Forum de la jeunesse
ECOSOC/7034

ECOSOC: le développement durable passe par l’intégration des jeunes vulnérables, en tirant les leçons de la COVID-19

La dixième édition du Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est conclue aujourd’hui sur des appels au renforcement de la résilience des jeunes les plus vulnérables pour tirer profit de leur valeur ajoutée en tant qu’agents du changement et moteurs du développement durable, en tirant les leçons de la pandémie de COVID-19. 

« Ne laisser aucun jeune de côté » était le thème de la journée, qui s’est articulée autour de trois tables rondes avec la participation de plusieurs dizaines de ministres et représentants de la jeunesse et autres organisations.  Les participants réunis virtuellement ont discuté des moyens d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) « avec et pour les jeunes », des leçons apprises de l’impact de la COVID-19 sur les jeunes vulnérables, et des moyens de favoriser la résilience de ces derniers.

« Les jeunes n’ont pas le temps d’attendre de vieillir pour agir face à l’urgence climatique », ont lancé Mmes Melati et Isabel Wijsen, fondatrices de Bye Bye Plastic Bags et de YouthTopia.  Ils représentent « 45% de la population mais 100% de l’avenir », ont-elles fait remarquer.  « Cessez de dire que nous sommes trop jeunes pour comprendre », ont scandé les deux jeunes militantes avant d’exhorter les jeunes à agir, partout, pour innover et compenser la lenteur du changement. 

L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake, a salué la participation à ce forum de 11 000 jeunes de 190 pays et de 60 haut-représentants d’État, une session qui a battu le record d’inclusion et de diversité aux Nations Unies au cours d’un forum.  L’Envoyée a appelé à investir dans l’éducation au développement durable et à promouvoir des solutions climatiques imaginées par les jeunes.  Elle a aussi pris note des nombreuses demandes des jeunes de pouvoir bénéficier de davantage de sécurité pour faire entendre leur voix.

Le principe de « ne laisser personne de côté », qui est la pierre angulaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030, doit s’appliquer en particulier aux jeunes, a plaidé M. Elliot Harris, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef au DESA.  C’est essentiel pour leur permettre d’accéder aux ressources et de pleinement réaliser leur potentiel « d’agent de transformation » par excellence.  Soulignant que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités et les obstacles auxquels les jeunes sont confrontés pour accéder aux services, aux ressources et aux opportunités, M. Harris a souligné la nécessité de s’attaquer aux différentes formes de vulnérabilités pour « reconstruire en mieux » avec les jeunes.  Il a aussi annoncé la sortie prochaine d’un rapport de l’ONU sur la santé mentale et le bien-être des jeunes. 

Dans sa conclusion, Mme Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a appelé à identifier et à s’attaquer aux restrictions et freins qui limitent la participation des jeunes aux prises de décisions en matière de réalisation des objectifs de développement durable, avant de rappeler que « l’éducation est au cœur de tout ». 

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a insisté sur le problème de la sous-représentation des jeunes dans les processus politiques, alors que les jeunes sont un vecteur de changement déterminant pour réussir la décennie d’action et assurer une reprise résiliente. 

Ces deux journées ont mis l’accent sur l’importance de la reconstruction post-COVID d’un monde plus pacifique et prospère, a noté pour sa part le Président de l’ECOSOC, M. Munir Akram, envisageant un monde dans lequel les jeunes pourront mieux s’épanouir dans l’intérêt de la réalisation des objectifs de développement durable.  Se félicitant de la participation numérique au Forum de 11 000 jeunes du monde entier, le Président de l’ECOSOC s’est dit persuadé que les Nations Unies de demain seront de plus en plus façonnées par les jeunes. 

Ainsi s’est conclu le Forum de la jeunesse de 2021, organisé par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), en collaboration avec le Bureau de l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, le grand groupe des enfants et des jeunes et la Réunion internationale de coordination des organisations de jeunesse (ICMYO).  Cette session apportera une contribution importante à l’examen de cette mise en œuvre par l’ECOSOC et le forum politique de haut niveau pour le développement durable en 2021.

FORUM DE LA JEUNESSE DE L’ECOSOC DE 2021

« Une décennie d’action: assurer une reprise résiliente »

Suite de la table ronde sur le thème: « Réaliser les objectifs de développement durable avec et pour les jeunes »

Animée par Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, cette première table ronde a abordé « la réalisation des ODD avec et pour les jeunes » sous l’angle de l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, l’accès de tous à la justice et des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous (ODD 16) et la mise en œuvre de partenariats (ODD 17).

