Forum politique de haut niveau
ECOSOC/7054

Le forum politique de haut niveau pour le développement durable entend des propositions concrètes pour réaliser les objectifs de développement durable

Pour sa seconde journée de travaux, articulée autour de trois tables rondes d’une grande richesse, le forum politique de haut niveau pour le développement a entendu des propositions concrètes pour atteindre les objectifs du développement durable, en particulier ceux visant l’élimination de la pauvreté et l’atténuation des risques climatiques.  Cette journée a aussi été marquée par de nombreux appels à ne pas réviser lesdits objectifs à la baisse, malgré les difficultés supplémentaires engendrées par la pandémie.

Lors de la première table ronde consacrée à l’élimination de la pauvreté et de la faim et à la transformation à opérer pour parvenir à des sociétés inclusives et durables, les intervenants ont avancé des mesures très diverses, des plus générales aux plus locales, pour atteindre ces objectifs.  La Ministre de la coopération pour le développement de la Belgique, Mme Meryame Kitir, a ainsi proposé la création d’un système de protection sociale universelle, en rappelant que c’est une telle protection et un emploi qui permettent de sortir de la pauvreté.

Même son de cloche du côté du Rapporteur sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, M. Olivier de Schutter, qui a indiqué que la protection sociale est au cœur du nouveau modèle social, conciliant emplois, réduction de la pauvreté et préservation de l’environnement, qu’il appelle de ses vœux.  Mme Katherine Richardson, professeure à l’Université de Copenhague a, elle aussi, appelé à fournir une protection sociale aux 750 millions de petits exploitants agricoles qui n’en disposent pas.

De son côté, la Finlande a souligné l’importance de la prise d’un repas équilibré en milieu scolaire pour lutter contre les inégalités.  M. Aloysius Ordu, de la Brookings Institution, a, lui, centré son intervention sur les inégalités qui marquent la réponse mondiale à la pandémie.  « Il faut 11 000 milliards de vaccins pour éradiquer le virus », a-t-il dit, en se disant déçu par le Mécanisme COVAX.  Il a rappelé que seuls 2% des habitants en Afrique sont vaccinés, ce qui accroît la défiance.  « L’heure est venue de faire montre de solidarité. »

La lancinante question du financement de l’action pour atteindre ces objectifs s’est de nouveau posée, la Chine exhortant les pays développés à aider les pays en développement.  Le Ministre de l’économie, des finances et du développement du Burkina Faso, M. Lassane Kabore, a aussi sollicité le concours des partenaires de son pays dans le cadre d’une stratégie nationale des financements intégrés « afin d’aller vers une mise en œuvre réussie des ODD à l’horizon 2030 ».

« Nous devons faire montre de sérieux en termes de financement », a appuyé le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), M. Guy Ryder, en demandant la mobilisation des ressources nécessaires pour atteindre les ODD.  « La volonté politique manque encore, car ce qui l’exprime le mieux, c’est le déblocage de fonds. »  M. Ordu a préconisé que les pays utilisant à bon escient les fonds qui leur sont alloués soient récompensés.

Les intervenants de la deuxième table ronde, consacrée aux cibles 2020 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, à leur mise en œuvre et leur examen, ont appelé à ne pas réviser à la baisse lesdits objectifs, tout en reconnaissant l’immensité de la tâche au sortir de la pandémie de COVID-19.  M. David Donoghue, ancien cofacilitateur des négociations sur l’élaboration du Programme 2030, a estimé que le fait de ne pas atteindre les cibles de 2020 « n’est pas la fin du monde ».  Le processus se poursuit et nous ne sommes pas « au bout de l’histoire », a-t-il assuré.   

Ce point de vue a été pleinement partagé par Mme Elizabeth Maruma Mrema, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, selon laquelle une mise à jour de l’ensemble des cibles des ODD nuirait à l’avancement du Programme 2030.  Observant que 10 des 21 cibles pour 2020 sont liées à la nature, elle s’est prononcée pour un alignement des efforts sur les objectifs à l’horizon 2030 et pour un renforcement des mécanismes existants. 

Même position pour M. Peter Thomson, Envoyé spécial pour les océans, qui a appelé à la préservation « de ces équilibres délicats ».  Il a relevé que les trois cibles de l’ODD 14 sur les océans avaient pour échéance 2020.  « Or deux d’entre elles, la préservation des écosystèmes et l’exploitation durable des pêches, nécessitent, selon lui, un travail éternel. »  Les enjeux climatiques ont été au cœur de la dernière table ronde consacrée à la transformation des modes de production et de consommation et à l’atténuation des effets des changements climatiques.

Le forum poursuivra ses travaux demain, jeudi 8 juillet, à 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 

Les ODD 1, 2, 8 et 17: les liens entre eux et avec les autres ODD

Cette table ronde s’est voulue la plus concrète possible en formulant des recommandations très diverses pour éliminer la pauvreté et la faim, que la pandémie a aggravées.  Les intervenants ont unanimement souligné l’importance de filets de protection sociale robustes, certains orateurs plaidant pour la création d’un système de protection sociale universelle.  La prise d’un repas équilibré en milieu scolaire pour lutter contre les inégalités a aussi été mentionnée, tandis qu’un intervenant a souhaité que soient récompensés les pays utilisant à bon escient les fonds qui leur sont alloués.

