Soixante-seizième session,
6e, 7e & 9e séances - matin, après-midi et soir
AG/12366

Assemblée générale: Les appels à « défendre la démocratie » et à régler les conflits dominent la seconde journée du débat général

Au second jour de son débat général annuel, l’Assemblée générale a entendu de vigoureux plaidoyers en faveur de la démocratie, attaquée de toutes parts pendant la pandémie de COVID-19, selon le Président du Ghana; certains États accusant les régimes autoritaires « d’exporter la peur », comme la Présidente de l’Estonie.  Cette journée a été aussi marquée par les appels à régler les conflits actuels, à commencer par le plus ancien d’entre eux, le conflit israélo-palestinien.  « La situation actuelle n’est tout simplement pas tenable », a déclaré le Roi de Jordanie.

L’un des premiers orateurs de la journée, le Roi Salman bin Abdulaziz al-Saud d’Arabie saoudite, a ainsi rappelé son attachement au règlement pacifique des différends et rappelé que son pays contribue « activement » à la recherche d’une solution aux questions liées au Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  Il a en revanche regretté que les houthistes au Yémen misent sur une solution militaire et espéré que les pourparlers avec l’Iran débouchent « sur une relation basée sur le respect mutuel et la non-ingérence ».  Il s’est néanmoins dit préoccupé par le programme nucléaire iranien, « même si l’Iran persiste à dire qu’il est de nature pacifique ».

Pour ce qui est de la Palestine, le Roi saoudien s’est dit attaché à la réalisation de l’Initiative de paix arabe, tandis que le Roi Abdallah II de Jordanie estimait que la sécurité véritable ne viendra que de la solution des deux États.  Le Roi jordanien a assuré que son pays continuera de préserver le statu quo juridique et historique des lieux saints, en tant que garant.  « J’ai la conviction que la sainteté de Jérusalem pour les chrétiens, les musulmans et les juifs peut nous réunir », a déclaré le Roi.

Les conflits en Europe ont été largement abordés, notamment par le Président de l’Ukraine, M. Volodymyr Zelenskyy, qui a évoqué « le fracas des explosions et des armes dans le Donbass ».  Il a rappelé qu’en 2019, il avait parlé des dizaines de milliers de vies fauchées par ce conflit et des centaines de milliers d’Ukrainiens contraints de fuir.  « Chaque année, nous répétons ces mêmes chiffres », s’est-il désolé, voyant pourtant dans ces sinistres bilans « le prix de la liberté et de l’indépendance ».  C’est pourquoi, selon lui, l’ONU devrait « se faire plus souple et plus agile », notamment en se rendant là où les problèmes surviennent.

De son côté, Mme Maia Sandu, Présidente de la République de Moldova, s’est dite résolue à trouver une solution pacifique et politique au conflit dans la région de Transnistrie, fondée sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays.  La Présidente a réaffirmé la position de son gouvernement sur le retrait complet et inconditionnel des forces russes.  « Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale, à cet égard », a déclaré Mme Sandu. 

Évoquant la situation au Mali et en Guinée, le Président du Ghana, M. Nana Akufo-Addo, a précisé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a suspendu ces deux pays en attendant le retour de la démocratie.  Six mois ont été accordés à la Guinée, a-t-il dit, et la CEDEAO a fait part aux dirigeants militaires maliens qu’elle n’a pas l’intention de reporter la date des élections.  « Un gouvernement démocratique doit être mis en place dès que possible », a déclaré le Président ghanéen.

M. Akufo-Addo a aussi lancé un appel à la défense de la démocratie dans le monde, à l’instar de la Présidente de l’Estonie, Mme Kersti Kaljulaid, qui a accusé les régimes autoritaires d’exporter ce qui se passe chez eux, « dont la peur ».  C’est pourquoi nous devons parler de la répression au Bélarus, nous montrer solidaires face au comportement « agressif et déstabilisateur du régime d’Alexander Loukachenko et reconnaître que la volonté de la nation du Bélarus doit seule façonner son avenir », a affirmé la Présidente.

Alors que l’Estonie est en pointe dans l’utilisation des technologies numériques, la Présidente a indiqué que celles-ci doivent aller de pair avec le respect intégral des libertés fondamentales.  Elles doivent être utilisées au bénéfice des citoyens, et pas pour leur oppression.  Le Président de la Bosnie-Herzégovine, M. Zeljko Komšić, a lui aussi dénoncé le « mépris » des droits de l’homme, y compris dans son propre pays, où « l’égalité des droits n’existe tout simplement pas ».

Les citoyens n’ont pas les mêmes droits devant le système électoral ou l’accès à l’emploi, parce que le système politique privilégie l’ethnicité, a expliqué le Président.  Il a aussi vilipendé ces politiciens qui essayent « d’envahir » le système constitutionnel et juridique de la Bosnie-Herzégovine pour obtenir les clefs du pouvoir, dans ce qui est une stratégie pour s’approprier des parties du territoire.  « Ces tendances sont complètement inacceptables mais aussi extrêmement dangereuses. »

De son côté, le Président du Venezuela, M. Nicolás Maduro, a indiqué que son pays a avancé cette année dans deux « directions fondamentales »: la préparation des élections, le 21 novembre prochain, et le lancement des pourparlers de paix avec l’opposition à Mexico.  Il s’agit, a-t-il souligné, d’un processus très important qui vise à faire revenir à la politique, à la Constitution et à la voie électorale les opposants les plus extrémistes « qui voulaient mener un coup d’état au Venezuela, ont conduit une invasion étrangère et préparé des plans pour m’assassiner ».

Tranchant avec la tonalité alarmiste des discours entendus lors de la première journée, le Président de la Sierra Leone, M. Julius Maada Bio, a pris le parti de « l’optimisme ».  Notre démocratie pacifique, a-t-il affirmé, s’est enracinée et est devenue la norme.  Également optimiste, le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Boris Johnson, a axé tout son discours sur la lutte contre les changements climatiques.  « Nous sommes formidables dans notre capacité à changer les choses et à nous sauver nous-mêmes », a-t-il assuré.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, jeudi 23 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. ŽELJKO KOMŠIĆ, Président de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, a estimé que la pandémie de COVID-19 a été une leçon cruciale sur la facilité avec laquelle le système international peut être secoué mais aussi sur l’importance, pour répondre aux crises, de l’endurance et de la résilience des institutions internationales fondées sur le multilatéralisme.  Soudainement, les relations internationales se sont vues menacées alors que les droits de l’homme étaient érodés.  Le fossé entre les pays riches et tous les autres s’est révélé plus large encore qu’on ne le croyait comme en témoignent les inégalités d’accès aux produits et équipements médicaux, y compris aux vaccins.  Le seul espoir, c’est la santé des économies et des systèmes sanitaires ainsi que celle de l’ONU pour combattre la pandémie et accéder aux vaccins.  

Le Président a tout de même insisté sur l’importance de la coopération que son pays a reçue des voisins et amis.  Cette solidarité, en a-t-il conclu, justifie les investissements dans la coopération régionale.  Mais compte tenu des circonstances, il faut aussi, a estimé le Président, regarder les objectifs de développement durable sous un nouvel angle, en sachant qu’une des questions les plus importantes est celle des besoins de la planète.  Rechercher des réponses aux changements climatiques coûte cher mais il serait encore plus onéreux de ne pas prendre au sérieux les efforts d’atténuation.  En la matière, la facture risque d’être élevée pour les pays les moins avancés et les pays en développement qui dépendent encore de l’énergie fossile et qui n’ont pas les moyens de procéder à une transition rapide vers l’énergie verte.  Le Président a donc plaidé pour un soutien financier.  Il a expliqué que son pays a une capacité d’énergie verte d’environ 40% mais que la fermeture graduelle des centrales thermiques et donc des mines, prévue dans les 25 à 30 prochaines années, provoquera une pénurie d’électricité difficile à combler.

Le Président a soulevé un autre problème, celui de la fuite des cerveaux.  Près de 10% de la population active bosnienne a émigré à la recherche d’opportunités.  Pour stopper cette saignée, il a mis l’accent sur la promotion des droits de l’homme, droits, a-t-il regretté, marqués par la sélectivité et les deux poids, deux mesures.  Il s’est dit inquiet de « la politique ethnique » dans les Balkans occidentaux, fondée sur l’exclusivité et le chauvinisme auxquels s’ajoutent l’intolérance religieuse et l’érosion du sécularisme.  Ces dernières années, s’est-il alarmé, notre société est confrontée à des tentatives de dégrader les droits de l’homme et d’éliminer l’individu et le citoyen, comme détenteur de droits.  Le système complexe des institutions du pays fondé sur les Accords de Dayton rend difficile tout consensus politique sur le fonctionnement de l’État et la perspective de son entrée à l’Union européenne et à l’OTAN.

Le système de valeurs, fondé sur l’égalité des droits, n’existe tout simplement pas en Bosnie-Herzégovine, a tranché le Président.  Les citoyens n’ont pas les mêmes droits devant le système électoral ou l’accès à l’emploi.  Le système politique privilégie au contraire l’ethnicité qui donne plus ou moins de droits.  Le Président a rejeté les pressions, notamment celles de ses pays voisins, pour que son pays fasse de cette ethnicité un facteur fondamental.  Ce qui veut dire, s’est-il indigné, que les droits collectifs auraient la primauté sur les droits individuels.  « C’est tout simplement inacceptable. »  Certains acteurs, a-t-il encore accusé, militent pour créer une atmosphère favorable à l’autodétermination des communautés ethniques, avec pour objectif ultime de démembrer la Bosnie-Herzégovine et d’annexer des parties de son territoire.  Des prix sont attribués à des criminels de guerre glorifiés, sans scrupule ni remords, en violation du droit international et de la Charte de l’ONU.

Dans le même temps, a poursuivi le Président, les principes de la compétence universelle sont manipulés à des fins politiques, au risque de compromettre le droit pénal, la sécurité juridique et donc les droits de l’homme, sans oublier la confiance dans les mécanismes judiciaires.  En plus, certains politiciens essayent « d’envahir » le système constitutionnel et juridique de la Bosnie-Herzégovine pour obtenir la clef du pouvoir, dans ce qui est une autre stratégie pour s’approprier des parties du territoire.  Toutes ces tendances, a martelé le Président, se fondent sur un mépris certain des droits de l’homme.  C’est non seulement complètement inacceptable, mais aussi extrêmement dangereux.

Le Président a dit espéré que le Haut Représentant de la communauté internationale dans son pays reconnaîtra la nécessité de protéger le droit international, les droits de l’homme et l’égalité des droits de tous les citoyens.

Le Roi Abdallah II de Jordanie a insisté sur l’ampleur des défis à relever: une pandémie meurtrière, les changements climatiques, des conflits violents exploités par les extrémistes au niveau mondial, une crise des migrations continue.  « Nos pays ont un intérêt commun à y répondre de manière efficace », a-t-il dit, en appelant de ses vœux une action collective.

Le Roi a estimé qu’un partenariat mondial est essentiel pour résoudre l’un des plus longs conflits de l’histoire moderne, le conflit israélo-palestinien, ajoutant que la guerre à Gaza cette année a montré combien la situation actuelle n’est pas durable.  Il a souligné la nécessité de continuer de financer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui apporte un soutien vital à 5,7 millions de réfugiés palestiniens.  « Combien d’enfants devront encore mourir avant que le monde ne se réveille? »  Le Roi a estimé qu’une sécurité véritable pour les deux parties, et partant pour le monde entier, ne pourra résulter que de la solution des deux États.  « Jérusalem est au cœur de cette paix. »  Il a assuré que son pays continuera de préserver le statu quo juridique et historique de Jérusalem et des Lieux saints musulmans et chrétiens.  « J’ai la conviction que la sainteté de Jérusalem pour les chrétiens, les musulmans et les juifs peut et doit nous réunir. »  Avec un appui international, la Ville sainte peut être, non une cause pour la division, mais un symbole d’unité pour tous, a-t-il poursuivi. 

Évoquant la situation humanitaire et économique critique traversée par le Liban, le Roi jordanien a demandé à la communauté internationale d’apporter son plein soutien au peuple libanais afin de l’aider à surmonter la crise.  « Cela demande une réponse internationale bien planifiée et coordonnée, qui nous engage tous », a-t-il dit, ajoutant que le monde ne doit pas oublier les millions de réfugiés accueillis par le Liban.  Le Roi Abdallah a jugé vital de continuer de soutenir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial.  Il a ensuite affirmé que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme est loin d’être achevée, « même si nous avons remporté quelques batailles ».  Il a plaidé pour une action collective et mondiale, avant d’évoquer le Processus d’Aqaba qui est une approche holistique permettant de réunir les dirigeants concernés afin d’échanger les bonnes pratiques et de développer de nouvelles stratégies. 

