8779e séance – matin
CS/14529

Conseil de sécurité: le Représentant spécial appelle au compromis pour la tenue rapide d’élections en Somalie, pays revenu « du bord du précipice  »

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. James Swan, a salué, ce matin devant le Conseil de sécurité, réuni pour la première fois en présentiel depuis décembre dernier, l’esprit de compromis des dirigeants somaliens qui, après les violents affrontements du 25 avril, a permis au pays de revenir du « bord de précipice ». I l a espéré que cet esprit de compromis prévaudra en vue de la tenue d’élections le plus rapidement possible dans un contexte sécuritaire marqué par le regain d’activité des Chabab.  La reconfiguration de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et la transition sécuritaire ont ainsi été au cœur des interventions.

À l’entame de son propos, M. Swan, qui est aussi Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a rappelé la rupture, début avril, des pourparlers entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, qui avaient commencé en mars.  La Chambre du peuple du Parlement somalien a adopté une loi spéciale abandonnant l’accord électoral du 17 septembre, étendant notamment les mandats actuels de deux années.  L’opposition à ces mesures a entraîné la mobilisation des milices et conduit aux violents affrontements du 25 avril, avec des risques d’embrasement, a détaillé M. Swan.

Le scénario du pire a été évité, s’est félicité le Représentant spécial.  La Chambre du peuple a en effet abrogé ladite loi à la demande du Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo ».  Ce dernier a ensuite mandaté le Premier Ministre Mohammed Hussein Roble pour diriger l’implication du Gouvernement fédéral dans le processus électoral, notamment en ce qui concerne les négociations avec les États membres de la fédération.  Ces mesures et l’esprit de compromis des dirigeants somaliens ont grandement apaisé les tensions, a dit M. Swan. 

« Cet esprit de compromis demeure d’une urgente nécessité pour aller de l’avant », a-t-il poursuivi.  Le Chef de la MANUSOM a déclaré que le nouveau sommet entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération se déroule dans une atmosphère positive et que des progrès ont été enregistrés des deux côtés.  Les signataires de l’Accord du 17 septembre doivent maintenant s’engager en vue de la tenue d’élections, sous peine de saper les résultats obtenus, a insisté le Représentant spécial, appuyé par la totalité des intervenants.  « Il en va de la pérennité de la fédération somalienne », a ainsi réagi la France.  

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Somalie, M. Mohamed  Abdirizak, a reconnu, dans ce droit fil, l’importance « vitale » du consensus.  Sans un tel consensus, a-t-il expliqué, la paix en Somalie restera fragile, tout comme nos institutions gouvernementales.  « Néanmoins, nous avons trouvé un accord qui permettra la tenue d’élections justes et libres », a-t-il insisté.  Le Ministre a enfin assuré le Conseil que la Somalie va se doter d’un plan de transition politique clair, qui est un défi mais aussi « une occasion » à saisir. 

Les intervenants ont souligné la détérioration de la situation sécuritaire, les Chabab continuant de poser une grave menace, et insisté sur l’importance du rôle de l’AMISOM pour y remédier.  « La situation est imprévisible et il faut éviter toute interruption du processus électoral et toute attaque à Mogadiscio et dans les États membres fédérés, afin de garantir ce processus », a déclaré M. Francisco Caetano José Madeira, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de l’AMISOM.  Pour pérenniser les progrès, il a souhaité qu’un appui financier suffisant soit apporté à la force.

La France, qui s’est inquiétée de l’absence de progrès dans la mise en œuvre du plan de transition sécuritaire somalien, a rappelé les enjeux.  Des étapes doivent être franchies dans les délais prévus pour que ce Conseil puisse prendre une décision sur le passage de relais aux forces somaliennes et le futur de l’AMISOM qui doit passer par la mise en place d’une mission reconfigurée, a expliqué la mission.  « Il n’y a pas d’alternative », a-t-elle martelé, en appelant à ce qu’une décision soit prise cette année sur le financement de l’AMISOM. Il conviendra de tirer les leçons de l’AMISOM et de prendre en considération les changements dans la situation sur le terrain, a appuyé l’Estonie.