Ouvrant la première partie de la table ronde, Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a cité quelques bonnes pratiques pour atteindre les ODD, en mentionnant le plan d’investissement de l’Union européenne qui vise à générer des emplois notamment dans les pays de l’Afrique subsaharienne.  Le Partenariat d’action pour une économie verte est, lui, une initiative onusienne interagences visant à aider les pays dans leur politique de décarbonisation, a dit Mme Spatolisano.  Enfin, elle a cité l’initiative « Yucatan Solidario » mise en œuvre par l’État du Yucatan au Mexique qui a apporté aux municipalités de cet État plus de 80% des denrées et médicaments lors des phases de confinement.  Au 1er décembre 2020, 1 600 tonnes de nourriture avaient ainsi été fournies, a-t-elle indiqué.

Ces efforts n’ont pas fait oublier que 700 millions de personnes devraient sombrer dans la pauvreté en 2030 si rien n’est fait, comme l’a rappelé Mme YONGYI MIN, du Département des affaires économiques et sociales (DESA), qui a fait le point sur les progrès des ODD 1, 2 et 8.  Elle a indiqué que 690 millions de personnes souffraient de la faim en 2019, soit deux cent millions de plus qu’en 2014.  La pandémie a provoqué l’élimination de 255 millions d’emplois à temps plein, a-t-elle aussi fait remarquer.  « La crise sanitaire a prouvé l’importance des filets de sécurité sociale. »  La reprise économique est en cours, emmenée par la Chine et les États-Unis, a-t-elle toutefois reconnu, en ajoutant que le PIB mondial devrait croître de 4,4% cette année.

La pandémie n’est quand même pas responsable de toutes les difficultés économiques, a enchaîné M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), en faisant aussi observer que les pays riches vont se sortir de la pandémie beaucoup plus aisément que les pays pauvres.  Il a lui aussi souligné l’importance de filets robustes de sécurité sociale, avant de demander de la cohérence dans les actions menées.  Il faut être « sérieux » en termes de financement, a-t-il martelé, en demandant la mobilisation des ressources nécessaires pour atteindre les ODD.  « La volonté politique manque encore, car ce qui l’exprime le mieux, c’est le déblocage de fonds. »

Même son de cloche du côté de M. ALOYSIUS ORDU, Brookings Institution, qui a indiqué que la pandémie n’a fait qu’aggraver les difficultés.  « C’est une accumulation de désastres qui creuse la pauvreté. »  Il faut 11 000 milliards de vaccins pour éradiquer le virus, a-t-il dit, en se disant déçu par le Mécanisme COVAX.  « Il faut agir, alors que le monde est de plus en plus divisé. »  Il a rappelé que seuls 2% des habitants en Afrique sont vaccinés, ce qui accroît la défiance.  « L’heure est venue de faire montre de solidarité. »  Les pays qui utilisent à bon escient les fonds qui leur sont alloués devraient être récompensés, a-t-il conclu.

C’est un nouveau modèle de croissance, conciliant emplois, réduction de la pauvreté et préservation de l’environnement, qu’a défendu à son tour M. OLIVIER DE SCHUTTER, Rapporteur sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, en misant sur la protection sociale comme élément central de ce nouveau modèle.  Il a plaidé pour que des ressources budgétaires accrues soient consacrées à cette protection sociale.  Les pays concernés doivent pouvoir bénéficier d’une marge de manœuvre budgétaire supérieure à cette fin.

Mme RURAMISO MASHUMBA, fondatrice de Mnandi Afrique, Zimbabwe, a, elle aussi, insisté sur l’importance d’une protection sociale robuste.  « Il faut appuyer les agricultrices comme moi-même. »  Elle a en effet confié s’être trouvée bien démunie lors de la pandémie.  En prévision du sommet sur la sécurité alimentaire, elle a demandé de passer des mots aux actes, en prévenant que la faim ne fait que s’aggraver.  « Cessons les vaines paroles. »

Mme MERYAME KITIR, Ministre de la coopération pour le développement de la Belgique, a, elle aussi, insisté sur l’importance des filets de protection sociale.  La peur de la perte de revenus est constante pour les personnes pauvres et la protection sociale permet d’y remédier, a-t-elle dit.  Elle a salué un projet en cours en République démocratique du Congo (RDC) visant à générer des emplois décents.  À l’instar de M. De Schutter, elle s’est dite en faveur de la création d’un système de protection sociale universelle.  « C’est grâce à une telle protection et à un emploi que l’on sort de la pauvreté. »

Mme SILVANA EUGENIA VARGAS WINSTANLEY, Ministre du développement du Pérou, a dit que son pays avait connu une diminution remarquable de la pauvreté, avant la pandémie qui a engendré une augmentation.  Dans sa politique de lutte contre la pauvreté, le Pérou mise sur les transferts de fonds et la protection des plus vulnérables, a-t-elle déclaré.  Insistant sur la nature multidimensionnelle de la pauvreté, elle a plaidé pour une cohérence des mesures sociales, environnementales et économiques prises.  Les mesures universelles ne marchent pas car il faut prendre en compte les dynamiques locales, a-t-elle dit, tout en ajoutant que les ODD sont une bonne feuille de route.