Le Roi a ensuite abordé le défi le « plus existentiel » des temps actuels, à savoir la crise climatique.  Très pauvre en eau, la Jordanie connaît douloureusement l’acuité de cette menace, a-t-il dit, avant de mentionner le plan d’action national pour une croissance verte élaboré par son pays pour y répondre.  « Aucun pays ne peut combattre seul les changements climatiques. »  Cette crise nous rappelle la nécessité de développer de nouvelles façons de répondre aux défis que nous connaissons, a insisté le Roi.  « Nous sommes prêts à nous appuyer sur notre localisation stratégique –au carrefour de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe– pour faciliter la réponse internationale la plus large. »  Le Roi a estimé que chaque pays et région a des forces et capacités pour faciliter une telle réponse.  Ensemble, nous pouvons repenser le monde et le protéger du danger, a-t-il conclu.  « Maintenant, ensemble, prenons les décisions dont nous avons besoin. »

Notant que face à « cette guerre contre le virus, nous n’étions pas tous égaux », M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a expliqué que son pays a dû miser sur des solutions endogènes: l’intelligence de ses scientifiques et de sa pharmacopée traditionnelle.  Il s’est enorgueilli du fait que l’Afrique et les pays « dit » vulnérables ont réussi à mieux encaisser l’impact de la COVID-19 et « à en tirer du positif », contrairement aux prévisions.  Madagascar, a-t-il dit, est même en train d’écrire l’histoire d’une transformation profonde.  La COVID-19 ne l’a pas empêchée de poursuivre les efforts engagés pour rattraper son retard de développement.   Dans le domaine des infrastructures de santé, l’objectif est d’instaurer une santé pour tous en construisant des hôpitaux et des centres de santé de base dans toutes les régions et districts. 

Le plus grand stade de football de l’océan Indien vient d’être inauguré et d’autres infrastructures sportives sont en construction.  Nous investissons dans le sport, car le sport fédère et unit le peuple, a expliqué M. Rajoelina.  Il a également parlé de la nouvelle ville de Tana-Masoandro qui est en construction et qui sera la vitrine de l’océan Indien, ainsi que de la modernisation des réseaux de transport en commun de la capitale et de la construction de logements sociaux.  Madagascar est en pleine construction, s’est-il enorgueilli.  Le pays entre dans une nouvelle ère.  On le constate, on le ressent, s’est réjoui le Président, parlant d’une nouvelle génération de leaders animés d’un sentiment patriotique et d’une vision pragmatique qui impulse le changement.

Il n’en reste pas moins, a-t-il rappelé, que Madagascar est touchée par les changements climatiques, notamment des vagues de sècheresse dans le sud où les sources d’eaux se tarissent et toutes les activités de subsistances deviennent quasi-impossibles.  Pour y remédier, le Président a dit miser sur des actions stratégiques pour apporter un changement radical et durable, notamment par la construction d’un grand pipeline pour alimenter cette région en eau.  Ce grand projet de pipeline reste à réaliser et représente un défi historique, a-t-il concédé.  En matière de lutte climatique, il a appelé chaque État à agir de façon équitable et à hauteur de ses actions polluantes, parce qu’à défaut, « tous les efforts seront vains ».

Mettant l’accent sur l’importance de la souveraineté et de l’unité nationale, le Président a expliqué que parmi les principaux enjeux de Madagascar sur ces sujets, il y a la question des Îles Éparses ou Nosy Malagasy, une question toujours sans solution malgré deux résolutions de l’Assemblée générale demandant à la France d’initier sans tarder des négociations avec Madagascar pour la réintégration de ces Ileś séparées de façon arbitraire.  Des discussions étant actuellement en cours avec le Président Emmanuelle Macron, dans le cadre d’une Commission mixte, M. Rajoelina a espéré une issue positive, juste et apaisée.  Il a invité l’ONU à endosser son rôle pour veiller à cela de façon bienveillante et cohérente.

M. NANA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a souligné sa volonté, en tant que Président nouvellement élu, de construire une économie qui ne dépende pas de la charité et de l’assistance, parce que celles-ci ne durent pas.  « Nous voulons construire un pays solide », a -t-il dit, avant de souligner les conséquences de la pandémie pour les économies africaines: 103 millions d’emplois ont ainsi été détruits.  Il a appelé à vacciner 70% de la population africaine et à promouvoir la production de vaccins sur le continent, en précisant que le Ghana a reçu 5 millions de doses.  « Cela ne suffit pas », a-t-il toutefois prévenu.  Nous espérons vacciner 20 millions de nos citoyens d’ici à la fin de l’année, a poursuivi le Président.  Il s’est étonné des difficultés de déplacement en Europe des Africains ayant reçu le vaccin AstraZeneca, ce vaccin étant devenu à son avis un « instrument de contrôle de l’immigration ».

Pointant du doigt les lacunes dans le financement du développement, il a estimé que la pandémie est une « occasion en or » pour y remédier.  Si la conférence de San Francisco avait lieu aujourd’hui, la Charte de l’ONU serait bien différente, a-t-il dit, en rappelant que nombre de pays africains et des Caraïbes n’étaient pas présents à l’époque.  Il a ensuite dénoncé les Cassandre qui prédisaient que les cadavres joncheraient les rues africaines en raison de la COVID-19, avant de se féliciter que le taux d’infection soit demeuré relativement bas.  « Dieu merci. » 

Le Président du Ghana a appelé à reconstruire en mieux, en précisant que les recettes fiscales ont diminué de 150 milliards de dollars en Afrique en raison de la pandémie.  Plaidant pour un financement du développement novateur, il a indiqué que les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI sont une autre « occasion en or » pour lutter contre les inégalités mises à nu par la pandémie.  Il a souhaité que 35% de ces droits soient octroyés aux pays africains, avant de souligner la nécessité d’un repositionnement des institutions de Bretton- Woods et du G20 afin qu’elles soient véritablement inclusives.  Il a ainsi proposé que l’Union africaine ait un siège au G20. 

Le Président a redit la détermination de son pays à lutter contre les changements climatiques, ajoutant qu’il ferait des propositions en prévision de la réunion de Glasgow.  Le Président a appelé à défendre la démocratie dans le monde, celle-ci ayant été attaquée de toutes parts pendant la pandémie.  Il a dénoncé les atteintes contre la démocratie au Mali et en Guinée, ajoutant que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a suspendu ces deux pays de ses instances en attendant un retour de la démocratie.  Six mois ont été accordés à la Guinée à cette fin, a-t-il dit.  Concernant le Mali, le Président du Ghana a déclaré que la CEDEAO a indiqué aux dirigeants militaires maliens qu’elle n’a pas l’intention de reporter la date des élections prévues dans ce pays.  Un gouvernement démocratique doit être mis en place dès que possible, a conclu le Président.

Pour M. GOTABAYA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, faire en sorte que tout le monde, partout, soit vacciné est le meilleur moyen de sortir de la pandémie de COVID-19.  Le Sri Lanka, s’est enorgueilli le Président, a multiplié les succès dans son programme de vaccination.  Toutes les personnes de plus de 30 ans sont presque complètement vaccinées, celles de plus de 20 ans le seront d’ici la fin du mois d’octobre et la campagne de vaccination des plus de 15 ans commencera dans un proche avenir.  La pandémie ayant eu des conséquences graves sur la réalisation des objectifs de développement, le Président a plaidé pour le financement du développement et l’allégement de la dette. 

S’agissant des changements climatiques et de la perte de la biodiversité, il a appelé à des actions multilatérales « décisives », arguant de l’héritage philosophique du Sri Lanka, profondément enraciné dans les enseignements du Bouddha, qui souligne l’importance de la préservation de l’environnement.  C’est dans ce contexte, a souligné le Président, que le Sri Lanka est devenu le champion de la Charte bleue du Commonwealth et qu’il dirige le Groupe d’action sur la restauration des mangroves.  En adoptant la Déclaration de Colombo sur la gestion durable de l’azote, qui vise à réduire de moitié les déchets d’azote d’ici 2030, le Sri Lanka contribue également aux efforts mondiaux visant à réduire la pollution. 

M. Rajapaksa a aussi rappelé que son pays a subi les destructions causées par les terroristes religieux extrémistes, après avoir souffert pendant 30 ans, une guerre terroriste séparatiste.  Le terrorisme, a insisté le Président, est un défi mondial qui nécessite une coopération internationale, en particulier sur des questions telles que le partage de renseignements.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, a la ferme intention de bâtir un avenir prospère, stable et sûr pour tous les Sri-Lankais, quelle que soit leur origine ethnique, leur religion ou leur sexe.  Il a conclu en priant l’ONU et la communauté internationale de protéger le patrimoine bouddhiste de l’Afghanistan. 

Dans un message vidéo préenregistré, le Roi SALMAN BIN ABDULAZIZ AL-SAUD d’Arabie saoudite, a estimé que les défis auxquels la communauté internationale se heurte aujourd’hui nécessitent le renforcement des institutions internationales, du multilatéralisme et de la coopération internationale.  Pour sa part, le Royaume a soutenu la riposte à la COVID-19 par des injections de fonds en faveur des plus touchés.  Bailleur de fonds le plus important du monde arabe et l’un des plus importants au niveau international, le Royaume travaille à la reprise de l’économie mondiale, a affirmé le Roi qui a tenu à rassurer la communauté internationale sur la stabilité du prix du pétrole. 

S’agissant des changements climatiques, il a parlé de l’Initiative verte du Royaume et du Moyen-Orient qui devrait permettre aux pays concernés d’atteindre les objectifs internationaux.  Il a partagé sa vision d’une « économie pionnière » et de solutions énergétiques novatrices, sans oublier l’amélioration de la condition de la Saoudienne et des jeunes. 

Également attaché au règlement pacifique des différends, le Roi a rappelé que l’Arabie saoudite soutient, entre autres, l’Iraq dans ses efforts de redressement et de retour dans la communauté des nations.  Nous contribuons aussi activement à la recherche d’une solution durable et pacifique aux questions liées au Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne et œuvrons à la stabilité en Afghanistan, a affirmé le Roi.  Pour ce qui est de la Palestine, il s’est dit attaché à la réalisation de l’Initiative de paix arabe et pour ce qui est du Yémen, il a regretté que les milices houthistes misent sur une solution militaire, en prenant pour cible les infrastructures civiles et les voies maritimes, ce qui met en danger le mouvement des pétroliers dans la région.

Défenseur de la souveraineté de tous les États, le Roi a revendiqué le droit légitime de l’Arabie saoudite à la légitime défense contre les attaques de drones et de missiles balistiques.  L’Iran est un pays voisin, a souligné le Roi, et nous espérons que les pourparlers déboucheront sur une relation basée sur le respect mutuel, la non-ingérence et la fin du soutien aux milices sectaires et aux groupes terroristes.  Il est important, a conclu le Roi, que le Moyen-Orient soit débarrassé des armes de destruction massive.  Il s’est donc dit préoccupé par le programme nucléaire iranien, « même si l’Iran persiste à dire qu’il est de nature pacifique ».  Avant de conclure, le Roi a souligné à nouveau sa ferme opposition à tous ceux qui soutiennent, financent ou abritent des groupes terroristes.

M. ALEJANDRO EDUARDO GIAMMATTEI FALLA, Président du Guatemala, a estimé que face aux répercussions de la COVID-19 et des changements climatiques, la communauté internationale doit montrer que le multilatéralisme et la coopération internationale sont des outils efficaces pour aller de l’avant.  Mon gouvernement, a-t-il dit, est en train de relever cinq défis majeurs: la protection de l’environnement, l’éradication de la faim et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la protection des migrants, la croissance et le développement économiques, et la sécurité régionale par la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues.

M. Giammattei Falla s’est appesanti sur cet « énorme fléau » qui fauche d’innombrables vies, corrompt les sociétés, affecte considérablement l’économie, et conduit à réaffecter des fonds qui auraient pu être consacrés au développement humain.  Je parle du trafic de drogue, un mal qui nous fait souffrir alors que la demande vient en particulier des États-Unis, a dénoncé le Président.  Depuis le début de mon mandat, a-t-il poursuivi, 15 cartels de la drogue ont été démantelés et 6 ont été démobilisés, 2 855 personnes ont été arrêtées, 52 font ou ont fait l’objet de procédures d’extradition pour trafic de drogue et 7, pour d’autres infractions.  Quelque 19 953 kilos de cocaïne et 7 066 livres de marijuana ont été saisis, 1 565 811 plantes de coca ont été détruites ainsi que 4 299 800 de marijuana et 25 929 475 de pavot.

Hier, cela faisait 114 jours qu’aucun vol lié au trafic de drogue n’a été enregistré sur le territoire, soit la plus longue période jamais connue qui démontre l’engagement dans la lutte contre ce fléau.  La réduction notable du trafic par les eaux territoriales du Pacifique est due à la présence permanente des Forces navales spéciales, a encore expliqué le Président qui a dit ne pas comprendre pourquoi ces succès ne pas reconnus par les pays consommateurs, lesquels portent la plus grande responsabilité dans cette « chaîne insensée ».  Le Président a demandé le renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent et des efforts pour rapatrier l’argent de la drogue, décriant au passage le fait que cet argent dort dans les banques des pays consommateurs.

