Soixante-seizième session,
63e & 64e séances – matin & après-midi
AG/12412

L’Assemblée générale proclame le 12 mai Journée internationale de la santé des végétaux et entend des demandes de réparation pour les victimes de la traite des esclaves

Lors de la commémoration, ce matin à l’Assemblée générale, de l’abolition de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, le Secrétaire général a appelé à inverser les conséquences de générations d’exploitation, d’exclusion et de discrimination, grâce à des cadres de justice réparatrice, un appel à l’octroi de réparation dont se sont fait l’écho de nombreuses délégations.  L’Assemblée a ensuite décidé de tenir en 2024 une réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens. 

En adoptant sans vote la résolution « Saisir les plus hautes instances politiques des questions de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies », présentée par la Norvège, l’Assemblée générale a également appelé les États Membres à participer à la rédaction et à la négociation « d’une convention, d’un accord ou d’un instrument » de l’Organisation mondiale de la Santé sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies.

Par un texte présenté par la Zambie et adopté sans vote, elle a en outre décidé de proclamer le 12 mai Journée internationale de la santé des végétaux. 

Célébrée officiellement le 25 mars de chaque année, la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves a été l’occasion pour le Secrétaire général de relever que plus de 200 ans après la fin de la traite, le « mensonge vicieux » de la suprématie raciale reste bien vivant aujourd’hui, ajoutant qu’il trouve même une nouvelle résonance dans les « chambres d’écho de la haine en ligne ».  Mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage est un impératif mondial pour la justice, a-t-il déclaré. 

Constatant que la traite négrière transatlantique a entravé le développement du continent pendant des siècles, M. António Guterres a également appelé à inverser les conséquences de générations d’exploitation, d’exclusion et de discrimination, grâce à des cadres de justice réparatrice, relevant en outre qu’hors du continent africain, les personnes d’ascendance africaine sont souvent parmi les dernières à bénéficier de soins de santé, de l’éducation, de la justice et de toute autre opportunité. 

Cette commémoration a également été marquée par l’intervention de la créatrice du « 1619 Project » qui a exhorté à ne pas oublier la tradition noire de la résistance, évoquant l’histoire de Palmares, quilombo fondé au Brésil par des esclaves fugitifs, les grandes révoltes d’esclaves en Jamaïque ou encore la création de la première république noire au monde, Haïti, ainsi que les mânes d’Harriet Tubman ou de Frederick Douglass.  « Ce qui caractérise l’histoire des Noirs des Amériques ce n’est pas l’esclavage, mais la liberté », a déclaré Mme Nikole Hannah-Jones.

Ce n’est qu’en reconnaissant l’histoire que nous pouvons comprendre comment elle continue d’informer et d’affecter le présent, a renchéri le Président de l’Assemblée générale.  Ce n’est qu’alors que nous pourrons nous attaquer correctement aux injustices qui persistent encore et que nous pourrons véritablement honorer ces victimes qui ont été la proie de l’une des institutions les plus vicieuses jamais conçues par l’humanité, a affirmé M. Abdulla Shahid. 

La question de la réparation était au centre de nombreuses déclarations, à commencer par le Lesotho, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique.  Le temps est venu de discuter en profondeur de la question d’une justice réparatrice pour les victimes de la traite transatlantique, a martelé Haïti, tandis que la délégation des États-Unis a annoncé que le Président Biden signerait aujourd’hui même la loi antilynchage récemment adoptée par le Congrès. 

De son côté, l’Angola a fait observer que la situation socioéconomique actuelle du continent africain est étroitement liée aux conséquences de la traite des esclaves, la période entre les XVIe et XIXe siècles ayant notamment été marquée par la stagnation économique de l’Afrique.  La traite transatlantique des esclaves a également eu une influence majeure sur la fragmentation politique du continent, a ajouté la délégation qui a dénoncé les interventions brutales ainsi que les guerres liées à la concurrence entre dirigeants africains pour la capture et le commerce des esclaves. 

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a par ailleurs décidé d’accréditer le Conseil nordique et de l’inviter à participer à la réunion « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance » en tant qu’organisation intergouvernementale ayant statut d’observateur. 

Le Fonds nordique de développement a, quant à lui, été accrédité et invité à participer aux travaux de l’édition 2022 de la Conférence des Nations Unies visant à appuyer la réalisation de l’objectif de développement durable n°14: conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

COMMÉMORATION DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE ET DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES

Déclarations

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a rappelé la réalité brutale de la traite transatlantique des esclaves, qui reste à ce jour le plus grand déplacement forcé de personnes de l’histoire.  L’esclavage était destiné à enlever les noms, la personnalité et l’héritage de ses victimes.  En documentant, en partageant et en réfléchissant à leurs histoires, nous les empêchons de sombrer dans l’obscurité et nous réaffirmons leur dignité humaine individuelle, a déclaré le Président, insistant en outre sur le devoir de sensibiliser aux séquelles pernicieuses de l’esclavage, y compris le racisme, la discrimination et l’injustice sociale. 