Dans la discussion qui a suivi, le Népal a mentionné les progrès accomplis dans la réduction de la pauvreté jusqu’à la pandémie.  « Nous avons besoin d’un soutien financier accru », a-t-il réclamé.  La France a qualifié le virus « d’anti-social » et « d’anti-féministe » puisque les égalités sociales mais aussi de genre ont été accrues.  Elle a détaillé les efforts mis en place pour y remédier, en insistant sur le plan de lutte contre les violences conjugales.  À l’instar de la France, le grand groupe des femmes a rappelé que les pertes d’emploi ont plus frappé les femmes que les hommes pendant la pandémie, tandis que les violences à l’endroit de ces dernières ont augmenté.  Il a demandé un filet de protection inclusif respectant l’égalité entre les sexes et la multiplicité des identités sexuelles.  La Finlande a indiqué que la prise d’un repas équilibré à l’école est l’un des meilleurs moyens pour remédier aux inégalités et préserver la santé des enfants.  L’Union européenne a, elle, plaidé pour une lutte résolue contre le sans-abrisme qui est un élément essentiel pour parvenir aux ODD.  De son côté, la Suisse s’est faite le chantre de l’« agroécologie » pour parvenir à des chaînes alimentaires durables.

Lors de la deuxième partie de la table ronde, qui a mis l’accent sur la lutte contre l’insécurité alimentaire, M. GILBERT F. HOUNGBO, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a rappelé que l’on pense peu aux petits producteurs qui produisent les aliments que nous consommons.  Il a demandé des investissements et politiques ciblés pour lutter contre la faim et la pauvreté, prenant en compte les spécificités locales et promouvant l’égalité entre les sexes.  Pour ce faire, il a souligné la nécessité de disposer de données statistiques fines et ventilées.  « Mettons fin à la faim. »  Enfin, M. Houngbo a souligné la nécessité d’apporter une protection sociale minimale aux personnes pauvres vivant en milieu rural.

« Ce n’est pas l’argent qui nous rend riches, mais les ressources de la terre », a déclaré Mme KATHERINE RICHARDSON, professeure à l’Université de Copenhague.  Elle a déclaré que les ODD ne pourront pas être atteints de manière isolée, tous les défis étant en effet liés entre eux.  Si rien n’est fait, nous ne pourrons pas apporter une alimentation nutritive de qualité au milieu de ce siècle, a-t-elle averti.  Elle a donc plaidé pour une refonte des systèmes alimentaires, lesquels ont, en l’état, un coût environnemental considérable.  « Nous n’avons pas de temps à perdre. »  Il faut apporter une protection sociale aux 750 millions de petits exploitants agricoles qui n’en disposent pas, a-t-elle conclu.

M. MAXIMO TORERO, économiste à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a appelé les gouvernements à concentrer leur énergie au développement des zones rurales.  Il a plaidé pour des financements innovants et pour des politiques cohérentes, tous les pays connaissant des difficultés.  « Il faut changer la donne. » 

M. ERIC MANZI, ITUC Afrique, a insisté sur l’importance de l’ODD 8 sur la promotion d’une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.  Il faut établir un fonds de protection sociale universelle et créer des emplois respectueux de l’environnement, a-t-il dit.  Enfin, il a demandé un nouveau modèle de gouvernance mondiale, dont un début serait un accès égal aux vaccins.  « Bâtissons une société juste où chacun vivra dans la dignité. »

M. LASSANE KABORE, Ministre de l’économie, des finances et du développement du Burkina Faso, a souligné la baisse de la pauvreté de 3,9% dans son pays qui ne s’est pas malheureusement accompagnée d’une réduction des inégalités.  Sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, des améliorations sont constatées dans l’essentiel des indicateurs même si des défis majeurs demeurent.  « C’est pourquoi mon pays prépare activement sa participation au sommet sur les systèmes alimentaires », a-t-il dit.  « Il s’agira pour nous d’apporter notre contribution au débat sur nos efforts communs à faire avancer les politiques, les programmes et les investissements nécessaires pour parvenir à une transformation agricole inclusive et l’éradication définitive de la faim et de la famine. »  Enfin, le Ministre a sollicité le concours des partenaires techniques et financiers dans le cadre d’une stratégie nationale des financements intégrés afin d’aller vers une mise en œuvre réussie des ODD à l’horizon 2030. 

M. THANAWAT TIENSIN, Représentant de la Thaïlande auprès de la FAO, a rappelé que trois milliards de personnes n’ont pas un régime alimentaire équilibré, tandis que la pandémie a aggravé la famine dans le monde.  Les systèmes alimentaires doivent être radicalement transformés si nous voulons parvenir aux ODD, a-t-il dit, en insistant sur l’importance du prochain sommet sur les systèmes alimentaires.

