Soixante-seizième session,
79e & 80e séances, matin & après-midi
AG/12424

Assemblée générale: l’Équateur, le Japon, Malte, le Mozambique et la Suisse font leur entrée au Conseil de sécurité

L’Assemblée générale a élu, ce matin, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans qui commence le 1er janvier 2023 pour se terminer le 31 décembre 2024.  L’Équateur y fait ainsi son entrée avec 190 voix, le Japon avec 184 voix, Malte avec 185 voix, tandis que le Mozambique et la Suisse ont récolté 192 et 187 voix respectivement.  Ayant obtenu seulement 3 voix, la Mongolie n’a pas été élue.  L’Assemblée générale a également fait le point sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida après avoir examiné le rapport annuel du Conseil de sécurité, l’occasion pour de nombreuses délégations de plaider, comme chaque année, pour un document plus complet, plus substantiel et plus analytique.

Intervenant au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), l’Équateur a notamment suggéré d’y inclure davantage de détails sur les projets de résolution qui ont été rejetés, ainsi que des informations sur les paramètres qui ont entravé la bonne application des résolutions du Conseil.  Il a également espéré que le Conseil considérera dans son prochain rapport toutes les réunions qui se sont déroulées en virtuel, nonobstant le fait qu’elles ont été présentées comme des visioconférences ou des séances informelles dans le programme du travail.

Le Portugal, tout en reconnaissant des améliorations notables dans les méthodes de travail du Conseil ces derniers temps, a appelé à améliorer la transparence et l’efficacité de cet organe, appuyant notamment la proposition du Groupe ACT de tenir un débat public en janvier, afin d’évaluer les travaux du Conseil avant la rédaction de l’introduction du rapport.  De son côté, le Liechtenstein a regretté le peu d’éléments sur l’action du Conseil visant à remédier aux tendances préoccupantes en ce qui concerne les violations des droits humains et la protection des civils.

Déplorant elle aussi que le rapport ne mentionne pas les cas où le Conseil a échoué à agir, l’Italie a souhaité un contenu plus analytique pour favoriser un débat sur les raisons de l’inaction de l’instance.   À ce sujet, de nombreuses délégations ont salué la tenue hier, en vertu de la résolution 76/262, du premier débat de l’Assemblée générale sur l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale a un rôle clef à jouer en débattant de questions touchant à la paix et à la sécurité et en formulant des recommandations à l’intention des États ou du Conseil de sécurité, a notamment affirmé son Président, M. Abdulla Shahid. 

On retiendra également l’intervention de l’Ukraine selon laquelle le rapport 2022 devra indiquer que la Russie, qui occupe un siège permanent au Conseil de sécurité, a attaqué l’Ukraine au moment même où le Conseil se réunissait sous présidence russe dans un dernier effort afin de prévenir la guerre.   

Dans l’après-midi, l’Assemblée générale a organisé un débat sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et était saisie d’un rapport du Secrétaire général qui informe que le sida cause plus de 13 000 décès par semaine, une crise à laquelle vient s’ajouter la pandémie de COVID-19.

Il y est également indiqué qu’un an après l’adoption de la Déclaration politique sur le VIH et le sida, le nombre d’infections à VIH et de décès liés au sida ne diminue pas assez rapidement pour que la pandémie se termine d’ici à 2030.  Si les cibles fixées pour 2025 dans la Déclaration ne sont pas atteintes, on devrait compter 7,7 millions de décès liés au sida pendant la décennie en cours.  

Rappelant que 10 millions de personnes vivent avec le VIH sans bénéficier de soins, le Président de l’Assemblée générale a appelé à veiller au bien-être de ces personnes en leur fournissant les soins dont elles ont besoin, sans discrimination aucune.  Il a également appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour combler le déficit de financement de la lutte contre le VIH/sida, afin d’éliminer la maladie d’ici à 2030.  

De son côté, le Chef du Cabinet du Secrétaire général a appelé à s’attaquer à la discrimination et à la marginalisation des communautés, souvent exacerbées par des politiques et des lois punitives.  Ce sont ces inégalités qui augmentent les risques d’infection chez les femmes et les filles d’Afrique subsaharienne, s’est notamment inquiété M. Courtney Rattray, le Groupe des États d’Afrique ayant relevé que sur le continent, le VIH/sida est la principale cause de décès parmi les adolescentes et femmes âgées entre 15 et 49 ans.

Par la voix de la Namibie, le Groupe a également appelé à mettre l’innovation au service de la production de meilleurs médicaments antirétroviraux, vaccins et traitements, y compris pour les infections courantes telles que la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles et l’hépatite.  La prophylaxie doit également être disponible et abordable pour tous les pays, y compris ceux d’Afrique, a ajouté la délégation  

Relevant par ailleurs que 29 milliards de dollars par an seront nécessaires pour combattre le VIH/sida dans les pays à bas revenu d’ici à 2025, le Chef de cabinet a souligné que les contributions aux autres crises, dont celle de l’Ukraine, ne sauraient se faire au détriment de la lutte contre le VIH/sida.  

L’Assemblée générale se réunira de nouveau demain, vendredi 10 juin, à partir de 10 heures.

ÉLECTION DE MEMBRES NON PERMANENTS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Communication faite par le Secrétaire général en vertu du paragraphe 2 de l’Article 12 de la Charte des Nations Unies - Note du Secrétaire général (A/76/300) - Rapport du Conseil de sécurité - A/76/2

Déclarations

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a salué la réouverture progressive du Conseil de sécurité à l’ensemble des États Membres tout au long de l’année 2021.  L’année écoulée a en effet montré l’importance de la diplomatie en présentiel.  Le Président a ensuite rappelé les grands défis de l’heure que sont les changements climatiques, le terrorisme, la désertification, les cybermenaces et la prolifération nucléaire.  Le conflit en Ukraine est venu s’ajouter à ces crises qui menacent d’ébranler les fondements de notre système multilatéral toujours plus fragile.  Ce conflit, s’est-il inquiété, a eu des répercussions majeures sur l’économie mondiale et a mis à mal les chaînes d’approvisionnement des denrées alimentaires et en énergie.  Ce sont les plus vulnérables qui continueront de payer le plus lourd tribut de ces catastrophes, a déploré le Président. 

M. Shahid a ensuite rappelé que l’objectif premier de l’ONU est de préserver les générations futures du fléau de la guerre et de maintenir la paix et la sécurité internationales.  C’est une responsabilité partagée avec le Conseil de sécurité qui a été créé précisément pour maintenir la paix et qui, selon l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, agit au nom des États Membres.  L’Assemblée générale a aussi un rôle clef à jouer en débattant de questions touchant à la paix et à la sécurité et en formulant des recommandations à l’intention des États ou du Conseil de sécurité.  Le Conseil de sécurité doit être tenu comptable de ses actes ou de son inaction, a souligné le Président qui a exhorté à renforcer la coopération entre l’Assemblée générale et d’autres organes, y compris le Conseil de sécurité.  Notre priorité doit être de travailler ensemble dans la cohésion en étant mutuellement comptables de nos actes pour remplir nos mandats.  Le Président a souligné l’importance du débat sur la résolution 76/262 qui prévoit une réunion de l’Assemblée générale dès lors qu’un veto est opposé au Conseil de sécurité.  Il s’agit d’une résolution majeure qui encourage la responsabilisation de l’Organisation, s’est-il félicité. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), a recommandé la tenue d’un débat public, ou de consultations, en préparation du rapport annuel en janvier afin d’évaluer les travaux du Conseil avant la rédaction de l’introduction du rapport.  Il a souligné l’importance de préserver la mémoire institutionnelle s’agissant des méthodes de travail du Conseil et encouragé la codification des bonnes pratiques.  Il a souhaité que le rapport soit plus complet, plus substantiel et plus analytique et suggéré d’inclure davantage de détails sur les projets de résolution qui ont été rejetés.  Des informations sur la mise en œuvre des résolutions pourraient également être incluses avec une mention des paramètres qui ont empêché leur bonne application. 

