9051e séance, après-midi
CS/14916

Résurgence du groupe armé M23 dans l’est de la RDC: les membres du Conseil de sécurité appellent Kigali et Kinshasa au dialogue et au rétablissement de la confiance 

La résurgence du M23 au Nord-Kivu et ses actions hostiles contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) aggrave une situation déjà grave, a prévenu aujourd’hui la Sous-Secrétaire générale aux affaires politiques et de consolidation de la paix.  Mme Martha Ama Akyaa Pobee a fait cette mise en garde devant les membres du Conseil de sécurité qui, compte tenu des accusations réciproques entre la RDC et le Rwanda, ont appelé les deux pays au dialogue et au rétablissement de la confiance.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs ayant lancé le même appel, le Ministre congolais des affaires étrangères a répondu: « le dialogue c’est comme le tango, il ne se danse pas seul ».

Il est urgent, s’est alarmée la Sous-Secrétaire générale, de désamorcer la situation et d’abord d’obtenir du Conseil de sécurité qu’il pèse de tout son poids derrière les efforts régionaux en cours, dont le processus à deux volets, lancé lors du deuxième Conclave des chefs d’État à Nairobi, le 21 avril dernier, qui a donné un nouvel élan aux efforts du Gouvernement de la RDC pour amener les groupes armés congolais qui sévissent dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dans le processus de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRCS).  Ce processus devant être pleinement mis en œuvre et bien financé, la France a appelé les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale, à apporter tout leur appui dans les meilleurs délais.  

Quant au M23, qui a repris ses attaques au moment même où commençait le Conclave de Nairobi, il faut se demander qui l’arme et qui mobilise ses hommes aguerris pour attaquer les troupes de l’ONU? a déclaré le Ministre congolais des affaires étrangères.  M. Christophe Lutundula a poursuivi: qui soutient cette force négative au moment où le processus de Nairobi prend son envol?  Pourquoi, à chaque fois, le Rwanda apparait-il quand il est question du M23?  Ce mouvement et ses parrains ne visent qu’à maintenir la RDC dans l’instabilité et à torpiller les efforts de paix de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), a tranché le Ministre. 

Le Rwanda a catégoriquement rejeté ces allégations qui, selon lui, concernent des ressortissants congolais dont les doléances doivent être entendues en interne en RDC.  Il a vu dans les accusations de soutien au M23 un prétexte utilisé par certains fauteurs de troubles congolais pour extérioriser le conflit et gagner des points politiques.  Nous n’avons absolument aucun intérêt à déstabiliser la RDC, a-t-il affirmé, en dénonçant plutôt les tirs d’obus de la RDC et de ses alliés, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), la résurgence des discours de haine anti-rwandais et les appels au génocide, encouragés par certains fonctionnaires et politiciens en RDC.  Le Conseil et la communauté, a-t-il prévenu, ne sauraient rester silencieux, compte tenu de ce qui s’est passé en 1994.  L’Ouganda a demandé à la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide de se pencher sur la question. 

La RDC, son Président, son gouvernement et tous les Congolais, a promis le Ministre des affaires étrangères, sont déterminés à défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté de leur pays.  Si l’on peut comprendre cette détermination par rapport au M23, il ne faut pas pour autant oublier que l’option militaire seule ne suffira pas, a prévenu l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs.  M. Huang Xia a donc réitéré la pertinence de sa « stratégie d’engagement des groupes armés étrangers et des communautés locales » et a annoncé qu’il entamera, à partir de demain, une nouvelle tournée régionale avec un message triple et simple: la région n’a pas besoin d’une nouvelle crise, préservons les progrès acquis ces dernières années et maintenons les canaux de dialogue ouverts à tous les niveaux.  « Le dialogue c’est comme le tango, il ne se danse pas seul », a répondu le Ministre congolais des affaires étrangères, en espérant de la sincérité.

La coopération doit prévaloir, a déclaré la France, en particulier pour lutter contre le pillage des ressources naturelles de la RDC.  Nous discutons depuis trop longtemps de ce pillage, s’est impatientée l’Inde, qui a dit attendre un plus grand engagement de la RDC et de la région pour garantir la protection des mines, le renforcement de la réglementation et celui des partenariats régionaux.  Il est impératif de couper à la source le financement des groupes armés et à cet égard, la Conférence de Khartoum a fourni un cadre et une orientation utiles.  

L’Inde a en profité pour souligner que la MONUSCO, dont le rôle a été chaleureusement salué par le Ministre congolais des affaires étrangères, n’a pas vocation à remplacer les Forces armées de la RDC.  Les défis sécuritaires accrus, comme l’ont dit les États-Unis, ne sauraient être relevés par une « interprétation créative » du mandat de la Mission, a martelé l’Inde.  Le Kenya a annoncé qu’avec le Gabon, le Ghana et la France, il présentera un projet de déclaration présidentielle sur la question.  