Lors de la discussion interactive, la Chine a appelé les pays développés à fournir davantage de ressources et de technologies en faveur des pays en développement.  Elle a souligné la diminution « miraculeuse » du taux de pauvreté dans son pays grâce à l’action résolue des autorités chinoises.  « Il faut mettre les êtres humains au cœur de notre action », a ajouté la Chine.  La représentante des peuples autochtones a déclaré que ces derniers représentent 15% des plus démunis dans le monde tandis que leurs habitats naturels sont exploités sans relâche.  Elle a plaidé pour une gestion durable des ressources naturelles et une révision du modèle de développement existant.  Les Philippines ont mentionné les mesures mises en place pour aider les travailleurs touchés par la pandémie, qui a été déclarée comme une maladie professionnelle.  Nous œuvrons à l’instauration d’un minimum de protection sociale pour les enfants et les personnes âgées, a dit la mission.  Le grand groupe LGBTI a demandé que les besoins spécifiques des personnes LGBTI soient pris en compte, ces dernières étant en butte à des discriminations structurelles.  Le Saint-Siège a appelé à un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme, en vue notamment de fournir une alimentation saine aux plus vulnérables.

L’application et l’examen des objectifs de 2020

Cette deuxième table ronde, animée par M. MANISH BAPNA, Président et Chef de la direction par intérim du World Resources Institute, portait sur les cibles 2020 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, leur mise en œuvre et leur examen.  Où en sommes-nous avec ces objectifs intermédiaires et comment pouvons-nous continuer à les revoir tout en restant en phase avec les processus intergouvernementaux en cours pour maintenir le niveau d’ambition?  Telles sont les interrogations auxquelles se sont efforcés de répondre les participants, en reconnaissant l’immensité de la tâche au sortir de la pandémie de COVID-19.  

Comme l’a constaté d’emblée M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique), Vice-Président de’l'ECOSOC, qui présidait ces échanges, aucune des 21 cibles définies pour 2020 n’a été réalisée dans le délai imparti, ce qui implique de redoubler d’efforts pour les atteindre, notamment celles portant sur la biodiversité et les produits chimiques, qui nécessitent une révision tout en conservant un haut niveau d’ambition.  

Premier intervenant, M. DAVID DONOGHUE, membre distingué du think tank ODI et ancien cofacilitateur des négociations sur l’élaboration du Programme 2030, a rappelé que l’échéancier de 2020 avait été décidé dans un souci de cohérence avec l’accord international de 2015.  L’heure était alors au « degré maximal d’ambition » pour tous les objectifs, a-t-il rappelé, estimant de ce fait que ne pas atteindre les cibles de 2020 « n’est pas la fin du monde ».  Le processus se poursuit et nous ne sommes pas « au bout de l’histoire », a-t-il assuré.  

Appelant cependant à effectuer un suivi systématique des progrès réalisés ou non, sur la base de données ventilées de haute qualité, et à s’appuyer sur les interconnexions et les synergies entre tous les objectifs et cibles, M. Donoghue a également mis en garde contre la tentation de mettre à jour ou modifier les ODD en réponse à la pandémie de COVID-19.  « Nous avons atteint un niveau remarquable de consensus en 2015, nous n’y parviendrons très probablement pas à nouveau », a-t-il prévenu, jugeant qu’une réouverture des objectifs et cibles risquerait d’affaiblir voire de « démanteler » l’ensemble du cadre.

Ce point de vue a été pleinement partagé par Mme ELIZABETH MARUMA MREMA, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, selon laquelle une mise à jour de l’ensemble des cibles des ODD nuirait à l’avancement du Programme 2030.  Observant que 10 des 21 cibles pour 2020 sont liées à la nature, elle s’est prononcée pour un alignement des efforts sur les objectifs à l’horizon 2030 et pour un renforcement des mécanismes existants.  Elle a précisé à cet égard que le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, qui sera finalisé lors de la quinzième réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, prévoira un suivi et une responsabilisation améliorés.

Même son de cloche de la part de M. PETER THOMSON, Envoyé spécial pour les océans, qui a rappelé à son tour que la négociation de 2015 avait avant tout pour but d’élaborer une « feuille de route » pour la planète, ce qui a débouché sur deux jalons essentiels, le Programme 2030 d’une part, l’Accord de Paris sur le climat d’autre part.  « Il faut préserver ces équilibres délicats », a-t-il souligné, avant de relever que les trois cibles de l’ODD 14 sur les océans ont pour échéance 2020.  Or deux d’entre elles, la préservation des écosystèmes et l’exploitation durable des pêches, nécessitent, selon lui, « un travail éternel ».  Pour M. Thomson, également représentant des Fidji, la cible prioritaire est aujourd’hui l’abandon des subventions nuisibles aux pêcheurs et elle pourra être atteinte à l’occasion de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le 16 juillet prochain.

Offrant une perspective régionale à cette discussion, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe, a regretté, elle aussi, que la communauté internationale n’ait pas été en mesure de répondre à l’urgence des cibles fixées pour 2020.  À ses yeux, il existe cependant un « potentiel énorme » pour accélérer les ODD grâce à la coopération entre les pays confrontés à des circonstances et à des défis transfrontaliers similaires.