Se faisant l’écho du Chef de l’AMISOM, le délégué de la Fédération de Russie a mis en garde contre toute réduction de l’effectif de l’AMISOM, tant celle-ci joue un rôle crucial dans le maintien de la sécurité dans le pays.  « Si une AMISOM reconfigurée est l’option la plus viable pour la Somalie après 2021, il sera crucial de veiller à ce qu’elle soit suffisamment financée, de manière prévisible et durable, y compris par des contributions obligatoires de l’ONU », a renchéri la Tunisie, qui s’est exprimée au nom du Kenya, du Niger et de Saint-Vincent-et les Grenadines.

M. JAMES SWAN, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, a mentionné les nombreux obstacles que le processus de paix a connus ces derniers mois, dont la rupture début avril des pourparlers entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, qui avaient commencé en mars.  La Chambre du peuple du Parlement somalien a adopté une loi spéciale abandonnant l’accord électoral du 17 septembre, revenant au modèle une voix-un vote et étendant les mandats actuels de deux années.  L’opposition à ces mesures a entraîné la mobilisation des milices et mis à nu les divisions au sein des forces de sécurité somaliennes, a-t-il dit, en mentionnant les violents affrontements qui ont eu lieu le 25 avril, avec des risques d’un conflit plus large.  « Depuis lors, la Somalie est revenue du bord du précipice de ce scénario du pire. »

Le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) a indiqué que la Chambre du peuple, objet d’intenses pressions, a abrogé cette loi spéciale à la demande du Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo ».  Le Président a ensuite mandaté le Premier Ministre pour guider l’implication du Gouvernement fédéral dans le processus électoral, y compris s’agissant des arrangements sécuritaires et des négociations avec les États fédérés.  Ces mesures ont grandement apaisé les tensions, a dit M.  Swan.  Il a salué tous les dirigeants somaliens pour avoir recherché le compromis pendant cette période et œuvré à la désescalade des tensions, dans l’intérêt du pays.  « Cet esprit de compromis demeure d’une urgente nécessité pour aller de l’avant. »

Le Premier Ministre Mohammed Hussein Roble a convoqué un nouveau sommet entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés le 22 mai, a-t-il dit, en saluant ce retour au dialogue après la période de confrontation.  M. Swan a indiqué que les discussions se concentrent sur le règlement des questions en suspens concernant notamment la mise en œuvre de l’Accord du 17 septembre.  Une atmosphère positive prévaut, s’est-il félicité, en ajoutant que des progrès des deux côtés ont été enregistrés.  L’équipe de pays des Nations Unies a appuyé le Bureau du Premier Ministre pour les préparatifs dudit Sommet.  M.  Swan a toutefois regretté le rejet par le Gouvernement somalien du Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Somalie.

M. Swan a de nouveau exhorté les dirigeants somaliens à œuvrer au règlement des défis « de bonne foi » et à faire preuve de leadership en cette période historique.  Les signataires de l’Accord du 17 septembre doivent maintenant s’engager en vue de la tenue des élections, sous peine de saper les progrès dans des domaines critiques, économique et sécuritaire notamment.  En vue de ces élections, le Chef de la MANUSOM a jugé crucial que le pourcentage minimal de 30% de femmes dans les deux Chambres du Parlement soit atteint.

Le Représentant s’est dit gravement préoccupé par la situation sécuritaire, les Chabab continuant de poser une grave menace et de mener des attaques complexes dans le pays.  Il a jugé en conséquence cruciales les opérations des forces de sécurité somaliennes et de l’AMISOM pour maintenir la pression sur ces derniers.  Il a fait état de progrès dans la mise en œuvre du Plan de transition sécuritaire somalien avec la remise des bases de Awdheegle et de Barire à l’Armée nationale fin 2020.  Ces dernières ont été attaquées par les Chabab début mai mais les forces somaliennes ont fait front avec courage et gardé le contrôle desdites bases.  Le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) continue d’apporter un soutien logistique, en puisant dans le fonds d’affectation spéciale pour les forces de sécurité somaliennes, tel qu’autorisé par le Conseil.  Sans d’urgentes contributions, ce fonds sera vide d’ici à la fin juin, a-t-il néanmoins averti.  M. Swan a indiqué que l’ONU et l’Union africaine continuent d’aller de l’avant en ce qui concerne la transition sécuritaire et la reconfiguration de l’AMISOM.  Les discussions en sont à leur début, a-t-il dit. 