Afin d’améliorer la transparence, il a également suggéré d’inclure dans le rapport des informations sur les principales délibérations qui se sont tenues à huis clos.  Il s’est félicité des efforts entrepris pour améliorer la transparence des activités du Conseil avec la tenue notamment de séances introductives et récapitulatives par les présidences en direction de tous les membres de l’ONU.  Le délégué a aussi salué l’approche innovante adoptée par des membres élus afin de faire du programme pour les femmes et la paix et la sécurité une priorité du Conseil.  Il a appelé le Conseil à détailler dans l’introduction du rapport l’incidence de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales, ainsi que sur les méthodes de travail du Conseil.  Nous espérons que le Conseil considérera dûment dans son rapport 2022 toutes les réunions qui se sont déroulées en virtuel, nonobstant le fait qu’elles ont été présentées comme des visioconférences ou des séances informelles dans le programme du travail du Conseil, a conclu M. Espinosa. 

Intervenant en sa capacité nationale, le représentant a évoqué l’attente des résultats de l’élection des membres non permanents du Conseil de sécurité et a remercié les délégations pour le soutien apporté à l’Équateur.

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a reconnu des améliorations notables dans les méthodes de travail du Conseil ces derniers temps, notamment pour permettre une continuité efficace des activités pendant la pandémie.  Néanmoins, des progrès peuvent encore être réalisés pour améliorer la transparence et l’efficacité.  Elle a appuyé la proposition du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) de tenir un débat public en préparation du rapport annuel en janvier, afin d’évaluer les travaux du Conseil peu après la fin de l’année et avant la rédaction de l’introduction du rapport. 

La représentante a également appelé à prendre en compte les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19, pour se préparer aux éventualités futures et préserver la mémoire institutionnelle des méthodes de travail.  Elle a aussi suggéré d’inclure une analyse plus approfondie des projets de résolution qui n’ont pas été adoptés par le Conseil, y compris, le cas échéant, l’utilisation du droit de veto.  À cet égard, elle a salué l’adoption de l’important mécanisme de l’Assemblée générale pour garantir la responsabilité face à l’utilisation du veto, en vertu de la résolution 76/262. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a fait remarquer qu’après l’agression russe contre l’Ukraine, les États Membres ont des attentes très spécifiques à l’égard du Conseil de sécurité: la protection des plus vulnérables, la prévention des atrocités et la contribution à la recherche de solutions pacifiques.  Or ces derniers temps, le Conseil n’a pas toujours fait preuve de détermination et d’ambition dans ces domaines, a tranché le représentant, en s’inquiétant du recours répété et alarmant au droit de veto.  S’agissant des méthodes de travail du Conseil, il a voulu que les réunions récapitulatives mensuelles, certes plus régulières, soient au moins plus interactives, puisque certains membres du Conseil ne souhaitent pas les ouvrir aux non-membres.  À ce propos, le représentant a estimé que les échanges avec ces non-membres ont le mérite de multiplier les points de vue sur lesquels le Conseil peut s’appuyer pour mieux comprendre les questions à l’examen.  Concluant sur la nature du rapport annuel, le représentant l’a jugé trop factuel et a réclamé des informations sur le processus de prise de décisions et les raisons de certaines mesures controversées. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a plaidé pour un rapport plus analytique et plus incisif, en lieu et place d’une simple énumération des activités annuelles du Conseil de sécurité.  Le rapport devrait refléter la polarisation entre les membres du Conseil et expliquer les raisons de son inaction régulière.  Chaque président du Conseil, a-t-il ajouté, doit présenter son évaluation mensuelle à tous les autres États Membres de l’ONU.  Le délégué a conclu en plaidant pour une plus grande coopération entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité et s’est réjoui du mandat permanent qui permet désormais à la première de tenir un débat public chaque fois que le droit de veto est exercé.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a salué la session qui s’est ouverte hier, conformément à la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, y voyant une étape importante ayant permis aux membres permanents de Conseil de sécurité de présenter les raisons de leur recours au veto.  Pour la première fois, les membres ont pu se prononcer sur un sujet d’intérêt pour la communauté internationale, ce qui est d’autant plus pertinent que la question du veto n’est pas entièrement reflétée dans le rapport annuel, a noté le représentant.  Ce dernier a réaffirmé la nécessité de limiter le recours au veto car « le veto est un acte de pouvoir qui ne résout rien ».  Afin de renforcer le lien entre l’Assemblée et le Conseil, il a également suggéré que le Président de l’Assemblée générale convoque un dialogue à mi-parcours à la fin de chaque année, sur les divers aspects des activités et des résolutions du Conseil de sécurité, sans préjudice sur le débat relatif au rapport du Conseil de sécurité.  De même, le délégué a appelé à améliorer la transparence sur les communications adressées au Conseil en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies invoquant les questions de légitime défense, qui ne sont pas explicitement identifiées dans le rapport.   

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) s’est félicité de l’adoption du rapport du Conseil dès le 20 mai, bien avant la date limite du 30 mai stipulée dans la note présidentielle S/2019/997, ajoutant que la convocation de ce débat dès début juin permet aux États Membres de l’Assemblée générale de procéder à un examen réfléchi du travail et de la performance du Conseil.  Il a relevé que seulement 7 rapports mensuels sur 12 ont été soumis l’année dernière.  Ces rapports, a-t-il souligné, ne doivent pas être ignorés car ils permettent à l’Assemblée générale de suivre les progrès et les performances du Conseil sur une base plus régulière et constituent un élément clef du travail de redevabilité du Conseil vis-à-vis des États Membres.  

Le représentant a également regretté l’absence, dans le rapport annuel, d’une analyse de ce que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de réaliser.  Ceci est important pour fournir une image complète de la performance du Conseil, a insisté le représentant.  Il a appelé à plus de transparence et de responsabilité dans l’utilisation du droit de veto, déplorant notamment que celui-ci ait été utilisé pour bloquer l’adoption d’un projet de résolution sur les risques sécuritaires des changements climatiques.  Il a ensuite salué la tenue, hier à l’Assemblée générale, du premier débat sur l’emploi du veto au Conseil de sécurité.

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a réclamé un rapport qui décrit sur le fond l’état d’avancement de chaque question inscrite à l’ordre du jour, l’impact que l’action privilégiée a eu sur un conflit, l’état d’application des décisions ou encore la performance générale du Conseil dans l’accomplissement des aspects essentiels de son mandat.  Le rapport, s’est-il impatienté, doit aussi présenter des informations stratégiques sur les tendances et les schémas des conflits, y compris leurs causes profondes et les moyens de les traiter globalement, mais aussi d’atténuer les conséquences des conflits, tels que le déplacement de populations ou les violations des droits humains.  Le rapport devrait contenir un chapitre spécial sur la paix et la justice pour déterminer les niveaux d’impunité dans les conflits armés et les stratégies de riposte.  La question de Chypre, s’est-il expliqué, est l’une des plus anciennes de l’ordre du jour du Conseil et elle l’est parce que les nombreuses résolutions et décisions n’ont pas été respectées, et ce, sans conséquence aucune.  Le Conseil de sécurité doit tout faire pour obtenir des parties concernées le respect de ses décisions car il y va de son leadership.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a jugé crucial de renforcer la coopération et la communication entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il s’agit d’assurer la transparence des travaux du Conseil et de renforcer la responsabilité du Conseil envers l’ensemble des États Membres, a-t-il expliqué.  À cet égard, il a salué l’adoption de la résolution 76/262 qui a établi un mandat permanent à l’Assemblée générale afin qu’elle tienne un débat en cas de recours au droit de veto au Conseil de sécurité. 

Le représentant a ensuite souligné que l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité reste un impératif.  Seule une approche inclusive permettra de renforcer l’efficacité et la légitimité du Conseil, a-t-il indiqué, appelant à la participation en personne des États Membres et observateurs aux débats publics.  Il a encouragé le Conseil à inclure dans son rapport des éléments et réflexions plus analytiques et substantiels et à évoquer les résolutions qui n’ont pas pu être adoptées.  Il a enfin salué le fait que les membres élus du Conseil se sont engagés en 2021 à renforcer la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et des résolutions subséquentes, en veillant à garantir la pleine participation des femmes aux réunions et activités du Conseil. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que le rapport offre une image imprécise de l’efficacité avec laquelle le Conseil s’est acquitté de son mandat, en omettant notamment les cas où il a échoué à agir.  En Syrie, la décision de réduire au strict minimum les acheminements d’aide transfrontalière était un compromis politique incompatible avec les besoins humanitaires.  Le Conseil a aussi échoué à adopter une résolution sur l’agression de l’Ukraine.  Il a également regretté le peu d’éléments dans le rapport sur l’action du Conseil visant à remédier aux tendances préoccupantes en ce qui concerne les violations des droits humains et la protection des civils.  