Mme Algayerova a assuré que les commissions régionales et l’ensemble du système des Nations Unies dans les régions soutiennent l’accélération des progrès dans des domaines cruciaux comme les forêts, la sécurité routière, l’emploi des jeunes et la protection des océans et des ressources marines.  Mettre à jour les cibles de 2020 et les maintenir dans le cadre de 2030 peut faciliter l’action autour de ces objectifs à l’avenir, « mais nous sommes également prêts à collaborer à des approches alternatives si les États Membres en décident ainsi », a-t-elle nuancé, alors que, selon un sondage réalisé en ligne par le modérateur de ce débat, M. MANISH BAPNA, Président et Chef de la direction par intérim du World Resources Institute, une majorité d’intervenants sont favorables à une mise à jour.

S’agissant justement de la sécurité routière, M. JEAN TODT, Envoyé spécial des Nations Unies pour cette question, a constaté qu’après une décennie d’action pour réaliser la cible 3.6, qui vise à réduire de moitié la mortalité liée aux accidents de la route, le nombre des décès continue d’augmenter, atteignant 1,5 million chaque année en moyenne.  Atteindre cette cible permettrait de lutter contre la première cause de décès des enfants et jeunes, a-t-il soutenu.  Cela profiterait également aux autres ODD, en particulier ceux en lien avec l’environnement, étant entendu que les transports sont responsables de 23% des émissions de CO2.  En investissant dans la mobilité verte, on contribuerait en outre à un relèvement post-COVID-19 durable, a-t-il plaidé, jugeant que ces objectifs restent atteignables à l’horizon 2030, une perspective saluée par la Fédération de Russie.

Sur cette même ligne, Mme ALICE RUHWEZA, Directrice de la région Afrique du Fonds mondial pour la nature (WWF), s’est déclarée convaincue que la réalisation des ODD permettra de « reconstruire en mieux ».  Si les cibles de 2020 n’ont pu être atteintes dans les temps, l’important est, selon elle, de mettre en place des solutions qui garantissent une relation durable entre les humains et la nature.  Rappelant que le WWF a réuni l’an dernier 80 dirigeants du monde entier qui se sont engagés à préserver la nature, elle a souhaité que cela se traduise en action ambitieuse en faveur du développement durable, notamment en financements pour accélérer les mesures sobres en carbone d’ici à 2030.

Reste que, comme l’a fait remarquer M. JAVIER SURASKY, professeur et Président du Département de coopération internationale de l’Institut des relations internationales de l'Université nationale de La Plata, en Argentine, sur les 21 cibles restées en suspens en 2020, l’impact le plus important se produit sur celles à fort contenu environnemental, liées aux ODD 14 et 15.  « Si nous n’agissons pas, cela peut déséquilibrer davantage les sphères environnementales, sociales et économiques du développement durable », a-t-il averti, avant de déplorer par ailleurs que la cible 17.18 sur le soutien à la création de capacités statistiques dans les pays en développement n’ait pu être atteinte.  D’après lui, la conséquence en est que nous continuons à mettre en œuvre le Programme 2030 avec des données limitées.

Au cours du débat interactif qui a suivi, la Finlande a estimé que, bien que tous les ODD soient d’égale importance, toutes les cibles initialement prévues pour 2020 ne devraient pas être traitées de la même façon.  Elle a donc suggéré de les répartir en trois groupes: celles pour lesquelles un organe thématique responsable existe, comme la cible 3.6 sur la sécurité routière; celles dont le processus de mise à jour est en cours, comme la cible 12.4 sur les produits chimiques; et enfin les cibles pour lesquelles aucun organe thématique n’existe et aucun processus de mise à jour n’est engagé.

Pour sa part, la Suisse a constaté avec inquiétude que les objectifs des ODD à l’échéance 2020 n’ont pas été pleinement atteints.  Ceci est particulièrement vrai pour les cibles environnementales, à savoir la biodiversité, les produits chimiques et les déchets.  Nous soulignons donc l’importance cruciale de réaliser des progrès supplémentaires dans d’autres forums multilatéraux pour l’environnement, afin de parvenir à un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité après 2020, de même que pour le cadre Beyond 2020 sur les produits chimiques et les déchets dans le contexte de l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques.  « Ambitieux » signifie que les instruments et les programmes sont en place pour permettre des progrès significatifs et nous permettre ainsi d’atteindre les objectifs prévus en 2020.  La Commission européenne a recommandé de travailler ensemble dans le cadre du Programme 2030.  « Nous avons convenu de réviser ces cibles », a dit la délégation en conseillant de ne pas revoir le Programme dans son entier mais plutôt d’opter pour des options plus inclusives.  En fonction des solutions, nous devons trouver des approches appropriées et faire preuve de souplesse, a-t-elle plaidé.

