9068e séance, après-midi
CS/14937

Il est urgent d’augmenter l’accès des acteurs humanitaires aux personnes dans le besoin en Syrie, déclare le Secrétaire général au Conseil de sécurité

Alors que les besoins humanitaires de la Syrie sont plus élevés que jamais, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a demandé cet après-midi au Conseil de sécurité de renouveler en juillet prochain sa résolution 2585 (2021) sur le mécanisme d’assistance transfrontière pour au moins une année supplémentaire.  « Il s’agit d’un impératif moral », a-t-il martelé.  Actuellement, il n’y a tout simplement pas d’alternative pour répondre à l’ampleur et à la portée des besoins, a renforcé le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths.  « Nous, et les personnes que nous servons, vous demandons de permettre à notre travail vital de continuer », a-t-il plaidé, après avoir dressé à son tour un tableau alarmant de la situation en Syrie.

Si le Coordonnateur du Forum des ONG du nord-ouest de la Syrie, Turquie / Gaziantep, M. Iyad Agha, a fait écho aux préoccupations de MM. Guterres et Griffiths, les membres du Conseil de sécurité ont esquissé leurs divergences au sujet des livraisons humanitaires dans un pays où environ 12 millions de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire.  « C’est une crise de la faim.  C’est, également, une crise de l’eau », a averti M. Griffiths.  Une majorité d’intervenants se sont dits favorables à la poursuite des opérations transfrontières via le point de passage de Bab el-Haoua, tandis que la Fédération de Russie, les Émirats arabes unis et la Chine ont mis en garde contre la « politisation » du dialogue sur cette question. 

La réponse humanitaire massive de L’ONU et de ses partenaires en Syrie a permis d’éviter le pire, mais il faut aller plus loin, a exhorté M. Guterres, insistant sur l’importance de maintenir et d’élargir l’accès des acteurs humanitaires.  « Lorsqu’il s’agit d’apporter une aide vitale aux personnes dans le besoin en Syrie, tous les canaux doivent être disponibles et le rester. »  Le Chef de l’ONU a également appelé les États à honorer les promesses faites lors de sixième Conférence de Bruxelles sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région, qui a eu lieu les 9 et 10 mai 2022. 

Depuis l’adoption de la résolution 2585 (2021), cinq convois d’aide transfrontaliers sont passés, comprenant chacun 14 camions, depuis les zones contrôlées par le Gouvernement jusqu’à Edleb, a précisé M. Griffiths.  Cela a permis d’ouvrir un accès transfrontière au nord-ouest de la Syrie, où vivent 4,4 millions de personnes, pour la première fois depuis 2017.   Les livraisons ont également permis de fournir de la nourriture à plus de 43 000 personnes à chaque fois, ainsi que des fournitures médicales et éducatives.  « Nous avons besoin d’approbations en temps voulu et de garanties de sécurité », a-t-il aussi demandé.  Face aux préoccupations des membres du Conseil concernant la transparence des opérations, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a indiqué que le rapport du Secrétaire général dont est saisi le Conseil a mis l’accent sur ce point. 

Ce mécanisme n’a jamais été aussi crucial, a déclaré la France.  Un avis partagé par la représentante des États-Unis qui a raconté avoir vu de ses propres yeux comment ce mécanisme permet aux vaccins contre la COVID-19 et aux solutions nutritionnelles pour enfants de traverser les frontières.  Sans renouvellement du mandat humanitaire international, les activités de relèvement rapide dans le nord-ouest de la Syrie seraient compromises, a également mis en garde le Royaume-Uni. 

Ces trois pays sont responsables de la non-application des principaux piliers de ladite résolution, a cependant contré le représentant de la Syrie en déplorant que les livraisons humanitaires se font de façon « sélective ».  Il en a voulu pour preuve l’écart entre le nombre de convois transfrontaliers et de convois passés à travers les lignes de front le mois dernier.  Critiquant les résultats « déprimants » du travail de l’ONU à ce sujet, la Russie a estimé pour sa part que l’organisation de livraisons humanitaires en coordination avec le Gouvernement syrien serait possible dans toutes les régions du pays.

Plus nuancés, les pays du groupe A3 (Gabon, Ghana et Kenya), tout en reconnaissant la portée plus large des livraisons transfrontières, ont estimé que l’acheminement de l’aide à travers les lignes de front est tout aussi essentiel.  « Nous n’avons pas d’objectif caché.  Nous voulons simplement sauver des vies », a assuré à la fin de la séance le représentant de la Türkiye avant de rappeler que ce mécanisme d’aide humanitaire est « l’opération la plus sophistiquée et la plus contrôlée de l’histoire des Nations Unies ».  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2022/492)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a jugé « désastreuse » la situation humanitaire pour des millions d’enfants, de femmes et d’hommes à travers la Syrie.  Les besoins sont les plus élevés depuis le début de la guerre, il y a plus de 11 ans.  La plus grande crise de réfugiés au monde continue d’affecter la région et le monde entier, a résumé le Secrétaire général, citant des chiffres sans appel.  Ce sont ainsi 14,6 millions de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire.  Douze millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, ne sachant pas d’où viendra leur prochain repas; 90% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.  Les infrastructures s’effondrent, détruites par des années de conflit.  L’activité économique a diminué de moitié au cours d’une décennie de conflit, de crises financières régionales, de sanctions et de la pandémie de COVID-19, a précisé M. Guterres. 