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a indiqué que malgré les efforts déployés par le Gouvernement congolais pour lutter contre l’insécurité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la violence des groupes armés a continué de faire payer un lourd tribut à la population civile dans plusieurs sites des provinces du pays.  La récente résurgence du Mouvement du 23 Mars, connu comme « M23 », en particulier, et ses actions hostiles contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Casques bleus de la MONUSCO au Nord-Kivu, aggrave une situation déjà sérieuse et constituent une menace grave à la paix, à la sécurité et à la stabilité régionales.  Au 30 mai, les FARDC ont sécurisé la route nationale 2 qui reste ouverte à la circulation.  Pour l’instant, la situation serait calme dans les territoires du Nyiragongo et Rutshuru, y compris les collines de Tchanzu et Runyoni, alors que les FARDC et le M23 continuent de tenir leurs positions. 

Deux Casques bleus de la MONUSCO ont été légèrement blessés au cours des hostilités et la Mission a subi des dommages limités à son matériel.  À ce jour, les FARDC indiquent avoir eu au moins 16 morts et 22 blessés.  De même, l’impact humanitaire des attaques du M23 a été considérable.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte qu’au 30 mai, au moins 75 000 personnes ont été déplacées en RDC, et 11 557 autres ont traversé la frontière avec l’Ouganda.  Les agences des Nations Unies et leurs partenaires ont immédiatement commencé la distribution d’aide à 35 000 bénéficiaires dans les zones touchées. 

La Sous-Secrétaire générale a appelé à une action urgente pour désamorcer la situation actuelle.  Il est impératif que ce Conseil accorde tout son poids aux efforts régionaux en cours pour désamorcer la situation et mettre un terme définitif à l’insurrection du M23, a-t-elle déclaré.  Elle s’est dite encouragée par le fait que le Rwanda et la RDC ont décidé de se référer au Mécanisme conjoint de vérification élargi de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) pour enquêter sur les dommages matériels causés par des engins explosifs provenant de l’autre côté de leur frontière lors des incidents du 23 mai dernier.  Elle a aussi salué les appels téléphoniques que le Président de l’Union africaine, M. Macky Sall du Sénégal, a eu avec les Présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, pour appeler au calme et à un règlement pacifique de tout différend.  La poursuite du dialogue entre les gouvernements concernés demeure indispensable pour éviter une nouvelle escalade de la violence dans l’est de la RDC, a-t-elle souligné. 

Mme Akyaa Pobee a par ailleurs rappelé que la violence armée reste généralisée dans tout l’est de la RDC.  Que ce soit en Ituri, au Sud-Kivu ou dans d’autres régions du Nord-Kivu, une multitude de groupes armés continuent de s’attaquer à la population civile, à saper les efforts de paix, de stabilité et d’un développement durables en RDC et dans la région.  Le processus à deux volets, lancé lors du deuxième Conclave des chefs d’État de Nairobi, le 21 avril, a donné un nouvel élan aux efforts du Gouvernement de la RDC pour amener les groupes armés congolais locaux dans le processus de désarmement et démobilisation, et de trouver des solutions durables à la présence continue de groupes armés étrangers sur le sol congolais.  La Sous-Secrétaire générale a souligné l’importance d’impliquer les femmes, y compris des représentants de la société civile et des femmes affiliées à des groupes armés, dans les efforts en cours, afin de s’assurer que leurs besoins et perspectives spécifiques soient pris en compte dans la recherche de solutions inclusives et durables.

M. HUANG XIA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a rappelé qu’il y a presque 10 ans, le M23 a provoqué, à travers les tristes événements autour de Goma, une crise régionale, exacerbée par les accusations réciproques entre la RDC et ses voisins.  Aujourd’hui, l’histoire semble de nouveau tristement se répéter et nous devons tout faire pour éviter une nouvelle escalade et une énième crise aux conséquences humanitaires, sécuritaires et politiques incommensurables dans la région.  

L’Envoyé spécial a appelé tous les groupes armés de l’est de la RDC à s’engager résolument dans le processus politique de dialogue de Nairobi, facilité par le Kenya.  L’éradication de ces groupes, a-t-il estimé, nécessite une approche globale.  Si l’on peut comprendre que la RDC soit déterminée à mettre fin à cette menace, il faut toutefois savoir que l’option militaire seule ne suffira pas.  L’Envoyé spécial a donc réitéré la pertinence des mesures non militaires que son Bureau s’efforce de promouvoir.  La stratégie d’engagement des groupes armés étrangers et des communautés locales qui vient d’être élaborée, au cours de la retraite de la Cellule opérationnelle du Groupe de contact et de coordination, offre, a-t-il affirmé, une perspective complémentaire aux efforts visant la reddition des éléments de ces groupes et la coopération des communautés affectées. 

L’Envoyé spécial a aussi encouragé les dirigeants de la région à poursuivre leur dialogue de haut niveau sur les moyens de faire face à la menace des groupes armés et pour éviter une escalade des tensions.  Le dialogue, a-t-il insisté, reste une condition sine qua non pour mettre fin, de manière durable, à ces problèmes anciens et profondément enracinés.  Il est donc capital de continuer à mobiliser les mécanismes bilatéraux et régionaux disponibles, y compris le récent processus du Conclave de Nairobi, la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs et, bien entendu, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. 

