Soixante-quinzième session,
85e & 86e séances - matin & après-midi
AG/12341

L’Assemblée générale réitère à une majorité écrasante son opposition à l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba depuis près de 60 ans

L’Assemblée générale a une nouvelle fois rejeté, aujourd’hui, à une écrasante majorité, l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis depuis près de six décennies, soulignant la nécessité d’y mettre fin dans les plus brefs délais.  Adoptée par 184 voix pour, l’opposition des États-Unis et d’Israël, et les abstentions du Brésil, de la Colombie et de l’Ukraine, la résolution* s’ajoute aux 29 autres adoptées depuis 1992.

Par ce texte*, l’Assemblée générale exhorte tous les États à s’abstenir d’adopter ou d’appliquer des lois et mesures telles que la loi américaine « Helms-Burton », adoptée le 12 mars 1996, dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes relevant de leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation.  Elle demande instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou les annuler dès que possible.  

L’Assemblée générale se déclare également préoccupée par le fait que, depuis l’adoption de ses précédentes résolutions, le blocus imposé à Cuba est toujours en vigueur.  Une préoccupation évidemment partagée par Cuba, qui, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, a rappelé que le Gouvernement des États-Unis a délibérément intensifié son blocus, en allant jusqu’à utiliser la pandémie de COVID-19 comme un « allié dans sa guerre non conventionnelle impitoyable ».  

 M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla a jugé « paradoxal » que le Gouvernement américain actuel maintienne l’embargo alors que le programme de campagne du Parti démocrate promettait aux électeurs de revenir rapidement sur les mesures prises par l’Administration du Président Donald Trump, en particulier la suppression des restrictions sur les voyages à Cuba, les envois de fonds et le respect des accords migratoires bilatéraux, y compris les visas.  

« Que vont penser ceux qui ont voté pour le Président Joseph Biden de ce qui se passe », s’est-il interrogé, avant de souligner les dégâts humains « incalculables » de cette « politique inhumaine ». Il a ajouté que, dans le domaine de la santé, Cuba ne peut se procurer les équipements, technologies, traitements et médicaments adaptés auprès d’entreprises américaines et ne peut les obtenir qu’à des prix exorbitants. 

Dans ce contexte, a poursuivi le Chef de la diplomatie cubaine, il est remarquable qu’une « petite île bloquée » ait su répondre aussi efficacement à la crise sanitaire et produire cinq candidats vaccins, dont une dose au moins a déjà été administrée à plus de 2,2 millions de Cubains.  De même, le Ministre a vanté l’envoi par son pays de 57 brigades spécialisées dans 40 pays ou territoires, lesquelles ont rejoint plus de 28 000 professionnels de la santé déjà déployés dans 59 nations, et ce, malgré la campagne « calomnieuse » des États-Unis contre sa coopération médicale. 

Pour M. Rodríguez Parrilla, ce blocus est une « violation massive, flagrante et systématique des droits humains de tout le peuple cubain ».  C’est aussi une guerre économique de portée extraterritoriale qui est menée contre un « petit pays », a-t-il martelé, y voyant « un acte à motivation politique », le but étant de produire une instabilité politique et sociale dans le contexte des difficultés économiques que le Gouvernement des États-Unis provoque lui-même. 

Comme avec les autres États Membres, « nous déterminons la conduite de nos relations économiques, conformément à nos intérêts », lui ont répondu les États-Unis, avant de voter contre la résolution, comme chaque année à l’exception de 2016, année où ils s’étaient abstenus.  Les sanctions, ont-ils fait valoir, font partie des efforts déployés pour « faire avancer Cuba vers la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’exercice des libertés fondamentales consacrées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ». 

Les États-Unis ont rappelé qu’ils sont devenus un fournisseur important d’aide humanitaire et le principal partenaire commercial de Cuba, des exportations à hauteur de plusieurs milliards de dollars étant désormais autorisés vers l’île.  En votant contre la résolution, ont-ils ajouté, « nous encourageons l’Assemblée à appuyer le peuple cubain dans sa quête pour déterminer son propre avenir ».

Cette position a été déplorée par l’Union européenne qui a estimé au contraire que la levée de l’embargo pourrait faciliter l’ouverture économique de Cuba.  Tout en appelant cette dernière à accorder une plus grande place à sa société civile, elle a reconnu ses efforts dans le domaine des droits humains.  Rejetant l’activation en 2019 des chapitres 3 et 4 de la loi « Helms-Burton », l’Union européenne a annoncé son intention de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour se prémunir de ces mesures et protéger ses ressortissants qui travaillent à Cuba.

Les mesures extraterritoriales, associées au blocus, constituent un obstacle majeur au développement des relations avec Cuba, a abondé Haïti, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui s’est dite attachée à la « normalisation » pour mettre fin au climat d’hostilité qui menace la paix et la sécurité régionales et « rétablir l’harmonie entre tous les peuples des Amériques ». 

À l’heure actuelle, plus de 190 pays entretiennent des liens avec Cuba, alors que les États-Unis font « cavalier seul », a relevé l’Azerbaïdjan, au nom du Mouvement des pays non alignés, dénonçant au passage l’inscription de Cuba sur la liste des parrains du terrorisme.  

L’Assemblée générale tiendra une autre séance publique vendredi 25 juin à partir de 10 heures pour se prononcer sur plusieurs projets de résolution liés au Conseil économique et social (ECOSOC).

*A/75/L.97

NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ( A/75/81A/75/81/Add.1)