Il a exhorté à ne jamais oublier ce chapitre tragique de l’histoire, notant qu’on ne peut pas s’attendre à ce que ce traumatisme collectif, subi pendant des centaines d’années par les générations successives, guérisse rapidement.  À ce jour, les conséquences de la traite transatlantique des esclaves et les attitudes racistes qui l’ont facilitée perdurent encore et affectent la vie de nombreuses personnes d’ascendance africaine, a-t-il dénoncé.  Rappelant sa visite de l’île de Gorée au Sénégal, le Président a souligné que l’esclavage n’était pas seulement une terrible épreuve individuelle, mais un traumatisme culturel par lequel un groupe de personnes était soumis à une douleur et une torture si inhumaines qu’il déshumanisait leur existence, leur identité de groupe, leurs valeurs, leurs sentiments et leur vision culturelle du monde. 

Selon le Président de l’Assemblée générale, la solidarité avec les victimes est le strict minimum que nous puissions faire pour remédier à ces inégalités.  Ce n’est qu’en reconnaissant l’histoire que nous pouvons comprendre comment elle continue d’informer et d’affecter le présent.  Ce n’est qu’alors que nous pourrons nous attaquer correctement aux injustices qui persistent encore et que nous pourrons véritablement honorer ces victimes qui ont été la proie de l’une des institutions les plus vicieuses jamais conçues par l’humanité, a-t-il affirmé.  Il a également exhorté à se dresser contre le racisme et la discrimination, et à prendre des engagements plus importants en faveur de la justice sociale et de l’égalité de valeur et de dignité de toutes les communautés, indépendamment de la caste, de la croyance ou de la couleur de peau.  « Écrivons un nouveau chapitre de notre histoire, rempli de justice et d’égalité. »  

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que nous ne connaîtrons jamais tous les actes de résistance, petits ou grands, qui ont lentement mais sûrement triomphé de l’injustice, de la répression et de l’esclavage.  Mais ces récits sont cruciaux pour notre compréhension d’un passé dont la cause la plus pernicieuse et l’héritage le plus persistant tachent encore notre présent: le racisme.  Il a indiqué que le commerce transatlantique des Africains réduits en esclavage a contribué à façonner les conceptions modernes de la race, les Africains ayant été dépeints comme moins qu’humains pour rationaliser l’inhumanité de la traite des esclaves.  Plus de 200 ans après la fin de la traite transatlantique des esclaves, le mensonge vicieux de la suprématie raciale reste bien vivant aujourd’hui, s’est indigné le Secrétaire général, ajoutant qu’il trouve même une nouvelle résonance dans les chambres d’écho de la haine en ligne.  Mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage est un impératif mondial pour la justice, a-t-il tranché.

M. Guterres a constaté que la traite négrière transatlantique a entravé le développement du continent pendant des siècles.  Dans le même temps, la prospérité atteinte dans une si grande partie du monde occidental n’a été possible que grâce à l’exploitation du travail et du savoir-faire des esclaves africains.  Il a appelé à inverser les conséquences de générations d’exploitation, d’exclusion et de discrimination, y compris leurs dimensions sociales et économiques évidentes, grâce à des cadres de justice réparatrice.  Reconnaître les torts du passé, abattre les statues d’esclavagistes et demander pardon ne saurait annuler ces crimes, a-t-il concédé, mais cela peut parfois contribuer à libérer le présent -et l’avenir- des chaînes du passé. 

Il a également appelé à veiller à ce que les erreurs du passé ne détournent pas notre attention des maux du présent, relevant notamment qu’hors du continent africain, les personnes d’ascendance africaine sont souvent parmi les dernières à bénéficier de soins de santé, de l’éducation, de la justice et de toute autre opportunité.  La diaspora africaine a enrichi les sociétés du monde entier, et pourtant, elle fait toujours face à la marginalisation, à l’exclusion et aux préjugés inconscients, a regretté M. Guterres.  Dès lors, en cette Journée internationale du souvenir, le Secrétaire général a invité tout un chacun à rendre hommage aux victimes de l’esclavage, dont la mémoire est immortalisée par l’Arche du retour qui se dresse devant le bâtiment de l’ONU.  Cette arche nous invite à faire front commun contre le racisme; à nous attaquer aux inégalités et aux injustices; à apprendre et à enseigner le passé; et à bâtir des sociétés fondées sur la dignité, le respect, la justice et les opportunités pour toutes et pour tous, a-t-il dit.

Mme NIKOLE HANNAH-JONES, journaliste au New York Times Magazine et créatrice du « 1619 Project », a indiqué qu’elle a consacré sa vie à documenter les traces et les conséquences de l’esclavage.  « J’en suis une descendante, née aux États-Unis, dans un pays qui a longtemps cru qu’il était le pays de la liberté. »  La traite est la plus grande migration forcée de l’histoire du monde, a-t-elle dit, en rappelant les horreurs endurées par les esclaves au bénéfice des puissances coloniales.  Elle a dénoncé les « lois Jim Crow » qui avaient cours aux États-Unis et constituaient un véritable apartheid.  Elle a aussi insisté sur la résistance des Noirs face à l’esclavage qui ont résisté à toutes les étapes du trajet qui les emmenait vers les Amériques.  « Nous ne devons pas oublier la tradition noire de la résistance », a insisté Mme Hannah-Jones. 

