8949e séance – matin
CS/14768

Conseil de sécurité : inquiétudes face aux représailles que subissent certaines des femmes qui participent aux travaux de l’organe

La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a appelé, aujourd’hui, à redoubler d’efforts pour permettre aux femmes de participer aux travaux du Conseil de sécurité sans craintes de représailles et à repousser les attaques visant à les réduire au silence et incriminer leurs droits, avertissant que les décisions sur la paix qui ne prennent pas en compte les opinions et les droits des femmes ne sont pas pérennes. 

« Il faut investir davantage dans les femmes défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix en leur accordant plus de soutien financier et en faisant respecter le principe de responsabilité », a déclaré Mme Michèle Bachelet qui a alerté qu’en 2020, son Bureau a pu vérifier 35  meurtres de femmes défenseuses des droits humains, journalistes ou syndicalistes dans sept pays touchés par un conflit, un chiffre qui dépasse le nombre de meurtres confirmés en  2018 et  2019. 

En outre, le niveau de représailles que subissent les personnes qui coopèrent avec l’ONU demeure également élevé, notamment dans les pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Or, de telles violations des droits humains sapent les efforts de maintien de la paix et de la sécurité car elles dissuadent les femmes d’y participer, s’est inquiété la Chef des droits de l’homme.  

« Plus les femmes défendent leurs droits, plus elles sont menacées », a déploré la Directrice exécutive du Groupe de travail des ONG sur les femmes et la paix et la sécurité, une coalition qui travaille avec des femmes qui ont été victimes d’intimidations, de menaces et de représailles pour avoir pris la parole devant le Conseil.  Selon Mme Kaavya Asoka, nombre d’entre elles ont été détenues arbitrairement par les forces de sécurité à la suite de leurs interventions, accusées d’espionnage, victimes de campagnes calomnieuses et de diffamations, ou menacées.  Beaucoup d’entre elles ont déjà payé au prix fort le fait de s’être exprimées devant le Conseil de sécurité, a témoigné l’intervenante qui a indiqué que le Groupe de travail a dû relocaliser plusieurs femmes à la suite de leurs interventions auprès du Conseil. 

Mme Asoka a par ailleurs déploré que l’ONU n’ait révélé publiquement qu´une fraction des cas directement liés au Conseil de sécurité, taisant les autres par peur de répercussions ou par manque de confiance que les plaintes aboutissent. 

La réunion a également été marquée par l’intervention de la Directrice exécutive de la Women and Children Legal Research Foundation, une militante afghane qui a alerté que toute mesure visant à reconnaître les Taliban équivaudrait à une approbation de l’oppression des femmes afghanes.  Rappelant s’être adressée au Conseil de sécurité « avec fierté » à l’occasion du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), Mme Zarqa Yaftali, aujourd’hui réfugiée, a prié le Conseil de sécurité d’exprimer clairement les devoirs des Taliban en matière de protection des droits des femmes, insistant notamment sur l’accès à l’éducation, le droit au travail et la participation sans restriction à la vie politique. 

À ce sujet, la Ministre adjointe des affaires étrangères des Émirats arabes unis a recommandé d’investir dans l’éducation et de réformer les «  politiques obsolètes nuisibles  » qui entretiennent la stigmatisation, jugeant urgent de le faire dans des pays comme l’Afghanistan où on assiste à une escalade des efforts visant à « déformer la religion et la culture » pour attaquer le droit fondamental des femmes et des filles à l’éducation. 

Elle a également recommandé de déployer plus de conseillers en matière de genre et de protection des femmes dans les opérations de paix, et de travailler avec les pays hôtes à la fin d’une opération de paix pour assurer la continuité des principales capacités de protection des équipes de pays, afin que les femmes et leurs défenseurs ne soient pas abandonnés à un moment critique. 

À l’instar de la Ministre des affaires  étrangères et de l’intégration régionale  du  Ghana, plusieurs délégations ont par ailleurs proposé que les Comités des sanctions de l’ONU soient utilisés comme moyen de dissuasion et pour exercer des pressions sur les auteurs d’intimidations, de menaces et de représailles contre les femmes artisanes de la paix et défenseuses de droits. 

La Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie a appelé à améliorer le financement des organisations de femmes dans les pays fragiles, la Ministre des affaires étrangères de la Norvège exhortant en outre à adopter une politique de tolérance zéro face aux menaces et aux représailles que subissent les femmes qui participent aux processus de paix et de sécurité.  Dans une même veine, le Canada, au nom du Groupe des Amis des femmes de la paix et de la sécurité, a invité le Conseil de sécurité à élaborer des mesures efficaces de prévention et à intégrer la violence sexuelle comme critère de désignation dans les régimes de sanctions.  

Par la voix de la Suisse, le Groupe sur les droits de l’homme et la prévention des conflits a demandé au Conseil de condamner publiquement les intimidations, menaces et représailles contre ceux qui s’y livrent, assurant qu’une telle prise de position contribuera à prévenir l’autocensure croissante des acteurs qui décident de ne pas s’engager avec l’ONU par peur. 

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Préserver la participation – Lutter contre la violence visant les femmes dans les processus de paix et de sécurité (S/2022/22)

Déclarations

Mme MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire aux droits de l’homme, a indiqué qu’entre 1992 et 2019, seulement 13% des négociateurs, 6% des médiateurs et 6% des signataires des principaux processus de paix étaient des femmes, avant même la pandémie, l’intensification des conflits et les crises humanitaires désastreuses qui ont frappé de nombreux pays, mettant à mal les droits des femmes.  Depuis, la situation des femmes défenseuses des droits humains et les perspectives pour une pleine participation des femmes à la consolidation de la paix se sont nettement aggravées, a-t-elle alerté.  Or, la participation des femmes s’impose pourtant pour que l’on puisse assurer la cohésion des sociétés et prendre en compte les répercussions des conflits, notamment les violences sexistes et l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre.  

Mme Bachelet a ensuite souligné que la mise en œuvre de la résolution 1325 nécessite une augmentation notable du financement des organisations féminines de la société civile.  Mais le fait est qu’à peine 1% du financement dans les pays fragiles ou touchés par un conflit est destiné aux organisations de défense des droits des femmes, a-t-elle déploré.  En 2020, a-t-elle poursuivi, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) a pu vérifier 35 meurtres de femmes défenseuses des droits humains, journalistes ou syndicalistes dans sept pays touchés par un conflit.  Ce chiffre, qui sans doute représente une estimation basse, dépasse déjà le nombre de meurtres confirmés en 2018 et 2019. 

Nous avons également recensé de nombreuses attaques contre les femmes qui travaillent sur l’égalité des sexes, le droit à la santé sexuelle et procréative, la corruption, le droit du travail et des questions foncières et environnementales.  Dans toutes les régions, les femmes sont arrêtées ou détenues et font l’objet d’intimidations, de harcèlements ou encore de campagnes de diffamation, a dénoncé Mme Bachelet.  Le niveau de représailles que subissent les personnes qui coopèrent avec l’ONU demeure également élevé, notamment dans les pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Or, de telles violations des droits humains sapent les efforts de maintien de la paix et de la sécurité car elles dissuadent les femmes d’y participer. 

Tournant son attention sur la situation en Afghanistan, la Haute-Commissaire a signalé que le gouvernement de facto a exclu les femmes qui n’ont plus voix au chapitre.  En outre, le déni des droits fondamentaux des femmes et des filles nuit massivement à l’économie et au pays qui est confronté à une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent.  Elle s’est également inquiétée de la situation des nombreuses Afghanes défenseuses des droits humains, journalistes, avocates ou juges qui ont dû fuir le pays ou se cacher après avoir été la cible de nombreuses menaces, perdant toute source de revenus. 

Mme Bachelet a exhorté le Conseil à veiller que les auteurs de violations des droits humains et d’atteintes aux droits humains en Afghanistan rendent des comptes afin de créer les conditions pour une paix durable.  Elle a également appelé les États à élaborer des programmes de réinstallation pour les Afghanes défenseuses des droits humains et à stopper immédiatement les déportations de femmes afghanes qui cherchent protection. 

Abordant la situation au Sahel, Mme Bachelet a indiqué que le déficit critique d’autonomisation des femmes est un facteur évident de la crise, notant que de nombreux pays de la région figurent en bas de l’Indice d’égalité de genre.  « J’ai donc été encouragée d’avoir entendu, lors de ma récente mission dans la région, de hauts responsables de la Force conjointe du G5 Sahel souligner l’importance de la participation des femmes dans l’élaboration de mesures politiques, de développement et de sécurité pour faire face à la crise. »  La présence des femmes dans les forces armées permettrait notamment d’accroître la confiance de la population, a-t-elle ajouté. 

La Haute-Commissaire s’est également inquiétée de la situation du Myanmar où de nombreuses organisations féminines de la société civile ont dû fermer depuis février 2021 et où les femmes et les filles représenteraient plus de 2 100 des plus de 10 500 personnes détenues entre février et novembre. 

En Colombie, a informé Mme Bachelet, l’Accord de paix de 2016 a, en revanche, été un document phare pour la participation des femmes.  La Commission pour la vérité et la Juridiction spéciale pour la paix ont également appuyé la participation des femmes et leur rôle crucial dans la recherche des personnes disparues a aussi été reconnu.  Cependant, a-t-elle nuancé, pour ce qui est des droits fonciers et de la participation politique des femmes, des dispositions de l’Accord doivent être renforcés.  Et la Colombie doit renforcer la lutte contre les violences sexuelles liées au conflit. 

Notant que la résolution 1325 (2000) souligne la nécessité d’une stratégie garantissant la protection des différents groupes de femmes, Mme Bachelet a appelé la communauté internationale à se montrer unie et repousser les attaques visant à réduire au silence et incriminer les femmes et leurs droits, y compris celui de participer aux processus de prise de décisions.  Elle a également appelé à redoubler d’efforts pour permettre aux femmes de participer aux travaux du Conseil de sécurité sans craintes de représailles, recommandant notamment de doter les opérations de paix de mandats incluant des dispositions pour la protection des femmes artisanes de la paix - comme c’est déjà le cas pour la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  La collecte de données ventilées sur la participation des femmes aux processus de paix et leur protection permettrait en outre d’assurer un meilleur suivi. 

Après avoir touché mot de la situation en Libye, où une dirigeante politique et une journaliste ont été assassinées et où les femmes éminentes sont l’objet d’incitation à la violence en ligne, Mme Bachelet a averti que les décisions sur la paix qui ne prennent pas en compte les opinions et les droits des femmes ne sont pas pérennes.  Il faut investir davantage dans les femmes défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix en leur accordant plus de soutien financier et en faisant respecter le principe de responsabilité.  Les harcèlements, les menaces, les intimidations et les violences sexistes doivent être combattus. 

Mme ZARQA YAFTALI, Directrice exécutive de la « Women and Children Legal Research Foundation (WCLRF) », a rappelé s’être adressée au Conseil de sécurité « avec fierté » à l’occasion du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), en partageant les réalisations des femmes afghanes au cours des deux dernières décennies.  « Je vous ai parlé des centaines de milliers de femmes éduquées, qui étaient ministres, diplomates, juges, avocates, avocats de la défense, athlètes, artistes, écrivains, journalistes, professeurs, femmes d’affaires, pilotes et militantes.  Je vous ai dit tout le chemin parcouru depuis que les Taliban étaient au pouvoir.  Je vous ai dit que la société afghane était prête à voir des femmes diriger ce pays vers l’avenir. »  Mais Mme Yaftali avait aussi partagé ses peurs.  « Je vous ai dit que la paix ne peut se faire au détriment des droits des femmes et que nous avions besoin de vous, la communauté internationale, pour assumer votre responsabilité de sauvegarder nos acquis. » 

Or, le monde n’a pas écouté, a déploré Mme Yaftali, pour qui « la rhétorique du programme pour les femmes et la paix et la sécurité s’est effondrée le 15 août 2021 ».  Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi « je m’adresse à vous en tant que réfugiée ».  Car comme tant d’autres Afghans, « j’ai perdu mon pays du jour au lendemain ».  Aujourd’hui, a-t-elle témoigné, des femmes et des filles manifestent à Kaboul et dans d’autres villes pour reconquérir le droit au travail et à l’éducation, elles font face à la violence et à de graves menaces de la part des Taliban.  Certaines manifestantes ont été emprisonnées ou ont disparu, et « nous ne savons pas si elles sont mortes ou vivantes ».  Des milliers de femmes qui travaillaient dans l’armée et les forces de sécurité afghanes craignent désormais pour leur vie.  Des centaines de médias ont été fermés et la liberté d’expression a été sévèrement limitée.  Et sous le joug des Taliban, l’oppression des femmes et civils augmente chaque jour. 