L’économie devrait encore se contracter cette année, a averti le Secrétaire général, citant la Banque mondiale.  C’est pourquoi l’appel humanitaire en cours est chiffré à 4,4 milliards de dollars pour venir en aide aux personnes vivant en Syrie et à 5,6 milliards de dollars pour soutenir les réfugiés dans la région.  « Nous avons fait de grands progrès dans l’intensification de la réponse, mais il faut faire davantage », a-t-il pressé, appelant à honorer les généreuses promesses faites lors de sixième Conférence de Bruxelles sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région, qui a eu lieu les 9 et 10 mai 2022.

Les besoins en Syrie sont trop importants pour que l’on puisse y répondre uniquement par des efforts immédiats pour sauver des vies.  Plus d’un quart de notre appel est destiné à soutenir le relèvement rapide et la résilience, a expliqué M. Guterres.  Dans certains secteurs, notamment l’éducation, cela représente environ la moitié de tous les projets, soit une augmentation significative par rapport aux années précédentes.  Grâce aux projets déjà en cours, des millions de personnes bénéficieront de la remise en état d’hôpitaux, d’écoles, de systèmes d’approvisionnement en eau et d’autres infrastructures de base, endommagés.

Dans le nord-ouest de la Syrie, où 2,8 millions de personnes, principalement des femmes et des enfants, sont déplacées, les besoins continuent d’augmenter, a poursuivi le Chef de l’ONU.  Beaucoup vivent dans des camps ou des installations informelles.  Plus de 90% des personnes vivant dans le nord-ouest ont besoin d’aide.  Il s’agit de personnes qui ont particulièrement souffert au cours des 11 années de conflit et de crise humanitaire.

La réponse humanitaire massive de L’ONU et de ses partenaires en Syrie a permis d’éviter le pire, mais il faut aller plus loin, a exhorté M. Guterres, insistant sur l’importance de maintenir et d’élargir l’accès des acteurs humanitaires, notamment par le biais d’opérations transfrontières.  « Lorsqu’il s’agit d’apporter une aide vitale aux personnes dans le besoin en Syrie, tous les canaux doivent être disponibles et le rester », a-t-il martelé.  Après que le Conseil s’est uni l’année dernière pour adopter la résolution 2585 (2021), l’ONU a répondu et acheminé l’aide à travers les lignes de front jusqu’au nord-ouest et ce, malgré un environnement opérationnel « incroyablement difficile ».  Cinq convois transfrontaliers ont maintenant fourni une aide vitale à des dizaines de milliers de personnes dans le besoin. 

Les efforts se poursuivent chaque jour, a dit M. Guterres, prévoyant d’autres convois transfrontaliers.  « Nous avons également tiré pleinement parti de l’autorisation transfrontière pour sauver des vies » puisque, a-t-il dit, des centaines de camions traversent désormais la frontière depuis la Türkiye tous les mois.  Depuis que l’aide transfrontière a été autorisée en 2014, plus de 50 000 camions ont traversé la Syrie pour apporter de l’aide aux personnes dans le besoin.  Les opérations transfrontières des Nations Unies en Syrie font partie des opérations d’aide les plus examinées et les plus surveillées au monde, a rappelé le Secrétaire général.

Poursuivant, M. Guterres a lancé un appel pressant aux membres du Conseil pour qu’ils maintiennent le consensus sur l’autorisation des opérations transfrontières, en renouvelant la résolution 2585 (2021) pour une période supplémentaire de 12 mois.  Il s’agit pour lui d’un « impératif moral et humanitaire », car il faut répondre aux souffrances et à la vulnérabilité de 4,1 millions de personnes dans la région qui ont besoin d’aide et de protection.  Il a rappelé que 80% des personnes dans le besoin dans le nord-ouest de la Syrie sont des femmes et des enfants.

Ensemble, la communauté internationale a contribué à éviter un effondrement total en Syrie, mais la seule façon de mettre fin à la tragédie humanitaire est d’instaurer un cessez-le-feu à l’échelle nationale et de trouver une solution politique qui permette au peuple syrien de déterminer son propre avenir.  En conclusion, le Secrétaire général a demandé instamment à tous les membres du Conseil de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour encourager les parties à s’engager dans des négociations sérieuses pour la paix.  « Nous ne pouvons pas abandonner le peuple syrien. » 

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a partagé le sombre tableau décrit par le Secrétaire général sur la situation humanitaire en Syrie, où les hostilités se poursuivent sur les lignes de front et dans des poches à travers le pays, tuant encore plus de civils, hommes, femmes et enfants. 

Dressant un état des lieux de la situation sécuritaire, M. Griffiths a rappelé que le 15 juin, une voiture piégée a tué le chef du bureau d’une organisation humanitaire partenaire dans la ville d’Al-Bab.  Une attaque déplorable qui doit faire l’objet, selon lui, d’une enquête et dont les auteurs doivent rendre des comptes.  Le 10 juin, l’aéroport de Damas, endommagé par une frappe aérienne, a été fermé et reste fermé à ce jour.  Cela a conduit le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS) en Syrie, qui est géré par le Programme alimentaire mondial (PAM), à suspendre ses opérations avec des conséquences directes sur l’acheminement de l’aide essentielle.  Les mines terrestres continuent de menacer les communautés.  Le 11 juin, 10 civils ont été tués et 28 blessés lorsqu’une mine terrestre a explosé sous un véhicule civil transportant des agriculteurs au travail dans le village de Deir Eladas, à Deraa. 

