nombre de charges et à des procédures judiciaires interminables depuis son retrait du gouvernement en 1998. Il existe des soupçons selon lesquels cette affaire a été montée de toute pièce pour des raisons politiques et le procès a été entaché par des violations des droits de la défense, soulevant des inquiétudes quant à l’équité de la procédure judiciaire », a déclaré M. Colville.

« Nous sommes très préoccupés par l’utilisation croissante du Sedition Act de façon visiblement arbitraire et sélective contre l’opposition politique, les militants des droits de l’homme, les journalistes, les avocats et les professeurs d’université en Malaisie depuis 2014 », a-t-il conclu.