Selon l’intervenante, l’Afghanistan est un exemple de ce qui peut arriver lorsque la communauté internationale ne tient pas ses promesses.  Il est temps, a-t-elle dit, que le Conseil de sécurité brise son silence sur l’avenir des 30 millions de citoyens afghans en exprimant clairement les devoirs des Taliban en matière de protection des droits des femmes.  Elle a insisté sur l’accès à l’éducation pour toutes les femmes et les filles, le droit des femmes au travail, la garantie de leur droit à la participation politique sans restriction dans toutes les régions du pays et le droit des femmes défenseuses des droits humains à opérer librement et sans crainte de représailles.  À ses yeux, « toute mesure visant à reconnaître les Taliban est une approbation de l’oppression des femmes afghanes ». 

Jugeant le rôle de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) plus important que jamais, Mme Yaftali a demandé au Conseil de veiller à ce que la MANUA continue de surveiller la situation des droits humains, de faciliter et coordonner l’aide humanitaire, et de résoudre les conflits et construire la paix, en mettant l’accent sur l’éducation.  Elle a en outre jugé urgent de nommer le rapporteur spécial de l’ONU pour l’Afghanistan: « il est important qu’elle connaisse bien l’Afghanistan et puisse maintenir le principe de neutralité ».  Enfin, l’intervenante a appelé à un processus de paix inclusif et négocié qui bénéficie de la participation pleine, égale et significative de diverses femmes, venant de tout le pays, à toutes les étapes de la planification, de la négociation et de la mise en œuvre. 

Mme KAAVYA ASOKA, Directrice exécutive du Groupe de travail des ONG sur les femmes et la paix et la sécurité, coalition réunissant 18 organisations non gouvernementales internationales qui œuvrent pour les droits des femmes et leur participation entière, égale et significative au maintien de la paix et de la sécurité, a expliqué avoir contacté ses collègues d’Afghanistan, de Colombie, de République démocratique du Congo, d’Iraq, de Libye, du Myanmar, du Soudan du Sud, du Soudan et du Yémen en vue de cette intervention.  Ce sont des femmes qui jouent un rôle essentiel dans leurs communautés, négocient des cessez-le-feu et s’engagent dans les processus de paix, a-t-elle indiqué, ajoutant que beaucoup d’entre elles ont déjà payé au prix fort le fait de s’être exprimées devant le Conseil de sécurité.  Elle a rappelé à cet égard que, dans une lettre ouverte d’octobre dernier au Conseil, le Groupe de travail a constaté que, dans de nombreuses régions du monde, surtout dans les situations de conflit, les femmes et les personnes LGBTQI+ sont forcées de « choisir entre leurs droits et leur survie ».  Il ne devrait pas en être ainsi, a souligné Mme Asoka.  Ni en Afghanistan, où les femmes leaders et défenseuses des droits humains vivent dans la peur d’être pourchassées par les Taliban, ni au Myanmar, où les femmes activistes et les militants LGBTQI+ qui ont manifesté contre le coup d’État ont été les premières victimes des attaques militaires pour avoir défendu les droits humains et la démocratie.  Cela ne devrait pas non plus être le cas au Conseil de sécurité, a-t-elle ajouté, les représailles contre les personnes qui s’y sont exprimées reflétant, selon elle, une « tendance mondiale inquiétante », à savoir l’augmentation de l’intensité des conflits violents, associée à un espace civique menacé, à l’érosion des droits humains et à des environnement de plus en plus misogynes et militarisés. 

Tout en se réjouissant de l’adoption de la résolution 2242 (2015), qui a permis à davantage de femmes de la société civile de transmettre leur expertise au Conseil, elle a constaté une augmentation du nombre des représailles contre les femmes qui s’engagent activement dans les processus de paix et dans la politique.  « Plus les femmes défendent leurs droits, plus elles sont menacées », a-t-elle déploré, avant de préciser que sa coalition travaille avec des femmes leaders qui ont été victimes d’intimidations, de menaces et de représailles pour avoir pris la parole devant ce Conseil.  Ces femmes ont été censurées, menacées et attaquées, on leur a interdit de s’exprimer sur des problématiques clefs, telles que la violence liée au genre ou la santé et les droits sexuels et reproductifs, a-t-elle témoigné.  On a confisqué leurs ordinateurs portables et piraté leurs téléphones et comptes bancaires.  Beaucoup ont été détenues arbitrairement par les forces de sécurité à la suite de leurs interventions.  Elles ont été accusées d’espionnage pour des gouvernements étrangers, victimes de campagnes calomnieuses et de diffamations ou encore menacées avant de parler au Conseil. 

Nous avons été contraintes de relocaliser plusieurs femmes à la suite de leurs interventions auprès du Conseil, a poursuivi Mme Asoka, ajoutant que, récemment, une personne a été enlevée le lendemain de son intervention au Conseil de sécurité.  Nous avons craint qu’elle soit torturée ou tuée, ce qui nous a forcées à laisser notre travail de côté pendant plusieurs mois pour nous consacrer à ce dossier jusqu’à ce qu’elle soit libérée.  La responsable du Groupe de travail a dit n’avoir reçu que très peu d’aide malgré les appels lancés à plusieurs États Membres et agences onusiennes.  Ceci est inacceptable, a-t-elle martelé, en insistant sur le fait que le nombre et la gravité des représailles et des menaces contre toute personne engagée auprès de l’ONU ont fortement augmenté ces dernières années.  « Environ le tiers des femmes qui sont intervenues auprès du Conseil de sécurité avec notre appui depuis 2018 ont fait face à des menaces ou à des représailles et environ 67% des cas ont été commis par des acteurs étatiques », a dénoncé la militante.  Mais ce n’est, selon elle, qu’une partie du problème, l’ONU n’ayant révélé publiquement qu´une fraction des cas directement liés au Conseil de sécurité, taisant les autres par peur de répercussions ou par manque de confiance que les plaintes aboutissent.  À ses yeux, ce manque d’information démontre que « les réponses politiques ont échoué à prendre en compte les données de base qui pourraient déterminer le danger de mort d’une femme ». 

Pour Mme Asoka, ces mesures de répression blessent non seulement celles et ceux qui choisissent de s’exprimer coûte que coûte, mais dissuadent d’autres militantes et militants à poursuivre leur travail essentiel.  À ce sujet, les femmes activistes et défenseuses des droits humains interrogées par le Groupe de travail ont confié avoir besoin de fonds pour répondre à des besoin urgents, tels que leur sécurité personnelle, la relocalisation, la sécurité au bureau et au domicile et les frais juridiques.  Dans ce contexte, leur message au Conseil est clair: bien que des mesures soient prises pour les protéger temporairement, leur sécurité à long terme dépend d’un soutien politique à leur travail.  Si vous voulez sincèrement mettre fin aux attaques contre les femmes activistes et défenseuses des droits humains, il faut aussi aborder les causes à l’origine des conflits et des inégalités de genre, pas seulement leurs conséquences, a lancé la Directrice exécutive, constatant que le Conseil de sécurité n’a « pas su tenir compte du danger encouru par la société civile qu’il prétend soutenir ». 

De fait, « le silence vous rend complices », a renchéri Mme Asoka, avant d’appeler tous les États Membres, les dirigeants de l’ONU et les membres du Conseil de sécurité à faire cesser les menaces, les attaques et les représailles contre tous les défenseurs et défenseuses des droits humains, les activistes pour la paix et les leaders de la société civile, à mettre fin à l’impunité et à assurer que les auteurs de tels actes soient poursuivis.  Elle a également invité le Secrétaire général à mettre en œuvre ses propres engagements en garantissant que tous les membres du personnel onusien défendent publiquement le travail essentiel des femmes activistes et des défenseuses des droits humains.  Elle a d’autre part souhaité que le HCDH reçoive les fonds nécessaires pour accomplir son travail sur les représailles et apporter son soutien à la société civile en danger en suivant chaque cas de manière préventive.  Il faut également garantir le financement et le suivi de toutes les opérations de maintien de la paix pour qu’elles puissent fournir un soutien pratique et axé sur le genre à tous les défenseurs et défenseuses des droits humains et les activistes en danger.  Enfin, Mme Asoka a souligné que les risques encourus par les femmes ne devraient en aucun cas servir d’excuse pour les exclure.  Au contraire, a-t-elle affirmé, les États Membres et l’ONU se doivent de mettre en avant et de soutenir pleinement le leadership et la participation entière, égale et significative des femmes à tous les niveaux du maintien de la paix et de la sécurité, ce qui passe par un soutien financier et politique aux femmes de la société civile afin qu’elles puissent intervenir régulièrement et sans danger auprès du Conseil. 

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de lintégration régionale du Ghana, s’est dite réconfortée de voir que le premier débat public de 2022 au Conseil de sécurité soit marqué par une volonté collective de veiller à ce que les femmes prennent la place qui leur revient dans les efforts nationaux, régionaux et mondiaux de consolidation de la paix, dans une atmosphère dépourvue de peur et de panique.  En effet, face à l’augmentation continue et progressive des intimidations, menaces et représailles contre ces femmes agent de changements positifs, la Ministre a rappelé que dans de nombreux cas, les menaces ciblant les femmes artisanes de la paix se traduisent par une violence indescriptible, coûtant la vie à beaucoup d’entre-elles.  Reprenant le chiffre de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme qui a vérifié 35 cas de meurtres de femmes impliquées dans la paix et la sécurité, rien qu’en 2021, Mme Botchwey a mis en exergue le besoin pressant pour l’ONU et les États Membres de créer un environnement sûr pour permettre aux femmes d’effectuer leur travail indépendamment et sans ingérence indue conformément aux principes des résolutions 1325, 2467 et 2493 du Conseil de sécurité. 

Passant ensuite à ce que le Ghana fait dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, la Ministre a passé en revue une série de structures formelles visant à augmenter les divers rôles des femmes dans la paix et la sécurité.  C’est le Ministère ghanéen du genre, des enfants et de la protection sociale qui est l’organisme gouvernemental chargé de coordonner la mise en œuvre de la résolution 1325 et des autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-elle expliqué.  Le premier Plan d’action national sur la résolution 1325, pour la période 2012-2014, a misé sur des programmes et ateliers de sensibilisation pour les agences de sécurité, les autorités traditionnelles et les organisations de la société civile sur le rôle crucial des femmes dans la paix et la sécurité à travers tout le pays.  La deuxième édition du plan d’action fait fond sur les lacunes et leçons du premier, a expliqué la Ministre.  Ce plan, pour 2020-2025, inclut la formation d’activistes de genre dans les questions de paix et de sécurité, la formation de femmes en tant que médiatrices et la sensibilisation des femmes au niveau local sur leur rôle dans une société pacifique.  Les forces armées ghanéennes, ainsi que d’autres forces de sécurité sont également en train de revoir leur réglementation dans le but de mettre en place des politiques favorables aux femmes et qui garantissent qu’elles soient adéquatement protégées, a encore précisé la Ministre.  Elle a également rappelé que son pays est le neuvième plus grand contributeur de personnel aux missions de l’ONU, et que depuis avril 2020, les femmes ghanéennes représentent 14% des effectifs militaires et 25,6% des effectifs de police qu’il déploie dans les missions de l’ONU et de l’UA.  