Elle a ainsi évoqué l’histoire de Palmarès, quilombo fondé au Brésil par des esclaves fugitifs, les grandes révoltes d’esclaves en Jamaïque ou bien encore la création de la première république noire au monde, Haïti, dont l’audace a été punie par les puissances occidentales.  Elle a aussi invoqué les mânes d’Harriet Tubman ou de Frederick Douglass, pour ensuite dénoncer la marginalisation des récits de la résistance noire, qui démontre l’hypocrisie des puissances collectives et altère la mémoire collective.  Mme Hannah-Jones a également mentionné la vie de ses ancêtres aux États-Unis marquée par le racisme et les discriminations.  « Ce qui caractérise l’histoire des Noirs des Amériques ce n’est pas l’esclavage, mais la liberté », a-t-elle déclaré, en insistant sur les luttes contemporaines, comme celles contre les violences policières. 

Enfin, Mme Hannah-Jones a invité les puissances occidentales, les États-Unis en tête, à devenir des puissances éthiques, affirmant qu’il est temps d’apporter des réparations aux descendants d’esclaves dans les Amériques.  Il n’y a pas de rédemption sans réparation, a-t-elle martelé.

M. NKOPANE R. MONYANE (Lesotho), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné la nécessité d’adopter toutes les mesures nécessaires pour éliminer la discrimination raciale sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, dénonçant la discrimination et le racisme que subissent les étudiants d’ascendance africaine alors qu’ils s’efforcent de fuir les zones de conflit en Ukraine.  Les réparations de l’esclavage et du colonialisme comprennent aussi l’élimination des cicatrices de l’inégalité raciale, de la subordination et de la discrimination qui ont été construites sous l’esclavage, l’apartheid et le colonialisme, a-t-il estimé.

M. Monyane a noté que c’est au niveau humain que l’étude de la traite transatlantique révèle sa véritable brutalité, évoquant les histoires de celles et ceux qui se sont battus contre leurs oppresseurs et qui ont triomphé pour gagner leur liberté.  Ces histoires se poursuivent aujourd’hui alors que les gens du monde entier continuent de lutter ensemble contre le racisme.  Le représentant a ensuite salué les triomphes du transfert culturel d’Afrique pendant la traite transatlantique des esclaves, citant notamment le cas du « riz jollof » africain qui est également un plat populaire en République dominicaine aux côtés du manioc et des patates douces au Brésil et dans les pays des Caraïbes et au-delà.  La contribution culturelle, artistique, scientifique, économique et politique des personnes d’ascendance africaine a triomphé de l’adversité, a affirmé M. Monyane pour qui le langage universel de la danse, l’art et la musique permet une reconnaissance des capacités de transformation de la culture africaine en Afrique et au-delà.  Pour lui, l’Arche du retour est un rappel brutal des voyages de l’esclavage mais extrêmement symbolique de l’espoir de la rédemption.   

Mme JOSIE-ANN DONGOBIR (Nauru), qui s’exprimait au nom des États d’Asie et du Pacifique, a déclaré que la traite des esclaves est l’une des pires violations des droits humains de l’histoire de l’humanité et a souligné l’importance d’éduquer les générations actuelles et futures sur les causes, les conséquences, les leçons et l’héritage de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, ainsi que le droit de demander réparation, un recours ou une satisfaction juste et adéquate. 

Elle a appelé à éliminer le racisme et la discrimination raciale sous toutes leurs formes, notant que les personnes d’ascendance africaine continuent d’être confrontées à la discrimination raciale, à la marginalisation et à l’exclusion.  Elle a également exprimé sa profonde préoccupation face à la montée de la violence et des crimes haineux contre les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique, y compris les diplomates asiatiques à New York, et appelé le gouvernement concerné à prendre des mesures concrètes pour lutter contre le racisme systématique, la discrimination raciale et les crimes de haine. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique), au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a rendu hommage à la mémoire des 15 millions d’Africains qui ont perdu la vie lors de la traite, la plus grande migration forcée de l’histoire du monde.  Il a plaidé pour une justice de réparation afin de remédier aux séquelles de l’histoire de l’esclavage et de la traite.  Les effets de l’esclavage restent présents dans les phénomènes de racisme et de discrimination dont des millions de personnes sont encore les victimes, a-t-il déploré.  Il a appelé à combattre ces effets, avant d’indiquer que l’esclavage existe encore.  Près de 40 millions de personnes sont victimes de l’esclavage moderne.  Enfin, il a plaidé pour la pleine mise en œuvre du Programme 2030 et de la Déclaration de Durban, pour vaincre l’esclavage moderne. 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique), qui s’exprimait au nom des États d’Europe occidentale et autres États, a appelé à ne jamais oublier les millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont perdu la vie du fait de la brutalité de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, demandant que les histoires de leur courage et de leurs réalisations soient racontées et transmises aux jeunes.  Il a également appelé à reconnaître que le racisme à l’encontre des personnes d’ascendance africaine est en partie une séquelle persistante de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. 