M. Swan a indiqué que la situation humanitaire est critique, 5,9 millions de personnes, soit plus d’un tiers de la population du pays, ayant besoin d’une assistance cette année, tandis que 80% du pays est touché par la sécheresse, des fortes pluies et des inondations.  Il a regretté, à ce titre, que le Plan d’aide humanitaire ne soit financé qu’à hauteur de 19%.  Il a indiqué que la Somalie a reçu une première livraison de vaccins contre la COVID-19 en mars par le biais du mécanisme COVAX.  La Somalie a administré 42% des 300 000  doses reçues.

Enfin, le Représentant spécial a indiqué que les dirigeants somaliens ont devant eux une chance à saisir, en soulignant la nécessité que le prochain Sommet de Mogadiscio débouche sur un accord viable pour la tenue des élections le plus rapidement possible.  Sans cet accord et une bonne volonté dans sa mise en œuvre, les gains engrangés ces dernières années pourraient être remis en question, venant aggraver l’instabilité et la sécurité, a averti M. Swan.

Compte-tenu de la pandémie, des inondations et de l’arrivée de criquets pèlerins qui endommagent les cultures, le contexte sanitaire et humanitaire est difficile en Somalie, a expliqué M. FRANCISCO CAETANO JOSÉ MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Les efforts gouvernementaux allègent le triste sort de la population, mais le soutien de la communauté internationale est indispensable.  

La situation aurait pu conduire le pays au bord de l’abîme, mais la sagesse a prévalu, et on a pu éviter une violence généralisée.  « Nous pouvons féliciter les Somaliens », a déclaré M. Madeira.  Le Premier Ministre, qui assume la responsabilité de la mise en œuvre du processus politique et garantit l’intégrité du processus électoral, a entamé des pourparlers avec les candidats, différentes organisations, les milieux d’affaires et les représentants de la société civile afin de dégager un consensus.   En conséquence, a expliqué le représentant de l’Union africaine, les soldats des différents groupes armés à l’origine des affrontements ont déposé les armes et sont retournés sans conditions à la table des négociations.

Cette réunion du Conseil de sécurité intervient alors que les négociations en sont au quatrième jour.  « Il faut absolument régler les pommes de discorde relatives aux accords du 17 septembre et parvenir à un consensus », a déclaré M. Madeira.  Saluant le rôle très important de l’Union africaine, qui a promu le dialogue entre les partenaires clefs, et les a invités à éviter de prendre des mesures entravant le processus actuel des négociations, l’intervenant, encouragé par les nouvelles en provenance de Mogadiscio, a estimé qu’en l’état actuel, il n’était pas nécessaire de demander d’autres processus parallèles.  L’AMISOM, a-t-il assuré, continuera de mettre en avant ses responsabilités et de soutenir politiquement les forces somaliennes, en renforçant la composante civile, indispensable pour appuyer le processus électoral. 

Concernant la sécurité, la situation demeure imprévisible :le Représentant spécial a évoqué des attaques complexes, asymétriques, à la grenade ou au mortier ; des assassinats d’agents de l’État et de civils; des extorsions et le recrutement de militants.  « En d'autres termes, la situation reste précaire et il faut éviter toute interruption du processus électoral et toute attaque à Mogadiscio et dans les États membres fédérés, afin de garantir ce processus », a-t-il déclaré.  

Des efforts considérables ont été déployés pour répondre aux objectifs révisés de la résolution du Conseil de sécurité.  Une conférence a été organisée avec les dirigeants du pays, a poursuivi M. Madeira.  Les partenaires des Nations Unies et autres ont pu œuvrer de concert pour créer des cellules de reconnaissance mutuelle et conjointe, l’objectif étant de reprendre les visites de terrain.  « Les Chabab restent des ennemis redoutables et il faut absolument protéger la population civile », a-t-il insisté.  Il faut éviter que les Chabab élargissent leur présence et leur autorité, a-t-il encore plaidé, et continuer de protéger les zones récemment libérées de leur joug. 

