8937e séance - matin
CS/14744

Conseil de sécurité: en Syrie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général préconise une approche « pas-à-pas » pour parvenir à un règlement politique du conflit

Devant le Conseil de sécurité ce matin, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie a préconisé une approche « pas-à-pas » en vue de parvenir à un règlement politique du conflit qui fait rage dans ce pays.  M. Geir Pedersen, qui vient tout juste d’achever un tour de consultations avec le Gouvernement syrien et d’autres parties prenantes, a estimé que la « solution militaire » demeure « absolument illusoire ».

« La Syrie continue d’irradier l’instabilité et d’être un havre pour mercenaires, trafiquants de drogue et terroristes », a relaté par visioconférence M. Pedersen, en regrettant que, six ans après l’adoption de la résolution 2254 (2015), sa mise en œuvre reste hors de portée et, ce faisant, l’atténuation des souffrances endurées par les Syriens et la réalisation de leur aspirations légitimes.

Constatant que beaucoup de questions ne dépendent pas exclusivement des Syriens, l’Envoyé spécial a déclaré vouloir persévérer dans ses consultations en 2022 pour que les parties s’accordent sur des jalons « vérifiables, précis, réalistes et réciproques », susceptibles d’accroître la confiance mutuelle, alors que la défiance continue d’être de mise.  M. Pedersen a en conséquence conclu qu’il « serait folie » de se contenter de gérer une impasse inacceptable, vouée à se détériorer en l’absence de solution politique, recommandant vivement aux parties d’avancer « pas-à-pas » en vue d’un compromis. 

Évoquant à son tour une situation « sombre » liée à la hausse des besoins humanitaires –laquelle contraste cruellement avec la baisse de leurs financements–, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a réclamé des garanties sécuritaires de la part de toutes les parties concernées pour assurer le passage en toute sûreté des convois et du personnel humanitaire.  

M. Griffiths a par ailleurs signalé le lancement, le 16 décembre, d’un nouveau mécanisme de distribution de vivres par l’intermédiaire d’une équipe locale du Programme alimentaire mondial (PAM) et d’un plan de l’ONU afin d’assurer des opérations humanitaires davantage prévisibles et viables sur les six mois à venir.  Celui qui est aussi le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU a identifié cinq objectifs pour 2022, lesquels exigent « une action renouvelée de la part de tous » pour inverser la tendance actuelle: protection des civils; soutien accru à l’aide vitale; davantage d’aide au relèvement rapide pour une réponse durable; facilitation de la mise en œuvre du plan semestriel; cessez-le-feu national. 

Neuf mois après sa première intervention devant le Conseil, Mme Amani Ballour, pédiatre syrienne engagée dans la défense des droits des femmes et des enfants, a constaté par visioconférence que la situation humanitaire en Syrie est plus grave que jamais.  « Vous vous êtes égarés », a-t-elle lancé aux membres du Conseil, qu’elle a exhortés à réfléchir aux mesures concrètes susceptibles de faciliter l’acheminement de l’aide et d’alléger les souffrances des Syriens.  « Vous devez continuer à autoriser l’assistance transfrontière, qui apporte une aide vitale à des millions de civils », a encore demandé l’activiste, ajoutant qu’ils ne sont pas des « pions » que l’on peut déplacer en fonction de « tractations politiques ». 

La République arabe syrienne s’est pour sa part enorgueillie de sa coopération avec l’ONU, en particulier en ce qui concerne l’acheminement des convois humanitaires au-delà les lignes de front.  La délégation a toutefois déploré que le rapport du Secrétaire général ne mentionne pas les entraves du « régime » turc et des organisations terroristes qui lui seraient affiliées.  Elle a réitéré la position de principe de Damas, qui rejette le mécanisme transfrontière en raison de son échec à garantir que l’aide parvienne aux populations et non aux terroristes.  La Turquie a regretté, de son côté, que le « régime syrien » refuse de participer aux négociations prévues à Genève, saluant au contraire la politique du pas-à-pas proposée par le Secrétaire général.

La Syrie a en outre réaffirmé son attachement à la conduite d’un dialogue intra-syrien, exigeant que les parties extérieures cessent leur ingérence dans les modalités de la Commission constitutionnelle.  Après avoir salué la coopération de la Fédération de Russie, elle a appelé à neutraliser les organisations terroristes et à mettre fin aux occupations turque et américaine, afin que l’autorité souveraine syrienne soit rétablie partout dans le pays. 

Sur le plan politique, le Niger a insisté sur l’impératif d’un changement radical dans la structure, la composition et les méthodes de travail de la Commission constitutionnelle.  Critique également, la France a pointé quant à elle « l’obstruction du régime syrien » dans le cadre des travaux de la sixième session, tandis que la Chine a regretté que la date de la prochaine ne soit pas encore fixée.  Pour la République islamique d’Iran, la Commission doit travailler en l’absence de pression extérieure ou de l’imposition d’un échéancier « artificiel ». 

Le processus de paix approuvé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2254 (2015) ne peut aboutir sans une réelle volonté du régime syrien de s’y engager, a rétorqué le Royaume-Uni, pour qui rien ne saurait remplacer le mécanisme transfrontière mandaté par l’ONU.  Pour les États-Unis, celui-ci reste clairement l’une des opérations humanitaires les plus robustes et étroitement surveillées au monde, comme le détaille le rapport du Secrétaire général. 

« Nous défendons de nouvelles étapes vers le retour complet de Damas dans la « famille arabe », a déclaré la Fédération de Russie, en annonçant la tenue, les 21 et 22 décembre à Nour-Soultan -anciennement Astana–, d’une réunion des protagonistes du format d’Astana (Russie, Iran et Turquie), avec la participation d’autres parties prenantes.  

Les membres du Conseil ont en outre condamné les actes de violence prenant pour cible la population civile, mettant l’accent sur le fardeau supplémentaire que font peser l’arrivée de l’hiver et la pandémie de COVID-19.  Alors qu’à peine 3% de la population syrienne est vaccinée, il faudrait tout mettre en œuvre pour que l’assistance humanitaire parvienne aux nécessiteux à temps et en quantité suffisante.  Pour cela, il faudrait également des garanties sur le terrain pour que cette assistance ne soit pas détournée par les organisations terroristes, a-t-il également été souligné au cours du débat d’aujourd’hui.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT - S/2021/1029; S/2021/1030

Alors que l’année 2021 s’achève, nous ne pouvons que constater une année de profondes souffrances pour le peuple syrien, a déclaré à l’entame de son exposé par visioconférence M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  Il a fait état de la poursuite de la violence à l’encontre des civils et d’abus systématiques des droits de l’homme, en particulier à l’égard des femmes et des filles et ce, alors que les lignes de front n’ont pas bougé. 

M. Pederson a également mis l’accent sur une intensification des niveaux de faim et de pauvreté en raison de l’implosion de l’économie: 14 millions de personnes sont dans le besoin, soit le chiffre le plus élevé depuis le début du conflit il y a plus de 11 ans.  Des dizaines de milliers de personnes sont toujours détenues, enlevées ou disparues.  De plus, a-t-il continué, 13 millions de Syriens sont encore déplacés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, et nombre d’enfants n’ont jamais connu leur pays d’origine.  La Syrie demeure fragmentée en plusieurs zones et les autorités de facto ancrent leur contrôle sur le terrain, tandis que cinq armées étrangères se trouvent sur le théâtre des opérations. 

