Session de 2022,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, 3e et 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7083

ECOSOC: le forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des appels à relever les défis de la numérisation jugée « très prometteuse »

Le septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable a pris fin aujourd’hui, après avoir tenu, en deux jours, six sessions thématiques autour du thème central de cette année: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Dans ses remarques de clôture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Collen Vixen Kelapile, a estimé que ce forum sur les STI est arrivé à point nommé pour contribuer à trouver des solutions à un certain nombre de défis mondiaux qui se chevauchent: la pandémie de COVID-19, l’impact toujours plus présent des changements climatiques, ainsi que les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a rappelé que ces crises ont inversé les progrès du développement dans de nombreux pays, menaçant de mettre les objectifs de développement durable (ODD) hors de portée.

Pour renverser ces tendances, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a appelé, comme de nombreux intervenants des sessions thématiques, à miser sur la numérisation qui est « très prometteuse » dans la mesure où elle permet l’accès à des services essentiels, comme l’éducation et les soins de santé.  Mme Amina J.  Mohammed a aussi prôné le partage des connaissances pour la mise en œuvre de solutions technologiques aidant à surmonter un large éventail de défis.  Elle a insisté sur le fait que les STI doivent être orientées vers la réduction des inégalités, l’élimination des préjugés et de la discrimination, et l’atténuation des compromis pour atteindre les ODD.  Cela ne pourra se faire qu’en travaillant non pas en silos mais en collaboration entre les disciplines, a-t-elle souligné.

Dans leur résumé de la session, les deux Coprésidents, les Représentants permanents de la République-Unie de Tanzanie et de l’Ukraine, ont également appelé à accélérer les progrès pour relever les défis de l’économie numérique.  Il s’agit avant tout d’assurer une connectivité significative pour les 2,9 milliards de personnes qui n’ont toujours pas accès à Internet dans le monde.  La pandémie de COVID-19 a montré le bénéfice des biens publics numériques tels que les infrastructures numériques, mais davantage d’investissements sont nécessaires dans ces infrastructures, y compris de la part du secteur public, ont-ils noté.  Le Président de l’ECOSOC a appelé à des efforts accrus pour aider les pays en développement, les pays les moins avancés (PMA) en particulier, à combler la fracture numérique et à renforcer leurs capacités à tirer parti de l’économie numérique.  Sur la question cruciale du financement, il a regretté le fait que le Mécanisme de facilitation des technologies et le forum sur les STI n’aient pas encore reçu un soutien financier approprié, ce qui limite la portée de leurs actions.

Il faut d’ailleurs éviter des pressions financières trop fortes dans ce domaine si l’on veut assurer la pertinence et la pérennité des biens publics numériques dans le monde en développement, a prévenu la Coprésidente de Digital Public Goods Alliance.  Mme Liv Marie Nordhaug a ainsi invité à s’appuyer sur une utilisation ciblée de l’aide publique au développement (APD).  Pour sa part, la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations et Envoyée par intérim du Secrétaire général pour les technologies, Mme Maria Francesca Spatolisano, a évoqué le rôle crucial que pourrait jouer le futur pacte numérique mondial prévu par le Secrétaire général.  Ce pacte est une chance unique de tirer pleinement parti de l’ère numérique et d’éviter d’en subir les inconvénients, a-t-elle affirmé.  Cela correspond au « modèle multipartite » qu’il faut pour la gouvernance mondiale d’Internet, a confirmé M. Paul Mitchell, Président du Forum pour la gouvernance d’Internet.

Pour la Vice-Secrétaire générale, le potentiel du numérique ne peut toutefois pas être exploité lorsque seulement 63% de la population mondiale utilise Internet.  Selon elle, les STI constituent, par conséquent, la meilleure raison d’espérer.  En effet, les discussions sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone, les pédagogies d’apprentissage numérique, les bio et nanotechnologies, ainsi que les scénarios STI ont mis en évidence les « outils incroyables » dont nous pouvons user pour améliorer notre avenir.  Le Coprésident ukrainien du forum sur les STI a salué en particulier le rôle de la technologie numérique dans la poursuite des activités éducatives pour des millions de personnes pendant la pandémie, même si le passage aux outils éducatifs numériques a entraîné une baisse des résultats scolaires et des problèmes de santé mentale.  Son homologue de la République-Unie de Tanzanie a appelé à accroître les investissements dans les systèmes nationaux d’innovation, non seulement en termes de recherche et développement, avant de rappeler que le Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies a proposé de créer un réseau international de banques d’idées et de fonds pour l’innovation en tant que référentiel pour l’identification des problèmes, des opportunités et des solutions, ouvert à tous.

« Il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées dans la mise en œuvre de l’écosystème local d’innovation », a plaidé Mme Carolina Rojas, de Engineering for Change, représentant le grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a mis en garde contre les incidences négatives des innovations et recommandé à cet égard d’en évaluer les répercussions éthiques.  Elle a aussi conseillé d’impliquer les jeunes, qui doivent s’approprier ces innovations, dans une approche de solidarité intergénérationnelle.  Même son de cloche du côté de la Directrice exécutive de Open Knowledge Foundation, Mme Renata Avila, qui a invité à donner la place qu’ils méritent aux jeunes et à miser sur une vision positive de l’avenir. 