Saluant le leadership du Président Uhuru Kenyatta du Kenya et l’engagement de toute la région, exprimé par le Président Macky Sall du Sénégal, en sa qualité de Président de l’Union africaine, l’Envoyé spécial a annoncé qu’il entamera, à partir de demain, une nouvelle tournée régionale, avant le prochain Conclave de Nairobi.  Le message sera triple et simple: la région n’a pas besoin d’une nouvelle crise, maintenons les canaux de dialogue ouverts à tous les niveaux, y compris au niveau communautaire, et préservons les progrès acquis ces dernières années.

L’Envoyé spécial a conclu en demandant aux membres du Conseil de sécurité de ne ménager aucun effort pour encourager, chacun à son niveau et selon ses propres canaux diplomatiques, les pays de la région à maintenir un dialogue continu, même sur les questions les plus difficiles.  C’est à ce prix que nous pourrons peut-être éviter une aggravation de la crise actuelle.  

Au nom des A3 (Gabon, Ghana, Kenya), M. MARTIN KIMANI (Kenya) s’est dit encouragé par les développements positifs en Afrique orientale et centrale.  L’admission de la RDC dans la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) est une « évolution historique » et la convocation de la deuxième réunion des chefs d’État de la CAE sur la RDC à Nairobi témoigne du potentiel de l’intégration régionale pour apporter un espoir de paix et de sécurité, a-t-il souligné.  Le représentant a également félicité le Gouvernement de la RDC d’avoir entamé un dialogue de paix intercongolais facilité par le Président Uhuru Kenyatta, tout en saluant les groupes armés qui participent à ces discussions.  Après des années d’insécurité et d’instabilité chroniques en RDC, cette initiative est très prometteuse et il importe que toutes les parties s’approprient le processus et le protègent, a-t-il insisté.  

Le délégué s’est ensuite déclaré profondément préoccupée par les problèmes de sécurité dans les provinces orientales de la RDC.  Condamnant fermement tous les groupes armés opérant en RDC et dans la région, il les a exhortés à déposer les armes immédiatement.  Alors que des groupes comme le M23 continuent de faire payer un lourd tribut aux civils, des organisations terroristes sont également actives dans l’est de la RDC, notamment des structures affiliées à Daech, a-t-il relevé, notant que ces groupes considèrent cette zone comme un terrain fertile pour recruter et générer des revenus pour leurs opérations à travers le monde.  Tout en réitérant son appel à tous les groupes armés pour qu’ils participent sans condition au dialogue de paix intercongolais, il a demandé à l’ONU et à la communauté internationale de soutenir l’opérationnalisation effective du Programme de démobilisation, de désarmement, de relèvement communautaire et de stabilisation, et de travailler avec les États de la région pour trouver des solutions durables en faveur des réfugiés et des déplacés internes.  

Compte tenu du retrait progressif de la MONUSCO, le représentant a jugé impératif que le Conseil commence à faire le point sur le transfert des responsabilités au Gouvernement congolais.  En renforçant son système de gestion des armes et des munitions, en étroite collaboration avec la MONUSCO, le Gouvernement a démontré son engagement à assurer le contrôle et le suivi des arsenaux en sa possession, a-t-il salué, avant de recommander au Conseil de répondre favorablement à la demande des autorités congolaises d’abandonner la notification d’acquisition d’armes et de renforcer son soutien à la lutte contre la prolifération et la fourniture d’armes illicites via des réseaux criminels transfrontaliers.  De même, face au contraste entre la pauvreté du peuple congolais et l’abondance des richesses naturelles de leur pays, le délégué a appelé les pays de la région à activer les systèmes internes de contrôle, de surveillance et de vérification pour éliminer le commerce illégal de minerais.  Enfin, après avoir salué les efforts de la MONUSCO dans la promotion de la paix et de la sécurité en RDC, il a annoncé que les A3 et la France ont présenté au Conseil un projet de déclaration présidentielle à ce sujet.  

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé l’ensemble des groupes armés à cesser les combats et les groupes éligibles à s’engager sans conditions dans les discussions initiées à Nairobi.  Pour prendre le relais de ce processus, le nouveau programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration doit être opérationnel, a-t-il dit.  Pour réintégrer dans leurs communautés les combattants ayant fait le choix de la paix, le programme doit être traduit au niveau des provinces.  Le représentant a appelé les partenaires internationaux, notamment la Banque mondiale, à soutenir dans les meilleurs délais sa mise en œuvre.  Parallèlement, un effort doit être fait pour lutter contre la réémergence des discours de haine.  La force régionale qui pourrait être constituée devra agir de manière cohérente et coordonnée avec la MONUSCO, a plaidé le délégué, avant d’appeler également tous les États à agir ensemble pour lutter contre les forces négatives, dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC.  