M. Kridelka a demandé à démanteler les structures racistes, les inégalités et les injustices raciales.  La commémoration d’aujourd’hui doit nous encourager à agir conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme qui proclame que personne ne saurait être tenu en esclavage ou en servitude, a estimé le représentant qui a également appelé à lutter contre le trafic et la traite des êtres humains. 

Mme BARBARA LEE (États-Unis) a appelé à réfléchir aux propos de Frederick Douglas, l’abolitionniste américain, qui avait déclaré que l’abolition de l’esclavage était ses plus profonds désir et ambition.  Elle a dénoncé le fait que l’esclavage ait contribué à la déshumanisation des personnes d’ascendance africaine, séquelle indélébile dans l’histoire des États-Unis, de l’Occident et de l’humanité. 

Elle a ensuite annoncé que le Président signera aujourd’hui même la loi antilynchage récemment adoptée par le Congrès américain.  Il aura fallu 120 ans avant que le Congrès cherche à pénaliser les actes horribles du lynchage, a-t-elle souligné en passant en revue d’autres législations qui ont été passées pour s’attaquer aux blessures du passé et octroyer réparation, y compris la loi George Floyd.  À l’échelle mondiale, les États-Unis défendent la création de l’Instance permanente des personnes d'ascendance africaine, a indiqué la représentante qui a par ailleurs fait savoir qu’elle s’était personnellement mobilisée pour assurer la participation américaine à l’Arche du retour.  Malgré ces efforts prometteurs, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à la pleine équité aux États-Unis et dans le monde, a-t-elle toutefois concédé.

M. FRANÇOIS JACKMAN, (Barbade), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a appelé à prendre des mesures supplémentaires pour remédier aux séquelles de l’histoire sanglante de l’esclavage et de la traite.  Le seul moyen de parvenir à cet objectif est la justice de réparation, a affirmé le délégué, rappelant que les chefs d’État de la CARICOM et de l’Union africaine ont appuyé cet objectif l’an dernier.  De son côté, la Commission des réparations de la CARICOM a adopté un plan très similaire au programme en quatre points axé sur la transformation pour la justice et l’égalité raciales du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a aussi demandé la mise en œuvre de la Déclaration de Durban, avant de citer ces mots du grand poète des Caraïbes qu’était Derek Walcott: « le destin de la poésie est de tomber amoureux du monde, malgré l’histoire ». 

M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti), après avoir rappelé qu’Haïti est la première république noire du monde créée par d’anciens esclaves, a souligné que les séquelles du système esclavagiste sont encore bien présentes et les personnes d’ascendance africaine en particulier demeurent les principales victimes du racisme systémique découlant du colonialisme et du système esclavagiste.  Il a rappelé que cette pratique criminelle, qui a duré plus de 400 ans, a conduit, selon les estimations de l’UNESO, au déracinement de 15 à 20 millions d’Africains, « séquestrés et traînés de force dans les Amériques pour être vendus comme du bétail ».  La révolution haïtienne de 1791 a apporté la véritable lumière à l’humanité en conduisant à l’effondrement du système de domination et d’exploitation à outrance d’êtres humains réduits en esclavage à partir de motivations à la fois idéologiques, politiques et économiques, a déclaré M. Rodrigue, selon lequel « Haïti a montré au monde entier le chemin de la liberté et de l’émancipation humaine ». 

Le représentant a ensuite invité à lutter contre les formes contemporaines d’esclavage comme le trafic d’êtres humains et l’exploitation des travailleurs migrants.  Il a prié l’ONU de mettre en œuvre de manière systématique des programmes de sensibilisation à grande échelle sur le danger du racisme et des préjugés de toutes sortes pour que jamais cette tragédie humaine ne se répète.  Il a également estimé que le temps est venu de discuter en profondeur de la question d’une justice réparatrice pour les victimes de la traite transatlantique.

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a rappelé qu’environ 1,3 million d’esclaves africains sont arrivés de force à Cuba, pour remplacer la population autochtone exterminée par le colonialisme espagnol comme main-d’œuvre.  Notre nation, notre culture, notre idiosyncrasie et notre religiosité populaire sont profondément métisses et ne pourraient s’expliquer sans la contribution africaine, a-t-il indiqué.  Le crime contre l’humanité dont nous nous souvenons aujourd’hui est inextricablement lié à la situation d’inégalité structurelle, de discrimination raciale, de préjugés et d’exclusion qui continue d’affecter les personnes d’ascendance africaine au XXIe siècle, a constaté le représentant.  Les pays développés ont été les bénéficiaires de la conquête, de la colonisation, de l’esclavage et du commerce transatlantique et sont par conséquent responsables de l’extermination qui leur est associée.  