Par ailleurs, au cours d’une brève séance tenue après la clôture du forum, l’ECOSOC a élu par acclamation Mme Miia Rainne (Finlande) à sa vice-présidence, afin de terminer le mandat de son collègue de la Mission finlandaise, M. Jukka Salovaara, jusqu’à la fin de la présente session du l’ECOSOC.

SEPTIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

Session thématique 3: « Les systèmes d’innovation mondiaux, nationaux et locaux »

Cette session était animée par M. JOSÉ RAMÓN LÓPEZ-PORTILLO ROMANO, Conseiller du Gouvernement du Mexique en diplomatie scientifique; cofondateur et Président de Q-Element; et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.  Les intervenants ont présenté diverses approches d’innovation, aux niveaux local et national, notamment pour soutenir l’innovation et l’adaptation des technologies dans le cadre de la promotion des objectifs de développement durable (ODD).

Un premier exemple a été donné par la République-Unie de Tanzanie par M. AMOS NUNGU, Directeur général de la Commission nationale de la science et de la technologie, qui a indiqué que c’est en 2018 que son gouvernement a mis sur pied des directives devant réguler le secteur des innovations.  Depuis lors, une semaine nationale de l’innovation a lieu chaque année, a-t-il dit, en ajoutant que le pays a surtout besoin de financements pour renforcer ses capacités d’innovation.  La Chine n’a pas ce problème, puisque le pays a dépensé 2 700 milliards de yuan en 2021 dans le cadre de la recherche-innovation, a témoigné la délégation chinoise.  En République de Corée, le Gouvernement a trouvé la formule pour mobiliser le secteur privé, a expliqué M. JOO HYUNGHWAN, enseignant à l’École de commerce de l’Université nationale de Séoul.  Celui qui fut Ministre du commerce et de l’industrie dans son pays a ainsi expliqué que les entreprises privées sont astreintes à rendre public leur budget dédié à la recherche-innovation, afin de recevoir un classement en fonction des efforts consentis.  Il a également parlé de l’importance cruciale du renforcement de l’éducation et des capacités pour dynamiser les secteurs de la recherche et de l’innovation.

Justement, en Ukraine, c’est sur l’éducation que le Gouvernement a misé avant que l’invasion de la Fédération de Russie ne vienne casser la dynamique, a indiqué la Cheffe du Groupe d’experts sur l’innovation de la Direction de la science et de l’innovation au Ministère de l’éducation et de la science.  Mme OKSANA KRUKEVICH a également signalé que les autorités ukrainiennes ont mis en place des mécanismes de protection des droits de la propriété intellectuelle.  L’accent a également été mis sur cette question au Kenya, a confirmé M. TOM PETER MIGUN OGADA, Directeur exécutif du Centre africain pour l’étude technologique, qui a également décrit les mesures nationales visant à mettre en œuvre une feuille de route sur l’innovation, avant de préciser que les efforts nationaux dans le domaine recherche-innovation sont orientés vers la réalisation des ODD.  Mme ANGELINA BEKASOVA, experte senior en politique de l’espace et de l’innovation au Ministère de l’économie de la Lettonie, a également décrit un programme national focalisé sur une mission à l’horizon 2030.  Il est question, a-t-elle expliqué, d’encourager les innovateurs nationaux à se focaliser sur l’objectif national de dépollution de la mer Baltique.

Il est de bon aloi que les feuilles de route nationales sur l’innovation tiennent compte des écosystèmes locaux, a suggéré M. ALESSANDRO RAINOLDI, du Centre commun de recherche de la Commission européenne.  Abondant dans ce même sens, M. SLAVO RADOSEVIC, professeur d’industrie et d’études sur l’innovation de University College London, a appelé les différents États Membres à maîtriser d’abord leur environnement d’innovation, selon la fameuse formule du « connais-toi toi-même ».  Selon lui, il ne faut pas oublier que les trajectoires technologiques ne sont pas les mêmes et que, par conséquent, chaque pays a un écosystème distinct des autres.  Qu’à cela ne tienne, « il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées dans la mise en œuvre de l’écosystème local d’innovation », a plaidé Mme CAROLINA ROJAS, de Engineering for Change, représentant le grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a mis en garde contre les incidences négatives des innovations et recommandé, à cet égard, d’en évaluer les répercussions éthiques.  Elle a aussi conseillé d’impliquer les jeunes, qui doivent s’approprier ces innovations, dans une approche de solidarité intergénérationnelle.

La solidarité a été également magnifiée par le Ministre de l’industrie, de la science, de la technologie et de l’innovation du Cambodge.  M. PRASIDH CHAM a affirmé que l’écosystème national tient compte des réalités locales, même s’il a été mis en place grâce à des fonds onusiens.  Enfin, pour un pays comme le Japon résolument tourné vers l’innovation, il est aussi important de partager l’expérience nationale avec d’autres, comme le fait déjà son pays avec la Zambie et le Kenya dans le cadre du partage des meilleures pratiques en matière de STI. 

Session thématique 4: « Biens publics numériques mondiaux, numérisation, intelligence artificielle - connectons le monde d’ici à 2030 » 

Dans ses propos introductifs, la modératrice de cette session, Mme ANITA GURUMURTHY, qui est Directrice exécutive de IT for Change à Bangalore (Inde) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a d’emblée misé sur la connectivité universelle, dans la perspective de « démocratiser l’accès à Internet dans le monde ».  Elle a encouragé les membres du panel à réfléchir à ce que serait un paradigme juste du numérique. 