On ne peut pas renvoyer la faute sur la pandémie, a relayé le délégué des jeunes du Danemark en demandant que les dirigeants accordent la priorité aux ODD.  Ces dirigeants dépensent de grands efforts dans les plans contre la COVID et il est important que cet investissement nous fasse avancer, a dit le délégué.  Il a souhaité une approche inclusive et a recommandé à cet égard d’impliquer les groupes vulnérables et de collaborer avec la société civile pour créer des sociétés plus autonomes.  Le Guatemala a fait valoir les efforts de son gouvernement pour réaliser les ODD d’ici à 2030: il a défini des actions concrètes et une politique d’État réalisable.  Avec la COVID-19 et après les catastrophes naturelles de l’an dernier, nous avons besoin d’institutions fortes et d’un accompagnement approprié pour l’exécution des plans de mise en œuvre, a-t-il reconnu.  

L’Indonésie a partagé les points de vue concernant les impacts de la pandémie sur les ODD et a expliqué les efforts nécessaires pour revenir sur la bonne voie.  Premièrement, accélérer la réalisation des ODD nécessite la mobilisation de connaissances, de ressources et d’expertise grâce à la participation de plusieurs parties prenantes.  L’appui du système des Nations Unies et les partenaires au développement seront utiles à cet égard.  Deuxièmement, l’Indonésie a mis à jour la deuxième édition des métadonnées nationales des ODD pour les aligner avec les indicateurs mis à jour par UNSTAT.  Ainsi, 135 indicateurs nationaux ont adopté la norme d’indicateurs mondiaux.  Le Gouvernement indonésien collaborera avec des entités non étatiques pour normaliser les indicateurs mondiaux restants, a assuré la délégation.  Elle a aussi précisé que 19 des 21 cibles des ODD qui devaient arriver à maturité en 2020 ont été adoptées dans les objectifs et indicateurs nationaux de l’Indonésie.  Cela se reflète dans les organes principaux et dans l’annexe statistique du VNR indonésien 2021. 

Les ODD 12, 13 et 17: les liens entre eux et avec les autres ODD

La troisième table ronde du jour s’est concentrée sur les moyens de réorganiser et transformer la consommation et la production, tout en luttant contre les changements climatiques et en les atténuant, en lien avec l’ODD 12 (consommation et production responsables), le 13 (lutte contre les changements climatiques) et le 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).  « Nous sommes à un moment critique sur ces questions », a fait observer Mme JENNIFER MORRIS, Directrice générale du Nature Conservancy et modératrice de cette discussion, sans cacher que, pour l’heure, la communauté internationale « s’en sort plutôt mal ».  Mais la crise mondiale est l’occasion de rebondir et d’investir dans le développement durable, a-t-elle plaidé, jugeant qu’il n’y a pas de temps à perdre. 

Les ODD 12 et 13 sont des objectifs qui se renforcent mutuellement et qui ne pourront être atteints qu’au prix de transformations structurelles majeures de nos modes de vie, de travail, de production et de consommation, a souligné la Présidente de cette réunion, Mme PASCALE BAERISWYL, Vice-Présidente de l’ECOSOC.  Ces transformations s’appuieront sur un partenariat mondial renforcé, comme le préconise l’ODD 17, qui propose une vision audacieuse et suggère des investissements considérables de la part des gouvernements et du secteur privé, a-t-elle relevé.  Elle a insisté elle aussi sur « l’urgence d’agir » face aux changements climatiques, à la perte de biodiversité, à la pollution et à l’accumulation des déchets. 

Premier intervenant à s’exprimer, M. MALIK ASLAM, Ministre pour les changements climatiques du Pakistan, a dit tirer deux leçons principales de la pandémie.  La première est que nous ne pouvons pas nous battre avec la nature, n’ayant donc d’autre choix que de vivre en harmonie avec elle.  La deuxième est qu’il y a une meilleure voie, qui est l’économie à faible émission de carbone.  Le Pakistan, a-t-il dit, a déjà aligné ses politiques sur les ODD et sur la voie de la nature.  Avant la crise actuelle, il avait même annoncé son programme « Stimulus Vert » axé sur la protection de la nature et la création d’emplois.  Parmi les initiatives prises, le Ministre a notamment cité les objectifs de 60% d’énergie propre et de 30% de véhicules électriques d’ici à 2030.  En outre, l’indice « Clean Green Pakistan » incite les 80 villes du pays à trouver des solutions basées sur la nature, a-t-il noté. 

Après une présentation du rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la réalisation des ODD 12, 13 et 17 par Mme HEATHER PAGE, statisticienne à la Section de suivi des ODD de la Division de statistique du Département des affaires économiques et sociales (DESA), la parole a été donnée aux panélistes, en commençant par M. BRUNO OBERLE, Directeur général de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a souligné l’importance d’une agriculture et d’une silviculture durables pour répondre aux défis environnementaux.  À partir des solutions qu’offre l’élément naturel, nous pouvons changer nos pratiques, en particulier notre manière de transformer et de consommer les produits, a-t-il assuré, regrettant à cet égard qu’une très faible part des quelque 17 000 milliards de dollars consacrés à la relance post-COVID-19 soit consacrée aux investissements verts.  Il a appelé à ce que 10% au moins de ces sommes soient alloués à des projets de soutien à la nature. 