Déclarations

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a rappelé que, lors de la trente-quatrième session de l’Assemblée de ses dirigeants, l’Union africaine a une nouvelle fois appelé à la levée de l’embargo économique, commercial et financier contre Cuba.  À cette aune, a-t-elle indiqué, le Groupe réitère sa position selon laquelle ces sanctions unilatérales et la loi Helms-Burton constituent un obstacle important à la mise en œuvre par Cuba du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Malgré ces sanctions, Cuba a apporté une contribution positive à l’Afrique en tant que membre responsable de la communauté internationale, a relevé la représentante, avant de réaffirmer le ferme appui du Groupe à la résolution annuelle sur la levée de l’embargo.  Tout en maintenant notre solidarité avec Cuba, a-t-elle conclu, nous appelons le Gouvernement des États-Unis à nouer des relations plus positives avec ce pays et à lever ce blocus qui n’a que trop duré. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. ALY DIANE (Guinée) a déploré que le blocus socioéconomique, financier et politique en place depuis près de 60 ans par les États-Unis contre Cuba soit toujours appliqué et même renforcé.  Il a salué les mesures prises par le Gouvernement américain entre 2015 et 2016, certes insuffisantes, mais qui avançaient dans la bonne direction.  En conséquence, le représentant a critiqué le renforcement de l’embargo par l’Administration précédente, comme un obstacle majeur à l’amélioration des relations entre les deux pays.  Il a rejeté la portée extraterritoriale de la loi Helms-Burton, appelant chaque État à respecter les principes de souveraineté, de non-ingérence dans les affaires intérieures et d’indépendance.  Le blocus de Cuba doit être abrogé sur le champ, a martelé le représentant.  Il a estimé que cet embargo a sapé les réformes entreprises par Cuba et compromet gravement son développement socioéconomique, dont la mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant a conclu en estimant que la résolution est un appel urgent et indispensable.  Il a invité la communauté internationale à redoubler d’efforts pour la levée de l’embargo, au nom du développement de Cuba. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a dénoncé le blocus américain contre Cuba, comme contraire à la Charte des Nations Unies et au droit de Cuba d’interagir avec le reste de la communauté internationale.  Ces quatre dernières années, a dit le représentant, le blocus a été encore plus agressif, y compris pendant la pandémie de COVID-19 où les transactions financières de Cuba ont été particulièrement affectées.  Cet embargo, a insisté le représentant, est le principal obstacle aux échanges scientifiques et technologiques entre Cuba et le reste du monde.  Il va en outre à l’encontre de la volonté de Cuba de réaliser le développement durable.  Nous rejetons également, a tranché le représentant, la politisation de la lutte contre le terrorisme et l’idée selon laquelle Cuba soutiendrait le terrorisme international.  À l’heure actuelle, plus de 190 pays entretiennent des liens avec Cuba, alors que les États-Unis font « cavalier seul », a souligné le représentant.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a rappelé que c’est la sixième année que l’ASEAN fait une déclaration à l’Assemblée générale pour appeler à la levée dans les plus brefs délais de l’embargo des États-Unis contre Cuba.  Elle a réitéré le soutien de l’ASEAN à cette résolution, de même que son attachement aux buts et principes de la Charte de l’ONU.  Convaincue que les différends entre les États devraient être résolus sur la base de l’égalité souveraine, de la non-ingérence et de la non-intervention, l’ASEAN n’est pas favorable à l’imposition unilatérale de mesures économiques, commerciales et financières, a-t-elle souligné, avant de noter que six ans se sont écoulés depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba en 2015. 

Malgré cette étape importante vers la normalisation, a-t-elle relevé, l’embargo économique, commercial et financier continue d’affecter de nombreux secteurs de la société cubaine, notamment en limitant sa faculté de se procurer du matériel de préparation et de riposte à la pandémie de COVID-19.  Jugeant que la fin de cet embargo contribuerait de manière significative à l’amélioration de la qualité de vie des Cubains et au développement économique et social de leur pays, la représentante a encouragé les États-Unis et Cuba à renouveler leur engagement en faveur d’un dialogue ouvert et constructif. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a rappelé que depuis 30 ans, l’Assemblée générale est saisie de la question du blocus imposé à Cuba par les États-Unis, un acte considéré comme arbitraire et contraire au droit international aux conséquences désastreuses.  La CARICOM, a dit le représentant, déplore vivement le maintien de ce blocus et tient à réitérer, comme elle l’a toujours fait, sa préoccupation constante face à l’impact négatif important que ces mesures ont sur le développement socioéconomique de Cuba et le bien-être général du peuple cubain.  Nous réaffirmons notre ferme appui à la levée de cet embargo de 60 ans, a poursuivi le représentant, avant d’insister sur les principes de l’égalité souveraine des États, de la non-intervention dans les affaires relevant de la juridiction nationale des États, du droit des peuples à l’autodétermination, du règlement pacifique des différends et du maintien de relations amicales entre les États. 

Le représentant a aussi insisté sur les relations étroites que la CARICOM continue d’entretenir avec Cuba, des liens qui ont été renouvelés lors du septième Sommet CARICOM-Cuba, en décembre 2020.  Malheureusement, les mesures de portée extraterritoriale associées au blocus constituent un obstacle à ces relations.  Le représentant a donc appelé à la fin immédiate et inconditionnelle de ce blocus et rejeté l’application de lois et de mesures extraterritoriales, telles que la loi Helms-Burton.  La levée de l’embargo, a-t-il martelé, est une condition préalable à tout rapprochement significatif entre les États-Unis et Cuba, et la CARICOM continuera de plaider en faveur de la normalisation pour mettre fin au climat d’hostilité qui menace la paix et la sécurité régionales et rétablir l’harmonie qui doit exister entre tous les peuples des Amériques. 

Alors que la pandémie de coronavirus continue de causer des pertes en vies humaines et des dommages considérables aux économies de nos pays, nous devons, a conclu le représentant, reconnaître la solidarité, la coopération et l’assistance médicale fournies aux États membres de la CARICOM et à d’autres pays par le Gouvernement cubain.  Malgré le blocus, Cuba a déployé des brigades médicales pour renforcer les équipes nationales.  La levée du blocus améliorerait les perspectives de paix, de coopération et de développement dans la région et satisferait les souhaits de longue date et éminents de nos peuples, a ajouté le représentant. 

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. ABDOU ABARRY (Niger) a relevé que l’embargo contre Cuba l’empêche d’appliquer les solutions à la pandémie de COVID-19.  Cet embargo est un obstacle au développement durable et c’est pourquoi les membres de l’OCI soutiennent le projet de résolution présenté aujourd’hui et appellent les autres États à voter en sa faveur, comme ils l’ont d’ailleurs toujours fait. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a estimé à son tour que l’embargo contre Cuba est « le système de sanctions unilatérales le plus injuste et le plus long jamais imposé à un pays dans l’histoire de notre monde moderne ».  Le Viet Nam, a souligné le représentant, s’est toujours opposé à toute mesure coercitive unilatérale à l’encontre d’un État souverain et l’embargo contre Cuba constitue un obstacle sérieux aux efforts du peuple et du Gouvernement cubains visant à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a également rappelé que son pays, qui a lui aussi connu « la terrible souffrance d’un embargo commercial », a depuis établi un partenariat global avec les États-Unis.  Pour lui, « seuls un dialogue et un engagement constructifs peuvent favoriser la confiance mutuelle et apporter des changements ». 