Rebondissant sur ces remarques, Mme LIV MARTE NORDHAUG, Coprésidente de Digital Public Goods Alliance, a rappelé que ces « biens publics numérisés » sont définis dans la feuille de route du Secrétaire général sur la question du « numérique mondial », en disant qu’il faut tirer profit de solutions communes pour relever les défis dans ce domaine transformateur.  Il faut notamment pouvoir compter sur des financements suffisants et une mobilisation de la recherche au profit de tous, ce qui implique une approche hautement collaborative, y compris avec les industries, pour mettre en place ces biens publics numériques mondiaux, a-t-elle précisé.  Répondant à une question sur le rôle de l’aide publique au développement (APD) dans le financement de ces biens publics mondiaux dans les pays en développement, Mme Nordhaug a expliqué qu’il faut éviter qu’il y ait des pressions financières pour assurer la pérennité et la pertinence de ces biens dans le monde en développement.  L’APD pourrait, selon elle, être utilisée de manière bien plus efficace dans ce domaine.

À l’aune du Sommet pour l’avenir de l’ONU, la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations et Envoyée par intérim du Secrétaire général pour les technologies, Mme MARIA FRANCESCA SPATOLISANO, a évoqué le rôle que pourrait jouer à cet égard le futur pacte numérique mondial prévu par le Secrétaire général.  Face aux changements technologiques rapides et aux transformations à l’échelle mondiale apportées par la technologie numérique, elle a invité à mobiliser la coopération pour tirer parti pleinement de l’ère numérique et éviter d’en subir ses inconvénients.  Ce pacte est une chance unique de le faire puisqu’il regroupe les États Membres et la société civile, qui devront réfléchir ensemble aux principes devant régir le monde numérique.  Pour préparer le terrain, le Bureau de Mme Spatolisano organise des tables-rondes sur divers aspects du sujet et travaille avec les partenaires, au sein des Nations Unies et au-delà, pour parvenir à un monde numérisé plus sûr et prêt à la connectivité universelle.  Mais pour l’instant, plus de 2,9 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées à Internet, a-t-elle regretté en soulignant que le numérique est pourtant devenu un outil efficace pour lutter contre les inégalités dans le monde.  Elle a donc appelé à forger une nouvelle vision de la coopération mondiale dans le domaine du numérique.  Pour que les États Membres puissent soumettre leurs idées et recommandations relatives au futur Pacte numérique mondial, Mme Spatolisano a précisé qu’une page Web sera mise en place par son Bureau.  L’objectif du Web doit être de servir l’humanité, a-t-elle conclu: « alors, travaillons ensemble maintenant pour l’avenir. »

Parmi ceux qui doivent participer à la gouvernance numérique, la Directrice exécutive de la Open Knowledge Foundation, Mme RENATA AVILA, a invité à donner la place qu’ils méritent aux jeunes et à miser sur une vision positive de l’avenir.  Les jeunes qui ont accès au numérique vont pouvoir contribuer aux solutions de demain, a-t-elle espéré.  Pour éviter « l’utopie du numérique », elle a souligné l’importance non seulement des législations nationales mais aussi de la coopération dans ce domaine pour atteindre une plus grande équité numérique parce que, même s’il existe un certain élan à financer l’infrastructure numérique dans le monde, l’hémisphère Sud n’a toujours pas suffisamment de moyens pour rattraper son retard numérique et pour investir dans l’innovation.  Dans ce contexte, Mme Avila a même parlé du « UNverse », en clin d’œil au « Metaverse ». 

Rebondissant sur cette question pour parler du financement de l’infrastructure numérique en Afrique, le représentant du Sénégal a estimé que les efforts à mener pour diminuer la fracture numérique doivent commencer au niveau national en mobilisant les forces propres de chaque pays.  Cependant, a-t-il concédé, cela dépend aussi de la coopération internationale qui reste nécessaire pour accompagner la numérisation de sociétés africaines. 

Abondant en ce sens, M. ALLY NYAMAWE, Directeur de AI4D, un laboratoire de recherche multidisciplinaire anglophone d’Afrique, basé en République-unie de Tanzanie, a appelé à réfléchir aux moyens pour l’Afrique de tirer profit des progrès de l’intelligence artificielle (IA) et de la numérisation, y voyant des outils précieux pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), notamment à travers des gains de productivité et dans les domaines de la santé et de l’éducation.  M. Nyamawe a affirmé que l’Afrique essaye de rattraper son retard en termes d’infrastructures numériques, mais expliqué que le continent se heurte aussi à un problème de qualifications et d’accès.  Son laboratoire de cherche, par exemple, a développé des programmes de mentorat pour les jeunes, mais cela suppose que ces jeunes aient accès au numérique et au matériel, comme des ordinateurs.  Il a donc recommandé d’adopter non seulement des politiques favorables au développement de la technologie et de l’intelligence artificielle, mais aussi des réglementations pour l’utilisation de l’IA.  Il a conclu son intervention en soulignant à son tour l’importance de la collaboration et de la coopération pour pouvoir aller plus loin en matière d’infrastructures numériques et de données en Afrique.