La Somalie restera membre de l’Union africaine, grâce à la réforme constitutionnelle et la reprise du dialogue entre le gouvernement fédéral et les États membres fédérés, a conclu M. Madeira.  Pour pérenniser les progrès, un processus financier suffisant devra être apporté, a-t-il prévenu, en remerciant les partenaires pour leur soutien financier et logistique. 

M. MOHAMED  ABDIRIZAK, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Somalie, a rappelé qu’à la suite du discours du Président Farmajo devant le Parlement fédéral, au début du mois d’avril et de l’accord de principe pour reprendre des élections directes, le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération ainsi que les dirigeants des régions se sont de nouveau réunis le 22 mai pour discuter de la mise en œuvre des élections et des modalités prévues dans l’accord du 17 septembre.  Les trois grandes questions en suspens, à savoir le statut des élections pour les représentants des territoires de la Somalie, les modalités électorales et les comités électoraux, ont alors été soulevées et une entente a été trouvée pour la mise en œuvre de l’accord.  

Pour ce qui est du Somaliland, les grands acteurs, notamment le Président de la Chambre haute et le Vice-Premier Ministre, sont sur le point d’apporter une touche finale à cet accord, a annoncé M. Abdirizak.  S’agissant des autres régions, un accord a été passé et il sera reflété dans le communiqué qui sera publié jeudi prochain.  Enfin, pour les comités électoraux un accord a également été passé et là encore, cela sera indiqué dans le procès-verbal.  Les parties marqueront une pause demain et reprendront leurs discussions jeudi à l’issue desquelles, ils publieront leur communiqué, a poursuivi le Ministre. 

M.  Abdirizak a reconnu, comme l’ont souligné les délégations, que le processus des négociations n’a pas été simple.  « Voilà qui montre à quel point le consensus reste vital. »  Sans un tel consensus, a-t-il mis en garde, la paix en Somalie restera fragile, tout comme nos institutions gouvernementales.  Néanmoins, nous avons trouvé un accord qui permettra la tenue d’élections justes et libres, a-t-il insisté.  « À l’avenir, la Somalie va être dotée d’un plan de transition politique claire sur la base d’élections inclusives crédibles, justes et libres. » Il s’agit là, a-t-il conclu, d’un défi à relever, mais également d’une occasion à saisir pour le peuple, le Gouvernement et les partenaires de la Somalie.

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué le lancement de nouveaux pourparlers en vue de trouver un nouveau modèle électoral.  Elle a exhorté le Gouvernement fédéral et les États fédérés à poursuivre un dialogue constructif en vue de la tenue d’élections le plus vite possible, sous peine de voir l’instabilité et l’insécurité s’aggraver.  Elle a ainsi dénoncé les affrontements qui ont eu lieu en avril dernier et appelé les parties à faire preuve de retenue, en ajoutant que ces affrontements mettent à mal le transfert des tâches sécuritaires vers les forces somaliennes. 

Le Royaume-Uni salue la volonté de renouvellement du mandat de l’AMISOM et appelle à des interactions plus étroites entre l’ONU et l’AMISOM en vue de définir les contours d’une nouvelle mission à partir de 2022, a poursuivi la représentante.  Les Chabab accroissent leurs recettes et leur influence, a-t-elle regretté, en mettant en garde contre le risque de violence si les pourparlers échouaient.  Les Somaliens méritent d’avoir un Gouvernement efficace dans une Somalie fédérale, a-t-elle conclu.

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est félicitée de la reprise du dialogue et des informations positives venant de la capitale somalienne.  Elle a néanmoins appelé toutes les parties prenantes à discuter, sans perte de temps, d’énergie et de bonne volonté, l’impasse politique actuelle ayant d’importantes conséquences sur la population somalienne.  La capacité du Premier Ministre à reprendre les négociations sera essentielle, a-t-elle jugé.  Saluant le rôle actif de l’Union africaine permettant d’éviter de perdre tout contrôle de la situation, elle a appelé l’Union à « briser » le cercle vicieux de la perte de confiance entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédérés ». 