Il a invité tous les États de la région à poursuivre le dialogue pour renforcer la confiance.  De même, a-t-il indiqué, la coopération doit prévaloir pour lutter contre le pillage des ressources naturelles de la RDC.  Le représentant a déclaré que la France et l’Union européenne continueront d’accompagner la région vers la paix.  D’ici à 2025, l’Agence française de développement mobilisera un demi-milliard d’euros pour la santé des Congolais, leur agriculture ou encore l’autonomisation des femmes, a-t-il promis, ajoutant que l’Union européenne restera aussi mobilisée en apportant 400 millions d’euros de soutien à la RDC entre 2021 et 2024.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a estimé que la détérioration du conflit, la situation humanitaire dramatique, et l’importance de la coopération régionale sont étroitement liées au besoin d’une réponse cohérente au conflit actuel dans l’est de la RDC.  À cet égard, la confiance, la transparence et la coopération seront des éléments fondamentaux.  Aucune partie prenante, a-t-elle prévenu, ne pourra relever seule la menace posée par les groupes armés et aucune solution ne pourra provenir de l’action militaire seule.  La coopération régionale doit être renforcée et il faut une stratégie globale de la réforme du secteur de la sécurité, pilier du renforcement du système judiciaire et de la lutte contre l’impunité.  Une participation significative des femmes à tous ces efforts est essentielle.  

La représentante s’est réjouie du fait que les dirigeants de la région travaillent à la désescalade, au rétablissement de la confiance et à la promotion de la coopération régionale.  Les aspects économique et d’intégration de cette coopération seront les éléments clefs d’une paix durable et les signes positifs de progrès sont déjà là.  Le Conclave de Nairobi, s’est-elle aussi félicitée, a lancé des discussions nécessaires entre le Gouvernement de la RDC et les groupes armés et il faut espérer qu’il conduira à une paix durable dans l’est du pays.  Il est essentiel que ces groupes armés participent sans condition au processus politique et cessent tous les actes de violence qui pourraient compromettre le dialogue.  Dans ce contexte, le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S) doit être à la hauteur et ce faisant, la RDC aura besoin d’un appui adéquat de ses partenaires.  Rejetant toute politisation de l’instabilité, la représentante a appelé les partenaires régionaux à n’épargner aucun effort pour apaiser les tensions, rétablir la confiance et collaborer pour assurer le succès du processus de Nairobi.  

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a salué les efforts déployés par les dirigeants des pays de la Communauté d’Afrique de l’Est pour maintenir la paix et la stabilité en RDC et dans toute la région.  Elle a aussi affirmé l’importance de l’engagement continu des signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en vue de faire face aux menaces posées par tous les groupes armés dans l’est de la RDC.  Elle a réitéré l’appel du Conseil de sécurité à toutes les parties prenantes pour qu’elles s’engagent de manière constructive dans le processus politique lancé par les chefs d’État de la région à Nairobi, en mettant l’accent sur le dialogue politique pour parvenir à une paix durable et globale.  La représentante a ensuite condamné les attaques perpétrées par tous les groupes armés en RDC, et insisté sur la nécessité de tenir pour responsables les auteurs d’attaques qui visent des civils et des Casques bleus.  Il faut veiller à assurer la sûreté et la sécurité des forces de maintien de la paix, a insisté la déléguée en notant que ces attaques soulignent les défis de sécurité complexes et interdépendants auxquels est confrontée la RDC, en particulier dans les régions de l’est.  Elle a noté que la MONUSCO est un partenaire important dans le maintien de la stabilité dans la région, notamment par sa coopération continue avec le Gouvernement sur le plan de transition 2021-2023.  Dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan de transition, elle a souligné l’importance de préserver et de consolider les acquis obtenus jusqu’à présent, notamment en matière de diplomatie régionale. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a constaté que la recrudescence de la violence dans l’est de la RDC menace les récents efforts de paix.  Il a également pris note de la colère « profonde et compréhensible » des pays de la région des Grands Lacs concernant des attaques transfrontalières, ajoutant que le Conseil de sécurité ne peut accepter le déplacement de plus de cinq millions de personnes ni les violations des droits humains et du droit humanitaire.  Le représentant s’est cependant félicité du récent renforcement des relations diplomatiques entre les pays de la région ainsi que de l’engagement de l’Union africaine et des mécanismes régionaux.  Cela étant, a-t-il relevé, il est clair qu’il existe de nombreux acteurs en RDC et dans la région au sens large qui souhaitent voir échouer ces efforts de paix.  Il a donc invité les dirigeants de la région à redoubler d’efforts pour poursuivre le dialogue, tout en réitérant son appel aux groupes armés opérant dans l’est de la RDC à cesser immédiatement la violence et à participer sans condition au processus politique en cours à Nairobi.  Observant que les violences perpétrées par les Forces démocratiques alliées (ADF), la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et le Mouvement du 23 mars (M23) entravent l’accès humanitaire et mettent en danger des populations très vulnérables, il a exhorté le Gouvernement à prendre des mesures concrètes contre la criminalité dans la zone et à assurer la protection des travailleurs humanitaires.  De même, il a jugé « désespérément nécessaire » qu’un plan durable soit mis en place pour la protection des civils, en particulier pour les déplacés internes de la province d’Ituri.  À cet égard, il a estimé qu’une forte coordination avec la MONUSCO sur cette question est d’autant plus importante que la Mission s’apprête à se retirer de la province du Tanganyika et concentrer ses efforts sur les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu et du Sud-Kivu touchées par le conflit.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a condamné à son tour les récentes attaques des groupes armés dans l’est du pays, qui continuent de s’en prendre aux civils.  Elle les a appelés instamment à respecter le droit international humanitaire et les droits humains, exhortant le M23 à participer au processus de consultation lancé au titre du Conclave.  De même, les groupes armés éligibles doivent déposer les armes dans le cadre des programmes de DDR afin que puissent être enfin jetées les bases du développement social et économique, a ajouté Mme Juul.  Selon elle, il faut s’attaquer aux causes profondes du conflit, et avancer dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, la lutte contre l’impunité et le commerce illicite des ressources naturelles, autant de défis transfrontaliers qui exigent de renforcer la coopération régionale.  Déplorant les tensions entre le Rwanda et la RDC, elle a demandé à ces deux pays de donner sa chance à un dialogue constructif.  Enfin, la représentante a assuré le Conseil du soutien de la Norvège à tous les efforts internationaux visant l’instauration d’une paix pérenne en RDC.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a condamné toutes les attaques perpétrées par des groupes armés en RDC.  Il a déploré l’impact humanitaire de ce conflit, malgré les efforts. Il a appelé à un accès humanitaire sans entrave et a rappelé que cette insécurité pourrait avoir un impact sur la région tout entière.  C’est pourquoi il a voulu que l’on actionne la diplomatie régionale, notamment le processus de Nairobi.  Le délégué a invité les groupes armés à déposer les armes, invitant les autorités nationales et la communauté internationale à financer le processus de DDR.  Pour le représentant, la MONUSCO doit bénéficier de tout le soutien logistique nécessaire pour mener à bien sa mission.