En votant à nouveau en faveur du projet de résolution annuel sur l’embargo cubain, a indiqué le délégué, le Viet Nam se joint à la communauté internationale pour appeler les États-Unis à mettre fin à cette mesure unilatérale afin que Cuba puisse être libre de participer équitablement aux relations économiques et commerciales, conformément au droit international.  Ce faisant, il a exhorté le Gouvernement des États-Unis à inverser la tendance actuelle de sa politique à l’égard de Cuba.  Il a salué dans le même temps la volonté de Cuba de poursuivre un dialogue respectueux et une coopération sur des sujets d’intérêt commun avec les États-Unis, sur la base de l’égalité, de la réciprocité et du respect de la souveraineté nationale et de l’indépendance.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que le blocus américain contre Cuba est illégal et foule au pied le droit international, avec pour objectif ultime de renverser un gouvernement.  Il s’agit, a tranché le représentant, d’une véritable ingérence dans les affaires intérieures d’un autre État.  Pendant que Cuba ripostait à la COVID-19, Washington prenait des mesures « inhumaines », a dénoncé le représentant qui a chiffré les pertes colossales dues à l’embargo à 144 milliards de dollars.  Les États-Unis, a-t-il accusé, ont même renforcé leurs mesures en inscrivant Cuba sur la liste des parrains du terrorisme.  « C’est une absurdité », a décrété le représentant qui en a profité pour dénoncer le dénigrement des médecins cubains dépêchés à l’étranger pour contribuer à la lutte contre la pandémie.  Il a salué l’annonce qu’ont faite les scientifiques cubains sur l’efficacité du vaccin qu’ils ont élaboré.  Regrettant de ne voir à ce jour aucun changement dans la politique américaine et de continuer d’entendre des déclarations qui ne se matérialisent jamais, le représentant a espéré que l’Administration américaine fera preuve de bon sens.  En attendant, il a appelé tous les États Membres à afficher leur solidarité au peuple cubain en se prononçant pour la levée du blocus.

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a qualifié de « criminel » le blocus contre Cuba, parce que le seul but est de « châtier » le peuple cubain.  Malgré ces mesures coercitives unilatérales, Cuba a renouvelé sa solidarité avec la communauté internationale, en envoyant des équipes médicales dans plus de 35 pays pour combattre la COVID-19, alors que dans le même temps, les fonctionnaires américains faisaient tout pour extorquer les fonds des États.  Le représentant a salué le vaccin Abdala contre la COVID-19 développé par Cuba, le félicitant d’avoir engrangé « des victoires » malgré le blocus.  Le représentant a souligné que son pays, qui célèbre le bicentenaire de sa révolution, poursuit sa lutte pour son droit à l’autodétermination face à une coalition internationale conduite par les États-Unis pour le « recoloniser ».  Il a appelé tous les États à voter en faveur du projet de résolution.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a jugé que toute mesure unilatérale, de nature économique ou financière, conçue comme un moyen de pression politique pour obtenir des changements dans les décisions d’un autre État, viole les principes de la Charte des Nations Unies et menace la paix et la stabilité internationales.  À cette aune, le Mexique condamne catégoriquement, comme il l’a toujours fait, le blocus économique, commercial et financier imposé depuis plus de cinq décennies à Cuba, a indiqué le représentant, selon lequel il est d’autant plus urgent de lever cette mesure unilatérale que le monde est confronté à la pandémie de COVID-19. À ses yeux, la levée de l’embargo contribuerait non seulement à l’amélioration de la situation économique difficile du peuple cubain mais aussi à celle de l’environnement régional.  Exhortant la communauté internationale à faire preuve de solidarité et à promouvoir le bien-être, la croissance économique et le développement durable de toutes les nations, « sans exception », il a réitéré en conclusion l’engagement de son pays à défendre les institutions multilatérales, les principes de la Charte des Nations Unies et la primauté du droit international. 

Réaffirmant sa solidarité avec Cuba, M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie) a demandé la levée de l’embargo surtout dans le contexte actuel de lutte contre la COVID-19.  Les sanctions exacerbent les souffrances du peuple cubain et nuisent au développement économique, en particulier la mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant a jugé important de relancer l’élan, vu il y a quelques années, de faire respecter les principes de la Charte des Nations Unies et de trouver de nouveaux moyens d’améliorer les relations entre les États-Unis et Cuba, sans oublier tous les pays de la région.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est dite pleinement solidaire de « la nation sœur des Caraïbes » et a réitéré son soutien sans équivoque à la résolution présentée aujourd’hui dont le message « sans ambiguïté » ne signale pas seulement que la communauté internationale rejette une politique archaïque mais traduit aussi la ferme adhésion de la majorité aux principes « sacro-saints » du droit international, inscrits dans la Charte des Nations Unies.  Pour la représentante, le blocus contre « l’indomptable » peuple cubain était « injustifiable, illégal et illégitime » quand il a été décrété et cela reste vrai, six décennies plus tard.  

Le Président Barack Obama l’avait reconnu et pris la décision « courageuse et historique » d’y mettre fin, mais au cours de ces quatre dernières années, des efforts ont été déployés pour saper et inverser les progrès significatifs réalisés sous l’Administration Obama.  Selon Mme King, il ne s’agit pas simplement d’une question bilatérale entre Cuba et les États-Unis.  Par son caractère extraterritorial, l’embargo viole les droits souverains de nombreux autres États.  Elle a appelé le Président Joe Biden à revenir à la décision « audacieuse » du Président Obama de normaliser les relations avec Cuba.  Insistant à son tour sur la solidarité de ce pays avec d’autres nations pendant la pandémie de COVID-19, elle a salué les vaccins cubains Soberana et Abdala et plaidé « de toutes ses forces » pour la levée du blocus.  

M. ZHANG JUN (Chine) a souligné la nécessité pour tous les pays d’unir leurs forces pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et permettre le relèvement des économies.  Il a cependant noté qu’en cette période de crise mondiale, certaines puissances occidentales continuent de recourir à des mesures coercitives unilatérales au mépris du droit international, ce qui sape les relations entre les pays.  Tout en jugeant que tous les pays ont le droit d’utiliser des contre-mesures afin de préserver leurs droits et intérêts légitimes, le représentant s’est félicité de ce que l’Assemblée générale adopte depuis maintenant 28 ans une résolution annuelle sur la nécessité de lever l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.  Il s’agit d’un appel juste de la communauté internationale, a-t-il insisté, avant de constater que la politique menée par les États-Unis ne cadre pas avec les objectifs de développement, bafoue le consensus mondial sur le Programme 2030 et mine les droits fondamentaux des pays. 