Ouvrant le débat, le représentant de le jeunesse ougandaise et de l’ONG « Friday’s For Future Uganda », a exhorté les dirigeants à faire face à l’urgence climatique en cessant d’investir dans les énergies fossiles et en permettant aux plus vulnérables, dont les filles, les femmes et les jeunes, de s’investir dans cette lutte par le biais d’un accès à « des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ». 

Si le Ministre de la jeunesse, des sports et de l’autonomisation des communautés des Maldives a cité l’adoption d’un projet de loi visant à renforcer la participation des jeunes à la prise de décisions relatives aux répercussion des changements climatiques, la Ministre des politiques de la jeunesse de l’Italie a cité l’organisation en septembre en Italie d’une conférence rassemblant 400 jeunes de 190 pays, invités à formuler des propositions concrètes pour préparer la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques qui se déroulera du 1er au 12 novembre 2021.  Notant que la pandémie a exacerbé l’exclusion des jeunes les plus vulnérables, la militante des droits des jeunes handicapés du Pakistan a jugé indispensable de prendre des mesures pour favoriser l’inclusion des jeunes handicapés. 

Après avoir noté que la pandémie a privé de cours 1,6 milliard de jeunes, la représentante du Conseil norvégien des enfants et des jeunes a appelé les États à fournir aux jeunes l’éducation, les atouts et les moyens pour qu’ils puissent mettre en œuvre, demain, les décisions prises aujourd’hui pour lutter contre les changements climatiques.  À l’instar de la représentante des jeunes de la Norvège, le Ministre de la jeunesse de la Jordanie a mis l’accent sur l’importance de la résolution 2250 du Conseil de sécurité sur la jeunesse, la paix et la sécurité. 

Donnant un exemple d’inclusion des jeunes pour favoriser leur participation aux processus de prise de décisions, le Ministre de la culture et des sports du Qatar a souligné la tenue en 2019 à Helsinki de la première Conférence de jeunes sur le processus de paix au Moyen-Orient qui a abouti à 17 recommandations faites par les jeunes.  Appuyant cette démarche, la déléguée de la jeunesse du Qatar a rappelé qu’une deuxième conférence de jeunes sur le processus de paix se tiendra à Doha en 2022.

De son côté, le député du Suriname et Président du Forum de l’Union interparlementaire des jeunes parlementaires a mis l’accent sur la redevabilité et l’inclusion en jugeant insuffisant que seulement 2% des parlementaires soient des jeunes. 

Le Ministre de la jeunesse et des sports de l’Égypte a souligné les efforts de son pays pour autonomiser la jeunesse égyptienne avant de citer 140 programmes égyptiens dédiés à la jeunesse dans le domaine des objectifs de développement durables (ODD).  « Des mesures ont été prises en phase avec la stratégie du Secrétaire général pour la jeunesse », a ajouté le Ministre égyptien.  

De son côté, le Ministre de l’éducation du Pérou a exposé les efforts de son ministère pour promouvoir des instituions en phase avec les attentes des jeunes en tenant compte de la diversité des groupes de jeunes, notamment des différences entre jeunes urbains et jeunes ruraux.  

Le Ministre des affaires bruxelloises, de la jeunesse et des médias du Gouvernement flamand et la déléguée de la jeunesse de la communauté francophone de Belgique ont mis l’accent sur les efforts des trois communautés linguistiques de la Belgique pour enraciner la participation des jeunes dans tous les domaines politiques, dont la mise en œuvre des ODD.  « La communauté francophone a lancé un programme de quatre ans pour favoriser la participation des jeunes à la prise de décisions, et la communauté germanophone a développé un plan stratégique de la jeunesse 2023-2027 », s’est félicité le Ministre flamand.  

« Nous devons accroître la participation des jeunes dans la réalisation des ODD au niveau communautaire et cela passe par la promotion de leur émancipation », a insisté le Président du Sommet 2020 de la jeunesse du G20 (Y20), en rappelant que 50% de la population mondiale a moins de 30 ans. 