Mme Botchwey a ensuite fait des propositions sur la manière dont l’ONU peut contribuer à assurer une meilleure protection des femmes dans les processus de paix.  Tout d’abord, elle a estimé que le Conseil de sécurité devrait instamment prier le Secrétaire général d’assurer une allocation de ressources ciblées, pratiques et rapides pour faciliter les réponses aux menaces contre les femmes artisanes de la paix, y compris au niveau des opérations de paix.  Le Conseil devrait également solliciter les bons offices du Secrétaire général pour renforcer les capacités du personnel de l’ONU dans les zones de conflit, pour accroître leur compréhension du travail des femmes dans les processus de paix, et des représailles et menaces auxquelles elles s’exposent.  En outre, elle a proposé que les Comités des sanctions des Nations Unies soient utilisés comme des outils pour traduire en justice les coupables d’intimidation, de menaces et de représailles contre les femmes dans la consolidation de la paix et servir de moyen de dissuasion.  Elle a donc encouragé la participation active de femmes au sein du panel d'experts.  En dernier lieu, Mme Botchwey a estimé que le Conseil de sécurité, les États Membres et l’ONU dans son ensemble doivent être sans équivoque et cohérents dans leur défense des femmes qui sont invitées à intervenir dans les enceintes de l’ONU et continuer de condamner toute attaque contre elles.  

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, précisant être « la première Ministre des affaires étrangères albanaise » à s’adresser au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent, a aussi indiqué être une défenseuse du droit des femmes depuis longtemps.  « Comment se fait-il que les femmes doivent encore lutter pour les mêmes droits que l’autre moitié de la population »? a-t-elle lancé en constatant que l’égalité n’est pas un acquis.  « La triste réalité de l’histoire, la triste vérité », a-t-elle poursuivi, c’est que les hommes sont le plus au combat tandis que les femmes en paient le plus le prix.  Nous l’avons vu au Kosovo: les femmes ont été laissées pour compte, ont été violées, torturées, tuées, prises pour cible dans une « campagne criminelle de nettoyage ethnique », a-t-elle rappelé avant de citer aussi les cas en Afghanistan, au Yémen, au Myanmar, en Éthiopie, en Syrie et encore au Bélarus.  Elle a déploré que des femmes militantes soient victimes de menaces, dénonçant une certaine résistance de la part de certains qui ne souhaitent pas que les femmes aient leur mot à dire lorsque la paix est établie. 

La Ministre a témoigné qu’il y a 30 ans, son pays a entamé un chemin difficile de reconstruction et a fait la même erreur.  Nous n’avons pas donné aux femmes le rôle qui leur revenait dans la reconstruction et la réconciliation, a-t-elle regretté, avant de se féliciter que l’égalité soit aujourd’hui une grande priorité du Gouvernement albanais et une réalité: « nous sommes passés de la parole aux actes ».  Elle s’est prévalue du fait que 75% des postes ministériels sont occupés par des femmes, avec un pourcentage semblable dans les postes de haut niveau.  L’Albanie a signé, avec la Norvège, les Émirats arabes unis et le Niger, la Déclaration des engagements communs pour que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit la priorité de nos présidences respectives au Conseil, a informé la Ministre. 

Elle a ensuite détaillé les quatre éléments clefs dans ce domaine: soutenir les entités pertinentes des Nations Unies pour qu’elles soutiennent les défenseuses et les représentantes de la société civile qui sont menacées parce qu’elles sont intervenues devant le Conseil; mettre en place des mécanismes de financement souples pour agir rapidement lorsque des femmes dirigeantes sont visées par des représailles; améliorer le financement des organisations de femmes dans les pays fragiles; renforcer la reddition de la justice.  Le Conseil a un rôle décisif à jouer à cet égard, a-t-elle conclu. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH, Ministre adjointe des affaires étrangères et de la coopération internationale pour les affaires politiques des Émirats arabes unis, a formulé trois recommandations à l’intention des États Membres et de l’ONU afin de prévenir et de répondre aux représailles dans les situations de conflit et d’après-conflit.  Premièrement, a-t-elle dit, les États doivent prendre des mesures sérieuses pour s’attaquer aux inégalités structurelles entre les sexes en tant que principale cause de la violence à l’égard des femmes.  La représentante a proposé à cette fin d’investir dans l’éducation et de réformer les « politiques obsolètes nuisibles » qui entretiennent la stigmatisation.  Cela est urgent dans des pays comme l’Afghanistan où nous assistons à une escalade des efforts visant à « déformer la religion et la culture » pour attaquer le droit fondamental des femmes et des filles à l’éducation. 

Ensuite, a poursuivi Mme Nusseibeh, l’ONU doit développer des outils efficaces pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, y compris les représailles, dans les contextes de conflit armé.  Elle a évoqué un déploiement plus systématique de conseillers en matière de genre et de protection des femmes dans les opérations de paix, ainsi qu’une collecte et une analyse accrues des données pour appuyer les stratégies qui fonctionnent.  À la fin d’une opération de paix, il faut travailler avec les pays hôtes pour assurer la continuité des principales capacités de protection des équipes de pays, afin que les femmes et leurs défenseurs ne soient pas abandonnés à un moment critique.  Enfin, la représentante a demandé au Conseil de sécurité de rester ouvert aux contributions des intervenants de la société civile, en particulier des femmes.  Selon elle, les menaces visant à décourager la participation de la société civile aux réunions du Conseil constituent une tentative d’obstruction aux travaux de cet organe.  En conséquence, les Émirats arabes unis, aux côtés de la Norvège, du Niger et de l’Albanie, se sont engagés à rester vigilants avec les informateurs du Conseil concernant les intimidations et les représailles. 

Mme UZRA ZEYA, Sous-Secrétaire dÉtat à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits de l’homme des États-Unis, s’est félicitée de ce coup de projecteur sur le rôle des artisanes de la paix, alors que les femmes sont en première ligne dans les processus de paix et de consolidation de la paix. Cependant, leur plaidoyer en fait souvent des victimes dans le cadre des conflits, a déploré la responsable américaine, en évoquant les cas récents d’une femme attaquée par quatre officiers et d’une journaliste placée en détention parce qu’elle enquêtait sur cette agression.  Pour Mme Zeya, le Conseil de sécurité doit faire davantage pour protéger ces femmes.  Elle a relevé à cet égard que les menaces contre les artisanes de la paix exploitent les normes en vigueur contre ces femmes.  Les attaques dont elles sont victimes surviennent aussi en ligne, via la désinformation sur le genre et le harcèlement sur Internet, a-t-elle constaté, avant d’appeler tous les gouvernements et les organisations internationales à adopter une tolérance zéro en matière de violence et d’exploitation sexuelles, et à garantir que des comptes soient rendus. 

De plus, a poursuivi la Sous-Secrétaire d’État, il importe qu’il y ait plus de femmes Casques bleus et négociatrices dans les situations de conflit.  Il faut redoubler d’efforts pour garantir que leurs droits soient respectés et qu’elles participent pleinement aux processus de paix et de sécurité.  Souvent décrites à tort comme vulnérables, ces femmes permettent d’instaurer la confiance avec les communautés locales, nouent des dialogues qui permettent de faciliter l’accès de l’aide humanitaire, de lutter contre l’extrémisme et d’engager des mesures de réconciliation, a-t-elle fait valoir. 

Mme Zeya a indiqué que, pour venir en aide aux femmes conduisant des efforts de paix, les États-Unis garantissent des processus qui veillent à garantir leur participation aux prises de décision.  En Colombie, par exemple, ils soutiennent l’inclusion de femmes au sein des institutions de consolidation de la paix.  Cela ne les empêche toutefois pas d’être la cible de menaces, ce qui est inadmissible, a-t-elle relevé, avant d’indiquer que son pays est favorable à des programmes de financement ciblés permettant une plus grande participation des femmes aux processus de paix.  Nous appuyons également l’autonomisation des femmes, notamment par le biais d’une aide technique aux organisations dirigées par des femmes, aux femmes leaders et aux représentantes de la communauté LGBTQI+.  Réaffirmant en conclusion l’engagement des États-Unis à appliquer les résolutions « femmes, paix et sécurité » du Conseil, elle a averti que « la paix ne pourra être édifiée si la moitié de la population mondiale est sans cesse ignorée ou est l’objet d’atteintes ». 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) est revenue sur les témoignages faits, devant le Conseil de sécurité par des femmes afghanes défenseuses des droits humains ou artisanes de la paix, qui avaient tiré la sonnette d’alarme face aux violences et au harcèlement auxquels elles ont à faire face.  Aujourd’hui en Afghanistan, ces femmes paient le prix de notre incapacité à tenir compte de leurs avertissements, s’est indignée la représentante, alarmée du fait que les femmes que la communauté internationale a autrefois défendues se cachent dans leurs maisons ou ont été contraintes de fuir. 

Elle a relevé que dans le monde entier, les femmes politiquement actives sont la cible de menaces et de violences – en ligne et hors ligne.  « La participation pleine, égale et significative n’est tout simplement pas possible tant que les femmes ne peuvent pas participer à la vie publique en toute sécurité », a martelé la représentante ajoutant que cela s’applique aussi au Conseil de sécurité.  En effet, lorsque des femmes de la société civiles ont été invitées à venir s’exprimer au Conseil sous la présidence irlandaise en septembre, certaines ont décliné l’invitation par peur de représailles, a rappelé la représentante qui a exigé du Conseil qu’il fasse son possible pour leur offrir une plateforme sûre dans cette enceinte.  Rien ne saurait remplacer la présence des femmes dans la salle du Conseil, « et cela vaut pour tout processus de paix et politique », a-t-elle estimé.   

La représentante a ensuite indiqué que l’Irlande s'engage à maximiser l’impact et la portée politique du groupe informel d’experts sur « Les femmes et la paix et la sécurité », et que toutes les ambassades irlandaises dans le monde sont prêtes à soutenir les défenseuses des droits humains en danger, notamment en Afghanistan où l’ambassade a accordé à titre prioritaire des visas humanitaires aux femmes défenseuses des droits humains. 

M. JUN ZHANG (Chine) relevant être le premier homme à s’exprimer ce matin au Conseil de sécurité, a assuré que la Chine n’a jamais cessé de promouvoir le rôle des femmes dans le règlement des conflits armés et leur participation au processus de paix.  Pour y parvenir, le Conseil doit renforcer la protection des femmes dans les zones en conflit, sans exception, a-t-il recommandé, notant que les femmes touchées par les conflits armés ont toutes droit à la protection et à la sécurité.  Qu’elles participent au processus de paix ou non, elles doivent être traitées sur un pied d’égalité sans faire d’exception, a aussi conseillé le représentant.  Il a ensuite attiré l’attention de la communauté internationale sur « les filles du Sahel qui refusent d’abandonner leur éducation alors qu’elles pourraient être enlevées et tuées par des forces extrémistes ».  Pour leur protection, il a demandé aux parties au conflit de respecter le droit international humanitaire et de renoncer à toute violence à leur encontre notamment les violences sexuelles.  La Chine, a dit le délégué, appuie les organismes des Nations Unies qui s’attèlent à la tâche.  Il a ajouté que les pays ayant une responsabilité historique dans « les points chauds d’aujourd’hui » doivent fournir un soutien financier et en nature. 

M. Zhang a poursuivi que seule une approche holistique en matière de prévention et de règlement des conflits permettrait de protéger les femmes.  La paix et la stabilité ne pourront être rétablies que par le dialogue, a-t-il ajouté, soulignant que les consultations entre les parties concernées et la société civile peuvent jouer un rôle constructif en favorisant une culture de paix.  Le représentant a plaidé pour les femmes aient une chance égale de participer aux négociations de paix, faisant observer qu’elles parlent au nom de la population, promeuvent la confiance mutuelle et prodiguent des conseils précieux.  « Toutes les parties devraient lever les obstacles en matière d’égalité des sexes dans les processus politiques. »  Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à travailler d’arrache-pied en matière de règlement pacifique des différends par le dialogue, la médiation, les consultations afin que toutes les femmes, toutes les filles, puissent vivre dans la paix et la tranquillité. 