L’inclusion a été le grand absent des discussions en Somalie, selon la Norvège, notamment celle des femmes et de la société civile.  La représentante a appelé à ce que les femmes participent davantage au processus politique, et au respect du quota minimum de 30% de femmes dans les deux Chambres du Parlement.  Préoccupée par les attaques contre les journalistes, elle a également appelé à garantir la liberté de la presse en Somalie à l’approche de ces élections.  Elle a enfin dénoncé le recrutement et l’utilisation d’enfants par les groupes armés, notamment les Chabab, et insisté sur leur statut de victimes.

S’exprimant au nom du groupe A3+1 (Tunisie, Kenya, Niger et Saint-Vincent-et les Grenadines), M. TAREK LADEB (Tunisie) a salué la décision de la Chambre basse du Parlement, le 1er mai, d’abroger la loi électorale spéciale du 12 avril 2021.  « Nous espérons que le retour à l’accord du 17 septembre 2020 et aux recommandations du comité technique de Baidoa du 16 février 2021 contribuera à réduire les tensions », a dit le délégué.  Cependant, il a fait part de l’inquiétude des A3+1 concernant les graves implications potentielles de la crise politique sur la situation sécuritaire en Somalie et sur la mise en œuvre du plan de transition somalien.  Il en a voulu pour preuve les récents heurts qui ont éclaté à Mogadiscio. 

Tout en saluant l’accord de désengagement conclu le 5 mai, le délégué tunisien a engagé toutes les parties prenantes somaliennes à s’abstenir de toute nouvelle action unilatérale susceptible d’aggraver la situation et à unir leurs efforts contre les Chabab et les autres groupes terroristes qui continuent de représenter la principale menace pour la paix, la sécurité et la stabilité du pays.  M. Ladeb s’est notamment alarmé de la capacité accrue des Chabab à générer des recettes par le biais de taxations illégales qui pourraient être utilisées pour intensifier leurs activités terroristes dans la région.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer la Somalie dans sa lutte contre les Chabab et à contribuer au renforcement des capacités étatiques jusqu'à ce que le pays soit en mesure d’assumer la pleine responsabilité de sa propre sécurité.  À cet égard, il a salué le dévouement et le courage de l’AMISOM dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Somalie et attendu avec impatience la finalisation du rapport de l’équipe d’évaluation indépendante de l’Union africaine sur l’AMISOM et ses recommandations sur l’engagement de l’Union en Somalie après 2021.  Pour finir, le représentant a estimé que si tous les partenaires confirment qu’une AMISOM reconfigurée est l’option la plus viable pour la Somalie après 2021, il sera crucial de veiller à ce qu'elle soit suffisamment financée, de manière prévisible et durable, y compris par des contributions obligatoires de l’ONU. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué ce « jour mémorable » qui voit le Conseil se réunir en présentiel pour la première fois depuis le 8 décembre dernier.  Cela aurait pu être fait depuis bien longtemps, a-t-il dit, ajoutant qu’il attend une telle réunion depuis six mois maintenant.  Le délégué a salué la convocation d’un sommet entre les dirigeants fédéraux et fédérés et souligné la « souplesse et l’esprit de compromis » du Gouvernement fédéral.  Il a insisté sur le rôle constructif joué par le Premier Ministre dans l’apaisement des tensions et s’est félicité de la reprise des relations diplomatiques entre le Kenya et la Somalie. 