C’est un « modèle multipartite » qu’il faut pour la gouvernance mondiale d’Internet, a confirmé M. PAUL MITCHELL, le Président du Forum pour la gouvernance d’Internet, forum fondé sur l’idée d’une collaboration multipartite pour cet écosystème émergeant, par opposition à une approche individuelle descendante pour chaque pays.  Le Forum a pu répondre à des besoins spécifiques concernant les bonnes pratiques et les pratiques régionales, a-t-il fait valoir en indiquant qu’il compte plus de 24 coalitions; il a aussi permis de mieux comprendre les nouveaux marchés et d’accélérer les partenariats dans ce domaine.  Notant que, cette semaine, plus de 60 pays ont signé une déclaration sur Internet interfonctionnel, libre et sûr, M. Mitchell a annoncé que le prochain Forum pour la gouvernance d’Internet se tiendra cette année en Éthiopie.

Lui emboîtant le pas, M. ABDEL KARIM SAMAKIE, Directeur de Innovation Driven Enterprises, Digital Cooperation Organization, une organisation multilatérale créée en novembre 2020 pour promouvoir une croissance inclusive de l’économie numérique, a mis l’accent sur l’importance des biens publics numériques mondiaux pour permettre la connectivité à travers des politiques numériques nationales inclusives.  Son organisation se consacre notamment à la coopération entre gouvernements et secteur privé dans ce domaine dans le but de permettre aux entrepreneurs de participer à la pérennisation des biens publics numériques, a-t-il expliqué.  De son côté, la représentante du grand groupe sur la science et la technologie, Mme REINE ESSOBMADIE, de la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs (FMOI), a mis en avant le rôle des ingénieurs pour façonner des sociétés se basant sur le principe d’équité et ouvrir la voie à un monde connecté d’ici à 2030, alors que la représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, Mme ONA AMBROZAITE, a plaidé, comme Mme Avila, en faveur de la participation des jeunes à la gouvernance numérique, le but étant d’élaborer des politiques inclusives et des stratégies qui veillent à la viabilité à long terme des biens publics numériques. 

Session thématique 5: « Technologies émergentes d’élimination du dioxyde de carbone pour lutter contre les changements climatiques ». 

Modérée par Mme CHERRY MURRAY, Coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies et professeure de physique à l’Université de l’Arizona, cette session thématique a offert l’opportunité aux participants d’échanger sur les besoins croissants en matière de technologies d’élimination du dioxyde de carbone (EDC), le déploiement de ces technologies dans le monde et l’état des connaissances à leur sujet.  Le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne la nécessité d’accroître l’utilisation de ces technologies pour restreindre l’augmentation des températures dans les limites prévues par l’Accord de Paris, a fait remarquer la modératrice, ajoutant que faute d’atteindre cet objectif, des mesures correctives seront indispensables. 

Premier panéliste à s’exprimer, M. KEYWAN RIAHI, Directeur du programme énergie, climat et environnement de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (Autriche) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a expliqué qu’il existe différentes possibilités pour retirer le CO2 qui s’est accumulé dans l’atmosphère en quantités gigantesques.  En le retirant, nous pouvons réduire les niveaux de concentration du principal gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique, a-t-il précisé.  Dans son sixième rapport d’évaluation, le GIEC conclut que les technologies EDC sont nécessaires pour stabiliser le climat parce qu’elles peuvent s’ajouter aux autres mesures d’atténuation, en plus de la réduction des émissions carbonées, a poursuivi le chercheur.  Une fois atteint l’objectif de « zéro émission nette », 90% des actions climatiques pourraient, d’après lui, prendre la forme de mesures d’atténuation, les 10% restants étant réalisés par des technologies d’élimination.  Mais ces technologies doivent encore passer à la phase de recherche à celle du développement et de la mise à l’échelle, ce qui implique des investissements massifs. 

À sa suite, M. JAN MINX, professeur à l’Institut de recherche Mercator (Allemagne) et contributeur au sixième rapport du GIEC, a relevé que si les technologies EDC sont nécessaires pour atteindre l’objectif de zéro émission nette, il appartient à chaque pays de choisir la méthode qui lui convient.  Selon lui, les méthodes disponibles vont de la biologie terrestre (reboisement, biochar) à la biologie océanique (gestion du carbone bleu), en passant par la géochimie et la chimie, via la capture et le stockage directs du carbone dans l’air.  Il a toutefois reconnu qu’il n’existe pas de « technologie EDC miracle ».  Pour l’heure, le monde est à la traîne dans le déploiement et la mise à l’échelle de telles technologies, a-t-il averti, jugeant essentiel d’en promouvoir le développement en stimulant la demande.  Beaucoup reste à faire en termes de vérifications, de suivi et de développement pour progresser sur le plan technologique et aller de l’avant sur le plan politique, a reconnu le scientifique. 

La parole a ensuite donnée à des « praticiens », en commençant par M. ALLY MASOUD KIPANYA, Directeur général de Kaypee Motors (République-Unie de Tanzanie), dont l’entreprise a conçu une voiture respectueuse de l’environnement.  Depuis trop longtemps, a-t-il dit, l’Afrique est traitée comme un « dépotoir » et beaucoup de ses habitants y contribuent en utilisant des véhicules d’occasion usés et polluants.  J’ai voulu y remédier en participant à l’effort environnemental, a confié cet entrepreneur, qui a travaillé durant deux ans sur un prototype de voiture propre avant d’en lancer la commercialisation il y a un mois.  Il reste encore à obtenir l’homologation du bureau des normes tanzanien mais l’accueil est bon, a-t-il confié, reconnaissant cependant qu’acheter une voiture neuve reste « étrange » en Afrique.   