Le représentant a ensuite détaillé le Code de conduite du Groupe ACT, une initiative qui vise à améliorer l’action du Conseil dans le domaine de la protection des civils.  Ce Code de conduite est appuyé par 123 États, y compris les deux tiers des membres actuels du Conseil.  Ces États, a-t-il expliqué, s’engagent en faveur d’une action rapide et décisive du Conseil afin de prévenir et mettre un terme aux atrocités de masse.  Le représentant a ensuite salué l’importance de la résolution 76/262, en ajoutant que l’État qui aura exercé son veto n’aura désormais plus le dernier mot.  Enfin, le délégué a souhaité que les décisions permettant aux États de s’exprimer devant le Conseil soient prises de manière transparente et ouverte, avant de demander une participation accrue de la société civile aux travaux du Conseil. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a tout d’abord remercié les États Membres qui ont permis à son pays d’être élu pour la première fois aujourd’hui en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.  S’inspirant de la maxime d’Albert Einstein, « au cœur de toute crise se cache une opportunité », le représentant a engagé le Conseil de sécurité à exercer son mandat en toute circonstance en gardant à l’esprit le devoir de transparence, d’inclusion et de redevabilité.  Il a exhorté l’organe à mettre l’accent sur la protection des civils, la préservation de l’espace humanitaire et le respect du droit international humanitaire (DIH) en toute circonstance.  Il a notamment appelé à renouveler la résolution sur l’aide transfrontalière en Syrie, avant de regretter que le projet de résolution sur les liens entre les changements climatiques et la sécurité n’ait pas pu être adopté.  Des progrès sont nécessaires afin que la prévention des conflits devienne une réalité, a insisté le représentant pour qui le rapport 2021 du Conseil de sécurité démontre que tous ses membres ont un rôle à jouer pour être à la hauteur des défis globaux. 

Plaidant en faveur du renforcement des liens entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité pour améliorer l’efficacité de l’ensemble du système des Nations Unies, M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) s’est réjoui que l’on soit sur la bonne voie, compte tenu du mécanisme permanent autorisant désormais l’Assemblée à tenir un débat public chaque fois que le droit de veto est exercé au Conseil.  Aujourd’hui, a-t-il aussi estimé, notre réunion est un autre outil pour briser des silos enracinés.  Le représentant a salué un rapport pertinent et rappelé qu’en 2021, sa délégation a participé à 20 débats publics du Conseil.  Il a salué les efforts du secrétariat et des présidences respectives du Conseil pour permettre aux non-membres du Conseil de faire leur déclaration en personne, après les restrictions liées à la pandémie de COVID-19.  La participation de ces non-membres renforce non seulement la légitimité du Conseil lui-même, mais elle préserve également les fondements mêmes du multilatéralisme.  Le représentant a conclu en souhaitant que le rapport annuel du Conseil comprenne aussi des informations sur les réunions en formule Aria pour donner un aperçu encore plus complet des travaux et de la dynamique des dossiers respectifs. 

M. PAYMAN GHADIRKHOMI (République islamique d’Iran) a rappelé que la plupart des États Membres avaient demandé un rapport annuel du Conseil de sécurité qui soit plus analytique.  Il a dénoncé les sanctions illégales ciblant certains pays, avant de plaider pour plus de transparence et au respect de la primauté du droit au sein du Conseil.  Il a estimé que le Conseil se penche parfois sur des questions n’ayant rien à voir avec les menaces à la paix et la sécurité internationales, ainsi que sur des questions en lien avec la sécurité intérieure des États.  Il a vu dans la question palestinienne le symbole de l’inefficacité du Conseil de sécurité « qui ne bouge pas » alors que le peuple palestinien est opprimé et qu’Israël ne respecte pas ses résolutions.  Étant donné que le Conseil agit au nom des États Membres, les membres du Conseil doivent défendre les droits de toute l’Organisation, et non pas privilégier leurs intérêts nationaux, a-t-il souligné.  

M. ADAM KUYMIZAKIS (Malte) a demandé un renforcement de l’interaction entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, notant que celle-ci a un rôle crucial à jouer pour faire en sorte que le Conseil soit transparent et responsable de ses actions devant tous les membres de l’ONU.  Le délégué a estimé que le rapport devrait être plus analytique et fournir une vision d’ensemble des succès et des échecs du Conseil.  Cela contribuerait à faire du Conseil un organe plus efficace et plus efficient.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays siégera au Conseil en 2023 et 2024 et qu’il compte favoriser les efforts déployés par l’Assemblée générale pour évaluer l’efficacité avec laquelle le Conseil s’est acquitté de son mandat. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a regretté que cette année encore, le rapport annuel du Conseil de sécurité se limite à dresser une liste des réunions, activités et résolutions de l’organe, malgré les nombreux appels lancés par la plupart des États Membres pour obtenir des rapports exhaustifs et analytiques.  Il a notamment déploré que le rapport 2021 continue d’omettre la stagnation sur la réponse à la question palestinienne, alors que les colonies illégales israéliennes continuent de s’étendre en toute impunité.  Le rapport n’évalue pas non plus l’impact du travail extraordinaire réalisé par le Conseil de sécurité depuis la mi-mars 2020 dans le contexte de la COVID-19.  La présentation des rapports annuels du Conseil de sécurité doit cesser d’être un exercice descriptif, formel et non critique, a dit le délégué.  Il a de ce fait appelé à une réforme globale du Conseil de sécurité, y compris de ses méthodes de travail, pour en faire un organe transparent, démocratique et représentatif.  Il a enfin dénoncé la manipulation sélective des méthodes et des pratiques du Conseil de sécurité pour en faire un outil de pression contre les États souverains, ainsi que pour lui permettre d’empiéter sur le mandat de l’Assemblée générale.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que le Conseil agit au nom de tous les membres de l’Organisation.  Il s’est donc impatienté devant un rapport qui ne fait que consigner les activités et a réclamé un document plus analytique pour avoir une vision réaliste des travaux du Conseil.  Le représentant a souligné l’importance de l’unité au sein du Conseil dont l’absence explique d’ailleurs la paralysie, entre autres sur la question palestinienne.  Mais aujourd’hui, s’est-il réjoui, le Conseil est plus comptable de ses actes, compte tenu de la résolution 76/262.  Pour aller plus loin, le représentant a défendu l’idée de convoquer des négociations « dignes de ce nom » sur la réforme du Conseil et rappelant la place de l’Afrique dans les travaux du Conseil, il a plaidé pour une coopération plus étroite avec l’Union africaine.  À ce stade, la réforme du Conseil doit être notre priorité, a martelé le représentant.

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a regretté qu’en 2021, le Conseil de sécurité ait échoué à de multiples reprises à respecter son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales en raison de divisions qui ont eu de terribles conséquences en matière de souffrances des populations.  Il a exhorté les présidences mensuelles du Conseil de sécurité à continuer de convoquer des séances d’information.  Il a regretté que le rapport 2021 du Conseil de sécurité se contente de décrire de manière générale les réunions et documents, sans fournir une analyse qui permettrait de mieux mesurer la pertinence de ses activités.  Il a ajouté que la réforme de la composition du Conseil de sécurité reste d’actualité afin de parvenir à un Conseil de sécurité plus transparent, plus démocratique et plus représentatif.   