De leur côté, le Directeur général de l’Institut de la jeunesse du Mexique et la déléguée de la jeunesse du Mexique ont présenté les initiatives menées dans leur pays pour faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 en termes de stress, violence, santé reproductive et santé mentale des jeunes.  À la suite de problèmes techniques, il n’a pas été possible d’entendre la Directrice de l’Institut national de la jeunesse de l’Argentine.

Sont également intervenus: une parlementaire étudiante, de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) au Liban; la Vice-Ministre de la jeunesse au Ministère de la culture et de la jeunesse du Costa Rica; la Ministre de la jeunesse de la République dominicaine; et le Ministre du développement international de la Norvège.  

Ne laisser aucun jeune sur le bord de la route: traiter les conséquences à long terme de la COVID-19 sur les groupes de jeunes vulnérables

En introduisant le débat de cet après-midi, M. ELLIOTT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef au Département des affaires économiques et sociale (DESA), a fait remarquer que le principe de ne laisser personne de côté est la pierre angulaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  C’est aussi un engagement à éliminer les inégalités qui empêchent les individus d’accéder aux ressources et de pleinement réaliser leur potentiel.  Cela s’applique au développement personnel, mais aussi aux actions que chacun peut mener pour avoir un impact positif sur sa propre communauté et son pays.  De toute évidence, ce principe doit s’appliquer également aux jeunes, a affirmé le Sous-Secrétaire général pour lequel l’expression « agent de transformation » fait immédiatement penser aux jeunes.  Il a en même temps souligné les nombreux obstacles auxquels ces derniers sont confrontés pour accéder aux services, aux ressources et aux opportunités.

La famille des Nations Unies est douloureusement consciente qu’une grande proportion de jeunes est confrontée à de multiples vulnérabilités, a-t-il précisé, citant notamment la combinaison de la pauvreté, du faible niveau d’éducation, des inégalités entre les sexes et des handicaps, et regrettant que cette réalité complexe soit trop souvent « invisible, sans papiers et sans réponse ».  De plus, a-t-il ajouté, ces vulnérabilités sont aggravées par la COVID-19 comme le montrent les données préliminaires sur les effets sociaux et économiques de la pandémie.  

Également conscient du fait que le vécu des jeunes de la pandémie -et de la vie en général– varie beaucoup, car les « jeunes » ne sont pas un groupe homogène, M. Harris a appelé à trouver des moyens pour remédier non seulement aux différentes formes de vulnérabilités, mais aussi à la manière dont elles se recoupent.  À titre d’exemple, il a dit que les faibles revenus, les niveaux d’éducation inférieurs, l’accès insuffisant aux services sociaux et le manque de protection sociale ont aggravé les risques et les conséquences encourus par les jeunes pendant et au lendemain de la pandémie. « Dès lors, nos politiques et programmes doivent prendre en compte le vécu des jeunes et s’attaquer aux causes profondes de ces vulnérabilités et aux défis qu’elles soulèvent. »

Pour M. Harris, il s’agit aujourd’hui de « reconstruire en mieux » en misant sur l’inclusion d’un large éventail de jeunes, ce qui sera la pierre angulaire d’une reprise véritablement inclusive.  « Nous sommes ici, aujourd’hui, pour écouter et apprendre d’un groupe exceptionnel de jeunes qui vivent des vulnérabilités multiples. »  Le Sous-Secrétaire général a salué le fait qu’ils soient néanmoins activement et passionnément engagés dans leurs communautés.  Ces jeunes intervenants incarnent le principe de ne laisser personne de côté du Programme 2030, a-t-il estimé.  À travers leurs histoires et ce forum, l’ONU cherche à encourager un dialogue intergénérationnel avec les praticiens des Nations Unies et identifier des engagements concrets, que ce soit maintenant ou dans un avenir proche, le but étant de contribuer à garantir qu’aucun jeune ne soit laissé pour compte dans les efforts mondiaux de reconstruction post-COVID et de renforcer notre résilience partagée.

Comprendre l’impact de la COVID-19 sur les jeunes vulnérables

Confrontée elle-même à différentes formes d’exclusion, Mme ANGELICA OJINNAKA, défenseuse de la jeunesse et chercheuse, a dit s’être rendue compte que le monde n’était pas adapté à des personnes « comme elle », ne pouvant pas les défendre ou assurer leur indépendance.  Cette pandémie a mis à nu les insuffisances des systèmes, a relevé Mme Ojinnaka qui a dit se battre pour la protection des identités multiples des jeunes.  À son avis, les stratégies de communication avec les jeunes ne sont pas adaptées.  Elle a suggéré que les organismes internationaux et les gouvernements viennent participer aux « tables des jeunes », car, comme elle l’a dit, « à force d’être mis sur la touche, nous nous sommes organisés ».