Dressant un constat sans appel de la situation, M. Pedersen a affirmé que, six ans après l’adoption de la résolution 2254 (2015), on reste malheureusement bien loin de sa mise en œuvre pour soulager les souffrances, répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien et réinstaurer l’unité et la souveraineté de la Syrie.  « La Syrie continue d’irradier l’instabilité et d’être un havre pour les mercenaires, les trafiquants de drogue et le terrorisme », a asséné l’Envoyé spécial. 

Partant, « la solution militaire demeure absolument illusoire et le statu quo reste inacceptable étant donné le danger d’une nouvelle escalade et la menace constante du terrorisme », a estimé M.  Pedersen.  Il s’est voulu quelque peu optimiste pour l’année 2022, d’abord parce que, depuis 21 mois, toutes les parties sont confrontées à une paralysie stratégique sur le terrain, sans changement sur les lignes de front, ce qui montre à l’évidence qu’aucun acteur ou groupe d’acteurs n’est en mesure de déterminer l’issue du conflit.  Ensuite, tous ont à faire face à de graves risques et à des coûts élevés s’ils se contentent du statu quo, notamment en raison des souffrances humanitaires, de la crise continue du déplacement, de l’effritement de l’économie, de la division de fait du pays, des dangers d’une nouvelle escalade et de la menace persistante du terrorisme.  

Avec chaque mois qui passe, des mesures politiques et économiques sont incontournables, a-t-il insisté, après s’être rendu en Syrie, y compris à Damas, et dans toute la région, ainsi qu’à Bruxelles.  M. Perdersen a ainsi rencontré, en novembre, les chefs de la diplomatie de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, d’Oman, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, et, ce mois-ci, le Gouvernement libanais.  

À Damas, a rapporté l’Envoyé spécial, il a eu des discussions importantes avec le Gouvernement syrien.  Il a indiqué avoir également fait un point d’information avec les envoyés américains, européens, arabes et turcs à l’occasion des discussions tenues à Bruxelles.  Son adjointe, Mme Khawla Mattar, est en route aujourd’hui pour Nour-Soultan, au Kazakhstan, où elle s’entretiendra avec des fonctionnaires russes, turcs et iraniens, et d’autres participants, dans une réunion de « format Astana ». 

Toutes ces discussions lui ont permis de constater que la défiance perdure largement de tous côtés, a indiqué M. Pedersen.  Il a cependant mis l’accent sur l’intérêt que toutes les parties confondues ont à dialoguer.  Il a lancé ce processus au niveau bilatéral en janvier dernier, a-t-il rappelé, et ces discussions doivent se poursuivre.  Jusqu’à présent, la Fédération de Russie, l’Union européenne, la Turquie et le Qatar ont pris part avec lui à des consultations bilatérales à Genève.  L’Envoyé spécial s’est réjoui à la perspective de poursuivre ces efforts en 2022 pour contribuer à « faire bouger le processus » et pour s’accorder sur des jalons vérifiables, précis, réalistes et réciproques, susceptibles d’accroître la confiance mutuelle conformément à la résolution 2254 (2015).  Beaucoup de questions, a-t-il fait remarquer, ne dépendent pas exclusivement des Syriens. 

Il faut en outre continuer à saisir toutes les occasions offertes pour améliorer la situation humanitaire, notamment en élargissant l’accès.  M. Pedersen a rappelé que les canaux américano-russes avaient aidé à jeter les bases de la résolution 2585 (2021) du Conseil.  Le fait est que les canaux existants excluent au moins un acteur essentiel, a-t-il néanmoins noté, appelant à des mesures pour instaurer un climat sûr, calme et neutre.  Il faut trouver le moyen de créer un cercle vertueux d’instauration de la confiance pour répondre aux aspirations des Syriens, et pour encourager au retour sûr des réfugiés et déplacés. 

M. Pedersen a précisé ensuite qu’à Nour-Soultan, son équipe assistera à une réunion du Groupe de travail sur la libération de personnes détenues ou enlevées et la restitution des dépouilles, ainsi que sur l’identification des personnes disparues.  Le 16 décembre, son équipe a facilité la remise en liberté de cinq personnes dans le nord de la Syrie.  Il a cependant exhorté à amplifier la libération des prisonniers, surtout les femmes, enfants, malades et personnes âgées, et au partage d’information sur les disparus, question qu’il a mise en relief à l’occasion de sa visite à Damas. 

M. Pedersen a ensuite décrit les efforts visant à la tenue de la septième session de la Commission constitutionnelle syrienne, soulignant que les consultations vont bon train, son adjointe s’étant rendue à deux reprises à Damas et s’étant réunie à Istanbul avec la Commission syrienne de négociation, M. Pedersen a rencontré le nouveau Coprésident de la Commission syrienne lors de sa visite à Damas il y a un peu plus d’une semaine.  Celle-ci doit agir de manière rapide et produire des résultats constants. 

L’Envoyé spécial s’est déclaré prêt à convoquer une septième session à Genève dès que les parties seront prêtes.  Il a aussi fait valoir que ses échanges avec les représentants de la société civile peuvent contribuer à la paix.  À cet égard, il a été briefé par le Syria Gender Advisory Group sur plusieurs recommandations figurant dans leur agenda commun sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.  Il a jugé que de telles initiatives sont fondamentales pour que les Syriennes puissent décrire leurs réalités quotidiennes.  

Il serait folie que de se contenter de gérer une impasse inacceptable, vouée à se détériorer en l’absence de solution politique, a conclu M. Pedersen.  Il a recommandé aux parties d’avancer « pas à pas » en vue d’un compromis politique et dit compter sur le soutien du Conseil pour faciliter l’application de la résolution 2254 (2015). 

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a expliqué que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) aide près d’un million de personnes chaque mois grâce à des livraisons régulières via les lignes de front.  Deux convois sont ainsi déployés en ce moment dans le nord-ouest de la Syrie, le deuxième ayant franchi les lignes de front le 9 décembre.  Le prochain convoi est prévu pour janvier, a indiqué le Chef de l’OCHA avant de se féliciter de négociations qui permettent d’identifier des solutions acceptables pour toutes les parties.  « Nous avions également besoin des garanties de sécurité nécessaires de la part de toutes les parties concernées pour assurer la sécurité de nos convois et de notre personnel », a-t-il ajouté.

M. Griffiths a cité le lancement le 16 décembre d’un nouveau mécanisme de distributions de vivres par l’intermédiaire d’une équipe locale du Programme alimentaire mondial (PAM).  L’ONU a élaboré un plan de six mois pour assurer des opérations humanitaires plus prévisibles et plus durables.  Il a appelé toutes les parties à faciliter la mise en œuvre de ce plan, parce que les livraisons à travers les lignes de conflit ne peuvent pas à ce stade remplacer l’ampleur des opérations transfrontalières, qui restent essentielles pour soutenir 3,4 millions de personnes dans le besoin dans le nord-ouest. 