M. SANDRO INASHVILI (Géorgie) a estimé que l’agression brutale de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies, souligne très clairement le caractère vital de la réforme du Conseil de sécurité qui doit revenir à sa première raison d’être, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La réforme du Conseil est urgente, a insisté le représentant, en en voulant pour preuve l’incapacité d’adopter une résolution réclamant la fin de l’agression en Ukraine.  Rappelant qu’il y a plus de 10 ans, la Géorgie elle-même a subi les conséquences de l’abus du droit de veto, le représentant a dit ne pas comprendre pourquoi on ne priverait pas de ce droit tout État membre permanent impliqué dans une situation ou un conflit.  Il en a profité pour annoncer que la Cour européenne des droits de l’homme vient de donner raison à son pays, jugeant illégale la détention par le régime d’occupation russe de 71 citoyens géorgiens.  À la lumière de la grave situation des droits de l’homme dans les régions géorgiennes occupées et leur militarisation, il est de la plus haute importance, a souligné le représentant, que le Conseil reste saisi de cette question.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a relevé que face aux défis multidimensionnels actuels, les actions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ont de nombreux points de convergence.  Une bonne communication entre les deux organes est donc vitale.  Il a de ce fait encouragé une interaction régulière entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, au-delà de la discussion relative à la présentation du rapport annuel.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil à rapidement adapter ses méthodes de travail.  Pour être plus efficace sur le théâtre des conflits, il a également invité l’organe à tenir davantage compte des avantages comparatifs des instances régionales ou sous-régionales.  Il a en outre appelé à redoubler d’efforts pour assurer l’unité du Conseil de sécurité, déplorant son incapacité à parvenir à une réponse unifiée face aux violations de ses propres résolutions par un État Membre de l’ONU.  

Le Conseil agissant au nom de tous les membres de l’ONU, M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a estimé qu’une meilleure communication entre lui et l’Assemblée générale permettraient de mieux faire comprendre ses travaux.  Il a par exemple déploré que le rapport ne mentionne pas les cas où le Conseil a échoué à agir.  Il a donc souhaité un contenu plus analytique pour favoriser un débat sur les raisons de l’inaction de l’instance.  Il a en profité pour souligner que c’est bien le droit de veto qui paralyse le Conseil.  Il a donc appuyé toutes les initiatives qui visent à en limiter l’exercice.  Le délégué s’est dûment félicité de la résolution 76/262 et a salué la tenue du débat d’hier sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC) après que la résolution pertinente s’est heurtée aux veto de la Chine et de la Fédération de Russie au Conseil de sécurité, le 26 mai dernier.

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a souhaité que les prochains rapports annuels du Conseil de sécurité soient adoptés plus tôt dans l’année pour permettre aux discussions d’être moins éloignées de la date des réunions.  Il a souhaité que le rapport contienne des informations plus analytiques et plus substantielles sur les activités du Conseil de sécurité, notamment sur les résolutions non adoptées.  Il a souhaité que conformément à l’adoption de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, des futures discussions se tiennent régulièrement en cas de recours au veto par un membre permanent du Conseil de sécurité.  Il a particulièrement salué la démarche de l’Irlande, du Kenya et du Mexique visant à constituer un trio présidentiel sur les femmes et la paix et la sécurité, y voyant une mesure novatrice importante pour faire progresser le programme du même nom.  

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a prédit que le prochain rapport du Conseil en 2022 sera marqué par l’échec de cet organe à prévenir l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Ce futur rapport devra indiquer que la Russie qui occupe un siège permanent au Conseil de sécurité a attaqué l’Ukraine, pays pacifique, au moment même où le Conseil se réunissait sous présidence russe dans un dernier effort afin de prévenir la guerre.  Cette situation montre quelles peuvent être les conséquences de l’inefficacité du Conseil, a dénoncé le représentant.  Il a appelé à la préparation d’un rapport plus analytique, déplorant l’absence de substance et de perspective stratégique.  Le représentant a aussi regretté que le rapport donne l’opportunité à l’agresseur de promouvoir des faux récits sur le Donbass et de dissimuler son rôle d’instigateur du conflit en Ukraine.  En outre, le rapport est présenté plus de trois mois après le début de l’invasion russe, suffisamment de temps pour pouvoir amender le texte afin de refléter cette réalité.  Le représentant a ensuite encouragé les membres du Conseil à continuer d’explorer de nouveaux moyens pour améliorer la préparation du rapport annuel du Conseil ainsi que les méthodes de travail de l’organe.   

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a demandé la codification des meilleures pratiques visant à améliorer la transparence des travaux du Conseil.  Il a déploré le contenu insuffisamment fouillé du rapport.  Il a donc demandé un rapport plus analytique afin de mieux cerner les obstacles qui s’opposent à une action du Conseil.  Le Conseil maintient les membres de l’ONU dans l’ignorance s’agissant de la teneur de ses travaux, a dénoncé le représentant pour qui les séances à huis clos doivent être l’exception.  Il a fustigé la structure hégémonique au sein du Conseil qui permet à certains membres d’élaborer des résolutions reflétant leur point de vue.  Le délégué a regretté l’absence des membres permanents du Conseil au débat d’aujourd’hui et encouragé le Président de l’Assemblée à rédiger un rapport récapitulant ce qui a été dit aujourd’hui et à le transmettre au Conseil.  Enfin, le délégué a regretté le manque d’unité du Conseil.  Ce dernier est chaque jour de moins en moins capable de s’acquitter de son mandat, s’est-il inquiété.

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que les rédacteurs du rapport annuel du Conseil de sécurité se sont appuyés sur une terminologie obsolète, faisant référence à tort à l’inexistant « Haut-Karabakh ».  Pourtant, par son décret du 7 juillet 2021, le Président azerbaïdjanais a créé le Karabakh et le Zangazur oriental qui sont des régions économiques.  Le délégué a rappelé que, conformément au principe d’exclusivité et de compétence de l’État à l’égard de son propre territoire et les principes de normalisation internationale des noms géographiques établie au sein des Nations Unies, seuls les noms géographiques normalisés par les autorités nationales compétentes doivent être reconnus et utilisés au sein des Nations Unies.  

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a regretté que les préoccupations humanitaires figurent rarement parmi les priorités des capitales.  Il a également constaté que les membres du Conseil de sécurité sont rarement assez unis pour défendre le droit international humanitaire et les droits humains.  Il a dénoncé les contradictions du Conseil de sécurité qui promeut un jour un principe avant de le contester le lendemain.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan de falsifier les causes du conflit au Haut-Karabakh, de présenter des arguments juridiques « trompeurs » et de présenter le Haut-Karabakh comme une entité fantoche.  L’Azerbaïdjan ignore les demandes du Conseil de sécurité de s’abstenir du recours à la force, de rétablir les liens énergétiques et les transports dans la région, de garantir un accès sans entrave de l’aide humanitaire et de s’engager en faveur d’un règlement politique dans le cadre du processus de Minsk.  Selon lui, l’Azerbaïdjan continue de poser des actes agressifs accompagnés d’une rhétorique violente de menace militaire ouverte, dénonçant notamment les agressions qu’il mène contre l’intégrité territoriale de l’Arménie depuis mai 2021.  L’Azerbaïdjan continue en outre d’ignorer les appels de la communauté internationale en faveur d’un retour immédiat des prisonniers de guerre, refuse la libération d’otages civils et empêche l’accès humanitaire au Haut-Karabakh.  Le délégué de l’Arménie a aussi attiré l’attention sur la destruction et le détournement du patrimoine culturel et religieux arménien et a fustigé le fait que l’Azerbaïdjan refuse l’accès à la mission indépendante d’établissement des faits de l’UNESCO pour procéder à un inventaire du patrimoine très riche de la région.  

Le délégué de l’Azerbaïdjan a rappelé que l’Arménie a envahi un territoire qui ne lui appartenait pas et que ce pays est auteur de violations persistantes du droit international.  Il a fustigé le caractère illicite de la tentative de sécession du territoire occupé, ce que le Conseil a confirmé.  Il a qualifié d’erronées les revendications mentionnées par l’Arménie.  Ce pays a nettoyé ses minorités de son territoire, notamment azerbaidjanaise.  Enfin, le délégué a dénoncé l’obstruction de l’Arménie au processus de paix.  Nous n’avons agressé personne, a conclu le délégué. 