Parmi les recommandations faites par Mme Ojinnaka pour autonomiser les jeunes marginalisés et leur donner plus de visibilité, elle a invité à hiérarchiser les priorités de la santé mentale des jeunes et à prendre en compte tous les facteurs pour évaluer l’ensemble de la marginalisation des différentes communautés.  À l’âge de la numérisation, elle a notamment attiré l’attention sur les difficultés d’accès de certains jeunes à l’outil internet. 

C’est à son tour l’inclusivité des jeunes handicapés qu’a défendue l’activiste et auteure syrienne, Mme NUJEEN MUSTAFA, originaire de Kobani, qui a fui la guerre dans son pays d’origine en fauteuil roulant en traversant huit pays pour finir par arriver en Allemagne.  Les thèmes de la participation inclusive ou du manque d’intersectionnalité font partie de sa vie depuis sa naissance, en tant que personne handicapée, a expliqué Mme Mustafa qui a résumé son expérience par une seule phrase: « Enfant, je n’étais pas assez importante pour que l’école me soit accessible, je n’étais pas assez importante pour avoir des moyens de me développer en tant que personne, et je n’étais pas assez importante pour avoir le droit de rêver et d’atteindre mes objectifs. »  Même constat quand elle a fui la Syrie en tant que jeune femme privée de son droit à une vie sûre et paisible: même la direction du camp de réfugiés ne considérait pas les réfugiés handicapés comme suffisamment importants pour prévoir au moins des toilettes accessibles. 

Pourtant, s’est indignée Mme Mustafa, les jeunes handicapés et les jeunes d’autres groupes marginalisés s’intéressent à un large éventail de sujets et de problèmes pertinents pour le monde d’aujourd’hui tels que les changements climatiques.  « Nous avons tellement à offrir!  Chaque pays, gouvernement et organisation bénéficierait grandement de nos idées et propositions. »  Et pourtant, les jeunes handicapés se battent toujours pour les droits que d’autres tiennent pour acquis, comme une éducation inclusive, l’accès aux technologies d’assistance et la participation aux processus politiques et décisionnels.  Depuis la création de ce Forum, il y a 10 ans, c’est la première fois que l’on tente d’écouter la voix des jeunes handicapés et, même encore aujourd’hui, il n’est pas accessible aux personnes sourdes ou aveugles, a remarqué Mme Mustafa pour laquelle c’est tout simplement inacceptable.  Elle a espéré que cette session incitera à prendre conscience du fait que « les jeunes handicapés et leurs identités colorées ne sont pas un passif mais plutôt un atout dans notre quête commune d’un monde meilleur ».

Mme Mustafa a aussi mis l’accent sur l’importance de la ventilation des données sur les groupes marginalisés, qui permettent d’avoir un meilleur aperçu de leur vécu et de mieux répondre à leurs besoins.  La collecte de données permet de « voir les problèmes et de rendre chacun visible », a-t-elle martelé y voyant un autre aspect de l’inclusivité.

S’exprimant au nom de la communauté LGBTI, M. TUSHAR KANTI BAIDYA, défenseur des droits de l’homme et membre de l’organisation Inclusive Bangladesh, a plaidé pour une plus grande représentation de ce groupe.  Lui aussi s’est engagé parce qu’il avait l’impression de ne pas être « assez important » ou de ne pas compter.  Il s’est dit furieux des répercussions de la COVID-19 sur sa communauté et du manque d’action du Gouvernement de son pays à cet égard, simplement parce que les personnes LGBTI ne sont ni reconnues, ni traitées en tant que communauté à part avec des besoins spécifiques.  Il a fallu deux semaines à partir du 23 mars l’an dernier pour que le Gouvernement du Bangladesh leur distribue des masques et autres services alors que les jeunes ont relevé le même pari en moins de deux jours.  Ces jeunes ont collecté des fonds sur différentes plateformes pour venir en aide à la communauté LGBTI et se sont aperçus qu’il n’y avait aucune action prévue dans ce cadre, a-t-il indiqué.  Ils se sont également aperçus qu’il n’existait pas de données sur cette communauté, ce qui rendait plus difficile d’aider ses membres.  Pourtant le Bangladesh a des services financiers mobiles très développés, a-t-il noté tout en relevant qu’un grand nombre de personnes LGBTI ne dispose pas de téléphone portable.  Le problème était similaire en Indonésie, où, là encore, les LGBTI ne font pas l’objet d’une base de données propre, ce qui rend l’action auprès de cette communauté difficile. 