Faisant son point mensuel de la situation humanitaire, M. Griffiths a évoqué une situation « sombre » en raison de l’augmentation des besoins humanitaires qui contraste avec la diminution des financements.  Il s’est aussi inquiété de la violence qui continue de tuer et de blesser des civils, en citant une frappe aérienne qui aurait touché un abri dans la campagne du nord d’Edleb, tuant cinq civils, dont trois enfants, le 11 novembre.  Alors que l’hiver s’installe, le haut responsable s’est inquiété de la vulnérabilité des personnes déplacées vivant dans des tentes.  Il a regretté que l’opération humanitaire ne dispose pas de fonds suffisants pour fournir un abri de base, du chauffage et des vêtements chauds à tous ceux qui en ont besoin, alors que la COVID-19 continue de faire des ravages dans toute la Syrie, avec des taux de vaccination inférieurs à 5%. 

Notant que plus de cinq millions de personnes n’ont pas d’eau potable en quantité suffisante dans le nord de la Syrie, M. Griffiths a mentionné un dialogue constructif avec les parties pour trouver une solution durable pour la station d’eau d’Alouk, qui fonctionne par intermittence depuis le 26 novembre. 

Soulignant la dégradation continue de l'économie, M. Griffiths a indiqué que les prix des aliments ont atteint leur niveau le plus élevé depuis que le PAM a commencé à suivre la situation en 2013.  « De nombreuses familles dépensent en moyenne 50% de plus en articles de base qu’elles ne gagnent chaque mois et sont obligées d’acheter à crédit », a-t-il précisé.  C’est là une situation insupportable.  Estimant que le relèvement rapide est un autre aspect essentiel de la réponse humanitaire, il a rappelé que les Syriens veulent des emplois, pour gagner leur vie et satisfaire leurs besoins fondamentaux.  Le Chef de l’OCHA a mis l’accent sur la valeur ajoutée des interventions au niveau local.  Grâce à un projet de formation organisé avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) dans la campagne d’Alep, des sages-femmes ont pu aider près de 800 femmes à accoucher en sécurité en 2021.  L’ONU finit actuellement d’utiliser une allocation d’environ 20 millions de dollars aux activités de relèvement précoce du fonds humanitaire transfrontalier syrien, a-t-il poursuivi, notant que le Fonds humanitaire syrien a alloué 40% des fonds au renforcement de la résilience des communautés.  M. Griffiths a remercié les États Membres qui ont soutenu cette démarche, dont la Norvège qui a récemment contribué 17 millions de dollars.  Il s’est dit encouragé par le consensus croissant des donateurs sur la nécessité de financer le relèvement précoce et la résilience et de l’augmenter en 2022.  M. Griffiths a indiqué avoir demandé au système des Nations Unies de développer davantage de projets de relèvement rapide, avant d’annoncer que la proportion de projets renforçant la résilience augmentera dans le prochain plan de réponse humanitaire.

« Si nous voulons avoir le moindre espoir d’inverser les tendances négatives en 2022, il nous faudra une action renouvelée de la part de tous », a conclu le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.  Il a ainsi souligné cinq objectifs: les civils doivent être protégés; il faut un soutien accru pour l’aide vitale, d’autant plus que les Syriens subissent un autre hiver rigoureux; il faut accroître l’aide au relèvement rapide pour rendre notre réponse durable; il faut toucher plus de personnes dans le besoin en facilitant la mise en œuvre du plan intersectoriel de six mois; et, enfin, un cessez-le-feu est nécessaire à l’échelle nationale.

Mme AMANI BALLOUR, pédiatre syrienne engagée dans la défense des droits des femmes et des enfants, a indiqué qu’elle travaille pour la Société médicale syro-américaine (SAMS) qui gère 40 centres de soins dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie.  Elle a rappelé que lors de son intervention devant ce Conseil en mars, elle avait exhorté ce dernier à améliorer l’accès humanitaire et à faire en sorte que ceux qui conduisent des attaques rendent des comptes.  « Neuf mois plus tard, la situation humanitaire en Syrie est plus grave que jamais. »  Au lieu de vous atteler à la réalisation de l’objectif qui est le vôtre de maintenir la paix et la sécurité internationales, un trop grand nombre d’entre vous se sont concentrés sur leurs objectifs politiques et leurs rivalités géopolitiques, a-t-elle reproché aux membres du Conseil.  « Vous vous êtes égarés. »  Mme Ballour a exhorté le Conseil à réfléchir à nouveau aux mesures concrètes susceptibles de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et d’alléger les souffrances des Syriens. 

Mme Ballour a rappelé que plus d’une décennie de conflit et le ciblage délibéré des hôpitaux par le Gouvernement syrien et ses alliés ont dévasté le système de santé.  Le courageux personnel de santé qui est resté doit faire face à une charge de travail qui les dépasse, a-t-elle témoigné.  « Nombre de mes collègues travaillent 20 heures d’affilée sans pause, examinent parfois plus de 100 patients et accomplissent plusieurs actes chirurgicaux par jour et ce, sous les menaces constantes de bombardements aériens et d’enlèvements et de tortures par des groupes armés. »  Elle a indiqué que les besoins continuent d’augmenter, en rappelant que dans le nord-ouest plus d’1,7 million de personnes vivent dans des camps de déplacés sous des tentes de fortune.  « Dans le même temps, pendant que les personnes déplacées continuent de souffrir, vous êtes bien au chaud et en sécurité, et après cette réunion, vous retournerez tranquillement chez vous. »  La pédiatre a précisé que les couveuses sont de plus en plus rares et que les médecins sont contraints de prendre la difficile décision de savoir quel bébé sera mis dans une couveuse et quel autre mourra.  « Nous ne pouvons pas accepter qu’un médecin ait à prendre une telle décision. »

Elle a ensuite esquissé les mesures à prendre pour diminuer le fardeau pesant sur le système de santé, en appelant d’abord à une augmentation des ressources financières et à des dons en équipements médicaux.  « Vous devez continuer à autoriser l’assistance transfrontalière qui apporte une aide vitale à des millions de civils. »  Leurs vies ne sont pas des pions pour des tractations politiques, a-t-elle tranché.  Mme Ballour a aussi demandé le même niveau de transparence pour les opérations humanitaires à Damas et dans le nord-est syrien que celui qui est exigé dans le nord-ouest.  Elle a souligné la nécessité d’augmenter les capacités du système de santé, notamment la formation du personnel.  Elle a ensuite évoqué l’épidémie dévastatrice de COVID-19 que connaît la Syrie, poussant davantage encore le système de santé au bord du gouffre.  Dans le nord-ouest, les urgences sont saturées et les réserves en oxygène manquent, a-t-elle dit, en rappelant que seulement 110 000 personnes, soit 2,5% de la population, a été doublement vaccinée.  « Cela est inacceptable. » 