La Chine appuie l’autonomisation des femmes, a réitéré le représentant insistant sur la résolution 1325 (2000), une résolution phare qui énonce que l’autonomisation et le développement des femmes permettent de veiller à ce que le programme les femmes et la paix et la sécurité donne des résultats tangibles.  L’éducation peut aussi changer la donne car elle peut aider les femmes à trouver un emploi, sortir de la pauvreté et être autonomes sur le plan économique.  Il faut en outre aider les femmes à surmonter les difficultés liées à la pandémie et garantir la distribution de vaccins dans les zones en conflit, a conclu le représentant en soulignant la nécessité de protéger les droits des femmes de vivre en bonne santé. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné les violences ciblées, les intimidations et les représailles dont sont victimes des femmes, « simplement parce qu’elles font leur travail ».  Ces attaques entravent leur participation pleine et entière aux processus de paix et de sécurité.  Or, a souligné le délégué, le Conseil de sécurité doit pouvoir entendre les exposés des représentantes de la société civile, qu’il se doit de protéger afin qu’elles ne soient pas réduites au silence.  Il a redit en particulier l’importance pour le Conseil de garantir que les femmes afghanes puissent participer en toute sécurité à la vie de leur pays dans le cadre des processus de prise de décisions.  De façon générale, a-t-il reconnu, « il faut protéger les femmes dans nos politiques et nos pratiques », réagir aux menaces de représailles et fournir les ressources financières et politiques nécessaires à cette fin.  Pour sa part, le Royaume-Uni a contribué plus de 300 000 dollars dans le cadre du fonds d’urgence.  Le message envoyé aujourd’hui est clair, a conclu M. Kariuki: il faut tout mettre en œuvre pour protéger la participation des femmes aux processus de paix et de sécurité. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a indiqué que son gouvernement a inscrit la reconnaissance du rôle des femmes comme « matrice » de son action.  Il s’est félicité à cet égard que le plaidoyer international pour l’inclusion des femmes comme actrices des processus de paix ait permis des avancées déterminantes, notamment dans le cadre des missions de paix.  Cependant, il s’est dit préoccupé par le fait que les femmes continuent de payer un lourd tribut, en particulier celles vivant dans des zones de conflit.  Cette situation alarmante doit, selon lui, interpeller la communauté internationale et particulièrement le Conseil de sécurité, lequel doit veiller à la pleine participation des femmes aux sphères publiques et sécuritaires.  De l’avis du représentant, il convient de reconnaître leur rôle d’agents de changement en leur permettant d’occuper la place centrale qui leur est due afin qu’elles puissent participer pleinement aux processus de règlement des crises, en période de conflit comme en temps de paix. 

Le Gabon, a-t-il ajouté, est pionnier en Afrique en matière d’inclusion des femmes dans ses forces armées.  Il a ainsi ouvert une nouvelle ère permettant aux femmes d’occuper des postes à haute responsabilité et d’inspirer des générations de jeunes filles.  Pour contribuer à la durabilité de la paix, il faut un changement radical dans la prise en compte du rôle des femmes, qui leur garantisse une participation à toutes les étapes des processus de paix, conformément à la résolution 1325 (2000) et aux résolutions suivantes sur les femmes et la paix et la sécurité, a encore souligné le délégué, plaidant pour une meilleure intégration des questions de genre dans les situations de paix.  Dans le contexte actuel, exacerbé par la pandémie de COVID-19, l’histoire jugera notre engagement à l’aune de la place accordée à « l’autre moitié de l’humanité », a-t-il conclu. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que le programme sur les femmes et la paix et la sécurité fait désormais partie intégrante du règlement des conflits et de la consolidation de la paix, la résolution 1325 restant la principale boussole à cet égard.  Pour s’assurer que les prérogatives du Conseil de sécurité soient utilisées à bon escient, il faut toutefois respecter scrupuleusement le mandat de cette résolution qui ne porte que sur des situations inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a insisté le représentant.  Afin d’appuyer la contribution et la participation des femmes aux processus de paix, le représentant a appelé à faciliter l’accès des femmes aux formations et outils technologiques, mais aussi au secteur bancaire afin de les autonomiser davantage.  Il a ensuite appelé à ne pas faire de la participation des femmes un but en soi ou une chasse aux statistiques.  Cela doit répondre aux exigences de chaque situation, a-t-il estimé.  Il a condamné les violences, menaces et intimidations à l’encontre des femmes engagées et exigé que ces incidents fassent systématiquement l’objet d’enquêtes et que leurs auteurs soient traduits en justice.  Il est impératif de réunir les conditions propices à la sécurité des femmes dans les processus de paix, a-t-il souligné. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a dit que son pays est passé d’un développement des femmes à un développement mené par les femmes.   Aujourd’hui, plus de  1 300 000 femmes sont des représentantes élues au niveau local, a-t-il fait valoir en se félicitant qu’elles assument des rôles de direction de leurs communautés locales.  Il a signalé que 50% des sièges des organes législatifs locaux  sont réservés aux femmes.   Lors de notre lutte pour la liberté, les femmes étaient sur le devant de la scène pratiquement sur tous les plans, a rappelé le représentant en se réjouissant que cette  tradition perdure.  Il a aussi rappelé qu’en 2007, l’Inde a marqué l’histoire en déployant la première unité de police constituée exclusivement de femmes dans une mission de maintien de la paix, au Libéria.  Cette unité, qui a travaillé au Liberia pendant 10 ans, a montré comment le déploiement de davantage de femmes en uniformes pouvait aider l'ONU dans la lutte contre l’exploitation des femmes. 

Pour renforcer la participation des femmes au processus de paix, M. Tirumurti a recommandé que les États Membres lèvent les obstacles à leur participation dans la prévention et le règlement des conflits et dans les programmes de consolidation de la paix: il faut pour cela mettre en place un cadre judiciaire et législatif, assurer l’égalité des chances, renforcer les capacités, garantir le principe de responsabilité des violences contre les femmes.  Il faut en outre permettre la participation et l’inclusion des femmes dans les processus politiques et la prise de décision, dans un environnement politique  fondé  sur les principes de la  démocratie, du  pluralisme, de  l’état  de droit, a ajouté le représentant.  Il a souligné à cet égard l’importance d’une gouvernance représentative et inclusive en Afghanistan, avec la participation significative des femmes conformément à la résolution de 1593 (2021).  

Le délégué indien a aussi plaidé pour l’autonomisation socioéconomique des femmes, y compris leur accès au crédit, au financement, à la technologie.   L’Inde a non seulement lancé différentes initiatives numériques axées sur les citoyens, mais elle a également mis l’accent sur les femmes pour ouvrir des comptes bancaires en ligne pour plus de 440 000 000 de personnes dont 55% de femmes, a-t-il témoigné en informant que, durant la pandémie, cette initiative a aidé à faire des virements pour près de 200 000 000 de femmes.  Il a également abordé la question de la violence contre les femmes et les filles perpétrés par les terroristes, demandant que le Conseil mette l’accent sur les conséquences du terrorisme et les droits des femmes.  Enfin, réitérant le rôle indispensable des femmes Casques bleus pour promouvoir le programme les femmes, la paix et la sécurité, le représentant a demandé davantage de femmes dans les missions de maintien de la paix.  Il a appuyé la création du poste de Conseillère pour la protection des femmes. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil)s’est inquiété de la situation des femmes et des filles afghanes.  « Si c’était grave avant que les Taliban ne prennent le pouvoir, c’est encore pire maintenant. »  Le Gouvernement brésilien a lancé un programme de visa humanitaire et de permis de séjour, a expliqué le délégué.  Des juges afghanes et leurs familles ont ainsi été accueillies récemment dans le cadre d’une initiative entreprise conjointement avec la société civile au Brésil.  Néanmoins, a averti M. Costa Filho, les mesures de solidarité ne suffisent pas.  « Nous devons condamner toutes les actions qui entravent la participation significative et utile des femmes aux processus de paix et à la société en général. »  En protégeant les femmes qui travaillent sur le terrain, le Conseil indique clairement que, sans la participation de la population féminine, il n’y a pas de perspective de paix durable, et encore moins de développement économique. 

Le délégué a suggéré une autre action concrète importante, à la lumière des objectifs fixés par la Stratégie uniforme pour la parité entre les sexes 2018-2028: une évaluation approfondie de la situation des soldates et des artisanes de la paix dans le cadre de tout examen d’un pays ou d’une région à l’ordre du jour du Conseil.  L’idée est de fixer des objectifs précis, de travailler non seulement à l’augmentation du nombre de femmes dans les missions sur le terrain, mais aussi de s’assurer que ces femmes sont capables de faire la différence, dans divers rôles et fonctions, et d’agir comme des moteurs du changement. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné toutes les atteintes visant à faire obstacle à la participation pleine, égale, substantielle et effective des femmes dans les processus de paix.  Il a jugé inadmissible que quiconque puisse être pris pour cible dans le cadre de son engagement pour la paix.  Ces atteintes contraires à toutes les valeurs et principes de la Charte de l’ONU nous obligent à agir, a-t-il affirmé, estimant que « la peur doit changer de camp ».  Pour le représentant, les auteurs de ces actes doivent être tenus responsables et répondre devant la justice.  Ensuite, les États doivent mettre en place des conditions de sécurité permettant aux femmes engagées de mener leurs activités à l’abri, notamment de toute ingérence indue.  Pour cela, des mécanismes de prévention et d’alerte précoce doivent être mis en place, avec le soutien des Nations Unies lorsque cela est pertinent, a-t-il plaidé, avant d’appeler le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à poursuivre son travail de documentation et à rassembler les bonnes pratiques en la matière. 

Enfin, il importe de poursuivre la pleine mise en œuvre de toutes les résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité, a ajouté le délégué en vantant la « diplomatie féministe ambitieuse » mise en œuvre par son pays.  La France a ainsi accueilli à Paris en juin 2021 le Forum Génération Égalité, en partenariat avec le Mexique, ONU-Femmes, la société civile et la jeunesse, a-t-il rappelé, non sans souligner les efforts menés à titre national.  La France a ainsi publié son troisième plan national d’action « Femmes, paix et sécurité » en juin 2021.  Au Conseil de sécurité comme dans l’ensemble des enceintes onusiennes, la France continuera de veiller à ce que les intervenants et intervenantes de la société civile puissent participer à l’ensemble des discussions pertinentes et qu’ils et elles puissent intervenir sans craindre pour leur sécurité, a assuré M. de Rivière. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a plaidé pour que des efforts soient menés d’abord au niveau national pour garantir la sécurité des défenseuses des droits humains, des avocates de l’égalité de genre et des représentantes de la société civile.  Il a appelé les États à poursuivre davantage en justice les auteurs des violences basées sur le sexe et les crimes qui y sont liés, avant de demander au Conseil de sécurité de faire payer le prix des intimidations, des menaces ou des représailles exercées contre des femmes qui lui ont fait un exposé.  Il a recommandé aux États Membres de prévoir des formations et des structure spécifiques pour que les enquêtes et les poursuites pénales soient sensibles au genre.  Le Conseil devrait prendre des mesures fortes pour les cas de représailles lorsque la Haute-Commissaire les confirme, a-t-il ajouté. 

Le représentant a ensuite appelé à soutenir les efforts régionaux dans le domaine « les femmes et la paix et la sécurité » destinés à protéger les piliers de protection et de participation, souhaitant que soient soutenus les résultats de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 22 mars 2021, qui était présidée par le Kenya.  Il a cité, parmi les recommandations de cette réunion, la nécessité de former les garçons et les hommes pour protéger la participation et la sécurité des femmes.  De même, les opérations des Nations Unies doivent déployer des troupes formées dans ce domaine, a-t-il ajouté.  Enfin, le représentant a appelé à établir un lien entre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et les mécanismes de lutte contre la radicalisation relatifs à la violence sexuelle et sexiste qui se reflète dans les actions et l’idéologie des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.  Il a notamment salué le déploiement d’une cellule genre par le Bureau de lutte contre le terrorisme. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a rendu hommage à Almaas Elman, militante somalienne assassinée à Mogadiscio fin 2019, à Hanane Al-Barassi, avocate libyenne de renom, assassinée en 2020, aux journalistes afghanes assassinées à Jalalabad, en mars 2021 et à toutes les militantes, artisanes de la paix, courageuses défenseuses des droits humains qui ont été victimes de menaces, de violences ou de représailles.  Leur absence nous interpelle car nous avons échoué à garantir leur sécurité pour qu’elles puissent participer à la vie publique et politique de tous les pays, a déploré le délégué.  M.  de la Fuente Ramírez a exhorté le Conseil à accorder une attention particulière aux artisanes de la paix qui interviennent devant lui « au péril de leur vie et de la vie de leur famille ».  Il a salué le travail du HCDH pour protéger les intervenantes au Conseil et l’a encouragé à se coordonner avec d’autres entités du système des Nations Unies pour assurer une meilleure articulation des protocoles de protection et le suivi des cas individuels. 