De plus, a-t-il dit, il est regrettable que cet embargo, au lieu d’être levé, ait été renforcé, ce qui va à l’encontre des principes de l’ONU et des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Ce faisant, les États-Unis restreignent l’accès de fournitures médicales essentielles, tout en compromettant les efforts déployés par Cuba pour parvenir au développement durable, notamment dans sa lutte contre la pauvreté.  Le délégué a rappelé à cet égard que son pays et Cuba entretiennent des relations amicales et ont développé une coopération constructive.  C’est ainsi, a-t-il noté, qu’après l’apparition de la pandémie, des entreprises et associations caritatives chinoises ont aidé Cuba à faire face aux effets de cette crise sanitaire.  Pour le représentant, « le dialogue sur un pied d’égalité est le meilleur moyen d’avancer ».  Il importe donc, selon lui, que États-Unis lèvent sans tarder cet embargo et nouent des relations avec tous les États Membres.  « Cela irait dans l’intérêt des peuples américain et cubain », a-t-il conclu, se disant convaincu que cette résolution sera une nouvelle fois adoptée à une majorité écrasante.    

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a attiré l’attention sur les « dégâts irréparables » d’un embargo « injustifiable » qui étouffe la croissance socioéconomique et le potentiel du peuple cubain.  Cette injustice est encore plus criante dans le contexte de l’impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie de COVID-19.  Mais en dépit de ces difficultés, Cuba contribue de façon « remarquable » à la lutte contre la pandémie par le déploiement de ses équipements médicaux et de ses médecins à l’étranger.  La poursuite du blocus « illégal » et sa portée extraterritoriale, consacrée par la loi Helms-Burton, réduisent considérablement le potentiel de Cuba, a dénoncé la représentant qui a aussi rejeté la désignation de Cuba comme parrain du terrorisme.  Elle a salué la « grande résilience » du peuple cubain, ajoutant qu’on ne peut qu’imaginer ce que ce petit pays serait capable d’accomplir si son véritable potentiel était réalisé.  

Mon pays, a poursuivi la représentante, exprime « son appui inébranlable » à la lutte légitime du peuple cubain pour la liberté de se développer, de prospérer et d’offrir à son peuple une vie d’espoir et de dignité.  Elle a demandé à la nouvelle Administration américaine de revoir d’urgence sa politique à l’égard de Cuba et de desserrer le joug qu’elle a placé « autour du cou de Cuba », une relique « honteuse » des décennies passées.  La représentante a affirmé sa position de principe qui est d’appuyer la résolution et a demandé à tous les États Membres, qui croient aux droits de l’homme, de se joindre à cette cause et à ouvrir un nouveau chapitre d’espoir et de prospérité pour Cuba et son peuple. 

M. GLENTIS THOMAS (Antigua-et-Barbuda) a salué les missions médicales que Cuba a déployé dans le monde, au plus fort de la pandémie de COVID-19, tout en mettant au point ses propres vaccins.  Il a félicité le peuple cubain pour sa “ténacité”, avant de réclamer la fin du blocus et d’inviter “les amis” américains et cubains à revenir à la table des négociations et à aplanir leurs divergences.  

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a noté que c’est la vingt-neuvième année que son pays soutient le projet de résolution.  C’est aussi la dix-neuvième année que les États membres de l’ASEAN votent collectivement et à l’unanimité pour la levée de l’embargo contre Cuba, a-t-il indiqué, avant de rappeler que le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba en 2015 avait marqué un moment décisif dans les relations internationales.  Pourtant, a déploré le représentant, le caractère extraterritorial du blocus continue de s’intensifier, exacerbé par la décision des États-Unis d’inclure Cuba dans la liste des États parrains du terrorisme.  Rapportés aux cours actuels, les dégâts causés à l’économie cubaine pendant près de six décennies ont atteint plus de 147,8 milliards de dollars, a-t-il dénoncé, jugeant que ce blocus constitue un obstacle majeur au développement socioéconomique de Cuba et l’empêche de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À ses yeux, cette mesure unilatérale viole le droit international et est contraire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis doivent donc lever leur embargo de manière unilatérale, inconditionnelle, « une fois pour toutes », a-t-il plaidé, réitérant le « soutien indéfectible » des Philippines à Cuba et à son peuple.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a estimé que le blocus américain foule au pied le droit international et la Charte des Nations Unies, tout en freinant le développement de Cuba.  Comme elle l’a fait depuis des décennies, la Namibie, a dit le représentant, réitère son soutien au peuple cubain.  Il a déploré le fait que les États-Unis aient inscrit Cuba sur la liste des parrains du terrorisme et décrié les blocages qui ont eu un impact sur la faculté des pays sanctionnés à s’approvisionner en équipements et en médicaments essentiels pendant la pandémie.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a constaté que l’embargo imposé à Cuba depuis des décennies constitue un obstacle au développement de ce pays. Ces mesures coercitives unilatérales ont miné la capacité de Cuba à se préparer et à répondre qualitativement et quantitativement à la pandémie de COVID-19, a relevé le représentant, dénonçant l’accès limité aux fournitures médicales destinées à la lutte contre le virus. Soulignant l’importance de défendre le multilatéralisme ainsi que les buts et principes de la Charte de l’ONU, il a également appelé au respect des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. Selon lui, l’adoption de ces textes à une majorité écrasante démontre que l’embargo imposé à Cuba depuis plus de cinq décennies « n’empêchera jamais la communauté internationale de réclamer la levée de ces mesures qui vont à l’encontre du droit international ». Il a donc demandé la levée immédiate de cet embargo pour permettre au peuple cubain de s’associer aux efforts internationaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.

M. MAYANK SINGH (Inde) a estimé que le maintien de l’embargo, alors que l’opinion internationale, exprimée par les résolutions de l’Assemblée générale, y est opposé, démontre qu’il est contraire au droit international.  Cet embargo empêche la pleine jouissance de Cuba de ses droits, y compris le droit au développement.  Par son effet extraterritorial, le blocus a un grave impact sur les relations de Cuba avec les autres nations.  Le représentant a dit que la communauté internationale doit promouvoir un environnement sans sanction ni embargo, et c’est pour cette raison, a-t-il conclu, que l’Inde appuie la résolution. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a réitéré sa ferme opposition aux mesures coercitives unilatérales imposées par des États tiers.  Le fait que l’Assemble générale discute de la question de l’embargo contre Cuba est d’une importance majeure, puisque le Gouvernement des États-Unis poursuit sa politique de « châtiment collectif » contre quiconque veut prendre en main son destin.  Le blocus est une violation flagrante du droit international et l’inclusion des médicaments et des denrées alimentaires dans ledit blocus est une violation du droit international humanitaire.  C’est même « un acte de génocide et une déclaration de guerre », s’est emporté le représentant qui a appelé l’Assemble générale à veiller à la mise en œuvre de ses propres résolutions.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a commencé par accuser le Gouvernement des États-Unis d’avoir « adopté » le virus de la COVID-19 comme un « allié dans sa guerre non conventionnelle impitoyable » contre son pays.  Les États-Unis ont en effet délibérément intensifié leur blocus économique, commercial et financier, causant des pertes record d’environ 5 milliards de dollars, a-t-il relevé, rappelant que le Président Donald Trump a appliqué 243 mesures coercitives unilatérales pour restreindre le nombre des voyageurs américains, nuire au marché touristique et bloquer le ravitaillement en carburant.  Il s’est également attaqué aux services de santé que Cuba offre à de nombreux pays, accru le harcèlement des transactions commerciales et financières sur d’autres marchés et intimidé les investisseurs étrangers, avec l’application du titre III de la loi Helms-Burton.  De plus, a souligné le Ministre, les États-Unis ont entravé le flux régulier des envois de fonds aux familles, porté des coups sévères au secteur privé et entravé les liens avec les Cubains résidant aux États-Unis.  