La pédiatre a déploré le manque d’établissement des responsabilités en ce qui concerne les attaques contre les agents de santé.  Plus de 800 d’entre eux ont été tués et de nombreux autres ont dû fuir après plus d’une décennie de conflit.  Elle a dénoncé ceux qui ont brandi leur droit de veto pour contrecarrer les efforts du Conseil en vue d’un tel établissement des responsabilités.  « J’ai une question simple à vous poser: qu’avez-vous à cacher? »  En conclusion, Mme Ballour a souhaité que les membres du Conseil adoptent une nouvelle approche sur la situation humanitaire en Syrie, en mettant leurs divergences de côté.  Enceinte de son premier enfant, elle a déclaré avoir pour lui des rêves d’une vie digne et libre.  « Les enfants syriens méritent la même dignité humaine que vos propres enfants.  Donnerez-vous la priorité à leurs intérêts ou aux vôtres? »

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), qui s’est exprimée également au nom de la Norvège, délégation avec laquelle elle est l’autre porte-plume des questions humanitaires en Syrie, s’est félicitée des acheminements qui ont eu lieu en Syrie, dont le dernier remonte au 9 décembre, et de la distribution de l’aide humanitaire « si nécessaire ».  Elle a estimé que l’opération à Bab el-Haoua reste « une bouée de sauvetage absolument nécessaire » pour fournir une assistance vitale à 3,4 millions de nécessiteux dans le nord-ouest de la Syrie.  Mme Byrne Nason s’est également félicitée des travaux pour assurer la transparence des opérations dans toute la Syrie.  Mais « seuls des progrès politiques peuvent mettre un terme au conflit et au long cauchemar du peuple syrien », a déclaré la représentante, avant d’exprimer le soutien de son pays et de la Norvège aux efforts menés par l’ONU pour trouver une solution politique durable.

Prenant ensuite la parole en sa capacité nationale, Mme Byrne Nason a exhorté les autorités syriennes à s’engager de manière significative avec l’opposition et les membres de la société civile du Comité constitutionnel, appelant toutes les parties au conflit syrien à s’abstenir de toute violence, à désamorcer les tensions, mais aussi à remettre en liberté les détenus et les personnes enlevées.  La déléguée s’est enfin dite particulièrement préoccupée de la violence continue dans le nord-ouest de la Syrie, « que le Conseil doit condamner sans réserve », réitérant ses appels à un cessez-le-feu à l’échelle nationale, conformément à la résolution 2254.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a insisté sur l’importance de la poursuite du processus de règlement de la crise syrienne à Genève, dirigé et mené par les Syriens eux-mêmes, avec le soutien de l’ONU et sans ingérence extérieure ni imposition de délais artificiels.  Il a annoncé la tenue, les 21 et 22 décembres à Nour-Soultan, d’une réunion des protagonistes du format d’Astana, les représentants de la Fédération de Russie, de la République islamique d’Iran et de la Turquie, avec la participation d’autres parties prenantes.  Il a indiqué que c’est dans le cadre du processus d’Astana justement que le sixième échange de prisonniers a eu lieu le 16 décembre dernier.  Il a salué l’amélioration générale de la situation en Syrie et aux alentours, ce qui contribue au renouvellement des liens naturels entre la Syrie et ses voisins arabes, y compris sur le plan économique.  « Nous défendons de nouvelles étapes vers le retour complet de Damas dans la famille arabe. » 

Le représentant a affirmé que la situation en Syrie reste tendue, notamment dans des zones non contrôlées par Damas, à Edleb, dans la région du trans-Euphrate et dans les zones d’opérations turques au nord du pays.  Il a appelé au rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’État dans ces zones, tout en poursuivant la lutte contre les terroristes.  Commentant le rapport du Secrétaire général, notamment l’information sur la transparence des opérations humanitaires à Edleb, il a réitéré ne pas douter de l’envoi des fournitures, mais, selon lui, l’ONU ne devrait pas se contenter de contrôler l’envoi de convois humanitaires à la frontière syrienne.  L’Organisation devrait également « faire correctement son travail » en indiquant ce qui se passe quand l’aide arrive à Edleb qui est « remplie de terroristes ».  Il a cité des précédents en matière de détournement de l’aide par des terroristes, avant de dénoncer ce « contrôle à distance » de l’ONU.  Mentionnant des progrès concernant les convois à travers les lignes de front, le représentant a assuré que l’aide humanitaire va de Damas à Afrin et Bab, ainsi qu’à Tell Abiad.  Ainsi, de juillet à octobre de cette année, 425 camions ont traversé les lignes de front, alors que 109 camions seulement étaient passés par le poste frontalier de Yaroubiyé en six années de fonctionnement.  L’aide humanitaire est encore plus importante en ce moment dans le contexte de la COVID-19 et au vu des sanctions frappant la Syrie, a-t-il continué.  À ce propos, le représentant a noté la publication d’une clarification du Département du Trésor américain selon laquelle les restrictions ne s’appliquent pas aux projets de relèvement.  Il a aussi appelé à la reconstruction d’infrastructure, afin de faciliter le retour des réfugiés.  Enfin, face aux « modestes réalisations que l’ONU a réussi à obtenir au cours des six derniers mois » sur le plan humanitaire en Syrie, le délégué a blâmé le Conseil de sécurité dont les membres n’ont pas déployé assez d’efforts pour mettre en œuvre la résolution 2585 (2021).

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a souligné la nécessité d’utiliser toutes les modalités pour acheminer l’aide humanitaire à la Syrie, faisant écho à la remarque du Secrétaire général selon laquelle les convois à travers les lignes peuvent compléter -mais ne peuvent pas remplacer- les opérations transfrontalières, qui, a-t-il ajouté, ne représentent qu’un « cordon de sécurité ».  Il a salué le plan opérationnel proposé pour les opérations interorganisations régulières des Nations Unies au cours des six prochains mois, et pour les nouveaux plans de distribution de cette aide intersectorielle.  Appelant à ce que des mesures soient prises pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire de manière prévisible et sûre, le représentant s’est dit préoccupé par les menaces à la sécurité qui pèsent sur le personnel humanitaire, notamment par les mines terrestres et les engins explosifs improvisés, ainsi que par l’écart croissant entre les besoins humanitaires et le financement des donateurs.  L’accès à l’aide de l’ONU via le point de passage de Bab el-Haoua reste toutefois irremplaçable pour alléger les souffrances dans le nord-ouest de la Syrie, a poursuivi le représentant.  Notant que les convois à travers les lignes de front nécessitent plus de ressources par rapport à la modalité transfrontalière, il a souligné que si le Conseil était unifié, l’aide pourrait être acheminée par toutes les modalités et que les points transfrontaliers fermés pourraient être rouverts.  La fermeture du passage de Yaroubiyé dans le nord-est a eu un impact dévastateur sur le secteur de la santé, limitant l’accès aux fournitures médicales essentielles, y compris les kits de test COVID-19, a regretté à ce propos le représentant.  Le mécanisme transfrontalier reste pourtant l’une des opérations humanitaires les plus robustes et les plus étroitement surveillées au monde, a-t-il fait valoir.  Soumis à plusieurs niveaux de contrôle pour assurer un degré élevé de transparence et de responsabilité, ledit mécanisme a permis à plus de 47 000 camions d’aide humanitaire de parvenir dans le nord de la Syrie depuis juillet 2014.  Concernant les sanctions, M. Mills a souligné que le mois dernier, le Département du Trésor des États-Unis a étendu une licence générale aux organisations non gouvernementales pour leur permettre d’opérer et de contribuer au redressement rapide du pays.  Cependant, « l’aide traite les symptômes, pas leur cause », a-t-il noté, appelant à un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  « Le régime d’Assad » doit poursuivre toutes les voies vers la paix, y compris par le biais de la Commission constitutionnelle.