La situation sécuritaire demeure critique, a déclaré M. Nebenzia, en dénonçant les attaques des Chabab.  L’AMISOM reste un élément majeur de la sécurité en Somalie, a-t-il ajouté. I l a appelé à des mesures appropriées en vue du transfert des tâches sécuritaires entre les mains des forces somaliennes, tout en jugeant « inacceptable » de « forcer » une réduction de l’effectif de l’AMISOM. Enfin, M. Nebenzia a appelé à la tenue d’élections le plus rapidement possible.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a exprimé sa préoccupation face à la réticence de certaines parties à reprendre le dialogue.  Face à la tension croissante et aux manifestations à Mogadiscio et dans d’autres endroits, il a appelé les dirigeants politiques et de la société à s’abstenir d’inciter les communautés à la violence.  Dans le scénario actuel, il a estimé de la plus haute importance que la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, envoie en temps utile les bons signaux en faveur du rétablissement urgent du dialogue comme mécanisme de résolution des différends, et évite les actions unilatérales qui pourraient faire dérailler le processus politique. 

L’impasse électorale a eu des répercussions sur la sécurité dans tout le pays.  Les Chabab et d’autres groupes ont profité de la situation pour accroître leur pouvoir et leur influence, s’est inquiété le représentant  

La situation humanitaire requiert également une attention particulière selon M. de la Fuente Ramirez, d’autant plus que la pandémie continue de frapper sur plusieurs fronts.  La première livraison de vaccins dans le cadre du programme COVAX est bienvenue mais, en plus d’être insuffisante en quantité, la situation sécuritaire actuelle limite leur distribution effective, sans parler de leur acheminement vers les localités les plus éloignées qui échappent au contrôle de l’État, a-t-il regretté.  À ce sujet, le Mexique condamne toutes les attaques contre le personnel humanitaire et médical en Somalie. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est dit encouragé par l’évolution positive du dialogue et de la coopération entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, ainsi que par les préparatifs électoraux.  En outre, il s’est félicité de l’amélioration des relations entre la Somalie et le Kenya, espérant voir les deux pays rétablir pleinement leurs relations. 

Dans le même temps, le Viet Nam reconnait que bien des écueils subsistent, notamment dans le processus électoral, une préoccupation partagée par la communauté internationale, le Secrétaire général de l’ONU et l’Union africaine, le pays risquant de se trouver dans une impasse politique susceptible d’entraîner un vide politique.  C’est pourquoi le représentant a salué la décision de la Chambre du peuple en ce qui concerne le rétablissement de l’accord du 17 septembre, ainsi que l’initiative du Premier Ministre pour l’organisation d’un sommet à Mogadiscio sur le processus électoral entre le Gouvernement et les États fédérés.  À cet égard, il a souhaité que tous les dirigeants puissent y participer.  Il faut que le processus politique soit mené par et pour les Somaliens, a-t-il conclu.

Les développements des trois derniers mois reflètent la nature complexe de la dynamique politique en Somalie, a estimé M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde), la « frilosité politique » de certains dirigeants somaliens et de certains États fédéraux ayant interrompu le processus électoral.  Les décisions prises par les organes et autorités constitutionnels ont paralysé le processus électoral et créé davantage d’incertitude, en dépit des appels répétés de la communauté internationale, y compris du Conseil, en faveur de la tenue d’élections.  Ces développements menacent de faire dérailler les attentes de la communauté internationale vis-à-vis de la Somalie pour cette année, a-t-il estimé. 

Dans ce contexte, l’accord du 17 septembre fournit la base pour que toutes les parties prenantes se mettent d’accord sur les aspects du processus électoral, afin que les élections se tiennent sans plus tarder.  

Le recours à la violence et les actions unilatérales doivent être évités, car ils ne feront qu’aggraver les problèmes pour le peuple somalien.  Constatant avec inquiétude que l’impasse politique a enhardi les Chabab, le représentant indien a fermement condamné leurs attaques contre les civils, et réclamé une réponse efficace des forces de sécurité somaliennes face à la détérioration de la situation sécuritaire.  Devant l’aggravation de la situation humanitaire et les ravages de la pandémie en Somalie, l’Inde réitère l’appel du Secrétaire Général aux États Membres pour soutenir le Plan de réponse humanitaire, qui n’a réalisé qu’un cinquième de ses besoins jusqu’à présent. 