Observant que toutes ces mesures restent en vigueur aujourd’hui, il a jugé « paradoxal » qu’elles façonnent la conduite du Gouvernement américain actuel, alors que Cuba est aux prises avec la pandémie.  Il a rappelé que le programme de campagne du Parti démocrate promettait aux électeurs de revenir rapidement sur les mesures prises par le Gouvernement de Donald Trump, en particulier la suppression des restrictions sur les voyages à Cuba, les envois de fonds et le respect des accords migratoires bilatéraux, y compris les visas.  À ses yeux, cette « inertie pernicieuse » pourrait être liée aux ambitions électorales associées à la Floride.  Mais « que vont penser ceux qui ont voté pour le Président Joseph Biden de ce qui se passe », s’est-il interrogé, avant de souligner les dégâts humains « incalculables » du blocus.  La vie d’aucune famille cubaine n’échappe aux effets de cette « politique inhumaine », a-t-il tonné, ajoutant que, dans le domaine de la santé, il est encore impossible d’accéder à des équipements, technologies, traitements et médicaments adaptés que Cuba se voit empêchée d’acquérir auprès des entreprises américaines et qui doivent être obtenus à des prix exorbitants. 

Selon le Chef de sa diplomatie, Cuba a cherché à protéger tout le monde contre le virus, a activé son système de santé universel et a compté sur l’abnégation de son personnel hautement qualifié, tout en mobilisant son potentiel scientifique et son industrie biopharmaceutique.  Le pays a ainsi pu développer rapidement des protocoles nationaux très efficaces, ce qui a permis de maintenir, comparativement, un très faible taux de mortalité.  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, il est remarquable qu’une « petite île bloquée » ait produit cinq candidats vaccins et ait administré au moins une dose à plus de 2,2 millions de Cubains, l’objectif étant de parvenir à 70% de vaccination pendant l’été.  De plus, alors que la campagne « calomnieuse » des États-Unis contre la coopération médicale s’est intensifiée, Cuba a envoyé 57 brigades spécialisées dans 40 pays ou territoires, lesquelles ont rejoint plus de 28 000 professionnels de la santé déjà déployés dans 59 nations, a rappelé M. Rodríguez Parrilla, non sans dénoncer également les efforts américains pour priver l’industrie nationale du financement nécessaire à l’importation des intrants pour la production alimentaire. 

Pour le Ministre, ce blocus est une « violation massive, flagrante et systématique des droits humains de tout le peuple cubain », une politique qui, selon l’article II, paragraphe c) de la Convention de Genève de 1948, constitue « un acte de génocide ».  Sur le plan économique, a-t-il ajouté, le blocus a entraîné, d’avril 2019 à décembre 2020, des dommages de 9,157 milliards de dollars, soit 436 millions par mois en moyenne.  Au cours de ces cinq dernières années, les pertes causées par cette mesure ont été supérieures à 17 milliards de dollars, a précisé M. Rodríguez Parrilla, évoquant un montant cumulé de 147,853 millions de dollars sur six décennies.  C’est une guerre économique de portée extraterritoriale qui est menée contre « un petit pays », a-t-il résumé, y voyant aussi « un acte à motivation politique ».  Le but est, selon lui, de produire une instabilité politique et sociale dans le contexte des difficultés économiques que le Gouvernement des États-Unis provoque lui-même.  À son avis, il n’est « ni légal ni éthique » que le gouvernement d’une grande puissance soumette une « petite nation » à une guerre économique incessante afin de lui imposer un système politique conçu par lui.  De même, il est inacceptable de priver tout un peuple du droit à la paix, au développement et au bien-être, tout en ignorant les résolutions successives de l’Assemblée générale pendant 28 ans. 

Il est également inacceptable de manipuler la lutte contre le terrorisme à des fins politiques et électorales, a encore dénoncé M. Rodríguez Parrilla, rappelant qu’en janvier dernier, l’Administration du Président Trump a inclus Cuba dans une liste « arbitraire et unilatérale » d’États supposés parrainer le terrorisme international et qu’en mai, le Département d’État américain, à l’instar du Gouvernement précédent, a requalifié Cuba comme un pays qui ne coopère pas assez aux efforts antiterroristes des États-Unis.  Soulignant le tribut payé par Cuba aux activités terroristes organisées, financées et menées par le Gouvernement des États-Unis, il a assuré que la position de son pays sur le terrorisme est une « condamnation absolue ».  Enfin, après avoir salué l’aide solidaire de ses compatriotes et des amis de Cuba « sous toutes les latitudes », il a souhaité que la résolution soumise à l’Assemblée générale soit largement adoptée et que, « comme pour le virus », on en finisse avec le blocus.   

Explications de vote sur la résolution A/75/L.97

Au nom de l’Union européenne, le Portugal a souligné que la levée de l’embargo pourrait faciliter l’ouverture économique du Cuba.  Elle a dit reconnaître les efforts que Cuba a à faire en matière des droits de l’homme et rappelé qu’elle enjoint le pays à ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et d’autres accords internationaux de même portée.  L’Union européenne a appelé Cuba à ouvrir un accès permanent à toutes les procédures spéciales des Nations Unies et à accorder une plus grande place à sa société civile.  Des changements positifs pouvant intervenir si les citoyens cubains ont la possibilité de côtoyer ceux d’autres États, l’Union européenne a déploré les nouvelles mesures américaines.  