« Nous sommes à mi-chemin d’une année cruciale qui définira l’action climatique », a pour sa part averti Mme PATRICIA ESPINOSA, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Si les efforts internationaux de lutte contre les changements climatiques ont pris un certain élan, force est de constater que les nations sont en retard sur les objectifs fixés par l’Accord de Paris, à commencer par la limitation de la hausse des températures à 1,5 degré Celsius.  La COP26, programmée en novembre à Glasgow, doit permettre d’honorer les engagements mais il faut aussi utiliser les milliards de la relance pour relever les défis climatiques et s’écarter du carbone, a-t-elle professé, exhortant tous les pays à unir leurs efforts dans ce sens. 

Représentant du secteur privé, M. NIKHIL HIRDARAMANI, Directeur du Hirdaramani International Group, à Sri Lanka, a mis en avant son expérience d’entrepreneur pour démontrer que l’entreprise peut favoriser la planète plutôt que de rechercher le seul profit.  Faisant remarquer que protéger la nature coûte de l’argent, il a estimé que le secteur privé a un rôle évident à jouer, à l’image de l’usine verte qu’il a montée en 2008 pour commercialiser des produits durables.  Aujourd’hui, a-t-il expliqué, nous partageons nos bonnes pratiques avec d’autres secteurs de la chaîne d’approvisionnement, notamment celui de la confection, pour qu’ils adoptent ce modèle responsable.  Mais ce changement de stratégie de production doit être accompagné, nous ne pouvons pas agir seul, a fait valoir cet entrepreneur.

En écho à ce témoignage, Mme LOUISE MABULO, agricultrice philippine, mais aussi entrepreneure et jeune championne de la Terre des Nations Unies, s’est félicitée que la pandémie ait entraîné des changements vers des modes de production et de consommation plus durables, plus éthiques et plus responsables.  Selon elle, il existe des possibilités de tirer parti des pratiques de production traditionnelles en les adaptant à l’époque et en déconstruisant les « stigmas culturels ».  Mais il faut donner des moyens à ces communautés, a-t-elle appuyé, faisant également état de programmes philippins d’agroforêt impliquant des jeunes et d’associations de femmes exploitantes agricoles.  

À une échelle plus large, M. VIRGINIJUS SINKEVIČIUS, Commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche, a recommandé une « réponse systémique » aux crises urgentes des changements climatiques, de la pollution et de la perte de biodiversité.  Il faut reconstruire en mieux, sur un chemin qui soit vert, circulaire, résilient et juste, en gardant les ODD comme boussole, a-t-il avancé.  « C’est ce que nous voulons faire avec le Green Deal européen » qui est une stratégie de croissance dans les limites de la planète.  Plaidant pour la circularité, le Commissaire européen y a vu le meilleur moyen d’atteindre l’ODD 12.  Il a donné l’exemple du gaspillage alimentaire: on utilise des quantités énormes de terres, d’eau, d’engrais et de produits de traitement des plantes pour produire des aliments dont un tiers est gaspillé chaque année.   Il a aussi mentionné le plastique à usage unique qui reste dans les océans pendant des années après une utilisation de quelques secondes.  Plus de circularité, cela signifie des émissions plus faibles, a-t-il argué, rappelant que l’UE, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) ont lancé cette année l’Alliance mondiale sur l’économie circulaire et l’efficience des ressources, à laquelle 14 pays se sont joints. 

De son côté, Mme ANNIKA JACOBSON, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’environnement et du climat de la Suède, a souligné les efforts déployés par son pays pour décarboner son économie et réduire ses émissions de CO2.  La Suède a également engagé des programmes de promotion de l’économie circulaire et de gestion responsable des écosystèmes, tout en renforçant les financements pour les énergies renouvelables et la lutte contre la pollution plastique.  À l’occasion du cinquantième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain, a-t-elle ajouté, le pays accueillera l’an prochain la conférence « Stockhom + 50 » qui permettra de prendre de nouveaux engagements dans le cadre de la décennie d’action et des efforts de reprise durable.    

« La production et la consommation durables sont des outils essentiels pour mieux reconstruire et faire face efficacement aux crises de la biodiversité, du climat et de la pollution », a confirmé M. RODRIGO RODRIGUEZ TORNQUIST, Secrétaire du changement climatique, du développement durable et de l’innovation au Ministère argentin de l’environnement et du développement durable, et Président du conseil d’administration du Cadre décennal de programmes sur les modes de consommation et de production durables (10YFP).  Il a indiqué à cet égard que son pays, en dépit de ses graves difficultés socioéconomiques, a augmenté sa deuxième contribution volontaire au niveau national afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.  Dans le cadre de ces efforts, s’est-il enorgueilli, l’Argentine a aussi lancé un plan ambitieux d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. 