Il a appuyé l’idée d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement, en particulier l’Afrique, dans leurs relations économiques internationales.  En règle générale, ceux d’entre nous qui étions une colonie hier, sommes aujourd’hui soumis à un ordre interne injuste qui a changé de nom, mais pas d’essence, et qui continue de promouvoir la richesse de quelques-uns au détriment de la pauvreté de la majorité, s’est indigné le représentant.  Il en a voulu pour preuve le faible accès des pays en développement aux vaccins contre la COVID-19.  Tant que la communauté internationale ne s’attaquera pas et ne résoudra pas les causes profondes de l’inégalité, de l’exclusion, du racisme et de la discrimination qui ont survécu à l’esclavage, et que des millions de personnes continuent de subir, et en particulier les personnes d’ascendance africaine, la commémoration d’aujourd’hui ne sera qu’une formalité, a-t-il souligné.

M.  ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a indiqué que la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves est l’occasion de se pencher sur le traitement honteux réservé aux esclaves et aux innombrables souffrances infligées par la traite.  Les personnes d’ascendance africaine continuent de subir les discriminations et de voir leurs droits violés.  Il a loué la « volonté invincible de ne pas mourir » des esclaves, avant de saluer la mémoire de Toussaint Louverture, d’Aimé Césaire et des marrons.  Il a aussi salué l’architecte qui a créé l’Arche du retour sur l’esplanade des Nations Unies.  Nous faisons tous partie de la grande famille de l’humanité, a-t-il déclaré.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a indiqué que la situation socioéconomique actuelle du continent africain est étroitement liée aux conséquences de la traite des esclaves.  L’histoire montre que la période entre les XVIe et XIXe siècles a été une période de stagnation économique pour l’Afrique qui a accusé le plus grand retard en matière de développement économique au fil des ans.  La traite transatlantique des esclaves a également une influence majeure sur le paysage politique et établi des précédents préoccupants pour l’avenir, a ajouté le représentant qui a dénoncé les interventions brutales et arbitraires ainsi que les guerres liées à la concurrence entre dirigeants africains pour la capture et le commerce des esclaves.  La traite des esclaves a entraîné une paupérisation à long terme du continent ainsi que sa fragmentation politique.  Il a ensuite appelé à permettre aux personnes d’ascendance africaine du monde entier de trouver leur voix, de retrouver leur identité et leur histoire. 

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance de la sensibilisation aux causes et conséquences de la traite des esclaves.  Il a fait le lien entre la traite transatlantique des esclaves et la Deuxième Guerre mondiale qui se fondent toute deux sur un « principe perverti » de supériorité raciale d’un groupe sur un autre.  Les excuses faites aux peuples africains et les compensations se font toujours attendre, a-t-il regretté, alors même que les puissances coloniales européennes et les États-Unis n’ont cessé de s’enrichir.  À ses yeux, la traite transatlantique est un exemple flagrant de l’influence que peuvent avoir des phénomènes du passé sur la réalité actuelle.  En effet, a constaté le représentant, on assiste aujourd’hui à une montée de l’intolérance religieuse notamment, et certains États voulant affirmer leur liberté et indépendance font l’objet de blocus et d’ingérences externes.  En outre, les autorités américaines ne semblent pas vouloir s’attaquer à la xénophobie, au racisme et à l’impunité des forces de l’ordre aux États-Unis, a relevé le représentant pour qui l’heure est venue de parler de réparation.

SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE 

Déclarations

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines), au nom du Groupe des Amis pour l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans les établissements de santé) a déclaré que la pandémie a creusé les inégalités et souligné la nécessité de se relever en mieux, notamment s’agissant de l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement.  Cet accès est crucial pour prévenir les futures pandémies et promouvoir les droits humains, ainsi que pour promouvoir la santé maternelle et infantile.  Enfin, il a invité les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre son Groupe. 

Mme HARRIET LUDWIG, de l’Union européenne, a exhorté la Fédération de Russie à respecter ses obligations vertu du droit international en matière de protection des installations et du personnel sanitaires.  Il faut tout mettre en œuvre pour empêcher l’apparition de nouvelles épidémies et empêcher qu’elles ne deviennent des pandémies.  Elle a jugé nécessaire de mieux se préparer pour riposter aux pandémies futures et autres menaces à la santé et a appuyé certaines recommandations de la résolution, notamment la création d’une convention ou d’un accord international sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies. 

Elle a appelé à donner la priorité à la prévention des pandémies dans les programmes nationaux dans le plein respect des droits humains, à mettre en place une couverture sanitaire universelle ainsi que des systèmes de santé résilients capables de fournir des soins même pendant les situations d’urgence sanitaire.  Il est également important d’améliorer la fabrication nationale et régionale de vaccins et de financer pleinement l’Accélérateur ACT. 