Lui emboîtant le pas, M. ANIRUDDHA SHARMA, Directeur général de Carbon Clean Solutions (Inde), a présenté son entreprise fondée en 2007 et centrée sur l’élimination des émissions de carbone des industries émettant le plus de gaz à effet de serre.  Cela concerne tout particulièrement les secteurs de l’acier, du ciment et de l’industrie pétrochimique, a-t-il précisé.  Son entreprise s’appuie sur des technologies EDC pour planifier des opérations de captage du dioxyde de carbone et arriver au net zéro.  En forte croissance, elle compte aujourd’hui 44 sites et propose ses services à des pays développés tels que le Japon, la Suisse et l’Allemagne.  Entre 2010 et 2020, les capacités d’installation pour ces technologies ont progressé de 1 600%, s’est-il félicité, jugeant toutefois important qu’un débat ait lieu, sous l’égide de l’ONU, sur le déploiement de l’EDC dans les pays en développement. 

Le représentant de la Fédération de Russie a souligné l’importance qu’accorde son pays au bilan carbone de ses vastes écosystèmes, qu’il s’agisse de forêts ou de terres agricoles.  Nous créons des sites de traitement du carbone et recueillons des données au sol en recourant à l’intelligence artificielle, a-t-il expliqué, le but étant de créer un système fiable de surveillance des gaz à effet de serre sur la base d’observations spatiales, de capteurs au sol et de technologies numériques.  Il importe maintenant que les systèmes russes de surveillance du carbone se synchronisent avec d’autres systèmes nationaux dans un esprit de reconnaissance mutuelle, a-t-il plaidé, rappelant au passage que les écosystèmes et les sols sont capables d’absorber 1 000 milliards de tonnes de gaz à effet de serre accumulés dans l’atmosphère et de les ramener à des niveaux sûrs.  Avec 20% des forêts mondiales sur près de 10 millions de kilomètres carrés, mais aussi au travers de son agriculture, la Russie développe des méthodes de séquestration du carbone et est ouverte à des collaborations technologiques au niveau international, a indiqué le représentant. 

Intéressée par cette présentation, Mme LEE KHENG HENG, Cheffe de section à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en charge du centre conjoint FAO/AIEA sur les techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture, a fait observer que l’agriculture contribue à 25% des émissions de gaz à effet de serre anthropiques.  Dans le même temps, elle constitue un puits de carbone majeur, qui absorbe environ un tiers des émissions de CO2.  En adoptant des pratiques agricoles intelligentes face au climat, telles que l’incorporation de résidus de cultures, le biochar, les engrais verts, les rotations de cultures et le contrôle de l’érosion des sols, il est possible, selon elle, d’augmenter le carbone dans les plantes pour qu’il soit séquestré dans le sol.  Ces processus doivent cependant être acceptés par toutes les parties prenantes et considérés dans le contexte de la sécurité alimentaire, a-t-elle fait valoir, jugeant que leur intérêt réside dans l’équilibre à long terme entre l’absorption et la libération du carbone. 

Mme KATHLEEN DRAPER, Présidente du Conseil d’administration de l’ONG Biochar Initiative et Directrice de l’Ithaca Institute for Carbon Intelligence (États-Unis), s’est pour sa part étendue sur le biochar, qui est le fruit d’un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse.  Notant que le biochar est probablement la plus ancienne solution anthropique d’élimination du dioxyde de carbone, elle l’a présenté comme sûr, évolutif et prêt à l’emploi.  Il peut aider les pays à accroître leur ambition climatique tout en soutenant 12 des 17 ODD des Nations Unies.  Elle a dit compter sur ce forum onusien pour mieux faire connaître cette solution de séquestration à long terme du carbone atmosphérique, obtenir des financements pour la mise à l’échelle des projets en préparation et encourager les pays à développer des plans de décarbonisation basés sur le biochar. 

À contre-courant des précédentes interventions, Mme SILVIA RIBEIRO, Directrice du Groupe ETC pour l’Amérique latine (Uruguay), a constaté qu’aucune des technologies d’élimination du dioxyde de carbone proposées ne s’attaque aux causes profondes des changements climatiques, telles que les combustibles fossiles, les systèmes alimentaires industriels et les modes de consommation et de production.  À l’instar des autres propositions de géo-ingénierie, toutes les technologies EDC ont d’importants impacts environnementaux et rien ne prouve qu’elles puissent permettre de lutter contre les changements climatiques, a-t-elle observé.  En effet, plus de 80% des installations actuelles de captage et de stockage du carbone sont utilisées pour accéder au pétrole en profondeur, ce qui entraîne une augmentation des émissions de CO2.  De plus, les propositions de capture aérienne directe sont extrêmement coûteuses et énergivores, ce qui pourrait également entraîner une augmentation des émissions ou une grave concurrence pour les sources renouvelables.  Par ailleurs, outre le fait que certains projets risquent d’empiéter sur des territoires autochtones, les technologies EDC fournissent une excuse aux industries polluantes et aux gouvernements pour éviter de réduire leurs émissions de carbone, moyennant une compensation technologique théorique à l’avenir.  « C’est un pari dangereux » car cela « gaspille le temps limité et les ressources publiques », a tonné Mme Ribeiro, pour qui il serait plus judicieux de mettre en place des mécanismes d’évaluation de la technologie impliquant une diversité de perspectives, y compris celles des femmes, des jeunes et des peuples autochtones. 