S’agissant des changements climatiques, M. Falla a demandé que la région d’Amérique centrale soit reconnue comme une région très vulnérable aux catastrophes naturelles et déclarée éligible aux financements climatiques.  Concernant la revitalisation de l’ONU, il a voulu que le Conseil de sécurité assume sa responsabilité sans parti pris idéologique et avec objectivité et équité.  Les membres permanents doivent exercer leur droit de veto avec responsabilité et éviter d’aggraver les crises internationales.  Taïwan, a-t-il aussi plaidé, doit être autorisé à apporter son expérience, ses capacités et ses connaissances au multilatéralisme.  Le Président n’a pas manqué de souligner l’importance d’un désarmement complet, irréversible et transparent et condamné, avant de réaffirmer son engagement de résoudre de manière permanente et définitive, devant la Cour internationale de Justice (CIJ), le différend territorial, insulaire et maritime qui oppose son pays à Belize, « avec lequel nous aspirons à une relation privilégiée pour le règlement pacifique des problèmes communs ».

Dans son message vidéo préenregistré, M. DAVID KABUA, Président des Îles Marshall, a déclaré que les petites nations vulnérables comme la sienne avaient un besoin urgent d’une ONU plus forte et a rappelé que, « sans être naïf », son pays ne pouvait oublier que l’ONU avait été créée tant pour inclure la diversité mondiale que pour travailler sans cesse à la réalisation des idéaux communs de démocratie, de sociétés libres et sûres et de principes universels fondamentaux.

M. Kabua a rappelé que la région du Pacifique faisait face à l’émergence d’une menace de sécurité prenant la forme d’une concurrence géopolitique entre les plus grandes puissances du monde.  Il a renouvelé son engagement en faveur d’une région indo-pacifique libre et ouverte et a appelé à se démarquer de tous ceux qui voudraient « nous faire échanger nos valeurs fondamentales contre une incitation facile ».  Il a salué le dialogue sur la défense tenu récemment entre le Japon et les îles du Pacifique, y voyant une « mesure de confiance clef contre l’influence autoritaire ».  Alors même que les Îles Marshall s’éloignent actuellement du Forum des îles du Pacifique, M. Kabua a salué le renforcement du Sommet des présidents micronésiens dans le Pacifique Nord, et s’est dit impatient de forger une voix commune pour s’attaquer aux menaces sécuritaires émergentes.

Abordant la pandémie de COVID-19, le Président s’est félicité du « succès solide » de son pays, qui « reste fièrement sans COVID », en matière de vaccination de « presque toutes les personnes éligibles » et a remercié les États-Unis pour leur action active et précoce.  Il a toutefois rappelé que les frontières de son pays restaient en grande partie fermées, celui-ci n’ayant pas les moyens de faire face même à de petites épidémies.  Alors que la principale activité économique, la pêche, commence à peine à se redresser, le pays reste contraint de réduire ses efforts dans les principaux domaines de développement.  M. Kabua a donc jugé essentiel que le système international continue de renforcer ses efforts pour lutter contre les impacts sociaux et économiques de la pandémie dans les petits pays insulaires éloignés.

Ce sont toutefois les changements climatiques qui restent la plus grande menace pour la sécurité et le bien-être de la région, en particulier pour les pays formés d’atolls de faible altitude comme les Îles Marshall, a poursuivi M. Kabua, qui a rappelé qu’une « majorité mondiale écrasante » exigeait l’application de l’Accord de Paris « par des actes et non par des paroles creuses ».  Le monde, et en particulier les pays plus vulnérables, ne peut pas se permettre de ne pas maintenir la hausse des températures en dessous de 1,5 degré Celsius, a insisté le Chef d’État, qui a dénoncé le fait que les promesses de financement en matière de climat ne soient toujours pas tenues et restent difficilement accessibles à ceux qui en ont le plus besoin.

M. Kabua s’est ensuite félicité des progrès récemment accomplis pour restaurer la Conférence des Nations Unies sur les océans, désormais fixée en 2022.  Il a rappelé que l’action mondiale sur les océans ne pouvait se limiter à des approches fragmentaires et a demandé une volonté politique plus forte.

Face aux atteintes aux droits humains dans le monde, M. Kabua a estimé que de nombreuses situations complexes méritaient « plus d’attention et de diplomatie que les approches génériques ne peuvent le permettre ».  Il a estimé que l’Assemblée générale avait parlé « haut et fort » sur le Myanmar et a rappelé les préoccupations exprimées par l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme concernant la situation au Xinjiang et à Hong Kong.  Il a également demandé que le « gouvernement démocratique de Taiwan » soit autorisé à participer de manière égale et digne au système des Nations Unies, y compris l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi qu’aux activités liées aux objectifs de développement durable.

Mme MAIA SANDU, Présidente de la République de Moldova, a déclaré que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, les défis en matière de sécurité internationale et la fragilité de l’ordre international fondé sur des règles exigent que tous travaillent ensemble pour trouver des solutions durables.  La République de Moldova est confrontée à quatre défis, a annoncé la Présidente, dont la pandémie de COVID-19.  La population a pu être vaccinée dès le mois de mars, grâce aux partenaires extérieurs, a-t-elle dit, en précisant que le pays dispose maintenant d’un approvisionnement suffisant en vaccins.  Le deuxième défi est celui que posent les changements climatiques qui se traduisent par de graves sécheresses, des inondations, des récoltes et moyens de subsistance en ruine.  Pourtant, a-t-elle informé, l’empreinte climatique de la République de Moldova est faible et le pays s’engage à la maintenir ainsi en modernisant l’économie, en améliorant la gestion des forêts, en passant à une économie verte et circulaire, en promouvant l’énergie propre, en préservant les ressources en eau et en promouvant une production et une consommation responsables et durables. 

Le troisième défi, pour la Présidente, est la sécurité internationale.  Elle s’est dit gravement préoccupée par la détérioration de la situation en matière de sécurité dans la région de la mer Noire tout en restant résolue à trouver une solution pacifique et politique au conflit dans la région de Transnistrie, fondée sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République de Moldova.  Nous continuerons à promouvoir des mesures de confiance en mettant l’accent sur la protection des libertés et droits fondamentaux dans la région de Transnistrie qui est « une question prioritaire pour mon pays », a déclaré Mme Sandu.  Elle a réaffirmé la position de son gouvernement sur le retrait complet et inconditionnel des forces russes, y compris l’enlèvement ou la destruction des stocks de munitions de Cobasna, qui constituent une menace pour la sécurité et l’environnement de la région dans son ensemble.  « Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale à cet égard. »

Pour Mme Sandu, l’érosion de la démocratie et le déclin de la confiance dans l’État qu’elle entraîne est un autre défi mondial important.  En tant que communauté internationale, nous devons promouvoir la transparence et l’obligation de rendre des comptes au niveau international, a-t-elle plaidé, demandant d’unir les efforts pour lutter contre le blanchiment d’argent et enquêter sur les flux financiers illicites.  Nous devons faire un meilleur usage des outils de saisie des avoirs et travailler ensemble pour réprimer le crime organisé, a encore demandé la Présidente. 

Le monde n’ayant aucun plan lorsque la pandémie a éclaté, chaque pays a dû développer sa propre formule, a dit avoir constaté M. LUIS LACALLE POU, Président de l’Uruguay.  La meilleure version de cette pandémie est que l’humanité a su montrer sa faculté d’adaptation et de survie, et la mauvaise, c’est que la COVID-19 a révélé des inégalités structurelles et des problèmes éthiques dans toutes les sociétés.  Soulignant la « vocation démocratique » de l’Uruguay, le Président a affirmé que les libertés individuelles y sont sacrées et dénoncé la fausse dichotomie entre ces libertés et l’action publique.  Les libertés individuelles, a-t-il professé, ne peuvent être conçues sans la responsabilité et la solidarité.  En Uruguay, les citoyens ont montré que l’exercice responsable de leurs libertés permet une meilleure gestion de la pandémie. 

Au niveau national, a poursuivi le Président, le monde a vécu la course contre la montre pour développer les vaccins, lesquels ont été mis sur le marché en un temps record.  Mais les pays ont dû les acheter eux-mêmes, alors qu’un vaccin est essentiel pour recouvrer les libertés individuelles, dont la liberté de commerce et d’accès aux marchés.  Au moment où l’Uruguay s’ouvre davantage au monde, a dit le Président, il nous faut plus de coordination entre les blocs et les grandes puissances.  Il en a profité pour s’attarder sur les violations des droits de l’homme commises par certains gouvernements, devant lesquelles « nous ne pouvons rester silencieux ».  L’abus de pouvoir, a martelé le Président, est contraire aux libertés, et il semble, a-t-il estimé, que certains gouvernements « ont peur » de leur propre peuple.  Il a conclu en appelant à la création d’un mécanisme financier qui permettrait aux pays de poursuivre leurs progrès en matière de développement durable.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a souligné que le monde a pu rester en contact pendant la pandémie grâce à Internet.  « À travers les larmes que nous avons versées pour nos chers disparus, du fin fond du désespoir et de la dévastation, des solutions ont émergé qui nous permettront de devenir des sociétés meilleures, plus égalitaires. »  La Présidente a estimé que la pandémie a montré que le monde, s’il concentre ses efforts, peut relever tous les défis.  Elle s’est ainsi dite encouragée par la lutte contre les changements climatiques, aussi périlleuse que celle contre la pandémie.  Si nous luttons avec la même ferveur que celle dont nous avons fait preuve pour trouver des vaccins, alors cette décennie pourrait être celle du grand relèvement, a dit la Présidente.  « Si nous échouons, elle marquera au contraire le début de la fin. »

Elle a ensuite déploré les guerres en Ukraine et en Syrie, avant de dénoncer les régimes autoritaires, comme celui du Bélarus, qui use de nouveaux outils hybrides pour attaquer les sociétés démocratiques.  Elle a insisté sur l’énormité des besoins humanitaires en Afghanistan, plus de 18 millions de personnes ayant besoin d’une aide.  Elle a mis en garde contre un recul pour les Afghanes, avant d’indiquer que les femmes ont été très touchées par la pandémie partout dans le monde.  La Présidente a appelé à renforcer la campagne vaccinale dans le monde pour mettre fin à la pandémie et favoriser la reprise.

La transformation technologique, a-t-elle poursuivi, doit aller de pair avec le respect intégral des libertés fondamentales.  Elle a insisté sur le potentiel du numérique pour combler le fossé entre les pays, « évidemment, sans conforter dans leur position les régimes répressifs ».  Les outils numériques doivent être utilisés au bénéfice des citoyens, et pas pour leur oppression.  La Présidente a rappelé que son pays est l’un des créateurs du cadre normatif pour un comportement responsable des États dans le cyberespace, dont le cœur doit être le respect du droit.  L’Estonie, membre du Conseil de sécurité, a organisé les premières discussions de l’année.  

Les pays répressifs, a-t-elle encore dit, exportent ce qui se passe chez eux, dont la peur.  C’est pourquoi nous devons parler de la répression au Bélarus, nous montrer solidaires face au comportement « agressif et déstabilisateur du régime d’Alexander Loukachenko » et reconnaître que la volonté de la nation du Bélarus doit seule façonner son avenir.  Elle a aussi voulu que l’on n’oublie pas la situation en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.  La sécurité de l’Ukraine est aussi la nôtre, a-t-elle martelé, et a souligné que son pays a veillé au Conseil de sécurité à ce que l’agression de la Fédération de Russie dans le Donbass et son annexion illégale de la Crimée demeurent inscrites à l’ordre du jour.  En conclusion, elle a appelé à la solidarité dans la réponse aux défis actuels.

Pour le Président du Suriname, M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, les tournants imprévisibles du paysage politique et économique mondial démontrent que la coopération multilatérale, la solidarité internationale et les actions concrètes sont plus que jamais nécessaires.  La pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence les échecs du multilatéralisme et de la solidarité internationale et dévoilé les faiblesses des mécanismes internationaux et de l’infrastructure juridique internationale.  Malheureusement, le principe d’efforts et de responsabilité collectifs a été remplacé par une approche plus individualiste, faisant passer la nation au premier plan, a regretté M. Santokhi. 