La Syrie est, également, en pleine crise humanitaire, a expliqué M. Griffiths.  Le nombre de personnes dans le besoin est le plus élevé jamais atteint en plus de 11 ans de guerre.  « C’est une crise de la faim.  C’est, également, une crise de l’eau. »  Avec la chaleur de l’été, les niveaux d’eau ont considérablement baissé dans le fleuve Euphrate.  M. Griffiths a appelé toutes les parties à faire en sorte que la population ait accès à une eau saine et en quantité suffisante dans le nord du pays.  Pour ce faire, toutes les infrastructures essentielles, y compris les installations électriques, doivent rester fonctionnelles.

Mais, la triste réalité est que la situation ne fait qu’empirer, a déploré le haut responsable, alors que nous avons la même conversation ici, chaque mois. 

En attendant que le Conseil discute prochainement du renouvellement de la résolution 2585 (2021), adoptée à l’unanimité il y a près d’un an, M. Griffiths a voulu, aujourd’hui, détailler les progrès dans la mise en œuvre des différents éléments de ladite résolution.

M. Griffiths a précisé que 26% de la demande d’aide humanitaire pour la Syrie cette année est destinée aux activités de relèvement rapide et à la résilience.  À ce jour, 2,9 millions de personnes ont bénéficié de ces efforts.  Il a évoqué diverses activités, dont un projet géré par le PAM et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui permet aux agriculteurs, en particulier des groupes de femmes, de cultiver leurs terres.  Il a cité, à cet égard, cette mère célibataire qui a confié à Mme Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), alors en visite sur place, en mai dernier: « Je peux enfin subvenir aux besoins de mes enfants.  J’ai une nouvelle chance dans la vie ». 

Les Nations Unies intensifient leurs opérations de relèvement rapide avec des partenaires pour parer à l’insuffisance des services essentiels et à l’effondrement des infrastructures dans toute la Syrie, a poursuivi M. Griffiths.  C’est ainsi que de janvier à avril, les partenaires du secteur de la santé ont formé près de 15 000 agents afin de rendre les systèmes de santé plus résistants aux chocs.  Ils ont également réhabilité 106 installations de soins de santé qui desservent jusqu’à 400 000 personnes.  Les partenaires du secteur de l’éducation ont restauré plus de 1 500 salles de classe, permettant à près de 80 000 enfants des provinces d’Alep et d’Edleb de retourner à l’école.  Depuis décembre 2021, les équipes de déminage humanitaire ont nettoyé plus de 500 000 mètres carrés de terrain pour permettre l’agriculture à Darayya, dans la région rurale de Damas, a-t-il détaillé. 

M. Griffiths a ensuite informé que depuis l’adoption de la résolution 2585 (2021), cinq convois d’aide transfrontaliers sont passés, comprenant chacun 14 camions, depuis les zones contrôlées par le Gouvernement jusqu’à Edleb.  Le dernier en date s’est déroulé il y a quelques jours, du 12 au 13 juin.  Cela a permis d’ouvrir un accès transfrontière au nord-ouest de la Syrie pour la première fois depuis 2017.  Les livraisons ont également permis de fournir de la nourriture à plus de 43 000 personnes à chaque fois, ainsi que des fournitures pour la nutrition, l’hygiène, la médecine et l’éducation.

Pour faciliter la régularité des convois, l’ONU a développé son plan opérationnel interorganisations et l’a mis à jour pour qu’il soit valable jusqu’à la fin de l’année 2022.  Souhaitant faire plus et notamment élargir l’accès des acteurs humanitaires, M. Griffiths a reconnu la nécessité d’un environnement favorable.  « Nous avons besoin d’approbations en temps voulu et de garanties de sécurité, notamment pour le passage en toute sécurité, en plus de financements ». 

Répondant aux préoccupations des membres du Conseil concernant la transparence des opérations, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a indiqué que le rapport du Secrétaire général publié conformément à la résolution 2585 (2021) a justement mis l’accent sur ce point.  La Syrie reste l’une des opérations humanitaires les plus complexes au monde.  Le rapport décrit les systèmes robustes en place pour nous aider à surveiller, à atténuer les risques et à fournir une assistance de principe à des millions de personnes dans le besoin, a-t-il assuré.  Il est, dès lors, impératif, selon lui, de maintenir notre capacité à fournir une assistance de l’autre côté de la frontière depuis la Türkiye pendant 12 mois supplémentaires: 4,4 millions de personnes vivent actuellement dans le nord-ouest de la Syrie, dont plus de 90% ont besoin d’une aide humanitaire. 

En 2021, a rappelé M. Griffiths, les Nations Unies ont envoyé quelque 800 camions d’aide transfrontaliers dans le nord-ouest de la Syrie, touchant 2,4 millions de personnes chaque mois.  De la nourriture a été fournie à 1,8 million de personnes, une assistance nutritionnelle à 85 000 personnes, une éducation à 78 000 enfants, ainsi que des articles médicaux essentiels, notamment les vaccins contre la COVID-19.  Les chiffres pour 2022 montrent des niveaux d’aide similaires, a-t-il annoncé.