Le représentant a ensuite appelé à éradiquer la misogynie, les stéréotypes et des préjugés sociaux qui nourrissent toutes les formes de violence à l’encontre des femmes militantes, artisanes de la paix et défenseuses des droits humains.  Des mécanismes de protection plus efficaces et préventifs sont nécessaires au niveau national et local, a-t-il estimé, pour ensuite décrier la persistance de l’impunité.  Chaque État doit garantir l’accès à la justice et la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive, de santé mentale et des mesures efficaces de protection et de soutien psychosocial, a-t-il insisté.  Il a en outre jugé urgent de veiller à ce que toutes les opérations de paix soient dotées des ressources matérielles et humaines nécessaires pour surveiller et assurer la protection de tous les participants aux processus de paix. 

Mme ANNIKEN HUITFELDT, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a expliqué pourquoi la paix dure plus longtemps lorsque les femmes participent: ce n’est pas parce qu’elles ont une solution magique pour mettre fin aux guerres, mais parce qu’elles ont des perspectives et des expériences uniques dans leurs communautés.  Mais lorsqu’elles parlent, les femmes prennent plus de risques que les hommes, a-t-elle fait remarquer, notant aussi qu’au lieu de recevoir la reconnaissance qu’elles méritent, elles reçoivent des menaces et de la violence. La Ministre a dès lors appelé à trouver de meilleures façons de renforcer la prévention et d’améliorer les réponses, de protéger et d’autonomiser les femmes, de promouvoir leur droit à participer. 

La Ministre a fait trois recommandations.  La première, que la participation des femmes devienne la norme, car elle est un bon moyen de changer la donne sur le long terme.  La deuxième, c’est qu’il faut des ressources pour soutenir les femmes artisanes de la paix et défenseuses des droits humains à tous les niveaux de la société, les entités de l’ONU devant faire de mème.  La troisième, c’est la tolérance zéro pour les menaces et les représailles contre les femmes dans les processus de paix et de sécurité, y compris pour celles qui s’engagent avec le Conseil de sécurité.  Consciente que les femmes vont continuer à participer malgré les risques qu’elles encourent, comme on le voit en Afghanistan, au Soudan du Sud, au Myanmar, au Yémen ou au Mali, elle a appelé à prendre des mesures appropriées si le pire arrive, comme des sanctions ou des mesures dissuasives.  Nous devons aussi agir sur le plan de la responsabilité, a-t-elle ajouté. 

Avant de conclure, la Ministre a indiqué avoir participé aujourd’hui au lancement d’un nouveau mécanisme de financement qui vise à offrir une protection, un filet de sécurité.  Ce mécanisme pourra offrir une assistance en cas de besoin, a-t-elle précisé.  « Si protéger les femmes est le but, leur participation est la seule voie. » 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a appuyé l’objectif énoncé dans le rapport 2021 du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité en faveur d’une inversion de la hausse des dépenses militaires mondiales et d’une augmentation des investissements dans la sécurité humaine, notamment « dans tout ce dont nous avons besoin pour la prévention des conflits, la consolidation et le maintien de la paix ».  À court terme et dans les situations d’urgence, le représentant a souhaité que les agences des Nations Unies et les ONG locales jouent un rôle clef dans le soutien et la protection des femmes engagées dans les processus de paix et de sécurité.  Il a précisé que son pays soutient activement le renforcement des capacités locales des femmes artisanes de la paix par le biais d’un certain nombre de projets spécifiques.  C’est ainsi que pour faire face aux menaces et à la violence persistantes contre les femmes afghanes, notamment les défenseuses des droits humains, le Japon a décidé de financer un nouveau projet d’ONU-Femmes qui appuie les organisations de la société civiles en charge de refuges et de centres communautaires pour les survivantes. 

Le délégué a cependant concédé qu’à long terme, il n’existe pas de « solution miracle » pour créer un environnement sûr et durable pour les femmes, si ce n’est l’édification d’institutions efficaces, responsables et inclusives qui appartiennent au pays et permettent de protéger et d’autonomiser les personnes tout en favorisant la confiance dans la société.  À ses yeux, la pandémie de COVID-19 a mis au premier plan la violence en ligne en tant que nouvelle forme de menace ciblant les femmes défenseuses des droits humains.  Pour y répondre, le Japon soutient notamment l’étude menée par ONU-Femmes dans 21 pays arabes, avec un accent particulier mis sur la violence en ligne contre les femmes, y compris les militantes et les défenseuses des droits de l’homme.  Ce projet, a précisé M. Ishikane, vise à clarifier les lacunes des systèmes juridiques pour empêcher la violence et identifier les défis liés au signalement et à l’accès aux services.  Il a formé le vœu que les résultats de cette étude contribuent à renforcer les capacités institutionnelles de la région pour faire face à cette nouvelle menace.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est indignée du fait que les défenseuses des droits humains, les artisanes de la paix et les militantes de la société civile subissent des attaques constantes en raison du travail qu’elles accomplissent.  Elle a appelé à condamner fermement ces actes d’intimidation et de menace qui visent les femmes, estimant que de nouvelles actions concrètes s’imposent.  L’objectif commun d’une pleine participation des femmes à toutes les étapes des processus de paix passe par leur protection, a-t-elle martelé.  « Pas de participation sans protection », a-t-elle postulé.  La représentante a dès lors appelé les États, qui sont responsables au premier chef, à réunir les conditions propices à la participation des femmes, ajoutant que les opérations de paix doivent veiller également à leur protection.  Pour cela, il faut respecter les cadres existants et allouer des ressources à la promotion et à la protection des actrices du programmes pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-elle recommandé.  Ce n’est qu’ainsi qu’on donnera une meilleure chance à une paix pérenne, a conclu la représentante, arguant que « sans femmes, pas de paix ». 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a déclaré que pour que les processus de paix et de sécurité soient véritablement inclusifs et durables, il faut lever les obstacles à une participation pleine et entière des femmes au processus de prise de décisions et prévenir toute violence à leur égard. 

Le représentant a ensuite apporté son appui aux femmes et aux filles afghanes, notant que leur participation et la protection de leurs droits humains constituent des conditions préalables à l’édification d’une société afghane durable et robuste.  Face à ces actes d’intimidation et de violence, le Conseil de sécurité doit protéger la marge de manœuvre de la société civile, des artisanes de la paix et des défenseuses des droits humains. 

Le délégué a aussi condamné toutes les attaques contre les membres de la société civile qui coopèrent avec l’ONU ou qui font des exposés devant le Conseil de sécurité.  Ces attaques ne doivent pas rester sans conséquence car il ne doit pas y avoir d’impunité pour les violences, notamment contre les femmes.  M.  Malovrh a par ailleurs déploré qu’il n’y a pas assez de femmes dans les missions de maintien de la paix ou à des postes de direction.  Il est temps de former les « Casques bleus femmes » à l’instar de projets financés par la Slovénie qui portent sur les violences sexistes et sexuelles dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. 

Au nom du Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité, réseau informel de 65 États Membres représentant les cinq groupes régionaux des Nations Unies et de l’Union européenne, M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a tout d’abord condamné les menaces, le harcèlement, les attaques et les représailles qui ciblent les femmes artisanes de la paix et les défenseuses des droits de la personne et de l’égalité de genre.  Conformément à la résolution 2493 (2019), il a exhorté tous les États Membres à lutter contre le harcèlement, en ligne et hors ligne, ainsi que contre toutes les formes de violence sexuelle et sexiste à l’endroit des femmes, et à demander des comptes aux auteurs de tels actes.  Se disant profondément préoccupé par le fait que certaines femmes aient subi des représailles pour avoir informé le Conseil de sécurité, il a invité ce dernier et le système des Nations Unies dans son ensemble à élaborer des mesures efficaces pour prévenir ces représailles et y réagir.  En deuxième lieu, il a appelé tous les États Membres à créer des environnements sûrs et favorables aux femmes artisanes de la paix afin qu’elles puissent effectuer leur travail en toute sécurité, de manière indépendante et sans ingérence.  Ce soutien, a-t-il souligné, comprend la promotion des droits de la personne des femmes et des filles, le renforcement de la capacité des institutions nationales à assurer la protection des artisanes de la paix, l’élaboration de mécanismes locaux d’alerte précoce et le soutien aux personnes à risque. 

Le représentant a ensuite réitéré son soutien au Conseil de sécurité pour qu’il intègre la violence sexuelle comme critère de désignation dans les régimes de sanctions des Nations Unies.  Il a ajouté que le Groupe encourage également le Conseil de sécurité à veiller à ce que les opérations de paix soient mandatées pour favoriser l’égalité de genre à l’égard des femmes artisanes de la paix et des défenseures des droits de la personne et en rendre compte.  Enfin, a-t-il précisé, le Groupe encourage les États Membres, les Nations Unies, les institutions financières internationales et les autres parties prenantes concernées à fournir un financement rapide et souple pour la protection des femmes artisanes de la paix, des défenseuses des droits de la personne et des femmes défenseuses de l’égalité de genre, en particulier celles qui ont besoin d’une aide d’urgence, notamment d’un soutien psychosocial. 

Mme CAROLYN JANE WEATHERALL SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a proposé des initiatives pour améliorer l’efficacité opérationnelle des soldats de la paix.  Selon elle l’analyse de la dimension de genre est fondamentale dès le début de tout processus.  Comprendre les dynamiques culturelles sexospécifiques aide à identifier les défis et les solutions potentielles aux problèmes complexes de consolidation de la paix.  Pour sa part, a poursuivi la déléguée, la Nouvelle-Zélande a vu tout l’intérêt de promouvoir un personnel de maintien de la paix sensible au genre et à l’environnement local lors de son expérience de soutien aux efforts de paix dans le Pacifique Sud, y compris les opérations récentes aux Îles Salomon.  De même, son programme de leadership Wāhine Toa, conçu pour accroître la participation des femmes à la défense, y compris les opérations de maintien de la paix, fournit un modèle éprouvé.  La Nouvelle-Zélande siégera au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix en 2022 et continue de soutenir le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, a indiqué Mme  Schwalger.  Elle s’est engagée à faire progresser la stratégie de genre de ladite Commission car l’inclusion est fondamentale pour une paix durable.  

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a déploré que journalistes, militantes ou travailleuses humanitaires se heurtent à des violences dans l’exercice de leurs activités.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par l’utilisation de la violence sexuelle et sexiste comme arme de guerre dans la région du Tigré, en Éthiopie, et dans d’autres pays.  L’Union européenne, a-t-il en outre affirmé, appuie les femmes afghanes avec un programme sur la défense des droits humains, une priorité politique selon lui, et elle a répondu généreusement à l’appel humanitaire pour l’Afghanistan. 

Le délégué a mis l’accent sur six axes d’intervention spécifiques: l’intégration systémique des questions sexospécifiques; la protection des femmes concernées; la nécessité d’accorder une attention particulière à celles qui souffrent de la discrimination, notamment dans les communautés autochtones ou LGBT; l’importance de faire de la violence sexuelle et sexiste un critère dans l’application de sanctions; la promotion du dialogue diplomatique; le déboursement de fonds pour activer des mesures de protection.  M.  Skoog a estimé que les cadres pertinents du Conseil de sécurité doivent pouvoir bénéficier des ressources nécessaires pour être mis en œuvre.  Enfin, il a encouragé une plus grande coopération avec la société civile et préconisé d’écouter davantage les militantes tout en prenant les précautions nécessaires pour garantir leur sécurité.  À cet égard, il a salué des « pas politiques dans la bonne direction ». 