En réponse à ces remarques et observations, M. Minx a indiqué que, pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, les technologies EDC sont « nécessaires mais pas suffisantes ».  Il faut parvenir à zéro émission nette et ce ne sera pas possible sans l’EDC, a-t-il insisté, invitant les pays à réfléchir à leurs ambitions en la matière.  Les modèles existants font apparaître qu’il reste des émissions résiduelles qu’il faut compenser.  Il est donc important de pouvoir disposer des technologies qui permettent de le faire, avec plus ou moins de stockage de CO2.  Un avis partagé par M. Aniruddha Sharma, qui a confirmé qu’il n’y a pas de solution unique pour éliminer le CO2.  Dans certains endroits, il est préférable de recourir à l’EDC couplé au biochar, ailleurs ce peut être l’EDC avec la décarbonisation ou encore l’EDC et la capture de carbone.  En tout état de cause, il faut réfléchir aux trajectoires les moins coûteuses par régions, a-t-il préconisé.  De son côté, M. Keywan Riahi a réaffirmé que les technologies EDC n’ont pas vocation à remplacer les mesures d’atténuation mais à les compenser.  Selon lui, l’ONU a un rôle majeur à jouer en proposant un cadre dans lequel les pays pourraient collaborer autour de stratégies de réduction des risques. 

Suite de la session ministérielle: « La science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des ODD et une reprise durable après la pandémie de COVID-19 »

« Nous avons besoin de normes internationales pour régir la bonne utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) », a insisté le représentant de la Bolivie, après avoir précisé que la pandémie de COVID-19 avait aggravé la fracture numérique entre pays en développement et pays développés.  Il a insisté pour que l’accès à Internet soit un droit, précisant ensuite que son pays était lancé dans le développement de la connectivité à la fibre optique et des relais radios.  Son homologue de la Fédération de Russie a précisé que l’Académie russe des sciences fêterait son trois centième anniversaire en 2024 et que son gouvernement avait proclamé 2022-2031 décennie de la science en Russie. 

Session thématique 6: « Atteindre les objectifs de développement durable: les prochaines étapes pour le Mécanisme de facilitation des technologies et ses partenaires »

Comme l’a rappelé le Président de cette session, le Président de l’ECOSOC lui-même, M. COLLEN VIXEN KELAPILE, le Mécanisme de facilitation des technologies a été créé par le Programme d’action d’Addis-Abeba en 2015 pour soutenir la réalisation des ODD.  Depuis lors, ce forum sur le STI a mobilisé des milliers d’acteurs scientifiques et technologiques, dont beaucoup n’avaient jamais collaboré auparavant avec l’ONU.  Lors de cette session thématique, les panélistes ont apporté des mises à jour sur les principales activités du Mécanisme, y compris l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies pour la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des ODD et le Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, et discuté des moyens de renforcer leur impact.  Certaines des initiatives prises par les partenaires du Mécanisme ont également été mises en avant.  Ces interventions devraient fournir une base supplémentaire pour identifier les priorités clefs pour le Mécanisme à l’avenir, a espéré le Président. 

C’était au tour des deux Coprésidentes du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM et Mme CHERRY MURRAY, et des deux Coprésidents du septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable, M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) et M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), de faire le point sur les enseignements retenus de ces deux journées. 

Mme Abdool Karim a essayé de synthétiser ce « que nous devrions faire » pour accélérer la réalisation des ODD à travers une approche inclusive.  Alors que la pandémie n’est pas finie, elle a mis en garde contre la survenance de nouvelles pandémies et de catastrophes naturelles, en plaidant pour une meilleure préparation, notamment grâce au renforcement des capacités locales et des partenariats.  Il faut en outre examiner la manière dont les STI ont permis de faire des bonds en avant et remédier aux fossés qui se sont creusés pendant la pandémie.  L’interface politique/société doit permettre de déboucher sur des approches axées sur la personne plus efficaces, avec des partenariats essentiels sur cette voie.  Il faut « un écosystème de l’innovation » pour identifier les problèmes communs et y apporter des réponses, puis les décliner au niveau local, a poursuivi la panéliste.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’impératif d’un enseignement inclusif et axé sur les sciences, sans pour autant se laisser dépasser par les événements.  Avant de conclure, Mme Abdool Karim a lancé l’idée d’organiser le prochain forum sur les STI dans un pays à faible revenu, une proposition que Mme Murray a d’ailleurs soutenue. 

Partageant l’analyse de Mme Abdool Karim, Mme Murray s’est dite très optimiste après ces deux jours et elle a dit avoir le sentiment d’un élan positif malgré les défis à relever dans le monde et les retours en arrière en termes de développement et de pauvreté.  Il y a un vrai enthousiasme à poursuivre les partenariats et les initiatives à travers le Mécanisme de facilitation des technologies, s’est réjouie Mme Murray avant de souligner que l’un des aspects sur lesquels le Mécanisme devrait travailler sont de meilleures solutions pour les biens publics numériques.