Le Président a plaidé pour des mesures innovantes ancrées dans les technologies modernes pour renforcer les systèmes de santé.  Il a également attiré l’attention sur les aspects sociaux et psychologiques de la pandémie, l’élargissement du fossé dans l’éducation, la fracture numérique et les inégalités d’accès aux vaccins.  Le Président a regretté que de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, connus comme une région à revenu intermédiaire, n’aient « malheureusement » pas bénéficié des différentes solutions d’allégement de la dette multilatérale présentées dans le contexte de la COVID-19.  Il a plaidé pour la mise en place d’un fonds de relance COVID-19, avec l’appui des institutions financières internationales et du secteur privé.  La « nouvelle normalité » post-COVID-19 doit supprimer tous les obstacles au commerce et aux investissements. 

Au-delà du grave impact de la COVID-19, le Suriname, a poursuivi le Président, a connu comme d’autres des difficultés financières et économiques, dont un fardeau de la dette particulièrement lourd.  L’accès à des financements concessionnels est donc d’une importance cruciale pour relancer l’économie, a souligné le Président qui a dénoncé les critères « irréalistes, injustes et contre-productifs » de classification des pays.  Il a dit attendre avec impatience de nouvelles méthodes de soutien financier, basées sur la réalité socioéconomique des pays concernés.  Il a fermement soutenu l’indice de vulnérabilité multidimensionnel, défendu par les petits États insulaires en développement et la levée des barrières bureaucratiques qui réduisent l’accès à l’aide.

Passant à l’impact des changements climatiques, le Président Santokhi a parlé des pays à faible élévation, dont le sien, qui sont particulièrement vulnérables, même s’ils ont le moins contribué à ce problème.  Le Suriname est un pays à faible déforestation, avec une couverture forestière d’environ 93%.  Il contribue de manière significative à l’atténuation des effets des changements climatiques et il est l’un des rares pays au monde à avoir un bilan carbone négatif.  Pourtant, s’est étonné le Président, nous ne bénéficions pas pleinement des arrangements liés à la gestion saine des forêts ni d’un accès équitable aux financements climatiques.  À la veille de la COP26, a conseillé le Président, il faut garder à l’esprit que les nobles idéaux et les engagements politiques prétendument forts n’auront aucun sens, s’ils ne sont pas soutenus par des financements adéquats.  La COP26, a-t-il martelé, doit donc se traduire par des engagements « ambitieux et réalisables », y compris celui des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays en développement, comme convenu dans l’Accord de Paris sur le climat. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a plaidé pour une riposte robuste à la pandémie, dont un accès égal aux vaccins, avant de saluer les textes adoptés par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur la pandémie.  Il a souligné l’incidence de la pandémie sur le financement du développement, de nombreux pays accusant des retards dans la réalisation du Programme 2030.  « Faisant néanmoins le choix de l’optimisme », il a détaillé la politique économique de son pays, articulée autour de la diversification de l’économie et de l’augmentation des exportations.  La Sierra Leone a réussi à minimiser le nombre de décès liés à la pandémie, a-t-il dit, en saluant la réception des vaccins envoyés par la Chine mais aussi par la France et les États-Unis.  La Sierra Leone, a dit le Président, ne veut plus être perçue comme un pays « perclus de problèmes », confronté à l’instabilité politique quand il ne se relève pas d’une flambée d’Ebola.  

Notre démocratie pacifique s’est enracinée, elle est devenue la norme, a-t-il déclaré.  Les droits de l’homme sont garantis et une loi liberticide vient même d’être abrogée.  Aucun journaliste n’est poursuivi et la peine de mort a été abolie.  Le Président a aussi affirmé que son pays est engagé dans la lutte contre la violence sexuelle et compte bientôt présenter un projet de résolution sur ce sujet à l’Assemblée générale.  Il a ensuite pointé les lacunes dans le financement climatique, particulièrement dommageables pour les pays les moins avancés.  Il a estimé qu’il est possible de faire advenir un monde plus juste après la pandémie, arguant que nous ne pouvons plus ignorer le milliard de voix que compte l’Afrique et les 54 pays qui la composent.  Les principales structures du pouvoir internationales ont été créées, il y a 75 ans.  Or « nous voulons être des égaux ».  

Le Président a donc demandé la réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus transparent, représentatif et responsable, jugeant qu’il faut imprimer un nouvel élan aux discussions sur ce sujet.  Il a insisté sur son attachement au Consensus d’Ezulwini, en réclamant pour l’Afrique deux nouveaux sièges permanents avec droit de veto et deux sièges non permanents supplémentaires au Conseil de sécurité.

Dans son message vidéo préenregistré, M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, s’est félicité qu’en dépit de la pandémie de COVID-19, qui affecte les travaux de l’Assemblée générale pour la deuxième session consécutive, les dirigeants du monde continuent d’échanger.  Cet échange de vues, a estimé le Président, doit permettre l’essor d’un nouveau monde de paix, de coopération et de dialogue, dénué de colonialisme, d’impérialisme et d’hégémonie dominante.  Il s’est prononcé pour un monde multipolaire et « pluri-centrique », selon la doctrine du Mouvement des pays non alignés, et a salué les dizaines d’États Membres qui ont fait preuve de solidarité à l’égard du Venezuela, ces dernières années.  Rappelant que son pays dénonce depuis longtemps la « campagne féroce » menée par les élites américaines, M. Maduro Moros s’est élevé contre une « agression permanente » à coups de sanctions économiques, financières et pétrolières « cruelles ».  Il a parlé d’une attaque contre le droit à la liberté économique, déplorant que le Venezuela soit empêché d’acheter ce dont il a besoin et de vendre ce qu’il produit.  De plus, a-t-il dit, les réserves d’or de la Banque centrale sont bloquées à Londres et les comptes bancaires de milliards de dollars, saisis aux États-Unis et en Europe.

Face à cette persécution « systématique, cruelle et criminelle », a poursuivi M. Maduro Moros, le peuple vénézuélien a réagi en cette année qui marque le deux centième anniversaire de la victoire indépendantiste de Carabobo.  Le pays est ainsi passé d’une phase de résistance à une phase de reprise et de croissance soutenue grâce à la science, l’innovation, la technologie et la « capacité spirituelle d’un peuple travailleur » qui « refuse de plier ».  Le Président a appelé les États-Unis et l’Union européennes à lever leurs sanctions et a exprimé sa solidarité avec Cuba, confrontée elle aussi à un blocus.  Il a souhaité à cet égard que l’Assemblée générale diffuse les conclusions du Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’impact négatif des mesures unilatérales coercitives sur la jouissance des droits humains, lequel s’est rendu cette année au Venezuela et a recommandé la levée des sanctions et le respect du droit international.

Le Président vénézuélien a par ailleurs indiqué que son pays a avancé cette année dans deux « directions fondamentales »: la préparation des élections régionales, municipales et locales prévues le 21 novembre prochain et la création des instances de dialogue ainsi que le lancement des pourparlers de paix avec l’opposition à Mexico.  Il s’agit, a-t-il souligné, d’un processus très important qui vise à faire revenir à la politique, à la Constitution et à la voie électorale les opposants les plus extrémistes « qui voulaient mener un coup d’État au Venezuela, ont conduit une invasion étrangère et préparé des plans pour m’assassiner ».  Maintenant, a ajouté le Président, avec le soutien du Mexique, l’aide diplomatique de la Norvège et la présence directe de la Fédération de Russie et des Pays-Bas, nous avançons sur la voie de la reprise socioéconomique.  Avant de conclure, M. Maduro Moros a plaidé une nouvelle fois pour un monde multilatéral qui permette d’en finir avec les anciennes hégémonies et la « prétention de certains de devenir les gendarmes et les juges de tous les peuples du monde ».

Pour M. UKHNAA KHURELSUKH, Président de la Mongolie, le fait que la Mongolie et beaucoup d’autres pays asiatiques aient traversé la pandémie sans conflits importants en matière de droits de l’homme montre « l’avantage de la culture communautaire des Asiatiques sur la culture individualiste ».  La pandémie a exercé une pression énorme sur la santé mondiale, en particulier sur les ressources humaines, les infrastructures et la chaîne d’approvisionnement, et révélé au grand jour la réalité de l’injustice sociale, a noté le Président.  Elle a montré que le secteur de la santé était d’une importance « égale à celle du secteur de la défense », selon lui.

À ce jour, le Mécanisme COVAX a permis de livrer 190 millions de doses de vaccins à 138 pays, représentant un soutien inestimable pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, a poursuivi M. Khurelsukh.  Il a précisé qu’en Mongolie, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID grâce au soutien d’autres pays et à l’action du Gouvernement mongol.  

Rappelant que cette année marque le soixantième anniversaire de l’adhésion du pays à l’ONU, il a fait remarquer que cela avait constitué une garantie supplémentaire de son indépendance et de sa souveraineté.  « C’est un événement important de l’histoire nationale, et célébré comme tel. » 

Revenant encore dans le passé, le Président Khurelsukh a tenu à balayer le cliché selon lequel son lointain ancêtre Gengis Khan était un conquérant cruel.  L’histoire montre qu’il était bien au contraire « un fin diplomate » et un « pacificateur ».  Son rêve s’est concrétisé par une paix solide qui a duré près de 200 ans sur le grand échiquier de l’Eurasie, a-t-il précisé.  Les spécialistes du monde entier appellent cette période « Pax Mongolica » ; elle a apporté une contribution remarquable au développement de l’humanité.  Aujourd’hui, a fait remarquer le Président, la Mongolie est reconnue internationalement comme une nation démocratique et pacifique.  L’adhésion de la Mongolie à plus de 290 traités internationaux est une preuve de son rôle et de ses responsabilités croissantes sur la scène internationale, via notamment la présentation de plus de 90 résolutions de l’Assemblée générale, sa participation aux opérations de maintien de la paix et la création, à Oulan-Bator, du tout premier organe intergouvernemental pour les pays en développement sans littoral.  Avec près de 20 000 Casques bleus déployés depuis 2002, la Mongolie se classe parmi les premières nations mondiales en termes de déploiement de Casques bleus par habitant, s’est-il félicité.

Sur le plan économique, M. Khurelsukh a rappelé que les investissements directs étrangers continueraient à jouer un rôle clef dans les pays en développement après la pandémie.  Dans cette optique, la création d’un environnement commercial favorable ainsi que la promotion des investissements directs étrangers demeurent un objectif fondamental de l’économie mongole.  Le Président s’est réjoui de travailler plus activement que jamais avec les investisseurs étrangers sur une base « mutuellement bénéfique ».

Le savoir-faire ancestral consistant à laisser les pâturages en jachère est une sagesse des bergers mongols, a encore rappelé M. Khurelsukh.  Dans la lutte contre les changements climatiques, le Président a invité à s’inspirer de la civilisation nomade traditionnelle mongole en combinant respect de la nature et apports de la technologie moderne.  Il a aussi fait observer que la désertification menace les moyens de subsistance de plus de deux milliards de personnes dans le monde et en Mongolie, les tempêtes de sable et de poussière devenant un problème majeur.  Une grande partie du territoire est affectée par la dégradation des sols à un certain degré.  Pour l’enrayer, la Mongolie a lancé une campagne visant à planter « des milliards d’arbres d’ici à 2030 », a informé le Président.

M. UHURU KENYATTA, Président de la République du Kenya, a souhaité, dans son message vidéo préenregistré, que le monde prenne au sérieux l’avertissement du Secrétaire général sur le risque d’effondrement de l’humanité.  De ce fait, il a demandé instamment des actions multilatérales immédiates, en commençant par placer un accès mondial équitable aux vaccins au cœur de la reconstruction post-COVID-19.  Ensuite, il a demandé de fournir un soutien financier tangible pour le climat aux pays en développement et veiller à ce qu’une part importante des « usines vertes » soit située dans les pays en développement.  De même, a-t-il poursuivi, nous devons aligner nos outils de règlement des conflits aux changements stratégiques des menaces à la paix et à la sécurité régionales et internationales.  Il a également plaidé pour le renforcement de la compétence des États à gérer la diversité et la confiance entre les citoyens et les institutions, comme celle entre les citoyens et leurs dirigeants.

Le Président kenyan a indiqué que son pays avait réagi rapidement et avec audace pour contenir la pandémie, même si les conséquences économiques ont été importantes.  Pour reconstruire avec succès, il a prôné une réponse mondiale qui permette à la production et à la consommation de rebondir aux niveaux d’avant la pandémie.  Le moyen le plus sûr d’y parvenir serait de rendre le vaccin disponible dans le monde entier, de manière équitable et accessible, a-t-il recommandé, en se désolant que ce ne soit malheureusement pas encore le cas.  Pour M. Kenyatta, l’effort mondial pour « reconstruire en mieux » doit être accompagné de changements structurels concertés pour permettre une augmentation des investissements et des transferts de technologie, pas sous la forme d’actes de charité, mais plutôt avec la motivation de l’intérêt et de la solidarité.  Une Afrique en plein développement offrira au monde entier le bénéfice de ses dividendes démographiques, a-t-il avancé avant de dire que l’Afrique peut devenir un moteur de croissance mondiale durable et un exportateur de paix, de stabilité et de prospérité transformatrice.