Dans un deuxième exercice de droit de réponse, le délégué de l’Arménie a affirmé qu’en niant l’existence du Haut-Karabakh, l’Azerbaïdjan témoigne d’une intention génocidaire envers son peuple.  Il a accusé le pays de propager des discours de haine au plus haut niveau, s’appuyant sur des rapports du Conseil de l’Europe.  

Le représentant de l’Azerbaïdjan a ensuite accusé l’Arménie d’utiliser le débat de ce jour pour soulever des questions sans lien avec le thème de la réunion.  Il a regretté que le règlement intérieur de l’Assemblée générale ne limite pas la prise de parole pour la pratique du droit de réponse.    

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Rapport du Secrétaire général (A/76/783)

Déclarations

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la COVID-19 a illustré à quel point la préparation est importante, de même que l’accès aux services de santé.  Il a souligné que des services de santé dédiés à la lutte contre le VIH/sida sont importants pour renforcer les capacités des pays.  Sachant que 10 millions de personnes vivent avec le VIH sans bénéficier de soins, il a appelé à veiller au bien-être de ces personnes en leur fournissant les soins dont elles ont besoin, sans discrimination aucune.  Selon le Président de l’Assemblée générale, personne ne sera à l’abri du VIH tant que tout le monde ne le sera pas.  Il a déploré que le nombre de morts dû au VIH ne diminue pas assez vite pour faire reculer la pandémie.  Il a estimé que l’imbrication entre les deux pandémies, VIH et COVID-19, invite à faire face à ces deux problèmes ensemble.  Il a ainsi appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour combler le déficit de financement de la lutte contre le VIH/sida, afin d’éliminer la maladie d’ici à 2030. 

Après avoir survolé les derniers chiffres du VIH/sida, M. COURTNEY RATTRAY, Chef du Cabinet du Secrétaire général, a déclaré que nous pouvons y mettre fin si nous travaillons ensemble dans un effort très précis pour éliminer les inégalités en trois étapes.  Il faut d’abord s’attaquer à la discrimination et à la marginalisation des communautés, souvent exacerbées par des politiques et des lois punitives, les différences entre les sexes et la violence basée sur le sexe.  Ce sont ces inégalités qui augmentent les risques d’infection chez les femmes et les filles d’Afrique subsaharienne, montrant toute la valeur de leur éducation et de leur autonomisation.  Les gouvernements et leurs partenaires ne doivent pas non plus oublier de lutter contre la stigmatisation et la marginalisation des travailleurs du sexe, des toxicomanes ou des transgenres.  La solidarité sociale peut protéger tout le monde, a insisté le Chef de cabinet.

M. Rattray a aussi plaidé pour l’accès de tous aux innovations sanitaires.  Les nouveaux traitements doivent être disponibles dans les pays du Sud et, en l’occurrence, il faut se garder de répéter les erreurs du passé.  Nous savons maintenant que 12 millions de personnes ont perdu la vie par manque d’accès aux traitements.  Les innovations sanitaires doivent donc être partagées, a insisté le Chef de cabinet.  Éliminer le VIH/sida, c’est l’éliminer partout.  Le Chef de cabinet a également plaidé pour l’accroissement des ressources, en particulier les investissements dans la sécurité sanitaire et l’économie mondiales.  

L’Assemblée générale, a-t-il rappelé, a estimé à 29 milliards de dollars par an, les investissements qu’il faut pour combattre le VIH/sida dans les pays à bas revenu d’ici à 2025.  Les contributions aux autres crises, dont celle de l’Ukraine, ne sauraient se faire au détriment de la lutte contre le VIH/sida.  Si nous travaillons ensemble contre les inégalités qui perpétuent l’épidémie, nous pourrions sauver des millions de vies, prévenir d’autres pandémies et réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a conclu le Chef de cabinet. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a rappelé que la pandémie de COVID-19 frappe toujours certaines parties du monde.  Si l’on ajoute à cela la guerre en Ukraine, nous constatons que nous parons au plus pressé, l’épidémie de VIH/sida paraissant oubliée.  Le représentant a insisté sur la pleine mise en œuvre de la Déclaration politique et a plaidé pour l’accès de tous aux traitements existants, la lutte contre la stigmatisation des malades et le renforcement de la prévention.  Il y a trop de nouvelles infections, a-t-il alerté, avant de confirmer la détermination de l’Union européenne à éliminer le virus et à protéger les droits de l’homme.  Il a déploré que la dernière stratégie de l’OMS ait été adoptée pour la première fois non par consensus mais par vote.  Il y a 40 ans, a-t-il souligné, le virus paraissait imbattable mais le monde a fait de grands progrès.  Aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH peuvent mener une vie normale.

M. FRANÇOIS JACKMAN (Barbade), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a regretté que, malgré la diminution du taux d’infection à VIH, cette baisse n’est pas assez importante pour mettre fin au sida d’ici à 2030.  Il a salué le fait que les régions des Caraïbes et d’Afrique subsaharienne aient connu les plus fortes réductions des infections depuis 2010.  Il a évoqué des mesures prises par la CARICOM dans ce domaine.  Au cours de la dernière année en particulier, la région des Caraïbes a élargi les services liés au VIH, tout en améliorant la collecte et la qualité des données et en renforçant la surveillance.  La CARICOM est également focalisée sur la lutte contre les inégalités, y compris dans le financement de la santé et des systèmes de santé, les inégalités d’accès aux médicaments et aux technologies de santé, entre autres.

Au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama) a indiqué que dans sa région, 69% des personnes diagnostiquées ont reçu un traitement, grâce à la mobilisation de ressources et au mécanisme régional de négociation du prix des médicaments.  Intégrant les directives de l’OMS dans leur système de santé, les pays de la région ont par exemple mis sur pied des cliniques de contrôle du VIH/sida et autres maladies sexuellement transmissibles.  Toutefois, a reconnu la représentante, il existe un fossé entre eux et à ce stade, le plus important est de maintenir le niveau des ressources pour la prévention.  L’objectif du Système est de parvenir à une couverture de 95%, ce qui exigera la levée des obstacles juridiques et sociaux.  Le Panama, qui traverse une crise avec 31 000 personnes vivant avec le VIH/sida dont 70% d’hommes, assure désormais un accès universel et gratuit aux antirétroviraux.  Plusieurs stratégies ont été mises en place pour maintenir les séropositifs dans le système de santé et le Plan stratégique multisectoriel pour le VIH/sida 2022-2024 a été mis à jour.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit préoccupé par le fait qu’à ce jour, la pandémie du VIH/sida est responsable de plus de 13 000 décès par semaine, sapant les efforts déployés pour atteindre la couverture sanitaire universelle et les objectifs mondiaux en matière de santé.  Il a constaté que la pandémie du sida se heurte également à celle de la COVID-19, car le monde ne parvient pas à lever les obstacles sous-jacents à l’accès équitable aux services de soins de santé et reste dangereusement sous-préparé.  Il a dénoncé le manque de ressources pour faire face aux pandémies émergentes et existantes.  Cette situation va à l’encontre de l’objectif principal de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2021, a déploré le délégué.  

Il s’est alarmé de la persistance d’importants écarts de traitement dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, où vivent plus de la moitié (57%) des femmes enceintes séropositives qui ne reçoivent pas de traitement antirétroviral, avec des systèmes de santé publique qui ne répondent pas aux normes.  L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée, les cas de VIH augmentent en Afrique du Nord et la lutte contre le VIH/sida continue de laisser de côté les enfants et les jeunes en Afrique, a déploré le représentant qui a noté que le VIH/sida est la principale cause de décès parmi les adolescentes et femmes âgées entre 15 et 49 ans.  Il a estimé que l’innovation est nécessaire pour produire de meilleurs médicaments antirétroviraux, vaccins et traitements, y compris un traitement efficace et abordable pour les infections courantes telles que la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles et l’hépatite.  La prophylaxie préexposition préventive doit également être disponible et abordable pour tous les pays, y compris ceux d’Afrique.