La population syrienne continue à payer le prix fort de ce conflit, a déclaré M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France).  Il a appelé à une cessation immédiate des hostilités à l’échelle nationale.  « La protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, doit rester une priorité absolue. »  Alors que la pandémie de COVID-19 continue de se propager et que moins de 5% de la population syrienne est vaccinée, tout doit être fait pour accélérer la campagne de vaccination, a prié le représentant.  Selon lui, le règlement durable du conflit ne peut être que de nature politique et, à cette fin, la résolution 2254 (2015) demeure la feuille de route commune aux membres du Conseil.  Tant que cette résolution ne sera pas pleinement mise en œuvre, il n’y aura pas de paix durable possible en Syrie, a-t-il averti.  

Appuyant les efforts de l’Envoyé Spécial pour assurer la tenue de la septième session de l’organe restreint la Commission constitutionnelle, M. de Rivière a regretté « l’obstruction du régime syrien » s’agissant des travaux de la sixième session.  Il a ajouté qu’il était ouvert à l’approche « step for step » présentée par l’Envoyé Spécial.  Il a salué en outre les réunions bilatérales organisées par l’Envoyé spécial.  Chaque acteur doit prendre ses responsabilités, a encouragé le représentant, en premier lieu « le régime qui ne consent, pour l’instant, à ne faire aucun geste ».  L’absence de tout progrès depuis 2018 sur le sort des personnes disparues en témoigne, a-t-il accusé.  Pour la France, en l’absence de solution politique solidement enclenchée, il n’y a absolument pas lieu de normaliser les relations avec le régime syrien.  Sans solution politique, nos positions sur la levée des sanctions et la reconstruction demeureront inchangées, a indiqué le représentant.  Il est essentiel que le Haut-Commissariat pour les réfugiés ait accès à l’ensemble des réfugiés de retour.  La France continuera son combat sans relâche contre l’impunité des auteurs de crimes commis en Syrie.  Les responsables de ces crimes doivent répondre de leurs actes, a insisté M. de Rivière. 

M. PRATIK MATHUR (Inde) a salué les échanges entrepris par l’Envoyé spécial avec toutes les parties au conflit syrien, y compris sa visite à Damas la semaine dernière.  Il a souhaité que ces efforts portent leurs fruits et aboutissent à la tenue d’une nouvelle série de discussions à la Commission constitutionnelle.  Au-delà de ces négociations, il a estimé que la réussite de l’approche « pas à pas » adoptée par M. Pedersen dépend de la confiance mutuelle entre toutes les parties.  Qualifiant à cet égard de « rassurante » la récente activité diplomatique entre Damas et d’autres capitales de la région, laquelle pourrait conduire au retour de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes, le représentant s’est réjoui de certaines mesures de rétablissement de la confiance, en particulier la priorité donnée par les autorités syriennes au retour des déplacés dans leurs régions d’origine et l’annonce récente de l’ouverture de la frontière entre la Jordanie et la Syrie.  Il s’est en revanche déclaré préoccupé par le nombre croissant des violations du cessez-le-feu dans le nord-ouest de la Syrie.  Appelant toutes les parties à la retenue, il a également estimé que l’influence grandissante des groupes terroristes dans les camps de déplacés de Roukban et Hol ainsi que le rapatriement des ressortissants étrangers de ces camps méritent une attention prioritaire.  Alors que des organisations telles que Daech et Hay’at Tahrir el-Cham continuent de se renforcer en Syrie, « la lutte mondiale contre le terrorisme ne peut et ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de gains politiques limités », a-t-il affirmé. 

Constatant par ailleurs que la crise humanitaire en Syrie n’a pas connu d’amélioration ces derniers mois, le délégué a appelé à la conclusion d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, afin notamment de permettre l’acheminement de l’aide à travers les lignes.  Sur ce point, il s’est félicité que des progrès aient été accomplis pour faciliter l’accès transversal de l’aide, en particulier dans le nord-est du pays, tout en estimant qu’il existe une « marge considérable d’amélioration ».  À ses yeux, la poursuite des opérations transfrontalières continue quant à elle d’avoir un « impact négatif » sur la souveraineté de l’État syrien.  Compte tenu de la crise socioéconomique, qui est encore aggravée par la pandémie de COVID-19 et l’arrivée de l’hiver, il est nécessaire d’intensifier l’aide humanitaire, a-t-il insisté, jugeant également essentiel de le faire, alors que le Conseil envisage de renouveler le mois prochain le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière en Syrie et de progresser dans les travaux de relèvement précoce et de renforcement de la résilience des infrastructures. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a trouvé encourageantes les récentes consultations de l’Envoyé spécial avec les acteurs clefs sur l’approche pas à pas, exhortant tous les acteurs impliqués dans le conflit, y compris le Gouvernement syrien, à contribuer à ce processus de manière constructive.  En dépit de profonds désaccords, la représentante a estimé que « les parties ont encore un intérêt commun à offrir un meilleur avenir au peuple syrien et à garantir la stabilité de la région ».  Plus particulièrement, elle a souligné que des questions telles que la libération des détenus, le retour dans la dignité des réfugiés, la lutte contre le terrorisme et la réforme politique devraient faire partie du processus politique, en rappelant que « le statu quo » « n’est pas tenable ».  

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a assuré que le processus de paix approuvé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2254 (2015) ne peut aboutir sans une réelle volonté du « régime » syrien de s’y engager.  Elle a indiqué que les besoins humanitaires en Syrie sont encore exacerbés par l’approche de l’hiver et le contexte de la propagation de la COVID-19.  À l’heure actuelle, il reste clair que rien ne peut remplacer le mécanisme transfrontalier mandaté par l’ONU, a-t-elle argué.  Elle a néanmoins salué le fait que les rapports du Secrétaire général laissent voir une amélioration significative de l’assistance humanitaire dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie, au travers des lignes de front.  