Enfin, le représentant a expliqué que l’Inde, qui constitue une destination populaire pour les étudiants somaliens et les Somaliens en quête de traitements médicaux, a fourni un nombre important de soldats de la paix et de moyens navals et aériens aux opérations de l’ONU au début des années 1990. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué les pourparlers en cours entre les dirigeants somaliens s’agissant des élections.  Le dialogue, le compromis et le consensus seront essentiels pour sortir de l’impasse, a dit le délégué.  Il a jugé regrettable que la crise politique actuelle détourne l’attention et les ressources du développement et de la sécurité du pays.  Plus l’impasse durera, plus le risque de voir les gains sapés sera grand, a craint le représentant.  Il a exhorté les dirigeants somaliens à trouver une solution sur la base de l’accord du 17 septembre en vue de la tenue d’élections crédibles et inclusives, et ce, sans délai.  Il a souhaité que le quota minimum de 30% de femmes soit respecté, avant d’appeler à des mesures de défense des droits de l’homme, dont la création d’une commission indépendante nationale des droits humains. 

Préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire et la poursuite des attaques des Chabab, le délégué a souligné la nécessité de progrès sur le front sécuritaire.  S’il a jugé essentiel la présence d’une mission au-delà de 2021, le délégué a insisté sur l’importance de tirer les leçons de l’AMISOM et de prendre en considération les changements dans la situation sur le terrain.  Nous appelons toutes les parties prenantes à s’unir et à jouer leur rôle pour le succès de la transition sécuritaire, a conclu le représentant.

L’organisation par la Somalie d’élections inclusives, pacifiques et opportunes sur la base d’un consensus se révèle être vitale si ce pays veut parvenir à un rétablissement de la situation, a insisté M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis).  Ces dernières semaines, nous avons vu combien il est risqué de prendre des mesures sans accord entre les parties prenantes.  De fait, a-t-il poursuivi, la stabilité de la Somalie est menacée.  Le pays a été au bord du conflit en raison d’affrontements entre les forces gouvernementales et des milices affiliées à l’opposition à la suite du projet de loi adopté par le Parlement et signé par le Président Farmajo.

C’est pourquoi, les États-Unis se félicitent aujourd’hui de la décision prise par le Président d’abroger cette loi et de reprendre les négociations avec les États membres de la fédération sur la base de l’accord du 17 septembre. Poursuivant, M. Mills Jr. a salué les efforts du Premier Ministre pour organiser les pourparlers.  Ce dernier, a-t-il insisté, doit avoir la latitude et l’autorité pour organiser ces élections « sans interférence aucune ».  Il s’est dit également encouragé par les efforts faisant état de l’avancement de ces travaux.  Il y a vu une évolution positive et espéré que cela continuera d’être le cas.

Le délégué américain a donc appelé tous les partis politiques à mettre de côté leurs intérêts étriqués dans l’intérêt de la Somalie, affirmant que les États-Unis sont « prêts à prendre des mesures contre les individus qui entravent la mise en œuvre » de l’accord et menacent la paix et la stabilité de la Somalie. Il a indiqué avoir des « preuves » que les Chabab profitent des troubles politiques à Mogadiscio pour avancer.  Dès lors, pour les États-Unis, contrer l’avance des Chabab est une nécessité urgente pour la Somalie mais aussi pour l’ensemble de la région.

La France est préoccupée par l’impasse politique en Somalie, a déclaré Mme  NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France).  Mais la décision du Parlement de revenir sur la prolongation unilatérale de son mandat est positive, a-t-elle jugé.  Encouragée par l’engagement du Premier Ministre Roble dans la reprise des discussions, la France exhorte le Gouvernement fédéral somalien et les États fédérés à conclure un accord politique afin que les élections puissent avoir lieu sans délai, dans l’ensemble des États membres de la fédération et dans le consensus.  « Il en va de la pérennité de la fédération somalienne. » 

Mme Broadhurst a craint en outre que ce blocage politique n’ait des répercussions sécuritaires.  « La communauté internationale ne peut accepter que les efforts de tous dans la lutte contre les Chabab soient entravés, alors que le groupe poursuit ses attaques meurtrières. »  S’inquiétant aussi de l’absence de progrès dans la mise en œuvre du Plan de transition sécuritaire somalien, elle a dit que toutes ces étapes doivent être franchies dans les délais prévus par la résolution 2568 (2021) pour que ce Conseil puisse prendre une décision sur le passage de relai aux forces somaliennes et le futur de l’AMISOM qui doit passer par la mise en place d’une mission reconfigurée.  « Il n’y a pas d’alternative. »  La France appelle également à ce qu’une décision soit prise cette année sur le financement de l’AMISOM. 