M. Kenyatta a en outre appelé à une reconstruction qui soit couplée à l’action climatique.  À l’approche de la COP26, il a appelé à clarifier les engagements qui contribuent aux investissements des pays en développement dans les infrastructures dont ils ont besoin.  Il a ainsi appelé à une reconstruction qui crée des emplois et une prospérité partagée, tout en facilitant l’action climatique.  M. Kenyatta a déclaré que le Kenya est prêt à devenir un pays leader de l’industrie verte.  Le Kenya a d’ailleurs une « stratégie d’économie verte et un plan de mise en œuvre (2016-2030) », ce qui devrait lui permettre d’atteindre une croissance économique plus élevée et de soutenir une trajectoire de développement sobre en carbone.  Le Kenya a également identifié une série de priorités d’adaptation basées sur l’océan et est impatient de coorganiser la deuxième édition de la Conférence des Nations Unies sur les océans avec le Portugal, fin juin 2022, a-t-il dit.

Le Président a aussi mis en avant la mise en place de programmes au Kenya qui permettent de soutenir les plus vulnérables.  « D’ici l’année prochaine, nous aurons atteint une réduction de 27% de la malnutrition des enfants de moins de 5 ans, créé 1 000 PME agroalimentaires et 600 000 nouveaux emplois. »  En octobre 2021, le Kenya assumera la présidence du Conseil de sécurité, a rappelé le Chef de l’État qui entend présider des séances spéciales: une sur la diversité et la construction de l’État et la recherche de la paix; une sur l’impact du commerce illicite des armes légères et de petit calibre sur les missions de la paix; et une sur la promotion de la participation des femmes dans le maintien et la consolidation de la paix.

Depuis son élection en 2014, M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a dit avoir débattu devant l’Assemblée générale de l’impact des changements climatiques; du faible prix du café; de l’instabilité monétaire, et des inégalités d’accès aux vaccins.  Sur ce point, M. Hernández Alvarado a proposé à l’Assemblée « une transformation du système international de santé » et la création d’un fonds d’urgence, financé à la fois par les bailleurs de fonds et les pays en développement pour obtenir des garanties et préparer l’avenir.  2020, a-t-il dit, a été une année « catastrophique » pour le Honduras.  En plus de la COVID, deux ouragans ont ravagé les moyens de production et tué des milliers de personnes.  Les pertes s’élèvent à présent à 4 milliards de dollars, soit 30% du budget annuel.  Les dérèglements climatiques touchent le Honduras alors que 55% de son territoire est couvert de forêts et qu’il contribue très faiblement aux émissions de gaz à effet de serre.  Critiquant un Fonds pour le climat inégalement réparti, le Chef d’État a demandé aux pays industrialisés de financer massivement et sans tarder la transition climatique.

En 2014, a-t-il poursuivi, le Honduras était « le pays le plus violent sur terre », avec une économie en lambeaux.  Aujourd’hui, quelques mois avant la fin de son second mandat, M. Hernández Alvarado a affirmé que son pays est désormais méconnaissable, avec d’excellentes statistiques macroéconomiques et des industries manufacturière et touristique florissantes et créatrices d’emplois.  Il s’est enorgueilli de sa politique de transparence, de son plan de lutte contre la corruption, l’impunité et la criminalité, mené de concert avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONDC).  Les données de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a-t-il signalé, montrent que les programmes gouvernementaux en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) ont jugulé les effets délétères de la pandémie.  Quelque 46 000 logements ont été construits, les infrastructures se sont améliorées et la production agricole a augmenté, s’est réjoui le dirigeant. 

M. Hernández Alvarado a consacré la seconde et plus large partie de son discours à la lutte contre le trafic de stupéfiants dans le pays de transit vers les États-Unis qu’est le Honduras.  En 2010, a-t-il rappelé, l’insécurité était rampante et le pays détenait le triste record des homicides.  Depuis lors, des lois sécuritaires « redoutées par les trafiquants de drogue », ont été adoptées et depuis sa prise de fonction, le Président a dit avoir réduit le transit des drogues de 95%.  « C’est historique et sans pareil », s’est-il réjoui, brandissant un graphique.  Quarante-quatre des plus gros trafiquants de drogue honduriens ont été arrêtés et sont aujourd’hui emprisonnés aux États-Unis.  La police hondurienne, « hier infiltrée par les criminels », a été « refondée » et le taux d’homicides a diminué de 60%.

M. Hernández Alvarado a brandi un autre document contenant la retranscription d’enregistrements secrets de narcotrafiquants honduriens, mis sur écoute par la « Drug Enforcement Agency (DEA) » en 2013.  Les producteurs de la série Narcos, diffusée sur la plateforme Netflix, étudient d’ailleurs ces enregistrements, a-t-il noté.  Aujourd’hui, a-t-il affirmé, les trafiquants se plaignent de ne pas pouvoir négocier avec moi.  Ils disent que je les tiens en échec et évidemment dans des mots plus vulgaires.  « Ils ont raison! », a confirmé le Président, en expliquant qu’en 2014, le FBI et l’Ambassadeur des États-Unis l’ont informé d’une tentative d’assassinat fomentée par des mercenaires mexicains.  Le Chef de l’État a longuement accusé les narcotrafiquants honduriens d’avoir fait de faux témoignages pour lui nuire et obtenir des réductions de peines, dans leurs procès aux États-Unis.  Mais si, s’est emporté le Président, des assassins coopèrent avec la DEA, en faisant de faux témoignages récompensés par les États-Unis, que devons-nous penser des alliances entre pays dans la lutte contre la drogue.   L’honneur des institutions, qui ont cru à cette alliance internationale, est en jeu, a-t-il prévenu, tout de même confiant que les États-Unis renonceront à récompenser ces faux témoignages, y compris l’idée que les militaires honduriens transportent de la drogue. 

Dans son message vidéo préenregistré, M. JOKO WIDODO, Président de la République d’Indonésie, a souligné qu’il était nécessaire d’apporter l’espoir que la lutte contre la pandémie de COVID-19 puisse être « rapide, équitable et égale ».  Car la capacité et la cadence des pays à combattre la COVID-19, notamment pour la vaccination, diffèrent largement entre les pays, a rappelé le Chef de l’État, soulignant que la politisation et la discrimination à l’égard du vaccin se poursuivent.  M. Widodo a donc appelé à réorganiser le système de sécurité sanitaire mondiale en créant notamment de nouveaux mécanismes afin de mobiliser les ressources en santé mondiale plus rapidement et plus équitablement.  Il a aussi invité à définir un protocole sanitaire standardisé concernant les critères de vaccination et les résultats de tests dans le contexte d’activités transfrontalières.

« La reprise économique mondiale ne peut être atteinte que si les pays s’aident les uns les autres », a poursuivi le Président en assurant que « l’Indonésie est ouverte aux investissements de qualité ».  L’engagement du pays en faveur de la résilience aux changements climatiques, des faibles émissions de carbone et de la technologie verte, est ferme et clair, a-t-il dit.  Le Président indonésien a tenu à préciser que le processus de transformation énergétique et technologique « doit faciliter la participation des pays en développement ».  La pandémie de COVID-19, a-t-il relevé, rappelle l’importance de la diversification des centres de production à travers le monde.

Il faut être sévère dans notre combat contre l’intolérance, les conflits, le terrorisme et la guerre, a ensuite déclaré le dirigeant, affirmant notamment que la protection des droits des femmes et des minorités doit être respectée.  Les inquiétudes sur la marginalisation des femmes et la violence en Afghanistan, la question de l’indépendance incertaine de la Palestine ainsi que la crise politique au Myanmar doivent figurer à l’agenda commun, a considéré le Président.  Sur cette dernière question, M. Widodo a rappelé la rencontre des dirigeants de l’ASEAN à Djakarta et l’accord sur un consensus en cinq points, dont la mise en place dépend cependant du plein engagement de l’armée du Myanmar.

En 2022, l’Indonésie assumera la présidence du G20 sur le thème de « Recover Together…Recover Stronger », dont la priorité sera l’inclusion de tous (pays développés et en développement, pays du Nord et du Sud, pays archipels et États insulaires, ainsi que les groupes vulnérables).  L’économie verte et durable sera une autre priorité, a également annoncé le Président indonésien, conscient de la place stratégique de l’Indonésie sur la question des changements climatiques.  Le pays a d’ailleurs réduit ses feux de forêt de 82% entre 2019 et 2020 et la déforestation est à son plus bas niveau depuis 20 ans, s’est félicité son Président.

Face à ces défis internationaux, l’Indonésie réaffirme son soutien au multilatéralisme: « il est impératif pour nous de protéger un multilatéralisme efficace, qui s’accompagne de travaux concrets et de résultats », a conclu M. Widodo.

« Il est l’heure de se réveiller », a lancé M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, à l’entame de son intervention.  Avouant que, depuis qu’il préside son pays, chaque nuit avant une Assemblée générale de l’ONU a été une « nuit blanche » et a assuré que l’Ukraine « s’est réveillée il y a bien longtemps ».  En fait, l’Ukraine ne dort plus depuis la grande famine d’Holodomor et l’horreur de l’Holocauste, a-t-il souligné, avant d’affirmer qu’en 1945, son pays été un des fondateurs de l’ONU.  Aujourd’hui, alors que se pose encore la question du droit de la personne, les fondateurs doivent se demander ce que nous avons fait de ces 76 dernières années, a observé le Président.  Selon lui, la pandémie de COVID-19 nous apporte la réponse: « nous sommes égaux, certes, mais l’accès aux vaccins revient aux passagers de première classe ».  Pour sa part, a-t-il fait valoir, l’Ukraine n’a pas attendu l’aide des autres et a même prêté assistance à des pays, comme l’Italie.  

Dans ce contexte, a poursuivi M. Zelenskyy, « l’Ukraine n’a pas honte de vouloir revitaliser l’ONU ».  Invitant la communauté internationale à « repenser la Charte » de l’Organisation, il a constaté que le monde a « raté le test de l’unité ».  « Qui aurait pu imaginer qu’un jour les médicaments deviendraient des instruments de discrimination », a-t-il relevé.  Alors que la COVID-19 est encore loin d’être éliminée, malgré les campagnes de vaccination, nous n’avons aucune garantie qu’un autre virus ne menacera pas à nouveau le monde. 

« L’Ukraine n’a jamais dormi », a enchaîné le Président, évoquant le fracas des explosions et des armes dans le Donbass.  Il a rappelé qu’en 2019, il avait parlé des dizaines de milliers de vies fauchées par ce conflit et des centaines de milliers d’Ukrainiens contraints de fuir.  « Chaque année, nous répétons ces mêmes chiffres », s’est-il désolé, voyant pourtant dans ces sinistres bilans « le prix de la liberté et de l’indépendance ».  C’est pourquoi, selon lui, l’ONU devrait « se faire plus souple et plus agile », notamment en se rendant là où des problèmes se posent.  « Nous avons besoin de vérité », a insisté M. Zelenskyy, avant d’exhorter tous ceux qui ont de l’influence à soutenir les efforts de maintien de la paix dans le monde.  À cet égard, il a estimé que la participation de 46 pays à la Plateforme contre l’occupation de la Crimée représente l’attachement de ces derniers à la Charte de l’ONU.  « Dans notre appel à revitaliser l’ONU, nous rappelons qu’il n’y pas d’intouchables », a-t-il ajouté, demandant à l’ensemble des nations, y compris la Fédération de Russie, de soutenir la Plateforme et d’exprimer leur opposition à la modification des frontières par la force. 

Exprimant sa crainte que « l’égoïsme remplace la coopération » et qu’il ne subsiste que « la loi du plus fort », M. Zelenskyy a dit savoir « ce que pense Moscou ».  Début septembre, a-t-il rappelé, le Premier Vice-Président du Mejlis des Tatars de Crimée a été emprisonné de manière illicite au motif qu’il aurait tenté de faire exploser une conduite de gaz.  « C’est là le prix de la protection des droits de l’homme », a déploré le Président, appelant à la libération de tous les Ukrainiens détenus illégalement dans les « territoires temporairement occupés », a-t-il dit, non sans remercier toutes les délégations qui ont mentionné l’Ukraine dans leurs interventions, « en parlant d’occupation et d’agression sans craindre que quelqu’un ne quitte la salle ». 

Après avoir rappelé qu’en 1945, la Conférence de Yalta a conduit à la création de l’ONU, M. Zelenskyy s’est demandé comment revitaliser l’Organisation « si son berceau même demeure occupé par un membre permanent du Conseil de sécurité ».  Au moment où le monde débat de la protection de l’environnement, la Crimée mériterait davantage d’attention, a-t-il renchéri, alertant sur la dévastation de l’écosystème de la péninsule.  Regrettant que le monde « ne s’attaque pas à ces problèmes », le Président a également déploré que les dirigeants agissent « comme des politiciens qui ne font que protéger leurs intérêts ».  