L’année dernière, les Nations Unies ont dépensé plus de 420 millions de dollars dans le nord-ouest de la Syrie, dont 151 millions de dollars alloués par le biais du Fonds humanitaire transfrontalier pour la Syrie.  Cependant, a-t-il averti, sans l’accès transfrontière des Nations Unies, la faim va augmenter, des cas médicaux ne seront pas traités, des millions de personnes risquent de perdre l’aide au logement et l’accès à l’eau va diminuer.  Les plans de distribution de vaccins contre la COVID-19 seront perturbés et les capacités à fournir une protection aux femmes et aux filles qui risquent d’être victimes de violences sexistes seront fortement limitées.  Plus, a mis en garde M. Griffiths, le mécanisme de surveillance de l’ONU sera également interrompu, ce qui réduira la transparence et la responsabilité.

Dans un monde idéal, a conclu le haut responsable, des progrès plus importants auraient été réalisés en matière de livraisons transfrontières et nous serions plus avancés dans la mise en œuvre des programmes de relèvement rapide.  « Mais nous devons faire face à la réalité: il y a eu des progrès et il y en aura d’autres », a estimé M. Griffiths.  En même temps, les besoins augmentent et davantage de personnes ont besoin de notre aide, a-t-il averti.  Actuellement, il n’y a tout simplement pas d’alternative pour répondre à l’ampleur et à la portée des besoins.  « Nous, et les personnes que nous servons, vous demandons de permettre à notre travail vital de continuer », a-t-il plaidé.

M. IYAD AGHA, Coordonnateur du Forum des ONG, Forum des ONG du nord-ouest de la Syrie, Turquie / Gaziantep, a déclaré que la situation humanitaire désastreuse en Syrie continue de se détériorer, tandis que notre capacité à répondre aux besoins ne cesse de diminuer en raison de la baisse du financement et d’autres crises humanitaires concurrentes dans le monde.  Dans le nord-ouest du pays, plus de 2,8 millions de personnes vivent dans des camps ou des abris de fortune qui n’offrent que peu de protection contre les conditions climatiques extrêmes.  Dans ce contexte, les opérations humanitaires transfrontalières constituent la seule façon de répondre aux besoins fondamentaux des personnes déplacées, notamment la génération d’enfants syriens qui y sont nés et qui ne connaissent que la vie dans les tentes, a poursuivi M. Agha.  

Depuis l’adoption, en 2014, de la première résolution sur les convois transfrontaliers, les agences des Nations Unies, les ONG et les donateurs ont investi massivement pour maintenir l’aide vitale dans le nord-ouest de la Syrie, a continué le Coordonnateur, citant en exemple l’action du Programme alimentaire mondial (PAM) qui fournit de la nourriture à plus de 1,4 million de personnes mensuellement, alors que le nombre total de personnes en situation d’insécurité alimentaire est de 3,1 millions, soit plus de 70% de la population de la région.  Cette assistance transfrontière ne peut être remplacée sans impact humanitaire majeur, a averti M. Agha, qui a mis en garde contre le risque d’une détérioration « rapide et catastrophique » de la situation humanitaire en cas d’interruption. 

Les agences de l’ONU ont joué un rôle essentiel dans l’approvisionnement, le prépositionnement et le transport d’articles de secours dans presque tous les secteurs du nord-ouest de la Syrie, notamment ceux qui ne peuvent être achetés en Türkiye et ailleurs dans la région, a ajouté M. Agha.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à autoriser les opérations transfrontalières pour une durée additionnelle de 12 mois afin d’assurer la fourniture « rapide et prévisible » de l’aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie, ajoutant qu’il n’existe actuellement aucune alternative viable.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déploré que, chaque jour, des millions de Syriens soient tenaillés par la faim.  L’avenir des enfants, qui n’ont souvent connu que la guerre, est hypothéqué pour que les familles puissent manger, a-t-elle ajouté, signalant qu’ils sont retirés de l’école pour travailler ou encore mariés de force.  La représentante a également noté que, dans toute la Syrie, seul un tiers des écoles fonctionnent à plein et que plus de 1,5 million d’enfants actuellement scolarisés risquent de décrocher.  Les enfants handicapés sont particulièrement susceptibles de ne pas être scolarisés, a ajouté la représentante. 

Mme Byrne Nason a ensuite souligné combien l’adoption « à l’unanimité » de la résolution 2585 (2021) avait permis d’enregistrer des progrès significatifs en termes d’assistance humanitaire transfrontière, près de 3 millions de personnes ayant vu leur quotidien amélioré grâce au relèvement rapide mis en œuvre au titre de cette résolution.  C’est en tant que coauteure de celle-ci que l’Irlande avertit que son non-renouvellement mettrait fin à la fourniture d’une aide vitale à des millions de personnes vulnérables ayant un besoin urgent de nourriture, d’abris, d’assistance médicale, de matériel pédagogique et des moyens de subsistance les plus élémentaires.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a dénoncé les atrocités commises par des groupes terroristes tels que Daech et Hayat Tahrir al-Cham sur les civils dans les zones de Deïr el-Zor, Hassaké et les zones rurales de l’est Homs et Hama.  Il a appelé à des efforts concertés de toutes les parties pour s’assurer que ces crimes ne resteront pas impunis.  Le représentant a souligné l’importance des opérations transfrontalières de l’ONU, qui bénéficient à près de 60% des 4,1 millions de Syriens ayant besoin d’aide humanitaire.  Il a aussi salué l’intensification des livraisons à travers les lignes de front de fournitures humanitaires essentielles à 43 000 personnes dans le nord-ouest du pays, sous l’égide du plan interinstitutions de l’ONU et de la résolution 2585 (2021) du Conseil.