En outre, la représentante a rappelé que cette année marque le trentième anniversaire de la Campagne mondiale des 16 jours, axée sur la question des meurtres de femmes liés au genre.  Elle a relevé que femmes et filles continuent d’être durement touchées par le conflit en Syrie, avec des cas de violence, d’exploitation sexuelle et d’agressions qui se sont généralisés, en particulier dans les camps de personnes déplacées.  Mme Woodward a appelé à garantir un financement plus prévisible de l’action humanitaire dédiée à la lutte contre la violence sexiste en Syrie.  Le Royaume-Uni a d’ailleurs contribué à hauteur de plus de 34 millions de dollars dans la lutte contre la violence sexiste en Syrie depuis 2019, notamment dans le cadre de dons faits au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

M.  DINH QUY DANG (Viet Nam) a souhaité qu’à la faveur de la période d’accalmie actuelle, la plus longue depuis le début du conflit en Syrie, tous les efforts soient consacrés à la recherche d’une solution politique globale et à long terme, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  À cette fin, il a encouragé les parties syriennes à s’engager de manière constructive dans les négociations de la Commission constitutionnelle afin d’obtenir des résultats substantiels.  Le délégué a également salué les efforts diplomatiques qui conduisent les parties à revenir à la table des discussions, notamment l’approche « graduelle » de l’Envoyé spécial qui a permis une série de rencontres avec des acteurs internationaux et régionaux.  Il s’est en revanche déclaré déçu par la détérioration constante de la situation humanitaire, aggravée par la crise économique, l’insécurité alimentaire et hydrique et la pandémie de COVID-19.  Appelant toutes les parties à honorer leurs obligations en vertu du droit international, il a jugé vital de garantir un accès sûr, sans entrave et durable pour l’aide humanitaire, alors qu’arrive l’hiver.  Pour cela, tous les canaux appropriés doivent être utilisés, a-t-il plaidé, en se félicitant de l’amélioration des livraisons à travers les lignes, de la mise en place d’opérations dans le nord-ouest du pays et de la préparation d’un plan humanitaire de six mois par l’ONU.  Enfin, après avoir enjoint toutes les parties à coopérer pour assurer une opérationnalisation soutenue dans ce domaine, il a estimé que le renforcement de la résilience du peuple syrien est le seul moyen d’enrayer la détérioration de la situation humanitaire.  

M. DAI BING (Chine) a noté que la Commission constitutionnelle n’a pas encore fixé la date de sa prochaine réunion, appelant toutes les parties syriennes à dialoguer et à parvenir à un consensus pour faire avancer le processus politique conduit par les Syriens, et pour faire en sorte que la Commission puisse s’acquitter de son mandat au plus tôt.  Sur le plan humanitaire, le représentant a pris note de la gravité de la situation et exhorté la communauté internationale à apporter tout le soutien dont le peuple syrien a besoin.  Il a salué l’action de l’ONU et du Programme alimentaire mondial (PAM) à cet égard.  Toute opération humanitaire en Syrie doit respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays, a-t-il fait valoir, et les mécanismes d’acheminement de l’aide doivent être ajustés en fonction des évolutions de la situation sur le terrain.  La Chine est favorable à une transition graduelle vers les mécanismes d’acheminement à travers les lignes, a indiqué le représentant, notant que les opérations transfrontières sont complexes et que « parfois les autorités locales en Syrie ont des liens étroits avec les terroristes et risquent donc de détourner l’aide humanitaire ».  Il a ensuite salué le plan humanitaire de six mois pour le nord-ouest du pays et a appelé la Turquie, notamment, à garantir la sécurité de l’acheminement des convois humanitaires à travers les lignes.  Tout en se félicitant des procédures de relèvement rapide des Nations Unies, y compris le nettoyage des débris et la restauration des infrastructures essentielles, le représentant a souligné que leur échelle est limitée, appelant à une intensification des efforts en ce sens.  La question de la souveraineté syrienne doit également être traitée de manière globale, a-t-il insisté.  En outre, M. Dai a été d’avis que pour surmonter les difficultés humanitaires de la Syrie il faut traiter des autres problèmes qui pèsent sur le pays, en particulier les répercussions des sanctions unilatérales.  Enfin, il a dénoncé la présence de forces terroristes dans certaines zones et à laquelle il faut s’attaquer au plus vite.

Mme STEPHANIE NGONYO MUIGAI (Kenya) a demandé au Conseil de sécurité de sortir de son « apathie » et de traduire ses réunions répétitives par des actes pour soulager les souffrances du peuple syrien.  Selon elle, les progrès politiques demeurent « la seule bouée de sauvetage » du peuple syrien.  Elle a également exhorté le Gouvernement syrien à respecter les droits humains et civiques de tous les Syriens, quelles que soient leurs origines régionales ou ethniques, afin qu’il puisse être considéré, par la communauté internationale, comme le principal acteur de l’aide.  Le Gouvernement doit reconnaître qu’il doit mieux distinguer les populations civiles des combattants terroristes et des insurgés, a ajouté la représentante avant de l’appeler à veiller à ce que l’aide profite à tous les Syriens et ne soit pas détournée.  Par ailleurs, la représentante a exhorté tous les États exerçant une influence en Syrie à veiller à ce que leurs interventions ne soient associés, de quelque manière que ce soit, aux souffrances causées au peuple syrien.  Notant que le mécanisme d’aide transfrontalière reste une voie cruciale pour l’aide humanitaire, elle a applaudi l’élaboration d’un plan pour six mois et la nouvelle modalité de distribution directe dans le nord-ouest.  Elle a appelé à des normes claires de surveillance et de transparence en matière d’acheminement de l’aide afin d’éviter qu’elle soit politisée ou détournée.  Enfin, Mme Muigai a salué la réponse humanitaire des Nations Unies à travers les activités de relèvement précoce et de moyens de subsistance, avant de suggérer d’y inclure des activités de soutien psychosocial à la population, en particulier pour les enfants qui n’ont connu que la guerre.  

Mme DIANI JIMESHA ARIANNE PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a exhorté les parties au conflit à renoncer à la violence et à protéger les civils et les infrastructures civiles.  Si elle a reconnu la nécessité de mener des opérations antiterroristes pour protéger la Syrie, elle a rappelé que celles-ci doivent respecter le droit international.  Les activités militaires ne doivent pas primer sur la protection des civils, a-t-elle dit, en appelant au respect des principes de proportionnalité et de distinction.  La déléguée a demandé que les personnes vivant dans les camps et les travailleurs humanitaires soient protégés et disposent d’un accès aux services de base.  Elle a jugé vitale l’assistance transfrontalière, tout en notant la nécessité qu’elle soit complétée par des livraisons d’aide au travers des lignes de front.  La déléguée a ainsi noté avec satisfaction le déroulement, début décembre, d’une seconde opération au travers des lignes de front dans le nord-ouest.  « Nous exhortons les parties à continuer de travailler de concert afin d’aboutir à des opérations au travers des lignes de front qui soient prévisibles et régulières. »

Elle a ensuite demandé la levée des sanctions contre la Syrie, qui ont aggravé la crise socioéconomique et sont incompatibles avec le droit international.  Elle a estimé que la situation humanitaire et la situation politique en Syrie sont inextricablement liées, plaidant pour un règlement en application de la résolution 2254 (2015).  Nos actions doivent être guidées par des considérations humanitaires plutôt que des enjeux géopolitiques, a-t-elle déclaré, en appelant à des mesures pragmatiques.  Mme Prince a ainsi demandé le départ de toutes les forces étrangères présentes en Syrie en violation de sa souveraineté: « La politisation de la grave situation humanitaire doit immédiatement cesser. »