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a exhorté à redoubler d’efforts pour endiguer la vague de violence contre les femmes dirigeantes et les défenseuses des droits humains, notant que l’éradication de fléau nécessite de combattre la violence sexiste et sexuelle.  Il a appelé à inclure les femmes et les membres de la société civile dans les négociations de paix.   Le représentant a ensuite indiqué que l’Italie a élaboré un quatrième plan d’action national sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité  et dirige aussi le Réseau des femmes médiatrices de la Méditerranée qui offre à toutes participantes une formation ciblée sur les questions liées au genre.    Par ailleurs préoccupé par le recours à la violence sexuelle contre les femmes et des filles en Afghanistan, M. Stefanile a déclaré que ces dernières doivent faire partie intégrante de l’avenir du pays. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a noté que la violence à l’encontre des femmes artisanes de la paix est en hausse dans le monde, ce qui entrave la participation des femmes à la vie publique des pays concernés et nuit à la reprise post-COVID-19.  Le maintien de la paix jouant un rôle essentiel dans ces contextes, il est donc indispensable d’intégrer la violence à l’égard des femmes dans les mandats des missions de paix, a estimé le représentant, pour qui il convient en outre de prévoir des mécanismes de protection adéquats qui permettent de lutter contre l’impunité et d’appuyer les victimes de violences sexistes et sexuelles.  Plaidant en outre pour que l’apport des femmes dirigeantes aux processus de paix et de sécurité soit reconnu, il a souhaité que toutes les enceintes disponibles soient utilisées pour promouvoir les droits des femmes et leur intégration à toutes les étapes des processus de paix et de prévention des conflits. 

Dans le cadre de l’ONU, il convient, selon lui, d’encourager les femmes artisanes de la paix et de leur fournir un soutien financier.  Sur le terrain, a-t-il poursuivi, les Casques bleus devraient davantage consulter les représentants de la société civile, y compris les organisations de femmes.  De même, lors des opérations de retrait, les missions de paix devraient avoir les capacités requises pour détecter les cas de violences faites aux femmes.  Enfin, il importe que la protection des défenseuses des droits humains soit une priorité pour le Conseil de sécurité, lequel doit « passer de la parole aux actes » en considérant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité comme un cadre pour relever les multiples défis auxquels sont confrontées les femmes travaillant à une paix durable. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a dénoncé les menaces qui ciblent les femmes qui s’adressent au Conseil de sécurité.  « Nous ne pouvons pas nous permettre leur silence, qui saperait les travaux du Conseil sur la paix et la sécurité. »  L’Afghanistan, a-t-il relevé, est un exemple révélateur de l’impact de l’exclusion des femmes du processus politique et de paix.  Le Conseil, comme le reste de l’ONU, a été lent à faire face à ces risques, a-t-il regretté.  M. Jürgenson a souhaité que tous les États s’engagent à protéger la liberté d’expression et d’association et la vie des femmes défenseuses des droits humains et artisanes de la paix.  Selon lui, le Conseil doit condamner les attaques dirigées contre les femmes défenseuses des droits humains, et continuer de sanctionner la violence sexuelle et sexiste.  Nous avons besoin de procédures largement établies, d’échange d’informations et de lignes directrices au niveau des Nations Unies, a poursuivi le représentant.  « Nous avons également besoin d’une voix forte de l’ONU - au plus haut niveau. »  Il a demandé des rapports systématiques par les missions de l’ONU sur les menaces contre les femmes engagées dans les processus politiques et de paix. 

Enfin, il a mis l’accent sur le financement dans le cadre du Fonds pour la paix et l’aide humanitaire des femmes et le travail d’ONU-Femmes. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a assuré que la représentation et le leadership des femmes dans les processus de paix peuvent rendre plus durables les accords de paix et faciliter leur participation aux phases de transition politique.  Pourtant, a-t-elle déploré, la participation paritaire est souvent entravée par des obstacles persistants, notamment des normes et des attitudes sociétales, auxquelles s’ajoutent des niveaux d’éducation relativement inférieurs et de multiples charges familiales et professionnelles, singulièrement pour les femmes vivant dans des zones de conflit.  La représentante a ainsi noté que, selon le dernier rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité, le pourcentage de femmes impliquées dans des processus de paix reste trop faible ‑23% en 2020‑ tandis que les violences sexistes et sexuelles liées aux conflits et dirigées contre les femmes en raison de leur engagement dans les processus de paix et de sécurité se maintiennent à un niveau alarmant.  Dans ce contexte, il est urgent, à ses yeux, de créer un environnement sûr et propice pour les femmes, en particulier pour celles qui œuvrent localement pour la paix, pour les défenseuses des droits humains et pour les représentantes de la société civile.  Elle a recommandé pour cela une action politique internationale holistique et cohérente, qui intègre systématiquement une perspective de genre. 

Une réponse internationale adéquate devrait donc inclure une approche de la sécurité humaine qui se concentre sur les défis spécifiques auxquels les femmes et les filles sont confrontés, a plaidé la déléguée, selon laquelle une protection efficace des femmes contre les violences liées aux conflits et fondées sur le genre renforce leur participation substantielle aux processus de paix.  À cet égard, a-t-elle indiqué, la Grèce appuie pleinement la mise en œuvre des programmes du Conseil de sécurité sur la protection des civils, sur le dossier « femmes et paix et sécurité », ainsi que sur la question des enfants dans les conflits armés.  Pour sa part, a ajouté Mme Theofili, la Grèce accorde la priorité à la représentation, à la participation et au leadership paritaires en tant que question transversale, laquelle guide sa politique intérieure et extérieure, comme en attestent son plan d’action national sur l’égalité des sexes, renouvelé pour la période 2021-2025, et son premier plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, qui doit être adopté prochainement. 

Au nom du Groupe sur les droits de l’homme et la prévention des conflits, Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a reconnu la contribution essentielle des femmes défenseuses des droits humains, des femmes artisanes de la paix et des femmes défenseuses de l’égalité, qui fournissent au Conseil de sécurité des informations cruciales pour la prise de décisions.  Jugeant que les représailles à leur encontre compromettent le travail du Conseil et les principes de la Charte des Nations Unies, elle a condamné toutes les menaces, intimidations et violences visant des représentants de la société civile, y compris dans le cadre de l’engagement avec l’ONU.  Selon elle, il est de la plus haute importance de créer un environnement sûr et propice, en ligne et hors ligne, pour que les femmes contribuent à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, sans peur d’intimidation ou de violence.  À cette fin, la déléguée a demandé instamment à tous les États Membres de garantir une protection contre tout acte d’intimidation et de représailles, et de renforcer leur réponse si elles se produisent.  Elle a également appelé à la mise en œuvre intégrale de toutes les résolutions du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité, ainsi que de toutes les résolutions sur les défenseurs des droits humains et sur les représailles contre ceux qui coopèrent avec l’ONU. 

La représentante a par ailleurs estimé que le système des Nations Unies a le devoir de prévenir et de répondre aux cas présumés d’intimidation et de représailles contre ceux qui fournissent des informations ou chercher à s’y engager, et d’assurer la responsabilité lorsque ces actes se produisent.  Elle a encouragé la Commission de consolidation de la paix à utiliser son rôle de conseil, de liaison et de convocation afin de renforcer les réponses et les mesures préventives à l’échelle du système cet effet.  Le Groupe demande en outre au Conseil de condamner publiquement les intimidations, menaces et représailles contre ceux qui s’y livrent, a-t-elle ajouté, assurant qu’une telle prise de position enverra un message de fermeté et contribuera à prévenir l’autocensure croissante des acteurs qui décident de ne pas s’engager avec l’ONU par peur.  Enfin, saluant le travail du Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme en tant que point focal pour les représailles au sein du système de l’ONU, elle a exhorté les États Membres à garantir son financement. 

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a constaté que, bien que des progrès considérables aient été réalisés ces 20 dernières années, le monde continue d’être un lieu très dangereux pour les femmes et les filles, qui se retrouvent piégées dans des conflits et des guerres sans fin.  Il a estimé qu’un plus grand effort reste nécessaire pour sauvegarder et protéger les innombrables femmes qui continuent de souffrir de manière disproportionnée, avec des conséquences durables.  Pour le délégué, il est temps que les États Membres renouvellent leur engagement à promouvoir et protéger les droits des femmes, notamment en renforçant leurs politiques et leur cadre juridique afférents.  Il importe également, à ses yeux, que les États Membres réitèrent leur engagement à mettre en œuvre la résolution 1325  (2000), dont un des piliers est justement la protection. 

Le cas échéant, les résultats seraient sûrement positifs, a-t-il commenté, avant d’en appeler à la mobilisation des efforts pour prévenir et répondre à la violence sexiste comme une menace à la paix et à la prévention des conflits.  De plus, ces deux processus devraient être inclusifs pour permettre aux femmes de contribuer aux décisions stratégiques qui les concernent, a plaidé le représentant.  Soucieux de la protection des femmes et des filles contre toutes les formes de violence basée sur le genre, y compris le viol, il a appelé les États Membres et le Conseil de sécurité à coopérer pour traduire en justice les auteurs de ces crimes.  Avant de conclure, il a invité l’ONU et les États Membres à renforcer les cadres de coopération internationale et régionale existants pour promouvoir la protection et les droits des femmes artisanes de la paix, tout en assurant que son pays reste déterminé à poursuivre son ambitieux plan national d’autonomisation des femmes et d’intégration de la dimension de genre. 

Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Turquie) a déclaré que 20 ans après l’adoption de la résolution 1325, « sa mise en œuvre n’a pas été à la hauteur ».  Tous les jours, de nouveaux cas de violence à l’égard des femmes et des filles sont signalés, s’est inquiété le représentant.  Il a souligné que c’est aux États Membres d’assurer la participation pleine, égale et significative des femmes à la prise de décision à tous les niveaux et a appelé à soutenir les femmes artisanes de la paix, les défenseuses des droits humains et les représentantes de la société civile afin qu’elles puissent participer de manière significative à tous les aspects de la vie publique et politique.  Ce n'est qu’alors que nous pourrons atteindre des sociétés véritablement inclusives qui permettent de progresser dans le maintien de la paix et de la sécurité, le respect des droits humains et la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a fait valoir le délégué. 

La représentante a ensuite indiqué que la Turquie a activement contribué à l’élaboration des politiques récemment adoptées par l’OTAN concernant les femmes et la paix et la sécurité.  En Afghanistan, la Turquie gère actuellement 45 écoles à travers le pays - dont 14 sont des écoles de filles.  Elle a insisté sur l’importance de l’inclusivité politique, appelant le « gouvernement intérimaire » à assurer la protection et la promotion des droits humains et des libertés fondamentales.  Les droits fondamentaux des femmes et des filles en Afghanistan doivent être respectés, y compris le droit de chaque femme et fille à accéder respectivement à l’emploi et à l’éducation.  « Ces droits ne sont pas négociables. » La représentante a par ailleurs indiqué que son gouvernement fournit depuis 2014 un soutien psychologique et social à plus de 400 000 réfugiés syriens en Turquie et que toutes les mesures juridiques nécessaires sont prises pour protéger les femmes réfugiées qui ont subi des violences.  Elle a espéré que ces efforts permettront aux femmes syriennes de participer à la reconstruction de la Syrie. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a relevé que depuis la prise de pouvoir par les Taliban, en Afghanistan, les femmes afghanes sont confrontées à la violence, et marginalisées.  Il faut dès lors créer des contextes propices qui leur permettraient de participer à la consolidation de la paix, et protéger les défenseuses des droits humains, a-t-elle recommandé.  Pour ce faire, la représentante a plaidé pour la réalisation du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, un bon moyen de garantir la participation des femmes à tous les niveaux du processus.  Rappelant l’initiative de financement des projets des femmes afghanes sur la question de la santé, la représentante a indiqué que 18  millions d’euros avaient été mobilisés à cet effet en 2021.  De concert avec la Norvège, l’Allemagne a lancé un nouveau cycle de financement du Fond des femmes pour la paix et l’action humanitaire en faveur des défenseuses des droits humains, a signalé la déléguée.  Elle a indiqué que l’Allemagne a annoncé mettre à la disposition des femmes défenseuses de la paix afghanes 2  millions d’euros pour leur protection au niveau national et à l’étranger. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a appelé à déterminer quel sont les modes de participation des femmes artisanes de la paix et comment assurer leur sécurité - hors ligne et en ligne.  Elle a aussi demandé une réflexion sur des mesures immédiates à prendre pour assurer la participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les étapes et à tous niveaux des processus de paix, notant que les statistiques mondiales pour 2021 restent « inquiétantes » et que la pandémie demeure un obstacle à l’intégration systématique des perspectives de genre dans les sphères politique, économique, sociale et technologique.  Non seulement les inégalités structurelles persistent, a-t-elle noté, mais elles sont souvent institutionnalisées et interprétées comme faisant partie de la culture organisationnelle ou professionnelle.  Ces résultats se répercutent sur l’ensemble du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et appellent à des actions collectives immédiates, a-t-elle tranché. 