M. DAI BING (Chine) s’est dit inquiet de la détérioration récente de la situation sécuritaire en RDC et notamment du fait que les groupes armés continuent de prendre des civils pour cible.  Depuis mars dernier, a-t-il déploré, le M23 a repris ses activités militaires et a échangé des tirs avec les FARDC mais aussi avec la MONUSCO, faisant plusieurs morts dans les rangs de la Mission onusienne.  Dans ce contexte, le représentant s’est dit favorable à la publication rapide d’un communiqué du Conseil condamnant ces attaques et appelant les groupes armés à déposer immédiatement leurs armes et à participer au processus politique de Nairobi.  Étant donné le lien qui existe entre les situations sécuritaires de tous les pays de la région, il a vu dans la préservation du dialogue et de la coopération un moyen efficace de travailler ensemble sur les défis sécuritaires et de réduire les incidents transfrontaliers.  Prenant note de l’issue du deuxième Conclave de la Communauté d’Afrique de l’Est en avril, le délégué a également salué le fait que, sous les auspices du Kenya, la RDC ait tenu deux cycles d’échanges avec des groupes armés.  À l’aune de ces progrès, il a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts des pays de la région pour résoudre en Afrique les problèmes de l’Afrique, tout en encourageant la MONUSCO et l’Envoyé spécial à intensifier leur communication avec ces pays.  Dans le même temps, le Gouvernement doit renforcer la gouvernance, appliquer son programme de désarmement et rendre les dividendes du développement à sa population.  Ce n’est qu’à ce prix qu’il pourra reprendre le contrôle de l’est du pays, a-t-il affirmé.  

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a constaté qu’alors même que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), avec le soutien de la MONUSCO, ont déployé des efforts pour faire face à la menace posée par les groupes armés, ces derniers, en particulier le M23, ont fait des percées importantes.  Il a condamné les attaques perpétrées par les groupes armés contre les civils, les forces de sécurité de la RDC et les Casques bleus.  Notant la pression énorme que cela représente pour les FARDC dans l’exercice de leur responsabilité première de protéger les civils, le représentant a appelé le Conseil à reconnaître que le rôle de la MONUSCO est un rôle de soutien et que la Mission n’a pas pour vocation de remplacer les FARDC.  En tant que tel, il est urgent de donner les moyens en termes de capacités aux FARDC pour qu’elles aient la même puissance de feu robuste que les groupes armés.  Cet écart ne peut et ne doit pas être comblé par une « interprétation créative » du mandat de la MONUSCO, a mis en garde le représentant pour lequel il faut s’assurer que chacun des contingents de la Mission soit équipé et formé pour mener à bien uniquement les tâches mandatées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2612. 