M. TAREK LADEB (Tunisie) a déploré la poursuite du conflit et de la violence en Syrie qui sapent la stabilité et la paix dans la région.  Pour le délégué, la résolution 2254 (2015) demeure la seule solution durable au conflit, notamment pour préserver l’unité et la souveraineté du pays et pour éviter l’ingérence extérieure.  Les membres du Conseil de sécurité doivent conjuguer leurs efforts pour s’attaquer aux différents symptômes de la crise, permettre le retour des réfugiés, rétablir la sécurité et encourager le rôle régional de la Syrie.  La Tunisie, a dit son délégué, soutient les efforts de l’Envoyé spécial, M. Pedersen, et appuie les efforts internationaux et bilatéraux visant à relancer le processus politique.  M. Ladeb a aussi salué les efforts entrepris pour améliorer l’accès humanitaire en Syrie.  Il est important de répondre aux besoins dans toute la Syrie, de diminuer la vulnérabilité et les risques en assurant l’accès aux secours d’urgence et aux projets de relance au-delà des frontières.  Le délégué a salué le début de l’acheminement de l’aide grâce au plan des Nations Unies sur six mois pour le nord du pays en plus de l’amélioration de l’accès dans le nord-est et du renforcement de la présence de l’ONU.  En bref, a-t-il conclu, la priorité est le règlement politique du conflit, d’alléger la souffrance des Syriens, d’acheminer l’aide et de continuer la lutte contre le terrorisme. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a noté des « améliorations substantielles », en ce qui concerne la coordination entre les parties concernées par les acheminements au travers des lignes sur le terrain, se déclarant « prudemment optimiste » quant aux nouveaux développements qui pourraient rendre de tels acheminements réguliers et fiables.  Cependant, a-t-il alerté, les acheminements au travers des lignes ne pourront pas remplacer la réponse humanitaire à grande échelle fournie par le biais du mécanisme transfrontalier.  Le délégué a également réitéré son appel à un cessez-le-feu à l’échelle nationale sur la base de la résolution 2254 (2015), « une condition préalable à un dialogue pacifique », ajoutant que toutes les parties doivent adhérer au droit international et fournir un accès humanitaire sûr, soutenu et sans entrave à tout le peuple syrien.  Par ailleurs, M. Jürgenson a rappelé que l’Estonie a organisé une réunion selon la formule Arria, au cours de laquelle le mécanisme d’enquête des Nations Unies et des représentants de la société civile syrienne ont donné un aperçu détaillé de la question de la responsabilité en Syrie.  Selon lui, si ce type de réunions n’arrêtent pas les atrocités en Syrie, elles fournissent néanmoins des informations pertinentes pour prendre des mesures contre l’impunité.  « Il n’y aura pas de paix en Syrie tant que l’impunité prévaudra », a assuré M. Jürgenson, qui a espéré que les prochains membres du Conseil de sécurité seront en mesure de s’attaquer de manière significative et rapide aux meurtres, actes de torture, violences sexuelles et disparitions forcées perpétrés quotidiennement en Syrie. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a insisté sur l’importance d’influencer les parties au conflit pour aider à poursuivre le processus politique mené par l’ONU et œuvrer à la pleine mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Sur le plan humanitaire, il a réitéré la condamnation par le Mexique d’actes de violence qui touchent la population civile, se disant préoccupé par les attaques menées à proximité d’entrepôts d’aide humanitaire et sur des voies de distribution.  Il s’est félicité qu’un second convoi d’aide humanitaire ait pu être déployé au travers des lignes de front jusqu’à la région du nord-ouest.  Selon le délégué, il est évident que même avec la pleine mise en œuvre du plan semestriel d’opérations autorisées à traverser les lignes de front, celles-ci doivent rester complémentaires des opérations transfrontières.  Pour lui, les deux modalités sont essentielles pour apporter une aide vitale à la population, en particulier face aux défis supplémentaires imposés par la saison hivernale.

Le représentant a indiqué que les projets de relèvement rapide sont essentiels dans le cadre de la réponse humanitaire, afin de générer des opportunités et faciliter l’accès aux services de base.  En conclusion, il a souligné la relation étroite entre les besoins humanitaires et le cessez-le-feu, appelant à la promotion de mesures en faveur d’un règlement pacifique, conformément au droit international et en particulier conformément à la résolution 2254 (2015).

M. ABDOU ABARRY (Niger) a déploré d’emblée la poursuite des hostilités, dénonçant le recours aux engins explosifs improvisés, aux frappes aériennes et aux tirs de roquettes en direction de zones habitées par des civils en Syrie, appelant à une cessation immédiate des hostilités.  Toutefois, l’appel au cessez-le-feu et la nécessité d’un effort collectif face à la pandémie de COVID-19 ne doivent pas nous détourner de la lutte contre le terrorisme, a mis en garde le représentant, d’autant plus qu’est signalée une recrudescence des attaques et autres attentats de l’État islamique d’Iraq et du Levant visant les forces armées syriennes et leurs alliés dans le sud, mais aussi contre des cibles dans le nord-est du pays.  

Concernant la situation politique, le Niger s’est dit convaincu que seul un dialogue inclusif mené par les Syriens eux-mêmes et reflétant la volonté du peuple syrien permettra de trouver une solution pacifique et à long terme en Syrie.  Saluant la tenue du dernier tour de négociations de la Commission constitutionnelle, il s’est néanmoins dit déçu du manque d’avancées enregistrées par cet organe, qui, « de surcroît », est bipartisan.  Il y a vu la preuve du blocage de cet organe et de l’incapacité de ses membres à accomplir la mission qui est la leur, insistant sur l’impératif d’un changement radical dans sa structure, sa composition et ses méthodes de travail.  Auparavant, il faut cependant veiller à ce qu’il n’y ait plus d’ingérences extérieures dans le processus, a ajouté le représentant nigérien.

Sur le plan humanitaire, le Niger soutient les mécanismes transfrontaliers et internes d’acheminement de l’aide aux populations syriennes meurtries, a indiqué son représentant.  Déplorant qu’à peine 3% de la population syrienne serait vaccinée, M. Abarry a insisté sur le fait qu’en plein hiver, tout doit être mis en œuvre pour que l’aide arrive à la population dans le besoin à temps et en quantité suffisante.  Il s’est réjoui d’apprendre que la livraison de l’aide au-delà les lignes de démarcation a connu une avancée ces derniers jours avec la récente livraison par le Programme alimentaire mondial (PAM) depuis le territoire contrôlé par le Gouvernement vers le nord-ouest de la Syrie.  Face aux problèmes d’alimentation en eau que subissent les populations le long de l’Euphrate, le Niger a encouragé à une utilisation équitable de ce bien commun de la région.  Il a également constaté que l’imposition de sanctions économiques unilatérales a exacerbé la situation économique et humanitaire désastreuse que traverse la Syrie.  Dès lors, la délégation a appelé à l’allègement ou à la suspension de ces sanctions, « qui pèsent lourdement sur la capacité de la Syrie à faire face à la pandémie et à la crise économique actuelle ».  