La représentante a ensuite indiqué que la Bulgarie recherche des solutions originales et innovantes pour créer un environnement propice à l’inclusion et la participation des femmes, évoquant notamment les travaux du Centre d’excellence de gestion des crises et des réponses aux catastrophes qui est basé à Sofia.  Elle a souligné que l’inclusion de la société civile est cruciale pour avoir des mesures de protection et de prévention efficaces en place.  Uniquement par un contact direct avec les gens sur le terrain est-il possible de leur faire comprendre les risques imminents auxquels les femmes sont confrontées au quotidien et identifier les moyens de renforcer efficacement leur protection, a-t-elle estimé. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a observé que, plus de 20 après l’adoption de la résolution 1325  (2000), on est encore témoins de situations critiques pour les femmes artisanes de la paix et défenseuses des droits humains, dont trop souvent la voix n’est pas entendue.  C’est notamment le cas en Afghanistan, au Yémen et au Myanmar, a noté le représentant, avant de condamner le harcèlement, les menaces et les attaques menées en ligne et hors ligne à l’encontre des femmes engagées dans la défense des droits de la personne et des représentantes de la société civile.  À cet égard, il s’est déclaré particulièrement préoccupé par les représailles visant les femmes qui dialoguent avec le Conseil de sécurité.  Face à ces atteintes, les États Membres doivent agir et surveiller la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité au niveau international, lequel nécessite un financement adéquat, a poursuivi le délégué en appelant à la création d’un contexte dans lequel les femmes peuvent s’engager sans crainte de représailles.  À cette même fin, il a préconisé l’intégration de la protection des femmes dans le mandat des missions de paix de l’ONU. 

M. KARL LAGATIE (Belgique), au nom du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), a appuyé le travail du HCDH et d’ONU-Femmes.  La société civile du Benelux, a-t-il relevé, a fait des recommandations aux États Membres et à la communauté diplomatique pour réduire les risques de représailles, telles que les lignes directrices sur la protection des femmes défenseurs des droits humains élaborées par PBI et Cordaid et la plateforme néerlandaise WO=MEN (Women Equals Men).  Le délégué a fait une série de recommandations: continuer à plaider pour un environnement plus propice à la société civile; appliquer une perspective de genre dans les processus de paix et de sécurité; accroître la visibilité du travail de membres spécifiques de la société; ouvrir des voies pour le signalement de cas individuels, la collecte de données et le renforcement des mécanismes de suivi; soutenir les autorités nationales par le renforcement des capacités pour reconnaître et traiter les menaces pesant sur la société civile et assurer le principe de responsabilité.  Il faut en outre, a précisé le délégué, garder à l’esprit que « le simple fait de recevoir un soutien diplomatique ou d’être en contact avec des diplomates peut mettre en danger les femmes défenseures des droits humains ».  Toute action entreprise pour protéger ces dernières ou les autonomiser doit donc être conforme à leur volonté afin de minimiser la possibilité de représailles. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a appelé de ses vœux une approche ancrée dans le droit pour permettre l’émancipation sociale, économique et politique des femmes afin d’appuyer leur rôle et leur capacité à promouvoir la paix et sa consolidation.  Il a dénoncé l’impact sur les femmes des sanctions américaines qui visent l’Iran, tout en notant que cela n’a pas empêché l’émancipation des femmes iraniennes qui jouent un rôle actif dans la vie quotidienne et politique du pays.  L’Iran a mis en place une charte des droits de femmes, a-t-il fait savoir avant de s’inquiéter de la situation des femmes en Afghanistan et appeler à y faire respecter leurs droits.  Le représentant a, par ailleurs, estimé que les questions liées au programme pour les femmes et la paix et la sécurité doivent être traitées par l’Assemblée générale et ONU-Femmes et qu’elles ne concernent le Conseil de sécurité que dans des situations inscrites à son ordre du jour. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a rappelé qu’à la commémoration de l’anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 en octobre 2021, il a souligné l’importance de la participation des femmes au maintien et à la consolidation de la paix.  Déplorant ensuite l’augmentation des violences sexuelles dans les conflits, le représentant a demandé d’accroître le rôle des femmes dans les processus de paix et de renforcer pour cela leur sécurité.  Il a aussi jugé essentiel de respecter la politique de tolérance zéro vis-à-vis de ceux qui commettraient des crimes contre les femmes y compris les violences sexuelles.  Le délégué a rappelé la résolution 2493 (2019) qui vise à mettre en place des contextes propices à la participation de la société civile pour lutter contre le discours de haine.  Cette responsabilité incombe non seulement au Conseil de sécurité mais également au système des Nations Unies dans son ensemble, a-t-il commenté.  Il a apprécié à cet égard que le Secrétaire général, dans son rapport sur son agenda « Notre Programme commun », mette l’accent sur les femmes et les filles, et donne une analyse des incidences que peut avoir la participation des femmes aux activités de maintien de la paix, notamment en termes d’efficacité. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a déclaré que la perspective de genre intégrée en amont et en aval des processus de paix conduit à un véritable état de droit protégeant les femmes contre les violences et augmentant en outre les chances de règlement des conflits.  À cette aune, le Maroc a organisé en 2016 une conférence internationale sur les femmes et la paix et la sécurité, laquelle a permis d’identifier les bonnes pratiques en matière de participation et d’inclusion des femmes.  En 2018, a-t-il ajouté, Marrakech a accueilli la treizième Conférence internationale de l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme, avec un accent spécifique placé sur l’action des femmes dans la protection des droits humains.  Dans ce contexte, le Maroc demeure attaché à la promotion et à la protection des droits humains et au renforcement des partenariats avec la société civile.  Il appuie également la participation pleine et effective des femmes à toutes étapes des processus de paix et de consolidation de la paix.  De surcroît, a indiqué le délégué, le Maroc tient compte des droits des femmes et de la parité entre les sexes au sein de ses forces armées et s’emploie à déployer des femmes dans le cadre des missions de paix de l’ONU, qu’il s’agisse de la MONUSCO, de la MINUSCA ou de la MINUSS. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a plaidé pour la participation pleine et égale des femmes à toutes les étapes de la résolution des conflits, soulignant leur rôle en tant que moteur de changement.  Or, elles font souvent l’objet de violences du fait du travail qu’elles réalisent, a-t-il déploré en évoquant notamment le sort des journalistes tuées dans les conflits.  Il convient, a insisté le délégué, d’assurer le respect de leurs droits en tout temps, dans des théâtres sûrs, et de disposer de systèmes psychosociaux et juridiques pour les survivantes et pour juger les responsables.  M.  Wenaweser s’est inquiété de la situation au Yémen, au Myanmar ou encore en Éthiopie.  En Afghanistan, où la crise politique et sécuritaire a eu des répercussions disproportionnées sur les femmes et les enfants, il a appelé au respect et à la protection de tous les droits humains.  Les personnes au pouvoir doivent honorer leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes du Conseil.  « Il faut répondre aux aspirations des Afghans à se fonder sur les progrès réalisés ces dernières années. »  Au Bélarus, a encore regretté le délégué, le Conseil est resté silencieux or les femmes y sont un exemple, a-t-il poursuivi en condamnant le recours à la violence contre les manifestantes. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a jugé inacceptable le niveau de violence que connaissent toujours les femmes et a salué l’engagement robuste du Secrétaire général en faveur de la promotion du rôle des femmes dans tous les processus de prise de décisions, y compris les processus de paix et de sécurité.  Il est impératif pour cela de donner aux femmes les compétences et formations nécessaires et d’assurer leur pleine participation à ces processus.  Pour y arriver, le représentant a plaidé en faveur de l’élaboration de plans d’action nationaux, comme l’a fait la Slovaquie qui a notamment pris des mesures ciblées pour accroître le pourcentage de femmes dans les forces armées, la police et d’autres structures de prise de décisions.  En ce qui concerne la création d’un environnement sûr pour la participation et l’implication des femmes, le délégué a souhaité un appui médiatique plus marqué, la défense du programme pour les femmes et la paix et la sécurité ainsi que la sensibilisation au niveau local.  Il faut également agir sur les réseaux sociaux et mener des campagnes d’information volontaristes sur le rôle des femmes, a-t-il ajouté, avant d’appeler à une coopération accrue entre le Secrétaire général et le HCDH sur cette question. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a reconnu qu’il faut travailler davantage pour atteindre les objectifs fixés par les résolutions du Conseil.  S’inquiétant des inégalités touchant les femmes qui ont été creusées par la COVID-19 et de l’augmentation des cas de féminicides chez les défenseuses des droits humains, les femmes journalistes et syndicalistes, elle a assuré que ce dossier constitue une haute priorité pour son pays.  Son gouvernement met en œuvre le programme pour les femmes, la paix et la sécurité depuis 2011, avec des plans d’action nationaux, son quatrième plan étant en cours d’élaboration, a indiqué le représentant en précisant que des groupes de la société civile et des organisations internationales sont impliqués dans ces travaux.  La Géorgie tente de maintenir la question des femmes touchées par les conflits, y compris des femmes déplacées, à l’ordre du jour des discussions de Genève, qui est le seul format de négociations entre la Géorgie et la Fédération de Russie sur les questions de sécurité et humanitaire résultant de l’agression de la Russie et de son occupation de deux régions géorgiennes, a aussi signalé le représentant. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a appelé à protéger et soutenir les défenseuses de droits humains, les militantes de la société civile, les artisanes de la paix et les médiatrices.  Il a indiqué que l’Australie accorde la priorité à la participation pleine et égale des femmes aux processus de paix, pour ensuite s’inquiéter de l’escalade de la violence à l’égard des femmes impliquées dans ces processus.  L’Australie travaillera avec ses partenaires pour promouvoir la participation des femmes et s’assurer que les voix des femmes soient entendues, a assuré le représentant qui s’est dit favorable à un financement accru et à des partenariats locaux allant dans ce sens.  Le délégué a fait observer que les mécanismes qui permettent d’assurer la participation pleine et égale des femmes à la prise de décisions et la vie publique permettent également de renforcer la lutte contre les violations des droits humains.  À ses yeux, le Conseil de sécurité a un rôle à jouer pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de la violence à l’encontre des négociatrices, des militantes et des défenseuses de droits humains. 