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande), qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que la résolution annuelle sur la santé mondiale et la politique étrangère vient à point nommé dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Il a indiqué que l’ASEAN est attachée à mettre pleinement en œuvre son fond de riposte à la COVID-19 ainsi que le cadre de relèvement post-COVID-19 de la région.  Il a également appelé à un meilleur accès aux vaccins contre la COVID-19 ainsi qu’à leur mise au point et distribution à un coût abordable.  

Après avoir insisté sur l’impératif de se préparer à d’autres pandémies futures, le représentant a mis l’accent sur l’importance des systèmes de santé résilients et du renforcement des capacités sanitaires de sa région.  À cet effet, un centre d’excellence et pole de ressources régional sera mis en œuvre sous peu.  Il a par ailleurs appuyé la tenue, en 2024 d’une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la résistance aux antimicrobiens. 

M. MOHD HAFIZ BIN OTHMAN (Malaisie) a déploré la persistance des inégalités entre pays du Sud et du Nord, y compris s’agissant de l’accès aux vaccins contre la COVID-19.  Il a demandé une coopération internationale renforcée dans tous les domaines affectés par la pandémie.  Les flux commerciaux continueront d’être entravés tant que la pandémie ne sera pas contrôlée, a-t-il souligné.  Enfin, il a rappelé que la santé est un droit humain fondamental, indispensable pour l’exercice de tous les autres droits.  « Le nationalisme vaccinal doit cesser  », a-t-il plaidé, en demandant que le vaccin contre la COVID-19 soit un bien public mondial.

Mme SHILPA KADAMBARI PULLELA (Australie), au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a reconnu l’importance cruciale d’assurer un accès équitable au vaccin et autres fournitures médicales dans le monde entier.  La coût de la distribution, du dépistage, de la couverture sanitaire universelle et la prévention des situations d’urgence est faible par rapport au coût des crises comme la COVID-19.  Il faut dès lors donner la priorité aux dépenses pour la santé publique alors que les États continuent de lutter contre la pandémie en plus de maintenir les services de santé essentiels. 

Pour la représentante, le monde doit rester attaché à l’égalité des genres, la sécurité économique, l’autonomisation des femmes et leur participation pleine et entière pour assurer la santé des communautés, des économies et être en meilleure position pour faire face aux pandémies futures.  Elle a appelé à bâtir un système sanitaire mondial plus solide et réactif avec l’OMS en son cœur et à élaborer un nouvel instrument international sur la prévention, la préparation des ripostes face aux pandémies ainsi qu’un programme pour renforcer l’architecture mondiale de la santé. 

Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunéi Darussalam) a déclaré que si la santé avait été pleinement intégrée dans la politique étrangère en amont de la pandémie, le monde aurait peut-être été mieux préparé pour y faire face grâce à des système de santé plus résilients, avant de dénoncer les nationalismes et protectionnismes qui se sont manifestés au début de la pandémie.  En tant que petit pays, le Brunéi Darussalam ne peut pas se permettre de fermer ses frontières, a expliqué la représentante.  Il a donc travaillé avec ses voisins pour faciliter les voyages essentiels et le commerce et a également fait don de biens médicaux à certains pays de la région. 

Elle a indiqué que les mesures d’atténuation rapide ont connu un certain succès au départ, mais qu’en août 2021, les transmissions sont reparties à la hausse et le Gouvernement du Brunéi Darussalam a mis l’accent sur le dépistage.  En outre, des unités de tests mobiles et des centres de vaccination ont été mis en place dans le pays.  Le Brunéi Darussalam continue à capitaliser sur une communication transparente avec la population et sa politique étrangère a joué un rôle essentiel dans la politique vaccinale.  Aujourd’hui, plus de 94% de la population a été vaccinée grâce aux relations bilatérales du pays et le soutien du Mécanisme COVAX, a précisé la représentante qui a appelé à fournir un soutien mondial de tous les vaccins approuvés par l’OMS. 

M. GUO JIAKUN (Chine) a constaté que la pandémie continue de faire rage et appelé à la solidarité internationale pour remédier aux inégalités, y compris s’agissant de l’accès aux vaccins contre la COVID-19.  Il faut une distribution égale des vaccins, a insisté le délégué, en rappelant que la Chine a fourni plus de 1,5  milliard de doses à plus de 120  pays et organisations.  Il a souhaité que l’OMS joue un rôle de coordonnateur au sein du Mécanisme COVAX.  Il a défendu une accélération de la mise en œuvre du Programme 2030, avant de plaider pour une amélioration du système de gouvernance sanitaire mondiale.

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a dénoncé la course frénétique et irresponsable des pays développés pour s’accaparer les vaccins et les moyens de protection face à la COVID-19.  Il a pointé du doigt les mesures coercitives unilatérales contre les pays en développement qui touchent de façon disproportionnée les pays les plus pauvres.  En plus des difficultés associées à la maladie, Cuba a dû faire face à l’agressivité des États-Unis qui ont renforcé de façon opportuniste et criminelle le blocus économique, commercial et financier visant à le déstabiliser, a protesté le représentant.  Mais Cuba a réussi à élaborer trois vaccins contre la COVID-19, ce qui a permis de vacciner 89,4% de de la population.  Cuba a en outre fourni des vaccins aux pays intéressés et dépêché plus de 4 900 travailleurs sanitaires dans 40 pays et territoires touchés par la COVID-19. 