Pour M. Zelenskyy, l’Assemblée générale devrait être l’occasion d’un débat général « dynamique », où chacun aurait la possibilité de poser des questions.  Par exemple, a-t-il dit, on pourrait s’interroger sur les 100 000 Ukrainiens qui ont dû prendre un passeport russe, au mépris du droit international.  On pourrait également évoquer les Ukrainiens que l’on force à participer aux élections russes, a-t-il ajouté, considérant qu’il n’est « pas trop tard pour revitaliser l’ONU » et bâtir un « monde meilleur ».  En créant cette Organisation, les États Membres ne pouvaient prévoir que le droit de veto serait transformé par une nation en un « instrument de chantage ».  Aujourd’hui, a-t-il plaidé, « nous devons retrouver foi en nous-même » et nous souvenir que, malgré les critiques dont elle fait l’objet, l’ONU a permis d’apporter l’eau potable, de vaincre l’apartheid, de déployer des Casques bleus, de sauvegarder des sites comme l’Acropole ou Versailles et de protéger les enfants dans plus de 190 pays.  « Montrons notre engagement à renforcer la coopération et agissons en tant qu’humains, nations et nations unies », a-t-il conclu.  

Dans une déclaration préenregistrée, M. LAZARUS McCARTHY CHAKWERA, Président et Ministre de la défense du Malawi, a pronostiqué qu’au moment où il finira de parler, près de cinq mille nouveaux nés seront entrés dans notre monde troublé.  Il a aussi noté que pendant les sept jours de ce débat général, 3 millions d’enfants vont naître et des milliards d’autres au cours des 80 prochaines années dont la vie dépendra des décisions prises par les dirigeants du monde au sein de l’Assemblée générale.  Nous devons choisir pour nos enfants un avenir avec zéro émission de dioxyde de carbone ou catastrophes climatiques quotidiennes, a-t-il déclaré.  Il a présenté deux options: un avenir de solidarité, d’hospitalité et de générosité transcendant les frontières et les identités nationales en temps de crise mondiale ou alors un avenir de cupidité accumulant les technologies, les médicaments et les vaccins dans un hémisphère tandis que l’autre est dépouillé de ses matières premières et laissé pour mort. 

Selon le Président, le choix doit se faire ici et maintenant.  Il a donc invité la communauté internationale à avancer avec vitesse et synergie pour sauver la civilisation d’une épave qui coule.  Ici et maintenant, nous devons répondre aux quatre crises: la crise climatique, la crise de la COVID-19, la crise du développement durable et la crise de la gouvernance de l’ONU.  Pour la crise climatique, M. Chakwera a demandé à la communauté internationale d’honorer ses engagements.  Cela fait plus de 10 ans, a-t-il rappelé, que les pays développés, plus grands pollueurs de notre planète, ont promis de mobiliser la somme de 100 milliards de dollars pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  Ces pays nous qualifient pourtant de corrompus et pas dignes de confiance quand ils nous accusent de dire une chose et en faire une autre.  Ces pays nous disent qu’ils sont les leaders du village global et bien, s’est impatienté le Président, il est temps qu’ils nous montrent leur leadership, a dit le Chef d’État qui a ajouté qu’« honorer un engagement, ce n’est pas un don ».  Ce sont « des frais de nettoyage, car si vous polluez la planète, notre maison, il est juste que vous payiez pour la nettoyer », a-t-il expliqué. 

Notant que 500 millions de doses de vaccins conservés dans les pays développés expireront dans trois mois, il leur a demandé de « libérer les doses de vaccin et les brevets pour sauver des vies humaines ».  Il a rappelé que dans les 46 pays les moins avancés (PMA), les taux de vaccination sont inférieurs à 2%, et il serait même de 0% sans le Mécanisme COVAX.  Pour se relever de la pandémie, il a réclamé l’annulation de la dette, afin d’aider les pays en développement comme le Malawi à reconstruire en mieux sans faire de laissés pour compte.  Quant à la crise du développement durable, le point de départ du progrès est de travailler ensemble pour réaliser le Programme 2030.  Enfin, le Président a appelé à la réforme de l’ONU et a rappelé le Consensus d’Ezulwini qui consacre l’idée de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité, avec droit de veto, et cinq sièges non permanents.  Il est temps que l’ONU mette en pratique les valeurs de la démocratie qu’elle prêche, a-t-il lancé. 

M. JORGE CARLOS DE ALMEIDA FONSECA, Président de Cabo Verde, a dépeint son « petit pays insulaire », dispersé à travers la ceinture sahélienne atlantique.  C’est aussi une grande nation, a-t-il dit, avec une vaste diaspora répartie aux quatre coins du monde.  Mais l’émergence de la pandémie de COVID-19, de manière brutale, a déconstruit l’économie qui avait connu une croissance d’environ 6%, attaquant les secteurs de base tels que le tourisme, et les transports et la demande intérieure, et entraînant un manque de protection sociale, le chômage et l’aggravation de la pauvreté.  Avec l’inflation, le déficit budgétaire, la dette, et une croissance économique « en chute libre », la pandémie a généré une récession sans précédent, s’est plaint le Président. 

Mon pays n’a pas réagi avec résignation, mais avec détermination, a toutefois témoigné M. Fonseca.  Le Cabo Verde a défini une vision commune pour 2030, intitulée « Cabo Verde Ambition 2030 », afin de relancer le processus de développement durable et de mieux reconstruire à partir des leçons apprises et des opportunités qui ont émergé de la crise.  S’il s’agit notamment d’attirer les investissements directs étrangers à court et moyen terme, la priorité actuelle reste de lutter contre la COVID-19.  Des succès importants et constants ont été enregistrés, tant dans la réduction des taux de transmission que dans le taux de vaccination de la population éligible dont 74% ont déjà reçu au moins une dose, l’objectif étant d’atteindre 85% d’ici à la fin du mois d’octobre.  La reconnaissance réciproque des certificats de vaccination et la révision des avertissements aux voyageurs sont des mesures sur lesquelles le Cabo Verde a travaillé pour booster le secteur du tourisme, a indiqué le Président.

Il a ensuite rappelé que le Cabo Verde est membre de l’Association des petits États insulaires (AOSIS) qui milite en faveur de mesures de soutien international globales et différenciées.  Dans ce contexte, a-t-il plaidé, l’adoption par consensus de l’Indice de vulnérabilité multidimensionnelle (MVI) applicable aux petits États insulaires en développement (PEID), en ce qui concerne les trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale-, devraient pouvoir faciliter à la fois la classification du niveau de développement de ces pays et leur éligibilité à des mesures de soutien, permettant ainsi la mise en œuvre effective des engagements établis dans les Orientations de Samoa.  Enfin, a conclu M. Fonseca, les PEID, leurs problèmes, défis et solutions, devraient être présents au Sommet du futur recommandé par le Secrétaire général.  

M. NGUYEN XUAN PHUC, Président de la République socialiste du Viet Nam, a noté que la pandémie a révélé les lacunes du système international de gouvernance et mis en évidence l’inégalité croissante entre les nations.  De plus, la hausse des tensions entre les grandes puissances a conduit à la division et à un système international instable, a-t-il ajouté.  Le Président a regretté que la montée des politiques de puissance, le mépris des relations internationales ainsi que les actes unilatéraux de coercition et d’entrave contre les pays aient toujours lieu dans de nombreuses régions.  Il a prévenu que notre tâche urgente est maintenant de contenir rapidement la COVID-19 à l’échelle mondiale.  « Le monde ne sera pas sûr tant qu’une seule personne ou un seul pays souffrira de cette pandémie. » 

Dans ce contexte, le Président a appelé à la solidarité et à l’intensification de la coopération.  Selon lui, les pays en développement devraient être autorisés à s’engager dans la production de vaccins et dans les chaînes d’approvisionnement.  De même, la solution clef pour contenir la pandémie et favoriser le relèvement économique réside dans les efforts de renforcement de la résilience de chaque pays.  Et la résilience ne peut être durable que si elle est basée sur la coopération et la connectivité entre les nations, particulièrement à un moment où les défis sécuritaires non traditionnels sont devenus des problèmes de tous les pays du monde, a observé M. Phuc.

En outre, le Président vietnamien a invité à transformer les défis au développement en opportunités.  Il a par exemple relevé que la pandémie peut être l’occasion de nous tourner vers la numérisation, et que c’est aussi une chance de poursuivre la transformation verte et durable des économies.  « Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 nous offre une excellente feuille de route pour saisir de telles opportunités. » 

Le Président a aussi fait valoir que la coopération pour atténuer et prévenir les effets désastreux des changements climatiques est plus cruciale que jamais.  Les pays développés devraient prendre les devants en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tandis que les pays en développement devraient bénéficier de l’assistance en matière de financement, de technologies et de renforcement des capacités, afin de réduire et améliorer la prévention et l’atténuation des catastrophes et se tourner vers une économie verte et circulaire, a-t-il recommandé. 

Pour le Chef d’État, la clef pour favoriser la reprise et la croissance dans la période postpandémique est de maintenir la paix, la sécurité et la stabilité dans chaque pays, chaque région, et dans le monde en général.  Le Viet Nam a donc appelé tous les pays à s’efforcer de parvenir à un cessez-le-feu mondial.

Pour sa part, le Viet Nam poursuit une approche centrée sur l’être humain et s’efforce de réaliser le progrès social et l’égalité, de préserver les valeurs culturelles et de protéger l’environnement, tout en favorisant un développement durable et inclusif, a-t-il expliqué.  Assurant que le Viet Nam a toujours soutenu le multilatéralisme, avec l’ONU au centre et le droit international comme fondement, le Président a insisté sur l’importance de la paix, de la stabilité, de la sécurité, de la liberté de navigation et de survol en mer de Chine méridionale.  Il a appelé les parties à résoudre les différends par des moyens pacifiques qui soient conformes à la Charte des Nations Unies et au droit international, y compris la Convention sur le droit de la mer.  Avec sa volonté d’aller plus loin dans sa contribution aux travaux de l’ONU, le Viet Nam brigue un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025, a-t-il indiqué.

M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président de la République du Togo, a jugé urgent de se pencher sur la question de la dette des pays en développement pour leur permettre de se relever des chocs de la pandémie de COVID-19.  Tout en saluant la décision du G20 d’approuver l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI), le Président togolais a réitéré l’appel lancé par l’Union africaine ainsi que les institutions onusiennes en faveur de l’annulation ou de l’allègement du poids de la dette des pays en développement.  Il a jugé important que la communauté internationale s’efforce de répondre aux conclusions du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines pour permettre à ces pays une reprise économique durable post-COVID-19. 

Par ailleurs, M. Gnassingbé a salué le dispositif accélérateur « ACT », codirigé par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), le Gavi, l’Alliance du vaccin, et l’OMS, en partenariat avec l’UNICEF et la Banque mondiale.  Il a jugé inadmissible que seulement 1% de la population africaine ait pu être vaccinée alors que des millions de doses stockées ailleurs arrivent à péremption.  Le Président du Togo s’est inquiété des risques d’une reprise mondiale fractionnée avec d’un côté les économies avancées qui ont accès aux vaccins et qui peuvent espérer une normalisation rapide des activités et, de l’autre, les pays qui y ont peu eu accès et qui resteront confrontés à une résurgence des infections et à l’augmentation du nombre de décès.  Face à ce « tableau d’un monde bipolarisé face à une adversité commune », M. Gnassingbé a appelé à une reprise mondiale qui bénéficie à tous, grâce à un multilatéralisme s’appuyant sur la coopération, l’état de droit, l’action collective et les principes d’une coprospérité planétaire.

Parce que l’urgence du moment est aussi environnementale, M. Gnassingbé a considéré que les changements climatiques représentent le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée.  Il a précisé que les efforts collectifs actuels devront donc être multipliés par cinq pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de 1,5 °C préconisé par le rapport spécial du GIEC.  C’est pourquoi le Président du Togo a encouragé tous les gouvernements, les entreprises, les villes et les institutions financières à adhérer à la coalition mondiale pour la neutralité carbone.  Il s’est réjoui que, dans la perspective de la COP26 prévue à Glasgow, les pays représentant plus de 65% des émissions mondiales de carbone aient pris des engagements ambitieux en la matière.

M. Gnassingbé a souligné l’impact délétère de la pandémie de COVID-19 sur les investissements publics et la capacité du Togo de promouvoir le développement humain en lien avec les objectifs de développement durable (ODD), la sécurité humaine et le bien-être des populations.  Face à ces défis, il a vanté les mérites de son Plan national de développement qui s’articule autour de trois axes stratégiques, dont la feuille de route pour la période 2020-2025 qui vise à faire du Togo une nation moderne avec une croissance économique inclusive et durable.  Il a également cité le programme national d’accompagnement médical et financier de la femme enceinte et du nouveau-né, dénommé « Wezou », lancé le 26 août 2021, et le projet de loi en cours instituant l’assurance maladie universelle.