En Suède, a enchaîné Mme ANNIKA LINDBLOM, Directrice des affaires internationales et européennes au Ministère de l’environnement de ce pays, nous avons lancé une nouvelle stratégie visant à transformer notre économie en une économie circulaire d’ici à 2035.  Il s’agit d’une étape clef vers la réalisation de l’objectif de notre gouvernement de neutralité climatique d’ici à 2035, a-t-elle expliqué, affirmant qu’à cette date, la consommation intérieure totale de matières premières primaires ne dépassera pas le niveau de 2015, tandis que le taux d’utilisation circulaire des matériaux sera doublé. 

Le débat interactif qui a suivi ces présentations a vu Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe, rappeler que l’économie circulaire est l’alternative à la pratique qui consiste à fabriquer puis à jeter.  Nous devons garantir la durabilité en assurant une bonne gestion des déchets, a-t-elle affirmé, non sans faire état des travaux normatifs menés par sa Commission pour jeter les bases de l’économie circulaire dans les chaînes d’approvisionnement.  Dans le même ordre d’idée, la Suisse a appelé les États Membres à faire montre de « courage » en appuyant l’élaboration d’une convention sur la pollution plastique.   

« La science montre que la consommation durable est la voie à suivre », a acquiescé Mme LIGIA NORONHA, Sous-Secrétaire générale et Chef du bureau du Programme des Nations Unie pour le développement (PNUE) à New York.  Selon elle, environ 700 politiques sont menées dans ce sens dans 83 pays mais le « découplage » n’a pas encore lieu entre la croissance économique et l’augmentation de la pollution.  Il faut donc effectuer des actions ciblées sur certains secteurs clefs comme l’énergie et l’extraction, mais aussi agir sur l’ensemble de la chaîne de valeurs, sur la base de données ventilées, a-t-elle soutenu, appuyée par M. KOSSIVI ADESSOU, Coordonnateur régional du Réseau mondial des organisations de la société civile pour la réduction des catastrophes (GNDR) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, qui a prôné une approche multifacette pour répondre aux menaces climatiques pesant sur de nombreuses communautés, notamment celles des zones côtières du Togo, contraintes de quitter leurs foyers.  

La reprise doit se fonder sur la décarbonation, l’économie circulaire et une meilleure gestion des zones côtières, a ajouté M. ALEXANDRE LEITÃO, Envoyé spécial pour les affaires climatiques au Ministère des affaires étrangères du Portugal, saluant les efforts visant à créer des aires marines protégées sur 30% de la surface maritime du globe ainsi que la stratégie d’atténuation développée par l’Union européenne.  Il a encore insisté sur le lien unissant le climat à l’élément maritime en rappelant que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans se tiendra à Lisbonne en 2022. 

La Finlande et le Danemark ont ensuite exposé leurs efforts destinés à développer des économies circulaires efficientes en termes de ressources et neutres sur le plan climatique.   Le Guyana s’est également réjoui de progresser vers une économie circulaire, tandis que l’Indonésie vantait ses actions de développement à bas carbone, de gestion des déchets et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Le Guatemala a mis l’accent sur sa politique de préservation de l’eau et sa promotion de bonnes pratiques, telles que la faible consommation en bois pour la cuisine. 

La France a, elle, mis en exergue la Convention citoyenne sur le climat qu’elle a lancée en 2019.  Dans ce cadre, 150 citoyens tirés au sort ont travaillé pendant neuf mois pour produire 149 propositions qui serviront à l’élaboration d’un projet de loi, a-t-elle précisé, estimant que cette expérience alignée sur les ODD « marquera la démocratie française et structurera la politique climatique de la France ».  Elle a d’autre part indiqué qu’entre autres initiatives, elle accueillera en septembre le Congrès mondial de la nature.

Plus axé sur les droits humains, le Groupe des femmes a souligné les effets cumulatifs des différentes crises sur les femmes.  Il a souhaité que les discussions sur la reprise post-COVID-19 accordent la même importance aux droits de la personne qu’à l’économie et à l’innovation.  Soulignant l’importance du volet financier, il a aussi appelé les pays développés à fournir une aide urgente aux pays pauvres pour soutenir leur adaptation aux changements climatiques.  En tant que pays vulnérable, nous considérons la pandémie comme une occasion unique de travailler avec nos partenaires sur les priorités climatiques et environnementales, a témoigné le Bangladesh, avant d’appeler de ses vœux un meilleur accès aux financements et aux technologies pour mettre en œuvre les ODD. 

Il faut un financement adéquat de l’action climatique, a renchéri la Chine, en appelant la communauté internationale à aider les pays en développement et à trouver un bon équilibre entre atténuation et adaptation.  Réaffirmant par ailleurs sa volonté de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2030, la délégation chinoise a fait observer que cette échéance est plus rapprochée que celle des pays développés.  Plus modestement, le Maroc a souligné l’ambition de sa contribution déterminée au niveau national, tout en listant une soixantaine de projets dans les domaines de l’atténuation, des transports propres et de la gestion des déchets.  

Enfin, attirant l’attention sur la « combinaison meurtrière de catastrophes » que connaît sa région, l’ONG « Asie Pacifique », a appelé à l’arrêt immédiat des subventions aux combustibles fossiles.  Elle a également souhaité qu’un appui financier et technique soit apporté aux pays producteurs du Sud et aux économies locales dévastées par la superposition des crises. 

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