Même si le monde comprend à quel point la participation des femmes est cruciale, l’exclusion reste une constante qui mine la viabilité des processus de paix, a regretté M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine).  Il a noté que « des groupes armés ont fait de l’inégalité des sexes une stratégie et de la misogynie un pilier idéologique ».  Défenseuses des droits humains, journalistes ou syndicalistes, les femmes continuent de faire l’objet de harcèlement et d’attaques, y compris sexuelles. Or, a plaidé le délégué, leur rôle doit être protégé par les États, sachant que leur droit de participer aux processus de paix dépend de leur capacité à le faire en toute sécurité.  Il a insisté sur la nécessité de mettre en place des mesures préventives pour lutter contre l’impunité.  Dans le cadre des opérations de maintien de la paix, il est critique d’augmenter la participation des femmes et de renforcer la surveillance et les signalements.  Les obstacles à la participation des femmes sont des obstacles structurels, a rappelé le délégué, qui viennent exacerber les situations de conflit.  « Faire de la participation des femmes au processus de paix quelque chose de normal est fondamental.  Ce doit être une priorité non seulement du Conseil mais de l’ONU dans son ensemble. » 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili)a déploré les accords de cessez-le-feu récents qui ne font pas de place aux femmes.  La situation en matière de représentation des femmes n’est pas brillante dans les processus de paix, a-t-il déploré.  Il a évoqué le groupe de travail de son pays sur la résolution 1325 (2000) appuyé par deux plans nationaux pour sa mise en œuvre, ainsi qu’un réseau régional de femmes médiatrices en Amérique latine.  Le Chili, a-t-il assuré, entend œuvrer dans un contexte propice qui leur permettra de mener à bien leur travail important. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a relevé que la part des femmes qui participent aux processus et négociations de paix est insuffisante et que même lorsqu’elles sont impliquées, elles sont l’objet de violence sexiste et sexuelle, sont harcelées voire même assassinées.  « Nous devons continuer à œuvrer pour que les gains obtenus en la matière ne soient pas balayés. »  Le représentant a indiqué à cet égard que le Plan national 2020 de la Lituanie a été élaboré et mis en œuvre avec les organisations de femmes.  Nous réfléchissons en outre à la nomination d’un conseiller sur la problématique homme-femme, a-t-il ajouté.  Il a exhorté les États Membres à protéger les femmes et à s’acquitter de leurs obligations de protection.  Nous engageons les membres du Conseil à prendre des mesures pour défendre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-il lancé.  Ce n’est qu’en favorisant la participation des femmes que nous pourrons garantir la participation des femmes aux processus de paix, a-t-il conclu. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a appelé la communauté internationale à mettre pleinement en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, jugeant prioritaire de lutter contre l’impunité.  Il a souligné à cet égard que la responsabilité en matière de prévention des violences contre les femmes incombe aux autorités nationales, ce qui exige de renforcer la capacité des États à protéger les femmes, afin notamment de permettre aux victimes de bénéficier d’un soutien allant au-delà du simple accompagnement judiciaire.  Pour le représentant, il est aussi nécessaire de renforcer le rôle des soldates de la paix, qui représentent une forte proportion des contingents déployés par l’Indonésie.  Accroître leur participation est fondamental pour lutter contre les violences à leur encontre, a-t-il affirmé, ajoutant que son pays est fier d’avoir été l’artisan de la résolution 2538 (2020) concernant le personnel féminin dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a d’autre part jugé essentiel d’augmenter le rôle des femmes négociatrices dans les phases de maintien et de consolidation de la paix, non sans constater que ces dernières restent dominées par les hommes.  C’est pourquoi l’Indonésie a lancé en 2020 un réseau régional de femmes médiatrices dans le cadre des processus de paix.  Avant de conclure, le délégué a assuré que son pays continuera à défendre la cause des femmes afghanes et leur nécessaire émancipation. 

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) s’est dit alarmé par les représailles à l’encontre des femmes qui ont pris la parole au Conseil de sécurité.  Il a demandé aux États Membres de respecter et de défendre les droits de leurs citoyens, et en particulier la liberté d’expression.  Il a fait savoir que l’Autriche travaille de concert avec des femmes en Afrique de l’Ouest et en Libye pour renforcer leur participation aux processus de paix, ainsi que pour les former à être des médiatrices et négociatrices.  Elle contribue également au Fonds pour les victimes de la torture, a précisé le représentant avant de saluer le rôle de premier plan d’ONU-Femmes qui défend les femmes et les filles à tous les niveaux.  Il a aussi fait part de la contribution financière de l’Autriche au Bureau d’ONU-Femmes en Afghanistan. 

Davantage doit être fait pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000), a martelé M.  SATYENDRA PRASAD (Fidji).  Il a évoqué les diverses menaces à la paix et à la sécurité internationales, à commencer par les changements climatiques et l’élaboration de nouvelles armes technologiques, car l’incidence des conflits est toujours disproportionnée et « beaucoup plus dévastatrice » pour les femmes et les filles.  Pour sa part, a rapporté le délégué, Fidji a augmenté le nombre de femmes dans les postes de l’administration publique, dans l’armée et la police, et dans les opérations de maintien de la paix.  Ainsi le pays a-t-il déployé une section féminine au sein de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) entre Israël et la Syrie.  En tant que pays contributeur de troupes depuis 40  ans, Fidji a appris que les soldates de la paix peuvent mieux désamorcer les tensions, lors des contrôles par exemple.  Il a vanté leur rôle en Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec la transition pacifique à Bougainville, ou encore aux Îles Salomon.  Selon le délégué, avec l’implication des femmes, « les règlements ont plus de chance de tenir et la paix de durer ».  À cette fin, leur protection et leur sûreté sont essentielles. 

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) s’est d’autant plus inquiété des violences, intimidations et représailles à l’encontre des femmes artisanes de la paix, des représentantes de la société civile et des défenseuses des droits humains, que la pandémie de COVID-19 a un impact négatif sur les femmes.  Il a constaté que les attaques contre celles qui se consacrent à la cause de la paix sapent les objectifs de la résolution 1325 (2000) et des résolutions ultérieures qui visent à assurer la participation des femmes aux processus de paix et de sécurité.  Appelant les États Membres à appuyer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, le délégué a indiqué que son pays soutient financièrement les efforts déployés par ONU-Femmes pour promouvoir une participation significative des femmes à ces processus. 

La Malaisie, a-t-il ajouté, a également coparrainé la résolution 2538 (2020), convaincue que la présence de soldates de la paix dans les zones de conflit peut contribuer à promouvoir l’inclusivité en vue d’une paix et d’un développement durables.  À ce titre, le pays augmente chaque année le nombre de soldates de la paix et espère atteindre les objectifs de femmes Casques bleus définis par l’ONU à l’horizon 2028, comme le reflète son dernier déploiement au Liban, qui compte 85 femmes.  Dans le même temps, la Malaisie collabore avec d’autres États de sa région pour faire avancer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, notamment en améliorant le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la reconstruction et la réhabilitation postconflit, a encore précisé le représentant, rappelant que l’Association des États de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) finalise actuellement son plan d’action régional sur les femmes et la paix et la sécurité.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a indiqué que, pour mettre en œuvre la résolution 1325, son pays est en train d’élaborer un deuxième plan d’action, pour la période 2022-2024, de concert avec tous les secteurs de la société civile, en fixant des priorités nationales.  Il s’appuie aussi sur les objectifs de développement durable, en particulier l’Objectif 5, relatif aux femmes et aux filles, et l’Objectif 16, qui prône des sociétés inclusives et justes, la Jordanie étant soucieuse de lutter contre l’impunité.  Le représentant a également fait valoir l’importance de la culture pour favoriser l’égalité entre les sexes, sans oublier le rôle de l’éducation et de la formation.  Il a assuré que son pays a toujours œuvré pour la paix au Moyen Orient, malgré les difficultés comme l’afflux de réfugiés en Jordanie, dont la plupart sont des femmes, des enfants et des filles.  Cela pèse sur les communautés locales, a-t-il témoigné avant de parler des mécanismes mis en place pour sensibiliser les communautés locales à ces problèmes et des programmes qui encouragent les réfugiés à rentrer chez eux.  Le représentant a jugé également important de bien financer les plans nationaux et de prévoir un soutien psychologique aux victimes des violences. 

M. IVARS LIEPNIEKS (Lettonie) s’est dit profondément préoccupé par la recrudescence des meurtres de femmes défenseuses des droits humains et de journalistes en 2020, ainsi que par le phénomène « alarmant » des sous-signalements et de l’autocensure qui font que la majorité des cas ne sont pas signalés.  Il a appelé à unir les efforts pour contrer ces menaces et le harcèlement qui visent à réduire les femmes au silence et les empêcher de participer à la vie publique et aux processus de paix.  Le silence équivaut à l’impuissance, a estimé le représentant, parce que lorsqu’on permet que les femmes soient réduites au silence, on leur laisse entendre qu’elles n’ont aucun droit, aucune valeur, aucune voix.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doit redoubler d’efforts et utiliser tous les moyens disponibles pour affirmer que ce n’est pas vrai.  Et il devrait y avoir une tolérance zéro vis à vis des cas de menaces et de persécution dont ont été la cible des femmes venues s’exprimer au Conseil de sécurité, a poursuivi la représentante qui a regretté que les comités de sanctions compétents continuent d’être sous-utilisés pour tenir pour responsables les responsables de violations des droits des femmes. 

Le représentant a ensuite indiqué qu’en tant que Vice-Présidente du Bureau de la Commission de la condition de la femme, la Lettonie s’est engagée à continuer de jouer un rôle actif pour renforcer le rôle des femmes, durant la période post-conflit notamment.  Il a aussi souligné que des mesures efficaces menant à l’autonomisation mondiale des femmes commencent par l’adoption de politiques réactives et responsables au niveau national.  C’est dans cet esprit que le Gouvernement letton a approuvé en juillet 2020, le plan d’action national letton sur les femmes et la paix et la sécurité pour la période 2020-2025.  

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a rappelé que son pays préside la Commission de consolidation de la paix, laquelle œuvre à la pleine participation des femmes aux processus post-conflit.  Il a également relevé que, le mois dernier, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a organisé un débat sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  À titre national, a-t-il ajouté, l’Égypte est en train d’élaborer un plan d’action sur l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, en soulignant les obstacles que présentent à cet égard la pandémie de COVID-19.  Pour y répondre au mieux, a-t-il précisé, le Centre international du Caire pour le règlement des conflits et le maintien de la paix a organisé un dialogue virtuel qui a permis d’aborder les défis posés par la crise sanitaire et les difficultés rencontrées par les femmes dans le cadre des processus de paix.  Les recommandations de ce dialogue ont alimenté la deuxième édition du Forum d’Assouan, où elles ont été présentées à des décideurs africains, des responsables d’organisations régionales et des représentants de la société civile.  Par ailleurs, a poursuivi le délégué, le Président de la République égyptienne a été l’un des premiers dirigeants à se joindre à l’initiative internationale de lutte contre les violences et l’exploitation sexuelles au sein des opérations de paix de l’ONU.  À cette même aune, l’Égypte est fière d’avoir parrainé les résolutions de l’Assemblée générale sur l’action de l’ONU contre l’exploitation et les abus sexuels, dont la dernière en date, adoptée en septembre dernier, préconise une politique de tolérance zéro pour éliminer ces actes de haine.  Avant de conclure, le représentant a appelé à davantage d’engagement moral et politique pour soutenir les femmes dans les situations de conflit et post-conflit.  Elles sont, a-t-il dit, des artisanes du changement dans les phases de transition menant du conflit au développement. 

Au nom des pays nordiques, Norvège, Finlande, Suède, M.  MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a dit qu’il incombe à la communauté internationale et aux États Membres de garantir un environnement sûr permettant aux femmes de participer à tous les aspects de la vie publique.  C’est la condition d’une paix pérenne et inclusive, a ajouté le représentant pour qui le rôle des défenseuses des droits humains est essentiel pour les quatre piliers du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Le nombre croissant de représailles à leur encontre est alarmant, a estimé M.  Hermann en assurant que les pays nordiques sont favorables à la création d’un service disponible 24  heures sur 24 pour répondre aux besoins des défenseuses des droits humains confrontées à des risques immédiats.  Le représentant a en outre recommandé de combler les lacunes en matière de protection par le biais de consultations avec les bâtisseuses de la paix et les défenseuses des droits de l’homme en tenant compte de l’évaluation des risques et des besoins. 

Il a à cet égard exhorté le Conseil à continuer d’inviter des bâtisseuses de la paix et des défenseuses des droits humains et de créer un environnement propice à leur participation.  Mais il ne suffit pas de les entendre, il convient également d’agir sur la base de leurs recommandations, a prévenu le délégué qui a appelé les États Membres à adopter une politique de tolérance zéro afin de lutter contre les représailles et assurer le principe de responsabilité pour tous les auteurs de crimes.  Le Secrétaire général, le Conseil des droits de l’homme, le Conseil de sécurité et tous les organes de l’ONU doivent être informés des tentatives d’intimidation, de représailles ou d’obstacles à la participation des femmes à l’ONU, a-t-il réclamé.  M. Hermann a souhaité que le Secrétaire général soumette un rapport annuel sur les représailles à l’Assemblée générale dès la soixante-seizième session, afin de permettre aux États Membres de faire un suivi de ces représailles. 

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