Dans le domaine de l’éducation, le Président du Togo a cité la mise en place de cantines dans les écoles primaires publiques et l’exemption des frais de scolarité en faveur des élèves des collèges et lycées publics.  Pour ce qui est de la représentation des femmes dans les instances décisionnelles, il s’est félicité qu’elle soit passée de 23% en 2019 à 35% en 2021.  Il a indiqué que le Togo a adhéré au mouvement de solidarité mondiale pour plus d’égalité et d’équité genre dénommé « HeForShe », lancé par ONU-femmes et dont la campagne nationale a été officiellement lancée à Lomé le 23 juillet 2021. 

Après avoir salué les progrès économiques de son pays, le Président du Togo s’est inquiété de la propagation spectaculaire de Daech sur le continent africain au cours des six derniers mois, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger, avec des incursions répétées au Nigéria, au Cameroun, au Tchad, au Mozambique et en République-unie de Tanzanie.  Face à ce danger, il a appelé à une réponse mondiale urgente pour soutenir les efforts des pays africains et des organisations régionales.  « Pour ce faire, les difficultés de financement du G5 Sahel et même de la MINUSMA doivent être surmontées diligemment » a-t-il insisté, jugeant « incompréhensible » qu’à ce jour, près de 50% des contributions annoncées n’aient pas été décaissées et que la MINUSMA soit, elle aussi, confrontée à des contraintes budgétaires pour assurer son soutien logistique au G5 Sahel.

Pour faire face à la pandémie de COVID-19, a expliqué M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine, mon gouvernement a promu un programme de vaccination gratuite très réussi: 57% de la population éligible est complètement vaccinée, environ 70% a reçu au moins une dose et plus de 10% une troisième dose, avec un taux de létalité de 1,14%, soit l’un des plus bas au monde.  De plus, s’est félicité le Président, la République dominicaine a fait don de quelque 820 000 doses à des pays de sa région.  Cependant, bien que nous ayons commencé à surmonter la pandémie, cela ne suffira pas à surmonter la crise économique et financière, a-t-il averti.  Pour M. Abinader Corona, il va falloir, dans l’intérêt du maintien de la paix sociale, résoudre l’énorme endettement auquel les pays à revenu intermédiaire ont été contraints pour faire face aux ravages économiques et sociaux générés par la pandémie.  Or, il n’existe actuellement aucun mécanisme d’accès aux financements concessionnels permettant à ces pays de résoudre cette crise de liquidités.  « Pour surmonter ce défi, nous sommes obligés de rechercher des solutions nouvelles et urgentes. »

Le Président a indiqué avoir réuni « tous les secteurs de la vie nationale » pour engager un dialogue ouvert et pluriel afin de réaliser des réformes qui contribuent au renforcement de l’état de droit social et démocratique en République dominicaine.  Ceci implique « une gestion absolument transparente », a-t-il ajouté.  Dans les circonstances actuelles, l’opinion publique continue d’exiger que nous agissions avec courage contre la corruption.  Sur le plan économique, M. Abinader Corona s’est voulu optimiste, prévoyant de terminer 2021 avec une croissance de 10% et de maintenir un taux de croissance de 5% pour les années suivantes. 

La République dominicaine, en tant que petit État insulaire en développement, est l’un des pays qui émet le moins de gaz à effet de serre mais qui est le plus touché par les changements climatiques, a déploré le dirigeant.  Il a jugé le moment venu de promouvoir une transformation globale de l’économie « en phase avec les niveaux de développement » afin que les normes requises n’imposent pas des charges excessives qui se traduisent par des surcoûts préjudiciables à la compétitivité et à la production de nos biens et services.  Selon lui, il est également juste et nécessaire que les pays qui ont généré le plus de CO2, soient ceux qui assurent les énormes investissements nécessaires à la restauration des ressources naturelles affectées par le réchauffement de la planète.

Enfin, le Président s’est inquiété de la situation en Haïti, qui risque de devenir un facteur d’insécurité dans la région.  Depuis des années, chaque jour, notre pays fait face, pratiquement seul, aux conséquences de la crise haïtienne, a-t-il regretté.  Aucune action unilatérale ne suffisant à surmonter cette situation dramatique, M. Abinader Corona a jugé impératif de déclarer de la manière la plus forte et la plus directe possible que la communauté internationale ne doit pas et ne peut pas abandonner le peuple haïtien « à un moment où les niveaux d’insécurité le poussent à l’autodestruction ».  La République dominicaine a montré et continuera de montrer sa solidarité et sa collaboration avec le peuple haïtien, mais « il n’y a pas, et il n’y aura jamais de solution dominicaine à la crise en Haïti », a-t-il conclu. 

M. ÙMARO SISSOCO EMBALÒ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que seul un espoir renouvelé permettra de renforcer la résilience pour faire face aux difficultés socioéconomiques et humanitaires causées par la crise sanitaire mondiale et répondre de manière adéquate et durable aux défis actuels.  Dans un monde de plus en plus globalisé, le Président a souligné la nécessité de mener les réformes nécessaires dans toutes les entités des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité, afin de redynamiser le système dans son ensemble.  Nous devons soutenir les plus vulnérables, promouvoir des systèmes de santé adéquats et veiller à ce que tous les pays, sans distinction, aient un accès rapide et égal aux vaccins.

Par ailleurs, le Président a expliqué que son pays, après avoir bénéficié durant de nombreuses années du soutien la communauté internationale, se concentre aujourd’hui sur la réalisation effective de ses objectifs nationaux, tels que la consolidation de la paix et la création de meilleures conditions de vie pour la population.  Alors que la Mission du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUGBIS) est arrivée aux termes de son mandat fin 2020, M. Embalò a remercié le Secrétaire général et tous les amis et partenaires de la Guinée-Bissau pour leur appui à la stabilité politique et au bon fonctionnement des institutions nationales.

S’inquiétant de l’impact des changements climatiques sur les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID), le Président a vanté les plans d’adaptation à moyen et long terme mis en place par son pays, avant de citer l’augmentation de la superficie des zones terrestres et marines protégées qui couvrent maintenant 26% du territoire national.  Il a réitéré l’engagement de son pays à travailler avec ses partenaires au développement et la communauté internationale en général pour trouver des solutions innovantes, inclusives et réalisables aux défis de la pandémie de COVID-19.  « Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous pouvons donner un espoir renouvelé à nos peuples et construire un monde plus solidaire et plus fraternel », a-t-il conclu.

M. ISMAIL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, qui s’exprimait par message vidéo préenregistré, a constaté que la pandémie de COVID-19 continue d’avoir un impact dévastateur sur les populations, au premier chef les pauvres et les personnes vulnérables.  D’où l’urgence d’un plan de vaccination mondial avant que les variants actuellement en circulation ne mutent et ne remettent ainsi en cause les gains obtenus jusque-là dans la lutte contre la COVID-19, a-t-il préconisé.  « À Djibouti, nous avons pris immédiatement la mesure du danger et mis en place, dès l’apparition des premiers cas, un dispositif de gestion et de riposte qui a permis de contenir la propagation du virus », a expliqué le Chef d’État, en précisant avoir adapté la stratégie avec l’apparition des variants.  Djibouti a également élaboré un plan de vaccination qui a permis l’installation de vaccinodromes dans la capitale ainsi que dans les régions de l’intérieur et favorisé l’approche communautaire de proximité par le biais du déploiement de vaccinobus, a-t-il encore fait valoir.

En raison des confinements imposés à la suite de la pandémie de COVID-19 dans le monde entier, les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, la forte contraction de l’économie, le creusement des déficits publics et les conséquences économiques dévastatrices, nous voilà confrontés à l’urgence de mobiliser des solutions visant à stimuler la reprise, a observé le Président.  « Dans cette quête, le soutien précieux des institutions financières internationales et l’appui des pays amis sera crucial. » 

Abordant un autre sujet, il a déploré que « les efforts que nous avions déployés en vue de la normalisation des relations avec l’Érythrée n’aient pu à ce jour donner les résultats escomptés ».  Comme le note le Secrétaire général dans sa lettre du 30 juillet 2021, adressée au Président du Conseil de sécurité, « nous déplorons l’absence de progrès notables sur les questions en suspens, à savoir le différend frontalier et le sort des 13 prisonniers de guerre djiboutiens.  Nous réitérons notre appel afin que l’Érythrée accepte de résoudre ces questions par le biais du dialogue bilatéral, la médiation ou un arbitrage international contraignant ».  Le Chef d’État a également exhorté ses voisins érythréens à procéder au démantèlement du camp d’Anda’ali comme mesure de confiance propice à instaurer un meilleur climat dans les relations entre les deux pays.

Il a en outre dit suivre avec attention l’évolution de la situation en Éthiopie.  « Djibouti partage avec ce pays des liens historiques et a développé des relations bilatérales riches et fructueuses dans les domaines politique, économique et culturel. »  Ces relations, a-t-il ajouté, sont destinées à croître et à prospérer.  Réitérant son soutien à un règlement pacifique du conflit, le Président a nourri l’espoir que, dans un proche avenir, émerge une Éthiopie pacifiée, réconciliée avec elle-même et qui renoue avec la croissance et le développement économique.  S’agissant de la Somalie, Djibouti se déclare encouragée par les progrès accomplis par le pays, a indiqué M. Guelleh.  Il a néanmoins partagé les préoccupations exprimées par les membres du Conseil de sécurité relatives aux désaccords politiques entre les membres du Gouvernement et sur leur possible impact négatif sur le respect du calendrier électoral somalien.  « La Somalie est à la croisée des chemins — tout doit être mis en œuvre afin que la trajectoire positive que la Somalie a connue ne soit mise en péril! », a ajouté en conclusion le Chef d’État.

Dans son message vidéo préenregistré, M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Kazakhstan, a considéré qu’il était urgent de ménager un accès universel et équitable aux vaccins, pour des raisons d’éthique et de solidarité internationales.  L’injuste « écart vaccinal » est un « multiplicateur de disparités » économiques, a-t-il résumé, avant de rappeler que son pays avait produit avec succès son propre vaccin, QazVac.  Mais le monde en développement, a relevé le Chef d’État, a également besoin d’une coopération plus ciblée entre les gouvernements et l’industrie pharmaceutique s’agissant des licences, des transferts de technologie et de l’assistance technique.  En attendant, la reprise économique est soumise à de nombreuses autres « inconnues connues », notamment les tensions technologiques.  Un scénario de « rideau de fer économique », dans lequel différentes technologies et règles diviseraient l’économie mondiale, devient de plus en plus probable, a mis en garde M. Tokayev.  Il limiterait alors gravement les États qui le souhaitent à pouvoir faire du commerce international, ne leur laissant pas d’autre choix que de former un « Mouvement de non-alignement technologique » pour atténuer les risques situés à l’intersection des technologies et de la géopolitique.

Face aux changements climatiques, le Kazakhstan a l’intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, a poursuivi le Président.  « Nous lançons le mois prochain une stratégie nationale de développement pour réduire l’intensité énergétique du PIB de 50% par rapport aux niveaux de 2008 », a déclaré le Chef d’État.  Étant donné que près de 70% de la production d’électricité du Kazakhstan dépend du charbon, notre transition énergétique présente des défis importants, a reconnu le Président.  Il a aussi relevé que l’accès au financement vert et aux technologies vertes sera essentiel à cette transition, son pays prévoyant de venir à la prochaine conférence COP26 à Glasgow avec un engagement clair sur ces questions.  « En l’absence de financement vert ambitieux, une action climatique ambitieuse est vide », a-t-il mis en garde. 

En ce qui concerne l’Afghanistan, M. Tokayev a soutenu l’appel du Conseil de sécurité à la mise en place, par le biais de négociations, d’un nouveau gouvernement inclusif et représentatif.  « Un système consensuel doit être mis en place dans le cadre duquel des groupes de valeurs ou d’origines ethniques, religieuses et de genres différents peuvent coexister au sein d’une seule et même nation indépendante et souveraine vivant en paix avec elle-même et ses voisins.  L’Afghanistan doit continuer à respecter ses obligations internationales et s’assurer que son territoire est exempt de terroristes, de drogue et de trafiquants d’êtres humains, a-t-il exigé.  « Quelles que soient nos affiliations politiques ou nos sentiments personnels, nous ne devons pas abandonner le peuple afghan maintenant », a déclaré le Président.