Aux Philippines, à Sri Lanka et au Bangladesh, les personnes LGBTI ont même été harcelées pendant la pandémie, a affirmé M. Baidya citant certains cas concrets.  Pour le jeune activiste, les gouvernements devraient lutter contre la stigmatisation de la communauté LGBTI, la reconnaître, voire même réfléchir à une « carte d’identité » pour fournir à ses membres les services dont ils ont besoin, en particulier pendant la pandémie.

Favoriser un voyage vers la résilience pour et avec les jeunes vulnérables

La vulnérabilité des jeunes autochtones a été soulignée par Mme ALBA VERÓNICA YACABALQUIEJ, représentante d’un peuple autochtone du Guatemala et membre du réseau des jeunes défenseurs des droits de l’homme, qui a déploré la discrimination dont les populations autochtones font l’objet, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Étant donné que les enseignements sont devenus virtuels, de nombreux jeunes autochtones de son pays ne peuvent plus poursuivre leurs études et, en conséquence, ils se sont lancés sur la route des États-Unis, a-t-elle regretté.  Certains parmi eux sont revenus et ont été victimes de discrimination car ils étaient accusés d’être porteur du virus à coronavirus, a-t-elle relaté.  Sur une note plus positive, la représentante a expliqué que les pratiques médicinales traditionnelles ont permis aux peuples autochtones de se prémunir de la pandémie.  Des groupes d’autochtones ont également publié des messages de prévention dans les langues locales, a-t-elle salué. 

En Tunisie, la prise en compte des vulnérabilités a permis de comprendre ce qu’est le patriarcat, a enchaîné Mme LYNDA ROMDHANE, avocate et activiste de l’égalité des genres en Tunisie, en témoignant avoir commencé, pas à pas, à détruire ce patrimoine culturel patriarcal en elle et chez ses proches.

« Maintenant je peux dire que je crois aux droits que je défends », a-t-elle affirmé.  Elle a ensuite souligné les tensions que la COVID-19 a entraînées, s’inquiétant de l’aggravation de phénomènes tels que la violence domestique contre les femmes.  La pandémie a révélé les failles du système juridique tunisien, a-t-elle constaté: s’il existe des lois pour protéger les femmes victimes de violence, l’État n’a pas créé d’espace sûr où ces victimes peuvent se réfugier.  Consciente de l’importance des droits des femmes dans cette société patriarcale, Mme Romdhane a promis d’être la voix de celles qui n’en n’ont pas. 

Mme FIONA McCLUNEY, Coordonnatrice résidente des Nations Unies en Albanie, a parlé du travail qui est accompli dans son pays grâce à l’ONU qui implique les groupes de jeunes, notamment les jeunes leaders, les influenceurs, les militants des droits humains, les bénévoles, et les organisations de jeunesse, travaillant « avec et pour les jeunes ».  L’exemple le plus récent d’implication des jeunes est la création de « UN Albania Youth », un groupe de 14 jeunes représentatifs qui conseillent l’équipe de pays des Nations Unies en Albanie sur les questions importantes concernant la jeunesse.  Mme McCluney a estimé que le système des Nations Unies a beaucoup à apprendre d’une telle interaction avec les jeunes.  Elle a indiqué que l’impact de l’engagement des jeunes sera amplifié si l’on crée de bonnes voies/structures pour leur inclusion dans les processus d’élaboration des politiques.

Partout dans le monde, les jeunes sont à l’avant-garde de la lutte pour les changements, a affirmé M. CLÉMENT VOULÉ, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits à la liberté de réunion et d’association.  Ils sont aussi constamment en quête des libertés fondamentales, dont celle de réunion et d’association, a-t-il noté.  Le mandat de M. Voulé lui donnant l’occasion de voyager dans divers pays et de rencontrer de jeunes activistes, il a promis de tout faire pour que leur voix soit entendue par le Conseil des droits de l’homme et pour qu’ils soient à même de participer à la vie publique.  Il a conclu en affirmant que si les jeunes ne peuvent jouir de leurs droits et libertés, alors il leur sera difficile de contribuer pleinement à la mise en œuvre des ODD.