Le représentant s’est également dit préoccupé par la persistance de la stigmatisation et de la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH/sida.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour encourager les gens à s’abstenir de consommer des opioïdes, avant de se déclarer convaincu qu’il sera possible d’atteindre l’objectif de zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès dû au sida avant même l’échéance fixée.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a rappelé l’ambition du monde d’éliminer l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.  Mais nos objectifs « 95-95-95 » demeurent hors d’atteinte, a-t-il dit.  Dans la région Pacifique, seulement 75% des personnes connaissent leur séropositivité et, parmi celles-ci, 80% bénéficient d’un traitement.  La pandémie de COVID-19 a aussi entravé la réponse à l’épidémie de VIH/sida, a poursuivi le délégué, en rappelant que le nombre de personnes se faisant tester a baissé de 22%.  Il a appelé à des efforts accrus et à des engagements financiers et politiques renouvelés.  Enfin, il a rappelé que son pays a contribué à hauteur de 920 millions de dollars australiens au Fonds mondial. 

Mme NICHAMON MAY HSIEH (Thaïlande) a appelé à la fin des inégalités, qui passe assurément par la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/sida.  Par peur de la discrimination, beaucoup de gens hésitent à se faire tester, ce qui est un obstacle à la prévention et aux soins, essentiels pour mettre fin à l’épidémie.  La Thaïlande, s’est réjouie la représentante, est l’un des pionniers du partenariat mondial pour l’action visant à éliminer toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH.  Elle a confirmé que la couverture sanitaire universelle reste la clef et qu’en tant que Présidente du Conseil de coordination d’ONUSIDA, la Thaïlande compte promouvoir les progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration politique et de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a partagé l’expérience « louable » de son pays en matière de lutte contre le VIH/sida, qui grâce à ses efforts coordonnés a réussi à réduire de 57% le nombre de nouveaux cas et de 56% le nombre de décès liés au sida par rapport à 2010.  La Sri Lanka a également éliminé la transmission verticale du VIH et de la syphilis congénitale depuis 2020 et a atteint le niveau zéro pour les cas de transmission du VIH de la mère à l’enfant depuis 2017, s’est enorgueilli le délégué.  Le nombre de nouveaux cas signalés chaque année est inférieur à 200 et le taux de prévalence chez les adultes (15 à 49 ans) est inférieur à 0,1%, a-t-il ajouté.

Pour M. Pieris, le thème de la Déclaration politique adoptée en 2021 visant à « mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 » est un défi en soi car le monde entier se remet actuellement de l’impact de la pandémie de COVID-19.  Les priorités des pays ont changé, tout comme l’allocation de leurs ressources, a fait remarquer le délégué.

Mme ROZELIN ROCHETTE DE JESUS SOL (Philippines) a expliqué qu’aux Philippines, la priorité est donnée à l’élargissement de l’accès à la prévention, aux tests et aux traitements de qualité pour les personnes touchées par le VIH et au renforcement de l’appui multisectoriel afin d’élaborer des politiques plus inclusives.  La prévalence croissante des cas dans le pays a exigé des lois pour assurer un accès non discriminatoire aux soins pour les personnes touchées par le VIH/sida, a indiqué la représentante, en expliquant notamment que désormais les adolescents peuvent se faire tester sans consentement des parents.  Les Philippines vont continuer de travailler à rechercher les meilleurs résultats possibles pour les populations vivant avec le VIH, a-t-elle assuré.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est inquiété du déclin trop lent des infections à VIH et les décès liés au sida dans le monde et du déficit de financement de ces efforts.  Si les barrières sociétales ralentissent les progrès, force est de constater que les interventions fonctionnent, a-t-il relevé, observant que le dépistage et le traitement du VIH sont efficaces de même que la prévention du VIH fondée sur des données probantes.  Selon lui, une leçon clef de la COVID-19 a été d’intégrer les services contre le VIH avec le traitement d’autres maladies.  Ces stratégies font partie de la riposte de l’Afrique du Sud au VIH/sida, a-t-il indiqué, précisant que son pays met actuellement en œuvre un plan stratégique 2017-2022 qui est sa feuille de route pour l’élimination de la pandémie de VIH au niveau national.  De plus, compte tenu du nombre élevé de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud, nous avons le programme de traitement antirétroviral le plus important au monde, avec des résultats en matière de durée de vie des populations touchées et de réduction du taux de morbidité liée au VIH, a-t-il ajouté.  

Le délégué a indiqué que, face à la propagation continue des infections à VIH parmi les jeunes, surtout les filles, l’Afrique du Sud continue de promouvoir une réponse multisectorielle fondée sur les principes des droits de l’homme et de l’égalité d’accès, qui inclut l’autonomisation économique des jeunes femmes et des filles, en veillant à ce qu’elles aient accès aux services de santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à une éducation sexuelle complète.  Notre politique est de fournir un traitement à tous ceux dont le test est positif afin d’obtenir une suppression virale et réduire la transmission.  Rappelant à cet égard que l’Afrique du Sud a été le premier pays africain à approuver l’utilisation de la prophylaxie préexposition (PrEP), qui a été la clef de son programme de prévention, il a précisé qu’en termes d’objectif 90-90-90, le pays avait en juin 2021 un score de 93-76-89.  Il a assuré que le pays met en œuvre des stratégies novatrices pour rattraper son retard et atteindre l’objectif 95-95-95 d’ici à 2025.

Pour le représentant, l’engagement des parties prenantes et des communautés a été la clef de la lutte contre le VIH/sida en Afrique du Sud.  Nous avons reconnu très tôt que les populations touchées, la société civile et les organisations communautaires devaient être les piliers centraux de notre système d’intervention, a-t-il expliqué, avant d’indiquer que son pays continue de faire d’importants investissements dans cette lutte en utilisant ses ressources intérieures.  Il a également salué les investissements dont bénéficie l’Afrique du Sud via le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui, depuis 2003, a rapporté au pays 1,3 milliard de dollars.  Alors que le Fonds a augmenté sa dotation pour la période 2022-2025 à 546 millions de dollars, contre 369 millions de dollars pour 2019-2022, il a assuré que l’Afrique du Sud honorera ses engagements financiers pendant la période de reconstitution en cours.  Enfin, il a réitéré son appel à plus de flexibilité dans le cadre de l’Accord sur les ADPIC afin de permettre la production locale de produits médicaux et d’encourager le partage des technologies.  

Mme CECILIA FORGBE MC GILL (Libéria) a indiqué que son pays a ciblé son action sur des groupes de population clefs.  Selon les chiffres de 2019, 39 000 personnes vivent avec le virus au Libéria, 19 000 nouvelles personnes sont infectées chaque année, les décès liés au virus sont de 1 800 par an et 93% des femmes enceintes nécessitant un traitement antirétroviral en bénéficient.  Le taux de prévalence du virus chez les femmes enceintes est de 2,4%.  Elle a précisé que le Traitement Post-Exposition (TPE) est accessible dans tout le pays.  Le Libéria a aussi lancé un plan d’action zéro discrimination visant à remédier à la stigmatisation et aux discriminations.  Mon pays vise à faire en sorte que toute personne vulnérable vivant avec le virus ait accès à la justice pour remédier à une violation de leurs droits, a-t-elle ajouté.  Enfin, elle a déclaré que son pays combat la violence sexuelle et tient des consultations avec des leaders d’opinions afin de combattre les discriminations touchant les personnes vivant avec le virus.

M. ALEJANDRO GONZÁLEZ BEHMARAS (Cuba) a estimé que la communauté internationale a des ressources suffisantes pour obtenir de meilleurs résultats en matière de santé et de bien-être des personnes.  Pourtant, le manque de volonté politique entrave ces efforts et des millions de dollars partent en dépenses militaires alors que des personnes manquent d’accès aux soins de santé élémentaires.  Pour le représentant, la riposte à la pandémie de COVID-19 ne doit pas faire oublier les efforts nécessaires pour vaincre celle du VIH/sida.  Dans ce contexte très complexe pour les pays en développement, il est crucial, selon lui, de mettre l’accent sur la coopération internationale et sur la mise en œuvre effective de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.  Assurant que Cuba est attachée aux efforts menés par l’ONU dans cette lutte, il a indiqué que son pays apporte sa pierre à l’édifice au travers de son action nationale.  Le système de santé publique s’emploie à répondre aux besoins de chaque groupe de population, la mortalité liée au VIH/sida recule et le taux d’incidence semble indiquer une stabilisation, s’est-il enorgueilli.  De plus, les personnes de moins de 15 ans ne sont pratiquement pas infectées et, en 2015, Cuba a réussi à éliminer la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant.  Pour atteindre ces résultats, fruits de l’efficacité de ses programmes de prévention et de traitements antirétroviraux, Cuba a dû faire face au blocus imposé par les États-Unis depuis plus de six décennies, a dénoncé le délégué.  Ce blocus, qui lui occasionne des pertes de plus de deux milliards de dollars par an, entrave aussi les projets financés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, gérés par le PNUD.  Malgré cela, rien ne nous empêchera d’ériger une société plus juste et plus inclusive pour ceux qui vivent avec le VIH/sida, a-t-il conclu, estimant que la solution réside dans la solidarité et le multilatéralisme.  