Le représentant a insisté sur la sûreté et la sécurité des Casques bleus, en arguant que la solution aux problèmes complexes dans l’est de la RDC ne saurait être uniquement militaire.  Il a donc salué et soutenu la feuille de route à deux volets, décidée lors du deuxième Conclave des chefs d’État à Nairobi au début de cette année.  Il a pris note de l’engagement des dirigeants des pays de la région à résoudre les problèmes en suspens par le dialogue.  Mais, a-t-il souligné, il reste impératif que les moyens de subsistance des groupes armés soient rompus à la source.  Depuis longtemps, nous discutons de la manière dont l’exploitation et le commerce illégaux des ressources naturelles dans l’est de la RDC ont alimenté les activités des groupes armés, a-t-il noté.  Par conséquent, l’Inde attend un plus grand engagement de la RDC et de la région pour garantir la protection des mines, le renforcement de la réglementation et celui des partenariats régionaux, a souligné le représentant en notant que la Conférence de Khartoum a fourni un cadre et une orientation utiles pour la RDC et la région à cet égard. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a déploré la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, marquée par la résurgence de l’activité des groupes armés, certains, comme le M23, s’attaquant délibérément aux personnels du maintien de la paix.  Ces potentiels crimes de guerre ne doivent pas rester impunis et il convient d’en éviter à tout prix la répétition, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est également inquiété de ce que l’escalade de la violence aggrave la situation humanitaire.  Il faut, dans ce contexte, sécuriser l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il insisté, avant de souligner que la coopération régionale est essentielle pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité dans la région.  Le dialogue et les mécanismes régionaux et intrarégionaux doivent être privilégiés dans cette optique, a encore estimé le représentant, pour qui il est urgent d’appliquer la stratégie nationale pour les programmes de DDR, qui sont « un outil efficace de consolidation de la paix ».  La communauté internationale doit aussi tarir le trafic d’armes qui nourrit la violence armée depuis si longtemps, a aussi déclaré le représentant, qui a souligné l’importance d’offrir des perspectives socioéconomiques aux personnes démobilisées et désarmées.  

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a fait part de sa préoccupation face à la gravité des affrontements armés dans l’est de la RDC.  Elle a appelé les milices à arrêter les attaques, à renoncer aux méthodes violentes et à entamer des négociations avec le Gouvernement congolais.  Elle a indiqué que la clef pour avancer dans le règlement et la réconciliation à long terme passe par une interaction franche et constructive entre les États.  Elle a voulu que l’on actionne les outils du Mécanisme régional de suivi de la mise en œuvre de l’Accord-cadre.  Il faut, en plus, se concentrer sur le développement et la mise en œuvre des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion sociale des ex-combattants, a encore suggéré la déléguée russe.  Elle a terminé en espérant que Kinshasa, avec l’aide de l’ONU, des États de la région et de la communauté internationale, réussira à arrêter les menaces à la sécurité et se recentrer sur la construction de l’État et le développement socioéconomique.  Ceci est particulièrement important en prélude à l’élection présidentielle de 2023 qui sera une des étapes clefs de la stabilisation en RDC, a-t-elle conclu.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a noté une détérioration continue de la sécurité et de la situation humanitaire dans la partie orientale de la RDC.  Notant que les récentes attaques menées dans cette zone par des groupes armés ne représentent qu’une petite fraction des épisodes de violence qui tourmentent les provinces touchées, il a jugé inquiétant que, en dépit des efforts des autorités, de l’ONU et des pays de la région, la situation continue de se dégrader, notamment à la suite de la réactivation du groupe M23, qui n’a pas hésité à attaquer des Casques bleus.  Dans ce contexte, le représentant a salué les efforts du Gouvernement congolais, notamment son programme de démobilisation, désarmement, redressement et stabilisation communautaire pour les ex-combattants, lancé en mars.  Il a également applaudi les initiatives de coopération avec les pays voisins, comme l’augmentation de la coordination dans le domaine de la sécurité avec l’Ouganda ainsi que les négociations de paix organisées par le Kenya.  Il a cependant noté avec inquiétude les tensions actuelles entre Kinshasa et Kigali, rappelant que le conflit dans l’est de la RDC a des racines régionales.  

De l’avis du délégué, les efforts déployés par les autorités congolaises ne déboucheront sur des résultats durables que s’ils s’attaquent aux causes sous-jacentes du conflit, en favorisant le développement et la participation politique des populations dans les zones touchées.  À cet égard, il a jugé préoccupants l’état de siège instauré de longue date dans certaines provinces et les épisodes de violence attribués aux forces armées, qui, a-t-il souligné, doivent faire l’objet d’une enquête en bonne et due forme.  Saluant par ailleurs les efforts de coordination entre la MONUSCO et les Forces armées de la République démocratique du Congo, il a estimé que les attaques essuyées ces derniers mois par la Mission plaident davantage pour un renforcement de ces efforts que pour un retrait.