En outre, l’inscription de Cuba sur la liste des parrains du terrorisme, sans justificatif, a eu des impacts sur les transactions financières du pays, et partant, sur sa faculté de lutter contre la COVID-19, s’est alarmée l’Union européenne qui a refusé l’idée que l’embargo ait un impact sur ses relations avec Cuba.  Elle a donc rejeté l’activation en 2019 des chapitres 3 et 4 de la loi Helms-Burton et a annoncé son intention de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour se prémunir de ces mesures et protéger ses ressortissants qui travaillent à Cuba.  Dans le cadre de ses accords de coopération avec Cuba, l’Union européenne a dit avoir cherché depuis quatre ans, le renforcement de ses relations bilatérales avec Cuba pour l’accompagner sur la voie des réformes et de la modernisation.  Nous avons des divergences profondes mais le dialogue sur les droits de la personne que nous avons engagé encourage Cuba à effectuer des réformes de grande envergure et à tenir compte des préoccupations et aspirations de son pays, a affirmé l’Union européenne qui s’est prononcée en faveur de la résolution. 

Nous sommes aux côtés du peuple cubain et nous cherchons à l’aider dans sa quête pour la liberté, la prospérité et une plus grande dignité, ont déclaré les États-Unis.  Comme avec les autres États Membres, nous déterminons la conduite de nos relations économiques, conformément à nos intérêts.  Les sanctions, se sont défendus les États-Unis, sont un « outil légitime » de la politique étrangère, de la sécurité nationale et des objectifs internationaux.  Nous ne sommes pas les seuls à penser et à agir de la sorte, ont martelé les États-Unis.  Les sanctions, ont-ils poursuivi, sont un des instruments de nos efforts pour faire avancer Cuba vers la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’exercice des libertés fondamentales consacrées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Nous nous opposons donc à la résolution, ont indiqué les États-Unis.  Comme nous reconnaissons les difficultés du peuple cubain, nous sommes devenus un fournisseur important d’aide humanitaire et le principal partenaire commercial de Cuba.  Tous les ans, ont ajouté les États-Unis, nous autorisons des milliards de dollars d’exportations vers Cuba, dont la nourriture et autres produits agricoles, des médicaments, des équipements médicaux ou encore du matériel de télécommunications.  Le plaidoyer pour la démocratie et les droits de l’homme est au cœur, ont martelé les États-Unis, de notre politique à l’égard de Cuba.  Nous entretenons des liens directs avec un large éventail d’organisations de la société civile cubaine et les aidons à déterminer leur propre avenir.  Nous dénonçons directement auprès du Gouvernement cubain les abus et nous le poussons aux réformes. 

Nous sommes aux côtés, ont encore dit les États-Unis, de ceux qui défendent la liberté à Cuba.  Comme tout le monde, les Cubains méritent la liberté d’expression, de réunion et de culture.  Aucun gouvernement ne doit taire ses critiques face aux violations des droits de l’homme.  Nous célébrons, ont encore dit les États-Unis, les origines diverses et les idées des artistes, des entrepreneurs, des leaders religieux, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des écologistes cubains, parmi les très nombreuses personnes à Cuba à avoir une voix forte et à vouloir être entendues.  Une nouvelle fois, nous exprimons notre opposition à la résolution et encourageons l’Assemblée à appuyer le peuple cubain dans sa quête pour déterminer son propre avenir.

Le Nicaragua a rejeté le blocus « immoral et injuste » imposé à Cuba.  En résistant à cette mesure illégale, le peuple « extraordinaire » de Cuba a livré une « gigantesque » bataille au cours des 60 dernières années, a souligné la délégation, notant que l’embargo, de par sa nature extraterritoriale, a nui aux efforts cubains de lutte contre la pandémie de COVID-19.  Pour le Nicaragua, il est « admirable » qu’en dépit de la campagne de diffamation menée contre elle, Cuba ait pu contribuer à la réponse internationale contre la pandémie, en envoyant 57 brigades médicales dans 40 pays.  De plus, s’est-il félicité, les scientifiques du Centre de biotechnologie de Cuba ont développé cinq vaccins.  Déclarant partager un « message d’amour » avec ses frères cubains, il s’est dit convaincu qu’aucun État n’a le droit d’imposer sa volonté à d’autres, au mépris de la Charte de l’ONU.  Cela va à l’encontre du droit international et de la gouvernance économique mondiale, a-t-il affirmé, avant de former le vœu que la communauté internationale fera à nouveau montre de solidarité à l’égard de Cuba et appuiera à nouveau la résolution. 

La Syrie a appuyé la résolution pour marquer son opposition au blocus contre Cuba.  Elle a estimé que le résultat du vote « qui frôle l’unanimité » est un appel aux États-Unis pour qu’ils renoncent à leur politique.  Le maintien des mesures coercitives est « contraire » au droit international, surtout dans le contexte de la pandémie qui a vu le peuple cubain répondre « à l’appel des peuples ».  Pour la Syrie, l’embargo s’apparente à du « terrorisme économique » lequel n’est pas très différent du terrorisme de Daech ou du Front el-Nosra.   

L’Iran a vu dans l’embargo une « grave menace » à la paix et à la sécurité internationales et un obstacle au progrès et au développement économique de Cuba.  Il a salué « le vote décisif » et regretté qu’en dépit des appels que lance l’Assemblée générale depuis des années, les États-Unis maintiennent leurs mesures, dans le seul but d’infliger des souffrances aux familles et aux enfants cubains.  Nous-mêmes, a souligné l’Iran, souffrons des mêmes mesures unilatérales américaines qui nous empêchent de nous procurer des médicaments pendant cette pandémie de COVID-29.  Les États-Unis ne s’arrêtent pas là.  Ils menacent de sanctions les États qui s’opposent à leurs mesures.  La nouvelle Administration américaine poursuit cette politique, a accusé l’Iran, avant d’exhorter la communauté internationale à trouver des solutions, en coopération avec des pays comme Cuba.  Les États-Unis doivent renoncer à leur politique de coercition, a-t-il tranché.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a noté que malgré les résolutions adoptées chaque année par l’Assemblée générale, les États-Unis maintiennent leur embargo « illégal » contre Cuba, bloquant ainsi ses efforts de développement socioéconomique.  Même pendant la période actuelle de pandémie de COVID-19, ces sanctions continuent de couvrir de nombreux domaines et vont jusqu’à exclure Cuba de la liste des pays bénéficiaires de l’aide humanitaire américaine.  Mettre fin à cet embargo unilatéral doit être l’impératif unanime des États Membres, a souligné la délégation, jugeant que la résolution adoptée aujourd’hui est le reflet de la volonté de la communauté internationale de défendre la lutte « juste » du Gouvernement et du peuple cubains.  Elle a donc prié les États-Unis de lever leur embargo et d’appliquer les résolutions de l’Assemblée générale. 