Tout en reconnaissant la portée plus large du mécanisme de livraison transfrontalière, les A3 estiment que l’acheminement de l’aide à travers les lignes de front est tout aussi essentiel.  C’est pourquoi M. Agyeman a appelé à la poursuite des livraisons à travers les lignes de front, car elles complètent le mécanisme transfrontalier facilité par l’ONU.  Dans ce contexte, il a appuyé le renouvellement du mandat de la résolution 2585 (2021) à partir du 10 juillet 2022, pour garantir la livraison continue de l’aide humanitaire vitale aide aux bénéficiaires dans le nord-ouest de la Syrie.  Il a demandé la suppression de tous les obstacles administratifs à l’acheminement de l’aide aux personnes avant de réitérer son appel à un cessez-le-feu à l’échelle nationale et l’urgente nécessité d’une négociation entre les parties, en vue d’un accord politique qui apportera une paix et une stabilité globales et durables.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que l’adoption du mécanisme transfrontière il y a un an avait redonné l’espoir à des millions de Syriens, à commencer par des enfants sauvés de la famine et les personnes ayant pu bénéficier de la vaccination contre la COVID-19.  La diplomate américaine a raconté avoir vu de ses propres yeux comment fonctionne ce mécanisme, qui permet aux vaccins et aux solutions nutritionnelles pour enfants de traverser les frontières.  L’acheminement de ces biens vitaux est contrôlé régulièrement par les travailleurs humanitaires.  Ces derniers m’ont dit, a-t-elle raconté, que les livraisons transfrontières permettent d’aider des milliers de personnes « mais pas des millions de personnes », précisément celles qui ne parviennent plus à faire face à la dégradation de la situation humanitaire.  Or 4 millions de personnes ont plus que jamais besoin de l’aide internationale, le prix du panier humanitaire ayant explosé ces derniers mois, a-t-elle alerté.  Mme Thomas-Greenfield a ajouté que ces travailleurs humanitaires étaient inquiets et qu’ils « connaissent la date butoir du 10 juillet pour la prorogation du mécanisme », qui seule leur permettra de poursuivre leurs activités salvatrices.  Après avoir condamné toute attaque perpétrée contre les travailleurs humanitaires, elle a insisté sur le fait que l’unique moyen d’atténuer l’angoisse des travailleurs et des Syriens dans le besoin est sans nul doute de proroger le mécanisme transfrontière.  « Parlons d’une seule voix en nous engageant en faveur de l’humanité, montrons-nous à la hauteur des idéaux de l’ONU », a-t-elle lancé, rendant hommage, en cette Journée mondiale des réfugiés, au Gouvernement turc qui accueille « autant de réfugiés syriens ». 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a jugé les informations relatives à la crise alimentaire et énergétique en Syrie « de plus en plus alarmantes », tout en déplorant que le rapport du Secrétaire général reste « muet » sur la responsabilité des États-Unis dans la crise alimentaire du fait des sanctions et de l’occupation militaire.  À ses yeux, les déclarations de Washington et d’autres pays occidentaux selon lesquelles les sanctions unilatérales respectent leurs obligations internationales sont non seulement fausses mais démontrent l’inhumanité du traitement de la population civile en Syrie.  Le représentant a dénoncé les incidents tragiques qui compromettent la sécurité de la population, notamment les frappes israéliennes du 10 juin contre l’aéroport de Damas, qui ont entraîné sa fermeture et l’interruption des vols du Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS).  Alors que la vie de 2 millions de personne est en jeu, il s’est interrogé sur la différence de traitement entre les Syriens qui reçoivent une aide humanitaire sur le territoire contrôlé par le Gouvernement et ceux qui échappent au contrôle des autorités syriennes.  S’agissant de la résolution 2585 (2021), le représentant a déploré les résultats « déprimants » du travail de l’ONU concernant les livraisons d’aide humanitaire, alors que seulement cinq convois transfrontaliers ont eu lieu, se disant convaincu que l’organisation de livraisons humanitaires en coordination avec le Gouvernement Syrien est possible dans toutes les régions du pays.  Il a ainsi dénoncé la « politisation » du dialogue sur l’aide humanitaire en Syrie.  Enfin, il a invité l’OCHA à fournir des informations plus détaillées sur son plan d’action intégré pour des conditions de vie dignes pour les résidents du nord-ouest de la Syrie.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a constaté qu’après 11 ans de conflit, la situation humanitaire en Syrie continue de s’aggraver, 80% de la population ayant besoin d’aide pour se nourrir et accéder aux services les plus fondamentaux.  Il a exhorté la communauté internationale à répondre à l’appel lancé la semaine dernière par l’ONU et une trentaine d’ONG de ne pas relâcher l’effort humanitaire en Syrie.  Sur le relèvement du pays, le représentant a indiqué que près de 3 millions de Syriens bénéficient de projets déployés rapidement et financés à hauteur de 195 millions de dollars.  Le Royaume-Uni continuera à jouer son rôle puisque nous avons promis près de 200 millions de dollars d’aide humanitaire en 2022, a-t-il ajouté.  Ces fonds soutiendront le relèvement précoce en cours dans toutes les régions de la Syrie dans des domaines comme la réhabilitation des réseaux d’eau et l’éducation des enfants, a précisé le représentant.  