Mme LINDA THOMAS GREENFIELD (États-Unis) a reconnu que le Gouvernement de la RDC et ses forces de sécurité sont confrontés à d’énormes défis pour maintenir la stabilité, en particulier dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu et dans les provinces d’Ituri.  Elle a souligné l’urgence de travailler pour mettre fin aux décennies de souffrances des peuples de l’est du pays.  Citant les pourparlers de paix de Nairobi et les efforts du Président de l’Union africaine, elle a également noté que la RDC a rejoint la Communauté d’Afrique de l’Est, qui a été décrite comme l’un des exercices les plus étendus au monde en matière d’intégration du commerce, de l’investissement et de la libre circulation des personnes.  Avec des défis sécuritaires accrus, notamment les attaques du M23, et l’afflux de réfugiés congolais en Ouganda, la représentante a exprimé son soutien à la collaboration entre les Forces armées de la RDC et la MONUSCO pour contenir les groupes armés terrorisant les civils dans l’est.  Elle a exhorté la RDC et le Rwanda à communiquer pour réduire les tensions et rechercher une solution diplomatique.  La RDC a besoin d’une coordination régionale efficace, a-t-elle souligné, en insistant sur l’importance de la démobilisation, du désarmement et de la réintégration communautaire des membres éligibles des groupes armés.  La RDC a des ressources extraordinaires qui doivent bénéficier à sa population.  Ceux qui ont violé ces différents droits en RDC et l’accès à ses ressources doivent rendre des comptes, a exigé la représentante.  Elle a déclaré qu’une fois que tous ces objectifs seront atteints, la paix pourra être établie, en assurant la volonté des États-Unis de travailler en ce sens avec la RDC et les différents partenaires.  

M. CHRISTOPHE LUTUNDULA APALA PEN’APALA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé que l’insécurité, les massacres, les pillages systématiques des richesses nationales et les violations des droits de l’homme dans l’est de son pays durent depuis près de 30 ans.  Pendant toutes ces années, l’ONU a été aux côtés de la RDC, son action au cours des 20 dernières années ayant été salutaire et décisive pour éviter le pire et engager le pays sur la voie des réformes institutionnelles.  Le Ministre a également rappelé que l’ONU a été la garante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix et la coopération de 2013, et qu’elle demeure un partenaire stratégique important pour la restauration de la paix et de la sécurité ainsi que pour le développement.

M. Lutundula Apala Pen’apala a ensuite tenu à informer le Conseil des efforts en cours menés par la RDC pour restaurer la paix et la sécurité dans le pays et dans la région des Grands Lacs.  Il a notamment mis l’accent sur l’adhésion de son pays, le 8 avril dernier, à la Communauté d’Afrique de l’Est, afin d’y apporter sa contribution à la lutte commune contre l’insécurité et l’instabilité dans la sous-région.  À cet égard, il a indiqué que, le 21 avril, les chefs d’États en conclave à Nairobi ont convenu d’un plan de résolution de la crise sécuritaire à l’est de la RDC.  Ce plan implique l’Union européenne, l’ONU, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, ainsi que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, en tant qu’observateurs.  Le Ministre a précisé que le processus de paix convenu « tend la main aux groupes armés », tout en s’appuyant fermement sur les principes et la vision du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRCS).  Il a aussi précisé que le désarmement n’est pas optionnel.  De ce fait, les groupes armés doivent le faire volontairement ou alors ils seront obligés de le faire sous la contrainte.

Le Ministre a affirmé que le volet politique du processus de paix a connu d’importants progrès, marqués notamment par l’organisation de premières consultations en avril à Nairobi avec des représentants de groupes armés et de communautés de l’est de la RDC.  Dans les semaines à venir, a-t-il ajouté, ces consultations seront élargies à la société civile, aux organisations de femmes notamment, et elles s’appuieront sur l’expertise des ONG congolaises spécialisées dans la consolidation de la paix.  Il a dit qu’en juillet, ces consultations devraient être assorties d’un plan d’action pour l’accompagnement politique et institutionnel du PDDRCS.  

Le Ministre s’est demandé qui arme le M23 et mobilise des hommes aguerris pour attaquer les troupes onusiennes?  Qui soutient cette force négative avec des armes lourdes au moment où le processus de Nairobi prend son envol et que le peuple congolais attend la visite du Pape?  Pourquoi, à chaque fois, le Rwanda apparaît-il quand il est question des M23?  Pour le Ministre, le M23 et ses parrains ne visent qu’à maintenir la RDC dans l’instabilité et à torpiller les efforts de paix de la Communauté d’Afrique de l’Est.  Or, a-t-il martelé, le Chef de l’État et le Gouvernement ainsi que tous les Congolais sont déterminés à défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté de leur pays.  

S’adressant à la Présidente du Conseil, M. Lutundula Apala Pen’apala a exhorté l’organe onusien à assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix, en agissant « vite et efficacement avant qu’il ne soit trop tard ».  Il a exigé que le M23 dépose les armes et se retire de toutes les localités qu’ils occupent grâce à des soutiens extérieurs.  Il a en outre demandé au Conseil de s’impliquer dans la facilitation d’un dialogue « sincère » avec le Rwanda.  À ce propos, il a souligné que le dialogue est comme le tango, qu’il ne peut que se danser à deux.  