L’Angola a dit avoir voté pour la résolution, « comme d’habitude » pour obtenir la fin de l’embargo américain.  À un moment où le cadre de la politique internationale devrait être plus équilibré et où les dissensions passées, résolues, la résolution est adoptée chaque année à une majorité « écrasante », sans jamais être mise en œuvre, s’est impatienté l’Angola.  Il a rappelé que du temps de l’Administration Obama, tout semblait rentrer dans l’ordre.  Malheureusement, le blocus se poursuit, constituant une violation des droits du peuple cubain.  L’Angola a d’ailleurs félicité ce peuple pour sa « résilience », notant que malgré cet embargo, il n’a cessé d’aider d’autres peuples.  Il a exprimé sa gratitude à Cuba, d’abord pour son soutien militaire quand il en avait besoin, et ensuite pour sa contribution dans des domaines tels que l’éducation « dans lequel le peuple cubain excelle ».  Cet embargo est la mesure la plus grave de l’histoire moderne et nous exigeons sa levée, a conclu l’Angola. 

Le Suriname a dit s’être joint à la communauté internationale pour demander au Gouvernement des États-Unis de mettre fin immédiatement au blocus imposé à Cuba.  Il a rappelé qu’année après année, une majorité « presque complète » d’États prend position contre cet embargo qui empêche de libérer tout le potentiel de développement économique et social de Cuba.  Ces mesures coercitives unilatérales, qui ont des implications extraterritoriales, contreviennent aux principes de l’égalité souveraine et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Ce blocus a provoqué des difficultés « inutiles » au peuple cubain et les mesures supplémentaires prises les États-Unis au milieu de la pandémie de COVID-19 sapent les efforts de développement durable de Cuba, a martelé le Suriname, chiffrant le coût des sanctions à 147,8 milliards de dollars.  Il a regretté les ratés de la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis et a encouragé la reprise des négociations pacifiques.

Le Bélarus s’est fermement opposé aux sanctions unilatérales, « une ingérence directe » dans les affaires intérieures des États et « une violation » de leur souveraineté.  De telles mesures, a-t-il insisté, violent le droit international, cause un préjudice « irréparable » à l’ensemble du système des relations internationales, augmente les risques de conflits et instille l’hostilité dans les relations interétatiques.  La portée extraterritoriale de l’embargo est particulièrement « problématique », puisqu’il s’agit d’aller au-delà des relations bilatérales et violer les droits d’autres États, en limitant leur chance de coopérer totalement avec La Havane.  L’embargo américain s’apparente à du « terrorisme économique » et il est temps que la nouvelle Administration révise et ajuste son approche.

Pour la Jamaïque, les sanctions, surtout en pleine pandémie, doivent être levées ainsi que celles contre les entités des pays tiers.  Le blocus est une pratique « inquiétante », a dit la Jamaïque qui s’est vantée de ses rapports cordiaux avec son voisin cubain et qui a estimé que les « frères et sœurs » de Cuba méritent d’avoir les mêmes opportunités que les autres.  Les 184 États qui se sont prononcés pour la résolution montre que la communauté internationale veut voir la fin de ce blocus.

L’Argentine a voté en faveur de la résolution pour prouver son opposition à un embargo qui dure depuis six décennies.  Ces mesures unilatérales « illégales, injustes et immorales » sont contraires au multilatéralisme et constituent « le principal obstacle » au développement économique de Cuba, sans compter leur « inhumanité » durant la pandémie de COVID-19.  Le blocus est également un obstacle au droit fondamental des Cubains au développement socioéconomique.  L’Argentine a prôné le respect des différences d’opinion, y compris politiques.  Il faut respecter le droit du peuple cubain à décider de son propre destin, a-t-elle insisté.

Nous sommes déçus, a avoué Saint-Kitts-et-Nevis, du renforcement du blocus, surtout pendant la pandémie de COVID-19.  L’heure est à la coopération internationale, a-t-il souligné, se vantant d’être un partenaire économique de Cuba.  Il a appelé les États-Unis à lever « ce blocus injustifié » et insisté sur le caractère « sacré » des décisions de l’Assemblée générale.  Il est temps que les États-Unis et Cuba se lancent dans un processus de coopération, a-t-il estimé. 

Il faut, a plaidé à son tour le Gabon, lever le blocus pour permettre à Cuba de participer pleinement au commerce international.

La Guinée équatoriale a déclaré que le soutien « écrasant » des États à la résolution, année après année, démontre la ferme opposition de la communauté internationale au blocus, qui cause de graves dommages humanitaires et économiques à Cuba.  Pourtant, a-t-elle dit, en 2014, l’Administration américaine avait pris des mesures qui faisaient espérer une normalisation des relations avec Cuba et la levée éventuelle du blocus.  « Cette lueur d’espoir s’est éteinte en 2020 », a-t-elle déploré, notant que cela a coïncidé avec le déclenchement de la pandémie de COVID-19.  Ce blocus apparaît donc comme « un énorme fardeau » pour Cuba et ayant voté en faveur du texte, la Guinée équatoriale a demandé que « la lueur soit rallumée », pas une lueur vacillante mais la lueur « vive et claire » de la levée « totale et définitive » du blocus.  

Le Costa Rica s’est élevé contre les mesures unilatérales qui vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Il a confirmé son appui au peuple cubain et au idéaux de la Charte, rappelant également son engagement en faveur du multilatéralisme.  « Il est tout simplement anachronique d’avoir ce genre de blocus au XXIe siècle », a-t-il tranché.

La Grenade a jugé l’embargo « contre-productif », avec des effets néfastes pour le développement de Cuba, dont l’incapacité à s’équiper contre la pandémie.  Appelant au sens de l’humanisme, elle a plaidé pour Cuba, un pays solidaire des autres, malgré ses faibles capacités, et attaché à la paix et à la stabilité.  Pour exploiter tout son potentiel, a encore plaidé la Grenade, Cuba a besoin d’un accès sans entrave à la communauté des nations.  Elle a mis en avant le lien « inébranlable » qui la lie à Cuba, comme en témoignent les activités dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Heureuse de l’adoption de la résolution, la Grenade a tout même mis en garde contre la passivité et a appelé à la mobilisation « car rien n’est gravé dans le marbre ». 

Sainte-Lucie a souligné l’obligation faite à tous les pays de respecter le droit international et la liberté de commerce et de navigation.  Elle a condamné les mesures unilatérales comme une violation de la souveraineté des États, mais aussi un risque de saper la crédibilité de l’ONU.  Cet embargo sur un petit État insulaire en développement est « tout simplement inutile » au moment où le monde travaille au relèvement post-pandémie.  Nous attendons avec impatience la levée de l’embargo et la suppression de ce point de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, a dit Sainte-Lucie. 