Toutefois, Mme Woodward a répété que, sans renouvellement du mandat humanitaire international, les projets de relèvement rapide dans le nord-ouest de la Syrie seraient compromis.  J’exhorte les membres du Conseil à écouter les experts qui nous disent que la réponse aux besoins humanitaires et la stabilité régionale nécessitent que la résolution 2585 (2021) soit renouvelée et élargie, a conclu le représentant. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que, le mois prochain, ce Conseil devra, une fois de plus, prendre une importante décision concernant l’acheminement de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin à travers la Syrie.  Le représentant a qualifié de stupéfiant les chiffres présentés dans le rapport du Secrétaire général en avril, notamment l’assistance fournie à 5,4 millions de personnes dans 14 provinces.  Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, c’est pourquoi le Brésil est d’accord avec le Secrétaire général sur l’impératif moral de l’aide humanitaire internationale pour les populations en Syrie.

Ce Conseil doit reconnaître une fois pour toutes qu’il est confronté aujourd’hui à un problème très sérieux, à savoir que les ressources ne sont pas illimitées et que la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant dans le monde entier impacte les coûts des opérations humanitaires, a poursuivi le représentant, pour qui il est donc essentiel de trouver des solutions durables aux conflits en cours.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a estimé que les opérations transfrontalières au point de passage de Bab el-Haoua ne peuvent pas être déplacées à ce stade.  Elle a rappelé que pendant les mois de validité de la résolution 2585 (2021), environ 800 camions d’aide humanitaire sont entrés chaque mois par ce passage, permettant de venir en aide à plus de 2,4 millions de personnes.  Dans un contexte d’insécurité alimentaire croissante, réduire l’accès à l’aide humanitaire plutôt que de l’augmenter aurait des conséquences néfastes et « probablement irréversibles », a-t-elle argué.  Or, pour la représentante, il est clair que Bab el-Haoua reste un point d’entrée vital pour l’aide humanitaire et d’autres fournitures.

La réponse humanitaire est de plus en plus axée sur l’intensification des projets de relèvement rapide, a poursuivi la représentante, en notant que ces projets avaient déjà profité directement à plus de 319 000 personnes, et à davantage encore plus indirectement.  Dans le cadre de ces projets, elle a souhaité que soient priorisés les secteurs de la santé, de l’éducation et du désarmement.  Elle a appelé les membres du Conseil de sécurité à se laisser guider par les besoins humanitaires de la population, dont la situation ne cesse d’empirer après 11 années de conflit, au cours des négociations à venir.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné que, si le mécanisme transfrontalier est toujours d’actualité et utile, « il convient de rappeler qu’il s’agit d’une mesure exceptionnelle et temporaire ».  Il a estimé à cet égard que l’action humanitaire doit être cohérente avec les exigences actuelles de la crise, « à savoir l’augmentation du nombre de convois transfrontaliers et un soutien renforcé aux projets de relèvement précoce ».  

Le représentant a insisté sur le fait que, dans le contexte actuel dans le nord de la Syrie et de l’escalade des tensions à la frontière turco-syrienne, il est nécessaire de veiller à ce que le mécanisme transfrontalier d’acheminement de l’aide ne soit pas utilisé à des fins politiques.  Une utilisation abusive de l’assistance humanitaire sapera la crédibilité du mécanisme « en tant que mécanisme purement humanitaire », a-t-il averti.  Le mécanisme transfrontalier ne doit pas être utilisé comme un outil pour s’immiscer dans les affaires de la Syrie.  Quant à l’acheminement de l’aide à travers les lignes de front, « les Émirats arabes unis se félicitent du passage récent du cinquième convoi dans le nord-ouest de la Syrie ».  Concernant le devenir de la résolution 2585 (2021), il a attiré l’attention sur le fait qu’elle précisait, pour la première fois, l’importance de soutenir et de mettre en œuvre des projets de relèvement rapide en Syrie.  En conséquence, nous devons maintenant examiner comment intensifier les efforts de réhabilitation et de reconstruction des infrastructures qui ont été détruites, a déclaré le représentant.