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a indiqué que la pandémie de COVID-19 a augmenté considérablement les risques que connaissent les personnes vivant avec le VIH/sida, citant notamment les pénuries de fournitures nécessaires à la riposte au VIH et la pénurie de personnel soignant par suite de décès ou de réaffectation à la lutte contre la COVID-19.

Malgré ces défis, le programme national VIH/sida de la Zambie a fait preuve de résilience.  Le Gouvernement zambien, en collaboration avec tous les partenaires concernés, a mis au point des approches et des interventions novatrices qui lui ont permis de faire face à la pandémie jusqu’à présent.  Le représentant a aussi indiqué que son pays est en train d’élaborer un nouveau cadre stratégique de lutte contre le VIH pour les cinq prochaines années.  

Mais malgré ces efforts, la Zambie continue de faire face à des défis tels que l’augmentation des nouvelles infections, en particulier chez les adolescentes et les jeunes femmes.  Pour finir, il a alerté sur la menace de l’épuisement des dons qui risque d’impacter négativement les gains engrangés en matière de contrôle de l’épidémie de VIH/sida.  

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a constaté que malgré des réalisations dans de nombreuses régions du monde, la riposte internationale au VIH/sida nous rappelle également à quel point les progrès peuvent être fragiles si nous retombons dans la complaisance ou la perte de vue.  La pandémie de COVID-19 continue de mettre à rude épreuve les systèmes de santé publique et perturbe les services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH dans le monde entier, a-t-elle regretté en demandant que nos efforts concertés pour mettre fin à une pandémie ne se fassent pas au détriment de l’engagement de plusieurs décennies à mettre fin à une autre.  Au lieu de cela, pour y faire face efficacement et prévenir de futures pandémies, il faut renforcer les systèmes de santé publique conformément à l’ODD 3 et promouvoir des institutions efficaces, responsables et inclusives conformément à l’ODD 16, a-t-elle martelé en rappelant que la lutte contre le VIH/sida ne concerne pas seulement la santé et le bien-être, mais aussi des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Elle a estimé crucial d’éliminer les obstacles sociétaux aux services pour les communautés qui en ont le plus besoin.  Elle a aussi dénoncé les lois discriminatoires ciblant les populations LGBTQI dans de nombreux pays qui entravent la lutte contre la pandémie.  La marginalisation économique et sociale des groupes les plus exposés au risque d’infection par le VIH, tels que les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe, les prisonniers, les personnes transgenres et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les empêche souvent de jouir pleinement de leurs libertés fondamentales et de leurs droits humains, et surtout de leur droit à la santé, a souligné Mme Oehri.  Une réponse appropriée au VIH/SIDA doit donc nécessairement prendre en compte et pleinement reconnaître tous les éléments fondamentaux des risques et vulnérabilités liés au VIH.  Constatant aussi que les femmes et les filles sont encore disproportionnellement vulnérables à la pandémie, elle a appelé à prendre en compte leur situation particulière.

M. GEOFFREY BLACK (Canada) a estimé que l’approche axée sur les droits humains est la clef de la lutte contre le VIH/sida, tout comme l’approche genre.  Pour de nombreuses filles, s’est-t-il expliqué, l’école est la clef pour acquérir des connaissances et se mettre à l’abri des fléaux comme le mariage et les grossesses précoces.  Au Canada, a-t-il avoué, la COVID-19 est venu exacerber les tendances dévastatrices de la consommation de stupéfiants.  Il a appelé à plus de volonté politique contre le VIH/sida, exhortant les États à privilégier les plus vulnérables.  Il a aussi annoncé qu’au mois de juillet de cette année, le Canada organisera une conférence internationale sur la pandémie de VIH/Sida, laquelle mettra justement l’accent sur la question des données, cruciale pour mieux cerner les enjeux.

M. JOHN KYOVI MUTUA (Kenya) a insisté sur l’importance qu’il y a à mettre l’accent sur la prévention et la lutte contre la stigmatisation.  Il a détaillé l’action de son pays en la matière, dont l’offre de tests et de médicaments aux groupes clefs.  Il a plaidé pour des dérogations aux droits de propriété intellectuelle et pour un appui à la réalisation de la couverture sanitaire universelle.  Agissons ensemble pour vaincre l’épidémie, a conclu le délégué, avant de souligner l’engagement du Kenya en faveur de l’application de la Déclaration.

Pour M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde), il est essentiel de faire preuve d’une véritable volonté politique au plus haut niveau pour lutter contre le VIH/sida et combler les fossés.  Dès que la pandémie de COVID-19 a commencé, l’Inde, a dit son représentant, n’a pas hésité à impliquer les communautés, la société civile et les partenaires au développement pour atténuer les conséquences de la COVID-19 sur les services voués au VIH/sida.  Le représentant s’est enorgueilli du modèle « unique » de son pays en matière de prévention du VIH/sida.  Il a aussi vanté les mérites du « contrat social » qui consiste, avec l’aide de la société civile, à mettre en œuvre un programme sur les changements de comportement, la communication, le plaidoyer, la prestation de service, le dépistage et le traitement.  Dans tous ses efforts, l’Inde est restée attachée à la coopération internationale, en particulier avec l’Afrique, a conclu le représentant. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a estimé que pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030, il faut lutter contre les inégalités, placer les personnes et les communautés au centre de la riposte, mobiliser des ressources et des financements, promouvoir l’égalité des sexes, garantir les droits sexuels et reproductifs et autonomiser les femmes et les filles dans toute leur diversité, en tirant les leçons de cette expérience pour mieux se préparer aux futures urgences.  Les États doivent continuer à travailler pour garantir un accès équitable à la prévention, au diagnostic, au traitement et aux soins.  Pour cela, il est essentiel de mettre en œuvre une approche basée sur les droits humains et l’égalité des sexes, tout en garantissant la dignité des personnes vivant avec le VIH/sida.  

Il est également essentiel de tenir compte, en particulier, des besoins de toutes les personnes identifiées comme populations clefs, c’est-à-dire celles qui sont en situation de vulnérabilité et privées d’accès.  Travailler à réduire la stigmatisation, la discrimination et la criminalisation est sur quoi les États Membres doivent se concentrer.  En Argentine, un nouveau projet de loi sur le VIH/sida, l’hépatite virale, les MST et la tuberculose est en cours d’élaboration, avec la participation des organisations de la société civile et des populations clefs, ce qui constitue un progrès vers une réponse globale appuyée sur une approche fondée sur les droits, a précisé la déléguée.

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a rappelé qu’en 1994, son pays a créé le Programme national de lutte contre le VIH/sida, avec 20 unités réparties dans toutes les régions.  En 2018, une réglementation a été adoptée pour protéger les droits des personnes infectées et garantir leur prise en charge médicale et psychosociale, dans le respect de leurs droits.  L’article 6 de cette réglementation proscrit par exemple l’avortement forcé des femmes infectées et bien que l’Arabie saoudite soit l’un des pays au taux d’infection le plus faible au monde, des lois contre la discrimination à l’égard des personnes infectées ont été néanmoins adoptées.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a voulu que l’on redouble d’efforts pour vaincre le VIH/sida d’ici à 2030.  Le représentant a prévenu que dans son pays, ces efforts sont entravés par les sanctions.  Malgré tout, la sensibilisation des jeunes et un bon accès aux traitements sont restés au cœur de l’action nationale.  Près de 6 200 personnes reçoivent un traitement antirétroviral, financé à hauteur de 84% par le Gouvernement.  Des soins psychologiques sont aussi dispensés, en particulier aux personnes qui viennent d’apprendre leur séropositivité.  Le représentant s’est tout de même étonné qu’il n’y ait toujours pas de vaccin contre le VIH alors que ceux contre la COVID-19 ont été élaborés en moins d’un an.  Déployons les mêmes efforts contre le VIH/sida, a-t-il pressé.