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a rappelé qu’après l’élection du Président Félix Tshisekedi en janvier 2019, le Rwanda avait pris diverses initiatives pour relancer les relations bilatérales qui s’étaient détériorées sous l’administration précédente de la RDC.  Dans ce contexte, un nombre d’accords bilatéraux et de protocoles d’accord ont été signés, ce qui a conduit à l’essor du commerce transfrontalier et des relations entre les peuples des deux pays.  Il est regrettable que tous ces efforts soient sapés, a dit le délégué qui a expliqué que le 23 mai, les FARDC, aux côtés des FDLR, ont tiré des obus à travers la frontière sur le territoire rwandais.  L’attaque a fait plusieurs blessés graves et endommagé des biens.  C’était le deuxième bombardement cette année, a-t-il précisé, en mentionnant une attaque similaire le 19 mars 2022.  Le représentant a aussi évoqué le fait que deux militaires de la Force de défense rwandaise qui étaient en patrouille le long de la frontière aient été kidnappés par des éléments des FDLR et sont actuellement détenus par les autorités de la RDC.  « Nous avons demandé leur protection et leur libération immédiate », a-t-il dit.

Au sujet du M23, M. Gatete a affirmé que le Rwanda est préoccupé par la reprise des hostilités entre le M23 et les FARDC.  Il a appelé à la désescalade et exhorté les parties à se conformer aux résolutions du Conclave des chefs d’État sur la RDC du 21 avril 2022.  « Le Rwanda rejette l’étiquetage des membres du M23 comme Rwandais », a dénoncé le délégué, en expliquant que ce sont des ressortissants congolais qui ont des doléances qui doivent être résolues en interne en RDC.  Il a rappelé qu’en 2013, à la suite de la défaite du M23, un certain nombre de combattants ont fui vers le Rwanda et l’Ouganda. 

Ceux qui sont entrés au Rwanda ont été désarmés et transférés loin de la frontière de la RDC, comme convenu par le mécanisme régional de l’époque.  Le représentant s’est inquiété de la résurgence flagrante des discours de haine anti-Rwanda et des appels au génocide qui sont encouragés par certains fonctionnaires et politiciens en RDC, se propageant au sein de la population.  Le Conseil et la communauté internationale ne sauraient rester silencieux, compte tenu de ce qui s’est passé au Rwanda en 1994, a-t-il ajouté. 

En outre, a-t-il poursuivi, le Rwanda est extrêmement préoccupé par la coopération militaire entre les FARDC et les FDLR qui ont causé des souffrances indicibles aux populations de l’est de la RDC, et créé l’insécurité qui perdure dans la région depuis près de trois décennies maintenant.  Le représentant a donc exhorté les Nations Unies, par l’intermédiaire de la MONUSCO, à ne pas rester les bras croisés devant cette alliance entre les FARDC et les FDLR.  Le délégué a rejeté catégoriquement les allégations de la RDC selon lesquelles le Rwanda soutient le M23.  Le Rwanda n’a absolument aucun intérêt dans la déstabilisation de la RDC, a-t-il argué. 

Il a estimé que le Gouvernement rwandais observe que ces allégations sont un prétexte utilisé par certains fauteurs de troubles au sein de la RDC pour extérioriser le conflit pour des gains politiques intérieurs, ce qui est dangereux et devrait être dénoncé.  Le Gouvernement du Rwanda entend défendre les Rwandais, l’intégrité territoriale et la souveraineté du Rwanda, conformément au droit international, a-t-il assuré.  Il a enfin appelé le Gouvernement de la RDC à arrêter la prolifération des discours de haine et des messages incitant à la violence génocidaire.  Le Rwanda reste attaché aux accords bilatéraux, régionaux et aux efforts internationaux pour stabiliser la région grâce à des initiatives régionales, a-t-il conclu.

M. ADONIA AYEBARE (Ouganda) a fait valoir que les bonnes relations bilatérales sont des ingrédients incontournables de la paix et de la sécurité.  S’agissant de l’Ouganda et de la RDC, a-t-il dit, les relations bilatérales ont suivi une « trajectoire positive » depuis la signature de l’Accord-cadre de 2013.  Il a d’ailleurs indiqué qu’une délégation ougandaise de haut niveau se trouve actuellement à Kinshasa pour discuter du renforcement des relations commerciales.  Cette amélioration des relations bilatérales a aussi été mise en exergue par les opérations conjointes contre les Forces démocratiques alliées (ADF), a-t-il ajouté, relevant toutefois que ce groupe armé affilié à Daech continue de constituer une menace pour l’Ouganda et toute la région.  À cet égard, le représentant a remercié le Conseil d’avoir inscrit les ADF et d’autres groupes armés de la région sur la liste des organisations terroristes.  Il a cependant constaté que les relations entre Kampala et Kinshasa sont aujourd’hui mises à l’épreuve par la persistance de « forces négatives » dans l’est de la RDC, ce qui a pour conséquence la présence de quelque 480 000 réfugiés congolais en Ouganda.  À ses yeux, les initiatives de paix menées au travers de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et du processus politique de Nairobi sont des « solutions crédibles » pour sauvegarder les relations entre les deux pays.  Il a donc appelé les responsables des Nations Unies à travailler dans le cadre de ces mécanismes et à donner sa chance au Conclave de Nairobi, qui, malgré les difficultés, aborde les aspects civil et militaire de la crise.  Avant de conclure, le délégué a dénoncé ceux qui promeuvent les discours de haine dans la région et a demandé à la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide de se pencher sur la question. 

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