M. ZHANG JUN (Chine) a salué l’importance de la résolution 2585 (2021) du Conseil de sécurité pour livrer l’aide humanitaire tout en invitant le Conseil de sécurité à examiner pourquoi elle n’a pas été mieux appliquée.  Le représentant a appuyé l’importance des livraisons transfrontières tout en insistant sur le fait que celles-ci doivent respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Syrie.  S’agissant des livraisons à travers les lignes de front qui, selon lui, devraient constituer la meilleure solution, il a regretté que seulement cinq convois et 70 camions aient pu être acheminés dans le nord-ouest.  Selon lui, rien ne justifiait l’abandon de ce mécanisme.  Faisant référence à une lettre de l’Ambassadeur syrien datée du 13 juin, le représentant a condamné l’attaque de l’aéroport international de Damas par Israël.  Il a appelé à protéger toutes les infrastructures, dont cet aéroport, qui sont indispensables à la fourniture de l’aide humanitaire.  Il a exhorté les donateurs à respecter l’esprit humanitaire des livraisons et à ne pas « politiser » ni « conditionner » l’aide humanitaire.  Enfin, il a demandé la levée immédiate de toutes les sanctions unilatérales qui ont coûté des dizaines de milliards en pertes économiques pour la Syrie au cours des dernières années.  D’après lui, ces sanctions représentent le principal obstacle à l’amélioration de la situation humanitaire.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a noté qu’après 11 ans de conflit, les besoins humanitaires en Syrie n’ont jamais été aussi élevés et que, dans ce contexte, « les chiffres parlent d’eux-mêmes »: le mécanisme transfrontalier permet d’apporter chaque mois de l’aide à plus de 2,4 millions de personnes, alors que les cinq convois entre les lignes de front déployés depuis août dernier ont permis chacun d’apporter de l’aide à moins de 50 000 personnes.  Environ 80% de l’aide alimentaire au Nord-Ouest est acheminée par des convois transfrontaliers.  

Pour la représentante, un renouvellement du mécanisme, « pour 12 mois au minimum », est donc fondamental, « comme le demandent le Secrétaire général, les agences onusiennes et les ONG ».  Alors que les besoins humanitaires ont augmenté, tant au nord-ouest qu’au nord-est, ce mécanisme n’a jamais été aussi crucial, a ajouté la représentante, qui a appelé l’ensemble des membres du Conseil à faire preuve d’unité, de responsabilité et à prendre des décisions sur la base de considérations purement humanitaires.  Nous avons un devoir moral, a-t-elle estimé, celui de sauver des vies, de contrer le risque de famine, de répondre aux besoins médicaux et de faciliter les campagnes de vaccination, y compris contre la COVID-19.  

Mme Broadhurst Estival a en outre souligné qu’en l’absence de solution politique, « il n’y a absolument pas lieu de normaliser les relations avec le régime syrien et d’avancer vers la reconstruction », les positions françaises, comme européennes, sur la reconstruction et la levée des sanctions demeurant dans ce cas inchangées.  La reconstruction ne pourra débuter que lorsqu’un processus politique conforme à la résolution 2254 (2015) sera solidement enclenché, a poursuivi la représentante, qui a demandé aux États qui appellent à reconstruire la Syrie à « commencer par renforcer leurs contributions à la réponse humanitaire ».  Enfin, a-t-elle conclu, la France continuera son combat sans relâche contre l’impunité des auteurs de crimes commis en Syrie.  Les responsables de ces crimes doivent répondre de leurs actes.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est alarmé de la situation humanitaire en Syrie, qui ne cesse de se dégrader, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire ayant dépassé les 14 millions, soit 60% de la population.  Pour y remédier, il a jugé urgent de réaliser des progrès politiques tangibles dans la foulée de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Nous devons éviter de lier l’aide humanitaire et l’aide au développement à l’avancée du processus politique, a-t-il averti, estimant que cela ne ferait qu’exacerber les souffrances.  

Le représentant s’est dit convaincu qu’un cessez-le–feu national serait dans l’intérêt du peuple syrien, estimant que les mécanismes transfrontaliers actuels ne pouvaient se poursuivre éternellement.  Il s’est toutefois félicité du passage récent du cinquième convoi humanitaire à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie et a exprimé son appui à l’OCHA et aux autres agences de l’ONU impliquées.  

« Nous ne pouvons pas discuter de la situation humanitaire en ignorant l’impact des groupes terroristes sur la vie des civils », a poursuivi le représentant, en mettant en garde la communauté internationale contre tout laxisme à cet égard.  Enfin, constatant que l’aide humanitaire en Syrie a diminué en 2021, il a demandé à l’OCHA d’harmoniser les données relatives au relèvement rapide et aux projets de résilience d’ici à la fin juin, afin que le Conseil de sécurité puisse avoir une vue d’ensemble de la situation avant l’expiration de l’autorisation transfrontalière.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rendu hommage, en cette Journée mondiale des réfugiés, aux réfugiés du monde entier et aux millions de personnes en Syrie, en Afghanistan, en Ukraine, en Éthiopie et ailleurs, qui ont été forcées de fuir leur foyer à cause des conflits, de la violence, des violations des droits de l’homme.  Pour l’Albanie, la prorogation du mécanisme transfrontalier est vitale pour des millions de Syriens qui ont besoin d’aide, l’insécurité alimentaire exacerbée par le conflit en Ukraine rendant encore plus complexe la fourniture d’une assistance humanitaire à tous ceux qui en ont le plus fortement besoin. 