Évoquant la situation humanitaire en Somalie, la déléguée a souligné que les populations civiles voient leur sort aggravé par la pandémie de COVID-19 mais également par les conditions climatiques extrêmes, qu’il s’agisse de la crise des criquets pèlerins ou des conséquences des changements climatiques.  L’insécurité alimentaire s’aggrave.  Un enfant sur huit meurt avant l’âge de 5 ans: il s’agit d’un des taux de mortalité des enfants les plus élevés au monde.  La France appelle à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave et elle condamne les attaques contre les personnels humanitaires et de santé, ainsi que les entraves à l’accès humanitaire.  «  es crimes ne resteront pas impunis  », a assuré Mme  Broadhurst Estival.  

M. GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a trouvé encourageant que la Somalie soit revenue sur la décision de prolonger les mandats du Parlement et du Président, jugeant la décision « vitale » pour la sécurité du peuple somalien et la stabilité du pays. Il serait « impardonnable », selon lui, de laisser passer cette occasion : « l’élan a été retrouvé et il faut en profiter ».  Pour l’Irlande, il est essentiel que toutes les parties entament les pourparlers de bonne foi et s’efforcent de trouver un consensus sur le processus électoral en temps voulu.  Le Premier Ministre doit aussi veiller à ce que le quota minimum de 30% de femmes soit réalisé.  Plus important encore, il doit y avoir un rejet « total » et « sans ambiguïté » de la violence : ceux qui y recourent à des fins politiques doivent rendre des comptes.

L’Union africaine jouant un rôle important pour assurer la paix et la sécurité en Somalie, le représentant a regretté que la Somalie ait rejeté l’offre de déployer un envoyé de l’UA.  L'impasse politique récente a contribué à la détérioration de la situation en matière de sécurité, a-t-il poursuivi.  Cela inclut le détournement des ressources militaires des opérations contre les Chabab, l’augmentation de la violence clanique et la division de l’armée nationale somalienne selon les clans.  « En réalité, les Chabab sont les seuls à avoir profité de l’impasse électorale », a estimé M. Nason, pour qui le Gouvernement fédéral doit se recentrer et intensifier ses efforts pour protéger les civils. 

M. JUN ZHANG (Chine) a constaté que la Somalie se trouve à un moment charnière de son histoire et que l’impasse politique relative aux élections se poursuit.  Il a exhorté tous les acteurs somaliens à faire les compromis nécessaires et à placer les intérêts du pays avant les leurs afin d’aboutir au rétablissement de la confiance politique, et pour créer des conditions propices à la transition sécuritaire et à la reconstruction nationale.  

Par ailleurs, la Chine s’est félicitée de la reprise des relations politiques de la Somalie avec le Kenya et salué les efforts de médiation consentis par le Qatar.  La sécurité en Somalie est préoccupante, a poursuivi le délégué, faisant référence aux attaques fréquemment perpétrées par les Chabab.  L’AMISOM a beaucoup œuvré pour maintenir la paix et la stabilité en Somalie, a-t-il ensuite reconnu.  Il a salué la décision de proroger son mandat, rappelant qu’une équipe d’évaluation indépendante de l’Union africaine va bientôt présenter un rapport sur la question.  Il a encouragé l’ONU, l’Union africaine, les pays fournisseurs de contingents et les pays concernés à renforcer leur communication tout en respectant le leadership de la Somalie, et à se mettre d’accord sur une reconfiguration potentielle de l’AMISOM.  Pour finir, il a espéré que l’Union européenne continuera d’appuyer financièrement la Mission.

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