Prenant note du rapport du Secrétaire général sur les opérations humanitaires des Nations Unies dans son pays, M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a formulé plusieurs remarques.  Au sujet de l’accès à travers la ligne de front, le Gouvernement fait tout son possible en vue de la pleine application de la résolution 2585 (2021) alors que le « régime » turc continue d’entraver l’accès humanitaire, a-t-il assuré.  Le délégué a vivement dénoncé une « campagne d’agression hystérique » menée par ce « régime » et par les groupes terroristes y affiliés à Edleb, qui ont empêché par des lancements de missiles l’acheminement de convois, dont celui à destination de Sarmada.  Il a rappelé que son gouvernement avait accepté le plan de six mois de l’ONU, ce qui a permis l’acheminent de convois du PAM, de l’UNICEF et du FNUAP entre Alep et Sarmada et vers d’autres zones dans le nord-ouest de la Syrie.  Le délégué a prié le Conseil de saluer ces efforts, regrettant toutefois que le rapport du Secrétaire général ne dise rien sur ces démarches positives et ne mentionne nullement les agissements répréhensibles du Gouvernement turc.  Il a précisé que 625 camions ont été acheminés et que 7 ponts aériens ont été mis en place, tandis qu’une mission a été autorisée par le Gouvernement, la sixième du genre depuis l’adoption de la résolution.  Concernant le camp de Roukban, à la frontière avec la Jordanie, le délégué a regretté que le rapport fasse allusion à des entraves à l’accès humanitaire sans pour autant en spécifier les raisons alors qu’elles sont le fait, a-t-il expliqué, de l’organisation terroriste Marawid Atthawra. 

M. Sabbagh a réitéré la position de principe de la Syrie qui rejette le mécanisme transfrontière à cause de son échec à garantir que l’aide parvienne aux populations et non aux organisations terroristes.  Or le rapport ne fait que dire que l’opération est gérée à distance et qu’une partie de la zone couverte est gérée avec une autorité locale, alors que cette autorité agit en fait en collusion avec une organisation terroriste, ce qui démontre que les organisations détournent l’aide, a argué le délégué syrien.  Au sujet de l’assistance dans la région du nord-ouest, il a appelé au renforcement de l’action et de la coordination avec le Gouvernement syrien.  Il a regretté, d’un autre côté, que certains pays occidentaux aient bloqué l’aide relative aux projets de relèvement rapide, exigeant une définition précise de cette expression alors qu’en réalité ils veulent politiser l’action humanitaire, ce qui est évident avec la diminution de plus de 200 millions de dollars de l’aide financière.  M. Sabbagh aurait espéré, en revanche, une liste de projets vitaux nouveaux qui amélioreraient la résilience et faciliteraient un retour sûr et volontaire des déplacés et réfugiés syriens.  D’autre part, a-t-il encore fait remarquer, le rapport fait fi du « siège inhumain et cruel imposé par les sanctions américaines et autres mesures coercitives unilatérales ».  Il a aussi fustigé le « régime » turc, « auteur de crimes à l’encontre du peuple syrien », comme l’imposition de politiques de « turquisation » et de privation d’eau.  Il a encore mentionné les pratiques des forces américaines présentes de manière illégitimes au nord-est de la Syrie en collusion avec des forces illégales.  Réagissant à l’exposé de l’Envoyé spécial, M. Pedersen, M. Sabbagh s’est dit attaché à la conduite d’un dialogue inter-syrien garantissant une solution dirigée par les Syriens.  Il a exigé que les parties extérieures cessent de s’ingérer dans la Commission constitutionnelle.  S’agissant du cessez-le feu global, il faut neutraliser les organisations terroristes et mettre un terme à l’occupation turque et américaine, afin que l’autorité souveraine syrienne soit rétablie sur toutes les régions du pays, a-t-il demandé.  Il a relevé, en revanche, que la coopération avec la Fédération de Russie a permis des avancées humanitaires que les forces turques n’ont cessé toutefois de s’évertuer à bloquer. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a dit que les opérations humanitaires transfrontières sont vitales pour sauver la population syrienne.  Il a contesté les « motivations cachées » prêtées à ces opérations en assurant qu’elles sont menées dans la plus grande transparence, avec la coordination des Nations Unies.  Le représentant a ajouté que les convois menés à travers les lignes de front ne sauraient remplacer l’ampleur des livraisons transfrontières, condamnant les pilonnages des entrepôts où sont stockés des articles humanitaires et les interventions des ONG.  Il a dit la volonté de la Turquie de garantir la poursuite, en toute sécurité, de l’aide humanitaire transfrontière indispensable pour sauver des vies « maintenant ».

Néanmoins, le délégué turc a souhaité l’aboutissement de négociations, qu’il a présentées comme le meilleur moyen de garantir la sécurité de la population syrienne et de permettre aux enfants syriens de se rendre à l’école le ventre plein.  Il a regretté que le « régime syrien » refuse de participer aux négociations prévues à Genève, avant de saluer la politique « des petits pas » du Secrétaire général.  Après avoir condamné les violations du cessez-le-feu par le « régime syrien » et ses acolytes aux mépris du droit international humanitaire (DIH), le représentant a dit que la situation en Syrie fait le lit du terrorisme.  Il a donc exhorté la communauté internationale à voir les combattants kurdes pour ce qu’ils sont, avant de fustiger leurs efforts pour bloquer les réfugiés souhaitant rentrer chez eux.

La délégation turque a prévenu les États qui se servent de groupes terroristes pour satisfaire leurs visées politiques que de telles pratiques se traduisent toujours par la mort de civils innocents.  Alors que nous venons de marquer la Journée Internationale des migrants, elle a indiqué que son pays l’observait toute l’année, en accueillant 4,5 millions de réfugiés syriens depuis de nombreuses années.  Il a souhaité que les dizaines de milliers de bébés syriens nés sur le sol turc puissent un jour découvrir leur pays d’origine.  Après avoir exhorté le Conseil de sécurité à agir et à ne pas se limiter à adopter des résolutions, le représentant turc a jugé inacceptable la présence dans la salle d’un représentant du « régime criminel syrien ».  

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a demandé une solution politique en Syrie, en soulignant l’apport du format d’Astana à cette fin.  Les garants d’Astana doivent se réunir en décembre, a-t-elle dit, en se félicitant de la remise en liberté de prisonniers qui a eu lieu dans le cadre de ce format.  Elle a déclaré que la Commission constitutionnelle doit travailler sans ingérence ni pression extérieure, en dénonçant aussi l’imposition de tout calendrier artificiel.  La délégation a pointé la détérioration de la situation militaire en Syrie et plaidé pour une amélioration de l’accès humanitaire.  La déléguée a aussi réclamé la levée des sanctions qui aggravent les souffrances des Syriens et entravent les efforts des agences humanitaires.  « Il est crucial que l’aide transfrontalière parvienne aux personnes qui en ont le plus besoin et ne tombe pas entre les mains des groupes terroristes. »  Elle a aussi demandé une augmentation des ressources financières au profit des opérations humanitaires au travers des lignes de front.  Plaidant pour un retour libre et sûr des réfugiés syriens dans leur pays, la déléguée a dénoncé les informations inexactes sur la situation en Syrie qui visent à entraver ledit retour.  Elle a fustigé les actes d’agression commis par Israël contre la Syrie et exhorté le Conseil à agir pour y remédier.  Enfin, la déléguée a demandé le retrait, sans conditions préalables, de toutes les forces étrangères qui n’ont pas été invitées par les autorités syriennes.

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