Le renouvellement de l’autorisation du seul point de passage en place est une véritable bouée de sauvetage pour des millions de personnes, a martelé M. Hoxha, qui a exhorté les membres du Conseil à prendre, au plus tard le 10 juillet, la seule décision qui vaille, une décision vitale et salvatrice pour ceux qui dépendent de l’aide humanitaire internationale.  En outre, il a rappelé que l’aide humanitaire ne doit pas être politisée.  Elle ne peut pas être une arme ou un moyen d’étendre le conflit, a-t-il averti, appelant le Gouvernement syrien à assurer la fourniture de l’aide de sorte que les ONG puissent travailler sans entrave et porter assistance à toutes les personnes dans le besoin.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe Syrienne) a accusé certaines délégations occidentales de taire la récente agression israélienne contre l’aéroport civil international de Damas en violation du droit international, du droit international humanitaire et de la protection des sites civils.  Les multiples agressions d’Israël contre son pays entravent la navigation et la circulation maritime et aérienne et portent également atteinte à des vies civiles, s’est plaint le délégué.  Dans le cadre d’une coordination sans équivoque avec ces agressions, a-t-il dénoncé, le Président du « régime » de Türkiye se dit prêt à lancer une action militaire dans le nord de la Syrie, avec le prétendu objectif de mettre en place une zone sûre.  Cela s’inscrit pour lui dans le droit fil de la politique « agressive » de M. Erdogan et de ses pratiques subversives visant à déstabiliser la Syrie.  Quant à l’exposé de M. Griffiths, il a dit comprendre les difficultés qu’il rencontre en essayant d’aider les Syriens en raison des obstacles érigés par les pays occidentaux et bailleurs de fonds qui politisent le dossier humanitaire.  Pour lui, ce sont ces pays qui ont directement et indirectement refusé d’appliquer la résolution 2585 (2021).  Ladite résolution n’a pu atteindre ses objectifs énoncés, a ajouté le représentant, car les défaillances flagrantes du mécanisme transfrontière n’ont pas été réglées, notamment la violation de l’indépendance et de la souveraineté de la Syrie et la coopération avec des parties inconnues.  L’on a également fermé les yeux sur l’aide humanitaire qui tombe entre les mains de groupes terroristes qui contrôlent la zone d’Edleb, a-t-il ajouté.  Il a déploré les livraisons humanitaires qui se font de façon « sélective », accusant les pays occidentaux d’être revenus sur leurs engagements à garantir les livraisons humanitaires à l’intérieur du pays.  Il en a voulu pour preuve l’écart entre le nombre de convois transfrontaliers (5 000 camions) et le nombre de convois passés à travers les lignes de front (70 camions) le mois dernier.  Pour finir, le représentant a accusé ces mêmes pays de fermer les yeux sur les obstacles érigés par le régime turc.  Il a notamment tenu les États-Unis, le Royaume-Uni et la France pour responsables de la non-application des principaux piliers de la résolution.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a déclaré que le conflit en Syrie est aggravé par les sanctions unilatérales qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire et l’application de la résolution 2585 (2021) prévoyant la fourniture de services essentiels et la mise en place d’activités de relèvement rapide.  Ces mesures illicites entravent également la capacité du Gouvernement syrien à parvenir à la stabilité économique et sociale alors que, selon l’ONU, 14,6 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire en 2022.  Les circonstances politiques ne devraient pas empêcher l’aide humanitaire d’atteindre les personnes qui en ont besoin, a-t-il ajouté, dans le plein respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la Syrie.  En tant que garant du format d’Astana, l’Iran a souligné l’importance de lever tous les obstacles à l’aide humanitaire pour tous les Syriens.  Le délégué a condamné à cet égard les sanctions internationales et les objectifs « séparatistes » de certains pays qui sapent le droit international.  Afin d’améliorer la situation militaire, il a invité la communauté internationale, l’ONU et les ONG à aider la Syrie par le biais d’activités de relèvement rapide tels que le redressement des infrastructures de base et l’aide humanitaire à travers les lignes de front.  Il a rappelé que le mécanisme transfrontière est « une mesure partielle et temporaire qui doit se faire en coordination avec le Gouvernement syrien ». 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Türkiye) a déclaré que la Syrie vit la pire crise humanitaire générée par la main de l’homme depuis la Seconde Guerre mondiale avant de préciser que 4,4 millions de Syriens sont réfugiés en Türkiye et 2,2 millions sont déplacés au niveau interne.  Après avoir rappelé l’importance « cruciale » du mécanisme d’aide transfrontière et de ses 800 camions par mois pour sauver des millions de vies, le représentant a indiqué qu’un total de 47 000 camions sont passés par le point de passage de Bab el-Haoua, à la frontière entre la Syrie et la Türkiye, depuis le début des livraisons.  « Nous n’avons pas d’objectif caché.  Nous voulons simplement sauver des vies », a assuré le représentant avant d’ajouter que ce mécanisme d’aide humanitaire est l’opération la plus sophistiquée et la plus contrôlée de l’histoire des Nations Unies.  « La nature humanitaire de ce mécanisme donne lieu à des contrôles constants et aucun cas d’acheminement d’articles non humanitaires n’a jamais été constaté », a-t-il insisté avant d’ajouter que la prorogation du mandat du mécanisme de livraisons transfrontières est un « impératif moral et humanitaire ».  Par ailleurs, ledit mécanisme est le reflet de l’engagement de la communauté internationale dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de la Syrie.  Mettant l’accent sur la contribution de son pays à l’aide humanitaire, le représentant a rappelé que 750 000 bébés syriens sont nés en Türkiye au cours des 10 dernières années et que plus de 4 millions de réfugiés syriens y bénéficient d’une assistance en matière de santé et d’éducation.  Enfin, il a indiqué ne pas souhaiter répondre aux accusations infondées du représentant du « régime criminel » de la Syrie, sa présence au Conseil de sécurité étant un affront à la mémoire des centaines de milliers de victimes civiles.

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