Après ces deux discussions, l’Économiste en chef de l’ONU, M. HARRIS, a annoncé la sortie prochaine d’un rapport de l’ONU sur la santé mentale et le bien-être des jeunes.  Le rapport va se fonder sur l’expérience des jeunes avant et pendant la pandémie, a-t-il expliqué.

Réfléchir au passé et regarder de l’avant: célébrer les 10 ans du Forum de la jeunesse et le démarrage de la décennie d’action

La participation des jeunes à la réalisation des objectifs de développement durable était au cœur de ce dernier segment, introduit par l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, et qui a vu la participation de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED. 

Que ce soit Mme DILAN EZGI KOÇ, Jeune Championne du désarmement et violoniste qui cherche à sensibiliser le public à son action par la musique, Mme MARIANA VASCONCELOS, cofondatrice et Directrice générale de Agrosmart, qui travaille dans le secteur de l’agriculture durable et de la résilience climatique au Brésil, ou M. ABDULLAH AL-KHAFAJY, un jeune iraquien représentant la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine, ces jeunes ont tous appelé à miser sur l’éducation dès le plus jeune âge.  Trop souvent les jeunes ne sont pas au courant des objectifs de développement durable et du cadre qu’ils représentent pour leur avenir.  Intégrer les ODD dans les programmes scolaires pousserait les jeunes à devenir des partenaires dans leur mise en œuvre.  C’est essentiel pour qu’ils n’aient plus l’impression que ça ne les concerne pas, a estimé Mme Vasconcelos.  De son côté, M. Al-Khafajy a remarqué que la pandémie a mis à nu la pertinence, ou pas, des programmes éducatifs ainsi que l’importance de la technologie dans l’éducation.  Il a invité à rebondir là-dessus pour améliorer la qualité de l’éducation, y compris pour enseigner les objectifs du Programme 2030.

Mme Ezgi Koç, en tant que musicienne, a dit s’être concentrée sur les objectifs de développement durable pendant la pandémie et avoir impliqué d’autres artistes dans son travail sur le désarmement et la non-prolifération.  Elle espère pouvoir continuer sur cette voie de la sensibilisation du public aux mesures politiques à travers l’art.  L’ONU doit être plus à l’écoute des jeunes, et pas uniquement dans le cadre de ce forum annuel de deux jours, ont demandé plusieurs intervenants, ce à quoi la Vice-Secrétaire générale a répondu en reconnaissant l’importance de la contribution des jeunes à l’action de l’ONU.  Les jeunes nous montrent la marche à suivre, a remarqué Mme Mohammed, ajoutant que les jeunes tiennent aussi les adultes et les gouvernants pour responsables de leurs actes. 

La Vice-Secrétaire générale a aussi appelé à trouver de nouveaux moyens pour élargir le mouvement des jeunes en faveur des ODD.  Il va falloir réfléchir à ce que la transformation systémique que représente le Programme 2030 signifie pour les jeunes, a souhaité Mme Mohammed pour laquelle sa réalisation relève à la fois d’une responsabilité collective et individuelle.  Pour résonner, il faut que ce soit concret dans le vécu de chacun, a-t-elle martelé adhérant à l’idée d’intégrer ce programme dans les programmes scolaires.  La force de ce programme réside dans le fait que chaque ODD est un tremplin pour les 16 autres, et donc que chacun peut trouver sa voie. 

Mme Mohammed a remarqué que les solutions vertes passent par la science et la technologie et remettent à l’honneur des secteurs comme l’agriculture et l’enseignement.  Dans le même temps, le Programme 2030 capitalise sur la synergie entre le monde rural et urbain et, pour associer les jeunes à sa réalisation, il va falloir agir en premier lieu aux niveaux local et national.  Mme Mohammed a même parlé de l’impératif pour l’ONU et les gouvernements de régulièrement « prendre le pouls » de la jeunesse dans toute sa diversité et d’ouvrir la voie aux jeunes pour qu’ils puissent passer aux commandes et devenir le moteur des ODD et des agents du changement.

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