M. IVAN G. KONSTANTINOPOLSKIY (Fédération de Russie) a soutenu l’adoption de la résolution L.43 qui confirme le rôle central de l’OMS dans la coordination de la coopération internationale dans la lutte contre les pandémies, se disant en outre favorable à l’élaboration d’un nouvel instrument juridique sous l’égide de l’OMS pour assurer un accès équitable au diagnostic, à la prévention et au traitement de la COVID-19.  Le représentant a également salué l’initiative de convoquer une réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens.  Il a toutefois appelé à ne pas hâter la création d’un nouvel instrument de l’OMS, notamment en créant des processus parallèles qui risquent de fragmenter une approche unifiée. 

Le représentant a par ailleurs rejeté les « allégations fallacieuses » sur les causes de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine.  Les États qui ont invoqué aujourd’hui les principes de la Charte des Nations Unies ont foulé ces mêmes principes au pied pendant de longues années, a-t-il assené.  Ils ne se sont pas inquiétés des bombardements d’établissements de santé dans le passé dans le Donbass et ne réagissent pas non plus aux appels de violence contre les prisonniers russes.  Il a ensuite appelé à ne pas politiser les travaux de l’Assemblée générale.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a appelé à fournir des vaccins à tous les pays et à renforcer les capacités de production de ces derniers.  Il a aussi demandé une réponse forte aux conséquences socio-économiques de la pandémie.  Il a indiqué que son pays a produit 76 millions de doses et vacciné plus de 30 millions de personnes.  Un vaccin égyptien « Egyptvax » est également en cours de production.  Le représentant a enfin indiqué que la future Agence africaine de la santé visera à combler les lacunes s’agissant de la production de médicaments et de vaccins en Afrique.  

M. ASHISH SHARMA (Inde) a noté que la pandémie a causé plus de 6 millions de décès dans le monde et demeure une grave menace à la santé et l’économie dans le monde, mettant en exergue l’impératif de disposer de systèmes de santé efficaces et résilients et d’investir dans les systèmes de santé publique.

Il a indiqué que l’Inde a misé sur les soins de santé préventifs, y compris le yoga, ainsi que sur le coût abordable de la santé en élargissant l’accès aux soins de santé primaires et à une couverture de santé universelle.  La création de 157 nouvelles facultés de médecine a également permis d’améliorer l’offre médicale.  Insistant sur l’importance de l’équité pour la santé mondiale, le représentant a appelé à lever les droits de propriété intellectuelle, assurer les transferts de technologie et la production locale de matériel médical et de médicaments en période de crise.  Il a précisé que depuis janvier 2021, l’Inde a fourni plus de 170 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 et fermement défendu le principe de l’équité à l’OMS.

Mme ANDERSON (Royaume-Uni) a insisté sur la nécessité de prévenir les futures pandémies, avant de dénoncer fermement les tirs indiscriminés de la Fédération de Russie contre les centres de soins en Ukraine qui, a-t-elle souligné, doivent être protégés.  Elle a enfin plaidé pour des systèmes de santé résilients et pour un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19.

Pour le M. NAKAGAWA SHU (Japon), la pandémie de COVID-19 a rappelé l’importance de système de santé solide comme fondement pour aboutir à la couverture sanitaire universelle et à la sécurité sanitaire.  Il a salué une résolution qui traduit bien les difficultés auxquelles la communauté internationale se voit confrontée dans le contexte de la pandémie, ainsi que l’ajout d’un paragraphe sur la résistance aux antimicrobiens et l’appel à la tenue, en 2024, d’une réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens.  Il a toutefois estimé que cette question ne doit pas être examinée isolément, préconisant une approche intégrée.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a appelé à renforcer la résilience des systèmes de santé dans le monde, ce qui suppose une amélioration des infrastructures, le transfert de technologies, et l’accès aux médicaments et aux traitements à un coût abordable.  Il s’agit d’une priorité pour la santé mondiale, a estimé la représentante en insistant sur le fait que les questions sanitaires ne devraient jamais être politisées.  La pandémie de COVID-19 nous a rappelé que la santé est un fondement de stabilité politique et économique nationale, a-t-elle remarqué en appelant à la solidarité et à la coopération internationales en période de crise. 

La représentante a ensuite dénoncé les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis à l’Iran, affirmant qu’elles entravent l’accès aux soins des Iraniens, certains pays, dont le sien, étant privés d’accès aux systèmes de paiement internationaux et ne pouvant donc pas acheter de médicaments et de matériel médical.  En dépit de cela, l’Iran a vacciné une grande partie de sa population et de nombreux réfugiés afghans qui se trouvent sur son territoire sans avoir obtenu un soutien international à la hauteur de la tâche.  Elle a exhorté la communauté internationale à saisir cette occasion pour renforcer le multilatéralisme et rejeter l’unilatéralisme, en particulier en matière de santé mondiale.