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a estimé à quelque 340 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dans son pays, dont 7 sur 10 connaissent leur diagnostic et 6 sur 10 sont sous traitement antirétroviral.  C’est pourquoi son pays concentre ses efforts sur la réduction des inégalités qui augmentent le risque de contracter la maladie, notamment parmi les populations vulnérables.  Le Mexique promeut, en outre, des politiques publiques avec des stratégies de prévention combinées.  C’est ainsi, a-t-elle dit, que des programmes ciblant les populations clefs ont été mis en place en même temps que des formations en faveur pour les agents de santé.  Ces initiatives visent la prévention au niveau communautaire tout en fournissant des soins aux personnes vivant avec le virus.  Conformément aux meilleures pratiques internationales, nous accordons une attention particulière à la population la plus exposée, a insisté la déléguée.

Afin d’atteindre l’objectif international d’éviter les cas de transmission verticale, son pays a développé en 2021 un nouveau modèle, également applicable à la syphilis, à travers cinq piliers essentiels, notamment l’accès en temps utile au diagnostic et au traitement, l’accompagnement et encore la création d’un observatoire pour la prévention de la transmission verticale.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a expliqué que dans son pays, environ 340 000 adultes et 30 000 enfants vivent avec le VIH/sida, dont 100 000 sont sous contrôle; les régions du sud et de l’est connaissant la prévalence la plus élevée.  Quelque 800 unités de traitement ont été mises en place dans tout le pays, lequel mène également des programmes de sensibilisation des jeunes.  Le Gouvernement a aussi augmenté le nombre des laboratoires de dépistage, améliorant ainsi la connaissance du virus et la prise en charge des patients.  Pour ce qui est de l’achat des médicaments, le Gouvernement angolais assume 30% et le Fonds mondial, 70%.  L’Angola s’est aussi joint au Programme de l’Union africaine « Born Free to Shine », une initiative visant à prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  En outre, le Gouvernement continue de développer des programmes pour protéger les personnes vivant avec le VIH/SIDA contre la stigmatisation, la discrimination et l’intolérance.

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a affirmé que son pays a fait d’énormes progrès dans la prévention et le contrôle de l’infection de VIH/sida, au cours des dernières décennies.  La Pologne est en bonne voie pour parvenir à l’éradication du VIH/sida d’ici à 2030.  Son nouveau programme national 2021-2026 met l’accent sur la prophylaxie et cible en priorité les personnes à risque.  Dans tout le pays, le dépistage est gratuit, y compris pour les étrangers, dont ceux qui affluent en raison de l’agression russe contre l’Ukraine.

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a précisé que plus de 700 000 personnes bénéficient d’un traitement antirétroviral au Brésil.  Dans un but de détection précoce, plus de 13 millions de tests rapides ont été distribués en 2021, de même que 342 millions de préservatifs masculins et 13 millions de préservatifs féminins.  Le traitement PrEP a été intégré en 2018 dans la politique publique en faveur des personnes ayant le plus grand risque de contracter le virus.  Le délégué a aussi indiqué que les personnes vivant avec le virus ont fait partie des groupes prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19.  En 2014, une loi fédérale a érigé en infraction toute discrimination contre les personnes vivant avec le virus.  Enfin, rappelant que le chemin est encore long pour vaincre l’épidémie, le délégué a redit son engagement en faveur de l’application de la Déclaration.

M. JASON MACK (États-Unis) a salué la mémoire des 36 millions de personnes qui ont tragiquement perdu la vie à cause du VIH/sida et renouvelé la détermination de son pays à rester aux côtés des 38 millions qui vivent avec le VIH aujourd’hui.  Il a plaidé pour l’accès de tous aux services, en particulier les personnes les plus durement touchées par la pandémie, la communauté LGBTI, les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogue, les minorités ethniques, les femmes et les filles.  Il a salué l’action de la société civile, en insistant sur le rôle central des communautés.  S’agissant de la politique nationale, il a cité le plan d’urgence de la présidence américaine qui fête cette année son dix-neuvième anniversaire et qui depuis sa création, a permis d’investir 100 milliards de dollars dans la riposte mondiale contre le VIH/sida.  Il a aussi rappelé l’annonce faite en décembre 2021 par le Président Joe Biden, sur l’organisation prochaine de la septième Conférence de promesse de contribution au Fonds mondial.

M. RODRIGO ANDRÉS MÉNDEZ BOCANEGRA (Colombie) a parlé de la mise à jour, dans son pays, des guides cliniques, des schémas de traitement et de l’accent mis sur la prophylaxie.  Il a insisté sur les efforts nationaux pour garantir l’accès à la santé de tous, y compris des migrants venus du Venezuela.  Il a aussi évoqué la nouvelle stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida, les hépatites et les MST.  En guise de conclusion, il a fait valoir que la lutte contre le VIH/sida doit s’inscrire dans les efforts visant la réalisation des objectifs de développement durable et de la couverture sanitaire universelle.

Mme VICTORIA MANGAY SULIMANI (Sierra Leone) a relevé que les inégalités exacerbées par la pandémie de COVID-19 ont aggravé celles qui existaient déjà et qu’elles continuent d’alimenter de nouveaux cas d’infection au VIH, en particulier chez les adolescentes, les jeunes femmes et certaines populations cibles.  En Sierra Leone, l’épidémie se féminise, avec des infections parmi les femmes, deux fois plus élevées que chez les hommes.  Les filles âgées de 15 à 24 ans sont trois fois plus susceptibles d’être infectées que les garçons de la même tranche d’âge.  Protéger nos filles des mariages et des grossesse précoces ainsi que de la violences sexuelle et fondée sur le sexe reste une priorité essentielle, a affirmé la représentante.  L’accès égal des hommes, des femmes, des garçons et des filles aux services reste le fondement de la riposte nationale contre le VIH/sida.  Mettre fin aux inégalités est le moyen le plus sûr de mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030, a insisté la représentante.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a rappelé que 13 000 personnes meurent chaque année du VIH/sida et que le nombre des décès et des infections ne décline pas.  Le représentant a confirmé l’engagement de son pays en faveur de l’élimination du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose.  Il a plaidé pour un meilleur accès aux traitements et pour une prévention renforcée.  Prévenir vaut toujours mieux que guérir, a-t-il rappelé, préconisant de cibler les groupes clefs, d’améliorer l’accès aux préservatifs féminins et masculins et de renforcer l’action dans le domaine de la pédiatrie.  Le représentant a aussi plaidé pour un appui financier à ONUSIDA et au Fonds mondial.

Mme ANDERSON (Royaume-Uni) a indiqué que son pays a publié son plan d’action 2022 et qu’il a atteint pour la troisième année consécutive la cible 90-90-90.  Si ces résultats positifs se confirment, le Royaume-Uni pourrait devenir la première nation au monde à parvenir au taux zéro de transmission d’ici à 2030, a-t-elle souligné, avant de se prononcer pour une éducation sexuelle complète pour tous et ce, pour régler les problèmes de violence et d’abus sexuels.  Dans ce contexte, a poursuivi la représentante, la communauté internationale doit continuer d’appuyer ONUSIDA pour parvenir à l’objectif de 90% de jeunes bénéficiant d’une éducation sexuelle complète d’ici à 2026.  Nous devons également adopter une approche globale et intégrée qui tienne compte des populations les plus à risque, en particulier les détenus, les transgenres et les homosexuels.  Enfin, a-t-elle conclu, nous devons rattraper le retard provoqué par la pandémie de COVID-19 et mesurer les conséquences de cette crise sanitaire mondiale sur les soins et traitements du VIH/sida. 

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