M. Gastorn a recommandé d’accélérer les progrès pour relever les défis de l’économie numérique.  Il s’agit avant tout d’assurer une connectivité significative pour les 2,9 milliards de personnes qui n’ont toujours pas accès à Internet.  La pandémie de COVID-19 a montré le bénéfice des biens publics numériques tels que les infrastructures numériques, mais davantage d’investissements sont nécessaires dans ces infrastructures, y compris de la part du secteur public.  Il est également nécessaire d’assurer une gouvernance inclusive et participative d’Internet, de soutenir un environnement en ligne sûr, d’assurer une protection et une confidentialité adéquates des données et de minimiser les impacts environnementaux négatifs.  M. Gastorn a également retenu des échanges de cette session qu’il faut éviter la transposition des préjugés existants sur la sphère en ligne ce qui suppose une approche multipartite de la gouvernance de l’Internet. 

Deuxièmement, le forum a souligné la nécessité de renforcer les capacités en STI dans les pays en développement, qui investissent souvent une part beaucoup plus faible de leurs revenus dans l’innovation, a-t-il poursuivi, en mentionnant le potentiel du développement de partenariats plus larges, y compris des partenariats Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaires, et de la nécessité non seulement d’un transfert de technologies, mais aussi d’une assistance pour leur adoption et leur mise en œuvre.  En effet, la technologie doit être adaptée aux besoins et aux priorités locales.  Enfin, M. Gastorn a retenu qu’il faut accroître les investissements dans les systèmes nationaux d’innovation, mesurés non seulement en termes de recherche et développement, mais aussi en termes d’enseignement secondaire et supérieur, de financement de l’innovation et de soutien public à la recherche fondamentale.  En outre, les participants au forum ont souligné l’importance des engagements multipartites dans l’identification des priorités.  Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur des réseaux mondiaux ainsi que sur des partenariats public-privé dans la mise en œuvre des innovations, a-t-il ajouté.  Le travail de l’Équipe spéciale interinstitutions peut jouer un rôle important à cet égard, a estimé le Coprésident, espérant qu’il puisse guider efficacement les efforts menés avec les STI pour réaliser les ODD de manière articulée, homogène, évolutive, équitable, systémique, collaborative et mondiale.  Il a de plus rappelé que le Groupe des 10 hauts représentants a proposé de créer un réseau international de banques d’idées et de fonds pour l’innovation en tant que référentiel pour l’identification des problèmes, des opportunités et des solutions, ouvert à tous.

Lui emboîtant le pas, M. Kyslytsya a mis l’accent sur le rôle crucial joué par les STI dans la riposte à la pandémie de COVID-19, en particulier dans les efforts mondiaux pour développer des vaccins, des thérapies et des diagnostics en un temps record.  Cependant, l’expérience a également montré la nécessité de renforcer la préparation, d’assurer un plus grand partage de données et d’informations, et de bien collaborer sur la recherche et le partage des leçons apprises.  Il est également nécessaire de surmonter les inégalités en matière de distribution des vaccins, de développer des capacités de fabrication dans davantage de pays, de lutter contre la désinformation et de poursuivre les efforts de recherche pour combattre les futurs variants du virus. 

Quant aux STI dans l’éducation, le représentant de l’Ukraine a souligné le rôle clef de la technologie numérique, qui a permis la poursuite des activités éducatives pour des millions de personnes pendant la pandémie.  Cependant, il a été noté que la technologie n’était pas une solution miracle, a-t-il relevé puisque le passage à l’éducation en ligne a révélé une forte fracture numérique: plus d’un milliard d’enfants sans accès à Internet ont risqué d’être laissés pour compte.  Des efforts supplémentaires sont donc nécessaires pour combler ce fossé numérique et renforcer la formation aux compétences numériques.  En outre, le passage aux outils éducatifs numériques a entraîné une baisse des résultats scolaires et des problèmes de santé mentale.  Il faudra en tenir compte à l’avenir dans les nouveaux programmes et dans le développement professionnel continu des enseignants.  M. Kyslytsya a souligné qu’il a été dit que trop souvent les investissements dans la technologie éducative étaient axés sur la technologie plutôt que sur l’être humain.  Selon lui, il faut des politiques fondées sur des données probantes et des partenariats multipartites pour avoir un impact.  Les différences de capacités entre les pays doivent également être reconnues pour combler les inégalités existantes.  Enfin, alors que les femmes ne représentent qu’un tiers de la main-d’œuvre dans les STI, M. Kyslytsya a encouragé des initiatives pour promouvoir la présence des femmes dans ce domaine.

Tous ont soutenu et approuvé les feuilles de route du Partenariat en action sur les STI pour les ODD et ont appelé les autres États Membres à se joindre à eux en partageant leurs expériences et leurs bonnes pratiques, et en établissant une plateforme de partenaires partageant les mêmes idées sur les STI pour les ODD.

M. KN (GUNA) GUNALAN, du grand groupe des entreprises et de l’industrie, a, lui aussi, soutenu le Mécanisme de facilitation des technologies et l’a appelé à collaborer plus étroitement avec le Grand groupe en faisant valoir qu’avec la COVID-19, les scientifiques et les ingénieurs sont devenus les leaders.