M. NURZHAN RAKHMETOV (Kazakhstan) a plaidé pour des systèmes de santé résilients, avant d’insister sur la nécessité de prévenir les futures pandémies.  Il a réclamé un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 et, plus globalement, « un droit à la santé pour tous ».  Enfin, il a souligné l’importance de la Déclaration d’Astana s’agissant des soins de santé primaires.

Décision sur le projet de résolution

Saisir les plus hautes instances politiques des questions de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies (A/76/L.43)

Selon les termes de cette résolution présentée par la Norvège et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande instamment aux États Membres d’intensifier la collaboration et la coordination internationales en matière de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies au plus haut niveau politique, notamment en participant aux discussions qui sont menées aux fins de la rédaction et de la négociation d’une convention, d’un accord ou d’un instrument de l’Organisation mondiale de la Santé sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies.

Elle demande également instamment aux États Membres de continuer de soutenir les travaux du Groupe de travail sur le renforcement de la préparation et de la riposte de l’Organisation mondiale de la Santé aux urgences sanitaires, en particulier ceux relatifs à l’examen des conclusions et des recommandations du Comité d’examen sur le fonctionnement du Règlement sanitaire international (2005) pendant la riposte à la COVID-19, entres autres.

Elle exhorte les États Membres à tirer parti des outils de financement existants et à chercher des moyens de mobiliser des fonds supplémentaires fiables, prévisibles et durables destinés à financer les activités de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies, ainsi que des fonds pour une réponse rapide en cas d’urgence de santé publique de portée internationale.

Elle demande en outre à l’Organisation mondiale de la Santé, à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, à l’Organisation mondiale de la santé animale et au Programme des Nations Unies pour l’environnement de mettre à profit et de renforcer leur coopération, et d’élaborer des options, pour examen par leurs organes directeurs, en vue d’établir une stratégie commune, y compris un plan de travail sur l’approche « Une seule santé ».

Enfin, l’Assemblée générale décide de tenir en 2024 une réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens.

Explications de position

À l’issue de l’adoption du texte, les États-Unis ont condamné les attaques aveugles qui ont détruit de nombreux établissements de santé dont des hôpitaux pour enfants et des maternités en Ukraine.  La délégation a ensuite souligné que l’ONU doit respecter les mandats d’autres institutions notamment pour ce qui est des négociations sur le commerce, l’enjoignant à ne pas se prononcer sur des décisions qui doivent être prises par d’autres instances.  Elle a souligné que le transfert de technologies ou du savoir-faire doit se faire de façon volontaire et selon des conditions mutuellement acceptées.  Les résolutions de l’Assemblée générale ne doivent pas non plus altérer les décisions prises en matière de droits de propriété intellectuelle afférents au commerce.  

L’Arménie a noté que la résolution fait référence à la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la pandémie qui s’est tenue les 3 et 4 décembre 2020.  Cette réunion et a été promue par l’Azerbaïdjan qui, a-t-elle affirmé, a instrumentalisé la pandémie pour lancer une attaque militaire à large échelle contre le Haut-Karabakh en septembre et novembre 2020 et la crise humanitaire qui s’en est suivie a été exacerbée par la propagation de la COVID-19.  Elle s’est ensuite dissociée du paragraphe 9 du préambule.

Le Chili a rappelé avoir proposé en avril 2020 devant l’OMS un projet d’instrument mondial de prévention et de réponse aux pandémies.  Des négociations ont été lancées en vue de cet objectif, a-t-il indiqué.

Déclaration après adoption

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, du Saint-Siège, a salué un texte qui reconnaît l’importance de fournir une couverture sanitaire universelle, prélude à l’avènement du développement durable.  La résolution reconnaît aussi l’importance d’améliorer l’accès aux vaccins, aux traitements, aux moyens de diagnostic et à d’autres technologies de santé de qualité sûrs et efficaces.  Il a aussi noté la référence au renforcement des capacités de production locale de vaccins et d’autres matériels et équipements médicaux, ainsi qu’au soutien en faveur de la coordination internationale dans le domaine de la prévention, de la préparation et de la riposte aux pandémies.  Ces dispositions et d’autres rendent compte de tous les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19 et de la nécessité de voir les États s’engager résolument à prévenir et à riposter face aux futures crises sanitaires, a estimé le représentant. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Azerbaïdjan a fustigé les tentatives de l’Arménie de mettre en cause une résolution de l’Assemblée générale simplement parce qu’on y mentionne une initiative prise par l’Azerbaïdjan en tant que Président du Mouvement des non-alignés.  La délégation a en outre souligné que les actions prises par l’Azerbaïdjan en mai 2021 étaient conformes au droit international et s’inscrivaient dans le cadre de la légitime défense.  

À son tour, l’Arménie a rejeté les informations fausses proférées par l’Azerbaïdjan, qui vise à dissimuler ses agissements.  Ce pays est responsable d’une escalade militaire en pleine pandémie, a-t-elle accusé.

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