Le Kenya a prié les États-Unis d’entendre la voix des Nations Unies et de lever cet embargo « injuste », instrument d’une époque révolue.  Il a exprimé son soutien au peuple cubain et promis de continuer à demander la levée du blocus, « car c’est la bonne chose à faire ».

La levée de l’embargo, a renchéri la République démocratique populaire lao, serait bénéfique pour les deux pays et le monde entier, et permettrait au peuple cubain de multiplier les échanges commerciaux.

Cet embargo et ses effets extraterritoriaux, a souligné l’Indonésie, sont tout simplement contraires à l’esprit du Programme 2030 et du relèvement post-COVID.  Le temps est venu pour Cuba et les États-Unis de lancer un dialogue constrictif sur la normalisation de leur relation, a estimé l’Indonésie, en demandant que cette dernière résolution soit pleinement être mise en œuvre.  

Cuba, a expliqué Belize, est vulnérable aux changements climatiques et à la pandémie.  Elle a fait ce qu’elle a pu pour affronter ces crises, y compris en envoyant 60 professionnels de la santé chez nous, a indiqué Bélize, en se réjouissant que Cuba ait développé des vaccins qu’elle ne manquera pas de partager avec d’autres pays.  Qu’est-ce que Cuba doit faire d’autre pour obtenir la levée du blocus? s’est impatienté Belize.  Comment peut-elle lutter contre les effets des changements climatiques, tout en subissant un blocus?

L’Éthiopie a dit appuyer résolument le Gouvernement et le peuple de Cuba et les a encouragés à s’engager dans un dialogue constructif avec les États-Unis.  Elle a aussi plaidé pour des mesures d’aide au peuple cubain « affecté ».

Le Cambodge a relevé que l’embargo a eu des effets négatifs sur les conditions de vie et les droits fondamentaux du peuple cubain, dont celui de mettre en œuvre le Programme 2030.  Plus grave encore, l’embargo a entravé la faculté des Cubains de répondre efficacement à la pandémie de COVID-19.  Or, a martelé le Cambodge, le peuple cubain mérite de vivre dans la paix, la stabilité et le développement, sans pression extérieure.  Il a appelé les États-Unis à lever « de toute urgence » son embargo et d’arrêter ces pratiques « déloyales et injustes ».

Nous comprenons, a dit le Zimbabwe, les effets des mesures unilatérales sur les plus vulnérables, surtout en cette période de COVID-19.  Ces mesures entravent le relèvement de Cuba qui joue pourtant un rôle « constructif » dans la riposte à la pandémie et dans les efforts de redressement post-COVID.  La levée de l’embargo ne peut qu’aider Cuba à réaliser tout son potentiel de développement. 

Fière de ses relations étroites avec Cuba, l’Ouganda a vu dans le blocus « une injustice faite au peuple cubain ».  Décrété depuis plus de 50 ans, ce blocus n’a apporté que « des ennuis » alors que Cuba contribue grandement à la santé dans le monde, en particulier durant la pandémie de COVID-19.  Nous avouons, a dit l’Ouganda, que c’est une des raisons pour lesquelles nous exigeons la levée de l’embargo.

Pour le Guyana, il est inquiétant de voir que cet embargo vieux de 60 ans soit encore appliqué, en cette période de pandémie.  Il a invoqué les principes de la souveraineté, de la non-ingérence, du règlement pacifique des différends et du maintien des relations amicales entre les États, tous consacrés dans la Charte des Nations Unies.  L’imposition unilatérale des sanctions et des lois extraterritoriales est une violation de l’esprit et de la lettre de la Charte.  « Nos frères et sœurs de Cuba » devraient avoir la possibilité de réaliser leur plein potentiel, sans être « gênés » par l’embargo, a plaidé la délégation.  

Avouons tout de même que l’embargo n’est pas le seul responsable de la situation à Cuba, a tempéré le Royaume-Uni, tout en défendant le droit des entreprises britanniques à travailler le pays.  Il a promis de continuer de dénoncer la situation des droits de l’homme à Cuba, notamment sur le plan bilatéral.

Cuba et les États-Unis, a dit Kiribati, sont des partenaires « chers » pour notre pays.  Nous devons compter sur ces deux pays « amis » et nous savons que Cuba est un petit pays qui aide beaucoup d’autres.  Il faut donc, a plaidé Kiribati, qu’avec les États-Unis, il fasse le choix de l’amitié, de la coopération et du partenariat.  Nous espérons, a confié Kiribati, que ces deux nations trouveront la force d’oublier le passé et de pardonner.  Chaque peuple a son système politique et le monde a besoin de diversité.  Cessons donc de vouloir imposer nos solutions aux autres et unissons-nous plutôt malgré nos différents systèmes. 

Chaque pays, ont renchéri les Îles Salomon, a le droit de déterminer son système politique et économique.  Elles ont souligné que depuis 2007, plus de 100 de leurs médecins ont été formés, ce qui a permis de lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19.  Les Îles Salomon ont appelé Cuba et les États-Unis à travailler à leur réconciliation. 

Le Pakistan a dit s’opposer à toutes mesures unilatérales contre des États tiers, notamment parce qu’elles sont contraires au principe « de ne laisser personne de côté ».

Droit de réponse

Cuba a traité le discours des États-Unis de « mensonger ».  Les raisons de leur blocus ne sont pas celles-là et il s’agit d’une violation « massive, flagrante et systématique » des droits des Cubains.  Le Gouvernement américain ne peut se prétendre être « aux côtés » du peuple cubain, tout en maintenant son embargo et il ne peut se prévaloir d’une assistance humanitaire, surtout quand il s’agit des médicaments.  Si les États-Unis étaient réellement préoccupés par les droits de l’homme à Cuba, ils mettraient fin au blocus qui entrave précisément leur exercice.  Parlons des violations de droits de l’homme aux États-Unis, a invité Cuba qui a dénoncé les actes commis contre les Afrodescendants, des 30 000 personnes qui tombent sous les balles des armes à feu, chaque année, ou encore la détention de mineurs séparés de leurs parents.  Est-ce là le respect des droits de l’homme?  Nous, s’est vantée Cuba, nous avons beaucoup progressé sur les droits de l’homme, malgré le blocus, et nous ne demanderons jamais « la permission » de qui que ce soit pour poursuivre l’édification d’une société toujours plus juste, plus démocratique et « plus socialiste ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.