Après 30 ans d’indépendance, le Kazakhstan est déjà une nation « mature et accomplie », a-t-il poursuivi.  Au cours des dernières années, nous avons commencé à passer d’une construction nationale descendante –qui s’est avérée extrêmement efficace au début de l’État– à un développement démocratique plus ascendant, a indiqué son chef d’État.  Conformément au concept d’un État à l’écoute de ses citoyens, depuis 2019, son administration a lancé quatre blocs de réformes démocratiques essentielles pour renforcer les droits de l’homme, l’état de droit et la lutte contre la corruption.  « Par exemple, j’ai récemment proposé d’appliquer le récent quota de 30% de femmes et de jeunes sur les listes électorales des partis.  « Il n’y a pas de place pour la complaisance.  Notre objectif est d’améliorer encore l’efficacité de l’État, la transparence et la compétitivité du processus politique », a affirmé en conclusion M. Tokayev.

M. BORIS JOHNSON, Premier Ministre du Royaume-Uni, a livré un discours axé entièrement sur l’urgence climatique.  Si l’on inspecte la chronique des fossiles pendant les 178 millions dernières années, l’on s’aperçoit que les mammifères existaient pendant environ un million d’années avant de se transformer ou de disparaître, a expliqué M. Johnson.  L’humanité existe depuis 200 000 ans et nous faisons un calcul à partir de la durée de vie humaine, « nous fêtons nos 16 ans ».  Mais notre adolescence touche à sa fin.  Nous devons montrer, a dit le Premier Ministre, que nous sommes capables d’assumer enfin nos responsabilités pour la destruction de la planète et la nôtre.  Nous avons fait de cette magnifique planète, un endroit inhabitable et c’est la raison pour laquelle la COP26 à Glasgow est un tournant pour l’humanité.  

Le Premier Ministre a appelé à limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius, estimant qu’il est encore temps d’agir.  Malgré notre jeunesse insouciante, a-t-il rappelé, nous avons su tirer de l’énergie renouvelable du vent, des vagues et du soleil.  Nous avons libéré l’énergie de l’atome et de l’hydrogène et nous nous sommes dotés de tous les outils pour une révolution industrielle verte.  Mais le temps presse, a prévenu le Premier Ministre.  La communauté internationale, a-t-il souligné, est responsable des phénomènes météorologiques extrêmes aux Îles Marshall, aux Maldives ou encore au Bangladesh.

Si nous continuons sur cette voie, la température pointera vers les 2,7 degrés Celsius, voire plus, d’ici la fin du siècle, avec les risques de désertification, de sécheresse et de déplacements massifs que cela implique, et nos petits-enfants sauront que nous en sommes coupables.  Pour limiter l’augmentation de la température, le Premier Ministre a prôné la neutralité carbone d’ici à 2050.  Mais, a-t-il dit, il faut aller plus loin et plus vite, et « Je ne considère pas le mouvement écologique comme un prétexte pour une attaque en règle du capitalisme ».  

Le Premier Ministre a expliqué que, grâce aux nouvelles technologies vertes, le Royaume-Uni réduit ses émissions et entend mettre fin à la production de charbon d’ici à 2024.  À ce stade, s’est-il enorgueilli, « nous produisons tellement d’énergie offshore que je réfléchis à changer mon nom en Boreas Johnson, en honneur au vent du nord ».  C’est vrai, a-t-il reconnu.  Il est difficile de demander aux pays en développement de renoncer au charbon d’ici à 2040, et aux pays développés, d’ici à 2030.  Mais « l’expérience du Royaume-Uni montre que cela est possible ».  Le Premier Ministre a salué le Président chinois pour avoir interdit le financement des mines de charbon dans le monde.  Il l’a appelé à aller plus loin et à mettre fin au recours au charbon dans son propre pays.

M. Johnson a aussi évoqué l’expansion du marché des voitures électriques, le Royaume-Uni ayant interdit la vente des véhicules à combustion interne après 2030.  Tout le monde doit faire pareil d’ici à 2040, en arguant que son pays va même plus loin puisqu’il met en place une des plus grandes contributions déterminées au niveau national (CDN), en promettant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 68% d’ici à 2030 par rapport au taux de 1990.

Mettant en avant la nécessité de protéger les arbres et la biodiversité, le Premier Ministre a appelé à des efforts en prévision du Sommet « crucial » de Kunming en Chine.  Il a rappelé son engagement à verser la somme de 11,6 milliards de livres sterling pour aider le reste du monde à affronter le défi des changements climatiques.  Mais il a estimé qu’il faut faire en sorte que les institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, travaillent avec les gouvernements partout dans le monde pour produire un effet de levier dans le secteur privé.  Hier, s’est enorgueilli le Premier Ministre, la première obligation verte souveraine du Royaume-Uni a levé 10 milliards de livres sterling sur les marchés, avec à la clef plusieurs millions d’emplois.  

L’homme n’est pas simplement effrayant, il est aussi extraordinaire, a conclu le Premier Ministre, en citant Sophocle.  Nous sommes formidables dans notre capacité de changer les choses et de nous sauver nous-mêmes.  J’espère que la COP26 sera un seizième anniversaire après lequel nous ferons le choix de grandir, de reconnaître l’ampleur de notre tâche et de faire ce que la postérité nous réclame, a conclu le Premier Ministre. 

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement d’Espagne, a déclaré que son pays attendait avec beaucoup d’espoir une reprise économique après une campagne qui a permis de vacciner 75% de la population.  Il a expliqué avoir rendu visite le 21 août 2021, avec le président du Conseil européen, M. Charles Michel, et la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula Von der Leyen, aux premiers Afghans en provenance de Kaboul, qui sont arrivés à la base aérienne de Torrejón de Ardoz, à la périphérie de Madrid.  Marqué par cette expérience, le Président du Gouvernement a indiqué qu’il venait aujourd’hui à l’Assemblée générale lancer un triple appel: défendre l’existence d’états solides avec des ressources qui peuvent garantir le bien-être des citoyens dans la justice, le progrès et l’égalité; défendre la démocratie comme seule alternative à toute dérive totalitaire; et défendre la coopération internationale et le multilatéralisme comme seuls moyens d’offrir de vraies solutions aux défis contemporains.  « Tels sont, à mon sens, les trois principes qui doivent guider -de manière transversale- nos démarches dans la nouvelle séquence que nous entamons », a insisté le Président du Gouvernement, avant d’estimer que la nouvelle époque qui s’annonce s’articulera autour de trois objectifs complémentaires que sont la vaccination, la relance socioéconomique et la transition écologique.  

Mettant l’accent sur le relèvement par la vaccination, il a rappelé que personne ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous immunisés.  C’est pourquoi il a appelé à « agir maintenant, par éthique et par intelligence », annonçant que l’Espagne augmentera ses dons de vaccins à des pays tiers de 22,5 millions à 30 millions.  Face aux inégalités criantes en termes de besoins, M. Sánchez Pérez-Castejón a souligné la gravité de la situation en Amérique latine et dans les Caraïbes, région qui représente 9% de la population mondiale, mais concentre 30% des décès mondiaux provoqués par le coronavirus.  C’est pourquoi, comme annoncé lors du Sommet ibéro-américain 2021, l’Espagne après avoir déjà envoyé plus de 7,5 millions de doses à cette région, renverra 7,5 millions de doses supplémentaires.  « En outre, nous allons allouer 7,5 millions de doses à l’Afrique subsaharienne et aux pays voisins méridionaux de l’Union européenne », a-t-il ajouté.  

Soucieux de favoriser une reprise socioéconomique mondiale juste, M. Sánchez Pérez-Castejón a dit que seul le multilatéralisme permettra de ne laisser personne de côté.  C’est pourquoi, après avoir salué l’accord historique sur la fiscalité internationale conclu en juillet, il s’est tourné vers les institutions financières internationales en mesure de fournir le soutien financier dont de nombreuses économies en développement et émergentes ont actuellement besoin.  Il a également salué les réalisations importantes telles que l’Initiative de suspension du service de la dette et le Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, ou la nouvelle allocation des droits de tirages spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international.  Il a souhaité que le cadre commun du G20 profite également aux pays à revenu intermédiaire, avant d’appuyer la création d’un outil, dans le cadre du FMI, pour permettre le transfert de droits de tirage spéciaux des pays avancés vers les plus vulnérables, quels que soient leurs niveaux de revenu, afin qu’ils puissent financer les réformes nécessaires au redressement durable et lutter contre les changements climatiques, la pauvreté et les inégalités. 

Le Président du Gouvernement a ensuite dit que les changements climatiques étaient un problème commun, avec des causes communes auxquelles apporter des réponses partagées.  Rappelant que l’un des principaux enjeux de la COP26 est d’accroître l’ambition de financement climatique, en particulier dans le domaine de l’adaptation, il a appelé à respecter les engagements pris en vertu de l’Accord de Paris et à augmenter considérablement les engagements futurs.  Il a annoncé que l’Espagne contribuera à cet objectif en allouant 30 millions d’euros au Fonds d’adaptation en 2022 et œuvrera au succès de la COP26.  Il a aussi jugé qu’il était temps de se mettre d’accord sur un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité au-delà des objectifs fixés pour 2020.

Après avoir souligné les priorités de son pays face aux défis régionaux contemporains, le Président du Gouvernement a redit la nécessité de promouvoir la démocratie partout dans le monde.  À l’aune de la crise afghane, M. Sánchez Pérez-Castejón a affirmé que la démocratie est la seule forme de gouvernement qui garantit la protection des droits humains et des libertés individuelles et qu’elle continuera d’être la boussole et le fil conducteur de l’action de son pays.  « Nous continuerons à défendre notre conviction que chaque société humaine, dans tous les recoins de la planète, devrait être libre de vivre conformément aux principes fondamentaux de liberté, de dignité et de justice sociale, en respectant les lois établies et la volonté de la majorité, ainsi que les droits des minorités », a-t-il insisté en conclusion.   

Mme ERNA SOLBERG, Première Ministre de la Norvège, a déclaré, dans son message vidéo préenregistré, que la triple crise –sanitaire, économique et climatique– que le monde connaît exige une réponse internationale coordonnée.  « Nous ne devons pas oublier notre force collective », a-t-elle dit en indiquant que les crises peuvent renforcer l’unité et la détermination à agir.

Évoquant les changements climatiques, elle a plaidé pour une action collective afin de limiter à 1,5 degré Celsius l’augmentation des températures, conformément à l’Accord de Paris.  La Première Ministre a appelé à miser sur les énergies renouvelables et sur la tarification du carbone.  « Davantage de pays, en particulier les économies les plus importantes, doivent revoir à la hausse leurs ambitions en prévision de la COP26. »  Mme Solberg a précisé que son pays s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions d’environ 55% d’ici à 2030.  Elle a aussi souligné la nécessité de protéger les océans, puisque « sans océans en bonne santé, nous ne pouvons que faire face à un avenir d’incertitudes ».  Elle a exhorté tous les États côtiers à parvenir à une gestion durable de leurs mers d’ici à 2025.

Le Première Ministre a appelé de ses vœux un renforcement de l’architecture sanitaire mondiale afin de prévenir et répondre aux nouvelles menaces, plaidant notamment pour un rôle central de l’OMS, qui doit être dotée de ressources suffisantes.  Elle a pointé du doigt les différences dans le taux de vaccination –un Africain sur 20 est vacciné contre un Européen sur deux– qui aboutissent à un monde à deux vitesses.  « Cela est inacceptable et dangereux », a-t-elle dit, en rappelant que la pandémie n’est pas terminée.  Elle a souhaité une accélération de la campagne de vaccination dans le monde et des investissements accrus afin de se préparer aux pandémies futures.

Mme Solberg a ensuite affirmé que des systèmes fiscaux efficaces sont cruciaux pour réaliser les ODD et qualifié de « pas en avant important » le nouveau cadre pour une réforme fiscale mondiale agréé par l’OCDE.  Elle a plaidé pour une diminution des barrières entravant les échanges commerciaux, ajoutant que le libre-échange, à la différence du protectionnisme, aboutit à des « solutions gagnant-gagnant ».

Elle a appelé à défendre les valeurs fondamentales de la démocratie, en indiquant qu’elle s’exprime aujourd’hui en tant que Première Ministre qui vient d’être battue aux élections.  Après huit années au pouvoir, mon gouvernement va passer le flambeau à une nouvelle équipe, a-t-elle dit, en espérant que celle-ci réussisse à faire avancer la Norvège.  « Je dis cela parce que des transitions sans heurts ne peuvent être considérées comme acquises. »  Mme Solberg a dénoncé les graves violations des droits de l’homme dans le monde, notamment au Venezuela, dans le Tigré ou au Myanmar.  Elle s’est dite attristée par les récents développements en Afghanistan et a appelé à préserver les gains obtenus de haute lutte dans ce pays, en particulier en ce qui concerne les femmes et les minorités.  « Nous jugerons les Taliban à l’aune de leurs actes, pas de leurs discours. »

En conclusion, la Première Ministre a réitéré son appel à une action collective robuste.  « Nous connaissons la voie à suivre, le Programme 2030 est notre feuille de route.  Unissons nos forces et mettons-nous au travail. »

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