Clôture du forum

En clôture de ce septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), Mme AMINA J.  MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a constaté qu’à l’approche du point médian du Programme 2030, les promesses risquent de ne pas être tenues, notamment pour ce qui est d’assurer l’accès à une éducation de qualité, une énergie propre et des soins de santé.  Indéniablement, a-t-elle reconnu, nous avons perdu du terrain ces deux dernières années en raison des effets de la pandémie de COVID-19, qui a fait au moins six millions de morts et détruit des moyens de subsistance.  Il est impératif, selon elle, de tirer les leçons de cette crise, comme cela a été réitéré ces deux derniers jours, et de reconstruire en mieux en prenant des décisions plus intelligentes fondées sur la science et les preuves.  De fait, a souligné Mme Mohammed, nous pouvons faire des choix qui transforment notre relation avec la nature, inversent la montée des inégalités et renforcent la résilience en vue de la prochaine crise, qu’il s’agisse d’un conflit, d’une catastrophe naturelle ou d’une nouvelle pandémie. 

De l’avis de la Vice-Secrétaire générale, l’un des développements les plus prometteurs des trois dernières années a été la pleine compréhension du potentiel transformateur des STI pour les vies humaines.  « Nous avons observé en temps réel ce que la science peut accomplir en quelques mois quand les efforts sont alignés et les connaissances mutualisées autour d’un objectif commun », a-t-elle relevé, rappelant à cet égard que des vaccins contre la COVID-19 ont été développés et diffusés à une vitesse sans précédent.  De plus, les nouvelles technologies ont permis aux étudiants de poursuivre leurs études à distance lorsque les établissements d’enseignement étaient fermés, avec le potentiel de rendre plus accessible l’éducation de qualité.  Cela étant, ces évolutions ont aussi fait apparaître des divisions menaçant de perpétuer des inégalités existantes et d’en créer de nouvelles, a nuancé Mme Mohammed, avant d’observer que l’accès au vaccin, construit sur des décennies de recherche publique, reste très inégal, ce qui prolonge la pandémie. 

À ses yeux, la numérisation est très prometteuse dans la mesure où elle permet l’accès à des services essentiels, comme l’éducation et les soins de santé, ainsi que le partage des connaissances pour la mise en œuvre de solutions technologiques à un large éventail de défis.  Toutefois, ce potentiel ne peut être exploité lorsque seulement 63% de la population mondiale utilise Internet, a averti la Vice-Secrétaire générale, pour qui les STI constituent, par conséquent, la meilleure raison d’espérer.  En effet, les discussions sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone, les pédagogies d’apprentissage numérique, les bio et nanotechnologies, et les scénarios STI ont mis en évidence des outils incroyables dont nous pouvons user pour améliorer notre avenir.  Mais, comme cela a été rappelé au cours de ce forum, les STI doivent être orientées vers la réduction des inégalités, l’élimination des préjugés et de la discrimination, et l’atténuation des compromis pour atteindre les ODD.  Cela ne pourra se faire qu’en travaillant non pas en silos, mais en collaboration entre les disciplines et en cocréant des connaissances avec ceux dont nous voulons faire profiter des STI, a-t-elle souligné. 

Il convient donc de collaborer « au-delà des frontières et des disciplines », a conclu Mme Mohammed, non sans rappeler que, dans son rapport sur un « Notre Programme commun », le Secrétaire général a insisté sur le rôle crucial des STI pour la gestion des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de l’éducation et des systèmes de santé, l’expansion des soins de santé et le renforcement de la résilience. 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé, à la clôture des travaux, que ce forum sur les STI est arrivé à point nommé car il a fourni l’occasion d’aider à trouver des solutions à un certain nombre de défis qui se chevauchent et auxquels le monde est confronté aujourd’hui: la pandémie actuelle de COVID-19, l’impact toujours plus présent des changements climatiques, ainsi que les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a rappelé que ces crises ont inversé les progrès du développement dans de nombreux pays, menaçant de mettre les ODD hors de portée et conduisant à une décennie perdue pour le développement. 

Des solutions innovantes basées sur la science, la technologie et l’innovation, comme celles présentées à ce forum, sont donc plus que jamais nécessaires car elles peuvent contribuer à un environnement inclusif et résilient pour soutenir la réalisation des ODD, a-t-il souligné.  Évoquant le potentiel des STI, il a tout de même souligné les dangers et craintes qui leurs sont associés, et le besoin de les exploiter en toute sécurité, de manière éthique et dans le respect des droits de l’homme.  Pour renforcer l’impact positif des STI dans les pays en développement, il a mentionné l’importance de prendre des mesures pour soutenir la transition vers le numérique, notamment en veillant à supprimer la fracture numérique entre pays et entre sexes.  Alors que nous assistons à une croissance sans précédent du rôle du numérique dans l’économie mondiale, ce qui offre d’importantes opportunités pour contribuer à la réalisation des ODD, le Président de l’ECOSOC a appelé à des efforts accrus pour aider les pays en développement, et les pays les moins avancés (PMA) en particulier, à combler la fracture numérique et à renforcer leurs capacités à tirer parti de l’économie numérique.  Enfin, sur la question cruciale du financement, il a regretté le fait que le Mécanisme de facilitation des technologies et le forum sur les STI n’aient pas encore reçu un soutien financier approprié, ce qui limite la portée de leurs actions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.